Le centre de transfusion, le donneur de sang et le sang donné dans les pays d’Afrique francophone

Le centre de transfusion, le donneur de sang et le sang donné dans les pays d’Afrique francophone

Transfusion Clinique et Biologique 16 (2009) 431–438 Article original Le centre de transfusion, le donneur de sang et le sang donné dans les pays d’...

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Transfusion Clinique et Biologique 16 (2009) 431–438

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Le centre de transfusion, le donneur de sang et le sang donné dans les pays d’Afrique francophone The transfusion center, the blood donor and the given blood in francophone African countries C. Tayou Tagny a,*, A. Diarra b, Rakia Yahaya c, M. Hakizimana d, A. Nguessan e, G. Mbensa f, Yacouba Nébié g, H. Dahourou h, J.-B. Tapko i, C. Shiboski j, E. Murphy k, J.-J. Lefrère l,m a

Département d’hematologie, faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé-I, BP 4806, Yaoundé, Cameroun b Centre national de transfusion sanguine, Bamako, Mali c Centre régional de transfusion sanguine, Niamey, Niger d Centre national de transfusion sanguine, Kigali, Rwanda e Centre régional de transfusion sanguine, Daloa, Cote d’Ivoire f Clinique universitaire de Kinshasa, Congo g Centre national de transfusion sanguine, Ouagadougou, Burkina-Faso h Centre régional de transfusion sanguine, Bobo-Dioulasso, Burkina-Faso i Bureau régional Afrique, Organisation mondiale de la santé, Brazzaville, Congo j Université de Californie, San Francisco, États-Unis k Blood System Research Institute, université de Californie, San Francisco, États-Unis l Institut national de la transfusion sanguine, Paris, France m CHU d’Amiens, Amiens, France Disponible sur Internet le 26 septembre 2009

Résumé En Afrique francophone subsaharienne, la connaissance de l’organisation et du fonctionnement des structures transfusionnelles, ainsi que celle des caractéristiques du donneur de sang, sont essentielles pour le choix des stratégies visant à améliorer la pratique transfusionnelle et la sécurité des produits sanguins labiles sur le continent. La présente étude a reposé sur une enquête menée en partenariat avec à des centres de transfusion de sept pays d’Afrique francophone (Burkina-Faso, Cameroun, Congo, Cote d’Ivoire, Mali, Niger, et Rwanda). Les résultats ont montré qu’à côté d’incontestables et significatifs progrès réalisés dans le domaine de l’organisation et de la sécurité, beaucoup reste à faire, au cours des prochaines années, pour améliorer l’organisation des centres, l’approvisionnement en produits sanguins, et la sécurité infectieuse et immunohématologique. Ces évolutions, pour l’instant encore freinées par des ressources financières limitées, une formation insuffisante du personnel et des obstacles culturels, passeront nécessairement par la poursuite des efforts conjugués des scientifiques, des partenaires internationaux et des gouvernements locaux. # 2009 Publié par Elsevier Masson SAS. Mots clés : Centres de transfusion ; Donneurs de sang ; Afrique francophone subsaharienne ; Sécurité transfusionnelle

Abstract In subsaharan Africa, knowledge of the organization and methods of transfusion centers, as well as blood donor characteristics, is essential in choosing strategies to improve transfusion practices and the security of blood products on this Continent. The present study was based on a analysis led in partnership with the transfusion of seven francophone African countries (Burkina-Faso, Cameroon, Congo, Ivory Cost, Mali, Niger, and Rwanda). The results showed that withstanding significant progress has been realized in the organization and safety, but much remains to be undertaken over the years to come in order to improve the organization of the centers, the providing of blood products and the infectious and

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Tayou Tagny). 1246-7820/$ – see front matter # 2009 Publié par Elsevier Masson SAS. doi:10.1016/j.tracli.2009.07.005

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immunohematologic safety. This evolution, for the moment, is limited by the financial resources, insufficient training of personnel and cultural obstacles, but will necessarily pass through the pursuit of conjugated efforts of the scientific, international and local communities. # 2009 Published by Elsevier Masson SAS. Keywords: Blood centers; Blood donors; Francophone Sub-Saharan Africa; Blood safety

