J Radiol 2008;89:955 © 2008. Éditions Françaises de Radiologie. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
formation médicale continue
éditorial
Imagerie en cancérologie ORL G Moulin i la prise en charge du cancer est un des chantiers prioritaires de la santé publique en France, c’est bien qu’avec 280 000 nouveaux cas par an (1), celui-ci représente un enjeu social, médical et industriel majeur. L’impact financier direct et indirect du cancer est lourd pour la société. Cependant, il représente aussi un des moteurs principaux de la recherche et de l’innovation en médecine. C’est dans ce contexte que les stratégies autour du cancer se rationalisent et deviennent reproductibles. L’institut National du Cancer (INCA) a été mis en place avec pour missions d’informer, de proposer des campagnes de prévention et de dépistage, d’organiser les soins, de générer de la recherche, etc. Les sociétés savantes sont régulièrement interrogées pour produire des référentiels de bonne pratique et les mettre à jour, dans tous les domaines concernés. L’imagerie n’y échappe pas, avec l’implication de la Société Française de Radiologie (SFR) et des sociétés d’organe et la création de groupes transversaux comme le GICA. La prise en charge du cancer s’organise, les règles se précisent, qu’elles soient formalisées ou incitatives comme la participation aux réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) qui fait partie des critères de l’évaluation de pratiques professionnelles. Avec près de 20 000 nouveaux cas et plus de 7 000 décès par an, les cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS) font partie des cancers fréquents. La place de l’imagerie médicale dans leur prise en charge est devenue essentielle. Elle intervient à tous les niveaux : stadification, surveillance et thérapeutique avec les procédures interventionnelles. L’anatomie de la tête et du cou, réputée difficile, a pendant longtemps rebuté beaucoup de radiologues. Aujourd’hui, l’intérêt pour l’imagerie de la sphère ORL ne se dément plus. Le succès des séances de formation organisées par le CIREOL et la SFR en témoigne. La compétence dans ce domaine augmente, à la fois d’un point de vue quantitatif mais aussi qualitatif et c’est bien l’ensemble de la prise en charge qui s’en trouve améliorée. L’imagerie de la sphère ORL fait essentiellement appel au scanner et à l’IRM. Leur place respective est variable selon la région
S
considérée. L’échographie à un rôle plus modeste, essentiellement réservée au bilan des adénopathies cervicales si celui-ci n’est pas fait par scanner. Le scanner reste l’examen radiologique princeps dans le bilan des cancers du larynx et de l’hypopharynx. Dans ces indications, mais aussi pour les autres localisations, il est nécessaire au bilan d’extension ganglionnaire et à distance, en particulier thoracique. L’exploration et la surveillance des lésions du nasopharynx, des glandes salivaires et des espaces profonds de la face, de la cavité buccale et de l’oropharynx sont du domaine de l’IRM. Le scanner peut être complémentaire pour la recherche de certaines érosions corticales osseuses pour lesquelles l’IRM est parfois mise en difficulté. C’est dans le bilan des cancers du massif facial que les deux techniques sont réellement complémentaires. Elles apportent en effet chacune des informations capitales pour la visualisation de l’os cortical et pour la mise en évidence des extensions hautes à la base du crâne, à l’endocrâne et à l’orbite. Le suivi des cancers de la sphère ORL fait appel, là encore, au scanner et/ou à l’IRM, utiles pour juger de l’efficacité des traitements et rechercher les aspects en faveur d’une éventuelle rechute loco-régionale. Cependant, c’est aujourd’hui avec le PET-Scan que ces techniques sont devenues complémentaires. Celui-ci peut être réalisé de façon précoce et répétée, le scanner et/ou l’IRM venant en support en cas de positivité ou de résultat douteux. Ce numéro de formation continue du Journal de Radiologie, consacré à l’imagerie des cancers de la sphère ORL, fait suite à un ensemble d’enseignements thématiques réalisé lors des Journées Françaises de Radiologie 2007 par le CIREOL — Société Francophone d’Imagerie de la Tête et du Cou. Il fait le point sur les stratégies de prise en charge et de surveillance de ces cancers en fonction des localisations. Il précise la place respective des différentes techniques, les informations qu’il faut en attendre et la séméiologie radiologique à connaître. Son approche est didactique et correspond à la pratique radiologique courante.
Référence Service de Radiologie Adulte — CHU Timone, Assistance Publique — Hôpitaux de Marseille, 13385 Marseille cedex 5, France. Correspondance : G. Moulin E-mail :
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1.
Remontet L, Estève J, Bouvier AM et al. Évolution de l’incidence de la mortalité par cancer en France de 1978 à 2000. Rev Épidemiol Sante Publique 2003;51:3-30.