La place du jeune enfant dans la société à travers l'évolution des pratiques de maternage

La place du jeune enfant dans la société à travers l'évolution des pratiques de maternage

J Pddiatr Pudricu#ure 1997; 10:121-125 © Elsevier, Paris ENFANTS ET SOCII TI la place du jeune enfant dans la soci t a travers I' volution des pr...

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J Pddiatr Pudricu#ure 1997; 10:121-125 © Elsevier, Paris

ENFANTS ET SOCII TI

la place du jeune enfant dans la soci t

a travers I'

volution

des pratiques de maternage S Parrat-Dayan Archives Jean Piaget, universit6 de Gen~ve, 18, route des Acacias, 1227 Acacias, Suisse

Regu le 19 a o f i t 1996 ; accept6 le 6 janvier 1997

C ,~ 'interroger sur la place,, de I'enfant dans la ~ I soci~t6 suppose que I on examine la representation des concepts d'enfance et de famille car la relation parents/enfants West pas un invariant universel mais elle se module selon les structures et les fonctions de la famille, dans une soci6t6 donn~e.

En Europe, Philippe AriSs oppose une famille traditionnelle dominde par la fonction de survie dconomique, une famille moderne, nde vers le X V I I I e si~cle, plus rdduite, et oh prime la fonction affective. Dans la famille traditiorlnelle, l'enfant ins&ait les parents dans le futur et leur donnait une place dans la communautd. Dans une socidtd oh la mort &air constamment prdsente, un h o m m e n'existait vraimenr que s'il avait des enfants. Le couple ne cherchait pas ~i avoir des gratifications affectives, mais l'ac&s fi un statut de membre ~t part enti&re de la communautd. La sociatisation de l'enfant &air rigoureuse e~ le devoir de l'enfant &ait l'obdissance. L'dducation se [aisait dans le cadre familial et l'enfant, &ant m~ld tr~s t6t au monde des adultes, il apprenait ?i devenir un h o m m e ou une femme sur le ms, C'est au xvuI ° si&cte que les riches et les notables commencent h se retirer de la rue pour vivre dans l'intimitd

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close et ordonnd de leurs appartements. Le sentiment nouveau de l'enfant apparait derriSre la cl6ture des appartements bourgeois. Dans cet univers va s'dpanouir une nouvelle sensibilitd faite de bonheur, plaisir et de sentiments privds. Dans ta famille moderne, l'idde de bonheur devient centrale. L'enfant sera progressivement surinvesti d'affectiorl, d'espoir er donc d'inqui& tude. L'dducation des enfants devierlt une prdoccupation f o n d a m e n t a l e . C'est ~i l'intdrieur de l'espace domestique que la famitle va s'organiser pour, par et autour de l'enfant, et qu'elte prdtendra pouvoir offrir le bonheur. L'enfant ne reprdsente plus un capital mais un cofit que les parents acceptent ou refusent. Mais lorsqu'ils ddciderlt d'avoir des enfants, ceux-ci auront alors le devoir d'etre parfaits. Lorsque les r61es fdminin et masculin s'accordaienr au modSle de la famille nuctdaire- ta femme s'occupant de la maison et des enfants et le pSre travaillant en dehors t'harmonie semblait dominer dans ta famille. Mais, dans une socidtd qui aspire fi t'dgalitd entre l'homme er ta femme et qui pr&onise aussi la rdussite, ta performance et l'dpanouissement personnel pour chaque membre de la familte, comme c'est aujourd'hui le cas de notre socidtd, le monde familial a des difficultds pour cohabiter en symbiose et sans frustrer personrle. Le pSre et la mSre veulent s'dpanouir dans teurs activitds 12