1. Introduction La sécurité transfusionnelle en Afrique est l’une des priorités des programmes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis l’adoption d’une stratégie pour l’Afrique en 2001 [1]. Cette stratégie repose sur quatre objectifs à atteindre en 2012 :  tous les états membres devront avoir effectué une analyse de la sécurité transfusionnelle dans leur pays ;  au moins 75 % des pays devront avoir élaboré, adopté et mis en œuvre une politique nationale de transfusion sanguine ;  100 % des unités de sang devront être testées pour le VIH et les autres agents infectieux transmissibles par la transfusion ;  au moins 80 % des dons de sang effectués dans tous les pays de la région devront provenir de donneurs volontaires et non rémunérés [2]. Pour apprécier le niveau actuel de réalisation de ces objectifs, un état des lieux de l’organisation et du fonctionnement des structures de transfusion sanguine dans les pays d’Afrique francophone peut être contributif. En raison du contexte épidémiologique africain, marqué par une plus grande prévalence des pathologies héréditaires du globule rouge, des malnutritions, des anémies et des maladies infectieuses endémiques [3–8], l’analyse et la compréhension des particularités du donneur de sang, très différentes de celles des autres régions du globe, sont également essentielles à une planification et une organisation optimales de l’approvisionnement en sang, de la gestion des stocks de produits sanguins, des stratégies de leur préparation et de leur qualification, enfin de la sécurité immunologique et infectieuse des produits délivrés [9,10]. Cela est d’autant plus crucial que les réserves en produits sanguins sont souvent déficitaires dans de nombreux pays du continent africain. Nous rapportons les résultats d’une étude multicentrique sur l’organisation actuelle des centres de transfusion et les caractéristiques des donneurs de sang de l’Afrique subsaharienne francophone. Ces résultats sont présentés en complément des données officielles communiquées aux organisations internationales par les autorités gouvernementales de chaque pays. 2. Méthodologie Les structures transfusionnelles de sept pays d’Afrique subsaharienne francophone ont participé à l’étude : deux pays d’Afrique centrale (Cameroun, Congo), quatre d’Afrique de l’Ouest (Niger, Mali, Cote d’Ivoire, Burkina-Faso) et un d’Afrique de l’Est (Rwanda). Les informations demandées étaient ciblées sur les archives, l’expérience et le fonctionnement

des centres participants pour l’année 2007. Le questionnaire adressé aux centres participants avait été élaboré en vue de l’obtention de données objectives dans deux domaines spécifiques :  l’organisation transfusionnelle du pays :  organisation administrative, technique et financière : – existence d’un programme national de transfusion et date de mise en place de ce programme, – services offerts par l’institution (administration, gestion des donneurs, approvisionnement en sang, qualification biologique, préparation et distribution des produits sanguins), – proportion du personnel ayant reçu une formation spécifique en transfusion, – existence de procédures opératoires standardisées écrites, – notion d’une assistance technique et/ou financière par un organisme étranger ou une organisation internationale ;  organisation de l’approvisionnement : – proportion de collectes mobiles et de collectes sur sites fixes, – existence d’un questionnaire et d’un entretien pour la sélection médicale des donneurs, – notion d’une base de données pour le suivi des donneurs ;  organisation de la qualification biologique : – existence d’une stratégie nationale pour le groupage sanguin dans les systèmes ABO et Rh, – existence de procédures écrites pour ces groupages et techniques utilisées, – utilisation d’un test de dépistage de l’anémie (taux d’hémoglobine ou d’hématocrite en prédon), – existence d’un dépistage et prévalence de la drépanocytose et du déficit en glucose-6-phosphate-deshydrogénase (G6PD) chez les donneurs, – proportion de dons pour lesquels les groupes dans les systèmes ABO, Rh et autres sont déterminés, – existence d’une stratégie nationale de dépistage des agents infectieux transmissibles par la transfusion et type d’agents dépistés : virus de l’immunodéficience humaine (VIH), virus de l’hépatite B (VHB), virus de l’hépatite C (VHC), human T-lymphotropic virus of type I (HTLV-I), human herpes virus 8 (HHV-8), agent du paludisme, agent de la syphilis ; tests utilisés pour ce dépistage et proportion de dons testés pour chaque agent transmissible ;  préparation des produits sanguins labiles (PSL) : – proportion du sang total transfusé, – proportion et type des PSL préparés ;  les caractéristiques des donneurs et des dons de sang :  nombre de sujets prélevés chaque année et rythme des dons : nouveaux donneurs (un don par an ou moins) et donneurs réguliers (au moins deux dons par an),

