Soil Biol Biochrm.Vol. 9, pp. 243 to 245. Pergamon Press 1977.Printed in Great Britain.
INCIDENCES
AGROBIOLOGIQUES DES TRAITEMENTS FONGICIDES DES CEREALES GINETTE SIMON-SYLWSTRE technique de ANDR~E BEAUMONT
avec la collaboration
Station de Science du Sol, Centre National de Recherches Agronomiques, I.N.R.A., 78WO Versailles, France (Accepted 6 November 1976)
RksumGDans des conditions bien determintes et d’aprts les analyses microbiologiques effectuees a diverses dates, les traitements fongicides des &tales ne semblent pas entrainer de perturbation importante de l’equilibre biologique des sols, seuls les champignons et les batteries nitreuses paraissent touches aussitot aprts le traitement, mais l’effet n’est pas durable; il s’ensuit une legere incidence sur la composition azotte des certales, tandis que la decomposition ulterieure des pailles traitees enfouies n’est pas affect&e, independamment du fongicide, de la dose utiliste ainsi que de I’epoque d’application. Summary-Under well-defined environmental conditions and according to microbial counts carried out on several occasions, fungicidal treatments of cereals did not seem to involve any major changes in the biological equilibrium of soils. Only fungi and nitrifying bacteria were reduced in numbers immediately after the treatment, but the effect did not last. Fungicide application resulted in a reduction in the nitrogen composition of wheat but the subsequent decomposition of treated and buried straws was unaffected by the presence of fungicide, regardless of the amount applied or its date of application.
INTRODUCTION A la suite de resultats
encourageants obtenus ces dernieres annees, les traitements des &kales avec des fongicides prennent de plus en plus d’extension; cependant ils sont souvent conduits par l’agriculteur simplement dans un but de securite independamment de toute autre consideration. C’est pourquoi il paraissait utile avant de laisser s’amplifier cette technique de s’interesser a la fois aux actions possibles sur les Tableau 1. Caracttristiques Lie” de I’essat
Chambry (02)
pH d” sol’
7.7
Texture du sol Calcairet Argdo~limono-sableuse (22.7722J22.7) 18.7”’ 1” calcaire Sable-limono-argileuse (lO.l-21.2-42.9) Sablo~limono~argileuse (22.3.-28.830,6) 5.4X calcaire Argdo-llmono-sableuse @O&33.9-12,O) 13.6”’ IDcalcane Limon~sablo~argileuse (21.3334,1&34.7)
microorganismes du sol de tels produits chimiquesdont l’emploi maintenant generalid dans de nombreuses exploitations risque dentrainer des modifications de l’equilibre biologique des sols--et aux repercussions Cventuelles sur les vegetaux trait&.
MODE OPERATOIRE
Dans les Tableaux 1 et 2 sont rassemblees les caracteristiques essentielles des divers essais au champ, des differents essais (1973)
Culture et vari&
CaractCristiques du (des)traltemerit(s))
I ha ’
Epoque du (des) traitement(s)
manebe + methylthiophanate
2.5 kg,500
BIGd’hiver: Champlem BIGd’hiver: Joss
bCnomyl+ mantbe bdnomyl + mancoz&be
2.4kg/5001 ha-
’
-post Aoraison
2.5kgi5Mll ha-
’
-montaison
Bl&d’hiver: loss
bCnomyl-t man&be
3 kg/4501 ha-’
Bl8 de printemps: Kolibri
benomyl + mancozbbe
4 kg:3001 ha
’
benomyl + mancorkbe bCnomyl+ mancor~be
3 kg/5001 ha
’
benomyl + mancozebe
3
benomyl + mancoz&be
3 kg/500I ha- ’
7.7
Verneuil SUTSerre(02)
7,7
Brian (36)
7.8
St Ltonard en Beauce(41)
5.6
Garanct&s (78)
72
La Mini&e(78)
63
Sablo~limonoargdeuse (16,7-27,1&47,X)
Saulx-Marchais(78)
6.8
Sablo~argilolimoneuse (22.&22,9-45.2)
BlCd’hiver: Capitole Bl&de printemps (mClange homogtne) Orge de printemps: Zemyr
Sable-limonoargileusc (lS,S-30,847.8)
BIGd’hiver: Capttole
7.1
Prodnit utihse
BIBd‘hiberloss
Largny (02)
Pertain (80)
ET TECHNIQUES
“lO”lSllSO”
-Cpiaison
-montaison 4p”SO”
2.5kg/6001 ha-’ kgj5COIha-’
dCb”t gonflement de l’tpi -fin epiaison -montaison Apt&on -derni&re feuille tta1te -Roraison -fin montaison gonflement Apiaison dCb”t gonflement de l’epi -fin epiaison
* Le pH est evalut dans le chlorure de calcium N/100. t Les chiffres entre parentheses indiquent les pourcentages respectifs d’argile, de limon et de sable tres fin. (Analyses effectutes au Laboratoire d’Analyse des Sols a Arras.) 243 S.“.” 914-B
244
GINETTE
Tableau
SIMON-SYLVESTRE
et
2. Caractkristiques
ANDR~E
BEAUMONT
des difh-ents
essais (1974)
Produ,t
La Croix
6.5
sur
sahlo llmono argdeuse III.2 15.8~24.71
Ourcq 102)
hl6 d’hlver:
hinomyl
Capitolr
ut,hw
+
manco7ebe
et
manebe Bnon
(36)
Sougr (451
7.6
Pu1seaux (771 Vaudoy
argllo hmono whlcusc (44.3-29.3~ 12.21 19.5” ” calcaire Iunono-sahlo arglleusc (29.1 34.Ck30.5) 3.1”,, Calcalle sable hmono arg&xsc 123.6~35.3~37.81
7.6
6.5
en
argdo ~hmono
6,7
Brie (77)
(65.3
(essal aYeC
19.1
henomyl
hle d’hlver:
aahleuse
11.5)
hlC dur
htnomyl
Lakota
man?hc
+
3 kg’500
ble d‘h,\cr.
