Facteurs de pathogénicité de Streptococcus pyogenes

Facteurs de pathogénicité de Streptococcus pyogenes

Article Facteurs de pathogénicité de Streptococcus pyogenes Streptococcus pyogenes pathogenic factors Ph. Bidet1,2,*, S. Bonacorsi1,2 1Université Par...

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Facteurs de pathogénicité de Streptococcus pyogenes Streptococcus pyogenes pathogenic factors Ph. Bidet1,2,*, S. Bonacorsi1,2 1Université Paris-Diderot, PRES Sorbonne-Paris-Cité, 46, rue Henri-Huchard, 75018 Paris, France 2Service de microbiologie, hôpital Robert-Debré (AP-HP), 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris, France

Résumé Le pouvoir pathogène du streptocoque ß-hémolytique du groupe  A (SGA) est particulièrement vaste, allant des infections bénignes, comme l’angine ou l’impétigo, à des pathologies poststreptococciques potentiellement invalidantes, et jusqu’aux infections invasives sévères, comme la fasciite nécrosante ou le redoutable syndrome de choc toxique streptococcique. Cette variété d’expressions cliniques, souvent radicalement différentes chez des individus infectés par une même souche, résulte d’une interaction complexe entre les facteurs de pathogénicité de la bactérie, le mode d’infestation et le système immunitaire de l’hôte. Les progrès en génomique comparative ont permis de mieux comprendre comment, au terme de cette confrontation, le SGA s’adapte à la pression du système immunitaire, soit de manière pacifique, en diminuant l’expression de certains facteurs de pathogénicité pour aboutir à un portage asymptomatique, ou au contraire en les surexprimant de manière démesurée, avec pour conséquence les formes les plus sévères d’infection invasives. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

*Auteur correspondant. e-mail : [email protected] (Ph. Bidet).

S54 © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Archives de Pédiatrie 2014;21:s54-s61

Summary The pathogenicity of ß-hemolytic group  A streptococcus (GAS) is particularly diverse, ranging from mild infections, such as pharyngitis or impetigo, to potentially debilitating poststreptococcal diseases, and up to severe invasive infections such as necrotizing fasciitis or the dreaded streptococcal toxic shock syndrome. This variety of clinical expressions, often radically different in individuals infected with the same strain, results from a complex interaction between the bacterial virulence factors, the mode of infection and the immune system of the host. Advances in comparative genomics have led to a better understanding of how, following this confrontation, GAS adapts to the immune system’s pressure, either peacefully by reducing the expression of certain virulence factors to achieve an asymptomatic carriage, or on the contrary, by overexpressing them disproportionately, resulting in the most severe forms of invasive infection. © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Facteurs de pathogénicité de Streptococcus pyogenes

1. Pathogénicité de Streptococcus pyogenes

en est la forme la plus redoutable lorsqu’il s’accompagne d’une cardite avec atteinte des valves cardiaques. S’il a quasiment disparu d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord (i : < 0,5/100 000), il

Le streptocoque ß-hémolytique du groupe A (SGA), qui correspond

reste la première cause d’insuffisance cardiaque dans les pays en

à l’espèce Streptococcus  pyogenes, est un pathogène strictement

voie de développement  [3]. Historiquement, le RAA était associé à

humain dont l’éventail des interactions avec l’hôte est très large.

des atteintes neurologiques responsables de la chorée de Syden-

En effet, pour une même souche infectant plusieurs individus,

ham mais, récemment, d’autres troubles neuropsychiatriques ont

les signes cliniques peuvent aller du simple portage pharyngé

été potentiellement reliés aux pathologies post-streptococciques,

asymptomatique jusqu’à des infections aiguës sévères rapidement

regroupées sous l’acronyme « PANDAS » [4]. La glomérulonéphrite

mortelles. Les pathologies associées au SGA sont classiquement

aiguë (GNA), qui associe classiquement une hématurie à un syn-

divisées en trois catégories.

drome œdémateux avec hypertension artérielle, est beaucoup plus fréquente que le RAA (i  : ≈  6/100  000) mais est habituellement

1.1. Infections bénignes

d’évolution bénigne [1,5]. Alors que les infections bénignes, en particulier l’angine, sont majo-

