Étude sur la « cyber-intimidation » : cyberbullying, comorbidités et mécanismes d’adaptations

Étude sur la « cyber-intimidation » : cyberbullying, comorbidités et mécanismes d’adaptations

L’Encéphale (2015) 41, 287—294 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP MÉMO...

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L’Encéphale (2015) 41, 287—294

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

ScienceDirect journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP

MÉMOIRE ORIGINAL

Étude sur la « cyber-intimidation » : cyberbullying, comorbidités et mécanismes d’adaptations A cyberbullying study: Analysis of cyberbullying, comorbidities and coping mechanisms J.-J. Rémond a,∗, L. Kern b, L. Romo a a

EA Clipsy 44 30, laboratoire Evaclipsy, université Paris Ouest, Nanterre-La-Défense, 92, 200, avenue de la République, 92001 Nanterre, France b CeRSM (EA 2931 CERSM), centre de recherche sur le sport et le mouvement, université Paris Ouest, Nanterre-La-Défense, 92, 200, avenue de la République, 92001 Nanterre, France Rec ¸u le 19 mars 2013 ; accepté le 6 f´ evrier 2014 Disponible sur Internet le 17 septembre 2014

MOTS CLÉS Cyberbullying ; Harcèlement ; Internet ; Adolescents ; Mécanismes d’adaptations



Résumé Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) permettent un accès privilégié à l’information pour les jeunes et les adultes. Si elles représentent un nouveau moyen d’interaction sociale, elles sont également porteuses de nouvelles formes de violences, la cyber-intimidation et le cyber-harcèlement, qui apparaissent et peuvent avoir des conséquences psychologiques sur les victimes et engendrer des conséquences dramatiques. Objectif. — L’objectif de cette étude est donc d’évaluer la proportion de victimes de cyberbullying, sur un échantillon de jeunes franc ¸ais de 16 à 18 ans, d’une part, et chez les adultes, d’autre part, d’analyser les caractéristiques de la cyber-intimidation, de comprendre les différents facteurs susceptibles de diminuer ou amplifier cet effet d’intimidation et d’explorer les liens avec une comorbidité, anxieuse et dépressive. Nous nous intéresserons également aux mécanismes d’adaptation permettant à la victime de réagir différemment selon le contexte émotionnel et comportemental en utilisant une échelle innovante sur « la résilience ». Méthodologie. — Deux cent soixante-douze participants ont complété une batterie de questionnaires, contenant une échelle d’évaluation de l’anxiété sociale (LSAS), de l’anxiété et de la dépression (HAD), de l’aléxithymie (BVAQ), des réactions lors d’intenses émotions négatives (HDS) et de la résilience (BRS). Résultats. — Les analyses montrent que le phénomène du cyber-harcèlement était présent au sein de notre échantillon. Il y a eu 95 personnes sur un total de 272 (35 %) qui ont déclaré avoir été victimes d’au moins une forme de cyber-harcèlement (moyenne d’âge 17,8 ± 5,9 ans).

Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J.-J. Rémond).

http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2014.08.003 0013-7006/© L’Encéphale, Paris, 2014.

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J.-J. Rémond et al. Nous avons observé des comorbidités chez l’ensemble de ces personnes. Sur l’ensemble des 95 victimes de cyber-harcèlement, 11 % ont significativement peur ; 9 % ont un score élevé sur l’échelle LSAS (évitement), 62 % ont un score élevé à l’échelle BVAQ, 15 % sont anxieux selon l’HAD et 21 % ont des scores de dépression élevés. Enfin, les variables « introjectives » et « représailles » de l’échelle HDS et BRS nous ont permis d’observer que des mécanismes d’adaptation intervenaient. © L’Encéphale, Paris, 2014.

