Les assemblages lithiques des niveaux du Paléolithique moyen de l’Abri des Pêcheurs (Ardèche, Sud-Est de la France)

Les assemblages lithiques des niveaux du Paléolithique moyen de l’Abri des Pêcheurs (Ardèche, Sud-Est de la France)

L’anthropologie 111 (2007) 211–253 http://france.elsevier.com/direct/ANTHRO/ Article original Les assemblages lithiques des niveaux du Pale´olithiqu...

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L’anthropologie 111 (2007) 211–253 http://france.elsevier.com/direct/ANTHRO/

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Les assemblages lithiques des niveaux du Pale´olithique moyen de l’Abri des Peˆcheurs (Arde`che, Sud-Est de la France) Des occupations ne´andertaliennes re´currentes dans un « fosse´ » Lithic assemblages of the Middle Palaeolithic levels in the Abri des Peˆcheurs (Arde`che, Southeastern France) Repetitive human occupations in a ditch-cave Marie-He´le`ne Moncel a,*, Gilbert Lhomme b a

De´partement de pre´histoire, Muse´um national d’histoire naturelle, institut de pale´ontologie humaine, 1, rue Rene´-Panhard, 75013 Paris, France b Muse´e re´gional de pre´histoire d’Orgnac-l’Aven, 07150 Orgnac-l’Aven, France

Re´sume´ L’Abri des Peˆcheurs offre une se´quence exceptionnelle regroupant des niveaux d’occupation allant du Pale´olithique moyen au Pale´olithique supe´rieur. Les hommes sont venus occuper d’une manie`re re´currente un fosse´ qui s’est peu a` peu comble´. Ils ont utilise´ pre´fe´rentiellement le quartz au Pale´olithique moyen, ce qui en fait un cas unique pour la re´gion. Les assemblages te´moignent de la permanence du comportement technique des groupes humains qui sont venus occuper ce lieu dans un laps de temps qu’il est difficile d’e´valuer pour l’instant (OIS 4, de´but 3 ?). Le silex est peu employe´ et il n’est arrive´ que sous forme de rares e´clats provenant de diffe´rents secteurs au vu de la varie´te´ pe´trographique. La ou les fonctions du site ne sont pas encore clairement e´tablies. La base de la se´quence livre des niveaux ou` se meˆlent ossements de bouquetins, de carnivores et artefacts. L’analyse des se´ries lithiques permet de pre´senter les modes de gestion du quartz et du silex lors d’occupations qui n’ont laisse´ relativement que peu de traces et qui ont employe´ en priorite´ des mate´riaux strictement locaux dans un contexte topographique tre`s particulier alors

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M.-H. Moncel). 0003-5521/$ – see front matter # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.anthro.2007.05.001

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que du silex est disponible a` quelques centaines de me`tres du site. L’hypothe`se d’occupations ponctuelles et « spe´cialise´es » est e´voque´e. # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. Abstract The Abri des Peˆcheurs has yielded an extraordinary sequence with Middle and Upper Palaeolithic levels. Humans came and stayed in a ditch-cave that has been filled in along time. During Middle Palaeolithic occupations, they used first quartz, and this site is the only case in this area. Assemblages show similar technological behaviour along time. Flint is few employed and arrived as flakes from different areas if we consider its geological variety. Functions of the site are not well established. The base of the sequence has yielded sediments with a mixing of ibex, carnivore bones and artefacts. The study of the lithic assemblages brings information on the processing systems used on quartz and flint during occupations which left few evidence and used local stones while flint is available not far from the site. Hypothesis on short and specialized occupations is discussed. # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. Mots cle´s : Sud-Est France ; Pale´olithique moyen ; Quartz ; Occupation d’un fosse´ ; Petits assemblages Keywords: Southeastern France; Middle Palaeolithic; Quartz; Ditch occupation; Poor assemblages

1. Introduction L’Abri des Peˆcheurs offre une se´quence exceptionnelle comprenant a` la fois des niveaux du Pale´olithique moyen et des niveaux du Pale´olithique supe´rieur sans re´el hiatus stratigraphique, offrant la possibilite´ d’examiner la limite Pale´olithique moyen tardif/de´but du Pale´olithique supe´rieur dans la re´gion. Cette se´quence est date´e des stades isotopiques 5 a` 3 pour les niveaux du Pale´olithique moyen, au vu des premie`res se´ries de dates 14C, ESR et U/Th, et des donne´es pale´oenvironnementales. Les niveaux de la base de la se´quence du Pale´olithique moyen ont enregistre´ les traces d’une fre´quentation humaine du fosse´ alors que celui-ci a` plus de 4 m de profondeur. Les artefacts, peu nombreux, sont associe´s a` des restes de bouquetins et de loups. Le roˆle de l’Homme dans l’accumulation osseuse des herbivores et/ou son traitement n’est pas encore clairement e´tabli (Prucca, 2001). Ce type d’association est peu fre´quent en Europe (site de Galeria en Espagne ou grotte de l’Hortus en France), et il est plus commun de voir des occupations humaines dans des sites ou` les urside´s sont abondants, morts apre`s l’hivernage (de Lumley, 1972 ; Moncel et al., 2002 ; Olle´ et al., 2005). Des fre´quentations humaines e´pisodiques sont plutoˆt enregistre´es dans des repaires de hye`nes (Villa et Soressi, 2000 ; Villa et al., 2004). Les artefacts sont pre´sents en quantite´ variable sur toute l’e´paisseur du remplissage te´moignant d’une fre´quentation re´currente de la cavite´ par les hommes alors que sa superficie habitable se re´duit par l’accumulation des se´diments et que le fosse´ est de plus en plus facilement accessible et peu profond. La composition du mate´riel arche´ologique reste e´galement stable au cours du temps. Il s’agit principalement de produits en quartz, de galets peut-eˆtre apporte´s par l’homme, et de quelques produits en silex. Cette situation est rare dans la re´gion ou` la plupart des sites du Pale´olithique moyen livrent plutoˆt des se´ries compose´es essentiellement de silex, matie`re premie`re abondante sur les plateaux et dans les cours d’eau bordant la valle´e du Rhoˆne. Le quartz est en ge´ne´ral re´serve´ a` un usage plus ponctuel et secondaire.

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Les sites du de´but du Ple´istoce`ne supe´rieur (stades isotopiques 5, 4 et de´but du stade 3) connus a` ce jour sur la rive droite de la moyenne valle´e du Rhoˆne sont concentre´s principalement le long de l’Arde`che. Plus au nord, les gisements livrant des niveaux de ces aˆges sont plus rares (Abri Moula, Baume Ne´ron, Payre). La valle´e du Chassezac, affluent de l’Arde`che, ou` est situe´ l’Abri des Peˆcheurs, n’a livre´ a` ce jour que peu de te´moignages d’occupations ne´andertaliennes. Les occupations humaines date´es du stade isotopique 5 sont par ailleurs peu nombreuses, la plupart des se´quences e´tant plutoˆt rattache´es aux stades isotopiques 4 et de´but 3. Des de´poˆts du stade isotopique 5 n’ont e´te´ identifie´s a` ce jour qu’a` la base de la se´quence de l’Abri Moula (Soyons) et au sommet de la se´quence de Payre (Rompon) (Defleur et al., 2001 ; Moncel et al., 2002). La se´quence du Pale´olithique moyen de l’Abri des Peˆcheurs offre donc l’opportunite´ d’examiner une occupation humaine ne´andertalienne re´currente dans un fosse´, certainement a` partir de la fin de la dernie`re pe´riode glaciaire, pendant le ple´niglaciaire et le de´but du dernier ˆ ge trouve´e en surface, les niveaux du Pale´olithique glaciaire. Outre la se´pulture du Moyen A moyen et du Pale´olithique supe´rieur ont livre´ plusieurs dents dans la partie moyenne de la se´quence qui sont en cours d’e´tude. Une d’entre elle a de´ja` fait l’objet d’une publication. Elle a e´te´ attribue´e a` un Ne´andertalien (Bouvier, 1982). Cette se´quence permet e´galement d’examiner un des rares assemblages de la re´gion ou` le quartz domine. Il reste a` comprendre la ou les fonctions du site et donc les raisons d’une fre´quentation humaine re´currente dans un tel contexte topographique. Les raisons qui ont conduit au choix pre´fe´rentiel du quartz sont e´galement a` pre´ciser alors que la cavite´ est situe´e dans les aure´oles se´dimentaires des bordures du Massif Central, aure´oles renfermant du silex a` plus ou moins grande distance. 2. Le site Le site arche´ologique a e´te´ de´couvert en 1973 par H. et P. Bayle. Il est localise´ a` 30 km de Vallon-Pont-d’Arc, dans la valle´e du Chassezac, principal affluent de l’Arde`che. Le site est e´galement localise´ a` proximite´ du bois de cheˆnes de Paı¨olive conside´re´ comme une population relique (Lhomme, 2003). C’est une petite cavite´ allonge´e de 15–20 m2 de surface, de´veloppe´e a` partir d’une diaclase verticale s’ouvrant dans les falaises du Jurassique supe´rieur (Kimme´ridgien) et oriente´e vers le sud-est (Fig. 1). Le porche est a` ce jour de 5 m de haut. Sa morphologie (syme´trie des parois et vouˆte en coupole) en fait une sorte de « cabane naturelle » (Lhomme, 1978a, 1981, 1983, 1984, 1988, 2003 ; Lhomme et al., 1980). Elle est situe´e a` plus de 26 m audessus du lit actuel de la rivie`re, sur sa rive gauche, et a` proximite´ d’un me´andre du Chassezac encaisse´ dans le Kimme´ridgien du Jurassique supe´rieur et borde´ par un e´peron rocheux s’e´levant ` ses pieds passe la seule vire qui permet de gagner le a` plus de 80 m au-dessus du cours d’eau. A plateau a` partir de l’abri. Des fouilles programme´es se sont de´roule´es de 1973 a` 1988 sous la direction de G. Lhomme. En 2005, une nouvelle campagne (sous la direction de M.-H. Moncel) a concerne´ toute la se´quence du Pale´olithique moyen dans le but de pre´ciser le cadre chronostratigraphique des occupations humaines. 3. Se´quence stratigraphique Le remplissage, dont l’e´paisseur de´passe 7 m, s’e´tend principalement du Pale´olithique moyen au Pale´olithique supe´rieur ou` ont e´te´ identifie´s des niveaux du Magdale´nien final, du Solutre´en, du Pe´rigordien supe´rieur a` burins de Noailles et de l’Aurignacien (de´couverte d’une sagaie a` base fendue) (Lhomme, 1983). La partie supe´rieure du remplissage a conserve´ des traces

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Fig. 1. Localisation et aspect du site de l’Abri des Peˆcheurs. Fig. 1. Location and morphology of the Abri des Peˆcheurs.

ˆ ge (se´pulture). Ce site est un d’occupations du Ne´olithique final, du Bronze final et du Moyen A des rares gisements du secteur a` enregistrer le passage Pale´olithique Moyen/Pale´olithique supe´rieur et, surtout, a` livrer de l’Aurignacien comme a` la grotte Chauvet et peut-eˆtre au Figuier (Gely, 2005). La cavite´ a e´te´ divise´e a` la fouille en trois secteurs (Fig. 2). Le secteur A correspond a` l’entre´e et est en partie remanie´ par les occupations les plus re´centes. Le secteur B est plus e´troit et correspond au fond de l’abri lors de sa de´couverte. Le secteur C, le plus profond, a e´te´ de´couvert lors des fouilles. Dans cette zone, le remplissage atteint plus de 5 m de hauteur et se prolonge par une « galerie » d’e´rosion descendante dans des niveaux ste´riles dont on voit l’amorce apre`s de´blaiement, chatie`re comble´e par un effondrement partiel du remplissage dont l’aˆge est difficile a` estimer, au moins Holoce`ne. Le de´blaiement a permis de mettre au jour l’entre´e d’un re´seau souterrain qui est visible par le de´mante`lement d’un niveau de se´diments indure´s formant la base de la se´quence du Pale´olithique moyen au fond de la cavite´ (Fig. 3). Sous ces premiers niveaux d’occupation humaine rattache´s au Pale´olithique moyen, quatre niveaux bre´chifie´s tre`s indure´s et ste´riles ont e´te´ identifie´s, se´pare´s entre eux par des niveaux rouge argileux tre`s compacts. Ils paraissent pouvoir eˆtre mis en relation avec le re´seau karstique interne encore actif (stalagmites et stalactites visibles dans une salle situe´e sous le site et accessible par la chatie`re). L’existence de ce re´seau serait responsable de l’e´rosion souterraine de se´diments ayant entraıˆne´ un soutirage et l’effondrement de la partie centrale du remplissage ple´istoce`ne et holoce`ne de la cavite´. Les niveaux d’occupation humaine, poste´rieurs aux niveaux indure´s de base, seraient dans des de´poˆts forme´s dans un contexte de cavite´ ouverte vers l’exte´rieur et la dynamique du remplissage est encore a` e´tablir avec certitude en raison de la topographie de la cavite´. La cavite´ est en effet

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Fig. 2. Plan et coupe longitudinale de l’Abri des Peˆcheurs avec la localisation des secteurs de fouille. Fig. 2. Map and longitudinal profil of the Abri des Peˆcheurs with location of the excavated areas.

