Évaluation des effets de la ventilation mécanique sur les paramètres échocardiographiques estimant les pressions de remplissage du ventricule gauche

Évaluation des effets de la ventilation mécanique sur les paramètres échocardiographiques estimant les pressions de remplissage du ventricule gauche

A244 Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 33S (2014) A243–A248 myocardiques isolées [1], ou d’échocardiographie [2]. La relation pressi...

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Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 33S (2014) A243–A248

myocardiques isolées [1], ou d’échocardiographie [2]. La relation pression-volume en fin de diastole (EDPVR) obtenue à partir de courbes pression-volume (P-V) du VG permet l’évaluation de la fonction diastolique globale incluant la phase de relaxation et la compliance VG. L’objectif de ce travail était d’évaluer l’effet de la dobutamine sur la fonction diastolique globale du VG déterminée par la pente de l’EDPVR. Matériel et méthodes Chez 8 porcs sains sous anesthésie générale, les courbes P-V du VG ont été acquises en apnée sur 10 à 15 cycles cardiaques au cours d’une variation de précharge obtenue par occlusion de la veine cave inférieure. Ces courbes ont été réalisées à l’état de base puis après perfusion de dobutamine pour obtention d’une augmentation de plus de 15 % de la fréquence cardiaque. Résultats Lors de la perfusion de dobutamine, nous avons observé une augmentation de la FC, du débit cardiaque (DC) et de l’élastance maximale (Ees), attestant de l’effet chronotrope et inotrope de la dobutamine. En revanche, nous n’avons pas mis en évidence de modification significative de la fonction diastolique globale évaluée par la pente de l’EDPVR, ni de la relaxation du VG évaluée par la dP/dt minimale et la constante tau. (Tableau 1, Fig. 1). Discussion La dP/dt minimale et la constante tau sont des indices dépendants des conditions de charge et de la fréquence cardiaque [3] pouvant expliquer l’absence de modifications des indices de relaxation du VG sous dobutamine au cours du clampage de veine cave inférieur. En revanche, l’EDPVR étant indépendante des conditions de charge et de la fréquence cardiaque, la non-modification de cet indice au cours de la perfusion de dobutamine serait en faveur de l’absence d’effet de la dobutamine sur la composante compliance de la fonction diastolique.

Tableau 1 Effets cardiocirculatoire de la perfusion de dobutamine. FC (bpm) PAM (mmHg) DC (mL/min) Ees (mmHg/mL) dP/dt min (mmHg/s) Tau (ms) Pente EDPVR (mmHg/mL)

Fig. 1

Contrôle 105 (92–113) 76 (61–89) 2441 (1618–2618) 2,1 (1,8–2,9) −1695 (–2439– –1271) 31 (29–38) 0,35 (0,32–0,44)

Dobutamine 128 (119–144) 83 (72–104) 2697 (2470–2785) 5,7 (4–7,7) −2095 (–2688– –1748) 28 (25–37) 0,39 (0,17–0,67)

p 0,005 0,02 0,02 0,005 0,2 0,9 0,57

Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Références [1] Anesthesiology 1999;90:1663–70. [2] J Appl Physiol 2001;90:299–307. [3] Circulation 1991;84:1040–8. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.411 R369

