Le Praticien en anesthésie réanimation (2013) 17, 75—76
Disponible en ligne sur
www.sciencedirect.com
ÉDITORIAL
Faut-il garder une image papier ou un enregistrement de la procédure dans le cadre d’un échoguidage pour la réalisation d’un bloc anesthésique régional ? Do we need to record and to provide a proof of ultrasound-guided nerve block procedure?
MOTS CLÉS Bloc anesthésique ; Échographie ; Échoguidage
KEYWORDS Nerve block; Regional anesthesia; Ultrasonography; Ultrasound guidance
L’échoguidage est depuis cinq à six ans en France, une technique en plein essor pour l’anesthésie locorégionale, utilisée en particulier pour la réalisation des blocs périphériques [1]. Dans l’optique d’une action judiciaire qui ferait suite à la réalisation d’un bloc associé à une complication, la question qui peut se poser est celle de conserver une preuve sous forme d’un document papier ou d’un enregistrement de la procédure échoguidée de réalisation du bloc. Lorsque la neurostimulation était utilisée, il était de bonne pratique de noter sur la feuille d’anesthésie : le type d’aiguille utilisé, l’intensité minimale de stimulation avant l’injection, de la solution d’anesthésique local (nature de l’agent anesthésique, concentration et volume) et les incidents éventuels survenus au cours ou au décours de la réalisation du bloc. L’impression papier d’une image échographique, obtenue lors de la réalisation d’un bloc est possible. Elle apporte la preuve que le bloc a bien été effectué sous échographie et permet d’en situer la localisation anatomique. Cependant, elle ne donne pas de renseignement précis sur les conditions de réalisation du bloc. Même si certaines images telles que celle d’une diffusion homogène de la solution d’agent anesthésique autour des structures nerveuses ou à l’inverse l’image d’une aiguille intrafasciculaire avec un gonflement du nerf après l’injection peuvent apporter des renseignements utiles, elles ne fournissent pas la preuve formelle de l’existence ou de l’absence d’un lien entre une complication et la réalisation du bloc telle une injection intravasculaire. Seul l’enregistrement complet de la procédure pourrait être utile pour documenter la localisation de l’aiguille à tout moment, mais dans ce cas se pose le problème du support pour l’archivage de ces données, pour lequel il n’existe pas de solution simple à ce jour. C’est pourquoi, dans l’optique d’une action judiciaire en cas de complication, seul le recueil des informations suivantes : type d’aiguille, technique associée (neurostimulation
1279-7960/$ — see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.pratan.2013.02.001
76 et/ou hydrolocalisation), agent anesthésique local (type, concentration et volume) et incidents éventuels, doit être effectué sur la feuille d’anesthésie, cela dans le respect des recommandations récemment publiées [2]. Il n’existe par ailleurs aucune jurisprudence qui indique la nécessité de garder une trace papier de l’image échographique d’un acte d’anesthésie locorégionale. La prochaine intégration de l’acte d’échoguidage pour les blocs périphériques dans la nomenclature des actes n’imposera ni une trace papier ni un enregistrement, juste la mention sur la feuille d’anesthésie. En marge de cette question, la pratique de l’échographie permet de découvrir fortuitement des pathologies [3]. Certaines peuvent faire repousser l’intervention chirurgicale comme la découverte d’une thrombose veineuse fémoroiliaque lors de la mise en place d’un bloc fémoral. Elle pose la question de la nécessité d’une information du patient au décours de l’acte opératoire, notamment lorsqu’une prise en charge peut être nécessaire. On peut ainsi citer la découverte d’une image nodulaire thyroïdienne lors de la réalisation d’un bloc interscalénique. Une telle éventualité nécessite néanmoins une confirmation par les spécialistes de la pathologie concernée qui doit également être expliquée au patient à cette occasion.
Éditorial
Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts.
Références [1] Ecoffey C, Estèbe JP. De la neurostimulation à l’échoguidage : une révolution pour la pratique clinique quotidienne et l’enseignement de l’anesthésie locorégionale. Ann Fr Anesth Reanim 2008;27:795—6. [2] Bouaziz H, Aubrun F, Belbachir AA, Cuvillon P, Eisenberg E, Jochum D, et al. Échographie en anesthésie locorégionale. Ann Fr Anesth Reanim 2011;30:e33—5. [3] Sites BD, Spence BC, Gallagher JD, Beach ML. On the edge of the ultrasound screen: regional anesthesiologists diagnosing nonneural pathology. Reg Anesth Pain Med 2006;31:555—62.
Claude Ecoffey 1 Service d’anesthésie-réanimation chirurgicale 2, hôpital Pontchaillou, université Rennes 1, 35033 Rennes cedex 9, France Adresse e-mail :
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