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Fig. 3. Aspect de l’Abri des Peˆcheurs : vue a` partir de l’entre´e actuelle. Fig. 3. Photography of the Abri des Peˆcheurs from the actual entrance.

de´limite´e a` l’entre´e par un seuil rocheux, ve´ritable verrou double´ face interne par un plancher stalagmitique sub-vertical. Pour acce´der au fond de l’abri, les hommes ont duˆ descendre dans un « fosse´ » de plus de 4 m de profondeur pour les plus anciennes occupations. La surface habitable du fosse´ est estime´e a` environ 20 m2. Il est impossible de mesurer le degre´ de recul du porche actuel de la cavite´ et de savoir si les hommes ont pu s’installer en avant d’une grotte plus vaste. Au moins 35 niveaux (ou de´capages) ont e´te´ identifie´s a` la fouille (10–11 couches pour le Pale´olithique supe´rieur et 14–16 couches pour le Pale´olithique moyen), avec un pendage nordouest de 5–108 vers le fond de la cavite´. Le remplissage est compose´ d’une alternance de niveaux de cailloutis calcaires, de sables fins ou graveleux et de blocs d’effondrement (Debard, 1988). L’essentiel du remplissage se serait mis en place par cryoclastisme. La matrice limoneuse aurait e´te´ apporte´e par ruissellement et provient des formations continentales plioce`nes qui couvrent le plateau de Casteljau situe´ au-dessus du site. Certains niveaux mate´rialisent des phases d’effondrements marque´s des parois et du plafond, et des fragments de plancher stalagmitique sont observables en plus grande quantite´ vers la base du remplissage (fragments du plancher de l’entre´e ?). 4. Les niveaux d’occupation du Pale´olithique moyen : fouilles Gilbert Lhomme (1973–1988) La fouille a e´te´ re´alise´e en de´capages successifs et en escalier, ne de´gageant que quelques secteurs de la cavite´. Les de´capages supe´rieurs F3 a` F10 sont rattache´s au Pale´olithique supe´rieur, et certains renferment plusieurs « sols » d’occupation distincts. Des structures de combustion et ` partir de F11 de´butent les assemblages des zones ocre´es y sont visibles, plus ou moins ravine´es. A les plus re´cents du Pale´olithique moyen. Ils n’ont e´te´ de´gage´s que sur une petite surface, vers

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l’avant du site. Ils correspondent a` l’occupation d’une petite cavite´ en partie comble´e (Lhomme, 1978b). Certains secteurs, bien conserve´s en bordure des parois, sont difficilement raccordables stratigraphiquement. Par exemple, la logette L1, de´limite´e par des blocs, contient les restes d’un ours et trois niveaux a` galets et ossements ont e´te´ identifie´s. Il en est de meˆme pour une autre banquette, L2, contenant les restes d’un loup. ` la base du remplissage (390 – >445 cm de profondeur, secteur S4), en partie remanie´e par le A soutirage, la se´quence devient plus complexe et la surface habitable de la cavite´ plus vaste.

Fig. 4. Plan d’un des secteurs de fouille de la base de la se´quence (ensemble 2) (d’apre`s les rapports de fouilles de G. Lhomme). Fig. 4. Map of one of the excavated area of the base of the sequence (unit 2) (according to field reports from G. Lhomme).

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Fig. 5. Plan d’un des secteurs de fouille de la base de la se´quence (ensemble 3) (d’apre`s les rapports de fouilles de G. Lhomme). Fig. 5. Map of one of the excavated area of the base of the sequence (unit 3) (according to field reports from G. Lhomme).

Plusieurs niveaux, attestant la pre´sence humaine, ont e´te´ repe´re´s, le´ge`rement en pente vers le fond de l’abri et interstratifie´s avec des niveaux a` Carnivores et a` Herbivores (Figs. 4 et 5). Une zone rube´fie´e est visible sur plus d’un me`tre carre´. Les niveaux d’occupation humaine du Pale´olithique moyen se situent donc en contrebas d’un seuil rocheux, dans un fosse´ dont la surface habitable est de plus en plus e´tendue, plus les pe´riodes sont anciennes. Pour acce´der a` la cavite´, les premiers occupants ont du utiliser des « marches naturelles » forme´es par le substratum et le plancher stalagmitique sub-vertical. En raison du soutirage qui a e´te´ observe´ a` la fouille, et qui a entraıˆne´ l’effondrement de plus d’un me`tre de toute la se´quence du site, seules les pie`ces arche´ologiques, dont la position stratigraphique est certaine, ont e´te´ e´tudie´es (Figs. 6 et 7). Il est donc probable que la fre´quence des artefacts en silex soit le´ge`rement sous-estime´e par l’e´limination de toutes pie`ces douteuses pouvant provenir des niveaux du Pale´olithique supe´rieur. 5. Conditions pale´oenvironnementales  L’analyse des Carnivores a e´te´ re´alise´e par F. Balme, puis par R. Ballesio (Balme, 1984). Elle met en e´vidence la pre´sence de Ursus spelaeus, Ursus arctos, Canis lupus, Canis alpinus, Vulpes vulpes, Crocuta spelaea, Panthera pardus, Pantheara spelaea, Felis silvestris, Cuon alpinus et Lynx sp. U. spelaeus et U. arctos sont typiquement wu¨rmiens. Les restes d’U. arctos sont regroupe´s dans un niveau de la partie moyenne de la se´quence, alors que ceux de

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Fig. 6. Profil longitudinal des artefacts et position des phases d’occupation humaine a` l’Abri des Peˆcheurs (fouilles G. Lhomme). Fig. 6. Location of the artefacts and of the main human occupations in the sequence in the Abri des Peˆcheurs (G. Lhomme excavations).

Fig. 7. Nombre de pie`ces lithiques par de´capages (fouilles G. Lhomme). Fig. 7. Number of artefacts in each archaeological layers (G. Lhomme excavations).

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U. spelaeus sont disperse´s tout au long de la se´quence. Au niveau des de´capages F21 a` 23, un spe´cimen d’U. spelaeus a e´te´ de´gage´ en place, indiquant peut-eˆtre le fonctionnement de la cavite´ en tanie`re bien que la topographie du fosse´ puisse faire plus penser a` un « aven-pie`ge ». Les restes de C. spelaea et V. vulpes sont surtout localise´s dans les niveaux de base, de meˆme qu’un fragment de C. alpinus. Les loups sont pre´sents sous forme d’individus entiers. Le cerf, le bouquetin et le chamois figurent aussi parmi les restes osseux. L’ibex est l’espe`ce la plus fre´quente, en particulier a` la base du remplissage. Des restes de Coelodonta antiquitatis ont e´te´ de´couverts dans les de´capages F10 a` F14, a` la fin de la se´quence du Pale´olithique moyen. L’association du castor, du sanglier, d’un grand bovide´, de la hye`ne des cavernes, du renard, de l’ours et du rhinoce´ros laineux dans les phases les plus re´centes du Pale´olithique moyen a conduit C. Gue´rin a` rattacher ces niveaux a` la zone 26, soit le Wu¨rm (Gue´rin, 1980). Le renne est plus abondant dans les de´capages F20/21. L’e´tude des bouquetins, sous le de´capage F23 et jusqu’a` la base du remplissage, e´tablit l’absence de l’action de l’homme sur des animaux certainement tombe´s dans un pie`ge, a` la fin du printemps et/ou en automne. En revanche, des carnivores y ont laisse´s leurs traces (Cre´gut-Bonnoure, 1987, 1992, 2002 ; Prucca, 2001). Les restes osseux donnent l’image d’un ve´ritable charnier. L’abondance des ossements en connexion permet de supposer que le remplissage de cette partie de la se´quence n’a pas glisse´ en provenance de secteurs situe´s a` l’exte´rieur du fosse´.  La microfaune est pauvre dans les niveaux du Pale´olithique supe´rieur (quelques e´chantillons de Microtus arvalis, espe`ce de milieu steppique continental). En revanche, les niveaux du Pale´olithique moyen livrent a` la fois des espe`ces forestie`res, de bords d’eau, d’e´boulis (Chionomys nivalis) et de milieux froids (Microtus malei-oeconomus). Microtus agrestis est abondant dans tout le remplissage et la diversite´ des Arvicolinae permet de conclure a` un environnement plus ou moins ouvert aux abords de la cavite´, sous un climat froid et humide, correspondant certainement a` une seule phase climatique (Tableau 1). Seule la base de la se´quence indique un milieu peu froid (El Hazzazi, 1998). En ce qui concerne les restes aviaires, l’ensemble 4 de base a livre´ Columba oenas, cf. Pinicola enucleator, Pyrrhocorax graculus, Hirundo daurica (Vilette, 1983). L’ensemble 3 a livre´ une espe`ce spe´cifique du milieu me´diterrane´en (Falco cf. naumanni). La couche 13 supe´rieure pre´sente un corpus d’oiseaux he´te´roge`ne, a` caracte`re froid (Buteo lagopus, Nyctea scandiaca), tempe´re´ (Perdix perdix, Cortunix cortunix) et forestier (Columba oenas). De nombreux restes de Batraciens, de reptiles (le´zard et vipe`re), de poissons et de mollusques comple`tent la se´rie de base (Jeannet, 1980).  L’analyse palynologique des de´poˆts a concerne´ des e´chantillons provenant du fond de la cavite´. Les zones indure´es de la base livrent un fort taux de Filicales et de Pinus. Les diagrammes des niveaux sus-jacents indiquent une re´gression des arbres de la base au sommet de la se´quence (Tableau 1). Le paysage est tout d’abord semi-ouvert sous influence me´diterrane´enne (climat chaud et humide) (fort taux de Quercus t. ilex) (Kalaı¨, 1998). Puis, il reste semi-ouvert avec des espaces boise´s de Quercus et Tilia et les espaces ouverts sont occupe´s par des plantes xe´riques et he´liophiles. Le climat plus sec signalerait une de´gradation climatique. La zone supe´rieure de la se´quence indique l’installation d’une ve´ge´tation steppique dans un contexte froid et sec qui marquerait le de´but de la se´quence du Pale´olithique supe´rieur. Les associations ve´ge´tales plaident en faveur d’un de´poˆt de la base du remplissage lors d’un interstade du stade isotopique 6 sous les premiers niveaux d’occupation et sous la premie`re zone indure´e. Puis, alors que l’homme commence a` fre´quenter la cavite´, la se´dimentation se serait de´roule´e lors d’une phase finale de l’E´e´mien. Les de´poˆts de la partie infe´rieure de la se´quence du Pale´olithique moyen pourraient se rattacher au stade isotopique 5d ou 5c (zones bre´chifie´es des stades 5c et 5a ?).