La plus fréquente des infections bénignes (ou noninvasives) à SGA

ritairement des infections pédiatriques, les infections invasives, hors

est l’angine avec une incidence annuelle  (i) évaluée à environ

infection du post-partum, touchent plutôt l’adulte âgé. Cependant,

15  000/100  000  enfants dans la population pédiatrique des pays

l’enfant est aussi exposé aux infections invasives sévères, notam-

développés  [1]. Elle peut s’accompagner d’un rash cutané dont la

ment avant l’âge de 5 ans (i : 5,7/100 000), avec une prédominance

forme typique est la scarlatine. Les autres infections bénignes

d’atteintes ostéo-articulaires et pleuro-pulmonaires [2].

incluent les infections cutanéo-muqueuses (impétigo, anite, vulvite,

Devant le large éventail des pathologies liées au SGA, une question

balano-posthite, tourniole, lymphadénopathies cervicales, abcès

a préoccupé des générations de microbiologistes  : dans quelle

cutanés bénins…) et les autres infections de la sphère ORL (otite

mesure chaque aspect clinique peut-il être associé à un facteur

souvent avec otorrhée, sinusite, rhinopharyngite croûteuse ou

bactérien particulier ?

hémorragique).

Les premiers travaux, initiés dès les années 1920 par R.  Lancefield et les époux Dick, ont porté sur le sérotypage et la sécrétion de la

1.2. Infections invasives

«  toxine érythrogène  » de la scarlatine  [6-7]. Depuis, les avancées dans le domaine de la génétique (mutagenèse, séquençage de

Les infections invasives à SGA (IISGA) sont rares (i  : 3,1/100  000)

génomes) ont considérablement accru nos connaissances sur les

mais particulièrement sévères (mortalité  : 14  %)  [2]. Elles peu-

facteurs de pathogénicité de cette bactérie aux multiples visages.

vent résulter d’une extension du foyer infectieux par contiguïté

Nous pouvons donc maintenant dresser un tableau assez précis de

(infections pleuro-pulmonaires), d’une bactériémie avec formation

sa structure et de son interaction avec les épithéliums et le système

d’un foyer secondaire (infections ostéo-articulaires) ou de l’ense-

immunitaire humain.

mencement d’une effraction cutanée (plaie ou lésion de varicelle) conduisant à la pénétration du germe dans les tissus sous-cutanés (dermohypodermite). La dermohypodermite peut s’accompagner

2. Structure du SGA

d’une nécrose (DHN) et d’une atteinte des fascias musculaires (d’où la qualification de «  bactérie mangeuse de chair  »). L’infection

Nous débuterons notre étude du SGA par une plongée au cœur de

du post-partum ou «  fièvre puerpérale  » est une forme sévère

la bactérie. Au microscope optique, le SGA se présente sous la forme

d’endométrite qui engage le pronostic vital de la mère alors que

de cocci à Gram positif groupés en chaînettes, à l’instar de n’importe

le nouveau-né est le plus souvent indemne. Quel que soit le type

quel streptocoque ou entérocoque (famille des Streptococcaceae).

d’infection invasive, la complication la plus redoutable est le syn-

Isolons l’un de ces cocci et coupons-le en deux, afin d’en visualiser

drome du choc toxique streptococcique (SCTS) associé à un taux de

les différentes structures présentées sur la figure 1 [8-9].

mortalité élevé (43 %) [2].

Partant du cytoplasme, au centre, nous franchissons la membrane cytoplasmique et pénétrons dans la paroi, composée d’un réseau

1.3. Pathologies post-streptococciques

épais de peptidoglycane, qui est la cible des β-lactamines (pénicillines, céphalosporines et carbapénèmes). Juste au-dessus, nous trouvons

Les infections post-streptococciques non suppuratives sont liées à

une structure propre aux Streptococcaceae : le polyoside C. C’est la

des réactions immunitaires survenant dans les semaines qui suivent

variation antigénique de ce polymère de sucres qui est à la base de

l’infection proprement dite. Le rhumatisme articulaire aigu (RAA)

la classification des sérogroupes des streptocoques β-hémolytiques S55

Ph. Bidet et al.

