Facteurs associés à la prise de poids chez les femmes utilisant des contraceptifs oraux : enquête par sondage réalisée en 2001 auprès de 1665 femmes

Facteurs associés à la prise de poids chez les femmes utilisant des contraceptifs oraux : enquête par sondage réalisée en 2001 auprès de 1665 femmes

Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239 www.elsevier.com/locate/gyobfe Article original Facteurs associés à la prise de poids chez les...

170KB Sizes 1 Downloads 154 Views

Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239 www.elsevier.com/locate/gyobfe

Article original

Facteurs associés à la prise de poids chez les femmes utilisant des contraceptifs oraux : enquête par sondage réalisée en 2001 auprès de 1665 femmes Factors associated with gain in weight in women using oral contraceptives: resulting of a French 2001 opinion poll survey conducted on 1665 women M.G. Lê a,*, M.N. Laveissière b, C. Pélissier c b

a Inserm - XU521, institut Gustave-Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif cedex, France Service de gynécologie-obstétrique II, clinique chirurgicale Baudelocque, hôpital Cochin, 12, boulevard de Port-Royal, 75014 Paris, France c Hôpitaux de Paris, 72, rue d’Auteuil, 75016 Paris, France

Reçu le 18 juin 2002 ; accepté le 13 février 2003

Résumé Objectifs. – Étudier la fréquence de la prise de poids chez les femmes sous contraceptif oral, et analyser la relation entre cette fréquence et les caractéristiques des deux derniers types de pilule utilisés. Matériel et Méthode. – Trois mille six cent neuf femmes représentatives de la population féminine de 15 à 45 ans ont été recrutées par sondage en 2001. L’étude porte essentiellement sur les 1665 femmes qui utilisaient la pilule au moment de l’enquête. Les données ont été recueillies par autoquestionnaire. Résultats. – Trente pour cent des femmes déclaraient avoir pris du poids depuis l’utilisation de leur dernière pilule ; 4 % des cas n’avaient pris qu’1 kg, 10 % avaient pris 2 kg, et 16 %, 3 kg ou plus. La prise de poids était plus fréquente (p = 0,01) chez les femmes de moins de 25 ans (35 %) que chez les femmes plus âgées (29 %). Cette prise de poids ne variait pas en fonction du type de pilule utilisé, de la durée de son utilisation ou de l’âge à la première utilisation. Elle était plus fréquente en présence d’autres effets indésirables, tels que les douleurs mammaires, les troubles cutanés, ou les métrorragies. La prise de poids était moins fréquente chez les femmes qui avaient déjà utilisé la pilule dans le passé que chez les femmes qui en étaient à leur première utilisation (28 % vs 34 % ; p = 0,008). Les plus courtes durées d’utilisation de la pilule précédente étaient associées à une fréquence plus élevée de prise de poids (p = 0,05), les femmes ayant présenté le plus d’effets indésirables dans le passé ayant changé plus rapidement de spécialité que les autres femmes. Enfin, la fréquence de la prise de poids était beaucoup plus élevée chez les femmes qui avaient pris du poids lors de l’utilisation de la pilule précédente que chez les femmes qui n’en avaient pas pris (53 % vs 14 % ; p = 0,0001). Au total, parmi l’ensemble des femmes qui avaient utilisé précédemment la pilule, 8 % avaient abandonné cette méthode contraceptive pour un problème de poids. Discussion et conclusion. – Le problème de la prise de poids sous pilule étant indépendant, à long terme, du type de spécialité utilisé, il est important de développer de nouvelles recherches centrées à la fois sur des approches chimiques, biologiques et nutritionnelles, afin de répondre au mieux à l’une des préoccupations majeures des utilisatrices de pilule. © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract Objectives. – To study how often women put on weight when on the pill and to analyse the relationship between that gain in weight and the characteristics of the last 2 types of pill that had been used.

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M.G. Lê). © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. DOI: 1 0 . 1 0 1 6 / S 1 2 9 7 - 9 5 8 9 ( 0 3 ) 0 0 0 3 3 - X

M.G. Lê et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239

231

Patients and methods. – Three thousand six hundred and nine women representative of the French female population, aged 15 to 45, were recruited thanks to a survey that took place in 2001. Our study mainly concerned the 1665 women who were actually taking the pill at the time of the survey. The data were collected from self-questionnaires. Results. – Thirty per cent of women declared to have gained weight since using their latest pill — only one more kg for 4% of them, 2 kg for 10% but 3 kg or more for the remaining 16%. Gain in weight was more frequent with women less than 25 years of age (35%) than with older ones (29%). This gain in weight did not vary according to either the type of pill, which was then used, or the length of time spent in using it, or the age of first using. It was more frequent when found with other side effects such as breast pain, skin disorders or metrorrhaegias; it was less frequent among women who had already been on the pill in the past than among women using an oral contraceptive for the first time (28% vs 34%; P = 0.008). The shorter the taking the latest pill had been, the greater the frequency of gain in weight was (P = 0.005), women who had presented the most side-effects in the past having changed their pill more rapidly than other women. Finally, a gain in weight was found far more often in women who “did” put on weight with their latest pill than in those who “did not” (53% vs 14%; P = 0.0001). All in all, 8% of women who had been previously been taking the pill had given up this method over a weight problem. Discussion and conclusion. – Putting on weight when on the pill being in the long term independent of the type of patent medicine used, it would seem necessary to orientate new research centred both on a chemical and a biological as well as a nutritional approach, so as to answer one of the major preoccupations of oral contraceptive users to the fullest. © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. All rights reserved. Mots clés : Prise de poids ; Rétention hydrosodée ; Contraceptifs oraux ; Enquête nationale par sondage Keywords: Gain of weight; Water retention; Oral contraceptives; National survey