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Tableau 1 Bilan des donne´es palynologiques et de la microfaune (d’apre`s Kalaı¨, 1998 ; El Hazzazi, 1998) Table 1 Palynological and microfauna patterns (according to Kalaı¨, 1998 ; El Hazzazi, 1998) Profondeur

Niveaux arche´ologiques

Donne´es palynologiques

Microfaune espe`ces les plus fre´quentes

>264 cm 224–269 cm 284–310 cm

Pale´olithique supe´rieur F10–F16 - Fin du Pale´olithique moyen F17–F18

M. arvalis/agrestis> M. arvalis/agrestis M. oec/mal M. arvalis/agrestis Apodemus, Chionomys Arvicolae

310–355 cm 355–373 cm

F19–F24 F25–F26

430–449 cm

Secteur 4 Ensemble 2

Environ 450 cm

449–463 cm

Bre`che Base Pale´olithique moyen Ste´rile

Peu interpre´table Milieu ouvert Espe`ces de zones abrite´es AP 50 % Quercus, Betula, Tilia Cheˆnaie me´diterrane´enne Climat plus rigoureux 84 % herbace´s Pinus, Quercus Ouvert-steppique 90 % Asteracea Rares Pinus Tre`s ouvert-steppique Froid et sec 45 % Pinus, Picea Humidite´

464–480 cm

Ste´rile

480–500 cm

Ste´rile

500–525 cm

Ste´rile

555 cm

Ste´rile

Pinus > Quercus et Betula Semi-ouvert AP 60 %, Cheˆnaie + Corylus, Carpinus, Betula Tempe´re´, me´diterrane´en, Type caducifolie´ Quercus, Tilia Plantes xe´riques et he´liophiles Semi-ouvert AP 67 %, Quercus t. ilex> Fraxinus, Alnus, Hedera, Buxus Tempe´re´ me´diterrane´en 47 % herbace´s, fort taux de Quercus t. ilex, semi-ouvert-steppique

Eliomys, Chionomys Arvicola M. arvalis/agrestis Apodemus, Chinomys M. gregalis, Terricola Arvicolae

M. arvalis/agrestis Apodemus, M. oec/mal. M. agrestis, Apodemus Chinomys, Eliomys

Arvicolae, Eliomys M. agrestis

Les niveaux supe´rieurs du Pale´olithique moyen seraient contemporains du ple´niglaciaire (stade isotopique 4). 6. Datations

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C, ESR et U/Th

Les datations par radiocarbone donnent un aˆge de 24 400  750 pour F11–F12, 28 440  1280 pour F13, un aˆge maximum de 31 000 pour le de´capage F16 et 24 940  680 BP pour le niveau 5base (Evin et al., 1985). La logette L1 serait date´e de 29 700  900 BP. Mis a` part Ly-2339 et 2342, les dates sont homoge`nes et en partie confirme´es par l’e´tude de la race´misation des acides amine´s du collage`ne des os. Il est cependant possible que des contaminations aient rajeuni les aˆges. Ces dates, a` la limite de la me´thode, sont a` discuter (Tableau 2). Les datations par U-Th de neuf ossements provenant des couches F14–F15 et F20–21, et de deux e´chantillons des zones bre´chifie´es de la base de la se´quence sugge`rent que ces niveaux se

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Tableau 2 Dates au radiocarbone, ESR et U/Th pour la se´quence de l’Abri des Peˆcheurs (Evin et al., 1985 ; Masaoudi et al., 1994) Table 2 Radiocarbon dates, ESR and U/Th for the Abri des Peˆcheurs sequence (Evin et al., 1985 ; Masaoudi et al., 1994) E´chantillons 14 C

Niveau

Type e´chantillon

Ly-2337 Ly-2338 Ly-2339

F9 F11–12 F10–11

Os Os Os

Ly-2341 PECH 1 PECH 2 Ly-2343 Ly-2340 PECH 3 PECH 4 Ly-2342

F13 F14–F15

Os Os Os Os Os Os Os

PECH PECH PECH PECH PECH PECH PECH

CA1 5 6 7 CA2 8 9

F16 L1–2 F20–21

Aurignacien

Pale´olithique moyen

5-base S4

Industries

Bre`che Os Os Os Bre`che Os Os

Profondeur (cm)

14

210–230 225–230 230–240

26 760  1000 29 400  900 23 880  750

240–250 250

28 440  1280

260 270–300 330

>31 000 29 700  900

395–420

24 940  680

430 445 445 445 450 450 570

C aˆge (BP)

ˆ ge A U-Th ka (LU)

ˆ ge A ESR ka

49  2 21  1

50 + 3/ 2 51  2

39 + 3/–2 47  2 56 + 5/ 4

95  14

80  5 111 + 6/ 5

118  19

sont de´pose´s entre 120 et 40 ka BP (Masaoudi et al., 1994 ; Valladas et al., 1999). Les conditions d’enfouissement portent a` penser a` une action ge´ochimique importante et a` des e´changes avec le monde exte´rieur ayant modifie´ les teneurs en uranium. Les deux dates obtenues sur les bre`ches localise´es sous les premiers niveaux d’occupation humaine du Pale´olithique moyen sont comprises entre 83 000 et 118 000 ans (Tableau 2). La formation de ces niveaux indure´s se serait effectue´e alors pendant le stade isotopique 5. L’e´tude se´dimentologique des de´poˆts de la base de la se´quence arche´ologique (5-base et F27 a` F19) indique que le remplissage a eu lieu sous un climat froid et humide, contemporain dans ce cas du de´but du ple´niglaciaire (Debard, 1988). Puis, la partie supe´rieure de la se´quence d’occupation du Pale´olithique moyen verrait l’installation d’un climat doux humide allant, vers le sommet, vers un froid sec suivi d’un froid humide. Les hommes seraient donc venus fre´quenter une cavite´ type « fosse´ » qui e´tait suffisamment ouverte pour permettre une occupation vers la fin du stade isotopique 5. 7. Les artefacts, te´moins d’une fre´quentation humaine de la cavite´ : valeur des assemblages lithiques et matie`res premie`res Plusieurs types de pie`ces ont e´te´ recueillis dans les de´poˆts (Tableau 3). Ce sont des galets, entiers ou casse´s, et des artefacts ayant subi un traitement anthropique. Les matie`res premie`res les plus fre´quentes pour les galets sont le quartz, et les roches que nous avons regroupe´es sous le terme ge´ne´ral de roches cristallines (gneiss, granites, roches diverses). Seuls quelques artefacts en gre`s et schiste (galets plats) et un galet de quartzite ont e´te´ de´compte´s. Toutes ces roches sont pre´sentes en abondance au pied du site dans le Chassezac sous forme de galet. Toutefois, il n’est pas certain que tous les galets entiers ou casse´s de´compte´s dans les se´ries aient e´te´ apporte´s par

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Tableau 3 Assemblages lithiques des niveaux du Pale´olithique moyen de l’Abri des Peˆcheurs (Casteljau, Arde`che) Table 3 Lithic assemblages of the Middle Palaeolithic levels in the Abri des Peˆcheurs (Casteljau, Arde`che) De´capages

F11 F12

Quartz produits

Quartz nucle´us

4 1

5 69 39 31 9 32

Galets entiers casse´s

F13 F14 F15 L1 logette F16 F10–15 F14–15 F15–16



25 4

F17–18 F19 F20 L2 logette F21 F22 F23 F24 F25

236 91 89 1 7 27 6 28 4

1 2

F26

29

1

Ensemble 3 supe´rieur Ensemble 2 moyen Ensemble 1 infe´rieur Remanie´ ou zone inconnue

67 28 32

5

2 1?

2 1 – 1 1

Silex produits

Silex nucle´us

Autres roches produits

1

5 12

6

5 1 5 9 2 1 1 2

30 1 2 6? 22

4 4 3

4 11 11

3

4 16 – 28 11

9

2

2

44

8 2 3

2 1 7 1

124 33 63 13

1 3 7 + 1 chopper 10 37 2 21 12



Total

5 7

1 1 2

1?

1

– 1

109 48 40 26 56 2 28 6 245 108 105 3 24 43 7 61 23

l’homme. Des conglome´rats plioce`nes sont situe´s sur le plateau au-dessus du site et il est possible que des pie`ces soient parvenues dans le fosse´ par des processus naturels. Le corpus n’est donc pas totalement a` conside´rer comme anthropique. Seuls les artefacts en quartz et en silex (et ponctuellement en calcaire) sont les te´moins incontestables d’une fre´quentation humaine de la cavite´. Les artefacts en quartz sont les pie`ces les plus fre´quentes, issues de galets certainement re´cupe´re´s sur les bords du Chassezac en contrebas du site, alors que le silex est rare, pre´sent sous forme d’e´clats et de rares nucle´us ou fragments de nucle´us. Les e´clats de silex sont issus d’au moins neuf types pe´trographiques, a` grains fins ou granuleux : couleur bleu, gris, brun chocolat, brun translucide, caramel, noir, verdaˆtre. Du jaspe et du silex gris savonneux (silt-cre`te ?) ont e´galement e´te´ reconnus. L’e´tat du cortex permet de penser que la re´colte de cette roche a eu lieu dans des colluvions (en position secondaire sans grand de´placement) ou en place (cortex de rognon, de plaquette), rarement dans un cours d’eau (peu de rognon tre`s roule´ ou de galet). Le site est localise´ dans les formations calcaires du Kimme´ridgien ou` le silex est absent. Les calcaires a` silex du Portlandien (Tithonique) affleurent en revanche a` quelques centaines de me`tres du site (Fig. 8). Ils livrent un silex brun chailleux ou a` grains fins, en nodules aplatis avec du cortex grossier ou pelliculaire.

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Fig. 8. Carte topographique des environs de l’Abri des Peˆcheurs et zones potentielles de collecte des mate´riaux (mise au propre par B. Delarebeyrette). Fig. 8. Topographical map of the surroundings of the Abri des Peˆcheurs and possible areas for the raw material gathering. (drawings by B. Delarebeyrette).

Seuls certains artefacts sont de ce type de silex. Il reste a` savoir si la variabilite´ pe´trographique du silex rencontre´e dans les assemblages est le reflet d’un pre´le`vement plus ou moins lointain qui reste a` localiser (local et semi-local) et s’il y a un apport de pie`ces de´ja` de´bite´es de sources tre`s e´loigne´es. 8. Les niveaux profonds d’occupation (base de la se´quence, secteur S4) La base de la se´quence a e´te´ fouille´e sur 6 m2 dans le secteur S4, au fond de la cavite´. Les niveaux arche´ologiques reposent sur une surface indure´e, en partie de´mantele´e. Seuls 3 m2 ont livre´ du mate´riel en place, en bordure des parois. Plusieurs niveaux d’artefacts et d’ossements ont e´te´ identifie´s a` la fouille sur environ 70 cm d’e´paisseur, avec une forte fre´quence de restes de bouquetins et de loups. Les e´tudes arche´ozoologiques de´crivent un charnier de bouquetins. Le roˆle de l’homme dans ces amas n’est pas encore clairement de´montre´ (Prucca, 2001). Trois ensembles ont e´te´ distingue´s de bas en haut (Tableau 4) :  ensemble 1 : forte densite´ d’ossements non bruˆle´s, e´pais de 10 a` 15 cm reposant directement sur le niveau indure´. Les restes osseux sont conserve´s en connexion anatomique. La plupart des vestiges, compose´s surtout d’ibex, sont regroupe´s sur deux carre´s en bordure de la paroi ;

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Tableau 4 Secteur S4 du fond de l’abri : profondeur et de´capages (d’apre`s les fouilles de G. Lhomme) Table 4 S4 area in the site bottom: deepness and archaeological layers (according to G. Lhomme excavations) Ensemble 3 (2 de´capages) Ensemble 2 foyer 1a, 1b, 1c, 1d Ensemble 1 (1e ?) Zones bre´chifie´es

