REV UE NEUROL OGIQUE 167 (2011) S15
Résumé
Implication des neurones cholinergiques du noyau pédonculopontin dans les troubles de la posture et de la marche de la maladie de Parkinson D. Grabli, C. Karachi, F. Bernard, H. Belaid, E. Bardinet, D. Tandé, N. Wattiez, A. Hartmann, S. Hunot, E. Hirsch, C. François INSERM UMRS S975, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris, France
Au cours de la maladie de Parkinson (MP), la survenue de troubles de la marche et de l’équilibre représente un tournant évolutif. En effet, ces symptômes sont le plus souvent résistants aux traitements dopaminergiques et à la stimulation électrique du noyau subthalamique (NST), ce qui suggère que leur physiopathologie est sous-tendue par des lésions extra-dopaminergiques. Parmi les structures non dopaminergiques qui dégénèrent dans la maladie de Parkinson, nous nous sommes intéressés au noyau pédonculo-pontin (NPP). Il s’agit d’une structure hétérogène, comprenant différentes sous-populations de neurones (cholinergiques et non cholinergiques) et appartenant à la région locomotrice du mésencéphale. Par ses connexions anatomiques ascendantes et descendantes, le NPP se situe à l’interface entre les ganglions de la base et le système réticulo-spinal. De plus, l’importance de la perte en neurones cholinergiques du NPP est corrélée à celle des neurones dopaminergiques chez les patients en parkinsoniens, ce qui fait de cette structure un candidat pertinent pour expliquer les troubles de la posture et de la marche
observés chez ces patients. En faveur de cette hypothèse, plusieurs équipes ont montré que la stimulation électrique à basse fréquence du NPP pouvait améliorer les signes axiaux résistants aux traitements médicamenteux et à la stimulation du NST chez les Parkinsoniens. Toutefois la variabilité des résultats obtenus souligne la nécessité d’une meilleure connaissance anatomofonctionnelle de cette région. Dans un travail multimodal effectué chez l’homme et le singe, nous démontrons : (i) que la région du NPP est impliquée dans la locomotion ; (ii) qu’une lésion des neurones cholinergiques du NPP est suffisante pour induire des troubles de la marche résistants au traitement dopaminergiques ; et que (iii) la perte cholinergique du NPP est corrélée à la sévérité des signes axiaux chez les patients parkinsoniens. Enfin, avons combiné chez le singe les deux types de lésions (neurones cholinergiques du NPP et neurones dopaminergiques) ce qui pourrait constituer un modèle de formes avancées de la MP permettant de tester des approches thérapeutiques pharmacologiques ou chirurgicales innovantes.