72e Congrès de la Société nationale franc¸aise de médecine interne, Tours, 10–12 décembre 2015 / La Revue de médecine interne 36S (2015) A100–A211
une anémie inflammatoire. L’échographie abdominale a décelé une ascite chez 5 patients, un épaississement des anses intestinales dans 2 cas, une hépatomégalie dans 5 cas et une splénomégalie dans 2 cas. La TDM thoraco-abdominale a mis en évidence une tuberculose intestinale chez 2 de nos patients en montrant dans le 1er cas, un épaississement pariétal du cadre colique, de la paroi rectale et du canal anal et dans le 2e cas, un épaississement douteux du cæcum. Elle montrait une hépatomégalie dans 4 cas et une splénomégalie dans deux cas. La colonoscopie a été faite chez 3 patients et a montré des ulcérations iléo-cæcales chez un patient, des ulcérations rectales chez un autre patient et était normale chez le dernier. La FOGD a été pratiqué chez 5 patients et était normale dans tout le cas. La ponction d’ascite a été pratiquée chez 5 patients souffrant de tuberculose péritonéale. Elle était à prédominance lymphocytaire dans 2 cas et à prédominance de polynucléaires neutrophiles chez 2 cas. Le liquide était exsudatif dans tous les cas. La recherche de BK dans le liquide d’ascite était négative dans tous les cas. Un patient avait eu une cœlioscopie et 5 patients avaient eu une laparotomie avec un aspect macroscopique évocateur de tuberculose dans 4 cas. Le diagnostic de tuberculose abdominale a été porté avec certitude dans 5 cas. L’étude anatomo-pathologique et la recherche de BK sur des biopsies péritonéales a montré des signes histologiques de tuberculose dans 5 cas. La recherche de BK était négative dans tous les cas. Dans le reste des cas, le diagnostic de tuberculose abdominale a été retenu devant un faisceau d’arguments de présomptions. Le traitement était basé sur les anti-tuberculeux dans tous les cas. La durée moyenne du traitement était de 9 mois. L’évolution initiale était favorable chez tous les patients. Un cas de décès et 2 cas de rechute étaient notés en rapport avec une tuberculose péritonéale. Conclusion Malgré le progrès des techniques d’imagerie et de la recherche bactériologique et l’apport de la laporoscopie et de la laparotomie, le diagnostic de tuberculose abdominale demeure difficile en l’absence de preuve histologique. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.10.035 CA025
La mastite tuberculeuse : à propos de deux observations
H. Zoubeidi ∗ , I. Rachdi , F. Daoud , L. Baili , Z. Aydi , S. Kochbati , B. Ben Dhaou , F. Boussema Service de médecine interne, hôpital Habib Thameur, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (H. Zoubeidi) Introduction Le Mycobacterium tuberculosis peut infecter tous les organes. Cependant, sa localisation au niveau de la glande mammaire n’a été que très rarement rapportée. Les signes cliniques et radiologiques de la mastite tuberculeuse manquent de spécificité et peuvent mimer en tout point la mastite carcinomateuse. Nous rapportons deux observations de mastite tuberculeuse. Résultats Observation 1 : une patiente âgée de 34 ans présentait un abcès du sein droit non amélioré par une antibiothérapie probabiliste. L’examen physique notait une tuméfaction sous-aréolaire droite avec un nodule thyroïdien gauche. La biologie montrait une hyperleucocytose à 11 300 éléments/mm3 sans autres anomalies. Le bilan thyroïdien était normal. L’échographie mammaire objectivait une plage hypoéchogène hétérogène sous-aréolaire droite non vascularisée au Doppler couleur sans adénopathies axillaires associées. Une mise à plat était pratiquée. L’étude anatomopathologique de la biopsie du sein montrait des remaniements inflammatoires abcédés pouvant cadrer avec une mastite granulomateuse sans signes histologiques de malignité. Dans le cadre du bilan étiologique, les sérologies syphilis, Wright, Widal, hépatite virale B et C étaient négatives. Le bilan phosphocalcique ainsi que l’enzyme de conversion de l’angiotensine et la biopsie des glandes salivaires étaient normaux. Les anticorps anticytoplasme