390–430 cm 430–445 cm 445–465 cm >445 cm : 1re zone bre´chifie´e

 ensemble 2 : forte densite´ d’ossements bruˆle´s et non bruˆle´s. Aucun artefact ne porte de traces de feu. Une zone de combustion (zone cendreuse et/ou rube´fie´e d’1 m2 ceinture´e par une rube´faction diffuse) s’e´tend sur plusieurs carre´s. L’ibex est toujours abondant ;  ensemble 3 : forte densite´ de cailloutis, de fragments de planchers, et de restes osseux parfois en connexion anatomique regroupant certainement plusieurs phases d’occupation compacte´es. L’ibex domine encore largement le chamois, l’ours, le cerf et des carnivores comme le loup, la hye`ne, le dhoˆle, la panthe`re et le lion des cavernes. 8.1. L’ensemble 1 Les galets entiers ou brise´s, ovales ou ronds, composent pre`s de la moitie´ de l’assemblage pour l’occupation la plus ancienne (Tableau 5). Les dimensions varient de 40 a` 115 mm (forte fre´quence a` 50–60 mm) et de 40 a` 65 mm pour les galets tre`s plats en schiste (10–15 mm d’e´paisseur). Aucun ne porte de traces de percussion. Les artefacts en quartz sont uniquement des e´clats bruts (Tableau 6), issus des diffe´rentes e´tapes de la chaıˆne ope´ratoire et un tiers, tre`s fragmente´s, porte du cortex, principalement au niveau du talon ou d’un dos. Les types de produits les plus fre´quents sont les e´clats a` dos. Les dimensions des artefacts varient de 10 a` 40 mm, 45–65 mm pour les plus grands (entames et e´clats a` talon-dos non cortical). Les e´paisseurs sont supe´rieures a` 10–15 mm. Les trois e´clats en silex sont issus de trois types de silex diffe´rents et sont petits (10 a` 15 mm de long) : microde´bris en silex gris, e´clat a` dos cortical a` enle`vements entrecroise´s en chaille brune, e´clat a` enle`vements unipolaires en silex noir (Tableau 7). 8.2. L’ensemble 2 L’ensemble 2 correspond a` une zone fortement rube´fie´e. Le mate´riel lithique y est pauvre et les quatre de´capages ont surtout livre´ des restes osseux. Aucun artefact n’est bruˆle´. La se´rie est Tableau 5 Nombre de galets entiers ou fragmente´s des niveaux profonds de l’Abri des Peˆcheurs Table 5 Number of entire or fragmented pebbles of the lower levels of the Abri des Peˆcheurs Galets cristallins

Ensemble 3 Ensemble 2 Ensemble 1

Galets de quartz

Galets de quartzite

Palets en schiste

Entiers

Brise´s

Entiers

Brise´s

Entiers

Entiers

16

14

3 2 3

2

1

1

7

4

5

1 + 5 e´clats

Autres roches

Brise´s

2

1 1 e´clat de calcaire ?

226

M.-H. Moncel, G. Lhomme / L’anthropologie 111 (2007) 211–253

Tableau 6 Types d’artefacts en quartz des niveaux profonds de l’Abri des Peˆcheurs Table 6 Type of quartz artefacts of the lower levels of the Abri des Peˆcheurs Quartz

Ensemble 1

Pourcentage

Ensemble 2

Pourcentage

Ensemble 3

Microfragments <5 mm Microfragments <10 mm De´bris-fragments e´clat 15 mm De´bris-fragments e´clat 30–35 mm

1 4 2 5

Entames E´clats corticaux E´clats a` dos cortical + TC, 1 tranchant E´clats a` dos cortical, 2 tranchants adjacents E´clats a` talon cortical a` 2 ou 3 tranchants

6 1 2

4

3

E´clats < 10 mm sans cortex (plusieurs tranchants) E´clats a` dos sans cortex, 1 ou 2 tranchants adjacents E´clats brise´, 1 ou 2 tranchants adjacents E´clats sans cortex, 3 tranchants au moins nucleus

5

12

Total

37,5

3 2 2 1

28,5

4 34,3

6

35,7

2 8 12 1 9 1 1

Pourcentage

31,9

20,8

1

2

28,1

6

35,7

5

40,3

4 4

8 5

32

28

72

87,8

compose´e de deux petits galets et de 28 produits en quartz, d’un e´clat de schiste, et de deux artefacts en silex : lame a` dos cortical (rognon de silex patine´), e´clat court a` dos cortical retouche´ transversalement (plaquette de silex bleu) (Tableaux 5–7). Les artefacts en quartz sont des e´clats, excepte´ un de´bris qui pourrait eˆtre un fragment de nucle´us. Un seul e´clat porte une encoche. Les produits corticaux sont des entames (n = 4) et des e´clats a` talon cortical et parfois a` dos (n = 6). Ils sont e´pais (15–20 mm). Les e´clats non corticaux (n = 10) sont a` talon lisse et, lorsque l’observation est possible, a` enle`vements entrecroise´s. Six e´clats portent des dos qui peuvent eˆtre conside´re´s comme des bords de nucle´us. L’intense fracturation geˆne une lecture plus de´taille´e des stigmates du de´bitage. 8.3. L’ensemble 3 C’est le niveau ou` les galets entiers ou brise´s sont les plus nombreux (n = 37) (Tableau 5) :  schiste : un palet de 80 mm de long ;  quartzite : une boule de 40 mm de long ;  roche cristalline : 30 galets principalement ronds ou ovalaires, mesurant de 30 a` 150 mm de long (maximum vers 60–70 mm). Les e´paisseurs sont de 40–50 mm. Certains galets sont brise´s

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Tableau 7 Artefacts en silex des niveaux profonds de l’Abri des Peˆcheurs Table 7 Flint artefacts of the lower levels of the Abri des Peˆcheurs Silex

Ensemble 1

Microfragments <10 mm De´bris-fragments e´clat 15 mm De´bris-fragments e´clat 30–35 mm Entames E´clats a` dos cortical + TC, 1 tranchant E´clats a` dos sans cortex, 1 ou 2 tranchants adjacents E´clats sans cortex, 3 tranchants au moins

1

1

Total

3

1

Ensemble 2

Ensemble 3 1 1 2 1

2 1 3 2

8

longitudinalement ou sont des fragments informes. Un galet entier et un galet brise´ portent des traces de chocs inde´terminables ;  quartz : cinq galets mesurent de 35 a` 100 mm. L’un d’entre eux porte des traces de chocs. Cinq pie`ces en quartz peuvent eˆtre conside´re´es comme des nucle´us (Tableau 6 et Fig. 9). Une est fortement concasse´e et les multiples plans de fracture sont probablement les indices d’un de´bitage multidirectionnel. Les quatre autres nucle´us sont sur des galets de 40, 55, 70 et 95 mm de long. Les e´paisseurs avoisinent les 20 a` 40 mm. L’exploitation est unifaciale ou bifaciale, partielle ou totale, sur deux surfaces se´cantes pyramidales ou convexes, sur lesquelles subsistent des lambeaux de cortex. Le plan de frappe est la surface corticale naturelle de galets a` facettes ou s’appuie sur des ne´gatifs d’enle`vements participant a` l’exploitation. Ces ne´gatifs indiquent un de´bitage entrecroise´ avec un usage ponctuel du de´bordement. Cette disposition est fonction des meilleurs plans de de´bitage qu’offre le nucle´us apre`s chaque enle`vement (angle de chasse de 45 a` 608). Les produits obtenus sont courts et e´pais. Les produits en quartz sont pour un tiers tre`s brise´s, rendant impossible leur de´termination. Une majorite´ des pie`ces entie`res ou peu brise´es sont sans cortex, de petite dimension (10 mm ou 15 a` 35 mm, un cas a` 50 mm) (Fig. 9). Les talons sont lisses, excepte´ un talon die`dre. Les e´clats corticaux sont des entames (15 a` 55 mm) ou des e´clats a` dos ou talon cortical. Un seul e´clat cortical est de tre`s grande dimension (100 mm). Leurs talons sont lisses ou corticaux. Ces e´clats sont courts, a` enle`vements unipolaires, e´pais de 5 mm pour les plus fins (e´clats non corticaux) a` plus de 10 mm. Un seul artefact porte la trace d’une retouche inverse abrupte sur le bord tranchant (e´clat a` talon cortical de 40 mm de long). La chaıˆne ope´ratoire de de´bitage est entie`rement repre´sente´e dans la se´rie et il est possible de supposer qu’un de´bitage a eu lieu dans la cavite´ ou ses abords, au moins dans ce niveau. Le nombre de produits issus de chaque e´tape semble toutefois sous-repre´sente´ ou sur-repre´sente´ selon les observations faites sur les nucle´us. Il est courant de remarquer ce type de composition dans d’autres se´ries en quartz (Jaubert, 1997 ; Geneste, 1997). Soit, le traitement du quartz conduit a` ce type de production, soit la re´colte biaise´e du mate´riel due au soutirage et a` la fouille partielle de ces niveaux explique la composition de l’assemblage. Le silex est issu de quatre types pe´trographiques distincts : brun chailleux, gris-noir chailleux, gris a` grains fins et gris mouchete´. Le premier pourrait eˆtre d’origine locale (Tableau 7). L’origine des trois autres est inconnue (allochtone ?). Excepte´ un fragment d’entame de 35 mm de long, les

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Fig. 9. Nucle´us et e´clats en quartz de l’ensemble 3 du secteur 4 (niveaux profonds d’occupation). Fig. 9. Quartz cores and flakes from the unit 3 in the sector 4 (lower human occupations).

produits sont non corticaux. Ce sont de petits e´clats bruts trape´zoı¨daux ou triangulaires, de 10 a` 35 mm de long et a` talon lisse et de 5–10 mm d’e´paisseur (Fig. 10). 8.4. La production lithique dans les niveaux de base Le mate´riel lithique est peu abondant dans les niveaux de base, comme du reste dans toute la se´quence. Les e´clats en quartz et silex prouvent cependant incontestablement une fre´quentation humaine de la partie profonde de la cavite´, associe´e a` des restes osseux tre`s abondants d’ibex et de loups. Les assemblages sont compose´s essentiellement de galets et produits en quartz, et de galets de roches cristallines. Le silex, le gre`s et le schiste sont beaucoup plus rares. Il n’est pas suˆr que les galets entiers en quartz et roches cristallines, de meˆme que les palets de schiste, re´sultent tous d’un apport anthropique. Les traces de percussion sont en effet anecdotiques. Leurs dimensions varient de 40 a` plus de 100 mm mais une grande partie de ces galets se regroupent autour de 50–60 mm pour

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Fig. 10. E´clats de silex des niveaux profonds : racloir pe´riphe´rique et e´clat brut. Fig. 10. Flint flakes from the lower human occupation: side-scrapers and unretouched flake.

l’ensemble 1 et 60–70 mm pour l’ensemble 3. S’il s’ave`re que les assemblages sont totalement d’origine anthropique, ils ressembleraient alors a` ce qui a e´te´ observe´ dans d’autres sites comme celui de La Borde ou` le gros outillage compose une part importante de l’industrie (Jaubert, 1990). Le quartz et le silex ont e´te´ incontestablement exploite´s. Le traitement du quartz a pu avoir lieu sur place, comme en te´moignent les cinq nucle´us de l’ensemble 3, bien qu’aucun remontage n’ait pu eˆtre re´alise´ entre les nucle´us et les e´clats. Il est possible que certains e´clats, par exemple le plus grand e´clat cortical de l’ensemble 3, aient e´te´ apporte´s de l’exte´rieur, et il n’est pas exclu de penser que certains petits e´clats ont pu eˆtre de´bite´s devant le site ou au bord du Chassezac. La me´thode de de´bitage la plus fre´quente est discoı¨de. Aucune trace d’un de´bitage bipolaire sur enclume n’a pu eˆtre observe´e. Cette solution de remplacement n’a pas e´te´ utilise´e, sans doute parce que des galets quadrangulaires e´taient disponibles dans l’environnement (Mourre, 2004). Des bords tranchants utilisables bruts paraissent eˆtre l’objectif principal de la production quelle que soit la forme ge´ne´rale. La recherche de produits tranchants a eu lieu pre´fe´rentiellement sur le quartz pre´sent en abondance dans le Chassezac au pied de la cavite´. Le silex, peut-eˆtre le schiste, n’ont e´te´ employe´s que secondairement. Ce silex est pour une part d’origine locale. Certains e´clats ne peuvent qu’avoir e´te´ apporte´s dans le site. Ce sont de petits produits non corticaux bruts dont l’origine exacte est encore a` identifier (sources e´loigne´es ?).