1. Introduction La pilule est actuellement utilisée par plus de 100 millions de femmes dans le monde [1]. En France, comme dans la plupart des pays, son utilisation n’a cessé de croître depuis son apparition [2]. Cependant, malgré ce succès spectaculaire, dû principalement à sa fiabilité, les effets indésirables associés à son utilisation ne sont pas inexistants. Si les principales préoccupations des prescripteurs, et des femmes elles-mêmes, concernent en tout premier lieu l’apparition de cancers et d’accidents cardiovasculaires ou thromboemboliques [3–6], les doléances des femmes portent également sur des effets indésirables plus bénins, tels que la prise de poids, la sensation de rétention d’eau, la survenue de troubles cutanés, de maux de tête, de douleurs mammaires ou de problèmes de règles [7–10]. Parmi ces effets, la prise de poids est généralement une préoccupation majeure des femmes, particulièrement chez les plus jeunes. Cette prise de poids n’a pas toujours été bien évaluée dans le passé, certains cliniciens estimant que sa fréquence était surévaluée ou qu’il s’agissait d’un facteur entièrement subjectif n’ayant jamais été confirmé par une étude rigoureuse [11]. Pour étudier la prise de poids chez les femmes sous pilule, nous avons analysé les résultats d’une enquête par sondage qui a porté sur 3609 femmes âgées de 15 à 45 ans. Dans cette étude, nous avons tenté de déterminer les facteurs liés à la prise de poids, en nous intéressant, d’une part aux données démographiques (région, habitat, catégorie socioprofessionnelle, nombre de personnes vivant au foyer et âge), d’autre part aux caractéristiques de l’utilisation des deux derniers contraceptifs oraux utilisés.

2. Patientes et méthodes L’enquête a été décrite dans un article précédent [12]. Brièvement, il s’agit d’une enquête par sondage, réalisée à l’aide d’un autoquestionnaire. La base de sondage était constituée de 20 000 foyers représentatifs de l’ensemble des ménages de France métropolitaine en termes de région géographique, catégorie d’agglomération (fondée sur le nombre d’habitants de la commune de résidence), âge du chef de ménage, taille du ménage, et catégorie socioprofessionnelles du chef de famille. À partir de cette base, une nouvelle sélection a été réalisée pour identifier les femmes âgées de 15 à 45 ans et prendre en compte leur âge exact et leur propre activité professionnelle. Un échantillon de 5000 femmes a été tiré au sort dans ce sous-groupe, de telle sorte que les proportions de tous les critères de sélection soient identiques à ceux de la population générale. Ces 5000 femmes ont reçu par courrier un autoquestionnaire de 4 pages entre le 18 septembre et le 16 octobre 2001. L’association entre la prise de poids et les divers facteurs étudiés a été recherchée à l’aide de tests de v2 (test d’hétérogénéité pour les variables qualitatives et test de tendance pour les variables quantitatives). 3. Résultats 3.1. Effectifs disponibles Sur les 5000 questionnaires envoyés, 3624 ont été retournés à l’investigateur. Après exclusion de 15 femmes qui avaient rendu un questionnaire inexploitable, l’enquête a porté sur un effectif de 3609 femmes, soit 72,2 % de l’échantillon initial.

232

M.G. Lê et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239

Parmi ces dernières, 3177 femmes avaient déjà utilisé la pilule : 1505 ne l’utilisaient plus au moment de l’enquête, et 1672 étaient en cours d’utilisation. La plupart des calculs ont porté sur cette dernière catégorie de femmes. Nous avons cependant exclu sept femmes qui n’avaient pas répondu à la question sur la prise de poids : l’analyse porte donc sur 1665 femmes (670 utilisaient pour la première fois cette méthode contraceptive, et 995 l’avaient déjà utilisée antérieurement). 3.2. Éléments descriptifs de la prise de poids associée avec la pilule en cours d’utilisation Parmi les 1665 femmes sous pilule au moment de l’enquête, 506 (30 %) déclaraient avoir pris du poids depuis l’utilisation de leur dernière pilule, et 502 avaient apporté une précision sur l’augmentation du poids observée. La prise de poids était en moyenne de 3,4 kg (E-T : 2,5 kg), et 50 % des femmes qui déclaraient avoir pris du poids avaient pris au moins 2 kg (les extrêmes allant de 1 à 20 kg). Pour illustrer ces observations, nous avons indiqué à la Fig. 1 la fréquence de la prise de poids en fonction du nombre de kilos pris : 4 % des cas n’avaient pris qu’1 kg, 10 % avaient pris 2 kg, et 16 %, 3 kg ou plus. Au total, 30 % des femmes sous pilule en 2001 disaient avoir pris du poids depuis le début de son utilisation. Cette prise de poids a été déclarée préoccupante par 63 % des femmes qui avaient pris du poids, et 15 % d’entre elles envisageaient de demander à leur médecin un changement de pilule, ou de choisir une autre méthode contraceptive. Enfin, 41 % de ces femmes avaient été contraintes de faire un

régime ou d’avoir recours à diverses méthodes pour perdre du poids. La recherche des facteurs associés à la prise de poids apparaît donc très utile. 3.3. Facteurs associés à la prise de poids lors de l’utilisation de la pilule actuelle 3.3.1. Facteurs démographiques Nous avons étudié successivement tous les facteurs ayant été utilisés pour obtenir un échantillon représentatif de la population. La fréquence de la prise de poids sous pilule n’était pas significativement différente entre les huit régions géographiques étudiées (p = 0,73), les cinq catégories d’agglomération, répertoriées en fonction du nombre d’habitants de la commune de résidence (p = 0,24), le nombre de personnes vivant au foyer (p = 0,78), et la catégorie professionnelle du chef de famille (p = 0,63). La catégorie socioprofessionnelle de la femme interrogée n’apporte pas non plus d’éclairage particulier pour identifier les facteurs associés à la prise de poids. Sur les 1665 femmes étudiées, quatre catégories avaient des effectifs suffisants pour établir des comparaisons : 643 femmes étaient employées de bureau ou appartenaient à des services tertiaires, 543 étaient inactives, 306 étaient cadres moyens, et 103 étaient cadres supérieurs ou avaient une profession libérale. Pour ces quatre catégories de femmes, les pourcentages correspondants de prise de poids étaient respectivement de 29, 31, 31, et 25 % (p = 0,20). Enfin, le dernier critère étudié sur un plan démographique est l’âge à l’interrogatoire. La distribution de la prise de poids