m&hylthmpha“ate
ble d‘hwer
htnomyl
J”h\
ldhe
4 kg.400
1.5 hg 400 I ha
+
2.5 kg 400
mtthylthmpha“ate 5.9 (78)
dthut
monta~on
’
I ha-’
dChul
m~nta,ron
3 kg.400
I ha ’
3 kg!600
I ha- ’
fineplalso”
+ man.+be
,ahlo~llmono~argileuse
hle d’hlrer
benomyl
(16.5
Hard1
mancozebe
28.8-46.91
montaison
I ha ’
+ matxx~
ma&he
Sf Remy
I
+ manebe
brnom~l
3 prodwts
I Iha
cpiatson
Cap1tole
dlI%rents)
I‘Honore
+
manebe
+
tinmO”ta150” ep1ai*on
* Le pH est CvaluC dans le chlorure de calcium N/100. t Les chiffres entre parenthtses indiquent les pourcentages respectifs d’argile. de limon et de sable trks fin. (Analyses effect&es au Laboratoire d’Analyses d& Sols gArras.) -
Dans les conditions d’expkrimentation prkciskes (produit, dose, Cpoque des traitements, nature du sol exptrimentk) et pour les deux annCes considtrtes. l’application des fongicides aux &r&ales n’est pas suivie d’un bouleversement important de la population microbienne du sol, m&me immkdiatement aprks le traitement (Tableau 3). Parmi les groupes microbiens CtudiCs, seuls les champignons du sol et les bactkries nitreuses voient respectivement, le quatrikme jour, leur nombre et leur activitt: diminuer les premiers pour toute la hauteur du sol explork et les secondes seulement pour la couche profonde (essai de Brion, 1974). L’effet n’est pas durable et g la rkcolte (le
Tableau 3. Incidence d’un traitement fotwicide d’une &tale
sur la vie microbienne tions) Brion 1974
II
Jum
(4 jours
2 Judlet
1974 apres
(25 ,ours
le
btudles
Mmoflore
Games cellulolytiques (“:, de grams de terre
&rob& positifs)
154 ,ours
5-20
0 5cm
cm
r&pkti-
1974 apes
le
tra,tC”lC”t, SUrfaCC
Profondeur
0 5cm
5 2Ocm
5 2Ocm
T
F
T
F
T
F
T
F
T
F
15
20
266
137
1060
711
196
1x9
31
23
97
95
X6
95
95
97
90
95
94
envahie
22
enbahle
IO
cnvahle
32
en>ah,c
I II4
totale
(lO",g-' de terre,
de quatre
31 Judlet
1974 aprec le Prolondeur
SUrfaCe
Profondeur
&Scm Organismes
des sols (moyenne
traitemellt)
tIa,temellt) SUIbCC
ET DISCUSSION
RESULTATS
effect& tous dans les conditions de la pratique agricole et dont les rksultats sont rapport&s dans cette publication. Les analyses microbiologiques ont toutes kti: riraliskes selon les techniques de 1’Institut Pasteur de Paris (Pochon et Tardieux, 1962), sur de la terre frdchement pr&levCe B la sonde entre 0 et 5 cm et entre 5 et 20cm, soit 4, 25 et 54 ( = jour de la rtcolte) jours aprbs le deuxikme traitement fongicide (essai de Brion, 1974), soit uniquement B la rkolte (tous les essais 1973). Quant aux autres d&terminations (azote minCra1 des sols, azote total des Cchantillons vkgktaux ) elles ont kti: exircutkes suivant les mkthodes habituelles de laboratoire.