Archives de Pédiatrie 2014;21:s54-s61

4 - Piège à ADN (NET) DNase

Polynucléaire

5-

Phagocytose

Protéine M Capsule (Acide hyaluronique) Polyoside C (Groupe A)

SLO

TDR du SGA

3 - Cytolyse SLS

SGA

Peptidoglycane β -lactamines

Cytoplasme C5a

ScpA SpeB

IL-8

ScpC Protéines F

2 - Facteurs chimiotactiques

6Peptides antimicrobiens

SIC

Fibronectine Intégrine 1 - Adhésion +/- internalisation

Cellule épithéliale Figure 1. Représentation schématique du streptocoque β-hémolytique du groupe A (SGA) et de son interaction avec l’environnement. Les différentes structures de la bactérie (soulignées) sont indiquées de l’intérieur vers l’extérieur : cytoplasme (entouré de la membrane cytoplasmique à double feuillet phospholipidique), peptidoglycane (paroi) qui est la cible des antibiotiques de la famille des β-lactamines (pénicillines, céphalosporines), polyoside C du groupe A détecté par le test de diagnostic rapide (TDR) du SGA, capsule composée d’acide hyaluronique. Ces différentes couches sont traversées par la protéine M qui est à la base du sérotypage des SGA. Les facteurs de virulence de la bactérie (également soulignés) sont classés par mécanisme. 1 Adhésion et internalisation : protéines F (PrtF1, PrtF2, FbaA) et protéine M qui se fixent sur les intégrines à la surface des cellules épithéliales par l’intermédiaire de la fibronectine ; 2 Destruction des facteurs chimiotactiques des polynucléaires neutrophiles (PNN) (C5a et IL-8) : protéases ScpA et ScpC. 3 Cytolyse des polynucléaires (et autres cellules de l’hôte) : streptolysines O (SLO) et S (SLS). 4 Destruction des pièges à ADN (NET) des polynucléaires : DNase (streptodornase). 5 Inhibition de l’opsonisation et de la phagocytose : capsule et protéine M. 6 Inactivation de peptides antimicrobiens (LL-37) : protéase SpeB et protéine SIC (streptococcal inhibitor of complement).

(groupes  A à  V) décrite par R.  Lancefield. Les TDR des angines

à la région N-terminale hypervariable exposée à la face externe de

streptococciques identifient spécifiquement le sérogroupe  A du

la bactérie. Les méthodes immunologiques classiques permettent

polyoside C. Les autres streptocoques β-hémolytiques qui sont plus

de différencier environ 80 sérotypes différents au sein des SGA mais

rarement responsables d’angines (groupes  C et  G) ne sont donc

elles sont actuellement remplacées par le séquençage du gène emm

pas détectés par ce test. Au-dessus du polyoside  C, nous trouvons

codant la protéine  M, pour lequel plus de 200  génotypes ont été

une capsule faite d’acide hyaluronique qui tapisse la surface de la

décrits [10]. Pour les sérotypes les plus fréquents, il existe une cor-

bactérie et joue un rôle majeur dans sa capacité à échapper à la

respondance directe entre sérotype  M et génotype emm  : ainsi, le

phagocytose.

sérotype M3 correspond au génotype emm 3 pour lequel plusieurs

Ces différentes couches sont traversées par plusieurs structures

variantes génotypiques peuvent exister (emm  3.0, 3.1, 3.2,  etc.). Le

fibrillaires impliquées dans l’adhésion dont l’une est un facteur clé

caractère immunogène de la protéine M en fait une cible vaccinale

de la pathogénicité des SGA : la protéine M.

de choix et plusieurs candidats vaccins sont actuellement en développement  [11]. Outre son rôle dans l’immunité protectrice, la protéine M est directement impliquée dans la pathogenèse du SGA

3. Protéine M

à plusieurs étapes (Fig. 1) : l’adhésion aux épithéliums, la résistance à la phagocytose (par inhibition de l’opsonisation) et le RAA. On sait

La protéine  M joue un rôle central dans l’étude de la diversité

depuis longtemps que tous les sérotypes ne sont pas pourvoyeurs de

des SGA et de leur pathogénicité. Elle fut identifiée dès 1927 par

RAA et que l’on peut identifier des sérotypes dit « rhumatogènes »