Évaluation des effets de la ventilation mécanique sur les paramètres échocardiographiques estimant les pressions de remplissage du ventricule gauche L. Rongvaux 1,∗ , J.-S. Petit 1 , B. Charbit 2 , A. Léon 1 1 Département d’anesthésie-réanimation, CHU hôpital Maison-Blanche 2 Département d’anesthésie-réanimation, CHU hôpital Robert-Debré, Reims, France ∗ Auteur correspondant. Introduction L’évaluation de la fonction diastolique du ventricule gauche (VG) est indispensable en réanimation. Longtemps appréciée par la mesure invasive de la pression artérielle pulmonaire d’occlusion, elle se fait actuellement par une approche échocardiographique. Cette dernière repose sur l’analyse du flux transmitral (FTM) en Doppler pulsé (DP) et des indices combinés au Doppler tissulaire (DTI) à l’anneau mitral. Des seuils différents de ceux utilisés en cardiologie ont été retrouvés dans la littérature sur des patients ventilés [1,2]. Les effets de la ventilation mécanique (VM) sur ces paramètres sont mal connus. L’objectif de notre travail a été d’évaluer le retentissement d’une épreuve de déconnexion du patient au respirateur sur ces paramètres. Matériel et méthodes Nous avons réalisé, après accord du comité d’éthique de notre hôpital, une étude monocentrique prospective au CHU de Reims dans le service de réanimation de l’hôpital Maison Blanche. Les patients inclus étaient sous VM via une sonde d’intubation oro-trachéale. N’ont pas été inclus les patients qui présentaient une défaillance respiratoire ou hémodynamique, une cardiopathie valvulaire sévère qui n’étaient pas en rythme régulier sinusal, les mineurs et ceux dont les proches refusaient la participation. Nous avons effectué les mesures en deux temps différents : initialement sous VM en phase télé-expiratoire puis après avoir déconnecté brièvement (inférieur à une minute) le patient du respirateur, sur des images enregistrées par une seule et même personne. Ont été relevés les paramètres suivants en DP les pics de vélocité des ondes E et A, le temps de décélération mitral de l’onde E (TDM), la durée de l’onde A mitrale, le temps de relaxation isovolumétrique, le rapport des pics de vélocité E/A, et en DTI à l’anneau mitral, les pics de vélocités des ondes e’ septale, latérale et moyenne et rapports E/e’. Les données ont été comparées avant et après déconnexion par un test de Wilcoxon. Résultats Nous avons inclus 22 patients. La pression inspiratoire était en moyenne de 15,9 ± 3 cmHO avec une pression expiratoire positive de 5 cmHO. Après avoir déconnecté le patient du respirateur, le pic de vélocité de l’onde E a augmenté en moyenne de 4,7 ± 9,4 cm/s (p = 0,04) et le TDM s’est raccourci de 15,1 ± 28,5 cm/s (p = 0,02), sans modification significative des autres paramètres issus du FTM. Par ailleurs, la vélocité des ondes e’ septale et e’ moyenne augmente de respectivement 1,11 ± 1,9 cm/s (p = 0,0065) et 0,74 ± 1,4 cm/s (p = 0,04) sans pouvoir mettre en évidence de différence du rapport E/e’. Discussion La déconnexion du respirateur conduit à l’augmentation du pic de vélocité de E et à un raccourcissement du TDM. Le mécanisme en est probablement l’annulation de la pression intra-thoracique positive qui permet une augmentation du retour systémique et une augmentation du gradient oreillette gauche-VG quelques cycles cardiaques plus tard. Sous VM en

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phase télé-expiratoire, le pic de l’onde E est donc plus faible et le TDM est plus allongé qu’ils ne le seraient en pression négative sous ventilation spontanée. Ce constat pourrait en partie expliquer la différence des seuils E/e’ retrouvée dans la littérature. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Références [1] Intensive Care Med 2004;30:75–81. [2] Reanimation 2007;16:139–48. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.412 R370

Estimation de la pression systémique moyenne corrigée par l’index de transmission

A. Lancelot ∗ , V. Chhor , D. Pasero , M. Rienzo , A. Follin , J. Chatelon , C. Lebard , B. Cholley , D. Journois , R. Pirracchio Anesthésie-réanimation, HEGP, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Introduction L’estimation de la pression systémique moyenne (PSM, valeur attendue en physiologie : 7 mmHg) pourrait aider à guider le remplissage vasculaire. Une estimation peut être obtenue en mesurant le volume d’éjection systolique (VES) à différents niveaux de POD (obtenus en faisant varier les pressions intrathoraciques (PIT)) [1]. Or l’influence de la PIT sur la POD dépend de la transmission des pressions ventilatoires aux pressions intravasculaires [2]. Nous proposons d’utiliser une nouvelle version de l’estimation de la PSM, corrigée par un index de transmission (It) [2]. Matériel et méthodes Après soumission au comité d’éthique, nous avons inclus des patients ventilés ayant une indication de remplissage vasculaire et monitorés par un Doppler œsophagien. Deux méthodes pour mesurer la PSM ont été réalisées. La valeur de référence (PSM1) est estimée par un calcul reposant sur une mesure statique de la POD, de la pression artérielle et du débit cardiaque et sur l’âge, le poids, la taille [3]. La seconde (PSM2) est basée sur la régression linéaire de valeurs mesurées de VES et de POD lors d’une pause télé-inspiratoire et télé-expiratoire à 2 niveaux de pression expiratoire positive (PEP à 5 cmH2 O et PEP réglée pour une pression de plateau à 30 cmH2 O) [1]. La POD corrigée est calculée avant et après remplissage par le calcul suivant : POD corrigée = POD * It avec It = DPOD/(Pplateau-PEP)) [2]. Nous avons comparé les résultats de PSM2 à la valeur de la PSM1 avant et après correction par l’It à l’aide d’une représentation de Bland et Altman. Résultats Six patients ont été inclus à ce jour. L’estimation non corrigée de la PSM2 fournit des valeurs non compatibles avec la physiologie (médianes [IQR] : 26,8 [17,4–34,6]), à l’inverse de celles obtenues après correction par l’It (7,8 [6,8–8,8]). L’agrément entre la PSM2 et la PSM1 est substantiellement amélioré en corrigeant par l’It (Fig. 1). Le biais moyen est de 13,1 [IC95 % : –10,8 ; 37,0] avant correction et de 3,0 [IC95 % : –5,7 ; 11,8] après correction par l’It. Discussion Dans cette étude de faisabilité, l’estimation de la PSM par la méthode de régression linéaire semble nécessiter une correction par l’index de transmission des PIT.

