Rev. Fr. Transfus. H6mobiol., 1989, 32, 215-226
2 15
PRATIQUE TRANSFUSIONNELLE
Le parc informatique des etablissements de transfusion sanguine fran9ais en 19 8 8 M. Girard*,
A. Gamier**,
J. P o r t e f a i x * * *
* C,N.T.S., 53, bd Diderot, 75571 Paris Cedex 12. ** C.R.T.S., 30, place H.-Dunant, 63003 Clermont-Ferrand, *** C.D.T.S., 98, rue Ch.-Legendre, 87039 Limoges Cedex.
RESUME Ce rapport prOsente les rdsultats d'une enquOte sur l~tat dTnformatisation des Etablissements de Trans~sion Sanguine fi'anfais. Les questionnaires ~laborOs dans le cadre du Groupe Automatisation et Informatique en Transfusion Sanguine (G.A.LT.S.) ont Ot~ expOdiOs et analys~s dans le deuxiOme tnmestre 1988. Les r@onses obtenues permettent d~tablir le bilan de l'informatisation des Etablissements de Transfusion Sanguine.
S UMMAR Y This report presents the results o[ a survey about computerization o[ the French Blood Bank Community. Questionnaires issued on the behaff of the French Automation WorkingParty (G.A.LT.S.) were sent then analysed during the second term of 1988.
216
M. GIRARD et coll.
The answers allowed us to obtain a picture of the advance of computerization in the French Blood Transfusion Services.
INTRODUCTION En 1983, le g r o u p e , Automatisation et Informatique en Transfusion Sanguine ~>avait effecm6 une enqu6te portant sur l'automatisation des activit6s de contr61e immuno-hbmatologique dans les Etablissements de Transfusion Sanguine Frangais. Ce travail avait fait l'objet d'un rapport public pr6sent6 au XIIe Congrbs de la S.N.T.S. [1]. Cinq ans aprbs, il nous a p a r u int6ressant de complbter ce premier travail en faisant u n bilan de l'implantation de l'outil informatique dans ces 6tablissements. 225 questionnaires ont 6t6 adress6s aux diffbrents Etablissements frangais de Transfusion en avril 1988. Les r6ponses ont 6t6 recueillies jusqu'au mois de juin.
RESULTATS DE L'ENQUETE Le questionnaire comportait 177 questions r6parties sur 13 pages. La premibre s6rie servait ~ situer l'6tablissement, son type d'activit6 et son m o d e de gestion. La deuxi6me s6rie concernait le mat+riel informatique et la liste des services utilisateurs. La troisi6me s6rie 6tait destinfe h explorer les moyens en personnel et le fonctionnement m 6 m e du Service informatique. La quatribme s6rie 6tait consacr6e aux fonctionnalit6s du ou des syst+mes en place. La dernibre avait p o u r objet d'essayer d'appr6cier le coot de cet outil. Nous avons obtenu 89 r+ponses, soit 39,6 %. La longueur et le d+tail du questionnaire ont p r o b a b l e m e n t eu un certain effet dissuasif d'autant plus que le domaine abord6 reste pour d'aucuns <~chasse gard6e ~. I1 est pourtant +vident que tous les questionnaires ont 6tfi exploit6s de fa9on strictement a n o n y m e et confidentielle, puis d6truits.
Donn6es g6n6rales Pr6s de la moiti6 (42,5 %) des E.T.S. ayant r6pondu au questionnaire ne disposent pas de l'outil informatique. La figure 1 repr6sente la r6partition compar+e des E.T.S. informatis6s et non informatis6s en fonction de leur m o d e d e gestion. , Leur r6i~artition en"~fonction du n o m b r e de donneurs pr+lev~s est pr+sent6e figure 2. I1 est 'int6ressant de souligner que, si beaucoup d'6tablissements pr61evant moins de 10 000 donneurs annuellement ne sont pas informati-
217
PARC INFORMATIQUE DES ETS DE TRANSFUSION
Etablissements informatis6s
Hospitaliers (37,2 %)
Loi de 1901 (60,5 %
)
~ .
il Gnal (2.3 %)
Etablissements non informatis6s
Loi de 1901 (35,0%),~
~ H o s p'tatiers I ' (6O,O%) Conseil Gnal (5,0 %)
Fro. 1. - Etablissements informatis6s et non informatis6s. R6partition en fonction du statut.
s6s, il n'en d e m e u r e pas moins une tranche d'E.T.S, comprise entre 20 000 et 40 000 pr61bvements qui ne dispose pas, /~ l'heure de l'enqubte, de systbmes informatiques. Certain nous ont r6pondu que leur informatisation 6tait & l'btude ou en cours, mais n'ont pas 6tb int6gr6s dans les E.T.S. disposant de cet outil, un des buts de cette btude 6tant de pr6senter un 6tat des lieux au m o m e n t mfime de l'enqu6te. La premibre installation d'un systbme a eu lieu avant 1972 et la figure 3 repr6sente l'historique d'apparition des systbmes. L'bvolution des systbmes peut ~tre appr6ci6e sur deux param6tres : changement de matbriel et changement de logiciel (Fig. 4). Les deux ne sont pas obligatoirement renouvel6s en m6me temps. Un nouveau mat6riel n'implique pas syst6matiquement la mise en place d'un nouveau logiciel.