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des polynucléaires étaient négatifs. Le diagnostic de mastite tuberculeuse était retenu devant la notion de contage tuberculeux, une intradermoréaction à la tuberculine positive et l’aspect granulomateux à l’histologie. L’échographie cervicale objectivait un nodule solido-kystique lobaire inférieur gauche siège d’une calcification faisant 21 mm de grand axe. Il n’y avait pas d’arguments en faveur d’une autre localisation de la tuberculose. Un traitement anti-tuberculeux était instauré pendant une durée de 6 mois. La patiente a eu une lobo-isthmectomie gauche avec un curage ganglionnaire cervical. Il s’agissait d’un micro-carcinome papillaire. L’évolution était favorable sans récidive de la mastite. Observation 2 :Une patiente âgée de 55 ans était suivie pour un lupus érythémateux systémique (LES) avec une atteinte rénale et hématologique traité par corticoïdes et immunosuppresseurs. Elle avait consulté pour une tuméfaction bilatérale des deux seins. L’examen trouvait une tuméfaction de 7 cm de grand axe, dure, mobile, bien limitée, non douloureuse au niveau du sein droit ainsi qu’une tuméfaction de 4 cm de grand axe de même caractéristiques au niveau du sein gauche. Il n’y avait pas d’adénopathies axillaires. La biologie ne montrait pas de syndrome inflammatoire biologique. L’échographie mammaire montrait des lésions confluentes, hétérogènes, mal limitées hypoéchogènes au niveau des deux seins. La mammographie montrait deux lésions hypodenses irrégulières sans microcalcifications associées. L’examen anatomopathologique de la biopsie du sein gauche révélait des remaniements fibro-inflammatoires avec une stéatonécrose étendue sans signes de malignité. Toutefois, l’étude anatomo-pathologique de la biopsie du sein droit montrait une mastite granulomateuse avec des aspects de nécrose caséeuse. Le diagnostic de mastite tuberculeuse chez une patiente lupique était retenu devant l’aspect anatomopathologique et une intradermoréaction à la tuberculine positive. Il n’y avait pas d’arguments en faveur d’une autre localisation tuberculeuse. Un traitement anti-tuberculeux était prescrit pendant six mois. L’évolution était marquée par une disparition des lésions mammaires. Il n’y avait pas de poussée lupique concomitante. Conclusion Devant une mastite, il faut savoir évoquer l’origine tuberculeuse sans méconnaître la possibilité d’un carcinome mammaire sous-jacent. La certitude diagnostique est histologique. Sinon, le diagnostic peut reposer sur des arguments de présomption, notamment la notion de contage tuberculeux, la positivité des tests tuberculiniques et/ou du test au quantiféron, l’aspect granulomateux à l’histologie et surtout la bonne réponse au traitement anti-tuberculeux. Une immunodépression sous-jacente doit toujours être recherchée comme l’illustre nos deux observations. En effet, une pathologie tumorale et dysimmunitaire ont été diagnostiquées respectivement chez les deux patientes. Un suivi échographique et mammographique pendant une durée de deux ans est souvent proposé afin de s’assurer de l’amélioration des lésions sous traitement anti-tuberculeux. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.10.036 CA026
Le syndrome Canada Dry : une mycobactériose atypique déguisée en sarcoïdose M. Chauveau 1,∗ , F. Perrin 1 , A. Néel 1 , C. Agard 1 , C. Biron 2 , M. Hamidou 1 1 Médecine interne, CHU Hôtel Dieu, Nantes, France 2 Service de maladies infectieuses et tropicales, CHU Hôtel Dieu, Nantes, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Chauveau) Introduction Le diagnostic de sarcoïdose repose sur l’association d’un tableau clinico-radio-biologique compatible, la présence de granulomes épithélioïdes sans nécrose caséeuse, et l’exclusion des