Latéralité podale et détente verticale chez le footballeur de haut niveau

Latéralité podale et détente verticale chez le footballeur de haut niveau

Science & Sports (1992) 7, 123-124 123 © Elsevier, Paris Note br~ve Lat6ralit6 podale et d6tente verticale chez le footballeur de haut niveau Y Gu...

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Science & Sports (1992) 7, 123-124

123

© Elsevier, Paris

Note br~ve

Lat6ralit6 podale et d6tente verticale chez le footballeur de haut niveau Y Guillodo 1, P S6bert 2, L Barth616my2 l M~decin du stade Brestois 29, 132, rue de Verdun 29200 Brest; 2 Service d'EFR Lavoisier, CHR U A-Morvan, 29200 Brest, France

Introduction

Protocole

Le test de d6tente verticale (DV) r6alis6 au laboratoire est particuli6rement int6ressant. En effet, de r6alisation simple et non fatigante, il est un bon reflet d'une situation de terrain (basket-ball, volleyball, jeu de t~te au football...) et permet l'estimation de la puissance sp6cifique du m6tabolisme ana6robie alactique (ce qu'aucun autre test ne permet). R6cemment, S6bert et al (1990) ont mis au point un syst6me simple et peu cofiteux permettant de quantifier la DV: dur6e et vitesse du saut, hauteur de la d6tente, puissances maximale et moyenne d6velopp4es. L'application de cette technique l'6tude de la lat6ralit4 podale chez le footballeur de haut niveau est une suite logique ~t un pr6c6dent travail concernant le footballeur gaucher et ses particularit6s (Guillodo, 1990). Le but de ce travail est de r6pondre ~t la question: existe-t-il une corr61ation entre la lat6ralit6 podale et les caract6ristiques de DV (puissance, hauteur) de chacun des membres inf6rieurs.

Apr6s les mesures biom6triques, le test est r6alis6 par le sujet et consite h faire des DV dans trois conditions (ordre au hasard): appui droit, appui gauche, appui bipodal. Pour chaque condition, quatre DV sont r6alis6es, s6par6es d'au moins 1 minute, la meilleure &ant la seule retenue. A n a l y s e des donn~es

La signification statistique des r6sultats est 6valu6e au seuil de 5°70 par un test t de Student. Les valeurs pr6sent6es sont les moyennes + l'erreur standard ~t la moyenne (X + SEM).

R4sultats

Le tableau II pr6sente les r6sultats globaux des deux populations et les valeurs group6es en fonction du pied d'appel (PA) et du pied controlat6ral (nPA). Comparaison des gauchers p a r rapport aux droitiers

Mat6riel et m6thodes

Sujets Vingt-quatre footballeurs de niveau national (division 1 et 3) se r6partissant en 15 droitiers et neuf gauchers (tableau I); la lat6ralit6 &ant d6finie par le pied pr6f6rentiel pour la frappe de balle et le dribble. Mais il faut insister sur la diff6rence, en mati6re de lat6ralit6 podale, entre ce pied dominant (pr6f6rentiel pour les gestes techniques) et le pied d'appel (PA) pour les impulsions. Mesures

La DV est mesur6e ~t l'aide du syst~me mis au point et d6crit par S6bert et al (1990) qui permet l'enregistrement du saut et donc la mesure de ses caract6ristiques spaciales et temporeUes. Le saut est r6alis6 sans 61an, bras libres.

Les gauchers sont plus petits et plus 14gers que les droitiers mais la diff6rence n'est pas significative.

Tableau I. Valeurs pr6sent6es: moyenne _+ SEM.

