Cancer/Radiothérapie 17 (2013) 349–354
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Hypofractionnement à visée curative dans le cancer de la prostate Hypofractionated radiotherapy in prostate cancer S. Supiot a,∗ , G. Créhange b , I. Latorzeff c , P. Pommier d , A. Paumier a , E. Rio a , G. Delaroche e , S. Guérif f , C. Catton g , J. Martin h , A. Lisbona i a
Département de radiothérapie, institut de cancérologie de l’Ouest Nantes-Angers, boulevard Jacques-Monod, 44805 Saint-Herblain, France Département de radiothérapie, centre Georges-Franc¸ois-Leclerc, 1, rue du Professeur-Marion, 21000 Dijon, France Groupe Oncorad Garonne, clinique Pasteur, L’Atrium, 1, rue de la Petite-Vitesse, 31300 Toulouse, France d Département de radiothérapie, centre Léon-Bérard, 28, rue Laennec, 69008 Lyon, France e Département de radiothérapie, institut de cancérologie Lucien-Neuwirth, 108 bis, avenue Albert-Raimond, 42270 Saint-Priest-en-Jarez, France f Département de radiothérapie, CHU de Poitiers, 2, rue de la Milétrie, 86021 Poitiers, France g Department of radiation oncology, Princess Margaret Hospital, 200 Elizabeth Street BCS-045, ON M5G 2C4 Toronto, Canada h Department of radiation oncology, Calvary Mater Newcastle, Locked Bag 7, Hunter Regional Mail Centre, NSW 2310 Waratah, Australie i Service de physique médicale, institut de cancérologie de l’Ouest Nantes-Angers, boulevard Jacques-Monod, 44805 Saint-Herblain, France b c
i n f o
a r t i c l e
Historique de l’article : Rec¸u le 17 avril 2013 Rec¸u sous la forme révisée le 26 avril 2013 Accepté le 14 mai 2013 Mots clés : Fractionnement Hypofractionnement Stéréotaxie Cancer Prostate Radiothérapie
r é s u m é La radiothérapie occupe une place centrale dans la prise en charge des cancers de la prostate, mais l’étalement du traitement sur près de deux mois pose des problèmes de fatigue liée aux déplacements répétitifs, notamment pour les patients les plus âgés, mais aussi de coût global du traitement, incluant temps d’occupation de la machine et transport. Pour répondre à cette difficulté, différentes équipes ont développé des protocoles de radiothérapie hypofractionnée cherchant à maintenir une efficacité et une toxicité identiques tout en réduisant la durée totale du traitement. Ces protocoles hypofractionnés font appel aux techniques récentes de radiothérapie guidée par l’image et de radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI). L’analyse de séries monocentriques a validé la faisabilité d’un hypofractionnement « léger » à des doses par fraction de moins de 6 Gy. De même, différentes équipes ont montré la possibilité d’une irradiation stéréotaxique permettant de délivrer des protocoles de radiothérapie hypofractionnée « sévère » à des doses de plus de 6 Gy par fraction. Quelle que soit la dose par fraction, l’analyse des données actuelles permet de conclure qu’une radiothérapie hypofractionnée n’engendre pas de toxicité majorée à moyen terme et pourrait même améliorer le taux de contrôle biochimique. Des études ayant pour objectifs de démontrer une non infériorité sont attendues pour valider définitivement la place de l’irradiation hypofractionnée dans le traitement des cancers de la prostate. © 2013 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
a b s t r a c t Keywords: Hypofractionation Stereotactic Cancer Prostate Radiotherapy
Radiotherapy plays a central role in the management of localized prostate cancer, but the total duration of treatment of nearly 2 months poses not only problems of fatigue related to repetitive transports, especially for older patients, but also increases the overall cost of treatment including linear accelerators occupancy and patient transportation. To address this problem, various teams have developed hypofractionated radiotherapy protocols seeking to maintain the same efficacy and toxicity while reducing the total duration of treatment. These hypofractionated protocols require recent techniques such as image-guided radiation therapy (IGRT) and intensity-modulated radiation therapy (IMRT). Single centre series have validated the feasibility of “light” hypofractionation schemes at doses per fraction less than 6 Gy Similarly, different teams have shown the possibility of stereotactic irradiation for delivering “severe” hypofractionation schemes at doses greater than 6 Gy per fraction. Whatever the dose per fraction, the current clinical data support the conclusion that hypofractionated radiotherapy does not increase mid-term toxicity and could even improve biochemical control. Studies with the objective of
∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (S. Supiot). 1278-3218/$ – see front matter © 2013 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2013.05.005
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S. Supiot et al. / Cancer/Radiothérapie 17 (2013) 349–354
demonstrating non-inferiority are expected to definitively validate the role of hypofractionated irradiation in the treatment of prostate cancer. © 2013 Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
1. Introduction Une radiothérapie à forte dose (plus de 74 Gy par fraction de 1,8 à 2 Gy), qu’elle soit seule ou couplée à une hormonothérapie, représente un traitement efficace des cancers de la prostate au prix d’une toxicité modérée, essentiellement vésicale, rectale et sexuelle [1–3]. Les principaux facteurs de risque de dégradation de la qualité de vie engendrées par la radiothérapie des cancers de prostate concernent principalement la toxicité aiguë et les déplacements itératifs, qui engendrent une fatigue parfois importante, surtout chez les patients les plus âgés [4,5]. C’est pour réduire la gêne engendrée par ces déplacements, ainsi que pour des raisons de coût, qu’il a été proposé une radiothérapie hypofractionnée, de fac¸on à réduire la durée totale de la radiothérapie en ayant recours à de plus fortes doses par séance [6,7]. Le développement de techniques de radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) permettant de majorer la dose de radiothérapie sur le volume tumoral au prix d’une faible majoration de la dose aux tissus sains avoisinants a rendu plus aisé le développement d’une radiothérapie hypofractionnée à forte dose [8–10]. De même, la mise en application en routine de la radiothérapie guidée par l’image a permis de contrôler le positionnement du volume tumoral au contact de la vessie et du rectum, ce qui rend la planification plus conforme à la réalité de l’irradiation [11,12]. La curiethérapie de haut débit de dose permet aussi de délivrer de fortes doses par fraction au sein du volume prostatique, mais ne sera pas abordée dans cette revue de la littérature consacrée à l’irradiation externe [13]. De même, ne seront pas abordés les aspects radiobiologiques de l’hypofractionnement, qui sont détaillés dans ce même numéro [14]. 2. Hypofractionnement à dose équivalente totale faible (moins de 70 Gy) Alors que l’expérience initiale des schémas hypofractionnés était fondée sur des séries cliniques rétrospectives pragmatiques rapportées essentiellement au Canada et au Royaume-Uni (Princess Margaret Hospital [15], Edimbourg [16], Manchester [17] et Bristol [18]) ce n’est que tardivement que des études randomisées comparant irradiations normofractionnée et hypofractionnée ont été rapportées. La première étude randomisée publiée de radiothérapie hypofractionnée des cancers localisés de la prostate a comparé une radiothérapie de 66 Gy par fraction de 2 Gy en plus de 6,5 semaines et une de 52,5 Gy par fraction de 2,625 Gy à raison de quatre fractions par semaine [19] (Tableau 1). Les probabilités de survie sans rechute biochimique à cinq ans étaient respectivement de 47 % et 40 %. L’essai avait été conc¸u comme une étude d’équivalence et le schéma hypofractionné se situait dans la fourchette d’équivalence prédéfinie de 7,5 %. Toutefois, la possibilité que le schéma hypofractionné ait été moins efficace que le traitement classique ne pouvait pas être exclue. Une deuxième étude randomisée australienne a comparé une radiothérapie classique de 64 Gy en 32 fractions et 6,5 semaines et une radiothérapie hypofractionnée de 55 Gy en 20 fractions et quatre semaines [20]. Pour les 217 patients inclus dans l’étude, la probabilité de survie sans rechute biochimique à cinq ans n’était pas différente entre les deux bras de traitement (55,9 %). Toutefois, une analyse actualisée à 7,5 ans retrouvait un bénéfice en termes
