Médecine et maladies infectieuses 4 (2015) 41-42
16es Journées Nationales d’Infectiologie
Posters EPI – Épidémiologie EPI 01 Répartition de la prévalence de l’infection par le VIH et de la syphilis dans un CDAG-CIDDIST par groupe de population : étude sur les dépistages effectués entre 2002 et 2012 J. Perriot (1), L. Doly-Kuchcik (1), P. Lemaire (1) (1) Dispensaire Emile Roux, Clermont-Ferrand, France. Introduction – objectifs Cette étude a pour objectif d’évaluer la prévalence de l’infection par le VIH et la syphilis dans un CDAG-CIDDIST lors des demandes de dépistages, en comparant les résultats dans les populations très exposées (HSH, UDI, migrants, patients avec IST) et la population générale des consultants de ce centre. Matériels et méthodes Le logiciel de gestion des consultations préservant l’anonymat des personnes a permis l’analyse de leur profil, du motif des 29 054 demandes (29 items d’identification) de dépistages et des résultats des diagnostics entre 2002 et 2012. Résultats 74 infections par le VIH sont diagnostiquées (1,5 à 5,9/1000 selon les années). Dans les groupes très exposés, la prévalence des sérologies VIH+ atteint 14,2/1000 (vs 0,44/1000 en population générale des consultants ; p < 0,0001). 31 syphilis sont diagnostiquées et traitées : 71 % parmi les populations très exposées au VIH, dont 25 personnes HSH et 29 % dans la population générale des consultants, soit pour ces deux populations respectives des prévalences de 10,4/ 1000 et 5,3/1000 ; p < 0,01. Conclusion Les CDAG-CIDDIST identifient particulièrement les infections par le VIH et la syphilis au sein des populations les plus exposées permettant ainsi la meilleure prise en charge des patients et l’information personnalisée sur le risque de transmission de ces maladies. En regard de ces résultats, la future fusion de ces structures en CeGIDD parait justifiée.
EPI 02 Epidémiologie de la résistance de Neisseria gonorrhoeae à l’azithromycine en France A. Belkacem (1), G. La Ruche (2), A. Goubard (3), F. Mougari (1), P. Sednaoui (3), E. Cambau (1), B. Berçot (1) (1) CHU Lariboisière, Paris, France, (2) Institut de Veille Sanitaire, Saint-Maurice, France, (3) Centre National de référence des gonocoques (CNR), Paris, France. Introduction – objectifs Depuis l’émergence récente de souches de Neisseria gonorrhoeae (NG) résistantes à la ceftriaxone, les recommandations européennes (2012) préconisent une bithérapie par ceftriaxone et azithromycine (AZM) pour le traitement des infections sexuellement transmissibles à NG. Dans ce contexte, l’objectif de notre étude était d’évaluer la prévalence des NG résistants à l’AZM (AZM-R) en France et les mécanismes moléculaires impliqués dans cette résistance. Matériels et méthodes Entre avril 2013 et mars 2014, les CMI de l’AZM pour 970 souches de NG reçues au CNR ont été déterminées par E-test (I2A). Les gènes rrl codant l’ARNr 23S, mtrR et sa région promotrice, rplD et rplV codant les protéines ribosomales L4 et L22 ont été analysés par PCR-Séquence. Les
gènes erm, ereA et mefA ont été recherchés par PCR. Le typage moléculaire des isolats de NG a été déterminé par NG-MAST. Résultats Sur 970 souches de NG isolées, 9 (0,9 %) étaient résistantes à l’AZM (CMI ≥ 0,75 mg/L) et 45 (4,6 %) étaient intermédiaires (CMI comprises entre 0,38 et 0,50 mg/L). Le typage de ces 54 souches retrouve 30 ST différents. Les souches de NG AZM-R présentaient (i) des mutations au niveau du centre peptidyltransférase du domaine V de l’ARNr 23S (mutation C2599T pour 3 souches de CMI 96, 32 et 4 mg/L), (ii) des modifications du système d’efflux mtrCDE (mutation du gène répresseur mtrR ou de sa région promotrice), (iii) une mutation de la protéine L4. Les gènes erm, ereA et mefA n’ont pas été retrouvés. Aucune mutation n’a été détectée dans le gène rplV. Conclusion Notre étude montre que la résistance à l’AZM reste faible en France et qu’elle ne résulte pas de la diffusion du clone européen ST1407 de sensibilité diminuée aux C3G mais de l’apparition de mutations ponctuelles dans le génome de NG.