Fig. 1. Fréquence de la prise de poids en fonction du nombre de kilogrammes accumulés.

M.G. Lê et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239 Tableau 1 Relation entre la prise de poids et les caractéristiques de la dernière pilule utilisée Facteurs ˆ ge à l’interrogatoire A 15–19 20–24 25–29 30–34 35–39 40–45 Type de pilule OP*** 1re et 2e générations OP 3e génération et EEj > 20 cjj OP 3e génération et EE ≤ 20 c Autresjjj Durée d’utilisation (en années) <1 1–2 3–5 6–10 11+ ˆ ge à la 1re prise de la pilule A < 18 19–20 21+

n*

% de femmes ayant pris du poids

p

150 313 377 348 286 191

33 36 27 28 33 26

796 247

30 30

365 249

31 32

304 313 401 341 302

30 33 28 30 32

0,90**

1008 363 283

31 28 33

0,80**

0,09**

0,92

* Le total n’est pas égal à 1665 en raison des données manquantes. ** Test de tendance. *** OP : pilules estroprogestatives. j EE : éthinyl-estradiol. jj Et/ou pilules triphasiques. jjj Spécialités ayant des indications spécifiques.

en fonction de cinq classes d’âge est présentée au Tableau 1 et à la Fig. 2. La fréquence de la prise de poids est légèrement plus faible chez les femmes les plus âgées par rapport aux

Fig. 2. Fréquence de la prise de poids sous pilule en fonction de l’âge.

233

plus jeunes, mais le test de tendance n’atteint pas le seuil de la signification (p = 0,09). En revanche, lorsque seules deux tranches d’âge sont prises en considération, « moins de 25 ans » et « 25 ans ou plus », la différence est significative (p = 0,01) : la prise de poids chez les femmes de moins de 25 ans est de 35 %, et elle n’est que de 29 % chez les femmes de 25 à 45 ans. Cette observation s’explique en partie par le fait que les jeunes de moins de 25 ans poursuivent et achèvent leur période de croissance, qui s’accompagne d’une augmentation de la masse musculaire et osseuse, avec rebond adipocytaire. Cette période correspond également à une modification des habitudes nutritionnelles due au changement de statut socio-économique, la plupart débutant une vie plus indépendante (études supérieures, premier emploi), allant de pair avec une alimentation souvent mal équilibrée. Il aurait été particulièrement intéressant de disposer d’informations complémentaires sur les habitudes nutritionnelles des femmes interrogées, mais il n’était pas réaliste de chercher à les obtenir dans le cadre de cette étude, fondée sur des réponses à un autoquestionnaire. En effet, de nombreux travaux antérieurs ont montré que ce type d’information ne pouvait être obtenu que par un interrogatoire minutieux conduit par des diététiciennes expérimentées. 3.3.2. Caractéristiques de la dernière pilule utilisée Nous avons étudié la relation entre la prise de poids et le type de pilule qui était en cours d’utilisation au moment de l’enquête, la durée depuis laquelle les femmes utilisaient cette spécialité, et l’âge à la première utilisation de la pilule. Les résultats sont présentés au Tableau 1 : la fréquence de la prise de poids est remarquablement stable, quel que soit le type de pilule utilisé (p = 0,92). Bien que la prise de poids puisse être une cause majeure de changement de spécialité de pilule, ou de changement de

234

M.G. Lê et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239

méthode contraceptive, ce qui pourrait induire une fréquence plus élevée de prise de poids pour les durées d’utilisation les plus courtes, aucun effet durée n’a été observé dans cette étude (p = 0,90). Enfin, l’âge à la première prise de pilule ne modifie en aucune façon la fréquence de la prise de poids sous pilule (p = 0,80). 3.3.3. Autres effets indésirables observés sous pilule Les effets indésirables signalés par les femmes qui utilisaient la pilule en 2001 ont été subdivisés en quatre chapitres (Tableau 2). Le premier concerne certains symptômes liés à la rétention hydrosodée, comme la sensation de rétention d’eau, de gonflement, de ballonnements ou de jambes lourdes. Bien que la relation entre ces effets et la prise de poids paraisse évidente, il était intéressant de les analyser afin de s’assurer que ces symptômes n’étaient pas purement subjectifs. On constate une très forte corrélation (p = 10–4, Tableau 2) entre ces derniers et la prise de poids. Ainsi, plus de la moitié des femmes (52 à 53 %) ayant une sensation de rétention d’eau et/ou de gonflement ont effectivement pris du poids, la fréquence de la prise de poids étant inférieure à 30 % pour les femmes ne se plaignant pas de ces symptômes. La sensation Tableau 2 Relation entre la prise de poids et les autres effets indésirables associés à la dernière pilule utilisée Autres effets indésirables