Trois centres sur sept collectaient plus de 50 % des dons en unités mobiles. Seuls deux pays (Mali et Congo) faisaient état de données permanentes sur les donneurs et sur les dons. Ces données manquaient ou n’étaient que partielles dans les autres pays. Six centres sur sept collectaient exclusivement du sang total. Seul le centre du Mali collectait 2 % de dons par aphérèse. Tableau 2 détaille les caractéristiques de l’approvisionnement dans chaque centre. 3.3. Préparation des PSL Les proportions des dons utilisés sous forme de sang total ou sous forme de PSL sont détaillées dans le Tableau 2 (ainsi que le

9% + (Pepfar) + (Pepfar) 30 % + (CDC, Pepfar) + (CDC, Pepfar) 42 % + (EFS) – 25 % + (OMS, INTS) –

64 % – –

+ (1998) + (2005) + (2005) – –

Niamey (Niger) Bamako (Mali) Yaoundé (Cameroun)

3.2. Organisation de l’approvisionnement

Tableau 1 Organisation administrative, technique et financière des sept structures transfusionnelles participantes.

Trois centres avaient le statut de Centre national de transfusion sanguine (CNTS) : Ouagadougou (Burkina-Faso), Kigali (Rwanda) et Bamako (Mali). Deux avaient le statut de centre régional de transfusion sanguine (CRTS) : Niamey (Niger) et Daloa (Côte d’Ivoire). Deux étaient des banques de sang hospitalières : CHU de Yaoundé (Cameroun) et clinique universitaire (CU) de Kinshasa (Congo). Cinq pays sur sept disposaient d’un programme national de transfusion sanguine. Les sept centres assuraient tous les activités suivantes : administration, recrutement des donneurs, collecte de sang, qualification infectieuse, préparation, distribution des PSL. Aucun ne disposait de 100 % de personnels formés en transfusion. Seul un centre (Niamey) avait des procédures opératoires écrites pour la totalité de ses activités transfusionnelles. Cependant, les autres centres disposaient, au moins partiellement, de procédures opératoires standardisées écrites, et tous menaient des activités administratives et techniques, allant de la gestion financière à la délivrance des PSL, en passant par la collecte et la qualification biologique des dons, ainsi que la préparation des produits transfusés. Cinq centres sur sept bénéficiaient d’une assistance technique internationale, trois d’une assistance financière internationale. Le Tableau 1 présente les caractéristiques de chaque centre pour l’organisation administrative, technique, médicale et financière de sa structure transfusionnelle.

Kigali (Rwanda)

3.1. Organisation administrative, technique et financière des sept centres participants

Programme national de transfusion sanguine (date de mise en œuvre) Personnel formé en transfusion sanguine Assistance technique internationale Assistance financière internationale

Daloa (Cote d’Ivoire)

3. Résultats

OMS : Organisation mondiale de la santé ; INTS : Institut national de la transfusion sanguine, France ; EFS : Établissement français du sang ; CDC : Center for Disease Control, États-Unis ; Pepfar : President Bush’s Emergency Plan for AIDS Relief, États-Unis.

50 % + (Luxembourg) + (Luxembourg)

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40 % – –

+ (2001)

Kinshasa (Congo)

Ouagadougou (Burkina-Faso)

 répartition selon le sexe, l’âge, et le type de donneur (volontaire ; familial ou de remplacement ; rémunéré ; autologue), type de don (sang total ou don d’aphérèse), volume moyen prélevé à chaque don ;  pourcentage de candidats au don trouvés anémiés lors du dépistage prédon ;  fréquence des phénotypes érythrocytaires ABO et RhD ;  prévalence des marqueurs infectieux testés ;  pourcentage de dons positifs pour au moins un marqueur d’agent transmissible par le sang.