218
M. GIRARD et coil. 10
~;f:~
9 -
Jt
;-:
/ //
!
'/'1
/,
~
8
/ //
I
//. I / /i
6
/ .
/.I /
¢'.J
V/
// / / ,
7-2 ~ F~
O",,'S
/. / /.
,.Q
././ /,/ /Z" // //
Z
/gg
F/
1
./ ''/
Kx2~_. I
<
5 000 < 10 0 0 0 < 15 0 0 0 < 2 0 0 0 0 < 3 0 000 < 4 0 0 0 0 Informatis6s
f
/.
,
//
/, ,6 z , /,
~/J '"
/
I
<50 000<60 000<70
0 0 0 > 9 0 000
Non informafisbs
FIG. 2. -- Etablissements informatisbs et n o n inforrnatis6s. R6partifion en fonction d u n o m b r e de pr616verl-lents.
Date de premigre installation
u5
..D
i
Z
i
,(5(-x d,,ts< ~xx
,:xx
0 < 1972
1974
1977
1980
FIG. 3. -- Apparition de l'informatisation.
1983
1986
219
PARC INFORMATIQUE DES ETS DE TRANSFUSION 19 18 17 16 15 14 13
10 /
6 5
2 0
/
i
i
2 ~]
Mat6riel
4 ~
5
Logiciel
FI6. 4. - Changement de systbme informafique.
Le mat6riel
Comme on pouvait s'y attendre une grande diversit~ d'bquipements fur recens6e: 13 constructeurs diff6rents se partagent le march6. Cinq d'entre eux (IBM, Bull, Digital Equipment, Hewlett Packard, Durango) reprbsentent 32 implantations. Les huit autres sont pr6sents sur 12 sites. En complbment du systbme (~central ~, les micro-ordinateurs se r~pandent : la moitib des btablissements informatis6s possbdent au moins un micro-ordinateur connect6 ou ind6pendant du systbme principal. La capacit6 m6moire de l'unitb centrale varie de moins de 256 kilobytes fi 16 m6gabytes. 25 syst~mes ont une capacit6 m6moire allant de 512 kilobytes/t 2 m6gabytes, 6 seulement disposent de plus de 3 m~gabytes. On retrouve la m6me variabilitb au niveau du stockage des donnbes : l'6cart varie d'une capacitb inf6rieure /~ 100 m6gabytes/l un espace de 8 gigabytes. Les 25 6tablissements bvoqu6s prbcbdemment disposent d'une mbmoire de masse variant de 200 m~gabytes fi 1 gigabyte. La diversit6 des types de terminaux a justifi6 une tentative d'analyse. Le nombre d'6crans, tr6s variable selon les sites, est repr6sentb figure 5. Les diff6rents types d'imprimantes disponibles sur le march6 expliquent 1/t aussi la diversit6. Parmi les tendances, soulignons l'utilisation du
220
M. GIRARD et coll. Plus de 50 (4,8 %)
21-50 (11,9 %) s~k~NN~ ~ 1
r
1-5 (28,6 %)
11-20 (14,3 %)
6do
(40,5%)
Fro. 5. - Nombre d%crans,
Codabar ®, de la couleur, de r6dition, et de l'exploitation des possibilit6s graphiques. Seuls 5 6tablissements sont d6pourvus d'imprimantes Codabar ®. Le tableau I r6sume les donnSes concernant l'installation des imprimantes.
Tableau
I
Nombre d'E.T.S, disposant d'un ou plusieurs types dTmprimantes, mombre
0
1
2
3
4
5
6/t
imprimames
>10
10
Types imprimantes Imprimantes codabar
5
8
12
9
2
1
3
-
Imprimantes couleur
17
7
7
5
2
-
2
-
Imprimantes graphiques
19
5
4
5
2
-
4
-
Imprimantes rapides
29
8
2
.
Autres imprimantes
8
3
8
1
5
2
.
. 3
.