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9. La partie moyenne de la se´quence : les niveaux d’occupation F26 a` F17 Ce secteur renferme plusieurs niveaux riches en artefacts (F17 a` F20) dans sa partie supe´rieure. 9.1. Galets entiers et brise´s Les galets, ronds, sont en roches cristallines (60 a` 120 mm), en quartz (45 a` 100 mm) et en schiste (palets e´pais de 5 a` 20 mm). Quelques enle`vements isole´s sont ponctuellement visibles (Tableau 8). 9.2. Outil sur galet Un seul chopper a e´te´ observe´ dans le de´capage F25. C’est un galet de quartz (130 mm de long) avec des enle`vements courts unifaciaux. Des traces d’utilisation sont visibles sur la surface corticale en bordure du tranchant (458). 9.3. Nucle´us reconverti ? Alors qu’aucun e´clat en calcaire n’a e´te´ de´couvert dans les assemblages, le niveau F19 a livre´ un nucle´us en calcaire a` grains fins. Il s’agit d’une pie`ce de 80 mm de long sur galet quadrangulaire. Le culot cortical est conserve´ et les plans abrupts du galet ont e´te´ utilise´s pour exploiter une des faces par des enle`vements orthogonaux. Une grande partie des areˆtes portent des traces d’e´crasement et il est possible que cette pie`ce ait e´te´ apporte´e comme gros support d’outillage et non comme producteur d’e´clats.

Tableau 8 Galets, fragments, outil sur galet et nucle´us des niveaux F26 a` F17 Table 8 Pebbles, fragments, pebble tools, and cores of the F26 to F17 levels Niveaux F17–F18 F19 F20 L2 logette F21 F22 F23 F24

Roches cristallines 2 galets ronds 60–120 mm + 1 fragment 2 galets ronds 120 mm + 3 fragments 2 galets ronds 90 mm + 9 fragments –

Quartz

Schiste

2 galets casse´s + 1 nucle´us 1 galet casse´

2 palets 30–35 mm

Calcaire 1 nucle´us

1 galet rond 70 mm + 1 nucle´us 1 de´bris + 2 nucle´us 1 galet oval 60 mm + 1 nucle´us –

1 galet 60 mm

1 galet oval 45 mm + 1 nucle´us

F25

2 galets casse´s

F26

6 galets entiers et casse´s 90–120 mm + 2 fragments

1 galet casse´ 100 mm + 1 chopper + 1 nucle´us 1 galet 90 mm + 2 nucle´us

– 1 1 1 2

– palet 45 mm palet 45 mm + fragment palets 55–70 mm

2 palets 60–70 mm

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9.4. Artefacts en quartz La fracturation des artefacts caracte´rise la grande majorite´ des se´ries de quartz (Fig. 11). Au vu des diffe´rents types d’e´clats observables, et en raison de la pre´sence de nucle´us, les diffe´rentes e´tapes d’une chaıˆne ope´ratoire de de´bitage paraissent eˆtre pre´sentes a` chaque niveau, mais en quantite´s ine´gales. Ce sont les e´clats sans cortex, les e´clats avec peu de cortex et les entames qui sont les plus nombreux (Tableau 9). Techniquement, ces e´clats pre´sentent des ne´gatifs d’enle`vements unipolaires ou entrecroise´s. Certains se pre´sentent sous forme de facettes sur des produits e´pais. Les talons sont corticaux ou lisses, rarement die`dres. Les dimensions des e´clats varient entre 15 et 50 mm. Quelques produits mesurent 70–80 mm de long. Les e´paisseurs varient de 10 a` 20 mm et plus. Morphologiquement, et du fait de la grande fracturation, comme pour les niveaux profonds, les e´clats pre´sentent souvent des formes cubiques, avec des dos ou plans de fracture oppose´s a` un, deux ou trois tranchants fonctionnels adjacents ou oppose´s. Les sections sont trape´zoı¨dales, triangles syme´triques ou dissyme´triques. Trois artefacts portent des retouches : un fragment de pointe, un e´clat a` talon-dos cortical avec une retouche marginale inverse late´rale et une pointe de´jete´e (retouche ordinaire) sur e´clat sans cortex brise´. Il est impossible d’estimer avec certitude la proportion de traces d’e´crasements dues a` l’utilisation, qui sont visibles fre´quemment sur le tranchant des e´clats sans cortex, rarement sur les dos. Presque tous les niveaux ont livre´ de un a` deux nucle´us sur galet de quartz (Fig. 12) :  F18 : nucle´us de 35 mm de long pre´sentant deux surfaces de de´bitage orthogonales. Une surface, orthogonale au grand plan du galet, a e´te´ exploite´e par des enle`vements unipolaires et a servi de plan de frappe pour une autre surface qui est paralle`le au grand plan du galet et qui a e´te´ exploite´e par des enle`vements entrecroise´s ;  F20 : ce nucle´us mesure 140  110  60 mm. Le galet a e´te´ fracture´ selon son grand plan avant ` partir de la tranche corticale du galet, paralle`le a` la fracture, une surface ou apre`s le de´bitage. A de de´bitage a e´te´ exploite´e par des enle`vements principalement unipolaires courts (fort re´fle´chissement) ;  L2 (logette) : nucle´us a` une surface de de´bitage a` enle`vements centripe`tes, sur un galet globuleux (70 mm) ; fragment de nucle´us cortical a` plans de de´bitage multiples ;  F21 : une des faces corticales du galet (40  25  30 mm) sert de plan de frappe pour une surface de de´bitage qui est exploite´e par des enle`vements entrecroise´s et multidirectionnels (facettes abruptes) : nucle´us a` deux surfaces se´cantes et a` de´bitage unifacial ;  F24 : le galet de quartz est de mauvaise qualite´ (60  55  35 mm) expliquant les nombreux re´fle´chissements et les fracturations. Comme le nucle´us pre´ce´dent, le de´bitage est unifacial, oppose´ aux surfaces corticales du galet. Le de´bitage est entrecroise´ et de´bordant ;  F25 : nucle´us polye´drique avec une areˆte pe´riphe´rique principale (35  35  30 mm) ;  F26 : un des nucle´us ressemble a` celui des niveaux F21 et F24 avec un de´bitage unifacial entrecroise´ oppose´ aux surfaces corticales du galet (70  65  65 mm). Le plan de frappe n’est pas pre´pare´. Le second nucle´us montre l’extraction, sans pre´paration, de trois enle`vements, deux sur la face du galet a` partir de la tranche corticale, le troisie`me directement sur la tranche. Les e´clats produits sont allonge´s et corticaux. Les nucle´us peuvent eˆtre regroupe´s techniquement en cinq groupes. Les nucle´us a` deux surfaces se´cantes et a` de´bitage unifacial sont les plus nombreux. Le nucle´us en calcaire fait partie de cette cate´gorie. Le plan de frappe est cortical et les plans du galet sont utilise´s directement sans

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Fig. 11. E´clats en quartz des niveaux F25 a` F21. Fig. 11. Quartz flakes from the F25 to F21 levels.

Niveaux

Nucle´us

Microfragments <10 mm

Microfragments 10–15 mm

De´bris 20–60 mm

Entames

E´clats dos et talon-dos cortical

E´clats avec peu de cortex

E´clats sans cortex brise´s

E´clats sans cortex

F17–F18

1

104

34

9 (15–45 mm)

4 (35–45 mm)

8 (20–50 mm)

42 (20–35 mm)

22 (15–40 mm)

54

4

13 (1 fragment pointe) 5

10 (15–50 mm)

8 (15–35 mm)

6 (15–30 mm)

57 – 20 4 6

19

2

3

4 (30–50 mm) (encoche) 1

F19 F20 F21 F22 F23 F24 F25 F26

1 1

1 1 2

3

2 4 1 11 1 1

2 1 6

3 2 4

1

1 (80 mm)

3 (e´crasement ou retouche marginale inverse)

1

6 (20–45 mm) 1 1 1 1 1 3 (pointe de´jete´e)

4 (15–45 mm)

4 (20–30 mm) 7 (20–70 mm) (e´crasement)

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Tableau 9 Assemblages lithiques en quartz des niveaux F26 a` F17 Table 9 Quartz assemblages of the F26 to F17 levels

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Fig. 12. Nucle´us en quartz des niveaux F26 a` F21. Fig. 12. Quartz cores from the F26 to F21 levels.

pre´paration. Le de´bitage est entrecroise´, de´gageant parfois des pans abrupts orthogonaux. Les autres types sont plus rares : nucle´us polye´drique, nucle´us a` deux surfaces orthogonales, nucle´us a` une surface de de´bitage, e´bauche de nucle´us ou nucle´us sommaire. Il apparaıˆt que la morphologie du galet est grandement utilise´e (plan de frappe cortical) et le de´bordement permet de maintenir les convexite´s. Le de´bitage paraıˆt e´galement perdurer tant que les angles sont utilisables. L’exigence sur la qualite´ du mate´riau n’est pas syste´matique. Ces nucle´us peuvent avoir produit les e´clats pre´sents dans le site. L’abondance des e´clats sans cortex pourrait s’expliquer par l’intensite´ de l’exploitation qui paraıˆt caracte´riser la plupart des nucle´us, excepte´ ceux a` surfaces de de´bitage orthogonales. Deux « manie`res de faire » ont e´te´ en de´finitive employe´es sur place : (1) l’exploitation d’une seule surface du galet, sans pre´paration, par des enle`vements entrecroise´s pouvant aller jusqu’a` un de´bitage multidirectionnel, (2) une exploitation sommaire d’un ou de deux secteurs du galet, peu productive. Aucun stigmate sur l’utilisation de la me´thode de de´bitage sur enclume n’a e´te´ de nouveau observe´ sur les nucle´us (Mourre, 2004). Les galets utilise´s ne sont pas sphe´riques et offrent des plans de frappe permettant l’emploi de diverses solutions techniques. Les nucle´us dans une impasse technique ont e´te´ abandonne´s sans tentative de reprise. Les surfaces de de´bitage sur les nucle´us a` deux surfaces se´cantes ne sont pas planes et aucune trace d’impact bipolaire n’est visible. Certains e´clats ont un talon cortical proche de 908 mais ils ont pu eˆtre produits par les nucle´us pre´sents dans le site. Le seul nucle´us a` pre´senter un plan de fracture oppose´e a` une

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Fig. 13. Nucle´us en quartz des niveaux F20 a` F13 (partie supe´rieure de la se´quence). Fig. 13. Quartz cores from the F20 to F13 levels (upper part of the sequence).

surface de de´bitage a e´te´ exploite´ par des enle`vements courts qui ne couvrent pas toute l’e´paisseur du galet (Fig. 13). 9.5. Artefacts en silex Le mate´riel en silex est rare (Tableau 10). Toutefois, les seules pie`ces dans les secteurs non soumis au soutirage ayant e´te´ retenues pour l’analyse, la proportion du silex est sans doute sousestime´e comme pour les autres niveaux. Plusieurs types sont identifiables macroscopiquement. Le silex chailleux local n’est pas le type le plus fre´quent. C’est le silex brun chocolat, proche de celui que l’on trouve dans les formations be´douliennes et barre´miennes. Toutefois, sans confirmation microscopique, il est

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Tableau 10 Types d’artefacts en silex des niveaux F26 a` F17 Table 10 Type of flint artefacts of the F26 to F17 levels Niveaux

Chaille grisbrun

Silex brun chocolat

Silex brun caramel

Silex beige patine´

F17–F18 F19 F20 F21 F22 F23 F24 F25 F26

1 3 2 1 1 – 1 1 –

4 2 1 2

1 1

1 2

– 4 3 –

Total

10

16

a

6 – 4

2 – 1





12

5

Silex brun noir

2 2 3 –

Silex brun translucide

Silex gris

4 6

Inde´termine´

1

1 – 2

3 – 1







– 27 ? 7? –

7

12

4

35

Total

Pie`ces retouche´es ou utilise´es

7 12 12 5 16 – 13 + 27 a 4 + 7a –

1 1 2 1 2 2? 9?

pie`ces pouvant eˆtre remanie´es de niveaux du Pale´olithique supe´rieur.