KEYWORDS Cyberbullying; Youth; Anxiety; Depression; Resilience

Summary Introduction. — Cyberbullying is a relatively new form of bullying. This bullying is committed by means of an electronic act, the transmission of a communication by message, text, sound, or image by means of an electronic device, including but limited to, a computer phone, wireless telephone, or other wireless communication device, computer, games console or pager. Cyberbullying is characterized by deliberately threatening, harassing, intimidating, or ridiculing an individual or group of individuals; placing an individual in reasonable fear of harm; posting sensitive, private information about another person without his/her permission; breaking into another person’s account and/or assuming another individual’s identity in order to damage that person’s reputation or friendships. Literature finding. — A review of the literature shows that between 6 and 40% of all youths have experienced cyberbullying at least once in their lives. Several cyberbullying definitions have been offered in the literature, many of which are derived from definitions of traditional bullying. In our study we asked clear definition of cyberbullying. Few studies explicate the psychosocial determinants of cyberbullying, and coping mechanisms. The authors of the literature recommend developing resiliency, but without analyzing the resilience factor. Objectives. — The first aim of this study was to determine the prevalence of adolescents and adults engaged in cyberbullying. The second aim was to examine the coping mechanisms and comorbidity factors associated with the cyberbullied people. Methodology. — The sample was composed of 272 adolescents (from a high school) and adults (mean age = 16.44 ± 1). The Olweus Bully/Victim Questionnaire was used to identify profiles of cyberbullying. Coping mechanisms were investigated using the Hurt Disposition Scale (HDS) and the Brief Resilience Scale (BRS). Comorbidities were assessed using the Hospital Anxiety and Depression Scale (HAD), Liebowitz’s Social Anxiety Scale (LSAS), and the Bermond-Vorst Alexithymia Questionnaire (BVAQ). Results. — Almost one student in three was involved in cyberbullying (34.9% as cyber-victim, 16.9 as cyberbully); 4.8% of our sample was concerned by bullying as a victim. The victims of bullying were also victims of cyberbullying. The mean age of victims of cyberbullying was 17.84 ± 5.9 years, and the mean age of victims of bullying was 16.3 ± 4.5 years. Correlation coefficient was significant for HAD, LSAS, BVAQ scales with CQ. The retaliatory variable of HDS scale was not significant. Finally, the coping strategies of students who reported victimization were explored. These strategies include coping, telling someone, figuring out the situation, and avoidant coping. The results showed for the victims of cyberbullying, that they take longer to recover from a stressful event, compared to victims of bullying. Conclusion. — Results have indicated the importance of further study of cyberbullying because its association with comorbidities was distinct from traditional forms of bullying. The biggest risk factor for the adolescents is the severity of the consequences. These are: the adoption of the avoidance coping strategy, the occurrence of offline bullying during the situation, the adoption of the self-control coping strategy, the variety of cyberbullying acts, the victim’s level of self-blame, the victim’s perception of the duration of the situation, and the frequency of cyberbullying victimization. © L’Encéphale, Paris, 2014.

Introduction Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) deviennent accessibles et sont utilisées de manière quotidienne. Toutes les générations utilisent désormais Internet sur leurs écrans d’ordinateurs,

de consoles de jeux, tablettes tactiles ou encore sur leurs téléphones portables. Si ces technologies permettent l’apprentissage et l’enseignement par la voie de la communication, elles soulèvent également des questions d’un point de vue éthique. Des préoccupations émergent concernant la protection de la vie privée, le

Étude sur la « cyber-intimidation » respect en ligne, la sécurité et l’utilisation appropriée des NTIC. Alors qu’on observait traditionnellement le harcèlement dans les cours d’école ou dans le milieu du travail, selon le professeur Shariff et al., on constate depuis quelques années, que l’émergence du réseau Internet a apporté de nouvelles possibilités de moyens de perpétration de ces actes. Les e-mails, les sites Web et ceux de réseaux sociaux, les salons de discussions, les blogs, les messageries instantanées ou encore les SMS (Short Message System), sont donc, autant de moyens pour proférer des menaces, harceler ou encore tenir des propos diffamatoires sur d’autres personnes, que ce soit par exemple, envers des camarades de classe, des collègues de bureau, des ex-conjoints ou exconjointes, ou des amis. Certains auteurs postulent pour le fait que la cyber-intimidation et le cyber-harcèlement ne sont pas de nouvelles problématiques, mais que ce sont les outils utilisés qui le sont [1]. Récemment, la législation est intervenue sur ce sujet sous la forme d’un amendement qui a été déposé au projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce texte a été adopté au Sénat le 17 septembre 2013 et prévoit ainsi de modifier le code pénal en y insérant l’article 22214-3-1. L’auteur d’actes d’humiliations ou d’intimidations répétées et mis en œuvre « par tout moyen », qui porterait atteinte de fac ¸on répétée à la vie privée d’une personne serait sanctionnée de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 D d’amende. Ces peines seraient portées à trois ans d’emprisonnement et 45 000 D d’amende lorsque les faits seraient commis sur un mineur de quinze ans. Ce texte permet de contenir à la fois les actes de harcèlement traditionnel et ceux relatifs au cyber-harcèlement. Auparavant, les actes de harcèlements sanctionnables étaient ceux relatif au travail (article 222-33-2 du Code pénal) et ceux relatifs au sein du couple (article 222-33-2-1 du Code pénal). Dans le cas d’actes de harcèlement moral, la jurisprudence considérait l’efficacité de l’article 222-33-2 du Code pénal relatif au harcèlement au travail.