+ (2000)

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1,5 %

8,3 %

350 100 % 0%

0%

0% 0% 0% 40 %

0% 0% 0%

Plasma riche en plaquettes. a

0,5 % 3,1 %

a

1,3 %

350 87,5 % 10,7 % (200)

2,4 %

60 % Oui

23,8 % Non ou partielles 400 50 % 50 % (200)

volume de sang collecté par don dans le centre). Le sang total était majoritaire dans tous les centres, à l’exception de deux (Burkina-Faso et Rwanda), où les concentrés érythrocytaires représentaient la quasi-totalité ou la majorité du sang transfusé. Seul le centre du Congo ne préparait pas de concentré érythrocytaire. Le volume moyen de ce produit était compris entre 200 et 230 ml. Des concentrés plaquettaires n’étaient préparés que dans trois centres, où ils représentaient moins de 2,5 % des PSL. Quatre centres préparaient des plasmas frais congelés mais dans des proportions très variables selon les centres : 0,5 à 40 % de l’ensemble des PSL (Tableau 2). 3.4. Organisation de la qualification biologique

Proportion de collectes mobiles Données permanentes recueillies sur les donneurs et les dons Volume moyen de sang collecté (ml) % de PSL préparés à partir des Sang total unités de sang total Concentrés érythrocytaires (volume moyen, ml) Concentrés de plaquettes standards Plasmas frais congelés

10 % Non ou partielles 400 85,1 % 14,9 % (220)

13 % Oui

45 % Non ou partielles 450 60 % 40 % (200)

55 % Non ou partielles 450 2% 98 % (220)

Kinshasa (Congo) Daloa (Cote d’Ivoire) Kigali (Rwanda) Niamey (Niger) Bamako (Mali) Yaoundé (Cameroun)

Tableau 2 Approvisionnement et préparation des PSL dans les sept centres participants.

70 % Non ou partielles 400 14,5 % 75,8 % (230)

C. Tayou Tagny et al. / Transfusion Clinique et Biologique 16 (2009) 431–438 Ouagadougou (Burkina-Faso)

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Tous les centres participants suivaient une stratégie nationale pour les groupages ABO et Rh, mais des procédures écrites n’existaient pour toutes les activités que dans un seul site (Niger). Tous les centres déterminaient le groupage ABO (par les techniques de Beth-Vincent et de Simonin) mais seuls quatre utilisaient une double détermination (Tableau 3). Les sept centres recherchaient l’antigène RhD sur 100 % des dons ; seuls deux (Mali et Niger) déterminaient les sous-types Rh (C, c, E, e), mais chez moins de 10 % des donneurs. Deux sites dépistaient l’anémie en prédon sur l’ensemble des donneurs ; deux la dépistaient sur une proportion variable de leurs donneurs. Aucun des centres n’effectuait de dépistage de la drépanocytose et du déficit en G6PD, dont les prévalences chez les donneurs de ces pays ne sont donc pas connues. Une stratégie nationale de qualification infectieuse des dons était en place dans les sept centres. Elle incluait de dépistage du VIH, du VHB, du VHC et, sauf dans un centre (Congo), les marqueurs de la syphilis. Le dépistage était effectué sur 100 % des dons pour le VIH et le VHB dans les sept centres. Six centres disaient réaliser le dépistage du VHC sur 100 % des dons, un seul (Mali) l’effectuait sur 60 % des dons. Un seul centre (Congo) ne réalisait pas le dépistage de la syphilis. Le dépistage du paludisme n’était réalisé que dans un seul centre (Cameroun), mais seulement en cas de symptômes cliniques évocateurs de l’infection chez le donneur. Aucun centre ne dépistait le HTLV-I et le HHV-8. Les techniques de dépistage du VIH étaient principalement le test Elisa Ac, combiné ou non au dépistage sérologique de l’antigène p24. Le Cameroun et le Congo utilisaient le test immunochromatographique rapide, seul ou associé au test Elisa Ac. Pour tous les pays, le dépistage du VHB était principalement basé sur la recherche de l’AgHbs seul. L’infection à VHC était dépistée par la technique Elisa dans six pays sur sept, et la syphilis par le seul test VDRL dans trois pays. Le Tableau 3 détaille, pour chaque centre, les techniques utilisées pour le dépistage. 3.5. Caractéristiques des donneurs de sang Dans tous les centres, un questionnaire et un entretien médical avaient cours dans la sélection des candidats au don avant le prélèvement. Aucun pays ne faisait appel à des donneurs rémunérés ni ne recourait à des dons autologues.