1. Rétentions hydrosodée Sensation de rétention d’eau non oui Sensation de gonflement non oui Ballonnements non oui Jambes lourdes non oui 2. Douleurs mammaires non oui 3. Troubles cutanés non oui 4. Problèmes de règles Métrorragies non oui Règles douloureuses non oui Règles longues ou trop abondantes non oui

p

de ballonnement et de jambes lourdes est également accompagnée de prise de poids dans 40 à 46 % des cas, la proportion de femmes ayant pris du poids n’étant que de 29 à 30 % dans les autres cas. Les symptômes associés à la rétention hydrosodée ne sont donc pas exclusivement subjectifs, puisqu’ils sont associés à une fréquence plus élevée de prise de poids, facteur objectif aisément mesurable. En revanche, bien que 47 à 60 % des femmes présentent ces symptômes sans prise de poids, ce qui constitue une gêne réelle dans leur vie quotidienne, il faut rappeler que certaines rétentions hydrosodées peuvent être compensées par une diminution de la masse musculaire, observée à la suite de certains régimes hypocaloriques. L’absence de prise de poids chez ces femmes ne signifie donc pas systématiquement que la rétention hydrosodée soit un phénomène subjectif. Le deuxième effet indésirable étudié concerne les douleurs mammaires, qui est lié significativement à la prise de poids : ainsi, 41 % des femmes présentant des douleurs mammaires signalent également une prise de poids et cette fréquence n’est plus que de 28 % parmi celles qui ne signalent pas de douleurs mammaires. Ce symptôme regroupe probablement des étiologies différentes, qu’il est difficile d’individualiser dans une étude par autoquestionnaire. Il existe certes le classique syndrome prémenstruel, observé souvent chez les femmes en dehors de toute prise de pilule, mais ces douleurs mammaires peuvent aussi être en rapport avec une rétention hydrosodée liée à la prise de la pilule. Il est donc cohérent d’observer une relation entre cet effet indésirable et la prise de poids. Le troisième effet indésirable étudié concerne les troubles cutanés, qui sont également associés significativement à la prise de poids (p = 10–4). Cette observation est en grande partie expliquée par le fait que 42 % des femmes présentant ce symptôme ont moins de 25 ans, et que ces jeunes femmes ont plus souvent un excès de poids sous pilule. Le dernier chapitre des effets indésirables concerne les problèmes de règles. Bien que la relation avec la prise de poids ne paraisse pas évidente a priori, on observe une fréquence plus élevée de prise de poids chez les femmes ayant des problèmes de règles (37 à 38 %), que dans le reste de la population (30 %). Ces troubles des règles associés à la prise de poids sont partiellement le reflet de la variabilité de poids observée chez les femmes de moins de 25 ans, chez lesquelles il peut exister une dystrophie ovarienne, ou un terrain hormonal encore instable, dû aux variations estrogéniques et androgéniques encore importantes à cet âge. Il peut également s’agir des conséquences d’une mauvaise observance dans la prise de la pilule, qui entraîne à la fois des spottings et des kystes fonctionnels, ces derniers étant responsables d’une hyperestrogénie, associée à une rétention hydrosodée et à un gain de poids.

n*

% de femmes ayant pris du poids (%)

1530 125

29 53

10–4

1478 177

28 52

10–4

1528 127

30 40

0,01

1465 190

29 46

10–4

1365 290

28 41

10–4

1485 170

29 43

10–4

1449 206

30 37

0,03

1517 138

30 38

0,04

3.4. Prise de poids associée à la pilule actuelle et prise de poids associée à l’utilisation de la pilule précédente

1545 110

30 37

0,11

La première question qui se pose est de savoir si la fréquence de la prise de poids observée chez les femmes en

* Le total n’est pas égal à 1665 en raison des données manquantes.

M.G. Lê et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239

cours d’utilisation de la pilule est ou non différente pour celles qui avaient déjà utilisé une autre pilule dans le passé, et pour celles qui en étaient à leur première utilisation (Tableau 3). Les femmes qui n’avaient jamais utilisé une autre pilule dans le passé présentaient une prise de poids plus fréquente (35 %) que celles qui l’avaient déjà utilisée (28 %). Ceci s’explique par le fait que ce sont les femmes qui avaient rencontré antérieurement le plus d’effets indésirables, dont la prise de poids, qui avaient abandonné le plus souvent l’utilisation de cette méthode contraceptive. En revanche, certaines autres femmes avaient changé de spécialité pour tenter de réduire ces effets indésirables, bien que ce changement n’ait pas toujours été efficace. En effet, lorsqu’on étudie la fréquence de la prise de poids lors d’utilisation de la pilule actuelle et la prise de poids lors de l’utilisation de la pilule précédente, on constate que 53 % des femmes qui avaient pris du poids avec la pilule précédente se plaignent à nouveau d’une prise de poids avec leur pilule actuelle. Ces résultats semblent indiquer que certaines femmes présentent une susceptibilité personnelle à la prise de poids, pouvant être initiée à la fois par la prise des estroprogestatifs actuellement sur le marché, mais aussi par des facteurs génétiques et une hygiène alimentaire défectueuse. En revanche, parmi celles qui n’avaient pas pris de poids dans le passé, la fréquence de la prise de poids avec la pilule actuelle n’est que de 14 %. La différence par rapport aux femmes qui avaient pris du poids dans le passé est très significative (p = 0,008).

