Journal de Traumatologie du Sport 35 (2018) 168–172
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Mise au point
Impact de la santé buccodentaire sur les performances sportives Impact of the oral health on the sports performances F. Lambert a,b,∗ , B. De Carvalho b a b
Service de parodontologie et chirurgie buco-denatire, centre hospitalier universitaire, Liège, Belgique Dental Biomaterials Research Unit (d-BRU), Liège université, Liège, Belgique
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Historique de l’article : Disponible sur Internet le 3 septembre 2018 Mots clés : Carie dentaire Érosion dentaire Gingivite Parodontite Qualité de vie Bien-être Performance sportive Santé buccodentaire
r é s u m é Un bon état de santé est a priori primordial pour les pratiques et performances sportives de haut niveau. Cependant, une haute prévalence de problèmes buccodentaires tels que les caries, les érosions dentaires et la gingivite a été mise en évidence chez les athlètes professionnels. De plus, plusieurs études montrent qu’une mauvaise santé buccodentaire peut affecter le sommeil, le bien-être, la nutrition et même avoir un impact négatif sur la confiance en soi. Les problèmes de déchaussement dentaire tel que la parodontite peuvent quant à eux entraîner une inflammation systémique. Dès lors, certaines pathologies buccodentaires pourraient compromettre les performances physiques des sportifs ou même éventuellement jouer un rôle dans le développement de certaines pathologies inflammatoires telles que les tendinopathies. Cette revue de littérature vise à identifier la fréquence des problèmes d’ordre buccodentaire chez les athlètes et à mettre en évidence l’impact de la santé buccodentaire sur les performances sportives. Par ailleurs, des lignes de conduites préventives visant à diminuer le risque buccodentaire chez le sportif sont proposées. ´ ´ es. © 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv
a b s t r a c t Keywords: Dental carie Dental erosion Gingivitis Periodontitis Quality of life Well-being Sports performance Oral health
Overall good health is essential to improve training and performance, especially for elite athletes. However, a high prevalence of oral diseases as dental caries, dental erosion or gingivitis has been observed in the professional sport community. Moreover, according to several studies, poor oral health leads to difficulties in eating and sleeping and has a negative impact on quality of life and self-confidence. Periodontal diseases such as periodontitis seem to induce systemic inflammation. Therefore, oral diseases in the sport community may also affect athletic performance or even have an impact on the systemic level and potentially influence the development of tendinopathies. This literature review aims to identify the incidence of oral diseases in elite athlete and highlight the impact of oral health on athletic performances. Furthermore, oral health preventive measures and risk mitigation interventions will be proposed. © 2018 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
1. Introduction Un bon état de santé et la prévention des blessures et des maladies s’avèrent extrêmement importants chez les sportifs de haut niveau. Cependant, plusieurs rapports scientifiques suggèrent une haute prévalence de problèmes buccodentaires tels que des
∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (F. Lambert). https://doi.org/10.1016/j.jts.2018.07.005 ´ ´ 0762-915X/© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv es.
caries, des érosions dentaires et de la gingivite dans des populations d’athlètes pratiquant différentes disciplines sportives [1–5]. Ainsi, dans un échantillon de plus de 300 athlètes ayant participé aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, 55 % et 45 % présentaient respectivement des caries et des érosions dentaires et 75 % souffraient de gingivite. Or, des évidences montrent qu’une mauvaise santé buccodentaire peut réduire la qualité du sommeil et l’état de bien-être, affecter la nutrition, avoir un impact négatif sur l’estime et la confiance en soi ou encore entraîner une inflammation systémique. Dès lors, l’existence de certaines pathologies
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Fig. 1. Prévalence de la gingivite, de la parodontite, des caries et des érosions dentaires aux Jeux Olympiques de Londres de 2012 [1], dans un groupe de joueurs de football professionnels anglais (Needleman et al., 2016) et des athlètes d’élite anglais [3].