EPI 03 Les infections invasives à méningocoques (IIM) en région Centre-Val de Loire en 2011-2014 : principales caractéristiques épidémiologiques E. Morvan (1), F. Durandin (2) (1) CIRE Centre-Val de Loire, Orléans, France, (2) ARS Centre-Val de Loire, Orléans, France. Introduction – objectifs L’IIM est une pathologie causée par l’agent Neisseria meningitidis : maladie infectieuse transmissible grave, potentiellement mortelle qui affecte généralement les personnes jeunes. Matériels et méthodes L’étude a porté sur les données des fiches de déclaration obligatoire, des résultats d’analyse des souches par le Centre National de Référence et des dossiers d’investigation de l’ARS sur la période 2011-2014. Résultats De 2011 à 2014, 62 cas d’IIM ont été notifiés en région, le département le plus touché est le Cher (24 % des cas). L’incidence régionale a été maximale en 2011 (0,93/100 000 hab) mais similaire au niveau national (0,97/ 100 000 hab). En 2012, l’augmentation observée en 2011 au niveau régional et national n’a pas confirmée (0,03/100 000 hab). L’incidence en 2013 et 2014 était respectivement 0,06 et 0,05/100 000 hab. L’âge moyen était de 27 ans et s’est accru sur la période étudiée. Parmi ces cas le sérogroupe était connu pour 95 % des cas : 69 % du B, 19 % du C, 2 % du W135 et 5 % du Y. Un purpura fulminant a été rapporté pour 21 % des cas, dont 62 % traités par une antibiothérapie précoce. La létalité était de 5 % ; 8 % conserve une séquelle selon la fiche de DO. Le délai moyen de signalement à l’ARS y compris en cas de suspicion était 24H. Conclusion Les IIM restent rares comparées à d’autres MDO. Le sérogroupe B restait majoritaire. Néanmoins 58 % des cas du sérogroupe C concerne les groupes d’âges non ciblés (moins d’un an et plus de 25 ans) par la vaccination contre le méningocoque C. Les enjeux en termes de santé publique reposent sur un délai de signalement précoce, la confirmation biologique du diagnostic et la promotion de la vaccination contre le méningocoque C. *Les chiffres seront actualisés.
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Posters / Médecine et maladies infectieuses 45 (2015) 41-42
EPI 04 Entérobactéries productrices de carbapénèmase en France en 2014 G. Cuzon (1), S. Vaux (2), V. Pontiès (2), L. Dortet (1) (1) CHU de Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre, France, (2) INVS, Saint-Maurice, France. Introduction – objectifs La résistance aux carbapénèmes chez les bacilles à Gram négatif est devenu un problème majeur de santé publique. Chez les entérobactéries, un des mécanismes responsables de cette résistance est la production d’une carbapénèmase (EPC). La détection des EPC est à ce jour primordiale car elle impose des mesures strictes afin de prévenir les épidémies nosocomiales. Cette étude a pour but de montrer les résultats obtenus au CNR associé « Résistance aux antibiotiques » en 2014. Matériels et méthodes En 11 mois, 2 696 souches d’entérobactéries ont été reçues au CNR. Une identification par spectrométrie de masse et antibiogramme en diffusion ont été réalisés pour toutes les souches. La production d’une carbapénèmase a été détectée grâce au test d’hydrolyse chromogénique, CarbaNP Test. Les diférentes carbapénèmases produites ont été caractérisées par PCR et séquençage. Résultats Les principales espèces reçues étaient K. pneumoniae, Enterobacter sp. et E. coli. 958 souches (35,5 %) produisaient une carbapénèmase. La principale espèce d’EPC reste K. pneumoniae (566/958, 59,1 %). La répartition entre les espèces reste stable depuis 2012. Les carbapénèmases identifiées sont essentiellement OXA-48 et ses variants (818/958, 85,3 %), NDM (85/958, 8,6 %), VIM (25/ 958, 2,6 %) et KPC (18/958, 1,9 %). 10 souches produisaient deux carbapénèmases différentes. Parmi les enzymes OXA-48-like, le variant OXA-48 reste largement prédominant. Cependant certains variants comme OXA-181 sont identifiés plus fréquemment que les années précédentes. Les souches produisant NDM sont en augmentation et, pour la première fois, des épidémies ont été observées en France. À l’inverse, on note une diminution du nombre de souches produisant KPC. Conclusion La proportion de souches reçues au CNR et produisant une carbapénèmase est en augmentation (35,5 % en 2014 contre 23,1 % en 2012 et 28,2 % en 2013). Ce phénomène est probablement dû à une augmentation des EPC mais également à une amélioration de la détection de ces souches dans les laboratoires.