diverses sans culpabiliser et sans manquer l'&olution de leur enfant. Le statut de l'enfant change. I1 dolt grandir dans un climat favorable 5 son d&eloppement, tout en r@ondant aux attentes des parents. L'enfant est entourd d'affection mais il est lui-mdme pourvoyeur de joie pour tes parents. Or, tout en valorisant l'activitd rationnelle, notre soci&d occidentale actuelle surestime les comp&ences des bdb& et exige de lui des performances extremes. I1 s'impose alors une stimulation importante du bEbd, dans tousles aspects du d&eloppement et dans un climat de bonheur sans limites. Ceci exige un effort que pourraient d@asser les possibilit& des bdb& et une disponibilitd totale des parents, ce qui ne va pas sans complications. L'adulte, surtout la m&re, se rend compte qu'elle peut faire des erreurs dducatives qui auront une influence sur la personnalitE ultdrieure de l'enfanc Les psychologues, d'ailleurs, d~s les anndes 1940, avaient d@t commence 5 parler de ces m~res, mauvaises, anxieuses, hostiles, angoissdes, rejetantes, surprotectrices, agressives et, par consdquent, provocatrices des maladies chez l'enfant. Comment concilier, dans ces conditions, l'enfant, la m&re et le pdre ? Les parents se tourneront, comme on leur avait dEj5 propose au xvln ~ si~cle, vers les livres de pu&iculture. Aujourd'hui, il n'y a jamais eu autant de litt&ature sur le sujet. Ces livres sont Ecrits ?i l'intention des parents pour les aider ?i s'occuper des enfants et les Eclairer sur les besoins suppos& des bdbds. Ils avancent des conseils concernant les pratiques de maternage. Nous pensons que l'analyse des pratiques proposEes ainsi que celle du contexte socioculturel dans lequel dies s'intdgrent offrent une clE permettant de saisir quelle est la place de l'enfant dans la soci&d, ou du moins celle qui est pr& sent& par les diff&ents auteurs. Le sort rdel de l'enfant, sa place dans le monde des adultes sont lids ~ l'image que eeux-ci se font de l'enfant. L'&ude des variations de cette image est en &roite relation avec la variation des comportements.

dans des voles consid&&s par ces soci&& comme convenables et desirables. Ces ~ niches ~ de d&eloppement, comme les appellent Supper et Harkness [10], sont form&s par l'ensemble de conditions mat&idles et morales propres ~i chaque groupe humain et, par consdquent, par les repr&entations iddalisEes d'elles-memes que ces soci&ds projettent dans le cours de la socialisation des jeunes. Si les pratiques de maternage, que constituent des El& ments de ces niches de d&eloppement, pouvaient &re consid&&s comme universelles (toutes les soci&ds ont des m&hodes pour endormir les enfants, pour l'alimenter, le baigner, l'endormir, etc), la plupart des reprdsentations concernant ces pratiques sont dminemment variables. C'est cette variabilitd que ddcouvre le X V I I I e slide europ&n, notamment grfice aux rdcits des voyageurs, et qui conduit ~tconsid&er l'enfance - par consdquent les pratiques de maternage - comme un objet d'&ude naturel parmi d'autres possibles. Ainsi, nous pouvons affirmer que le fameux toumant du X V I I 1 e sidcle ne serait plus celui de la ddcouverte du sentiment de l'enfance et de la famille, comme le dit Arids [1] mais celui de l'invention de l'enfance comme sujet d'investigation scientifique. Les premiers signes de ce changement se situent autour du xvI e sidclel C'est alors que l'dmergence de l'individualitE, la concentration urbaine et la nouvelle vision du monde que cela entraine, feront apparaltre une nouvelle sensibilitd 5 l'dgard de l'enfant. On s'intdresse bien plus qu'avant ~t sa santE, et on le dic Cet intdr& est Evident dans les livres de pudriculture. Dds leur parution, ces livres sont les outils avec lesquels les mddecins entreprennent l'enseignement des conduites enfantines et des gestes maternels. La pu&iculture apparalt comme un phEnom&ne d'acculturation dans ce sens qu'elle suppose la prdsence de deux cultures h&&og&nes (celle des femmes, empirique et celle des mddecins de plus en plus rationnelle), et la domination de l'une par l'autre. La place de l'enfant sera diff&ente selon la conceptualisation que les mddecins se feront de la relation m~re/enfant.