235

3.5. Prise de poids actuelle et caractéristiques de la pilule précédente Pour mieux comprendre ces résultats, nous avons poursuivi nos investigations en nous intéressant à la durée pendant laquelle les femmes avaient utilisé la pilule précédente, et au type de pilule qu’elles avaient utilisé (Tableau 4). Il s’avère que la prise de poids signalée lors de la prise de la pilule actuelle est d’autant plus fréquente que la durée d’utilisation de la pilule précédente est plus courte (p = 0,05) : quand cette durée est inférieure à 2 ans, les femmes ont un problème actuel de prise de poids dans 30 à 31 % des cas ; quand cette durée dépasse 3 ans avec la même spécialité, ce pourcentage est nettement plus faible (22 à 27 %). Ce résultat confirme l’hypothèse selon laquelle ce sont les femmes qui avaient le plus rapidement interrompu l’utilisation de la pilule précédente qui se plaignent à nouveau d’une prise de poids avec la nouvelle spécialité. La prise de poids paraît donc être un facteur fréquent et rapide de changement de pilule. Ainsi, parmi les 1665 utilisatrices actuelles de pilule, 220 (13 % des cas), avaient changé de pilule au cours de l’année écoulée. Ce pourcentage est semblable à celui trouvé dans l’étude d’Oddens en 1994 [13], dans laquelle il observait 13,6 % de switcheuses. Ce résultat laisse à penser qu’au cours des dernières années, aucune pilule n’a permis d’améliorer de façon notable ce problème de la prise de poids, même si ce facteur n’est pas le seul qui ait pu motiver le changement de spécialité.

Tableau 3 Relation entre la prise de poids associée à la dernière pilule utilisée et la prise de poids associée à la pilule précédente Utilisation antérieure d’une autre spécialité de pilule Non Oui, avec ou sans prise de poids Oui, sans prise de poids Oui, avec prise de poids *

n 670 988* 649* 339*

% de prise de poids lors de l’utilisation de la pilule actuelle 34 28 14 53

p 0,008

n*

% de prise de poids lors de l’utilisation de la pilule actuelle

p

178 267 306 158 81

30 31 27 22 26

0,05**

484 167 141 187

27 25 31 31

0,0001

Le total est inférieur à 995 en raison des données manquantes.

Tableau 4 Relation entre la prise de poids et les caractéristiques de la pilule précédente Caractéristiques de la spécialité précédente Durée d’utilisation (en années) <1 1–2 3–5 6–10 11+ Type de pilule OP*** 1re et 2e générations OP 3e génération et EEj > 20 cjj OP 3e génération et EE ≤ 20 c Autresjjj

* Le total des ex-utilisatrices de pilule n’est pas égal à 995 en raison des données manquantes. ** Test de tendance. *** OP : pilules estroprogestatives. j EE : éthinyl-estradiol. jj Et/ou pilules triphasiques. jjj Estroprogestatifs ayant des indications spécifiques.

0,52

236

M.G. Lê et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239

Tableau 5 Comparaison des symptômes liés à la rétention hydrosodée chez les femmes sous pilule et chez les femmes sous stérilet, entre 30 et 45 ans Méthode Utilisée* Sensation de : Gonflement Ballonnement Jambes lourdes Rétention d’eau

Pilule Stérilet Pilule Stérilet Pilule Stérilet Pilule Stérilet

pj

Classes d’âge (années) 30–34

35–39

40–45

10 % 10 % 9% 4% 13 % 1% 10 % 4%

11 % 9% 9% 5% 11 % 8% 9% 4%

14 % 10 % 7% 6% 10 % 4% 9% 6%

NS 0,04 10–4 0,008

*

Les effectifs des utilisatrices de pilule pour les 3 tranches d’âge sont respectivement de 346, 286, et 192 ; les effectifs correspondants pour les utilisatrices de stérilet sont de 116, 155 et 165. j 2 v ajusté sur l’âge.

Cette observation est confirmée par le fait que le type de pilule utilisé précédemment n’a aucune influence (p = 0,52) sur la prise de poids constatée lors de l’utilisation de la pilule actuelle (Tableau 4).

mes sous pilule que chez les femmes sous stérilet, ce qui implique que, chez certaines femmes, ces symptômes pourraient être attribuables à la prise de la pilule.

3.6. Prise de poids lors de l’utilisation de la pilule précédente sur l’ensemble de l’échantillon

4. Discussion

Toutes les investigations précédentes avaient été effectuées à partir du sous-groupe des femmes qui étaient sous pilule en 2001. L’estimation de la fréquence de la prise de poids a donc été sous-évaluée, les femmes qui avaient abandonné la pilule en raison d’une prise de poids ayant été exclues des calculs. Si l’on s’intéresse à l’ensemble des femmes qui avaient utilisé précédemment la pilule (soit 2504 femmes sur les 3609 femmes interrogées), on constate que 40 % d’entre elles (soit 2 femmes sur 5), se plaignent d’avoir pris du poids sous pilule. Parmi les 992 femmes qui avaient pris du poids, 20 % (197 femmes), déclarent avoir interrompu l’utilisation de la pilule en raison de cette prise de poids. Au total, la prise de poids représente 37 % des arrêts de pilule pour effets secondaires (ce qui est conforme aux résultats de l’étude de Fuchs [9]) ; et si l’on prend en considération l’ensemble des 2504 femmes ayant utilisé précédemment la pilule, l’abandon de cette méthode contraceptive pour un problème de poids correspond globalement à 8 % des femmes (197/2504). 3.7. Rétention hydrosodée : phénomène naturel ou phénomène attribuable à la pilule ? Pour avoir une vue plus objective du rôle de la pilule dans la rétention hydrosodée, nous avons comparé la fréquence des divers symptômes directement liés à cette rétention, d’une part chez les femmes sous pilule, d’autre part chez les femmes sous stérilet (Tableau 5). Cette comparaison a été établie chez les femmes de 30 à 45 ans, le stérilet étant rarement utilisé chez les femmes plus jeunes : elle porte au total sur 824 femmes sous pilule et 426 femmes sous stérilet. La plupart des symptômes sont plus fréquents chez les fem-