Revue de la littérature Dans les années 2000, les chercheurs ont constaté l’apparition d’actes d’intimidation sur Internet que l’on dénomma « Cyberbullying ». À la lecture des différents travaux francophones, notamment ceux de Blaya, il apparaît une certaine difficulté à définir ce concept. Il n’y a donc, pour l’instant, pas de consensus sur une définition précise. Ces difficultés proviennent notamment du fait que le terme « cyberbullying » est prédominant dans la littérature internationale, et que le terme « bullying » admet difficilement un néologisme franc ¸ais correspondant. Cette inconsistance a de lourdes conséquences au niveau méthodologique et relativise les résultats obtenus à ce jour dans ce champ, rendant les comparaisons entre études difficiles [2]. Nous admettrons donc une définition précise pour cette recherche. Nous retrouvons dans plusieurs ouvrages ou revues scientifiques anglophones, sur le harcèlement psychologique, des expressions telles que le « cybermobbing » et le « cyberbullying ». Le terme « bullying » a été utilisé pour la première fois par Burk et repris plus tard en Angleterre pour décrire les actes de violences sous seing privé dans

289 la vie quotidienne, puis associé au harcèlement à l’école dans les années 1980 [3]. Il était alors employé pour définir les actes de violence ou de comportements agressifs comme des humiliations, des menaces ou des brimades, d’un enfant envers un autre enfant. Le concept de « bullying » a ensuite été introduit dans le monde des organisations et de la psychologie du travail [4]. Le concept de « mobbing » est défini par un ensemble d’actions répétées et répréhensibles ou nettement négatives qui sont dirigées contre des employés d’une manière offensante et qui peuvent conduire à leur mise à l’écart de la communauté sur le lieu de travail [5,6]. Ce concept intègre plus largement les risques psycho-sociaux sur le lieu de travail [7]. Le cyberbullying est alors défini comme un acte intentionnel et agressif, réalisé par un individu ou un groupe d’individus en réalisant un contact sous forme électronique, à plusieurs reprises et au fil du temps contre une victime qui ne peut pas facilement se défendre [8]. L’intimidation est définie comme le fait d’infliger intentionnellement des blessures ou malaises selon l’une ou plusieurs personnes. Un agresseur peut utiliser des actes directs ou indirects pour intimider l’autre. L’intimidation directe est une attaque ouverte sur un autre individu par l’intermédiaire d’une agression physique ou verbale [9]. L’intimidation indirecte est utilisée afin que la victime soit exclue d’un groupe, notamment par l’intermédiaire de propagations de rumeurs [10]. L’intimidation indirecte peut être tout aussi dommageable pour le fonctionnement d’un individu que l’intimidation directe [11]. Pour cette étude, nous avons retenu une définition englobant le plus grand éventail de comportements nuisibles pouvant être considérés comme tels par les victimes. La cyber-intimidation englobe tous les éléments de l’intimidation habituelle (sévices, abus verbal et discriminatoire, harcèlement, menaces, ciblage délibéré et persistant, exclusion et isolation des personnes ciblées) mais les transpose dans un environnement en ligne, hautement public [1]. Il a été identifié plusieurs formes de comportements qui peuvent être considérés comme des actes de cyberbullying [12]. Ceux-ci sont : le « flaming » (ou pratique consistant à poster sur Internet des messages diffamatoires), le harcèlement, le dénigrement, le vol d’identité, l’incitation au dévoilement ou le dévoilement d’informations personnelles d’une autre personne, l’exclusion, la « cyber-filature » ou bien le « happy slaping » (pratique consistant à filmer l’agression physique d’une personne à l’aide d’un téléphone portable et le diffuser sur Internet). Les possibilités de diffusion sont les messageries instantanées, l’e-mail, les « sms », les sites de réseaux sociaux, les sites de discussions ou « tchat », les blogs, les sites web et les sites de jeux massivement multi-joueurs (MMORPG). Plusieurs recherches ont d’abord été menées pour mesurer l’impact sur les jeunes jusqu’à 18 ans, qui sont victimes de cyber-intimidation. Les conséquences étaient variées et se situaient à différents degrés de gravité, comme par exemple, la chute des résultats scolaires, la baisse de la qualité des relations sociales et familiales, l’apparition de désordres affectifs, etc. [13,14]. Les études qui portent sur les conséquences de la cyber-intimidation auprès des victimes sont fortement inspirées de la recherche qui porte sur l’intimidation traditionnelle. Nous devons toutefois