aU XVI e

|es pratiques de maternage et les - niches ,, de d~veloppement Nous allons suivre l'&olution des pratiques de maternage ~i partir du moment off les livres de pudriculture apparaissent et nous allons montrer comment la notion d'enfance prend place 5 l'int&ieur de v&itables niches dcologiques et conceptuelles que sont les milieux sociaux et culturels adultes qui tendent 5 canaliser l'enfant 122

siecle

En 1565, le livre de VaUambert, le premier livre de pu& riculture, est dcrit en fran~ais. I1 n'y a pas, au xvxe si~cle, de coupure avec le savoir traditionnel. Vallambert [12] centre son discours sur la bonne entente qu'il faut entre la nourrice et le nourrisson, entente n&essaire fi maintenir l'Equilibre entre les humeurs. Ainsi, il dit : ~ si (la m~re) est delicate, qui ne peut pas &re disponible pour te baigner, l'alimenter, l'apaiser au moment off le bdbE pleure, si clle ne supporte

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pas les odeurs de l'enfant, il vaut mieux choisir une nourrice ~. Vallambert insiste sur les soins attentifs qu'exigent les premiers mois. Une nourrice ne dolt pas ennuyer Fenrant. C'est pour cela qu'elle dolt le dorloter, le caresser, le traiter doucement, danser avec lui, le tenir dans ses bras, lui donner <~la mamelle ~. Vallambert suit la mddecine hippocratique selon laquelle il y a une rdelle communication des affections du corps 5 l'fime et de Fame au corps. La place des enfants dans la soci&d commence ~ devenir perceptible par le fait que les mddecins veulent les prendre en charge. L'espace qui leur est rdservd est celui des soins recouvrant celui de la nourrice qui devra respecter, dans toutes les pratiques effectu&s, la rSgle de la juste mesure : ni trop, ni trop peu.

a u X V l l l e sit~cle Au X V I I I e si&le, les livres de pudriculture se multiplient. L'dducation des enfants commence ~t &re tr~s inspirde par la litt&ature. La nouvelle mddecine tente de prdvenir les maux physiques et moraux par l'hygi&ne. C'est par celle-ci qu'oi~ pourra conserver la santd des enfants, ce qui entralne l'&ude de leur milieu de vie et conduit ~tla mise en accusation des pratiques ancestrales des nourrices. On disqualifie les nourrices au profit des mddecins et on crde ainsi un mo&le qui est encore actuel : la vdritable protection de l'enfant n'est pas assurde par la famille mais par le couple mddecin/m~re. Seul le mddecin peut ramener l'dquitibre des humeurs. Les nourrices et les m~res n'&ant pas scientifiques, elles doivent &outer le mddecin. Dans ce meme si&le, Rousseau va proposer la philosophie qui convient aux changements mddicaux et sociaux du temps. La soci&d civile vole en ddats et la famille se renforce. La soci&d est pr&e fi entendre le discours de Rousseau : amour romantique, mariage, paternitd assum&, vie de famille comme lieu obligd de tendresse et d'affection rdciproque, mais aussi d'intimitd secr&e. Le rejet des nourrices et la critique de leurs pratiques (emmaillotement, bain, alimentation, propretd, exercices, endormissement) comme &ant barbares et stupides vont permettre aux m~res de se familiariser avec les soins 5 porter aux enfants [4-9]. <
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devient une fonction naturelle. La plupart des mddecins vont faire confiance ~ la nature. Pour dviter aux enfants une mauvaise dducation, origine de toutes les maladies, il faudrait hisser faire la nature. Cependant, chez certains mddecins, cette foi dans ta nature commence 5 s'&anouir au profit d'une ind&ermination de cdle-ci. Appara/t t'id& que le tempdrament, le caract&e, les aptitudes intetlectuelles et morales des enfants ne sont pas prdddtermin&. L'dducation peut les modifier. La place de l'enfant dans la soci&d se trouve 5 l'endroit meme de Ia relation m~re/enfant en tant que fonction naturelle, mais elle se loge aussi ~il'int&ieur de la relation m~re/mddecin. En r~alitd, la m~re et le mddecin sont les v&itables agents de protection de l'enfant. L'espace attribud ~ l'enfant est celui de la famille, la maison. Mais l'int&ieur de la maison, l'enfant, mis ~i part son berceau, n'a pas encore d'espace propre. La place de l'enfant dans la socidtd acquiert au KWhe si~cle une importance fondamentale. En effet, la conception philosophique de Rousseau, &out& par les adultes du milieu bourgeois, change le sens du regard que l'on porte ~i l'enfant. Celui-ci devrait, maintenant, rdvdler aux parents ce qu'est le comportement de l'homme naissant, naturellement bon. Et ce sont alors les adultes, les parents, qui doivent se remettre en question. Comment ? En veillant ~i ce que l'dducation ne pervertisse pas l'enfant. Pour ce faire, les adultes doivent observer, <~dpier ,~ l'enfant, comme le disait Rousseau, car c'est l'enfant lui-meme qui leur fournira la dd de ce qui est le bon d&eloppement.