La présente étude, réalisée en 2001 par un sondage dans la population féminine de 15 à 45 ans, a permis d’interroger 1665 femmes utilisant actuellement la pilule. Un des objectifs de cette étude était d’évaluer la fréquence de la prise de poids sous pilule et de rechercher les facteurs qui pouvaient y être associés. Le premier résultat de l’étude indique que le gain de poids est très fréquent, puisque sa fréquence est globalement de 30 %. L’augmentation du poids atteint 2 kg dans 10 % des cas, et 3 kg ou plus dans 16 % des cas. Cette fréquence ne varie pas significativement en fonction de la région géographique, du nombre d’habitants de la commune de résidence, du nombre de personnes vivant au foyer, ou de la catégorie socioprofessionnelle, qu’il s’agisse du chef de famille ou de la femme interrogée elle-même. En revanche, la prise de poids est plus fréquente chez les femmes de moins de 25 ans (35 % des cas), que chez les femmes de 25 à 45 ans (29 %). Aucune des caractéristiques de la dernière pilule utilisée ne modifie la fréquence de la prise de poids, qu’il s’agisse du type de pilule, de la durée d’utilisation ou de l’âge à la première utilisation. Les seuls éléments liés à la prise de poids sont la présence d’autres effets indésirables. Cette relation peut paraître évidente pour les symptômes associés à la rétention hydrosodée, mais elle est systématiquement retrouvée pour l’ensemble des autres facteurs, comme les douleurs mammaires, les problèmes cutanés et les problèmes de règles. Cet ensemble de symptômes peut constituer, chez certaines femmes, un syndrome prémenstruel, incomplètement maîtrisé par la prise de pilule. Un des éléments les plus intéressants de cette étude concerne la relation entre la prise de poids et l’utilisation ou non d’une autre spécialité dans le passé. En effet, on constate que les femmes qui n’avaient jamais utilisé la pilule dans le

M.G. Lê et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239

passé signalent une prise de poids dans 35 % des cas, tandis que cette proportion est beaucoup moins élevée (28 %) parmi celles qui l’avaient déjà utilisée. Cette observation suggère qu’un certain nombre de femmes ont été conduites à abandonner l’utilisation de la pilule ou à changer de spécialité en raison de la survenue d’effets indésirables lors de l’utilisation de la pilule précédente. En raison de ces effets indésirables, la durée d’utilisation de la pilule précédente a été écourtée, ce qui explique la relation significative entre cette durée et la prise de poids actuelle. Il est clair cependant que ce changement de pilule n’a pu améliorer la fréquence de la prise de poids, puisque ce sont les femmes qui avaient pris du poids lors de la prise de la pilule précédente qui, à nouveau, ont la fréquence la plus élevée (53 %) de prise de poids avec la pilule actuelle. La prise de poids chez les femmes actuellement sous pilule, et qui n’ont pas eu de prise de poids avec la pilule précédente, n’est que de 14 %. Ces résultats doivent faire l’objet de certaines réserves, car il s’agit d’une enquête par sondage dans laquelle il n’est pas possible d’assurer un suivi des femmes pour contrôler l’évolution de leur poids sous pilule. En revanche, les informations étaient recueillies par autoquestionnaire, ce qui ne permettait aucune vérification de leur réponse aux questions posées. Enfin, il n’y avait pas de groupe témoin pour comparer la prise de poids sous pilule à la prise de poids spontanée, observée de façon naturelle en dehors de toute prise d’hormones. Cependant, la stratégie retenue a permis d’apporter de précieuses informations auprès de femmes issues d’un échantillon représentatif de la population féminine de 15 à 45 ans. Elle a ainsi permis de comparer les réponses en fonction de nombreux items démographiques, tels que l’âge ou le lieu de résidence. Elle a surtout permis d’étudier la prise de poids en fonction de tous les types de pilule utilisés en France en 2001, en prenant en compte la durée de leur utilisation, ce qui est rarement le cas dans les enquêtes faisant appel à d’autres approches. Ainsi, l’enquête actuelle a obtenu des informations auprès de plus de 600 femmes qui avaient utilisé la même spécialité pendant plus de 5 ans (341 cas entre 6 à 10 ans d’une part, 302 cas pendant 11 ans ou plus d’autre part), alors que ce type de données n’a jamais pu être obtenu dans les enquêtes prospectives. Il existe de larges variations dans les stratégies utilisées pour mettre en évidence les effets de la pilule sur le poids corporel. C’est une des raisons pour lesquelles le problème de la prise de poids associée à son utilisation fait encore l’objet de controverses à l’heure actuelle. Dans un récent article, Gupta [14] établit un bilan des différentes études publiées sur ce sujet. Cet auteur distingue les études d’observation, les études comparatives et les études réalisées en double-aveugle, avec ou sans tirage au sort. Dans les études d’observation [15–24], les auteurs ont recruté des femmes utilisant le même type de pilule pour étudier l’évolution de leur poids durant une période variant de 4 à 60 mois. Ces études ne permettent pas de comparer les