290 préciser que l’intimidation traditionnelle est généralement observée chez une population de collégiens de 11 à 15 ans [10,15,16]. Ainsi, certains chercheurs [17] ont également tenté de savoir si les effets négatifs identifiés pour l’intimidation traditionnelle ont plus d’impact pour les victimes de cyberintimidation. Dans ces recherches, la plupart du temps, la cyber-intimidation et l’intimidation traditionnelle sont étudiées comme étant deux phénomènes distincts. Ortega et al. [17], par exemple, ont consacré une recherche sur l’impact émotionnel engendré par l’intimidation traditionnelle et la cyber-intimidation sur les jeunes victimes, l’âge moyen de ces jeunes étant de 16 ans. Les résultats de leur étude révélèrent que la peur, l’inquiétude, l’angoisse et la colère sont les émotions les plus souvent mentionnées par les jeunes victimes de cyber-intimidation. Ces chercheurs soulignent également que la cyber-intimidation s’avère, chez les jeunes qu’ils ont sondés, plus répandue que l’intimidation traditionnelle. L’étendue de l’expérience des adolescents de la cyberintimidation et la relation entre l’intimidation et la cyber-intimidation traditionnelle a été étudiée par Li [16]. Près d’un étudiant sur trois a intimidé d’autres élèves dans un cadre traditionnel et presque 15 % avaient intimidé d’autres élèves en utilisant des outils électroniques. Un tiers a déclaré avoir été victimes de cyber-intimidation. La majorité des étudiants qui ont connu la cyber-intimidation en ont également été victimes à l’école, soit 432 collégiens de la 5e à la 3e dans des collèges du Canada. Englander et al. se sont étonnés que l’incidence de la cyberintimidation diminue, dans de nombreuses études, entre les collégiens et les lycéens. A contrario, ils se sont aperc ¸us dans leur étude que la proportion de lycéens cyber-intimidés (23 %) était supérieure à la proportion de collégiens cyberintimidés (3 %) [15]. C’est dans l’objectif de prolonger cette perspective de recherche que nous nous sommes limités à observer les étudiants de 16 à 18 ans afin de confirmer les études d’observations montrant une plus forte proportion de lycéens cyber-intimidés par rapport aux collégiens cyber-intimidés. De nombreux étudiants ont indiqué avoir été victimes de cyber-intimidation. Ils ont déclaré suite à ces actes, se sentir en colère, blessés ou tristes [10]. En 2010, une étude a montré qu’en moyenne 20 à 40 % des jeunes signalent avoir été victimes de cyber-intimidation. Il a remarqué que les effets négatifs étaient entre autres, une vie sociale et familiale déréglée, la dépression, l’anxiété sociale, la colère, la tristesse, la détresse émotive, le désintéressement et l’attitude hostile, parfois même de la délinquance [18]. Une grande enquête EU Kids Online (2011) menée dans 25 pays européens pilotée par la London School of Economics, dont l’équipe franc ¸aise était dirigée par Dominique Pasquier du laboratoire LTCI (CNRS/Télécom Paris Tech), a permis d’obtenir des renseignements partiels sur la cyberintimidation en France. Cette étude a montré que 7 % des enfants ont été harcelés sur Internet et 26 % étaient victimes de harcèlement traditionnel et de cyber-harcèlement. Cependant, par la mise en place de stratégies d’adaptation, certaines personnes vivent de fac ¸on moins dramatique ce harcèlement et peuvent ne pas être gravement touchées. En effet, un individu peut considérer le comportement en ligne comme attendu ou normal ou