N

Droitier

15

Gaucher

9

Age (an)

18,5+ 0,41 19,8+ 1,40 NS

Masse PA PA corporelle Taille gauche droit (kg) (m) (n) (n)

70,2 + 1,40 66,4 _+ 1,74 NS

1,77 ___ 0,01 1,73 + 0,01 NS

9

6

3

6

Y Guillodo et al

124 Tableau

II. R6sultats des deux populations.

Appui bipod

Appui droit

DV (cm) Appui gauche

Appui PA

Appui nPA

Appui bipod

Puissance maJdmale (W/kg) Appui Appui Appui droit gauche PA

Appui nPA

Droitier

50,0 1,46

37,1 1,89

38,4 1,21

40,6 1,20

34,9 1,46

34,0 1,06

25,3 1,03

25,3 1,23

25,8 1,15

24,8 1,10

Gaucher

51,7 1,58

38,7 0,92

35,8 1,67

39,9 0,74

34,6

34,3 0,95

29,1 1,51

26,7 1,92

30,1 1,32 S

25,0 1,83

Par contre, le membre du PA des gauchers est significativement plus puissant que celui des droitiers (P < 0,05). P o u r chaque p o p u l a t i o n

La DV et la puissance sont fort logiquement, sup6rieures en appui bipodal. La diff6rence, pour la DV, entre l'appui P A e t nPA est tout aussi logique. Mais seuls les gauchers d6veloppent une puissance significativement sup6rieure avec le membre du P A par rapport ~t celui du nPA (P < 0,05).

1,37

droitier d6veloppe pratiquement la m~me puissance entre le P A e t le nPA. Mais la puissance est proportionnelle h la vitesse; c'est elle, plus grande pour son PA, qui permet au gaucher de d6velopper une puissance sup6rieure. Bien que les qualit6s de vitesse de contraction musculaire soient surtout inn6es, les qualit6s sp6cifiques du gaucher sont probablement acquises, On peut penser que celui-ci privil6gie son PA pour toutes les impulsions quelles que soient les situations de jeu et les positions sur le terrain. Le droitier, plus ambipode pour les impulsions, n'induirait pas cette athl6tisation diff6rente des membres inf6rieurs.

Discussion

La lat6ralit6 du footballeur est d6finie par son pied pr6f6rentiel (ou dominant) pour la frappe de balle. Mais, comme tout athl6te, il privi16gie un membre inf6rieur pour les impulsions (hauteur et/ou longueur) : c'est le P A qui est assez souvent le pied qui ne frappe pas le ballon (Chapman, 1987). Le footballeur gaucher de haut niveau se distingue par : - sa sur-repr6sentation; environ 20% des footballeurs professionnels sont gauchers de pied contre seulement 10% de la population g6n6rale; cette surrepr6sentation n'est pas homogbne sur le terrain mais <>: environ 30% des footballeurs gauchers sont des avants (attaquants) contre 12% d'arri6res (d6fenseurs) (Guillodo, 1992); - sa faible <>, sur le plan technique, par rapport ~t son homologue droitier; - sa formule de lat6ralit6; 80% sont droitiers de main (Guillodo, 1990). I1 se distingue donc aussi par son in6galit6 de puissance entre le P A et le nPA et par sa sup6riorit6, sur le droitier, au niveau du PA. La hauteur n'explique pas ces diff6rences; en effet, pour des DV significativement diff6rentes, le

Conclusion

Cette 6tude confirme la simplicit6 pratique de ce syst6me de mesure de d6tente verticale et l'importance de la quantification de la vitesse du saut. L'asym6trie trouv6e chez le footballeur gaucher devra ~tre v6rifi6e sur un plus large 6chantiIlon et en homog6n6isant autant que possible les caract6ristiques biom6triques des sujets (poids, taille).

R6f6rences

Chapman J P, Loren L J, Allen JJ (1987) The measurement of foot preference. Neuropsychologia 25,579-584 Guillodo Y (1990) Le footballeur gaucher (lat6ralit6 podale chez le footballeur professionnel). Cindsiologie 134, 347-350 Guillodo Y (1992) Incidence de la lat6ralit6 podale sur la technique de jeu du footballeur professionnel. Sport Mdd Actualitds (~t paraRre) S6bert P, Barth616my L, Dietman Y, Douguet C, Boulay J (1990) A simple device for measuring a vertical jump : description and results. Eur J A p p l Physio161, 271-273