237

résultats entre les divers types de pilule, et n’apportent pas d’arguments intéressants pour savoir si le gain de poids est ou non attribuable à la pilule. Quoiqu’il en soit, la plupart de ces études mettent en évidence un léger gain de poids allant de 0,3 à 2 kg ou plus, en moyenne. Dans un de ces articles [15], 18 % des cas avaient pris plus de 2 kg après un an d’utilisation, ce qui est inférieur aux observations de notre étude, dans laquelle 26 % des femmes avaient pris plus de 2 kg. Cependant, notre échantillon n’avait pas la même structure d’âge que celle de cette étude. Les études comparatives avaient pour objectif de mettre en parallèle la prise de poids observée dans un échantillon de femmes sous pilule et la prise de poids observée dans un groupe témoin. La définition de ce dernier groupe était différente selon les études. Certains auteurs ont choisi des témoins parmi les femmes utilisant le médroxyprogestérone par voie injectable ou divers implants [25–27] : ils ont observé un gain de poids similaire dans le groupe sous pilule et dans le groupe témoin. Cependant, le nombre de sujets était faible dans la plupart de ces études (une centaine au total), et le fait que le groupe témoin utilisait une méthode contraceptive hormonale rend les résultats difficiles à interpréter. D’autres auteurs ont organisé leur enquête en choisissant des témoins n’utilisant pas de méthode contraceptive, ou utilisant une méthode non hormonale [8,28–30]. Dans certaines études, les témoins étaient appariés sur l’âge et le poids initial des femmes sous pilule, et l’analyse prenait en compte le régime alimentaire et l’activité physique. Après une durée de 6 à 12 mois, l’augmentation du poids était sensiblement la même dans les différents groupes étudiés, mais dans une étude, les femmes sous pilule avaient une augmentation du métabolisme basal [29]. Ces études manquent cependant de puissance pour emporter la conviction, car le nombre de femmes étudiées était très faible (20 à 138 cas sous pilule et 31 à 80 témoins). En revanche, il faut signaler que les femmes sous pilule étaient probablement très différentes de celles qui ne l’utilisaient pas en termes de parité, de mode de vie, ou d’habitudes nutritionnelles. De telles comparaisons ne sauraient permettre de tirer une conclusion claire de la prise de poids sous pilule. Enfin, trois études ont utilisé une méthode en double aveugle. La plus ancienne [31] comparait trois types de pilule à un placebo dans un échantillon de 398 femmes, et l’ordre d’attribution des différents traitements était effectué par tirage au sort, chaque sujet étant son propre témoin. Dans cette étude, les femmes ne savaient pas si elles étaient ou non sous contraception durant toute la période de suivi (3 à 12 mois). Ce type d’étude est donc difficilement reproductible. L’analyse montre que la fréquence de la prise de poids est de 30 %, et le gain de poids de 2 kg en moyenne, que les femmes soient sous pilule ou sous placebo. Cependant, chaque séquence de traitement (placebo ou pilule) n’était étudiée que sur trois cycles, ce qui est trop court pour emporter la conviction. En revanche, cette étude a été réalisée aux États-Unis en 1971, et les pilules utilisées à cette période étaient très différentes de

238

M.G. Lê et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239

celles qui sont actuellement prescrites en France : elles contenaient 0,1 mg d’éthinyl-estradiol, ou 0,1 à 0,5 mg de mestranol. Enfin, l’ampleur du problème de l’excès de poids aux États-Unis peut largement expliquer la prise de poids dans le groupe sous placebo, ce qui limite grandement la généralisation des résultats de cette étude dans d’autres pays. Les deux autres études en double aveugle [32,33] comparaient deux types de pilule, et ne mettaient pas en évidence de différences notables entre chacune des spécialités étudiées. Ce résultat est confirmé dans notre propre étude, dans laquelle nous n’avons mis en évidence aucune différence entre les divers types de pilule utilisés.

Références [1] [2] [3]

[4]

[5]

5. Conclusion Il est clair que la prise de poids sous pilule constitue une préoccupation majeure pour l’ensemble des femmes [11]. Elle peut conduire certaines d’entre elles à abandonner toute méthode contraceptive et à devoir faire face à des grossesses non désirées. En 2001, la prise de poids est signalée en France par 30 % des femmes utilisant la pilule. Même si notre étude ne permet pas d’attribuer formellement cette prise de poids à la pilule elle-même, certains arguments restent en faveur de cette hypothèse. En effet, nous avons montré que la prise de poids ne dépendait pas de la durée d’utilisation de la pilule : or, si le gain de poids était attribuable à une évolution naturelle chez les femmes, l’augmentation du poids devrait être plus élevée pour les durées les plus longues, ce qui n’est pas le cas. En revanche, le fait que les gains de poids signalés soient associés significativement à toute une série d’effets indésirables va dans le sens d’un phénomène général de mauvaise tolérance, qu’il est cohérent d’attribuer à la pilule. Ceci est confirmé par la comparaison entre pilule et stérilet : la plupart des symptômes liés à la rétention hydrosodée sont significativement plus fréquents chez les femmes sous pilule. Enfin, notre étude suggère que la prise de poids sous pilule affecte plus spécifiquement certaines femmes, qui semblent présenter une susceptibilité particulière à la prise de contraceptifs estroprogestatifs, et ce, quelle que soit la spécialité utilisée. Il peut également s’agir de femmes qui, avant de prendre la pilule, présentaient un syndrome prémenstruel de forte intensité qui n’a pas pu être amélioré par la prise de pilule. En l’état actuel des connaissances, il n’est donc pas démontré qu’il soit possible de sélectionner à coup sûr la pilule la plus adéquate pour éviter la prise de poids, et pour réduire de façon spécifique la survenue des effets indésirables qui lui sont associés.

[6]

[7] [8] [9]

[10]

[11]

[12]

[13]

[14] [15]

[16] [17] [18]

[19]

[20]

[21]

Remerciements Cette étude a pu être réalisée grâce au soutien des laboratoires Schering S.A.