de survie sans rechute biochimique pour le bras hypofractionné en cas d’utilisation de la définition de Phoenix (nadir + 2 mg/mL) mais non selon la définition de l’American Society for Therapeutic Radiology and Oncology (ASTRO) (trois élévations successives), alors que la survie globale et celle sans hormonothérapie étaient identiques [28]. En revanche, l’irradiation hypofractionnée entraînait un surcroît de toxicité digestive aiguë et tardive [20,29]. Ces deux études ont été réalisées avec un bras de référence à des doses inférieures à celles considérées comme standard actuellement. Elles permettent néanmoins d’affirmer que l’hypofractionnement est techniquement faisable en utilisant des techniques de radiothérapie conformationnelle, avec une efficacité globalement identique à l’irradiation normofractionnée, au prix toutefois d’un risque de toxicité majoré. 3. Hypofractionnement à dose équivalente totale élevée (plus de 70 Gy) mais doses par fraction modérées (moins de 6 Gy) 3.1. Études non randomisées Les résultats de différentes séries non randomisées sur le devenir de patients traités par irradiation hypofractionnée à des doses plus élevées ont été rapportés. Dans la plus grande série rétrospective de l’hôpital Christie (705 patients), il a été délivré 50 Gy en 16 fractions de 3,13 Gy [30]. Les probabilités de survie sans rechute biochimique à cinq ans pour les patients atteints de cancer de risques faible, standard et élevé étaient respectivement de 82 %, 56 % et 39 %. Une toxicité tardive (grade 2) digestive et vésicale a été rapportée dans respectivement de 5 % et 9 %, il n’y a pas eu de toxicité de grade 3. De même, Kupelian et al. ont rapporté les données de 116 patients irradiés à la dose de 70 Gy en 28 fractions de 2,5 Gy dans une étude prospective de phase II [31]. La probabilité de survie sans rechute biochimique à 30 mois était de 94 %. Une toxicité digestive tardive (grade 3) a été retrouvée dans seulement 1,5 % des cas. Enfin, une étude de phase II canadienne concernait 92 patients irradiés à la dose de 60 Gy en 20 fractions de 3 Gy [32]. Aucune toxicité vésicale ni intestinale de grade 3 n’a été retrouvée. La probabilité de survie sans rechute biochimique à 14 mois était de 97 % selon les critères de Phoenix, ce qui est comparable à celle observée avec les traitements normofractionnés. Ces études permettent toutefois difficilement de conclure à l’absence de majoration de toxicité digestive à long terme puisqu’il a été montré par exemple qu’une irradiation de 66 Gy en 22 fractions était responsable d’un surcroît net de toxicité digestive avec une incidence de toxicité digestive grade 3 de plus de 10 % dans deux études canadiennes, mais non dans une étude belge, alors que des doses proches (60 Gy en 20 fractions) n’engendraient pas d’accroissement de la toxicité digestive [32–35]. De multiples études ont montré que des doses totales équivalentes à 76–80 Gy par fractions de moins de 5 Gy étaient correctement tolérées et semblaient avoir une efficacité correcte [36–43]. 3.2. Études randomisées avec hypothèse de supériorité Les premières études d’hypofractionnement à doses comparables à des protocoles normofractionnés de 76–80 Gy se sont basées sur des hypothèses de supériorité d’une radiothérapie hypofractionnée sur une irradiation classique (Tableau 1).
Tableau 1 Études cliniques randomisées ayant recours à des doses par fraction modérées (< 6 Gy). Étude
Dose équivalente totale faible (<70 Gy) Lukka et al. [19]
Yeoh et al. [20]
Risque
Technique
Hormonothérapie Durée
Suivi médian
n
Dose totale (Gy) Dose/fraction (Gy) n
Toxicité tardive > G2 (%)
Gastrointestinale
Génitourinaire
Survie sans rechute biochimique à 5 ans (%)
Bas, intermédiaire, élevé
Radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle 4 faisceaux
Non
64
470
66
2
33
1,3
1,9
60
Non
48
52,5 64
2,63 2
20 32
1,9
Radiothérapie conformationnelle 4 faisceaux
466 109
1,3
Bas, intermédiaire, élevé
53, ns 84
108
55
2,75
20
Radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle
Oui 9m
35
85
80
2
40
1a
0a
79a
Pollack et al. [22]
Intermédiaire, élevé
RCMI
Possible 4-24 m
60
83 152
62 76
3,1 2
20 38
0a 4b
1a 9b
87a , p = 0,035 85
Kuban et al. [23]
Bas, intermédiaire, élevé
RCMI, radiothérapie guidée par l’image
Possible <4 m
56
151 102
70,2 75,6
2,7 1,8
26 42
6b 1
14b 1
85, ns 92
HYPRO [24]
Intermédiaire, élevé
RCMI, radiothérapie guidée par l’image
Possible
Terminé
102 410
72 78
2,4 2
30 39
3 nr
0 nr
96, ns nr
410
64,6
3,6
19
nr
nr
nr
Dose équivalente totale élevée (> 70 Gy), hypothèse de non infériorité PROFIT (NCT00304759) [25,26]
CHHiP (NCT00392535) [27]
RTOG 0415 (NCT00331773)
Intermédiaire
Radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle, RCMI, radiothérapie guidée par l’image
Possible <3m
En cours
601
78
2
39
nr
nr
nr
Bas, intermédiaire, élevé
RCMI
Possible 3–6 m
En cours