TIC : test immunochromatographique rapide ; Ac : anticorps ; Ag : antigène ; HBs : hepatitis B surface ; VDRL : venereal disease research laboratory ; TPHA : Treponema Pallidum haemagglutination assay. a Avec algorithme décisionnel.

Elisa Ac + Ag TIC, Ag HBs TIC, Elisa Ac VDRL + TPHAa TIC TIC TIC – Elisa Ac Ag HBs Elisa Ac VDRL Elisa Ac + Ag TIC, Ag HBs Elisa Ac VDRL TIC + Elisa Ac TIC TIC, Elisa Ac VDRL + TPHA a

Elisa Ac + Ag Ag HBs Elisa Ac VDRL

Elisa Ac Ag HBs Elisa Ac VDRL + TPHAa

13,4 % Double (lame) 100 % Double (tube/microplaque) 0% Simple (tube) 0% Double (gel/microplaque) 3% Double (tube/lame)

Techniques de groupage ABO (Beth Vincent et Simonin) Dépistage du VIH Dépistage du VHB Dépistage du VHC Dépistage de la syphilis

Donneurs réguliers

0% Simple (tube)

100 % Simple (lame)

28,4 % 100 % 100 % 0% 0% 0% 15 % Dépistage de l’anémie en prédon

Nouveaux donneurs

Kigali (Rwanda) Yaoundé (Cameroun)

Tableau 3 Organisation de la qualification biologique dans les sept centres participants.

Bamako (Mali)

Niamey (Niger)

Daloa (Cote d’Ivoire)

Kinshasa (Congo)

Ouagadougou (Burkina-Faso)

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Aucun centre ne prélevait de donneur âgé de moins de 18 ans. Les donneurs de la tranche d’âge 18 à 30 ans étaient les plus nombreux, représentant plus de 45 % dans tous les centres, et plus de 70 % dans quatre centres sur sept. Dans tous les centres, les donneurs masculins étaient les plus nombreux (plus de 70 % de l’ensemble). Les donneurs étaient majoritairement bénévoles (plus de 70 %), sauf au Cameroun et au Mali où ils représentaient respectivement 25,5 et 30 %. Quatre pays, dont ces deux derniers, avaient moins de 50 % de donneurs réguliers. L’anémie était dépistée dans quatre pays. Sa prévalence était comprise entre 3 et 11,6 % chez les donneurs de sexe masculin, et entre 0 et 20,3 % chez les donneurs de sexe féminins. Les prévalences les plus élevées des infections transmissibles par la transfusion étaient de 18,9 % pour le VHB (Niger), de 3,5 % pour le VIH (Cote d’Ivoire), de 6,9 % pour le VHC (Cote d’Ivoire) et de 9,5 % pour la syphilis (Cameroun). Dans les sept pays, le groupe sanguin O était le plus fréquent, représentant 41 à 70 % de l’ensemble des groupes du système ABO. De même, le phénotype RhD était rapporté chez plus de 91 % des donneurs, sauf en Cote d’Ivoire où il était présent chez 85 % des donneurs. Les fréquences phénotypiques ABO et RhD étaient très proches d’un centre à l’autre. La prévalence des marqueurs des agents transmissibles par le sang était comprise entre 0,8 et 3,48 % pour le VIH, entre 2,76 et 18,98 % pour le VHB, entre 1,42 et 6,98 % pour le VHC, et entre 0,3 et 9,5 % pour la syphilis. Le Tableau 4 détaille les caractéristiques épidémiologiques des donneurs et des dons des sept centres participants. 4. Discussion La mise en œuvre d’une politique de transfusion sanguine par le biais d’un programme national planifié est un élément essentiel de la mise en place d’une stratégie de sécurité transfusionnelle dans les pays en voie de développement [1]. Dans les années 1990, de nombreux pays africains ne disposaient pas de telles politiques nationales de transfusion sanguine. Depuis, des efforts considérables ont été faits : aujourd’hui, une large majorité des pays africains a réalisé cette démarche [11], comme le confirment les résultats de notre étude, où seulement deux pays sur sept n’avaient pas de programme national d’organisation de la transfusion sanguine. Des évolutions restent à conduire, notamment dans la formation du personnel [2,9]. Nombreuses sont encore les organisations transfusionnelles africaines qui ne fonctionnent pas avec une autonomie financière leur permettant de répondre aux objectifs d’équipement et de développement. Les centres de certains pays (comme la Cote d’Ivoire ou le Rwanda) dépendent presque entièrement de l’aide internationale grâce à laquelle les prix de cession des poches de sang se trouvent mis à la portée des prescripteurs [12]. Cette dépendance financière et/ou technique de certains programmes transfusionnels nationaux vis-à-vis d’un aide étrangère s’avère ainsi parfois encore incontournable, mais elle ne doit pas pour autant ralentir la mise en place de la nécessaire autotomie des centres de transfusion africains en