R.  Lancefield qui démontra qu’elle était à la base de l’immunité

(M3, 5, 6, 14, 18, 19, 24, 27, 29 et certaines souches  M1). La physio-

acquise spécifique de souche [7]. Cette immunité spécifique est liée

pathologie du RAA est classiquement décrite comme une réaction

S56

Facteurs de pathogénicité de Streptococcus pyogenes

auto-immune liée à des épitopes de la région variable (située juste

5. Facteurs de diffusion tissulaire

en dessous de celle responsable de l’immunité spécifique) croisant avec la myosine et les tissus articulaires. Cette théorie du « mimé-

Comme le staphylocoque doré, le SGA produit un nombre important

tisme antigénique  » a cependant été remise en cause par des

d’exo-enzymes capables de détruire le tissu conjonctif et les cellules

études récentes qui décrivent la formation d’un néo-antigène lié à

ou d’interférer avec la coagulation, favorisant ainsi l’invasion tissulaire

la fixation de la région variable des protéines M « rhumatogènes »

et l’infection systémique. Les streptolysines S (SLS) et O (SLO) sont des

sur la région  CB3 du collagène de type  IV. Le néo-antigène ainsi

toxines cytolytiques formant des pores dans les cellules eucaryotes

créé entraîne la sécrétion d’anticorps auto-immuns anticollagène.

et responsables du caractère β-hémolytique de ce streptocoque sur

Leur fixation au niveau des tissus cardiaques, articulaires, cérébraux

gélose au sang. Ces toxines sont notamment impliquées dans la lyse

et cutanés provoque des réactions inflammatoires (cardite, arthrite,

des PNN (Fig. 1). La SLO est aussi capable de provoquer la formation de

chorée…) qui évoluent vers une guérison sans séquelles, sauf pour

complexes plaquettes-PNN, favorisant ainsi la survenue d’ischémies.

les atteintes des valves cardiaques [12].

La streptokinase est un activateur du plasminogène dont l’activité

La protéine  M étant à la fois un marqueur épidémiologique et un

fibrinolytique favorise la dégradation de la matrice extra-cellulaire et

facteur de virulence polyvalent, beaucoup d’études ont cherché

des réseaux de fibrine produits par l’hôte pour confiner l’infection [19].

à établir une corrélation entre des sérotypes  M particuliers et la

D’autres facteurs bactériens contribuent à la dégradation du tissu

survenue d’une infection invasive  [2,13-16]. Les résultats de ces

conjonctif : la hyaluronidase ainsi que la protéase multifonctionnelle

études sont disparates mais, quelle que soit leur conclusion, toutes

SpeB (initialement prise pour une exotoxine pyrogénique) qui, d’une

retrouvent une grande variété de sérotypes M au sein des souches

part, est capable de cliver la fibronectine et la vitronectine et, d’autre

responsables d’infections invasives. Certaines ne montrent aucune

part, en activant les métalloprotéases humaines (MMP) entraîne la

association particulière alors que d’autres retrouvent une surre-

dégradation du collagène. Le SGA produit également une DNase dont

présentation du sérotype  M1 dans les infections invasives ou bien

le rôle principal est de le libérer des « filets » à ADN (NET) produits

la prédominance de certains sérotypes dans des sites particuliers

par les PNN afin de piéger les bactéries dans de véritables «  toiles

(comme le sérotype  M28 dans les fièvres puerpérales), ou encore

d’araignée » moléculaires (Fig. 1).

associent certains sérotypes (M1 et M3) avec une évolution plus

Ces exo-enzymes étant communes à l’ensemble des souches, la

sévère de l’infection  [2,13-17]. Musser et  al. ont étudié plus parti-

recherche des anticorps produits contre certaines d’entre elles

culièrement les souches  M1 responsables d’infections invasives

(antistreptolysine O : ASLO, antistreptodornase : ASDOR, antistrep-

dans 13  pays différents et montré que la plupart de ces souches

tokinase  : ASK) permet d’établir un diagnostic sérologique  rétros-

appartenaient à un clone unique de diffusion mondiale [18].

pectif d’infection à SGA, notamment en cas de suspicion de RAA ou de GNA [3,5,8]. La réponse immunitaire contre la protéase SpeB semble quant à elle jouer un rôle important dans la physiopatho-