601 3216
60 78
3 2
20 39
nr 0
nr 1a
nr nr
1067
57 60 73,8
3 3 1,8
19 20 41
1a 1a nr
4a 1a nr
nr nr nr
70
2,5
28
nr
nr
nr
Bas
Radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle
Non
En cours
S. Supiot et al. / Cancer/Radiothérapie 17 (2013) 349–354
Dose équivalente totale élevée (>70 Gy), hypothèse de supériorité Arcangeli et al. [21] Intermédiaire, élevé
86, ns*
*
RCMI : radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité ; ns : non significatif ; nr : non rapporté ; : différence significative à 7,5 ans. a Différence significative à 3 ans. b Toxicité > G1. 351
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Une étude italienne monocentrique randomisée de phase III a comparé la toxicité (objectif principal) et l’efficacité (objectif secondaire) d’un schéma hypofractionné (62 Gy en 20 fractions et cinq semaines à raison de quatre fractions par semaine) avec un schéma classique (80 Gy en 40 fractions et huit semaines) chez 168 patients atteints de cancers de la prostate de haut risque [21]. Un traitement anti-androgénique de neuf mois débutait en même temps que l’irradiation. Une toxicité de grade 3 a été notée chez seulement un patient. Une toxicité aiguë de grade 2 ou plus est survenue et a disparu plus rapidement après l’irradiation hypofractionnée que l’irradiation normofractionnée, mais sans différence significative de toxicité tardive entre les deux bras [44]. Avec un suivi médian de 32 mois, la probabilité de survie sans rechute biochimique selon les critères de Phoenix était de 87 % après irradiation hypofractionnée contre 79 % après irradiation classique (p = 0,035), sans différence de survie sans rechute locale ou métastatique. Cette étude renforce l’intérêt pour des schémas hypofractionnés dans les cancers de prostate de haut risque et suggère un bénéfice en termes de contrôle de la maladie sans pouvoir toutefois le prouver définitivement puisqu’il s’agissait d’un objectif secondaire de l’étude. Deux autres études nord-américaines ont été présentées dans le cadre de congrès [22,23]. Ces deux études ont comparé des irradiations classiques et des irradiations avec des doses par fraction de 2,5 à 3 Gy. L’analyse temporaire n’a pas retrouvé de supériorité de l’irradiation hypofractionnée en termes de contrôle de la maladie mais en confirmé l’absence de majoration de toxicité à moyen terme. Une étude néerlandaise HYPRO (ISRCTN85138529) soulevant la même hypothèse d’une supériorité de la radiothérapie hypofractionnée, mais sur un plus grand nombre de patients, permettra peut-être d’apporter une réponse définitive sur la plus grande efficacité de l’hypofractionnement.
4. Hypofractionnement à dose équivalente totale élevée (plus de 70 Gy) et doses par fraction élevées (plus de 6 Gy) L’intérêt de recourir à des doses par fraction plus fortes est bien entendu de diminuer la charge pour le patient, mais aussi de tirer profit d’avantages radiobiologiques, les fortes doses par fractions déclenchant des mécanismes de mort des cellules tumorales par apoptose des cellules endothéliales inexistants à des doses plus faibles [46–48]. Ainsi, des expériences concernant au Royaume-Uni les données de 232 patients irradiés à une dose de 36 Gy en six fractions sur plus de 18 jours entre le milieu des années 1960 et les années 1980 en utilisant des techniques de radiothérapie bidimensionnelle, ont été rapportées [49]. Étonnamment, les auteurs n’ont signalé aucune toxicité intestinale ou urologique à long terme en dehors d’une sténose rectale chez deux patients. Plus récemment, avec le développement de l’irradiation stéréotaxique extracrânienne, des protocoles d’irradiation fortement hypofractionnées (par exemple 35 Gy en cinq fractions hebdomadaires de 7 Gy sur 29 jours [50] ou 33,5 Gy en cinq fractions de 6,7 Gy [51]) par accélérateur linéaire classique ou robotisé (36,25 Gy en cinq fractions de 7,25 Gy [52]) ont été rapportées, mais ces études ne concernent toutefois qu’un nombre modéré de patients avec un recul encore très faible. Les résultats de ces études, pour la plupart monocentriques, sont encourageants avec des risques faibles de toxicité et un bon contrôle biochimique [53]. Différentes études randomisées sont en cours, comparant une irradiation normofractionnée et une irradiation hypofractionnée par accélérateur linéaire (NCT01444820) ou robotisé en conditions stéréotaxiques (NCT01584258, NCT01794403), ou encore par protons (NCT01230866).