. -
L'utilisation du Codabar ® est largement r~pandue. Sur 38 rfiponses exploitables/t ce sujet, seuls 2 E.T.S. ne disposent pas de lecteur pour ce type de code. Cinq travaillent en compl~ment par
PARC INFORMATIQUE DES ETS DE TRANSFUSION
221
lecture de m a r q u e s graphitbes o u perfor6es. Les balances connectbes sont peu r 6 p a n d u e s : settlement huit btablissements en disposent. De n o m b r e u x E.T.S. sont dotbs de liaison m o d e m : 69,6 % en sont 6quip6s. Le type de liaison utilisb est avant tout p a r ligne sp6cialisbe o u p a r r6seau c o m m u t 6 (Fig. 6).
Commutbes (29,5 %)( /~
Rien (29,5 %)
Transpac (4,5
Sp6cialis6es (36,4 %) FIG. 6. -- Liaisons/~ distance.
Fonctionnalit6s
du
syst6me
Nous avons tent6 de c e r n e r les g r a n d e s applications des systbmes en place en les sch6matisant c o m m e suit: - collecte de s a n g ; - contr61e biologique des dons ; - f a g o n n a g e et 6tiquetage des produits ; - gestion de stock et distribution ; - gestion des m a l a d e s ; - administration. Le tableau H pr6sente u n r 6 s u m b de ces diff6rentes fonctions. Certaines questions sont d e m e u r 6 e s sans rbponse, v r a i s e m b l a b l e m e n t p a r m a n q u e d ' i n f o r m a t i o n p o u r le r 6 p o n d e u r a u questionnaire. Nous les avons individualis6es dans la c o l o n n e m a r q u 6 e p a r ~ ~. I1 ressort de la consultation de ces d o n n 6 e s que les d o m a i n e s techniques en r a p p o r t avec la collecte et le t r a i t e m e n t d u sang sont informatis6s en priorit6. Le d o m a i n e administratif reste bien s o u v e n t trait6 sans cet outil. La gestion des m a l a d e s est 6 g a l e m e n t m o i n s privil~gi6e, mais c h a c t m sait que l'activit6 des diff6rents E.T.S. en ce d o m a i n e est fort variable.
222
M. GIRARD et coll. T a b l e a u II
Applications des syst~reves en place. R6ponses
Applications Collecte
R6ponse OUI Nbre
Sur site Equipes mobiles Dons sp6ciaux
R6ponse ~ NON ~
%
Nbre
R6ponse ~(? ~
%
Nbre
%
1
Nombre de r6ponses exploitables
45 45~ 42
97,83 93,75 87,50
0 1 4
0 2,08 8,33
2 2
2,17 4,17 4,17
46 48 48
Contr61es biologiques
44
97,78
0
0
1
2,22
45
Etiquetage des produits
44
97,78
0
0
1
2,22
45
Gestion stocks et distribution
36
8~00
7
15,55
2
4,45
45
Gestion des malades
24
53,33
2O
44,44
1
2,22
45
Administration
24 28 27
53,33 62,22 61,36
18 13 14
40 28,89 31,81
3 4 3
6,67 8,89 6,81
45 44 44
Gestion personnel Facturation Comptabilit~
Quelques points techniques libs 5 la s6curit6 transfusionnelle mbritent un c o m m e n t a i r e plus dbtaill6. Le Codabar ® est largement rbpandu dans les btablissements informatisbs. Trois niveaux g6nbraux sont 5 souligner : - l'identification du d o n : seuls deux btablissements parmi 46 (4,3 %) ne l'utilisent pas ; - l'identification du d o n n e u r 5 l'aide d u Codabar ® est m o i n s rbpandue : 20 ne l'utilisent pas (Fig. 7); - l'identification des produits se fait avec u n n o m b r e d'btiquettes variant de 1 fi 7 selon les btablissements, la majorit6 l'effectuant grfice fi u n e o u deux 6tiquettes (Fig. 8).
Diff6rentes attitudes coexistent p o u r la consultation et la mise fi jour du fichier donneur. Le tableau I I I r6sume nos observations en diffbrenciant la pratique sur site de celle d'bquipe mobile. Afin de tenter d'apprbcier les performances du systbme, nous avions demand6 le temps moyen de traitement informatique des donn6es correspondant fi 100 pr6lbve-
T a b l e a u III
Supports utilis~s pour la consultation et la raise d ]our du fichier donneur. Pr61bvements
Au C.T.S.