4. Facteurs d’adhésion

logie de la GNA, où l’on retrouve des dépôts de complexes immuns (immunoglobulines  G –  complément  C3  – SpeB) dans les glomé-

Outre la protéine  M, d’autres facteurs bactériens, comme l’acide

rules lésés au niveau des dépôts extramembraneux (humps) [20].

lipoteichoïque (LTA), la capsule, des structures piliaires (antigène T) et un ensemble de protéines de surface, dénommées protéines  F, sont impliqués dans l’adhésion aux cellules épithéliales  [7-9]. Les protéines  F (PrtF1, PrtF2, FbaA) et la protéine  M se lient à la

6. Facteurs d’échappement au système immunitaire

fibronectine, un constituant de la matrice extra-cellulaire qui sert d’ancrage aux cellules épithéliales, grâce aux intégrines exprimées

Que ce soit au stade de l’angine, de l’invasion tissulaire ou bien de

à leur surface  (Fig.  1). Le SGA détourne donc à son profit un

l’infection systémique, le SGA est exposé en permanence à l’action

mécanisme physiologique d’adhésion cellulaire. Cette adhésion est

du système immunitaire.

accompagnée de la formation de biofilm et parfois suivie d’une

Au niveau de la peau et des muqueuses, la principale menace est

internalisation dans la cellule épithéliale, mettant ainsi la bactérie à

constituée par les peptides antimicrobiens, produits tant par les cel-

l’abri du système immunitaire et des antibiotiques. D’autres facteurs

lules épithéliales que par les leucocytes. Le SGA a développé plusieurs

d’adhésion (SlaA chez M3, AspA chez M28…) spécifiques de clones

facteurs capables de le protéger contre cette menace. Le premier est la

sont régulièrement découverts, lors des séquençages des génomes

cystéine protéase  SpeB, présente chez quasiment toutes les souches

bactériens. Cette diversité des facteurs d’adhésion est supposée

de SGA, dont nous avons déjà parlé au chapitre précédent. Cette

jouer un rôle important dans le tropisme tissulaire des différents

protéase aux multiples substrats est également capable de cliver la

clones de SGA et dans leur capacité à être internalisés [19].

cathélicidine LL-37, un peptide antimicrobien abondamment produit à S57

Ph. Bidet et al.

Archives de Pédiatrie 2014;21:s54-s61

la surface des épithéliums en réponse à l’infection [9]. Un autre facteur

Un autre moyen d’échapper à la phagocytose est d’empêcher le

d’inactivation des peptides antimicrobiens, dénommé streptococcal

recrutement des PNN au niveau du foyer infectieux. Pour ce faire, le

inhibitor of complement (SIC) à cause de son activité anticomplément

SGA sécrète les protéases  ScpC (également dénommée spyCEP) et

sérique, est doté d’un plus large spectre d’action (LL-37 et α-défensines).

ScpA qui détruisent deux des principaux facteurs chimiotactiques :

Il n’est cependant retrouvé que chez les souches du clone invasif de

l’interleukine  IL8, produite par les cellules épithéliales et les PNN

sérotype  M1 décrit par Musser et  al.  [18]. Par leur action protectrice

activés, et la fraction du complément C5a qui résulte de l’activation

contre les peptides antimicrobiens, les protéines SpeB et SIC jouent un

du complément à la surface de la bactérie  [9]. Le défaut de recru-

rôle important dans la capacité de survie des SGA dans la salive [19].

tement des PNN contribue de manière importante à la diffusion

La plupart des autres facteurs d’échappement au système immu-

intra-tissulaire du SGA et à la survenue de nécroses tissulaires.

nitaire ont un rôle antiphagocytaire (Fig.  1). Outre la lyse directe des phagocytes par les streptolysines et la destruction des pièges

7. Toxines superantigéniques

à ADN par la streptodornase, le SGA bénéficie de la protection de surface que lui procurent la protéine M et la capsule. La protéine M se lie à plusieurs facteurs de l’hôte régulant l’action du complé-