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Tableau 4 Caractéristiques des donneurs de sang dans les sept centres participants.

Nombre total de donneurs sur la période d’étude Statut du donneur Nouveaux donneurs (%) Donneurs réguliers (%) Proportion de femmes (%) Tranches d’âge (%) 18–30 ans 30–40 ans > 40 ans Type de donneur Bénévole (%) Familial (%) Anémie du donneur Hommes (%) a Femmes (%) b Prévalences des VIH (%) agents infectieux VHB (%) VHC (%) Syphilis (%) Fréquences dans le A système ABO (%) B O AB Fréquences dans le système Rh (%)

Yaoundé (Cameroun)

Bamako (Mali)

Niamey (Niger)

Kigali (Rwanda)

Daloa (Cote d’Ivoire)

Kinshasa (Congo)

Ouagadougou (Burkina-Faso)

2887

25 543

2962

37 000

14 257

480

30 364

75,6

68,3

52,7

45

33,3

30

73,8

24,4

31,7

47,3

55

66,7

70

26,2

28,3 63,7 19 17,3 25,5 74,5 11,6 20,3 2,9 10,3 3,9 9,5 28 22 47 3 91

12,7 45 39 16 30 70 – – 2,58 13,89 3,25 0,3 24 29 41 6 92

20 73,6 13,5 12,9 86,8 13,2 – – 1,4 18,96 1,42 1,88 22,2 23 50 4,8 93,1

12 75 15 10 100 0 – – 1,0 2,76 3,13 0,6 25 20 50 5 94

30 80 15 5 100 0 7,14 5,71 3,48 5,85 6,98 4,54 15 10 70 5 85

9,4 51 28 21 70 30 3,5 0 0,8 6 2 ND 18,3 14,8 63,7 3,2 95,4

20 90,1 6,6 3,3 92 8 3 10 2,1 11,2 3,2 1,2 22,3 28,6 43,2 5,9 92,6

ND : non déterminé. a Taux d’hémoglobine < 12 g/dl ou hématocrite < 38 %. b Taux d’hémoglobine < 11 g/dl ou hématocrite < 36 %.

matière d’approvisionnement en PSL et de sécurité de ces produits. La problématique de l’approvisionnement en produits sanguins en Afrique est essentiellement le fait d’un nombre insuffisant de donneurs de sang, en particulier de donneurs volontaires. Selon l’OMS, les pays ayant un indice de développement humain (IDH) élevé produisent 61 % des dons de sang versus 3 % dans les pays à IDH faible, comme le sont les pays de l’Afrique subsaharienne [13]. Dans la majorité des centres de notre étude, la collecte mobile, qui est généralement un moyen efficace d’approvisionnement de proximité, représentait moins de 50 % de l’ensemble des collectes. De par son coût élevé, ce mode de collecte n’est accessible qu’aux centres de transfusion bénéficiant d’un budget conséquent pour la promotion, le déplacement des équipes médicotechniques et le matériel de collecte. Par ailleurs, pour tous les centres participants, la collecte était presque exclusivement du sang total destiné à être transfusé tel quel : seule une minorité produisait d’autres PSL, observation en accord avec les données précédemment publiées : en 2002, 20 % des pays africains produisaient des concentrés plaquettaires, moins de 60 % des concentrés érythrocytaires et moins de 50 % des plasmas frais congelés [13]. Il faut donc constater que la production de PSL appelés à remplacer la transfusion de sang total souffre encore d’un défaut d’équipement et de savoir-faire technique. En revanche, la qualification biologique infectieuse des dons de sang paraît avoir connu une nette amélioration dans les systèmes transfusionnels africains, notamment par rapport