J.-J. Rémond et al. peut ne pas attribuer les intentions hostiles des messages [10]. Un auteur a montré que les adolescents qui déclaraient avoir des symptômes de dépression ont trois fois plus de risque de vivre un incident d’intimidation, que les adolescents sans symptômes ou avec des symptômes plus légers. Ces adolescents sont considérés comme plus vulnérables aux expériences négatives en ligne. Ainsi, ils ont un risque de détresse émotionnelle supérieure, qui est susceptible de motiver la recherche d’aide dans un comportement [19]. Certains auteurs ont proposé cinq critères afin de permettre de définir un acte comme étant du cyberharcèlement (intention, répétition, déséquilibre des forces, apparition dans le contexte de groupes sociaux hors ligne existants et l’orientation vers un individu). Ils suggèrent également de différencier le cyberbullying d’autres pratiques comme le cyberteasing (acte de cyber-intimidation sans intention de blesser intentionnellement), le cyberarguing (acte de cyber-intimidation sans être répétitif) ou encore le cyberattacking (cyber attaque ciblée) [20]. Shaheen Shariff et Andrew H Churchill (2010), professeurs à l’université de McGill au Canada, ont montré dans leur étude le caractère indélébile du texte dans le cyber-espace.

Facteurs d’adaptations La résilience désigne les personnes qui s’adaptent avec succès à des expériences de stress continu. Il est composé du terme latin « re » qui désigne un moment en arrière et de « salir » qui signifie bondir, c’est-à-dire « rebondir ». Selon le dictionnaire de psychiatrie et de psychopathologie, la résilience désigne la résistance physique, les phénomènes de guérison spontanée et l’aptitude à rétablir l’équilibre émotionnel dans des situations de stress. Plusieurs facteurs contribuent à la capacité de résilience (auto-organisation, estime de soi, efficacité personnelle, contrôle interne). Ceux-ci ont été définis par Cicchetti (1997). L’auto-organisation est la capacité d’un individu à utiliser ses tendances personnelles à rebondir lorsqu’il est confronté, de manière soudaine ou chronique, à des expériences stressantes ou traumatisantes. L’estime de soi est un état émotionnel résultant d’une auto-perception construite à partir de la reconnaissance par autrui de ses compétences personnelles. L’efficacité personnelle ou autoefficacité qui est la croyance (vraie ou fausse) qu’a un individu sur sa capacité à atteindre un objectif donné. Le contrôle externe-interne ou lieu de contrôle (locus of control) qui est défini par le comportement des individus qui varie s’ils attribuent la cause de leurs réussites et de leurs échecs à eux-mêmes (contrôle interne) ou à une cause extérieure, comme le hasard, la chance, ou une autre personne (contrôle externe). L’endurance psychologique ou robustesse permet de différencier les individus en fonction de leur capacité à résister aux effets négatifs du stress, avec entre autres le recours aux émotions positives. Il y a aussi des facteurs cognitifs comme les stratégies de coping ou stratégies pour faire face au stress. Lors du processus d’adaptation (ou stratégie de coping), les individus adoptent une ou plusieurs stratégies d’adaptation afin de gérer le stress ressenti et retrouver un état d’équilibre psychologique [15]. En effet, une victime de cyber-harcèlement peut tenter de

Étude sur la « cyber-intimidation » réduire l’effet de sa victimisation en employant des stratégies d’adaptation qui sont soit centrées sur les émotions, soit sur le problème. Les stratégies d’adaptation centrées sur les émotions consistent à se détacher et à minimiser la situation (distanciation), à tenter de réguler ses sentiments et ses actions (contrôle de soi), à fuir ou à éviter le problème (fuite/évitement), ou alors à tenter de voir les aspects positifs de sa situation (réévaluation positive). Si les stratégies d’adaptation choisies pour gérer le stress généré par l’événement sont suffisantes, l’individu retrouvera son équilibre psychologique initial [21]. Si ce n’est pas le cas, l’individu accumulera du stress et sera susceptible de subir des conséquences psychosociales à la suite de cet événement [22,23].

Objectif de l’étude L’objectif principal de cette étude est, d’une part, de connaître la prévalence de victimes de cyberbullying, sur un échantillon de jeunes franc ¸ais de 16 à 18 ans et chez les adultes. D’autre part, nous analyserons les caractéristiques de la cyber-intimidation, afin de comprendre les processus en jeu et d’explorer, entre autres, les liens avec les comorbidités et les mécanismes d’adaptation.

Méthodes Population Cette étude a été réalisée de janvier à juin 2012 auprès de lycéens de la région parisienne et auprès d’adultes « tout venant » sur Internet, en particulier de forums et de réseaux sociaux.