La complication la plus redoutable de l’infection à SGA est le choc

ment (facteur  H et C4BP) et fixe également le fragment  Fc des

toxinique ou SCTS. Sa physiopathologie est principalement liée à la

immunoglobulines  G (IgG). Ces interactions inhibent la fixation

sécrétion de toxines superantigéniques. Les «  super-antigènes  »

des facteurs d’opsonisation (C3b, IgG) à la surface de la bactérie

sont des molécules capables de former un lien entre le récepteur

et donc sa reconnaissance par les cellules phagocytaires  [9]. La

d’un lymphocyte T (TCR) et le complexe majeur d’histocompatibilité

capsule, surtout lorsqu’elle est produite en abondance (souches

(CMH ou HLA) de classe  II d’une cellule présentatrice d’antigène

muqueuses hypercapsulées et hautement virulentes), masque les

(macrophage, monocyte…), sans que celui-ci ne présente aucun

récepteurs des phagocytes et contribue à la survie des SGA dans les

antigène microbien à sa surface (Fig. 2). Lors d’une infection, n’est

PNN  [9,21]. Enfin, la protéase  SpeB contribue également à la lutte

activé que le seul lymphocyte  T dont le TCR a spécifiquement

contre l’opsonisation en dégradant le facteur C3b et les IgG.

reconnu l’antigène étranger présenté par le  CMH  II du phagocyte.

A-Reconnaissance de l’antigène spécifique → Activation clonale Cellule présentatrice d’Ag α

Lymphocyte T activé Vβ Inflammation localisée spécifique

Cytokines β CMH II Phagocytose & lyse

Ag x

Vα TCR x

B-Pontages non spécifiques (superantigène) → Activation polyclonale des lymphocytes T SGA

superAg α

β CMH II



Libération massive de cytokines

Vα TCR x

α



β CMH II

Vα TCR x

Inflammation systémique, rash / choc

α



β CMH II

Vα TCR x

Figure 2. Comparaison de l’activation des lymphocytes T par un antigène (A) et par une toxine superantigénique (B). A- Reconnaissance spécifique d’un antigène (Ag) présenté par le complexe majeur d’histocompatibilité de classe II (CMH II) au récepteur du lymphocyte T (TCR) correspondant. Cette reconnaissance spécifique conduit à une activation clonale du lymphocyte T et à une production locale de cytokines proinflammatoires, entraînant une inflammation ciblée au site infectieux. B- Fixation de toxines superantigéniques (superAg) sécrétées par le SGA sur les CMH II, entraînant la formation de pontages non spécifiques avec les TCR. Il en résulte une activation polyclonale désordonnée de l’ensemble des lymphocytes T, conduisant à une sécrétion massive de cytokines proinflammatoires entraînant un rash et, éventuellement, un choc en cas d’infection à SGA disséminée.

S58

Facteurs de pathogénicité de Streptococcus pyogenes

Dans le cas où des superantigènes sont produits par la bactérie,

Il est aussi possible que certaines souches produisent in  vivo plus

tous les lymphocytes  T sont activés de manière anarchique, sans

de toxines que d’autres. Limiter le niveau de production de toxines

reconnaissance spécifique. Il en résulte une sécrétion massive et

par la bactérie est maintenant un des objectifs majeurs de la prise

incontrôlée de cytokines pro-inflammatoires (TNFα, IL-1β, IL-6, IL-2,

en charge du SCTS. La démonstration que les antibiotiques dont le

INFγ)  [8]. L’intérêt pour la bactérie est de désorganiser le système

mécanisme d’action se situe sur le ribosome permettent de réduire

immunitaire pour le rendre inefficace. Lorsque le foyer infectieux

considérablement la production de toxine SpeA, par rapport aux

est limité aux amygdales (angine), la quantité de toxines supe-

β-lactamines seules, a remis au goût du jour l’utilisation de la

rantigéniques produites est modérée et leur diffusion systémique

clindamycine dans le traitement des infections invasives à SGA [25].

n’entraîne qu’une fièvre éruptive bénigne dont la forme classique est la scarlatine. Par contre, lorsque le foyer infectieux est étendu (infection invasive) ou en cas de bactériémie, la production massive de toxines est responsable du choc et des défaillances multiviscérales associées au SCTS. Les toxines superantigéniques du SGA sont souvent désignées par

