Hémolyses drépanocytaires : où en sommes-nous ?

Hémolyses drépanocytaires : où en sommes-nous ?

Lectures sollicitées / Transfusion Clinique et Biologique 23 (2016) 264–272 Dans un contexte de cession de produits sanguins labiles (PSL) estimé depu...

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Lectures sollicitées / Transfusion Clinique et Biologique 23 (2016) 264–272 Dans un contexte de cession de produits sanguins labiles (PSL) estimé depuis 2010 entre 3,1 et 3,2 millions de produits annuels, l’hémovigilance receveurs concerne la surveillance des événements indésirables survenus chez les patients transfusés. Entre 2010 et 2015, 25 471 effets indésirables receveurs (EIR) d’enquête transfusionnelle terminée, déclarés dans l’application e-FIT, sont d’imputabilité forte (imputabilité probable ou certaine, 135,5 EIR/100 000 PSL) dont 34 décès (0,18/100 000 PSL). La plupart (92,3) sont non graves. Le diagnostic posé deux fois sur trois est une allo-immunisation isolée (72,3/100 000 PSL) ou une réaction fébrile non hémolytique (RFNH, 18,0/100 000 PSL) ; 64,4 % des EIR graves (grade de sévérité > 1) concernent une allergie ou un œdème pulmonaire de surcharge (TACO) (3,1 et 3,6/100 000 PSL respectivement pour les formes graves). Aucun oedème pulmonaire lésionnel (TRALI, 0,65/100 000 PSL) n’est déclaré d’imputabilité certaine (32,5 % des TRALI) suite à transfusion de plasma depuis 2010 ni de concentrés de plaquettes d’aphérèse depuis 2011. Les infections bactériennes (IBTT) et virales (77 % impliquant le VHE) représentent 0,33 EIR pour 100 000 PSL. Soixante-neuf incompatibilités immunologiques concernent le système ABO (0,37 EIR/100 000 PSL). La tendance déclarative décroissante des EIR graves entre 2010–2015 (de 11,9 à 9,9/100 000 PSL) ne se reflète pas parmi les 37 % en lien avec la qualité et la sécurité des PSL (allergie, TRALI, IBTT, infections virales), d’occurrence stable sur la période (3,9/100 000 PSL). La tendance à la baisse des EIR graves en lien avec un non-respect des bonnes pratiques transfusionnelles (incompatibilité immunologique ABO, TACO) observée jusqu’en 2012 s’est inversée en 2013 et se stabilise depuis à 4,5/100 000 PSL, représentant plus de 40 % des EIR graves depuis 2013. Réduire l’occurrence des EIR en particulier évitables, tout en optimisant l’exhaustivité déclarative, reste d’actualité. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens

http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2016.08.144 LS-23

Une expérience de recherche active des EIR : TACO Dominique Maurière 1,∗ , Christophe Goetz 1 , Sébastien Gette 1 , Philippe Renaudier 2 1 CHR Metz-Thionville, hôpital de Mercy, Metz, France 2 ARS Lorraine, Nancy, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (D. Maurière) Introduction L’œdème aigu pulmonaire (OAP) post-transfusionnel ou TACO, première cause de décès en transfusion en 2014, est probablement sous déclaré. Nous avons essayé d’améliorer la déclaration de cet évènement indésirable, grâce aux données du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) de notre établissement. Méthode Nous avons choisi d’utiliser le PMSI en plus des moyens habituels de recherche des TACO : déclaration spontanée, enquête sur les causes de destruction des produits sanguins labiles (PSL). . . Le principe est de croiser sur un même séjour le code d’insuffisance cardiaque : I50.- en position de diagnostic associé significatif et un acte de transfusion. Ceci permet d’éliminer d’emblée les OAP de surcharge, autres que transfusionnels (diagnostic principal) et les OAP lésionnels. Cette recherche a été complétée en 2015 par l’ajout des diagnostics : insuffisance respiratoire aiguë (j96,0) et syndrome de détresse respiratoire chez l’adulte (j80). Résultats En 2014 sur 19 958 PSL transfusés : 9 TACO ont été identifiés dont 2 via les données du PMSI. En 2015 sur 19 907 PSL transfusés : 13 TACO dont 2 via le DIM. L’ajout des diagnostics j96,0 et j80 n’a pas permis d’identifier de cas supplémentaire. Limites L’enquête via les données du PMSI ne peut se faire qu’en décalé (exhaustivité) et dépend de la qualité du codage par le médecin. Celui-ci ne cherche pas à cacher l’OAP puisqu’on le retrouve dans les dossiers et/ou les courriers de sortie, mais ne pense pas à le déclarer car ce n’est pas un problème dû à la qualité du produit. Conclusion La requête via les données du PMSI a permis d’améliorer la notification des TACO dans l’établissement. Depuis la fin 2014, une grande campagne a été faite auprès des prescripteurs en s’appuyant sur les nouvelles

