S114
20e journées nationales d’infectiologie / Médecine et maladies infectieuses 49 (2019) S110–S117
Matériels et méthodes Nous avons conduit une étude quasi-expérimentale entre janvier 2015 et décembre 2017 dans le département du Centre d’Haïti. À partir des détails de 10 428 cas, de 509 coprocultures positives pour Vibrio cholerae O1 et de 3887 rapports d’interventions rapides, nous avons identifié des flambées de choléra à l’échelles des localités, puis caractérisé la sévérité de leur démarrage, leur réponse rec¸ue, ainsi que leur évolution. Nous avons ensuite comparé le nombre de cas enregistrés par flambée en fonction de la promptitude ou de l’intensité des interventions de réponse grâce à des modèles linéaires généralisés à effet mixte. Puis nous avons comparé la durée des flambées en fonction de la promptitude ou de l’intensité des interventions de réponse grâce à des modèles de Cox pour évènements répétés. Résultats Nous avons identifié 456 flambées de choléra dans 290 localités. Par comparaison avec une première intervention conduite > 7 jours après le début de la flambée, une première intervention conduite ≤ 1 jours après réduisait significativement le nombre de cas enregistrés de 74 % (58–84) et la durée de 64 % (42–78). Par rapport à un nombre d’interventions par semaine < 0,25, un nombre d’interventions par semaine ≥ 1 réduisait significativement le nombre de cas enregistrés de 76 % (54–87). Conclusion Ces résultats suggèrent fortement qu’une stratégie d’interventions de réponse rapides et ciblées est efficace pour atténuer et raccourcir les flambées de choléra en Haïti. Ils soutiennent une meilleure intégration de cette méthode dans la « boite à outils » de lutte contre les épidémies de choléra. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
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https://doi.org/10.1016/j.medmal.2019.04.273 SP-12
Épidémie de dengue : exhaustivité de la surveillance des cas hospitalisés F. Verrier , A. Etienne , M. Vincent , P. Vilain , Y. Hassani , L. Menudier Santé publique France, Cire océan indien, Saint-Denis, Réunion Introduction Depuis avril 2017, une circulation ininterrompue du virus de la dengue est observée sur l’île. Dès avril 2017, une surveillance des cas de dengue hospitalisés durant plus de 24 h a été mise en place. L’objectif de l’étude était d’évaluer l’exhaustivité de cette surveillance. Les caractéristiques des cas hospitalisés ont ensuite été décrites. Matériels et méthodes L’exhaustivité a été évaluée par la méthode de capturerecapture. Cette méthode permet, après avoir identifié les cas communs entre plusieurs sources, d’estimer le nombre de cas total de la maladie et l’exhaustivité de chacune des sources. Ont été inclus dans cette analyse, les cas hospitalisés sur l’île entre le 01/04/2017 et le 30/06/2018 avec un diagnostic principal ou associé de dengue identifiés dans la base du PMSI et les cas hospitalisés au cours de la même période identifiés par la surveillance. Les caractéristiques des cas hospitalisés jusqu’au 31/08/2018 et identifiés par la surveillance ont ensuite été décrites. Résultats Entre avril 2017 et juin 2018, 155 cas hospitalisés ont été identifiés par la surveillance, 253 par le PMSI, et 127 cas étaient communs aux deux sources ; au total, 309 cas auraient été hospitalisés. L’exhaustivité de la surveillance hospitalière effectuée durant cette période était estimée à 50 % (IC95 % [48 %–53 %]). Les informations cliniques étaient disponibles pour 145 cas hospitalisés entre avril 2017 et août 2018 et identifiés par la surveillance. L‘âge moyen était de 51 ans ; 139 cas (96 %) étaient âgés de plus de 15 ans et 3 nouveau-nés de mères infectées ont été hospitalisés. Selon la classification de l’OMS, 23 cas (16 %) étaient sévères (atteintes hépatique et rénale dans 14 cas), dont 17 avec signes d’alerte ; 84 cas (58 %) présentaient au moins un signe d’alerte sans signe de sévérité. Cinq décès ont été identifiés. Conclusion Selon ces estimations, la moitié des cas hospitalisés entre avril 2017 et juin 2018 aurait été identifiée via la surveillance. Afin d’améliorer l’exhaustivité de cette surveillance, et ainsi d’évaluer au mieux la gravité de l’épidémie, les données du PMSI pourraient être utilisées en complémentarité des données actuelles. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