5. Autres stratégies d’hypofractionnement 3.3. Études randomisées avec hypothèse de non infériorité Trois études en cours s’attachent à démontrer une non infériorité de l’irradiation hypofractionnée en comparaison avec une irradiation classique de plus de 74 Gy (Tableau 1). En raison d’un recrutement en cours ou terminé depuis peu de temps, seules des données de toxicité ont été publiées [27]. Ces études ont en commun de randomiser un grand nombre de patients (plus de 1000) en raison de l’hypothèse de non infériorité. Sur un grand nombre de patients, il a été montré que l’irradiation hypofractionnée n’entraînait pas de surcroît de toxicité aiguë, ni de toxicité à moyen terme (à deux ans) [27]. Parmi ces travaux, l’étude PROFIT randomise plus de 1200 patients entre une irradiation standard de 78 Gy en 39 fractions et une hypofractionnée de 60 Gy en 20 fractions au Canada, en Australie et en France, avec des questions portant sur l’efficacité et la tolérance, mais aussi sur les aspects médico-économiques, puisqu’un remboursement adapté à l’hypofractionnement devra être établi pour que la technique puis être adoptée par l’ensemble des centres de radiothérapie. Au total, ces différentes études ont été réalisées avec un bras de référence à des doses considérées comme standard actuellement. Elles permettent d’affirmer que l’hypofractionnement engendre une efficacité probablement au moins identique à l’irradiation normofractionnée, sans majoration du risque de toxicité à moyen terme à condition de recourir à des techniques de radiothérapie de haute technicité (RCMI et guidage par l’image). Il sera toutefois important d’analyser les données de toxicité à long terme, notamment digestives, puisque des aggravations tardives de la toxicité rectale ont été décrites [45].
D’autres études de faisabilité ont montré la bonne tolérance d’une irradiation hypofractionnée associé à une hormonothérapie, en complément d’une irradiation de haut débit de dose, ou encore avec un boost intégré dans le volume prostatique pendant une irradiation normofractionnée pelvienne [54–57]. Une irradiation hypofractionnée des aires ganglionnaires est faisable et pourrait apporter un bénéfice en termes de contrôle de la maladie micrométastatique [58–61].
6. Conclusion et perspectives Il est évident que les protocoles d’irradiation hypofractionnée occuperont une place grandissante dans le traitement des cancers de la prostate pour des raisons de confort du patient et de baisse du coût des traitements, à la condition que la toxicité et l’efficacité soient équivalentes aux schémas classiques. Plusieurs questions sur la place de l’hypofractionnement dans les cancers de la prostate demeurent à l’heure actuelle sans réponse et devront être validées par des essais thérapeutiques. Par exemple, il a été suggéré que les cellules tumorales hypoxiques pourraient être moins sensibles à l’hypofractionnement, ce qui soulève des questions quant à l’utilité de hypofractionnement pour les tumeurs volumineuses [62]. De même, il convient de réduire le nombre de séances sans que l’étalement ne le soit trop pour ne pas prendre le risque de voir apparaître une nette majoration de complications tardives [63]. Il reste donc indispensable d’inclure les patients dans les essais de radiothérapie hypofractionnée en cours pour valider définitivement ces nouvelles approches.
S. Supiot et al. / Cancer/Radiothérapie 17 (2013) 349–354
Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Financement : ce travail a été financé par le programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) 2010, avec le soutien de la plateforme de recherche clinique du cancéropole Grand-Ouest, Ligue nationale contre le cancer.
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