impossible de savoir si les occupants du site ont apporte´ des e´chantillons de ces zones qui sont plus a` l’est. Tous les artefacts sont des e´clats, excepte´ un seul nucle´us en chaille locale qui a e´te´ de´couvert dans le niveau F19. Il s’agit d’un petit nucle´us Levallois (40  40  15 mm), avec une face corticale et une autre face exploite´e par des enle`vements bipolaires. Un fragment de silex bruˆle´ dans le niveau F20 pourrait eˆtre le re´sidu d’un second nucle´us.  F17–18 : les e´clats sont surtout en silex brun chocolat. Il s’agit de trois micro-e´clats de moins de 10 mm et d’un fragment d’e´clat de 40 mm (talon punctiforme et enle`vements unipolaires). Les autres sont un micro-e´clat, un fragment brut et un fragment de chaille locale (20 mm) avec une encoche retouche´e ;  F19 : les e´clats sont issus d’un grand nombre de types diffe´rents de silex. Il s’agit de trois micro-e´clats, d’un fragment d’e´clat, d’un e´clat de 15 mm (enle`vements unipolaires), de deux e´clats de 25 mm dont un est a` dos (enle`vements unipolaires, talon lisse ou facette´), de deux e´clats triangulaires de 45 mm (enle`vements unipolaires, talon lisse) et de deux petits e´clats allonge´s de 20 mm (enle`vements unipolaires, talon lisse ou die`dre). Les e´paisseurs varient de 2 a` 5 mm, voire exceptionnellement 10 mm. Un des e´clats allonge´s porte des traces d’e´crasement sur ses areˆtes ;  F20 : les e´clats sont e´galement issus d’un grand nombre de types de silex diffe´rents. Il s’agit de deux fragments d’e´clats (enle`vements unipolaires), d’un e´clat de 15 mm (talon lisse), de deux e´clats a` dos cortical issu d’une plaquette de 35 mm (enle`vements bipolaires), de six e´clats quadrangulaires ou triangulaires de 25 mm dont un est a` dos cortical et un a` lambeaux de cortex (enle`vements uni-bipolaires, entrecroise´s, talon lisse) et d’un e´clat allonge´ peu cortical de 40 mm (enle`vements entrecroise´s, talon lisse) ;  F21 : trois fragments d’e´clat, un e´clat allonge´, un e´clat de 15 mm (enle`vements bipolaires, talon lisse) et un e´clat de 35 mm e´pais (enle`vements unipolaires, talon lisse) ;  F22 : six micro-e´clats, trois fragments d’e´clat, trois e´clats allonge´s, deux e´clats a` dos cortical de 20 et 45 mm et deux e´clats triangulaires de 30 mm (enle`vements unipolaires, talon lisse et facette´). L’e´clat a` dos le plus grand porte des traces d’e´crasement sur son tranchant ;

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 F24 : cinq micro-e´clats, un fragment d’e´clat, un e´clat de 15 mm, deux (+27 ? dont deux a` dos) e´clats de 20 mm (enle`vements uni-bipolaires ou entrecroise´s, talon lisse), deux e´clats de 30 mm (enle`vements entrecroise´s), deux e´clats de 40 mm triangulaires dont un est a` dos, deux entames de rognon de 30 mm et un grand e´clat de 70 mm (enle`vements entrecroise´s, talon lisse). Deux e´clats sont retouche´s : e´clat de 30 mm avec une retouche late´rale bifaciale denticule´e, e´clat de 70 mm avec une retouche bifaciale partielle sur deux bords ;  F25 : sept fragments ?, un fragment d’e´clat, trois e´clats de 40 mm dont un est a` dos (enle`vements unipolaires, talon lisse ou die`dre, section triangulaire) ;  F26 : deux fragments de produits allonge´s (40 mm) dont un porte une retouche marginale late´rale. Les e´clats en silex sont non corticaux, excepte´ quelques pie`ces avec un dos cortical ou des lambeaux de cortex (Fig. 14). La chaıˆne ope´ratoire est donc partielle et il y a eu tri du mate´riel. Aucun e´clat e´tudie´ ne remonte sur le seul nucle´us entier. Ce tri s’est de´roule´ en plusieurs lieux puisque le silex local, de la chaille, n’est qu’un des types pre´sents qui ne peuvent provenir que de sources e´loigne´es ou de sources ponctuelles locales ou semi-locales encore mal identifie´es. Ces e´clats sont petits, fins, voire tre`s petits (moins de 10 mm). Ils se caracte´risent par de longs bords tranchants et peu d’entre eux portent des traces d’utilisation ou ont e´te´ retouche´s. Ils sont donc destine´s a` servir bruts. Leur morphologie est triangulaire ou quadrangulaire. Les ne´gatifs d’enle`vements sont unipolaires, bipolaires ou entrecroise´s. Les talons sont corticaux, lisses, rarement die`dres ou facette´s. Leur me´thode d’obtention peut eˆtre Levallois, comme toutes autres me´thodes. 10. La partie supe´rieure de la se´quence : les niveaux d’occupation F16 a` F11 Les de´capages F15 et F16 sont les seuls niveaux de la partie supe´rieure de la se´quence a` avoir livre´ une lentille cendreuse en bordure de la paroi et des blocs portant des traces d’impact identifie´s comme des enclumes. La lentille cendreuse, re´sidu d’un foyer ou d’une vidange, n’e´tait pas entoure´e d’os bruˆle´s, mais d’artefacts en quartz et de galets. 10.1. Niveaux F16–F15–F14 Ces trois niveaux n’ont pas pu eˆtre re´ellement distingue´s stratigraphiquement en bordure des parois de la cavite´. Ils correspondent a` une phase d’occupation plus pauvre. Aucune diffe´rence n’existant au niveau des assemblages, leur e´tude a e´te´ groupe´e.  galets entiers et fracture´s : ce sont des galets cristallins, de quartz, de granit et de schiste. Ils sont ovales ou quadrangulaires, d’e´paisseur variable, et leurs dimensions varient entre 40 et 90 mm. Les plus grands d’entre eux sont cristallins. Les deux galets de schiste sont plats (palets). Un seul galet de quartz porte des cassures d’angle. Un grand galet cristallin pre´sente quelques enle`vements unifaciaux semi-pe´riphe´riques (outil sur galet ?) ;  produits en autres roches : il s’agit de microfragments de granit pour le niveau F14, d’une tre`s grande entame en roche cristalline (F10–15) et de deux e´clats en schiste pour F14–15 (e´clat Kombewa et fragment). Leur origine peut eˆtre autant anthropique que naturelle ;  quartz : les deux nucle´us (F15) sont de petite taille (30–40 mm), a` deux surfaces se´cantes avec une exploitation bifaciale centripe`te (Fig. 13). Le cortex est absent des deux faces semipyramidales (25 mm d’e´paisseur). Les ne´gatifs d’enle`vements sont re´fle´chis (angle entre les deux faces d’environ 508).

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Fig. 14. E´clats en silex des niveaux F20 et F19. Fig. 14. Flint flakes from the F20 and F19 levels.

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Fig. 15. E´clats en silex des niveaux F16 et F13 (2 racloirs et e´clats bruts). Fig. 15. Flint flakes from the F16 and F13 levels (2 side-scrapers and unretouched flakes).

Les produits en quartz couvrent une gamme de taille allant du microde´bris a` l’e´clat souvent brise´ mesurant en moyenne 30 a` 60 mm. Les pie`ces sont souvent courtes, avec des bords abrupts (bord de nucle´us) ou des plans de fracture. En raison d’une intense fracturation, les produits ont des formes tre`s irre´gulie`res. Ils sont e´pais (10–20 mm). Les talons sont lisses ou corticaux, rarement die`dres ; les enle`vements unipolaires, plus rarement centripe`tes. Des produits issus de toute la chaıˆne ope´ratoire sont repre´sente´s : entames (3), e´clats tre`s corticaux (2), e´clats a` talon cortical (11), e´clat a` dos cortical (1), e´clats non cortical (18), e´clat a` dos non cortical (8). Les de´bris sont nombreux : 53 tre`s petits (<10 mm), 22 de moins de 15 mm, neuf

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de 20 a` 30 mm et un de 50 mm. Trois artefacts portent des retouches marginales qui font plus figure de retouches d’utilisation, sur tranchant ou plan abrupt. Cette retouche, alterne dans un cas, indique un usage intense de la pie`ce. Une seule extre´mite´ pointue porte des traces d’utilisation.  silex : le silex est de trois types : brun translucide, gris brun et gris mouchete´ (Fig. 15). Pour le niveau le plus riche, F16, les e´clats mesurent de 10 a` 45 mm et sont courts. Ils sont souvent sans cortex, rarement a` dos, avec une e´paisseur de 5 a` 15 mm, a` talon lisse (rarement die`dre ou facette´), et a` enle`vements unipolaires (rarement centripe`tes). Un e´clat a` dos porte des traces d’utilisation sur le tranchant. En F14, un racloir double a` retouche marginale est sur un e´clat non cortical a` dos de 35 mm de long. En F15, un e´clat brise´ porte des traces d’utilisation et un autre est un racloir a` retouche abrupte sur dos de 35 mm de long. Entre les niveaux F15 et F16, en bordure de la paroi ouest, a e´te´ de´gage´ un alignement de blocs dont l’origine est inconnue. Entre les blocs et la paroi e´taient regroupe´s des restes osseux et des artefacts. Il s’agit de sept galets cristallins entiers ou brise´s, d’un palet de schiste de 105 mm et d’un galet de quartz de 100 mm. Neuf e´clats de quartz et un fragment de nucle´us ont e´galement e´te´ de´couverts dans ce secteur. Le nucle´us, sur rognon de chaille, pre´sente une seule face exploite´e par quelques enle`vements unipolaires de´bordants et envahissants (45 mm). Six e´clats de moins de 20 mm sont en silex varie´s. La se´rie pre´sente les meˆmes caracte`res que ceux des autres niveaux.

10.2. Niveau F13 : dernie`re grande phase d’occupation du Pale´olithique moyen Ce niveau regroupe l’un des assemblages les plus riches de la partie supe´rieure de la se´quence (n = 109). Avec le niveau F16, il comprend aussi une des se´ries les plus abondantes en silex.  galets entiers et fracture´s (n = 3) : les roches sont le schiste (3 pie`ces) et le quartzite. Les galets en schiste sont plats (palets), mesurant de 45 a` 60 mm de long pour 10 a` 20 mm d’e´paisseur. Les galets en quartzite sont petits (30 mm) ;  produits en autres roches : il s’agit de quatre microfragments de schiste noir ;  quartz (n = 69) : les e´clats paraissent appartenir a` l’ensemble d’une chaıˆne ope´ratoire de de´bitage (Tableau 11). Les pie`ces corticales sont les plus nombreuses, notamment a` dos. Les

Tableau 11 Mate´riel en quartz du niveau F13 Table 11 Quartz artefacts of the F13 level Types d’e´clat

Nombre total

Microfragments et e´clats Microfragments et e´clats Fragments Entames E´clats a` talon-dos cortical E´clats a` dos cortical E´clats a` talon cortical E´clats sans cortex

27 19 2 6 2 4 2 7

Pie`ces retouche´es

1 o. convergent

1 o. convergent

Dimensions

Nombre de tranchants disponibles

<10 mm 10–15 mm 30–35 mm 15–65 mm 40–45 mm 30–50 mm 30–50 mm 25–30 mm

– – Pe´riphe´rie 1 tranchant 1 tranchant 1 tranchant principal Pe´riphe´rie

(section dissyme´trique)

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talons sont corticaux, lisses ou die`dres. Les ne´gatifs d’enle`vements sont unipolaires ou entrecroise´s. Peu de stigmates permettent de de´crire le mode de production. Les dimensions sont re´duites, entre 25 et 35 mm en moyenne, et les artefacts sont e´pais (15–20 mm pour la grande majorite´). Les formes des produits sont varie´es, comme dans les autres niveaux. De un a` plusieurs tranchants sont donc de nouveau disponibles sur les pie`ces.  silex : le silex est issu de six ou sept types diffe´rents. Il s’agit d’un silex brun translucide avec du cortex de plaquette, d’un silex brun inde´termine´, d’un silex bleu, d’un silex gris, d’un silex beige (patine´ ?), d’une chaille beige et d’un type inde´terminable. Ce sont de petits e´clats tre`s fins (moins de 5 mm), peu allonge´s. Les dimensions sont re´duites (12 des 30 pie`ces mesurent moins de 15 mm). La longueur maximale est de 40 mm pour un e´clat beige portant par ailleurs des traces de feu. Un seul e´clat est a` dos cortical et un autre porte des lambeaux de cortex. La plupart des e´clats sont sans cortex, avec talon lisse. Les ne´gatifs d’enle`vement sont unipolaires ou entrecroise´s. La chaıˆne ope´ratoire est partielle au profit d’e´clats non corticaux a` tranchant pe´riphe´rique. Des traces d’utilisation sont visibles sur un seul fragment d’e´clat en silex bleu. Un autre e´clat, issu du meˆme type de silex, est un racloir late´ral partiel (40 mm de long).

