Urgences
(1995)
XIV, 184
0 Elsevier,
Paris
Fait clinique
l%iologie plurifactorielle d’une hyperkalidmie menaqante C Cassan, M Bisset, P Kendranvat, D Larger, JM Berthezene, JL Tonellot Service
d’accueil
des urgences,
CHR
Lapeyronie, (RepI
OBSERVATION
371, avenue
lc? 5 ma, 1995 : accept6
CLINIQUE
Une femme agee de 73 ans est admise au service des urgences suite a un malaise de type lipothymique, avec chute saris gravite. On note dans les antecedents de cette patiente un diabete insulinodependant, une hypertension arterielle, une coronarographie pour infarctus du myocarde il y a un an et traite depuis par betabloquants et amiodarone. Un traitement par Aldactone 75, un comprime matin et soir, est introduit depuis une dizaine de jours pour une aggravation recente des chiffres tensionnels. L’examen clinique revele une bradycardie a 35 cycles par minute, reguliere, saris incidence hemodynamique notable. L’electrocardiogramme montre une disparition des ondes P, un elargissement du QRS, et des ondes T pointues et symetriques, evoquant un trouble metabolique severe a type d’hyperkaliemie. Enfin, une oligurie se serait installee depuis 3 a 4 jours, sans signe de surcharge hydrique. Le bilan biologique confirme I’hyperkaliemie (K+ 8,5 mEq/l), avec une insuffisance r&ale debutante de type organique (uree 18,6 mmol/l ; creatinemie 214 pmol/l), une acidose metabolique (pH 7,31 ; PC02 29,7 mmHg ; HC03- - 14,7 mmol/l) a trou anionique normal, et une hyperglycemic a 9,7 mmol/l. Un traitement a vi&e hypokaliemique est debute par gluconate de Ca++, rnsuline et r&sine echangeuse d’ions. L’administration intraveineuse de furosemide permet
du Doyen-Gaston-Giraud,
fait que plusieurs elements concourent a I’apparition d’une hyperkaliemie severe. La spironolactone tout d’abord, qui diminue I’excretion tubulaire distale du potassium ; I’insuffisance renale ensuite, qui majore I’effet epargneur potassique de la spironolactone ; le betabloquant, qui induit I’hyperkaliemie en contrecarrant I’activite permissive des betacatecholamines endogenes sur la penetration intracellulaire du potassium ; I’acidose metabolique, qui n’est pas seulement due a I’absence de I’effet direct de I’aldosterone sur I’excretion acide, mais egalement a I’hyperkaliemie qui entraine une diminution de I’amniogenese r&ale ; enfin I’hyperosmolarite, qui constitue un facteur supplementaire d’hyperkaliemie chez une malade insulinocarencee [l]. CONCLUSION Une association medicamenteuse mal evaluee de type spironolactone-betabloquants peut interferer gravement sur un terrain diabetique mal equilibre et propice a certaines complications, notamment a celle de I’emergence d’une hyperkaliemie menacante [2]. RliFliRENCES
totale des signes electrocardiographiques.
DISCUSSION
1 Castaigne
A et al. Des diur&iques.
Rev
Prat
1994;
44:2757-62 2
L’originalite de cette observation reside dans le
France
le 15 maI 1995)
de relancerla diureseet de normaliserla kaliemie,avec regression
Montpellier,
Harrisson TR eta/. Anomalies de lafonction r&ale. Pr&is de mkdecine interne 1989;1143-62