[22]

Blackburn RD, Cunkelman JA, Zlidar VM. Contraceptifs oraux. Une mise à jour. Pop Reports 2000;A9:1–2. Leridon H. Trente ans de contraception en France. Contraception 1998;26:435–8. Collaborative Group on Hormonal Factors in Breast Cancer. Breast cancer and hormonal contraceptives: collaborative reanalysis of individual data on 53,297 women with breast cancer and 100,239 women without breast cancer from 54 epidemiological studies. Lancet 1996; 347:1713–27. Beral V, Hermon C, Kay C, Hannaford P, Darby S, Reeves G. Mortality associated with oral contraceptive use: 25 years follow-up of cohort of 46,000 women from Royal College of General Practitioners’ oral contraception study. BMJ 1999;318:96–100. Jick H, Jick SS, Gurewich V, Myers MW, Vasilakis C. Risk of idiopathic cardiovascular death and non-fatal venous thromboembolism in women using oral contraceptives with differing progestagen components. Lancet 1995;346:1589–93. WHO Collaborative Study of Cardiovascular Disease and Steroid Hormone Contraception. Acute myocardial infarction and combined oral contraceptives: results of an international multicentre casecontrol study. Lancet 1997;349:1202–9. Grubb GS. Women’s perceptions of safety of the pill: a survey in 8 developping countries. J Biosocial Sci 1987;19:313–21. Carpenter S, Neinstein LS. Weight gain in adolescent and young adult oral contraceptive users. F Adolescent Health Care 1986;7:342–4. Fuchs N, Prinz H, Koch U. Attitudes to current oral contraceptive use and future developments: the women’s perspective. Eur J Contraception Reprod Health Care 1996;1:275–84. Mimoun S, Lê MG, Buhler M, Costa A, Hosansky F. Le vécu des règles et de leurs troubles chez 603 femmes sous contraception en 1999. Gynecol Obstet Fertil 2000;28:904–12. Elia D. Surcharge pondérale et événements hormonaux chez la femme. Effet des contraceptifs oraux sur le poids. La lettre du Gynécologue 1997;226:15–9. Laveissière MN, Pélissier C, Lê MG. La contraception orale en France en 2001 : résultats d’une enquête par sondage portant sur 3609 femmes âgées de 15 à 45 ans. Gynécol Obstét Fertil 2003;31:220–9. Oddens BJ, Arnolds HTh, Van Maris MGM, Van Lunsen HW. The dynamics of oral contraceptive use in the Netherlands 1990-93. Adv Contraception 1994;10:167–74. Gupta S. Weight gain on the combined pill- is it real? Hum Reprod Update 2000;6(5):427–31. Reckers H. Multicentre trial of a monophasic oral contraceptive containing ethinyl oestradiol and desogestrel. Acta Obstet Gynecol Scand 1988;67:171–4. Wouters ZTB, Karba VD. Five-years multicentre study of triphasic low dose oral contraceptive pills. Int J Fertil 1988;33:406–10. Dustenberg B, Brill K. Clinical experience with a low dose oral contraceptive containing gestodene. Adv Contracept 1990;60:37–50. Brill K, Norpoth T, Schnitker J, et al. Clinical experience with a modern low dose oral contraceptive in almost 100,000 users. Contraception 1991;43:101–10. Renier M, Buytaert P. Open prospective multicentre trial with a new monophasic contraceptive combination containing Gestodene. Contraception 1991;43:413–21. Lammers P, Berg MOT. Phase III clinical trial with a new oral contraceptive containing 150 µg desogestrel and 20 µg ethinyl oestradiol. Acta Obstet Gynecol Scand 1991;70:497–500. Runnebaum B, Grunwald K, Rabe T. The efficacy and tolerability of norgestimate/ethinyl oestradiol (250 microgram of norgestimate/35 microgram of ethinyl estradiol). Results of an open multicentre study of 59,701 women. Am J Obstet Gynecol 1992;166:1963–8. Walling M. A multicentre efficacy and safety study of an oral contraceptive containing 150 µg desogestrel and 30 µg ethinyl oestradiol. Contraception 1992;46:313–26.

M.G. Lê et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 31 (2003) 230–239 [23] Brill K. Clinical experience with a modern dose gestodene containing oral contraceptive in adolescents. Adv Contracept 1994;1:237–47. [24] Rosenberg M. Weight changes with COC use and during the menstrual cycle. Contraception 1998;58:345–9. [25] Moore LL, Valucke R, McDougall C, et al. A comparative study of one-year weight gain among users of medroxy progesterone acetate, levonorgestrel implant and COCs. Contraception 1995;52:215–20. [26] Berenson AB, Weimann CM, Rickens V. Contraceptive outcomes among adolescents prescribed Norplant implants vs COC after one year of use. Am J Obstet Gynecol 1997;176:586–92. [27] Risser WL, Gefter LR, Barrat MS, et al. Weight changes in adolescents who used hormonal contraception. J Adol Health 1999;24: 433–6. [28] Reubinoff BE, Grubstein A, Meirow D, Berry E, Schenker JG, Brzezinski A. Effects of low-dose estrigen oral contraceptives on weight, body composition, and fat distribution in young women. Fertil Steril 1995;63:516–21.

239

[29] Diffey B, Piers LS, Soares MJ, et al. The effect of oral contraceptive agents on the basal metabolic rate of young women. Br J Nutrition 1997;77:853–62. [30] Franchini M, Causco R, Nigrelli S. Evaluation of body composition during low dose oral contraceptive use. Acta Eur Fertil 1995;26: 69–73. [31] Goldzeiher JW, Moses LE, Averkin E, et al. A double-blind placebo controlled cross over investigaton of the side effects attributed to oral contraceptives. Fertil Steril 1971;22:609–22. [32] Neel EV, Litt LF, Jay MS. Side effects and compliance with low and conventional dose COC’s among adolescents. J Adol Healthcare 1987;8:327–9. [33] Akerlund M, Rode A, Westergaard J, et al. Comparative profils of reliability, cycle control and side effects of 2 oral contraceptive formulations containing 150 µg desogestrel and either 30 or 20 µg ethinyl estradiol. Br J Obstet Gynaecol 1993:832–8.