10.3. F11–F12 (secteur S1) : niveaux de transition, pie`ces de´place´es ou dernie`res occupations du Pale´olithique moyen ? Ces deux niveaux sont conside´re´s comme les traces de la dernie`re fre´quentation de la cavite´ ` partir de F10, de´bute l’Aurignacien. par des groupes humains relevant du Pale´olithique moyen. A La faible quantite´ des se´ries ne permet pas de de´terminer si ces occupations tardives sont de nature diffe´rente. Les assemblages pre´sentent les meˆmes caracte`res que ceux des autres niveaux de la se´quence Pale´olithique moyen. Le niveau F11, fouille´ sur une tre`s petite surface, n’a livre´ qu’une pie`ce en silex beige chailleux, nucle´us sur e´clat ou e´clat e´pais aminci de 35 mm de long, et quatre galets cristallins mesurant de 60 a` 100 mm de long. Le niveau F12 est plus riche : un galet de quartz (60 mm), cinq produits en quartz et six e´clats en silex. Les artefacts en quartz sont bruts : trois de´bris de 10 a` 30 mm et deux e´clats (entame de 60 mm et e´clat a` dos cortical de 50 mm). Les produits en silex brun chocolat sont trois petits e´clats (10–15 mm), un e´clat allonge´ a` dos cortical (plaquette, 60 mm) portant des traces d’utilisation et un racloir double sur e´clat a` dos (35 mm). La retouche est marginale et des traces d’utilisation sont visibles. 11. La campagne de fouille de 2005 : nouvelles donne´es sur les phases d’occupation humaine Afin de pre´ciser et pre´lever de nouveaux e´chantillons sur l’ensemble de la se´quence du Pale´olithique moyen, quatre secteurs en bordure de la paroi Est de la cavite´ ont fait l’objet de fouilles lors de la campagne 2005. Ces travaux ont permis d’observer un remplissage tre`s caillouteux sans re´el niveau individualise´, reposant sur un ensemble se´dimentaire ste´rile forme´ de niveaux indure´s discontinus, interstratifie´s avec des niveaux d’argile rouge compacte. En revanche, plusieurs zones de forte densite´ en artefacts ont pu eˆtre identifie´es, en particulier a` la base et vers la partie supe´rieure de la se´quence (Tableau 12).

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Tableau 12 Relation entre les de´capages de la fouille 2005 et ceux de la fouille de G. Lhomme pour la partie supe´rieure de la sequence Table 12 Relationship between the archaeological levels of the 2005 excavation and the G. Lhomme excavation for the upper part of the sequence Sondage 2005 – carre´ D5 D1 268–273 cm D2 273–282 cm D3 282–291 cm D4 292–297 cm D5 298–305 cm D6 306–318 cm D7 318–331 cm D8 331–336 cm D9 337–348 cm D10 348–362 cm

Densite´ des artefacts 2005

Forte Forte Forte Effondrement blocs Forte

De´capages G. Lhomme F15–16 F16 base F17 Entre F18 et F19 F19 Entre F19 et F20 F20 Entre F20 et F21 F 22 ? F 23 ?

La campagne a permis e´galement de recueillir 236 vestiges fauniques en place (Daujeard in Moncel et al., 2005). Ce nombre de restes total (NRT) compte 208 restes de´termine´s (29 ne le sont qu’anatomiquement) : 30 restes craˆniens et 178 restes postcraˆniens, et 28 esquilles. Le spectre faunique re´ve`le la pre´sence importante des carnivores qui repre´sentent presque un tiers de l’ensemble faunique, avec deux espe`ces principales : l’ours des cavernes, et le loup. Soixante-huit pourcent du spectre appartient au groupe des herbivores. Ce dernier est largement domine´ par l’ibex (88,5 %). Vient ensuite la famille des Cervide´s repre´sente´e par le cerf, le renne et le chevreuil. La proximite´ du cours d’eau en contrebas de la grotte est illustre´e par les nombreux restes de poisson de´couverts au tamisage des niveaux de base, et par la pre´sence du castor. Des ossements appartenant a` de gros oiseaux indiquent que la grotte a pu servir de niches a` certains rapaces. Seuls quelques restes osseux te´moignent de l’activite´ humaine. La plupart des traces sont dues aux loups. Tre`s peu de vestiges ont e´te´ fracture´s par l’homme ou pre´sentent des stries de boucherie. L’abondance des tre`s jeunes individus d’ibex te´moigneraient d’e´ve`nements ayant eu lieu dans la grotte au moins pendant la belle saison (printemps–e´te´). Outre quelques galets en granit et micaschiste de 50 a` 110 mm de long, la fouille a livre´ principalement du mate´riel en quartz. Le tamisage a permis de re´cupe´rer en abondance des micro-e´clats ou microde´bris non roule´s de moins de 5 mm, attestant que cette roche a e´te´ certainement exploite´e dans la cavite´. La plupart des produits de plus de 10–15 mm de long sont des de´bris ou des e´clats tre`s fragmente´s (Tableaux 13 et 14). Lorsque des indices techniques subsistent, il est possible de voir :  des talons lisses ou punctiformes ;  des ne´gatifs d’enle`vements orthogonaux en facettes, indiquant une exploitation par plans se´cants de de´bitage ;  les talons punctiformes, les stries radiales et la finesse de certains e´clats ne permettent pas de penser a` l’usage d’un mode de production bipolaire, peut-eˆtre de la pratique de plusieurs me´thodes de de´bitage sur le quartz. Les dimensions des produits, malgre´ leur forte fragmentation, indiquent une production diversifie´e, parfois de plus de 50 mm de long. Les e´paisseurs varient de 3–4 mm a` plus de 15 mm.

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Tableau 13 Mate´riel lithique des diffe´rentes phases d’occupation de l’Abri des Peˆcheurs (2005) Table 13 Lithic assemblages from the different stages of human occupation in the Abri des Peˆcheurs (2005)

280–315 cm : phase 1 335–355 cm : phase 2

380–400 cm : phase 3 410–422 cm : phase 4 443–450 cm : dernie`re phase d’occupation en S4

Galets

Produits en quartz

Produits en silex

Autres

1 galet de micaschiste 1 palet en schiste 1 galet de granite

88

2 e´clats retouche´s



30

1 fragment de granite 1 galet de granite 1 fragment de granite –

11

2 micro-e´clats 1 e´clat brut – – – –

24 47

– Fragment d’he´matite Cristal de roche –

La majorite´ des pie`ces sont sans cortex mais la pre´sence de quelques e´clats corticaux, voir meˆme de fragments d’entames, permet de penser qu’une activite´ de traitement des galets de quartz a bien eu lieu dans la cavite´ ou a` tre`s grande proximite´. Aucun de ces produits ne porte de retouche. Seul un de´bris pre´sente des traces d’e´crasement sur son extre´mite´ en forme de bec. Les produits en silex sont tre`s rares mais ils sont pre´sents, comme dans les fouilles pre´ce´dentes (Tableau 13). Le sommet de la se´quence a livre´ trois e´clats et deux micro-e´clats (<5 mm) qui pourraient eˆtre l’indice d’un ravivage des pie`ces en silex sur place (Fig. 16) :  un e´clat brut (40  30  10 mm) est en silex brun chailleux typique de celui que l’on rencontre dans les vallons proches du site. Il est de forme triangulaire et les ne´gatifs d’enle`vement sont unipolaires convergents. Le talon est lisse. Un des bords pre´sente des microtraces dont l’origine est difficile a` identifier ;  les deux e´clats retouche´s (28  21  4, 20  28  6) sont des pie`ces non corticales, a` talon facette´ large et e´pais. Ils sont, l’un en silex blond le´ge`rement translucide, l’autre en silex brun gris opaque, deux mate´riaux apparemment absents des environs. Un des deux e´clats est de type Kombewa. La retouche est ordinaire transversale, inverse pour l’un, directe pour l’autre, et des traces d’utilisation couvrent toute la pe´riphe´rie de ces petits e´clats ovalaires a` long bord

Tableau 14 Dimensions du mate´riel lithique en quartz des diffe´rentes phases d’occupation de l’Abri des Peˆcheurs (2005) Table 14 Size of the quartz assemblages in the different stages of human occupation in the Abri des Peˆcheurs (2005) Quartz

<5 mm

5–10 mm

10–20 mm

>20 mm

Total

280–315 cm : phase 1 335–355 cm : phase 2 380–400 cm : phase 3 410–422 cm : phase 4 443–450 cm : dernie`re phase d’occupation en S4

69 27 6 22 40

2 1 1

7

10 2 1 2 4

88 30 11 24 47

3

3

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Fig. 16. Me´thodes de gestion des galets en quartz a` l’Abri des Peˆcheurs. Fig. 16. Methods used on quartz pebbles in the Abri des Peˆcheurs.

tranchant. Ils paraissent donc eˆtre le te´moignage de pie`ces importe´es avec des traits spe´cifiques et dont l’usage est optimise´. Enfin, outre un fragment d’he´matite brut, un petit cristal de roche de 10 mm, non roule´, a e´te´ de´gage´ a` la base de la se´quence arche´ologique. Il pre´sente de petites retouches re´gulie`res a` l’extre´mite´ de la pyramide principale (observation par P. Fernandes). L’hypothe`se d’un ramassage et d’un apport par l’homme dans le site est a` envisager.

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12. Assemblages en quartz et fre´quentations re´currentes d’un « fosse´ » au Pale´olithique moyen L’utilisation du quartz comme matie`re premie`re principale est peu fre´quente au Pale´olithique moyen en Europe occidentale. Il s’ave`re que son utilisation est souvent due a` un manque d’autres mate´riaux aux abords des occupations (Fe´blot-Augustins, 1993, 1997). L’Abri des Peˆcheurs semble eˆtre un cas a` part, puisque localise´ sur les marges sud-est du Massif Central riches en silex et ou` les hommes ont utilise´ massivement cette roche. Un silex de qualite´ est pre´sent dans des vallons a` quelques centaines de me`tres du site et son ramassage ne paraıˆt pas poser de difficulte´ majeure a` l’heure actuelle. L’e´tude des sites datant entre les stades isotopiques 9 et de´but 3 de la re´gion montre que l’approvisionnement en silex a souvent eu lieu dans un pe´rime`tre local mais aussi semi-local, de 20 km en moyenne. L’homme aurait donc pu collecter du silex si cette roche avait e´te´ re´ellement recherche´e. L’usage en abondance du quartz a` l’Abri des Peˆcheurs obe´it alors peut-eˆtre plus a` des raisons fonctionnelles que ge´ologiques, quelles que soient la saison ou la dure´e d’occupation de chaque fre´quentation humaine (Tableau 15). La varie´te´ des artefacts en quartz indique qu’un de´bitage a certainement eu lieu sur place (Fig. 16). Trois manie`res de faire, au moins, ont e´te´ employe´es : (1) l’exploitation de galets par deux surfaces se´cantes (cas le plus fre´quent), type discoı¨de (Boe¨da, 1993 ; Lenoir et Turq, 1995 ; Terradas, 2003) pouvant devenir une gestion finale multidirectionnelle, (2) l’exploitation de galets par deux surfaces orthogonales, (3) l’exploitation d’une seule surface de de´bitage. Aucun stigmate d’un de´bitage sur enclume n’a e´te´ observe´ (Mourre, 1996, 2004). Les galets cubiques permettent des modes de gestion varie´s, sans ne´cessite´ d’utiliser un de´bitage bipolaire. D’autres se´ries en Europe livrent des assemblages de meˆme type (Jaubert, 1997 ; Geneste, 1997). Il est fre´quemment observe´ que la grande varie´te´ du quartz (filonien, hyalin) et sa diffe´rence de nature et de durete´ par rapport au silex par exemple, conduit a` une production de nature diffe´rente de celle du silex ou` la fracturation est souvent intense (Mourre, 1997). Le de´bitage du quartz n’obe´it pas au meˆme rythme et il en re´sulte des produits souvent concasse´s forme´s de plusieurs plans de fracture souvent peu distinguables des ve´ritables dos (Degorge, 2006). C’est pourquoi, les pie`ces de l’Abri des Peˆcheurs ont e´te´ appre´hende´es, non du seul point de vue technique, mais au travers du nombre de tranchants fonctionnels. Dans ce site, le nombre de tranchants disponibles sur les artefacts est en moyenne de deux ou trois, contigus ou adjacents, autant de zones actives potentielles, indiffe´rentes a` la morphologie du support comme en te´moignent les quelques macro-traces d’e´crasement visibles uniquement sur des tranchants (Tableaux 16–19). La plupart des artefacts sont reste´s bruts. Quelle que soit la position stratigraphique de l’assemblage, et l’exemple des se´ries les plus riches de la se´quence illustre le fait, les tranchants disponibles sont en re`gle ge´ne´rale de petite dimension, de 10 a` 30 mm (Tableaux 17–19). Cette dimension correspond a` la petite taille des produits qui ont des formes cubiques, tre`s rarement deux bords convergents. Il n’est pas rare de voir des assemblages avec des produits dont le tranchant conside´re´ comme efficace est tre`s re´duit, et cela quel que soit l’aˆge : par exemple, sur des sites de l’Oldowayen ou de l’Acheule´en ancien avec travaux de de´coupe d’une carcasse d’E´le´phant, en Afrique de l’Est ; ou des sites a` assemblages microlithiques du stade isotopique 5 en Europe centrale (Berthelet, 2001 ; Valoch, 1988 ; Moncel, 2003a). Le silex provient de rognons et de plaquettes issus d’un grand nombre de varie´te´s pe´trographiques diffe´rentes (Fig. 17). Seul un type est a` ce jour bien reconnu dans les environs et peut eˆtre re´colte´ a` quelques centaines de me`tres de l’Abri des Peˆcheurs. Les autres types pe´trographiques sont a` confirmer microscopiquement et le silex brun chocolat pourrait eˆtre