8. Régulation de l’expression des gènes de virulence au cours des différents stades de l’infection

l’acronyme « SPE » pour Streptococcal pyrogenic exotoxin. La toute

Les études les plus récentes sur la physiopathologie des infections à

première toxine, dénommée «  toxine érythrogène  » puis SpeA,

SGA ont mis en évidence le rôle majeur que jouent les systèmes de

fut identifiée en 1924 par le test cutané de G. et G.  Dick, et l’on

régulation des gènes bactériens dans la transition entre infection

démontra plus tard qu’elle pouvait être transférée d’une souche

bénigne, infection invasive et portage asymptomatique. Ces sys-

à une autre par un bactériophage (T12) transformant [6]. Depuis

tèmes de régulation permettent à la bactérie de « sentir » l’environ-

cette lointaine époque, la famille des toxines superantigéniques

nement auquel elle est exposée et d’activer, en réponse, les gènes de

s’est agrandit et l’on dénombre actuellement 11  toxines (SpeC,

virulence les plus adaptés. Ainsi, il a été montré que l’expression de

SpeG à SpeM, SmeZ et Ssa) dont certaines (SmeZ, SpeG) sont pré-

la protéine d’adhésion F1 était augmentée dans un environnement

sentes chez quasiment toutes les souches, si bien qu’en pratique

riche en oxygène, comme à la surface de l’épithélium pharyngé ou

on peut dire qu’il n’existe pas de SGA dénué de toxine [6]. Com-

cutané [8]. Au contraire, lorsque la concentration en O2 diminue et

ment alors expliquer que toute infection à SGA ne s’accompagne

que celle en CO2 augmente, condition pouvant correspondre, par

pas obligatoirement de signes toxiniques  ? On sait que certains

exemple, à la pénétration du SGA dans les tissus sous-cutanés, une

clones de SGA sont plus particulièrement associés aux épidémies

protéine régulatrice (Mga) est activée, qui va favoriser la production

de scarlatine. Mais d’une région du monde à une autre, ces clones

de gènes de virulence ayant une action antiphagocytaire, comme la

ne sont pas les mêmes. Ainsi, en Europe, les épidémies sont sou-

protéine M ou la C5a-peptidase (ScpA) [8]. En comparant le génome

vent liées à des souches de sérotype M3 porteuses de la classique

de souches de sérotype M3 isolées chez des porteurs sains à d’autres

toxine  SpeA, alors qu’en Chine, celles décrites sont associées au

responsables d’infections invasives, Beres et  al. ont retrouvé chez

sérotype  M12 porteur de la toxine  SpeC  [13,22]. Ces différences

les souches de portage des mutations situées soit dans le gène du

pourraient être liées à un terrain immunitaire ou génétique

régulateur Mga, soit dans le gène de la protéine M. Dans les deux

différent. Les toxines superantigéniques sont immunogènes,

cas, les souches de portage présentaient un défaut d’expression de

comme les époux Dick l’avaient démontré avec leur test cutané.

la protéine M et une perte de virulence dans un modèle d’infection

Ils avaient même proposé un vaccin antiscarlatine, qui fut aban-

chez la souris  [26]. La protéine  M étant à la fois un facteur de

donné avec l’arrivée des antibiotiques. Cette immunité acquise

virulence et une cible importante de l’immunité acquise, on peut

explique probablement la relative rareté des cas de scarlatines

donc penser qu’en se découvrant de cet attribut, le SGA essaie de

récidivantes et est à la base de l’utilisation des IgG polyvalentes

se fondre dans la flore oropharyngée non pathogène et d’établir un

proposée par certains auteurs dans le traitement du choc toxi-

modus vivendi pacifique avec le système immunitaire de l’hôte.

nique [23]. Mais la susceptibilité génétique semble être aussi un

Une seconde étude, portant cette fois sur des souches de séro-

facteur déterminant. Dans une étude portant sur l’activation des

type  M1 responsables d’angine ou isolées de bactériémies, a révélé

lymphocytes  T en présence de toxines superantigéniques, Kotb

le rôle central d’un autre système de régulation dans le passage de

et  al. ont montré que l’intensité de la réponse variait considé-

l’infection bénigne à l’infection invasive  [21]. En étudiant le niveau

rablement selon le groupe  HLA de l’individu testé  [24]. Nous ne

d’expression des gènes de virulence (transcriptome) de ces souches,

sommes donc pas tous égaux devant les toxines du SGA et l’on

les chercheurs on d’abord montré qu’il différait fondamentalement

doit considérer qu’il existe en quelque sorte des couples (hôte

entre les deux groupes de souches classées selon leur origine clinique.