Procédure Une lettre d’information et une consigne orale standardisée ont été données avec un formulaire de consentement aux lycéens, celui-ci a suivi les critères de l’éthique de l’université Paris Ouest Nanterre-La-Défense. Les questionnaires papiers ont été distribués à une population de lycéens d’un seul lycée du département des Hauts de Seine, étant inscrits en seconde, première et terminale. Ensuite, nous avons rendu ce questionnaire interactif et accessible par Internet, destiné à une population de « tout venant ». Tous les participants étaient informés du caractère confidentiel et anonyme de l’étude. Nos critères d’inclusions étaient des participants sachant lire et écrire le franc ¸ais, afin de comprendre et remplir le questionnaire. Nos critères d’exclusions étaient les personnes atteintes de troubles neurologiques apparents, les personnes maîtrisant mal la langue franc ¸aise et les écoliers n’ayant pas au moins 15 ans. L’objectif de cette étude était d’obtenir 200 personnes au minimum étant victimes ou non de cyber-harcèlement. Nous avons pu obtenir 272 participants, dont 43 personnes par Internet (moyenne d’âge 26 ans ± 10 ans) et 229 lycéens (moyenne d’âge 16,44 ans ± 1 ans).

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Outils psychométriques et variables mesurées Cyberbullying Questionnaire (CQ) [8] Ce questionnaire est une version courte et traduite en franc ¸ais de celui de Smith (2008). Il intègre des questions relatives à l’intimidation par les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication). Liebowitz Social Anxiety Scale (LSAS) [24] C’est une échelle spécifique pour l’évaluation du traitement de la phobie sociale (en auto-évaluation). Elle évalue séparément l’anxiété et l’évitement dans des situations d’interaction sociale et des situations de performance. Bermond-Vorst Alexithymia Questionnaire (BVAQ) [25] Le questionnaire BVAQ comporte 40 items et mesure cinq dimensions indépendantes de l’aléxithymie, (la verbalisation, la vie fantasmatique, l’identification des émotions, l’excitabilité émotionnelle et l’analyse des émotions). Hospital Anxiety and Depression (HAD) [26] L’HAD est un auto-questionnaire d’évaluation de l’état anxio-dépressif. Elle est composée de 14 items, dont chacun est coté sur une échelle de Likert en 4 niveaux. Il prend en compte conjointement les symptômes anxieux et dépressifs. La dimension anxieuse inclut notamment la tension intérieure, les préoccupations et la panique. La dimension dépressive est centrée sur le concept d’anhédonie (capacité ou non à éprouver le plaisir). Hurt Disposition Scale (HDS) [27] Le questionnaire HDS a été conc ¸u pour évaluer les réactions des individus qui ont été confrontés à des sentiments intenses à la suite d’actions qui les ont blessés. Cette échelle mesure deux réactions, émotionnelles et comportementales, l’introjection et les représailles. Brief Resilience Scale (BRS) [28] Le BRS nous a permis dans cette étude d’évaluer la résilience de la victime de cyber-harcèlement. Cette échelle a été créée pour évaluer la capacité à rebondir ou à se remettre d’une exposition au stress. L’échelle évalue les modes d’adaptations, les relations sociales, les caractéristiques liées à la santé et la construction de la résilience chez l’individu.

Analyses statistiques et objectifs L’analyse statistique des données a été réalisée avec le logiciel Statistica® version 11.0. Les analyses statistiques ont comporté des tests comparatifs entre les groupes « cyber-harcèlement », « harcèlement traditionnel » et « non harcelé ». Pour les variables catégorielles, on a utilisé le test de Chi2 . Les tests de Student (pour les séries indépendantes) et de Mann—Witney (lorsque les conditions des tests paramétriques n’étaient pas satisfaisantes) ont été appliqués pour les variables continues.

292 Tableau 1

J.-J. Rémond et al. Effectif des personnes positives aux échelles cliniques pour les deux types de harcèlements. LSAS

CQ (n = 95) CQ (n = 13)

Cyber-harcèlement Harcèlement traditionnel

HAD

Peur (n)

Évitement (n)

BVAQ (n)

Anxiété (n)

Dépression (n)

BRS m ± ds

10 (11 %) 2 (15 %)

9 (9 %) 1 (8 %)

59 (62 %) 8 (62 %)

14 (15 %) 2 (15 %)

20 (21 %) 3 (23 %)

13,91 ± 8,55 14,3 ± 8,43

ds = déviation standard ; CQ : Cyberbullying Questionnaire.