E n collecte
mobile Suppots Magn6tique Fiche suiveuse ou bordereau Carte marqube Carte perfor6e Carte microprocesseur
27 19 4 1 1
2 32 5 1
223
PARC INFORMATIQUE DES ETS DE TRANSFUSION Identification du donneur par Codabar
Non (20,5 % ) ~
%)
Identification du don par Codabar Non (4,3 °,6)
Oui (95,7 %) Fm 7. - Identification du donneur et du don par Codabar ®.
ments au retour de collecte mobile. Ces temps sont 6videmment variables : la grande majorit6, 20 centres sur 32 l'effectue en moins de 30 minutes. Dans les points cruciaux, la saisie des donn6es biologiques est de premiSre importance. I1 suffit de consid6rer le n o m b r e d'automates de laboratoires connect6s au systSme, soit par ligne directe, soit par rinterm6diaire d'une disquette. Nous avons recens6 51 liaisons: 40 par ligne directe concernent 16 types d'automates, 11 par disquette en concernent 7. Trente de ces liaisons sont r6alis+es avec des automates de groupages sanguins (Groupamafic ®, Autogrouper ®, Seroscan®).
224
M. GIRARD et coll. 19
18 17 16 15 14 13 1,2 10 9 Z
7
6 4 3 2
q
1
2
3
4
5
6
7
Nombre d'6tiquettes FIG. 8, -- Nombre d'6tiquettes par poche en dehors du num6ro de pr61bvelnent
Exploitation et s6curit6 du systSme La grande disparit6 de taille et de moyens des ~tablissements a rendu quasi impossible l'exploitation des donn6es fragmentaires concernant leurs 6quipes informatiques. L'exploitation du systSme varie selon les E.T.S. : 34 sur 46 sont op6rationnels 24 h/24, les 12 autres sont interrompus la nuit. Seuls 2 6tablissements parmi 23 disposant de personnel sp6cialis6 ont des techniciens accessibles de nuit. En matiSre de s6curit6, il 6tait important d'appr6cier les sch6mas d'exploitation d6grad6e. Le tableau IV synth&tise ces donn6es, et fair T a b l e a u IV Scenarios ~ catastrophe
~.
Oui
Non
Ne sait pas
Nombre de r6ponses
Fonctionnement en cas de panne de l'unit6 centrale
32
12
2
46
Possibilit6 de reprise automatique
20
14
9
43
Red6marrage apr~s destruction du systbme
6
37
3
46
225
PARC INFORMATIQUE DES ETS DE TRANSFUSION
ressortir la difficult6 qu'aurait n o m b r e d'entre nous en cas de destruction totale de leur systSme. La fr6quence des sauvegardes est variable selon les sites. La grande majorit6 (35/46) en effecme une quotidiennement. Six utilisateurs toutelois ne savent pas qu'il y a sauvegarde.
CONCLUSION
Toutes les questions p o s & s - et elles 6taient n o m b r e u s e s - n'ont pas fourni des r6ponses exploitables. Nous avons s61ectionn6 celles qui nous ont p a r u les plus significatives afin d'obtenir u n , 6tat des lieux >>le plus objectif possible. I1 ne p r & e n d en a u c u n cas 8tre exhaustif, mais donne une appr6ciation m o y e n n e du paysage frangais en la matiSre. La diversit6 des 6tablissements et de leurs moyens financiers mis en ceuvre expliquent en partie la variabilit6 de l'implantation de l'outil informatique. La figure 9 symbolise la p a r t de l'informatique dans le budget des 22 6tablissements qui ont accept6 de r6pondre ~ cette question, la majorit6 se situant dans la fourchette des 3 %. Peu d'enqu&es ont 6t6 r6alis6es et publi6es en ce domaine [2]. I1 pourrait 8tre int6ressant de suivre l'6volution de l'automatisation et de l'information dans nos 6tablissements d'ici quelques ann6es.
×5/ "~:),~
~] . .%, r
<1%
N i
<2%
<3%
<4%
<5%
Ftc. 9. - Coflt d e l ' i n f o r m a t i q u e p a r r a p p o r t a u b u d g e t g l o b a l .
>5%
M. GIRARD et coll.
226
REMERCmMEWrS.-- Nous r e m e r c i o n s v i v e m e n t nos coll~gues qui ont bien voulu nous consacrer un peu de leur temps afin de nous fournir la mati6re premibre nbcessaire fl cette 6tude.
BIBLIOGRAPHIE [1] MULLER A., GIRARD M. -- Automatisation des activit6s de contr61e i m m u n o h6matologiques dans les Etablissements de Transfusion Sanguine frangais. Rev. Fran 9. Transl. XXVI,, 1983, 5, 512-529. [2] FRIEDMANLL, SEVERNS N.L., GOODKOFSKYI., HOLLANDN. -- The stares of automarion and data processing in the United States Blood Banking Community. Trans[usior~ 1986, 26, 514-518.