T
F
96
95
97
Champwnons nombiehe de PCtn
champlgnons
dam
quatre
boites
g la dilution-1 3
Bact&es
ammomfiantrs
(mg N provenant
de l’ammoniaque
BactPnes
mtrifiantes
(dilutmn
hmlte
I laquelie
d&gag&)
0.54
0.83
I.02
0.96
0.25
0.31
0.41
0.4x
94
74
82
30
24
I6
21
apparatsscnt
nm,tr\
4.1
3.6
4.0
2.9
3.1
3.7
3.5
2.x
2.2
2.9
2.2
2.3
les nltratesl
1.9
2.0
1.4
1.5
1.5
1.7
1.3
I.2
1.2
I.1
I.4
2.0
90
90
92
82
96
96
91
x4
85
x9
82
x4
lcs
Batteries fix&ices a&ohxa (“,, de grams de terre posnlfs)
T = parcelles F = parcelles
TCmoin. trait&es.
Fongicides
54kme jour), la recolonisation du sol par les champignons est diljja bien avande tandis que les bactkries nitreuses reprennent leur activitk. Les diverses discussions statistiques ne sont Cvidemment valables que pour la comparaison des rksultats obtenus pour des Cchantillons de sols prklevks le m&me jour. I1 va de soi qu’il est impossible d’ktablir des rapprochements entre les rksultats des diffkrentes dates de prkkvement puisque les conditions climatiques entrainent constamment des variations des processus biologiques. 11 faut ajouter que cette absence de conskquence des traitements fongicides a ttt observke Cgalement g la rkolte dans des sols de texture diffkente (essais de 1973). --quel(s) que soi( le (les) produit(s) utilisk(s) pour les traitements -aussi bien aprb un seul traitement fongicide appliqut: B la montaison ou en fin de floraison qu’aprks deux pulvtrisations gknttralement effectukes & la montaison et B l’kpiaison. 11 est intkressant de remarquer que ces difkents rksultats rejoignent en partie ceux signal&s dans les quelques publications traitant des actions secondaires de ces m&mes produits de traitement. A ce sujet, k propos de cultures d’oeillets, Ponchet et Tramier ont signal6 d6s 1971 que le bknomyl ne crkait pas de “vide biologique” dans les sols trait&s. De leur cbtk Hofer et al. (1971), Raynal et Ferrari (1973) pensent Cgalement que le bknomyl ne perturbe pas I’Cquilibre de la microflore fongique, il aurait une action fongistatique mais non fongicide. Par ailleurs, Wainwright et Pugh (1974), dans des exptriences au champ, avec des doses doubles de celles utiliskes habituellement ont pu mettre en Cvidence pour plusieurs fongicides dont le bknomyl, une augmentation de l’azote ammoniacal, une diminution des nitrates ainsi qu’un accroissement des champignons, mais leur premier prCl&ement de sol n’avait lieu que 28 jours aprks le traitement et des modifications de microflore pouvaient ktre intervenues dans l’intervalle de temps. Des expkriences plus rkcentes des m6mes auteurs (1975) apportent en effet un compkment d’information et leurs rksultats d’ailleurs rejoignent les n6tres: aprb un traitement fongicide, diminution des champignons peu aprks l’application (troisikme jour) suivie d’une remontke parfois jusqu’g un niveau supkrieur g celui trouvk dans les ttchantillons tkmoin (1576me jour). Les exptriences de Van Faassen (1974) et de Siegel (1975) confirment Cgalement une absence d’action d’un traitement au bknomyl, sur la plupart des groupes microbiens; toutefois dans les sols trait&s, le premier auteur a constatk une augmentation d’azote minkral aprks 12 semaines d’incubation alors que ses expkriences in vitro r&laient pour des concentrations ClevCes de bknomyl, un retard de la transformation de I’ammoniaque en nitrite et une suspension de ta deuxikme phase de la nitrification. Quant au man&be, il inhiberait d’aprits Dubey et Rodriguez (1970) les bactitries nitreuses oxydant l’ammoniaque et non
245
et c&ales
celles agissant sur les nitrites, son action s’ajouterait done B celle du bCnomy1 pour la premikre phase de la nitrification. L’affaiblissement de l’activitk des bactkries nitreuses, dtcelir kgalement dans nos essais, est peut-&tre partiellement responsable, s’il appardt g une pkriode cruciale des besoins de la &kale en azote, d’une diminution des ressources azotkes de la culture et par suite d’un appauvrissement de la teneur en azote des vCg&taux trait&s, d’ailleurs d’autant plus accent& que la production de matikre s&he est souvent plus importante aprb un traitement fongicide entrainant ainsi une dilution plus grande de l’azote absorb&. Nos analyses v&g&tales des c&kales ont d’ailleurs frkquemment mis en kvidence des teneurs azotkes plus faibles dans les pailles trait&es. Par ailleurs, la dkcomposition des pailles enfouies, Cvaluke en fonction de la quantiti: d’azote minkral consommke par les organismes cellulolytiques, (SimonSylvestre, 1959), n’est pas affectke par les fongicides appliquks antkieurement quels que soient -1e produit utilist: -les modalitks de son application -la nature du sol expCrimentC. Remerciements-Les auteurs expriment leurs remerciements aux diffkrents services, publics et privks, pour les facilitks et l’aide qu’ils leur ont apportkes pour la rCalisation de cette &tude.
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