Résultats Statistiques descriptives Majoritairement, les personnes ayant vécu un harcèlement traditionnel, vivent dans le foyer familial (à 85 %), ils sont tous lycéens, célibataires (à 85 %). L’âge moyen des personnes ayant vécu un cyber-harcèlement (35 %) était de 17,84 ans (écart-type = 5,86 ; min = 16 ; max = 48), ce sont majoritairement des femmes (à 70 %), vivant dans le foyer familial (à 63 %), elles sont étudiantes (à 91 %), célibataires à 80 %, et sont lycéennes (à 87 %) (Cf. Tableau 1).

Étude des corrélations entre les types de harcèlements et les comorbidités En ce qui concerne l’anxiété, nous notons une corrélation significative entre le harcèlement traditionnel et la variable « anxiété », mais pas avec la variable dépression. Des corrélations significatives ont également été retrouvées entre le cyber-harcèlement et la variable « anxiété », et « dépression ». En ce qui concerne la peur et l’évitement, nous notons que le harcèlement traditionnel était significativement corrélé avec la variable « évitement » et la variable « peur » et pour le cyber-harcèlement étaient corrélées significativement, les variables « évitement » et « peur ».

Étude des corrélations entre les types de harcèlements et les facteurs d’adaptation En ce qui concerne l’échelle BRS sur la résilience, l’analyse de corrélation révèle que l’item « force à rebondir après un événement difficile » (r = 0,147 ; p < 0,05), l’item « difficulté à faire face aux événements stressants » (r = 0,169 ; p < 0,05) et l’item « lenteur à se remettre lorsque quelque chose de difficile survient » (r = 0,189 ; p < 0,05) est significativement corrélé avec le harcèlement traditionnel. En ce qui concerne le cyber-harcèlement, seul l’item « lenteur à se remettre lorsque quelque chose de difficile survient » (r = 0,163 ; p < 0,05) a été corrélé significativement avec le cyber-harcèlement. Pour l’échelle HDS, nous avons constaté que le cyberharcèlement était significativement corrélé avec la variable « introjective » de l’échelle HDS (r = 0,150 ; p < 0,05). Aucune corrélation significative n’a été observée entre la variable cyber-harcèlement et la variable « représailles ». Aucune

corrélation significative n’a été trouvée entre les variables de l’échelle HDS et le harcèlement traditionnel. L’analyse de corrélation a mis en évidence, pour l’échelle BVAQ, des corrélations significatives entre le cyber-harcèlement et les variables « identifier » (r = 0,176 ; p < 0,05) et « verbaliser » (r = 0,122 ; p < 0,05). Aucune autre corrélation significative n’a été révélée pour le harcèlement traditionnel ou le cyber-harcèlement.

Discussion L’objectif principal de cette étude était d’évaluer sur un échantillon la prévalence du cyber-harcèlement, puis de déterminer la présence de troubles avérés et enfin les processus d’adaptation au stress liés au fait d’être ciblé par une situation de cyber-harcèlement. Les résultats de cette étude sur la prévalence du cyberharcèlement sont cohérents par rapport aux études réalisées à l’étranger. Des comparaisons ont été réalisées entre les expériences de harcèlement des filles et celles des garc ¸ons, et les résultats ont relevé une claire dichotomie entre les deux sexes pour la situation de cyber-harcèlement. Les filles sont davantage cyber-harcelées que les garc ¸ons. Un fait d’ailleurs confirmé par d’autres auteurs qui se sont intéressés à cette question [17]. Dans notre étude, les individus ayant vécu un harcèlement traditionnel ont également vécu un cyberharcèlement. Dans d’autres études, plus de la moitié (64 %) des lycéens qui ont été victimes de cyber-harcèlement a également connu d’autres formes de victimisation [10]. Les chercheurs ont déterminé que les victimes d’intimidation par Internet ou par téléphone portable ont également eu tendance à déclarer avoir été victimes de moqueries et de propagation de rumeurs [29]. Tous ces résultats de recherches indiquent clairement une présence simultanée des diverses formes d’intimidation. Dans cette étude, nous avons constaté des scores significatifs pour l’anxiété et la dépression des personnes cyber-harcelés, contrairement au harcèlement traditionnel, où seule la variable anxiété était significative. Ces résultats sont concordants par rapport aux données de la littérature qui ont montré un taux plus élevé de dépression pour les victimes de cyber-harcèlement [30]. Les résultats sur la phobie sociale, grâce à l’échelle LSAS, ont également été significatifs pour les personnes ayant subi un cyber-harcèlement. Cela montrerait une prévalence de la phobie scolaire plus marquée chez les victimes de cyber-harcèlement, contrairement aux victimes de harcèlements traditionnels et aux non-victimes. Cela serait