EPI 05 Épidémie européenne de salmonellose à Salmonella Chester liée à un voyage au Maroc L. Fonteneau (1), S. Le Hello (2), N. Jourdan Da Silva (1) (1) InVS, St-Maurice, France, (2) CNR Salmonella, Paris, France. Introduction – objectifs En septembre 2014, le réseau du Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) a signalé un nombre inhabituellement élevé de salmonellose à Salmonella Chester. Une investigation coordonnée par la France, le pays qui comptait le plus de cas, a été initiée. Matériels et méthodes Un cas était un résident européen avec une coproculture positive pour S. Chester et des symptômes ayant débuté après le 05/05/14. À titre
exploratoire, nous avons interrogé 16 cas identifiés en France, parmi lesquels 15 avaient voyagé au Maroc. Nous avons ensuite réalisé une étude cas-cas parmi des cas de salmonellose ayant voyagé au Maroc, en comparant les expositions au Maroc des cas de S. Chester avec celles de patients infectés par d’autres sérotypes. L’analyse était appariée sur l’âge et la semaine de début des symptômes. Nous avons réalisé des régressions logistiques conditionnelles pour quantifier l’association entre les expositions et la maladie. Résultats Entre le 05/05 et le 22/10/2014, 156 cas ont été notifiés en Europe dont 90 en France avec un pic début septembre. 14 cas et 26 témoins ont été inclus dans l’étude cas-cas. Nous n’avons pas identifié de lieu d’exposition, d’activité ou de moyen de transport communs. Les cas avaient plus souvent consommé des crevettes que les témoins (50 % vs 15 %, p = 0,04), plus souvent mangé au restaurant (100 % vs 69 %, p = 0,02) et plus souvent été exposés sur la côte (92 % vs 41 %, p < 0,01). Une enquête de traçabilité pour identifier une origine commune des crevettes n’a pas pu être réalisée. Conclusion La source de l’épidémie, au Maroc, est probablement un aliment contaminé distribué sur une large zone géographique. Nous avons mis en place une surveillance renforcée pour détecter une éventuelle recrudescence de cas et pouvoir poursuivre nos investigations, en particulier cet été avec l’augmentation du flux de voyageur de retour du Maroc.
EPI 06 Épidémiologie des diarrhées bactériennes infantiles D. Dubois (1), B. Mantion (1), L. Bergon (1), L. Cavalié (1), E. Grouteau (2), M. F. Prère (1) (1) Laboratoire de bactériologie-hygiène, CHU, Toulouse, France, (2) Hôpital des Enfants, Toulouse, France. Introduction – objectifs Les syndromes diarrhéiques constituent une cause fréquente d’admission aux urgences infantiles. Le but de notre étude était de préciser la prévalence des différentes bactéries enteropathogènes. Matériels et méthodes Les prélèvements pour coprocultures ont été réalisés en 2014 chez 1 166 enfants à l’admission aux urgences pour syndrome diarrhéique. Les bactéries entéropathogènes pathogènes ont été recherchées en culture et par biologie moléculaire pour les Escherichia coli entéropathogènes (EPEC), entérohémorragiques (EHEC) et les Shigella. Résultats Nous avons analysé les résultats en distinguant 2 groupes d’enfants : le groupe 1 de moins de 5 ans, 85,6 % des cas (950/1 166) et le groupe 2 de plus de 5 ans, 14,4 % (166/1 166). Dans le groupe 1 nous avons trouvé : 130 EPEC (13,8 %) dont 90 % (116/130) chez les petits enfants de moins de 2 ans, 35 Salmonella (3 %), 35 Campylobacter (3 %) 19 EHEC (2 %), 12 Shigella (1,2 %) et 5 Aeromonas (0,4 %). Dans le groupe 2 nous avons trouvé : 12 Salmonella (10 %), 10 Campylobacter (9 %), 6 Shigella (5 %), 5 EHEC (4,3 %), 1 Aeromonas (0,9 %) et 5 EPEC (4,3 %) non considérés comme pathogènes dans cette tranche d’âge. Aucune Yersinia n’a été isolée. Les Shigella ont été détectées le plus souvent grâce à la biologie moléculaire. La symptomatologie clinique était variée sans corrélation significative avec l’étiologie bactérienne. Conclusion Cette analyse a montré la différence dans l’étiologie bactérienne des diarrhées en fonction de l’âge avec la prédominance des EPEC chez les jeunes enfants et la plus grande prévalence des autres pathogènes au-dessus de 5 ans.