https://doi.org/10.1016/j.medmal.2019.04.274
SP-13
Rougeole : épidémie hiver 2018, à propos de 87 cas M. Catroux , N. Céveau , M. Lauda-Maillen , G. Le Moal , B. Rammaert-Paltrie , N. Leveque , F. Cazenave-Roblot CHU de Poitiers, Poitiers, France Introduction Une épidémie de rougeole a frappé la Nouvelle-Aquitaine en janvier 2018, nous avons analysé les cas adultes, recensés dans notre CHU, dans leur prise en charge médicale et institutionnelle. Matériels et méthodes Étude rétrospective, observationnelle, monocentrique, concernant les patients de plus de 16 ans ayant consulté aux urgences et déclaré une rougeole confirmée biologiquement entre le 01/01/2018 et le 30/04/2018. Des données socio-démographiques, cliniques et biologiques ont été recueillies dans les dossiers médicaux et les patients ont été contactés par téléphone à deux mois du diagnostic pour répondre à un questionnaire portant sur leur état de santé. Résultats Cinquante-sept patients ont été inclus, d’âge moyen 29 ans dont le statut vaccinal était connu dans 60 % des cas. Chez les moins de 26 ans, ce statut est connu dans 75 % des cas et plus de 70 % de ces patients ne sont pas vacciné contre la rougeole. Deux patients ont déclaré une rougeole alors qu’ils avaient rec¸u un schéma vaccinal complet. Le pourcentage de rougeoles avérées ultérieurement et suspectées dès l’accueil des urgences est en moyenne de 72 % avec une nette augmentation au cours de l’épidémie. Les patients adressés aux urgences par leur médecin traitant (23 %) présentaient les tableaux cliniques les plus graves et 82 % d’entre eux ont été hospitalisés. Nous avons démontré une corrélation statistique entre la présence de signes de gravité pulmonaires : dyspnée, râles auscultatoires et une hospitalisation (respectivement p = 0,002 et p = 0,0001). Il existe également un lien statistique entre un score qSOFA > 1 et une prise en charge hospitalière (p = 0,004). La réalisation d’un ECG aux urgences et la réalisation d’une radiographie thoracique interprétée comme anormale sont deux éléments paracliniques significativement associés à une hospitalisation (respectivement p = 0,0001 et p = 0,002). Vingt-six patients (46 %) ont été hospitalisés avec une durée moyenne de séjour de 6,3 jours et un décès est à déplorer. Une antibiothérapie a été prescrite dans 58 % des cas chez les patients hospitalisés et dans aucun cas chez les patients non hospitalisé. Parmi les patients contactés, 95 % avaient repris leur activité à plus de deux mois de l’épisode de rougeole et seulement 8 % ressentaient toujours une asthénie. La durée moyenne de l’asthénie a été estimée à 19,1 jours à compter du diagnostic. Conclusion L’épidémie de rougeole 2018 a mis en évidence la faible couverture vaccinale de la région Nouvelle-Aquitaine. Le rôle du médecin traitant est prépondérant en apportant un suivi vaccinal à ses patients et en portant un diagnostic rapide face à un cas de rougeole. La prise en charge doit être adaptée à chaque patient selon son terrain, les signes de gravités présentés et doit intégrer le retentissement socio-professionnel lié à l’asthénie. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
https://doi.org/10.1016/j.medmal.2019.04.275 SP-14
Détection précoce des potentielles urgences de santé publique internationales issues de source informelle de la veille sanitaire (ProMED-mail) à travers « les maladies non diagnostiquées » C. Rolland 1 , C. Giese 2 , B. Monate 1 , A. Travert 1 , C. Lazarus 1 1 Centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales, ministère des solidarités et de la santé, Paris, France 2 Affaires européennes et internationales, ministère des solidarités et de la santé, Paris, France Introduction La veille sanitaire internationale utilise les sources « informelles » pour le renseignement sur les épidémies de maladies infectieuses en cours. L’une des sources les plus importantes, rapides et reconnues à l’échelle internationale pour ces activités est le Programme de surveillance des maladies émergentes : ProMED-mail. ProMED recense notamment beaucoup d’évènements qui relèvent des « maladies non diagnostiquées » (MND) qui font