[HLA]-toxine) qui favorisent l’évolution vers un choc toxinique,

Les souches d’origine pharyngée produisaient plus de protéase SpeB,

lors d’une infection invasive.

tandis que celles isolées de bactériémies produisaient plus de toxine S59

Ph. Bidet et al.

Archives de Pédiatrie 2014;21:s54-s61

superantigénique SpeA, d’exo-enzymes (streptolysine  O, strepto-

la transition entre portage, infection locale et infection systémique,

kinase, streptodornase) et de facteurs antiphagocytaires (capsule,

les facteurs qui favorisent cette transition chez un individu plutôt

protéases  ScpA et ScpC). L’inoculation intradermique des souches

que chez un autre ne sont pas encore bien compris. Les études

pharyngées à des souris entraînait une mort moins rapide que celle

portant sur l’activation des lymphocytes  T montrent l’importance

des souches invasives, mais les SGA récupérés dans les rates des

du groupe  HLA dans la réponse aux toxines superantigéniques

animaux infectés présentaient un profil d’expression de gènes de

et pointent le rôle probablement majeur des facteurs d’hôte dans

virulence identique à celui des souches de bactériémies humaines,

l’évolution de la maladie vers une infection invasive sévère.

comme si une transformation s’était produite in  vivo au cours de l’infection systémique. Ces souches «  transformées  » chez l’animal donnaient en culture des colonies muqueuses (caractère associé à

Liens d’intérêts

une surproduction de la capsule) et résistaient mieux que la souche pharyngée d’origine à la phagocytose par les PNN, tout comme les

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts relatif à cet

souches isolées de bactériémies humaines. Le séquençage complet

article.

du génome de ces souches retrouvait à chaque fois, chez les souches invasives et chez les souches transformées, des mutations dans le système de régulation  CovS/R. Ce système de régulation, composé d’un « senseur » (CovS) qui capte divers signaux de l’environnement

Références

(peptide antimicrobien LL-37, concentration en magnésium…) et d’un

[1]

répresseur de gènes (CovR), permet une activation sélective des gènes de virulence les mieux adaptés à la situation de la bactérie  : soit

[2]

l’activation de facteurs de colonisation/diffusion tissulaire (comme SpeB), soit l’activation des gènes impliqués dans la lutte contre la phagocytose (comme la capsule). Cette étude montre que chez les souches isolées au niveau du pharynx, le régulateur est fonctionnel,

[3] [4]

conduisant à une activation des gènes de «  colonisation  » et une répression des gènes d’«  hypervirulence  » en l’absence de phagocytes. Mais lors de l’invasion tissulaire, des mutants du régulateur peuvent être sélectionnés par le système immunitaire et l’organisme se retrouve confronté à une «  bactérie folle  » surexprimant de manière incontrôlée ses gènes de virulence.

[5] [6] [7]

L’infection invasive n’est donc pas une spécialisation ou une « niche écologique » propre à un clone de SGA qui aurait été sélectionné en ce sens, mais elle résulte plutôt d’un accident de parcours lié à une anomalie génétique aussi fâcheuse pour la bactérie que pour son

[8] [9]

hôte exclusif dont le décès lui ôtera toute chance de se propager. [10]

9. Conclusion Au terme de cette revue des facteurs de pathogénicité du SGA, il apparaît qu’ils sont nombreux, parfois redondants, et souvent dotés

[11]

[12]

de plusieurs mécanismes d’action qui leur permettent d’agir aux différentes étapes de l’infection (adhésion, invasion, échappement

[13]

immunitaire, SCTS). Il apparaît également que, même si l’on note dans les études épidémiologiques une surreprésentation de certains

[14]

clones dans les différents types d’infections, pratiquement tous les SGA sont équipés pour donner aussi bien une pharyngite qu’une infection invasive. Si les études les plus récentes permettent de mieux comprendre le rôle central des systèmes de régulation dans S60

[15]

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S61