au XIX e

si cle

, t . ^ medmal s~,~mpose... A- la fin du xIxc si&le, grace g e savolr

aux progr&s de l'hygi~ne et aux ddcouvertes de Pasteur, les mddecins savent s'attaquer aux microbes. De ce fait, ils acqui&rent du pouvoir et du prestige. Ils peuvent alors imposer aux m&res des r~gies de conduite, ce qu'ils font en s'appuyant sur le mod&te de l'hygidnismeo Mais te discours mddical ne donne plus de place 5 l'enfant. L'ac' 1 ace vers les meres. Le grand absent des livres cent se dep de pu&iculture du ~ si~cte est le bdbd qui est consid&d comme un tube digestif qui crie, dort et mange. Au x~x~ si&le, c'est la science qui organise la relation m&re-enfant. Le mot pudriculture, qui apparait en ce si&le sous la plume du docteur Caron [3], est explicite. [1 s'agit de rompre avec l'empirisme traditionnet, d'acqu&ir des comp&ences fonddes sur la science et d'interposer entre la re&re et t'enfant le pouvoir mddical. Les mddecins vont entreprendre l'dducation des m~res dont la base rdside dans la rdgularitd [4, 7]. II s'agit de tout chronom&rer : horaires, quantitds pesdes et ceci par rap] 23

port i routes les pratiques maternelles : alimentation, propretd, sommeil. M e m e l'affectivitd sera dosde. Trop cajoler l'enfant le g~te, diront-ils. Ainsi, apr~s avoir convaincu les m~res de l'importance des sentiments maternels, on essaie de leur faire croire que leur nature dmotionnelle ne convient plus ~i celle de l'enfant. Le contact physique est par consdquent aussi fi dviter. On ne bercera plus l'enfant, on ne l'dcoutera plus, on ne lui chantera plus, on ne lui parlera plus. )t se demander vraiment s'il existe... D u reste, comme nous l'avons dit, ce sont les m~res, et plus les bdbds, les vrais sujets dont on parle dans les livres. Quelle place p o u r l'enfant dans ce m o n d e que l'ignore ? La maison, bien stir, mais ~i l'intdrieur de la maison on commence fi parler de la chambre de l'enfant. Celle-ci, comme son berceau (qui se transforme en un petit lit fixe), seront compl&tement nus et vides d'objets et de personnes. Ils seront juste ~i la mesure des normes adultes des mddecins, qui sont intdressds ~i promouvoir la propretd, et l'autonomie de l'enfant. C'est qu'au xIx e si~cle, on veut des enfants bien portants et surtout des enfants bien dlevds. I1 s'agit, d&s lots, de leur faire prendre le plus t6t possible des bonnes habitudes, soumettre l'existence biologique ~t des rdgularitds sociales et l'enfant l'autoritd de l'adulte. O n conseille de traiter l'enfant comme un objet dans l'espoir que, plus tard, il fonctionnera en accord avec la soci&d industrielle alors en plein essor.

partir des ann es 1950 La pu&iculture organise le ddveloppement de l'enfant. La rdfdrence ?i la psychologie contribue ~i un assouplissement des r~gles anciennes. Les dressages inadaptds c~dent la place aux <~nouveaux besoins de l'enfant, et la souplesse devient la r&gle de la nouvelle pudriculture. Toutes les pratiques maternelles deviennent des moments particuliers et privildgids, des moments de plaisir entre la m~re et l'enfant. O n prendra maintenant les bdbds dans les bras, m~me s'ils ne pleurent pas ; on les massera en suivant Shantala ; on leur chantera des chansons ; on leur parlera et ceci meme avant la naissance ; on ne fera plus attention ~ l'apprentissage de la propretd. Pour favoriser l'attachement, ils pourront m~me dormir dans un grand ~ lit familial ,. Progressivement commence la course ~il'apprentissage de la lecture et des mathdmatiques et la fureur pddagogique n'aura plus de limites. Ainsi, le docteur Van de Carr crde aux l~tats-Unis, en 1979, l'Universitd prdnatale ! [1 t]. En cette fin de xx e si&cle, les enfants sont prdsents et bien prdsents. Mais quelle place ont-ils dans la socidtd ? Quelle place ont-ils ~il'intdrieur de la famille, off ils sont 124