20e journées nationales d’infectiologie / Médecine et maladies infectieuses 49 (2019) S110–S117 référence à des épidémies pour lesquelles le diagnostic n’a pas encore été établi. Elles peuvent se produire partout dans le monde et avoir d’importantes répercussions sur la santé publique en termes d’incidence, d’extension géographique, de taux de mortalité. . .L’objectif de cette étude était de décrire les notifications issues de ProMED sur les évènements initialement classés comme « maladies non diagnostiquées » (MND) qui affectent la santé humaine dans le monde. Matériels et méthodes Les auteurs ont effectué une analyse rétrospective de tous les évènements ProMED sur les « maladies non diagnostiquées » entre le 1er janvier 2007 et le 14 juin 2018. Pour chacun d’eux, des données concernant la description de l’événement, le diagnostic final et l’existence d’un rapport public de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont été collectées. Résultats Tous les signalements ont représenté 371 cas de maladies initialement non diagnostiquées. Le nombre moyen d’évènements par an était de 32,5. Le diagnostic final a été trouvé pour 34 % des événements décrits et un rapport public OMS correspondant a été retrouvé pour 6,5 % d’entre eux. Cette étude a permis de décrire et quantifier les MND les plus fréquentes selon chaque région OMS en fonction de leur diagnostic final et leurs symptômes. Conclusion Cette étude représente la première analyse quantitative décrivant les caractéristiques de tous les évènements MND qui ont affecté la santé humaine sur ProMED depuis 2007. Certaines MND sont le signal précoce d’urgences de santé publique internationales. Cette étude invite à de nouvelles recherches, pour développer des outils spécifiques d’évaluation des risques pour les MND issues des sources informelles dans la veille sanitaire internationale. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
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https://doi.org/10.1016/j.medmal.2019.04.276 SP-15
Le service sanitaire, une opportunité pour délivrer des messages de prévention des maladies infectieuses A. Vuillermoz , M. Delaunay , V. Rabier , M. de la Chapelle , J.-P. Saint-André , V. Dubée CHU d’Angers, Angers, France Introduction Le service sanitaire des étudiants en santé (SSES), établi par arrêté ministériel du 12/6/2018, a pour objectif de développer des actions de prévention primaire, en milieu extrahospitalier, assurées par les étudiants des filières médicales et paramédicales. Orientés vers les publics les plus vulnérables, les messages de prévention sont axés autour des priorités nationales de santé publique au sein desquelles figure la prévention des maladies transmissibles. Le SeSa s’inspire d’actions de prévention menées par les étudiants de différentes facultés pilotes depuis plusieurs années. L’objectif de ce travail est de décrire l’implémentation du SSES au sein d’une faculté pilote en 2018–2019. Matériels et méthodes Tous les étudiants intervenant dans le cadre du SSES (EIS) bénéficient en amont de leurs actions de prévention d’une formation de 2 semaines temps-plein. Parmi les thématiques abordées figurent la transmission des infections, les moyens de protection, l’hygiène et la vaccination. La formation intègre des ateliers abordant la médiation de groupe, l’utilisation d’outils pédagogiques et la lutte contre les fake news. Les actions sont menées sur 9 semaines à mi-temps. Nous rapportons ici les résultats des questionnaires de satisfaction et des évaluations de connaissances proposées aux populations cibles entre septembre et novembre 2018. Résultats Sur l’année universitaire 2018–2019, 120 étudiants en médecine, 32 en pharmacie, 12 en soins infirmiers et 6 en maïeutique participent au SSES. Les EIS réalisent leurs interventions au sein de 23 structures réparties sur l’ensemble du département : 15 établissements scolaires, 1 résidence autonomie, 1 structure d’accueil de mineurs non accompagnés, 1 restaurant solidaire, 2 maisons départementales des solidarités, 2 centres de PMI, 1 CLAT. Les prévisions indiquent que plus de 2300 personnes seront ciblées par ces actions de prévention entre septembre 2018 et juin 2019. Les évaluations réalisées en collèges-lycées entre septembre et novembre 2018 suggèrent que les interventions sont appréciées : 70 % (105/150) des élèves les trouvent pertinentes, utiles et adaptées. La proportion d’élèves pensant que la contraception orale protège des IST est passée de 80 % (190/237) avant l’intervention à 7 % (11/150) après l’intervention.