buccodentaires pourrait compromettre les performances physiques des sportifs ou jouer un rôle dans le développement de certaines pathologies inflammatoires telles que les tendinopathies. Cependant, la santé buccodentaire chez les sportifs de haut niveau reste un challenge car ceux-ci sont soumis à plusieurs facteurs de risque tels qu’un régime nutritionnel riche en glucides, une déshydratation orale, ainsi qu’une diminution du système de défense liée à l’exercice intense. Par contre, toutes les pathologies buccodentaires qui affectent les sportifs peuvent être prévenues avec des gestes simples et efficaces, prouvés scientifiquement. L’objectif de cette revue de littérature est d’identifier la fréquence des problèmes d’ordre buccodentaire chez les athlètes professionnels et de mettre en évidence l’impact de certaines pathologies buccales sur les performances sportives. Sur la base d’évidences scientifiques ayant fait l’objet de consensus, l’objectif global est de proposer des lignes de conduite préventives visant à diminuer le risque buccodentaire chez le sportif. 2. Conséquences des affections buccodentaires sur les performances sportives Une récente revue systématique de la littérature portant sur les corrélations entre les affections buccodentaires et les performances sportives [4] a mis en évidence que la santé buccodentaire chez les athlètes de haut niveau était mauvaise et ce, de manière consistante dans les articles analysés (Fig. 1). Les principales affections sont la carie, les érosions dentaires et les maladies parodontales. Sur la base de questionnaires auto-rapportés par les sportifs eux-mêmes, les auteurs ont recherché s’il y avait une relation entre les affections dentaires et les performances sportives. Les questionnaires ont été spécifiquement conc¸us à partir de l’outil « Oral Health Impact Profil » (OHIP 49) et adaptés pour cette thématique spécifique avant d’être validés. Les résultats rapportés par les patients ont ensuite été mis en relation avec leur état de santé buccodentaire. Entre 28 et 40 % des sujets ont déclaré qu’ils observaient une altération de leur qualité de vie liée à leur état de santé dentaire et entre 5 et 18 % signalaient que leurs performances sportives étaient altérées (Fig. 2). L’étude conclut donc qu’une grande proportion d’athlètes présente des problèmes buccodentaires, ceux-ci ayant vraisemblablement un impact négatif sur le bien-être, l’entraînement et les performances de ces sportifs. En effet, une mauvaise santé buccodentaire pourrait affecter directement les performances physiques en raison de la douleur induite par les différentes maladies citées ci-dessous mais aussi, de manière plus subtile, par un trouble de l’alimentation, une augmentation de l’inflammation systémique ou par un impact psychosocial. Les processus de ces pathologies dentaires, leurs prévalences chez les sportifs professionnels ainsi que la manière dont elles influencent la santé et les capacités du sportif sont décrits ci-dessous.
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Fig. 2. Résultats rapportés par les sportifs. Cette figure montre certains résultats issus de 3 études ayant évalué l’impact de la santé buccodentaire sur la qualité de vie et sur les performances des sportifs [1–3].
Fig. 3. Patients présentant des caries dentaires multiples et sévères provoquées par une mauvaise hygiène buccodentaire et par une grande consommation de sucres.
3. Les caries dentaires Les caries dentaires sont le résultat d’un processus pathologique lié à l’accumulation d’un biofilm bactérien (plaque dentaire) à la surface de la dent. Les bactéries de la plaque produisent des acides organiques qui métabolisent en acides les sucres demeurant dans la cavité buccale, entraînant une dissolution minérale de l’émail et de la dentine, conduisant finalement à une cavité (Fig. 3). Si les caries dentaires ne sont pas traitées, les bactéries ne cesseront de proliférer et de secréter des acides, induisant la destruction des couches profondes de la dent. La douleur provoquée par les caries peut atteindre un fort degré de sévérité et être dès lors susceptible de nuire aux performances sportives des athlètes de haut niveau en affectant leur bien-être, leur nutrition et la qualité de leur sommeil. Par ailleurs, les conséquences de cet apport nutritionnel altéré lié à la douleur causée par les caries peut entraîner une immunodéficience et des perturbations du métabolisme des glucides, une perte de l’appétit, une diminution de la synthèse de protéines et, de surcroît, avoir une influence sur les performances sportives sousmaximales ou sur les efforts prolongés [6]. Il faut cependant se rendre compte que le plan nutritionnel (consommation intense de glucides et de boissons acides) suivi par les athlètes destinés à optimiser leurs niveaux énergétiques représente un facteur de risque majeur pour le développement des caries. De plus, les longues séances d’entraînement associées à une déshydratation entraînent une diminution du débit salivaire et constituent également un facteur de risque additionnel dans le développement de caries chez les sportifs [7]. Récemment, une étude transversale réalisée par Gallagher et al. [3] menée au sein d’installations sportives britanniques a démontré que la présence de caries était détectée chez 49,1 % d’individus parmi un groupe de 312 athlètes pratiquant 11 disciplines distinctes. Les sports propices au développement de caries étaient le
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Fig. 4. Vue occlusale d’un patient affecté par des érosions palatines dues à la consommation de boissons acides.