Étude sur la « cyber-intimidation » lié à la dépression, la perception de stress et d’anxiété, le sentiment d’insécurité scolaire, le désir de solitude et la diminution d’envie de la fréquentation scolaire. Concernant les facteurs d’adaptations, il n’a été trouvé qu’une seule donnée significative avec la variable « introjective » de l’échelle HDS pour les personnes cyberharcelées. Cette variable semble indiquer une réaction émotionnelle prédominante de la victime de cyberharcèlement, qui tendrait vers des réactions de types introspectifs et une réponse émotionnelle d’auto-punition, caractérisée par l’intériorisation de la souffrance et l’autoaccusation. En observant les moyennes des scores de l’échelle sur la résilience, nous pouvons remarquer qu’elles sont plus faibles pour les victimes de cyber-harcèlement que celles des non-victimes. Le cyber-harcèlement pourrait avoir un impact sur la résilience de la victime. Il apparaît donc que les victimes dans cette étude ne pourraient mettre en œuvre des stratégies d’adaptations efficaces, ceci étayé par les difficultés à identifier et verbaliser leurs émotions pour les victimes lorsqu’elles subissent l’acte de cyber-harcèlement, ainsi qu’une lenteur plus importante à se remettre par rapport au harcèlement traditionnel. Ces résultats seraient cohérents par rapport aux autres études, où les moyens d’adaptations étaient également explorés [22,31,32]. De plus, l’étude de l’aléxithymie par l’échelle BVAQ, a révélé des corrélations significatives pour les victimes de cyber-harcèlement, qui contrairement aux non-victimes, auraient des difficultés à identifier leurs états émotionnels, ainsi qu’une difficulté à exprimer verbalement leurs états émotionnels à autrui. Ceci peut être étayé par nos observations sur le genre, où, pour quel que soit le type de cyber-harcèlement, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à rapporter ce type d’agissement. Ainsi, le pourcentage de personnes ayant rapporté un acte de cyberharcèlement à autrui, varie de 20 à 38 % selon le type de cyber-harcèlement, ce qui confirmerait la difficulté à verbaliser la cyber-agression. Dans notre étude, il apparaît des limites. Notre étude comporte un biais d’attribution. En effet, nous avons volontairement choisi d’inclure des lycéens de 16 à 18 ans et nous n’avons pas réalisé de comparaison avec les collégiens de 11 à 15 ans. Il y aussi un certain nombre de raisons de croire que les lycéens soient réticents à s’auto-identifier comme « cyber-harcelés ». Nous pouvons d’ailleurs remarquer un plus grand nombre de personnes de sexe féminin qui se sont auto-identifiées comme harcelées. De plus, la faible proportion de tout venant (n = 43, soit 19 %), contrairement à la proportion de lycéens (n = 229), a pu induire un biais significatif dans notre étude. Le fait de traduire et modifier le questionnaire sur le cyberbullying peut avoir eu un impact sur les résultats de l’étude et avoir été un biais dans la compréhension des personnes le remplissant. L’intérêt pour ce sujet serait de répliquer cette étude à un nombre plus conséquent de personnes issues de la population générale, ainsi que d’effectuer des passations dans plusieurs écoles distinctes de différents départements. Nous pouvons également admettre le biais de n’avoir choisi qu’un seul lycée pour le recrutement. Il serait intéressant d’obtenir plusieurs lycées de nature différente, privé ou public, en encore en zone rurale et urbaine.

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Conclusion Notre étude a mis en évidence la nécessité d’étudier le sujet du cyber-harcèlement ou de la cyber-intimidation. Des cas médiatiques se multiplient, et incitent désormais à se pencher sur les nombreux cas de dépressions induits par le cyber-harcèlement qui conduisent à de sévères conséquences. Les enfants, les adolescents et les adultes vivent dans un « cyber » monde où les NTIC prédominent. Dans le domaine scolaire, les enseignants, les lycéens et les étudiants sont concernés par ce phénomène. Pour cette raison, la nécessité est de surveiller non seulement l’intimidation en milieu traditionnel, mais également à travers les médias. La recherche sur le thème de l’intimidation et du cyberharcèlement est à la croisée de différents domaines. Elle doit permettre, d’une part, de mieux comprendre les mécanismes de la cyber-interaction et de ses effets sur les comorbidités associées, de mettre en œuvre des stratégies de prévention et, d’autre part, au législateur, de faire évoluer la législation pour intégrer ce phénomène.

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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