aux trois virus transfusionnels majeurs : une grande majorité des centres participants à l’enquête a fait état d’une stratégie de dépistage de ces agents infectieux et de l’agent de la syphilis sur la totalité des dons de sang. À ce niveau, des efforts n’en doivent pas moins être poursuivis selon deux axes : le premier est l’application de ces dépistages biologiques sur la totalité des dons de sang effectués dans le pays, et ce, tout au long de l’année ; le second porte sur les techniques de dépistage elles-mêmes : tout en demeurant financièrement et techniquement accessibles aux budgets et aux niveaux de formation des banques de sang utilisatrices, ces tests justifient certainement d’être optimisés en termes de sensibilité et de spécificité. En dehors des outils de dépistage génomique viral (DGV), qui restent pour l’instant hors de portée de la plupart des structures de transfusion africaines, les tests Elisa combinés (détectant à la fois antigène et anticorps) semblent particulièrement indiqués dans ce contexte sécuritaire, même si les tests rapides immunochromatographiques (Tic) sont plus adaptés en l’absence d’équipement et dans une situation de qualification insuffisante du personnel technique [14]. En tout état de cause, l’efficacité et les caractéristiques de ces tests doivent faire l’objet de contrôles de qualité nationaux et internationaux. C’est la raison pour laquelle les sept centres participants à l’enquête ont tous adhéré à un programme de contrôle externe de qualité basé sur l’analyse périodique de panels de sérums et organisé par l’Institut national de la transfusion sanguine de France. Les résultats de l’analyse multicentrique du premier panel distribué à ces sept centres sont en cours de publication.

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La détermination des phénotypes érythrocytaires dans les centres de transfusion africains ayant participé à l’enquête était à la fois homogène et limitée aux groupes ABO et rhésus. La détermination du groupe ABO apparaissait déjà systématiquement pratiquée dans les 46 pays africains interrogés par l’OMS en 2004 [2]. Les techniques utilisées, en revanche, variaient selon les centres participants : simple ou double, sur lame, en tube ou sur plaque. Il est à noter que les qualités et les défauts respectifs de ces méthodes justifieraient, pour apprécier l’importance du risque d’erreur fatale de groupage, que soit également mis en place un système de qualité et d’hémovigilance, qui est inexistant dans la majorité des programmes de transfusion [9]. La connaissance des caractéristiques épidémiologiques du donneur de sang est importante pour organiser et planifier au mieux les stratégies d’approvisionnement en produits sanguins, tout en prenant en compte les critères de sécurité à la fois pour le donneur et pour le receveur. Il existe trois types de donneurs en Afrique : le donneur familial (dit « de remplacement »), le donneur volontaire et bénévole, le donneur rémunéré. Aucun des centres participants à l’enquête n’a fait état d’un recrutement de donneur rémunéré, quoique certains dons familiaux pourraient être discrètement rémunérés à l’insu de la banque de sang. La plupart des donneurs de sang en Afrique sont encore familiaux [2]. Dans notre enquête, toutefois, seuls deux centres collectaient en majorité le sang auprès de tels donneurs, et ces deux centres étaient ceux ne disposant pas d’un programme national de transfusion sanguine au sein duquel une stratégie de recrutement de donneurs bénévoles et volontaires pouvait s’organiser. Des progrès sensibles ont été réalisés ces dernières années dans des centres de transfusion africains pour le recrutement et la fidélisation de donneurs volontaires et bénévoles. Dans notre enquête, les deux centres n’accueillant plus que de tels donneurs avaient bénéficié de subventions accordées par des organismes internationaux. Car si le don de remplacement demeure majoritaire en Afrique, c’est parce qu’il est rapidement accessible et peu coûteux, alors que le don volontaire et bénévole nécessite des programmes de sensibilisation et de recrutement dont le coût demeure le plus souvent hors de portée des budgets alloués aux centres de transfusion [15]. Toutefois, le maintien à long terme d’un système de recrutement de donneurs bénévoles et volontaires basé sur un financement venu d’une assistance étrangère peut se révéler difficile, de sorte que des stratégies basées sur le don familial ne peuvent être rejetées sans retour. Dans notre étude, le donneur de sang était majoritairement situé dans la tranche d’âge 18 à 30 ans, comme c’était le cas dans des études précédemment publiées [16,17]. En effet, les sujets jeunes sont habituellement sollicités par leur famille en raison de leur meilleure santé relative et par les nombreux programmes de recrutement de bénévoles en vigueur dans les collèges et les universités. Dans les sept centres participants à l’enquête, le donneur était majoritairement de sexe masculin, là encore en accord avec les données bibliographiques [17–19]. La prévalence des trois virus transfusionnels majeurs était élevée dans la population des donneurs des centres participants