Fig. 5. Patients atteints de maladies parodontales non traitées : gingivite (a) pouvant évoluer en parodontite en l’absence de traitement (b).
rugby (61,5 %), le football (61,1 %) et, dans une moindre mesure, l’aviron (33,3 %). Aucune corrélation n’a été détectée entre la présence de caries et le sexe, l’ethnie ou l’éducation. Par ailleurs, dans une étude réalisée par Needleman et al. [1] parmi des athlètes concourant aux Jeux Olympiques en 2012, 302 sportifs issus de 25 disciplines ont été dépistés pour des pathologies buccodentaires. Plus de la moitié de ceux-ci présentaient des caries dentaires (55,1 %), dont 41 % étaient sévères. Une autre étude [2] a mis en évidence que parmi 187 joueurs de football professionnels, 37 % souffraient de caries dentaires actives. Finalement, une revue de la littérature [4] rapporte une prévalence de caries chez les athlètes variant de 15 % à 75 %. 4. Les érosions dentaires Les érosions dentaires correspondent à une perte irréversible de tissus dentaires provoquée par une exposition excessive à des acides et ce, sans implication de la plaque bactérienne, contrairement aux caries (Fig. 4). Ces lésions peuvent être d’origine intrinsèque avec des vomissements excessifs ou la conséquence de reflux acide, ou être d’origine extrinsèque impliquant un facteur diététique ou chimique. Dans le sport, les principaux facteurs provoquant l’érosion dentaire sont les aliments et boissons à faible pH, ainsi que les altérations du débit salivaire durant l’exercice physique. Les principales conséquences des érosions dentaires sont l’aspect inesthétique et l’hypersensibilité due à l’exposition prolongée de la dentine à l’environnement buccal. De plus, le pronostic des dents peut être compromis selon le stade évolutif de l’érosion. Dans les sports d’endurance, les boissons énergétiques sont utilisées comme solutions d’électrolytes, riches en glucides, avant, pendant et après l’entraînement. Or, l’acidité de ces boissons est bien en dec¸à de 5,5, seuil de déminéralisation de l’émail de la dent [8]. À usage fréquent, le milieu buccal acide associé à une faible stimulation des flux salivaires favorisera l’apparition de lésions érosives dentaires. La salive participe à la maintenance de la santé dentaire par la formation de la pellicule exogène acquise (PEA), composée de glycoprotéines salivaires, protégeant la dent contre l’érosion. La diminution des flux salivaires, directement corrélée à une déficience de la PEA, tend à créer un déséquilibre dans l’élimination et la neutralisation des acides alimentaires, surtout durant l’exercice
physique et engendre, par conséquent, une dissolution structurelle de la surface dentaire [7,9]. Un dépistage des érosions dentaires a été réalisé dans plusieurs populations de sportifs. Parmi les athlètes britanniques ayant participé aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, 43 % présentaient des érosions dentaires [1]. Dans une étude transversale incluant 304 athlètes de l’université de Colombus (Ohio, États-Unis) la prévalence totale des érosions était de 36,5 % [8]. 5. Les maladies parodontales Plus de 50 % de la population adulte est atteinte d’une maladie parodontale débutante (gingivite) ou plus sévère (parodontite) (Fig. 5). Ce sont des maladies inflammatoires chroniques d’origine infectieuse qui affectent les tissus de soutien des dents (gencive et os). Elles sont caractérisées par l’invasion de bactéries à Gram négatif dans les tissus parodontaux et entraînent la destruction progressive des tissus de soutien des dents, la perte des dents et finalement une dysfonction masticatoire. De plus, les conséquences inhérentes à ces maladies sont potentiellement négatives sur l’état de santé général. En effet, les bactéries liées aux maladies parodontales peuvent passer dans le torrent circulatoire et ainsi entraîner une inflammation systémique. Par exemple, il existe des évidences scientifiques montrant que la bactériémie transitoire ou prolongée liée à la parodontite peut favoriser la pathogenèse de certaines maladies systémiques telles que l’athérosclérose ou le diabète [10]. Ainsi, l’inflammation systémique induite par les maladies parodontales pousse même certains auteurs à questionner le rôle des parodontopathies dans le développement de pathologies inflammatoires telles que les tendinites [11]. Par ailleurs, la péricoronarite est une inflammation des tissus mous entourant les troisièmes molaires (dents de sagesse) incluses ou partiellement incluses et représente 41 % des indications d’extractions dentaires. Elle est provoquée par une accumulation bactérienne qui, la plupart du temps, résulte d’une inaccessibilité au brossage et s’accompagne de douleurs [12]. Les compétitions provoquent un stress psychologique et de l’anxiété chez les sportifs de haut niveau, pouvant avoir des répercussions sur les pratiques alimentaires et le maintien d’une bonne hygiène buccale. Ces facteurs sont susceptibles d’avoir un impact négatif sur les maladies parodontales, y compris les
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péricoronarites. En effet, il est suggéré que l’anxiété cognitive et somatique provoquée par la compétition peut avoir un impact négatif sur la santé gingivale/parodontale d’un athlète à travers divers mécanismes moléculaires [13]. Par ailleurs, les variations hormonales chez les athlètes s’entraînant de manière intensive et pratiquant des sports de pointe peuvent influencer le développement de maladies parodontales [14]. À l’inverse, les performances sportives peuvent aussi être influencées par les infections gingivales ou parodontales. Au-delà de leurs influences sur le niveau d’inflammation systémique, les conséquences des maladies parodontales telles que les gencives enflées et douloureuses, les saignements, le déchaussement gingival, les mobilités, les pertes et les migrations des dents ainsi que la mauvaise haleine sont des symptômes touchant à la qualité de vie, au bien-être et à l’estime de soi [15]. Dans une revue systématique de la littérature, Ashley [4] a évalué la prévalence des maladies parodontales chez les athlètes. Plus des 3/4 des sujets présentaient de la gingivite tandis que 15 % étaient affectés par des formes modérées à sévères de parodontite.
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comportementaux et de la bonne compliance des patients aux mesures préventives. Compte tenu des évidences épidémiologiques portant sur la prévalence de pathologies buccodentaires telles que caries, érosions ou maladies parodontales, la santé buccodentaire des athlètes devrait être intégrée comme composante à part entière dans les stratégies préventives et de la santé du sport. Cette approche serait bénéfique tant pour la santé générale que pour le bien-être et la performance des sportifs. Il est recommandé de sensibiliser les équipes médicales sportives quant à l’impact de la santé buccodentaire tant sur la santé systémique que sur les performances physiques. Une sensibilisation à l’importance de la santé buccodentaire devrait être entreprise dès le début de la carrière d’un sportif de haut niveau. Des évaluations régulières par un dentiste qualifié faciliteraient la prévention et le traitement précoce de ces pathologies. Enfin, les organismes nationaux de promotion du sport ainsi que les organisations politiques devraient prendre l’initiative d’intégrer cette démarche. 7. Conclusion
6. Stratégies préventives pour le maintien d’une bonne santé buccodentaire chez les athlètes La plupart des sportifs ayant été dépistés dans les études citées précédemment sont issus de pays ayant des systèmes de soins développés suggérant que la stratégie actuelle dans la prise en charge buccodentaire chez les athlètes est peu efficace. Étant donné les évidences scientifiques et dans un but de sensibilisation à l’importance de la santé buccodentaire dans le sport, un rassemblement d’experts en 2014 a donné lieu à une déclaration de consensus [5]. Les maladies buccales peuvent être évitées grâce à des gestes simples et peu coûteux décrits dans le Tableau 1 [5]. Certaines interventions préventives dépendent davantage des changements