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Les principales difficultés rencontrées ont été la mise en place de formations adaptées à l’ensemble des EIS et le financement des déplacements des EIS, qui doit à terme être assuré par l’ARS. Conclusion Le SSES est une opportunité importante pour délivrer des messages de prévention des maladies infectieuses auprès de publics variés. Il est impératif que les infectiologues s’impliquent dans la formation des EIS en amont des actions de prévention. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
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https://doi.org/10.1016/j.medmal.2019.04.277 SP-16
Enquête interrégionale sur la pratique d’un dépistage du VIH, VHB, et VHC en cancérologie I. Poizot-Martin 1 , M. Taouqi 2 , M. Veyri 3 , S. Brégigeon 1 , M. Pibarot 2 , C. Solas 4 , A. Makinson 5 , A. Marcelin 6 , S. Choquet 7 , J. Spano 8 1 Service d’immuno-hématologie clinique, Aix-Marseille université, AP–HM, Sainte-Marguerite, Marseille, France 2 Réseau régional de cancérologie OncoPaca-Corse, Marseille, France 3 Inserm, oncologie médicale, Sorbonne université, hôpitaux Universitaires Pitié-Salpêtrière–C. Foix, institut Pierre-Louis, AP–HP, Paris, France 4 Inserm, CRCM, SMARTc, laboratoire de pharmacocinétique et toxicologie, Aix-Marseille université, hôpital La Timone, AP–HM, Marseille, France 5 Inserm U1175, département des maladies infectieuses et tropicales, université de Montpellier, CHU de Montpellier, Montpellier, France 6 Inserm, virologie, Sorbonne université, hôpitaux universitaires Pitié-Salpêtrière–C. Foix, AP–HP, Paris, France 7 Service d’hématologie clinique, hôpitaux universitaires Pitié-Salpêtrière–C. Foix, AP–HP, Paris, France 8 Inserm, oncologie médicale, Sorbonne université, institut Pierre-Louis, Pitié Salpêtrière-C. Foix, AP–HP, Paris, France Introduction Le dépistage du VIH est recommandé lors du bilan initial de tout cancers, celui du VHB lors du recours à certaines immunothérapies en raison du risque de réactivation. La prévalence de troubles dysimmunitaires justifie le dépistage du VHC avant le recours à une immunothérapie. Cette enquête a pour objectif d’évaluer les pratiques de dépistage des virus VIH, VHB et VHC chez les patients atteints de cancer. Matériels et méthodes Étude transversale évaluant la réalisation d’un dépistage au bilan initial de cancer et en cas de recours à une immunothérapie via un questionnaire par voie électronique aux participants de réunions de concertation pluridisciplinaire entre le 25/10/2018 et 31/12/2018. Résultats Les réponses de 290 participants (dont 101 chirurgiens, 61 spécialistes d’organes, 50 oncologues, 30 radiothérapeutes, 21 hématologues, 13 médecins généralistes) ont été analysées. Sur les 16 régions ciblées, 8 sont représentées par 160 participants (55 %) en région PACA/pour Paca, Corse et Monaco, 42 en Occitanie (14 %), 35 dans les Hauts de France (12 %), 31 en Île de France (11 %), 18 en Bretagne (6 %), 2 en Bourgogne-Franche Comté, 1 en Guyane, et 1 en Normandie. Au bilan initial d’un cancer, 59 répondants déclarent réaliser un dépistage systématique pour le VIH (20 %), 66 pour le VHB (23 %) et 63 pour le VHC (22 %). Ils sont 113 à le réaliser selon les cas pour le VIH, 103 pour le VHB et 102 pour le VHC et 117 déclarent ne jamais prescrire de dépistage du VIH (40 %), 121 du VHB (42 %) et 125 du VHC (43 %). Lors de la prescription d’une immunothérapie, 122 répondants déclarent ne pas être concernés et 89 prescrire de fac¸on systématique un dépistage du VIH (31 %), 97 du VHB (33 %) et 94 du VHC (32 %). Ils sont 38 à le réaliser selon les cas pour le VIH, 36 pour le VHB et 34 pour le VHC et 40 déclarent ne jamais prescrire de dépistage du VIH (14 %), 34 du VHB (12 %) et 39 du VHC (13 %). Conclusion Cette enquête souligne l’insuffisance du dépistage du VIH, du VHB et du VHC lors du bilan initial d’un cancer et/ou le recours à une immunothérapie et la nécessité de renforcer l’information en direction des professionnels de santé. Déclaration de liens d’intérêts d’intérêts.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
https://doi.org/10.1016/j.medmal.2019.04.278