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recommandations HAS, améliorant encore les déclarations. L’étape suivante sera d’évaluer si cette sensibilisation contribue à diminuer le taux d’incidence des TACO ainsi détectés. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens

http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2016.08.145 LS-24

Pistes pour améliorer la déclaration des effets indésirables receveur (EIR) dans un établissement de santé (ES) Philippe Cabre ARS NPDCP, Euralille, France Adresse e-mail : [email protected] Le professionnel de santé doit signaler, sans délai, tout EIR dont il a connaissance, auprès du correspondant d’hémovigilance de son établissement de santé (CHVES). Ce CHVES (identifié dans le système par sa carte de professionnel de santé) déclare ensuite cet EIR par le biais d’une application Internet sécurisée dédiée (e-FIT) au coordonnateur régional d’hémovigilance et de sécurité transfusionnelle (CRH), à l’ANSM et à l’établissement franc¸ais du sang (EFS). Le signalement, la déclaration et l’analyse des EIR améliorent la sécurité du patient, en permettant l’adaptation des protocoles transfusionnels et des prescriptions futures de produit sanguin labile (PSL). On constate une grande disparité des taux de déclaration des EIR selon les régions et entre ES, avec une sous-déclaration probable. Accroître la déclaration des EIR et les bénéfices attendus en terme de sécurité transfusionnelle pourrait reposer sur : – une information pré-transfusionnelle du receveur renforcée sur les bénéfices et les risques de la transfusion, impliquant le patient dans le signalement, lui accordant un rôle proactif dans sa thérapeutique ; – une formation systématique des soignants (infirmiers, sages-femmes, internes, médecins) à l’hémovigilance et à la sécurité transfusionnelle, en particulier sur les EIR ; – une recherche « active » par le biais des logiciels de soins, qui en croisant les données de surveillance avec l’acte transfusionnel ou une destruction de PSL, soulèverait l’hypothèse d’un EIR, à valider par un dialogue entre clinicien et CHVES ; – une meilleure reconnaissance de la fonction du CHVES, qui, généralement, n’assume pas exclusivement cette mission transversale, essentielle pour un ES ; – le développement des binômes d’hémovigilance avec la poursuite du déploiement d’assistants paramédicaux dédiés (infirmier pivot par exemple). Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.

L’auteur déclare ne pas avoir de liens

http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2016.08.146 LS-25

Hémolyses drépanocytaires : où en sommes-nous ? Claire Rieux 1,∗ , Edith De Meyer 1 , Dora Bachir 1 , Karim Boudjedir 2 GHU Henri-Mondor, Créteil, France 2 ANSM, Saint-Denis, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Rieux)

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L’hémolyse retardée post-transfusionnelle (HRT) survenant chez le patient drépanocytaire est une complication grave, létale dans un certain nombre de cas et qui a toujours des conséquences sur l’avenir transfusionnel du patient. Cet événement, longtemps sous-estimé, bénéficie actuellement d’une meilleure reconnaissance par les cliniciens et les hémovigilants. Depuis 2010, entre 10 et 20 cas par an sont déclarés en France comme au Royaume-Uni. Si la communication et la sensibilisation doivent se poursuivre pour tendre vers l’exhaustivité, l’amélioration de la qualité des données recueillies est une priorité. Le travail sur une fiche technique initié par le groupe « receveurs de PSL » de l’ANSM soulève de nombreuses questions. Doit-on identifier par une catégorie diagnostique spécifique la sous-population des patients drépanocytaires sachant que cette

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information est retrouvée dans l’item « pathologie initiale » et que cette complication a aussi été décrite chez des patients non drépanocytaires ? Ne devrait-on pas classer les HRT avec conflit immunologique dans « incompatibilité immunologique » et les autres dans « hémolyse autre » ? L’hyperhémolyse qui est définie par un taux d’hémoglobine post-transfusionnel inférieur au taux prétransfusionnel doit être distinguée car une confusion existe y compris dans la littérature internationale. Cet item pourrait être rajouté aux « manifestations cliniques/biologiques » et permettrait de distinguer la sous-population des hyper-hémolyses dont les mécanismes physiopathologiques différent des hémolyses post-transfusionnelles simples. Enfin, le risque de récidive chez un patient

drépanocytaire doit nous faire envisager un moyen de suivre tous les patients ayant développé une HRT. Ceci implique de pouvoir relier des effets indésirables concernant un même patient transfusé dans des établissements de santé différents et ouvre l’horizon d’une hémovigilance plus seulement ciblée sur le PSL mais longitudinale et centrée sur le patient. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens

http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2016.08.147