La radiologie interventionnelle : le chaînon manquant dans la prise en charge du cancer

La radiologie interventionnelle : le chaînon manquant dans la prise en charge du cancer

Journal de Radiologie Diagnostique et Interventionnelle (2014) 95, 247—248 ÉDITORIAL La radiologie interventionnelle : le chaînon manquant dans la p...

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Journal de Radiologie Diagnostique et Interventionnelle (2014) 95, 247—248

ÉDITORIAL

La radiologie interventionnelle : le chaînon manquant dans la prise en charge du cancer夽

La radiologie interventionnelle prend progressivement une place de plus en plus importante dans nos pratiques, et n’est plus réservée à quelques équipes hyperspécialisées. Nos Journées franc ¸aises de radiologie sont ainsi devenues naturellement les Journées franc ¸aises de radiologie diagnostique et interventionnelle. En parallèle, notre journal est devenu le Journal de radiologie diagnostique et interventionnelle, et personne ne s’en est ému. La cancérologie est l’un des domaines qui a le plus bénéficié des nombreux progrès réalisés en radiologie interventionnelle. Le 3e plan cancer présenté récemment par le président de la République en est un bon exemple, lanc ¸ant un signal fort aux équipes en préconisant une revalorisation des actes de radiologie interventionnelle et une augmentation du temps scanner et IRM dédié à l’interventionnel. Parmi les nombreuses procédures de radiologie interventionnelle réalisées en cancérologie, citons les biopsies guidées par l’imagerie, les chimio-embolisations et la radio-embolisation, les destructions tumorales percutanées (DTP), la prise en charge des douleurs rebelles et bon nombre de poses de sondes de gastrostomie ou de prothèses. Deux articles de ce numéro du Journal mettent en lumière des innovations importantes en radiologie interventionnelle cancérologique. Le premier d’entre eux concerne la planification, le guidage et la navigation en scanner interventionnel1 . Depuis de nombreuses années, il est possible dans une salle d’angiographie de naviguer facilement dans des volumes 3D, à l’aide d’un pupitre dans un environnement stérile. Il n’est plus envisageable de débuter une procédure complexe sans l’avoir planifiée, sans avoir à disposition en salle d’examen les images de référence, et sans avoir accès rapidement aux dernières séries acquises sur des examens antérieurs (scanner, IRM, échographie). Jusqu’à maintenant, le scanner était très en retard, faute de systèmes interactifs permettant de manipuler facilement les images, car les constructeurs avaient

DOIs des articles originaux : http://dx.doi.org/10.1016/j.diii.2014.03.001, http://dx.doi.org/10.1016/j.jradio.2013.08.005. 夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc ¸aise de cet article, mais celle de l’article original paru dans Diagnostic and Interventional Imaging, en utilisant le DOI ci-dessus. 1 Iannessi A. et al. « Interface de reconnaissance gestuelle dédiée à la radiologie interventionnelle », pages 334—338. http://dx.doi.org/10.1016/j.jradio.2014.03.001 2211-5706/© 2014 Éditions franc ¸aises de radiologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

248 délaissé cet aspect technique sur des équipements qui ne sont utilisés que trop partiellement pour une activité de radiologie interventionnelle. Or, il existe désormais des outils simples et robustes permettant de nombreuses interactions avec les écrans. L’interface de reconnaissance gestuelle présentée dans cet article dérive directement des consoles de jeux, bien connues des plus jeunes. Elle permet la réalisation facile de 10 gestes de base utilisés en radiologie interventionnelle sous scanner, comme la navigation dans les séries d’images et les reformations. Elle facilite la planification du geste interventionnel, le repérage du trajet pour accéder à la cible et le contrôle per- et post-intervention. Le second article concerne les ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU) guidés par IRM, une technique qui, dans cette étude, est utilisée pour traiter les métastases osseuses douloureuses2 . Cette technique d’ablation tumorale localisée met à profit l’absorption très élevée des ultrasons par le tissu osseux, comparativement aux tissus mous. L’IRM permet de cibler très précisément et de dénerver le périoste envahi par la tumeur, responsable de la symptomatologie douloureuse. Cette approche est différente des autres techniques qui sont la radiothérapie, la cryothérapie ou la radiofréquence, qui ciblent plutôt la métastase dans sa totalité. La contrainte actuelle est la

2 Iannessi A. et al. « Thermo-ablation par ultrasons focalisés de haute intensité guidés par l’IRM, un traitement local prometteur en oncologie »; pages 339—344.

Éditorial durée de la procédure d’ablation par HIFU, proche de deux heures. Si l’efficacité de la technique est confirmée par des études cliniques, sa réalisation en routine ne passera que par une valorisation de l’acte à la hauteur du temps passé, de l’investissement, mais aussi par la libération de plages dédiées à l’IRM interventionnelle. Le Village Interventionnel, qui est devenu un point de rencontre incontournable des Journées franc ¸aises de radiologie, permet de découvrir de nombreuses innovations déjà disponibles et celles qui se préparent. Le Journal de radiologie diagnostique et interventionnelle s’en fera le relais, en encourageant et sollicitant la publication d’articles originaux ou de mises au point sur cette thématique.

Déclaration d’intérêts L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. E. de Kerviler Service de radiologie, hôpital Saint-Louis, AP—HP, 1, avenue Claude-Vellefaux, 75475 Paris cedex 10, France Adresse e-mail : [email protected]