devenus des biens prdcieux et rares et remplissant une fonction exclusivement narcissique ? Quelle place ont-ils dans une famille qui aspire 5 l'dpanouissement de tous ? L'anxidtd des parents, qui n'a pas cessd d'augmenter et qui peut se justifier dans la vie actuelle par d'autres raisons (le ch6mage, la violence ou l'insdcuritd socio&onomique) que celles en rapport avec les pratiques dducatives, incite les parents, avec les conseils des spddalistes, ~i une surprotection dducative et affective de l'enfant. Cependant, on veut aussi un enfant autonome, partenaire de l'adulte. Que faire et comment faire avec les enfants ? L'ambigu'/td de l'enfant ne cesse pas d'&re ~ l'ordre du

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our.

Celle-ci se retrouve ~i travers la demande des creches. Si celles-ci obligent l'enfant ~i une autonomie prdcoce, elles permettent aussi une rencontre avec d'autres enfants favorisant l'dchange. Offrent-elles la bonne solution ? I1 est vrai que la demande des creches provient tout d'abord des parents qui travaillent et que celles-ci leur offrent une solution dvidente. Cependant, certaines m~res prdf~rent, m~me si elles ne travaillent pas, que leurs enfants soient pris en charge dans ces institutions. Elles argumentent, textes 5 l'appui, en disant que l'enfant sera mieux socialisd ~i la creche. Prdf~rent-elles s'exprimer ainsi, plut6t que d'avouer la solitude insoutenable dans laquelle elles se trouvent avec leur enfant ? Et peut-&re elles ont raison, car plusieurs de ces m~res finissent par cesser de parler ~i leur enfant qui n'apprend meme plus ~l s'exprimer. Quelle place dans la socidtd pour un enfant qui ne remplit qu'une fonction narcissique et qui ferme le couple sur lui-meme ? Quel est l'environnement dans lequel nait, grandit et se socialise l'enfant ? C'est la demande par les parents d'institutions d'accueil du jeune enfant, par les parents, qui va gdndrer une discussion sans limites, par rapport ~ ce probl~me. La question de Bianka Zazzo qui a dcrit un livre intituld L'dcale 2z deux a n s : oui ou non est toujours d'actualitd et pas toujours bien rdsolue [13]. Diffdrents arguments s'affrontent. Certains parents, et spdcialistes, pensent que la creche est fondamentale pour la socialisation de l'enfant, d'autres sont convaincus que c'est l'endroit off l'enfant pourra acqudrir des connaissances en le prdvenant ainsi d'un dchec scolaire ultdrieur. Enfin, a contrario on imagine qu'on peut prdvenir l'expdrience douloureuse de l'dchec scolaire prdcoce en dvitant "5l'enfant la frdquentation de la creche et de l'dcole maternelle (!). Bien que plusieurs spdcialistes parlent encore de l'importance de la prdsence maternelle pour le ddveloppement de l'enfant, il n'est pas sans intdr& de remarquer que bien souvent cette prdsence n'est plus discutde ni meme mentionnde. Le probl~me important &ant plut6t celui du lieu meme de socialisation de l'enfant, alors JOURNAL DE P#DIATRIE ET DE PUERICULTURE n°2 - 1997

qu'aucune dtude a ddmontrd que les modes de garde extdrieure ou la frdquentation de l'dcole d~s le plus jeune age soient prdjudiciables ~ l'enfant. Le discours s'est ~i nouveau ddplacd vers l'enfant.

Cependant, ce qui reste probldmatique aujourd'hui est la prise de conscience collective concemant l'accueil de l'enfant et de la m~re ensemble, ~i l'intdrieur de la citd.

toire du sommeil chez I'enfant. J P6diatr Pu6riculture

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