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à l’enquête, les plus hautes étant observées pour les virus d’hépatite (le VHB ou le VHC selon les centres), comme il était attendu sur la foi des données bibliographiques [6,14]. De telles prévalences, dont les paramètres sont bien établis (multipartenariat, contacts sanguins favorisés par le mode de vie, le faible niveau d’hygiène, les pratiques traditionnelles, la transfusion, etc.) ont évidemment pour corollaire un risque transfusionnel résiduel notable, pour l’estimation précise duquel un travail est en cours dans le cadre d’une étude multicentrique réunissant les pays ayant participé à la présente enquête, ainsi que d’autres pays de la communauté africaine francophone. Il conviendra également de s’assurer que le remplacement progressif des donneurs familiaux par des donneurs bénévoles et volontaires conduira à une baisse significative des prévalences virales actuellement observées. Grâce à sa facilité de réalisation, le dépistage de la syphilis par la technique de venereal disease research laboratory (VDRL) était effectué dans la majorité des centres participants. Cependant, tous ne recouraient pas à un test plus spécifique comme le Treponema Pallidum haemagglutination assay (TPHA), qui permet pourtant de distinguer la syphilis des autres tréponématoses africaines. Certes, la transmission transfusionnelle de la syphilis ne constitue nulle part dans le monde un problème de santé publique, mais son dépistage chez les donneurs de sang, tout en constituant un marqueur du risque sexuel, est utile pour diagnostiquer la maladie au sein de la population générale. Une partie des centres participants ne dépistaient pas l’anémie chez leurs donneurs. L’anémie est pourtant fréquente en Afrique, où elle représente même un problème de santé publique [20,21]. Dans un des centres, elle atteignait une prévalence de 20 % dans la population des donneurs de sexe féminin. Les causes potentielles en sont nombreuses sur le continent africain : pathologies génétiques du globule rouge (drépanocytose, déficit en G6PD), carence martiale, déficits nutritionnels, parasitoses (paludisme). L’absence de dépistage de l’anémie expose à un risque hémodynamique chez le donneur au cours du don ou à son décours immédiat, et à une transfusion peu efficace chez le receveur. Aucun des centres ne dépistait la drépanocytose, le déficit en G6PD ou le paludisme, les deux premiers essentiellement pour des raisons budgétaires, le dernier en raison de la très haute prévalence d’une sérologie palustre positive, qui conduirait à exclure un tel nombre de donneurs qu’il ne serait presque plus possible de transfuser dans la plupart des cas. Dans les sept centres, le groupe O était le plus fréquemment observé, suivi, par ordre décroissant, des groupes A, B et AB, et le phénotype Rh positif était largement majoritaire, et ce, en accord avec les données précédemment rapportées sur la population des donneurs de sang africains [22,23]. Il apparaît ainsi que, si des progrès incontestables et significatifs ont été réalisés, au cours des dernières années, dans le fonctionnement et les enjeux sécuritaires des systèmes transfusionnels africains, des évolutions sont encore indispensables, notamment dans l’établissement de programmes nationaux de transfusion, dans la sélection des donneurs, dans l’organisation locale, dans l’élaboration de certains PSL, dans

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la réduction du risque infectieux. La mise en œuvre de ces objectifs reste évidemment complexe face à l’environnement épidémiologique, aux limites financières et aux contraintes culturelles. La poursuite des efforts conjugués des scientifiques, des partenaires internationaux et des gouvernements locaux n’en est pas moins nécessaire à l’amélioration de la situation.

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[12] [13]

Conflits d’intérêts

[14]

Aucun. Références

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