Fig. 1

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Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Références [1] Cecconi M, et al. Intensive Care Med 2013;39:1299–305. [2] Teboul JL, et al. Crit Care Med 2000;28:3631–6. [3] Persichini R, et al. Crit Care Med 2012;40:3146–53. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.413 R371

CNAPTM (continuous non invasive arterial pressure) : fiabilité en réanimation M. Martin 1,∗ , S. Faiz 2 , T. Boulain 2 , S. Ehrmann 3 , X. Capdevila 4 , K. Asehnoune 5 , Y. Blanlœil 1 , B. Rozec 1 , K. Lakhal 1 1 Réanimation chirurgicale polyvalente, CHU Laennec, Nantes 2 Réanimation médicale, CHR de la Source, Orléans 3 Réanimation polyvalente, CHRU, Tours 4 Réanimation polyvalente, CHU Lapeyronie, Montpellier 5 Réanimation chirurgicale, CHU Hôtel-Dieu, Nantes, France ∗ Auteur correspondant. Introduction La pression artérielle (PA) est habituellement monitorée par mesure intermittente au brassard oscillométrique, ou continue mais invasive, par cathéter intra-artériel. Le CNAPTM permet une mesure continue et non invasive de la PA, associant un brassard de doigt (photopléthysmographie transdigitale) et un brassard au bras (calibration oscillométrique). Sa précision n’a été que très peu étudiée en réanimation où vasoconstriction voire arythmie pourraient en altérer la fiabilité. L’objectif de cette étude était de comparer, en réanimation, la précision de la mesure CNAPTM à la technique de référence : la mesure intra-artérielle. Matériel et méthodes Dans 2 centres (Nantes & Orléans), les patients ont été prospectivement inclus s’ils disposaient d’un cathéter intra-artériel. Après calibration oscillométrique, les mesures contemporaines de PA invasive et CNAPTM Smartpod (Dräger Médical SAS), étaient relevées 3 fois à 1 min d’intervalle. Au décours, des paires de mesures étaient relevées toutes les 2 min jusqu’à la calibration suivante à 15 min afin d’étudier la dérive des mesures CNAPTM . En cas d’intervention hémodynamique (lever de jambes, remplissage, modification de posologie de vasopresseurs), une 2e série de 3 paires de mesures était collectée après la recalibration. Une analyse complémentaire a comparé, chez 12 patients, le dispositif CNAPTM Smartpod à l’autre dispositif CNAPTM commercialisé (CNAP monitor 500® , CNSystems), selon le même schéma d’étude. Le protocole a été accepté par un comité d’éthique et la non-opposition du patient et/ou de ses proches recueillie. Résultats Chez 201 patients (IGS2 41 ± 19), 238 inclusions présentaient pour 66 % une insuffisance circulatoire, 41 % une arythmie, 8 % une hypothermie < 36 ◦ C, 14 % un temps de recoloration cutanée > 4 sec. La mesure CNAPTM Smartpod a échoué chez 37 (16 %) patients. La concordance entre mesure invasive et CNAPTM Smartpod était médiocre : biais moyen ± SD pour la PA moyenne (PAM) = –7,1 ± 6,9 mmHg ; pour la PA systolique (PAS) = 4,6 ± 14,3 mmHg ; pour la PA diastolique = –9,5 ± 7,7 mmHg. La calibration préalable, au bras (Dräger InfinityTM ), était elle-même peu précise (biais moyen pour la PAM : –10,0 ± 7,1 mmHg). En revanche, CNAPTM Smartpod permettait une bonne détection de l’hypotension, c’est-à-dire une PAM < 65 mmHg : aire sous la courbe ROC (ASC) = 0,94 (0,92–0,96) ; Pour la détection d’une PAS < 90 mmHg, ASC = 0,93 (0,90-0,94). Chez les 98 patients ayant eu une intervention hémodynamique, la détection d’une réponse au traitement (augmentation de PAM > 10 %) était satisfaisante : ASC = 0,90 (0,86–0,94). La dérive au cours du temps entre la 1re min et la 14e min (avant recalibration) était conséquente (dérive de la PAM de plus de 7 mmHg, p < 0,05). Chez 12 patients, la comparaison CNAPTM Smartpod et CNAPTM monitor 500® retrouvait une précision très proche