Tableau 1 Types d’interventions préventives afin d’atténuer les risques d’origine buccodentaire (Needleman et al., 2015). Types de pathologie buccodentaire
Interventions
Toutes
Promotion de la santé et changement de comportement : approche à tous niveaux, incluant l’athlète isolément, l’équipe locale (équipe de soutien médical, équipe dentaire et coach) et les instances supérieures (organisations sportives nationales/internationales) Alimentation : si possible, réduire la fréquence et la quantité de glucides. Adapter la boisson au type d’activité, par exemple, pour l’hydratation, une boisson hypotonique ou de l’eau contenant du fluorure. Aussi, utiliser du dentifrice contenant au moins 1400 ppm de fluorure et idéalement 5000 ppm Hygiène buccodentaire : élimination effective et régulière de la plaque dentaire (brossage dentaire et nettoyage inter-dentaire) Régime alimentaire : réduction de la fréquence de prise de boissons et d’aliments acides Boissons énergétiques : si possible, réduire la fréquence de prise, éviter la rétention prolongée en bouche et usage de la paille lors de l’ingestion Hygiène buccodentaire : changement comportemental afin d’assurer le retrait effectif et quotidien de la plaque dentaire (brossage de dents et nettoyage inter-dentaire) Évaluation : détection précoce et traitement adapté (prévention secondaire) Réduction des facteurs de risque : arrêt du tabac Hygiène buccodentaire : retrait soigneux de la plaque dentaire autour de la troisième molaire (dent de sagesse) Extraction : extraction de la troisième molaire après maximum 2 épisodes de péricoronarite
Caries dentaires
Érosion dentaire
Maladie parodontale
Péricoronarite
Une mauvaise santé buccodentaire provoque des douleurs et de l’anxiété, des troubles alimentaires, des altérations du sommeil et une réduction de la qualité de vie pouvant avoir des répercussions directes sur les performances sportives. À plus long terme, les maladies buccodentaires augmentent considérablement le risque de perte dentaire, provoquant des traumatismes fonctionnels et psychologiques profonds qui pourraient également influencer les résultats sportifs. Les athlètes de haut niveau sont cependant exposés à plusieurs facteurs de risque pour le développement de ces affections buccodentaires. Parmi ceux-ci figurent la mauvaise alimentation, l’altération de la défense de l’hôte et la mauvaise hygiène buccale. En effet, la consommation fréquente de glucides et de boissons acides augmente significativement le risque de développement de caries et d’érosions dentaires. De plus, la déshydratation, la sécheresse buccale et les entraînements intensifs provoquent une altération de la réaction de défense, favorisant ainsi le développement de maladies buccodentaires. Par ailleurs, le manque d’informations sur l’importance de la santé buccodentaire et de l’hygiène buccale montre chez les sportifs une large prévalence de maladies parodontale, telles que la gingivite. L’effet des maladies parodontales pourrait aussi potentiellement influencer la survenue de maladies systémiques d’origine inflammatoire. Dès lors, une mauvaise santé buccodentaire affecte les entraînements et les performances en provoquant douleurs, altération de la qualité de vie et inflammation systémique. Par conséquent, la santé buccodentaire doit s’intégrer comme une composante essentielle de la santé générale chez les sportifs de haut niveau par l’organisation d’évaluations régulières, réalisées par des dentistes qualifiés. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Needleman I, Ashley P, Petrie A, Fortune F, Turner W, Jones J, et al. Oral health and impact on performance of athletes participating in the London 2012 olympic games: a cross-sectional study. Br J Sports Med 2013;47:1054–8, http://dx.doi.org/10.1136/bjsports-2013-092891. [2] Needleman I, Ashley P, Meehan L, Petrie A, Weiler R, McNally S, et al. Poor oral health including active caries in 187 UK professional male football players: clinical dental examination performed by dentists. Br J Sports Med 2016;50:41–4, http://dx.doi.org/10.1136/bjsports-2015-094953.
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