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Tableau 15 Donne´es synthe´tiques sur les occupations humaines du Pale´olithique moyen de l’Abri des Peˆcheurs (Casteljau, Arde`che) Table 15 Global patterns on the Middle Palaeolithic human occupation levels in the Abri des Peˆcheurs (Casteljau, Arde`che) De´capages

ˆ ges A 14 C ESR-U/th

F11 F12

23 880  750 BP 29 400  900 BP

F13

28 440  1280

F14 F15 L1 logette F16

49 ka  2 21 ka  1 29 700  900 BP >31 000 BP

Quelques donne´es environnementales

Galets entiers casse´s 4 1

M. arvalis/agrestis M. oec/mal. Milieu ouvert Espe`ces de zones abrite´es

5 1 5 9 2

Quartz

5 69 63,3 % 39 33 10 32

Silex

Autres roches

1 6

Total se´ries 5 12

30

5

109

1 2 7 22

7

48 40 26 56

F17–18

M. arvalis/agrestis Apodemus, Chionomys Arvicolae Quercus, Betula, Tilia AP 50 %, Cheˆnaie me´diterrane´enne

4

237 97,7 %

4

245

F19

Climat plus rigoureux

5

11

108

1 3

92 85,1 % 89 84,7 % 8 3 27 6 29

8

5

11

10

30

2

37

F20

50 ka +3/ 2

3

F21 L2 logette F22 F23 F24

51 ka  2

3

F25

Eliomys, Chionomys Arvicolae 84 % herbace´s Pinus, Quercus Ouvert- steppique

F26

Ensemble 3 supe´rieur Ensemble 2 moyen

Ensemble 1 infe´rieur

24 940  680 BP 39 ka + 3/ 2 47 ka  2 56 ka + 5/ 4

80 ka  5 95 ka  14 111 ka + 6/ 5 118 ka  19

M. arvalis/agrestis Apodemus, Chinomys M. gregalis, Terricola Arvicolae 90 % Asteraceae rares Pinus steppique, froid et sec

2

21

12

1

105

4

9

24 3 43 7 61

16 28

1

23 2

44

72 58 % 28

2

124

1

33

32

7

63

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Tableau 16 Potentiel fonctionnel des produits en quartz des niveaux profonds d’occupation de l’Abri des Peˆcheurs Table 16 Functional patterns of the quartz artefacts in the lower human occupation levels in the Abri des Peˆcheurs

1 2 3 1 1

tranchant brut tranchants bruts tranchants bruts ou 2 tranchants tranchant retouche´

Ensemble 3

Ensemble 2

Ensemble 1

6 12 28 21 1

3 8 7

3 10 8

1?



Tableau 17 Nombre et dimension des tranchants contigus ou adjacents sur les artefacts en quartz de plus de 10 mm de l’ensemble 3 (base de la se´quence) Table 17 Number and size of the cutting edges on the quartz artefacts (>10 mm) of the ensemble 3 (base of the sequence)

1 2 3 1

tranchant tranchants tranchants et plus ou 2 tranchants

10 mm

10–20 mm

20–30 mm

30–40 mm

40–50 mm

50–60 mm

11 7

2 3 7 7

1 2 4 6

2 4 1 1

1 2 1

1 3

100 mm

1

Total 6 12 28 21

Tableau 18 Nombre et dimension des tranchants contigus ou adjacents (rares cas de bords convergents) sur les artefacts en quartz de plus de 10 mm des niveaux F17–18 (partie moyenne de la se´quence) Table 18 Number and size of the cutting edges (scarcity of convergent edges) on the quartz artefacts (>10 mm) of the F17–F18 levels (middle part of the sequence)

1 tranchant 2 tranchants 3 tranchants et plus

10 mm

20–30 mm

2

1 3

30–40 mm

40–50 mm

50–60 mm

2

2 1

7 2

100 mm

Total

1

9 4 8

Tableau 19 Nombre et dimension des tranchants contigus ou adjacents (rares cas de bords convergents) sur les artefacts en quartz de plus de 10 mm du niveau F13 (partie supe´rieure de la se´quence) Table 19 Number and size of the cutting edges (scarcity of convergent edges) on the quartz artefacts (>10 mm) of the F13 level (upper part of the sequence)

1 tranchant 2 tranchants 3 tranchants et plus

10 mm

10–20 mm

20–30 mm

30–40 mm

40–50 mm

51

1

41 3 4

7 3 3

2 3

50–60 mm

Total

1

50 61 8

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Fig. 17. E´clats de silex brut et retouche´ (campagne 2005). Fig. 17. Flint flakes coming from the 2005 fieldwork: unretouched and retouched.

Barre´mien ou Be´doulien, silex fre´quemment employe´s dans la re´gion au Pale´olithique moyen. Si c’est le cas, les hommes seraient alle´s fre´quenter des secteurs situe´s plus a` l’est de la valle´e du Chassezac, par exemple en bordure de la valle´e du Rhoˆne. Les artefacts ont e´te´ apporte´s pour la plupart de´ja` de´bite´s dans le site et la proportion de la retouche est plus e´leve´e que pour le quartz. Un seul nucle´us entier est pre´sent dans les se´ries et il pre´sente la gestion d’une surface paralle`le au plan du nucle´us (type Levallois). S’il s’ave`re que les e´clats en silex ont e´te´ tous exploite´s selon cette me´thode, ce qui est envisageable (e´clats fins a` longs bords tranchants), les occupants ont pratique´ des me´thodes de de´bitage diffe´rentes selon la roche, comme c’est le cas dans de nombreux sites ou` plusieurs mate´riaux sont employe´s et ou` les chaıˆnes ope´ratoires sont parfois fractionne´es dans l’espace. Outre les artefacts en quartz et silex, les galets composent une large part des assemblages de l’Abri des Peˆcheurs. Ils ont pu eˆtre apporte´s par l’homme bien que le contexte ge´ologique ne permette pas d’e´carter l’e´ventualite´ d’un apport naturel d’une partie ou de la totalite´ de la se´rie, en provenance d’e´pandages situe´s sur le plateau. Certains galets portent des traces d’impact mais ces traces sont fugaces et elles peuvent eˆtre d’origine naturelle. Deux grandes pie`ces ont en revanche une origine anthropique incontestable : un chopper en quartz et un nucle´us en calcaire. Tous deux portent par ailleurs des traces d’usure des areˆtes tre`s prononce´es, ce qui n’est pas le cas des nucle´us en quartz. Les palets de schiste, pre´sents a` tous les niveaux de la se´quence, ressemblent aux galets tre`s plats de´crits dans des assemblages microlithiques d’Europe Centrale et au Lazaret (Sud-Est de la France) (Darlas, 1994 ; Moncel, 2003a). Un usage de ces palets comme retouchoir a e´te´ propose´ au Lazaret par l’abondance des stries pre´sentes sur les faces de ` l’Abri des Peˆcheurs, aucune trace de ce type n’est visible. ces objets. A Aucune diffe´rence n’est observable au travers des assemblages lithiques entre les diffe´rentes phases d’occupation tout au long de la se´quence. Le roˆle de l’homme n’est pas encore clairement e´tabli au travers des restes osseux, en particulier pour les plus anciennes occupations (Prucca, 2001). Il est possible qu’il ait e´te´ attire´ par des carcasses de bouquetins morts naturellement dans le fosse´ (en se prote´geant du froid) mais il a pu e´galement venir inde´pendamment de ces restes qui

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Fig. 18. Re´sume´ synthe´tique de l’occupation humaine de l’Abri des Peˆcheurs (campagne de fouille 2005). Fig. 18. Synthetic patterns about the human occupations of the Abri des Peˆcheurs (after the 2005 fieldwork).

ne portent quasiment pas de traces anthropiques. Le feu est atteste´ sous la forme d’une grande zone rube´fie´e, sans lien apparent avec une exploitation intense de la faune. Le feu est aussi pre´sent dans les derniers niveaux d’occupation du Pale´olithique moyen, mais sous la forme d’une petite lentille cendreuse au pied du verrou rocheux. Avec le temps, le fosse´ s’est comble´ et les occupations se sont poursuivies dans des conditions topographiques diffe´rentes (fosse´ moins profond, surface habitable plus re´duite) qui ont pu fournir un abri protecteur dans un contexte environnemental tre`s froid du de´but du dernier glaciaire (Fig. 18). Les assemblages lithiques indiquent une re´currence dans les comportements techniques et la composition du mate´riel tout au long de la se´quence alors que la se´dimentation paraıˆt couvrir une pe´riode allant de la fin du stade isotopique 5 jusqu’au stade 3. Le panel des espe`ces est cependant plus varie´ au sein des assemblages osseux au sommet de la se´quence et les Bouquetins sont en proportion moins abondants. La fonction du site a donc pu se modifier au cours du temps, en relation ou non avec la modification de l’aspect de la cavite´. Les besoins lithiques sont cependant demeure´s les meˆmes, comme du reste le choix de s’approvisionner en priorite´ en quartz. Si la cavite´ a e´te´ conside´re´e comme un point d’arreˆt ponctuel pour des activite´s spe´cifiques, l’usage du mate´riau local le plus abondant, pouvant donner des tranchants bruts efficaces, s’expliquerait. Les caracte´ristiques physiques du quartz sont retenues pour expliquer l’abondance de cette roche dans certains sites ou` les modes de production sont souvent de type discoı¨de (To¨nchesberg, La Borde, Coudoulous, Arago G, Ku¨lna. . .) (Jaubert, 1990 ; Jaubert et Mourre, 1996 ; Geneste et Jaubert, 1999). Elles pourraient eˆtre ide´ales pour des travaux de boucherie avec des besoins peu diversifie´s si ce n’est la recherche de nombreux tranchants (Lemorini, 2000 ; Peresani et al., 2001 ; Martinez et al., 2003). La base de la se´quence de l’Abri des Peˆcheurs permet d’examiner l’alternance de l’occupation de l’homme et des carnivores, peut-eˆtre meˆme leur compe´tition dans une grotte type pie`ge ou`

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80 % des restes appartiennent a` des ibex. Le passage de l’homme est certain, de meˆme que l’action des carnivores dans un meˆme lieu clos. Le roˆle de l’homme n’est cependant pas encore clairement explicite´, contemporain ou non des os en connexion non bruˆle´s et des os bruˆle´s. La fonction du site n’est donc pas connue. La topographie de la cavite´ ressemble a` celle de la grotte de l’Hortus ou` des assemblages lithiques date´s du Wu¨rm II et II–III ont e´te´ conserve´s dans un fosse´, associe´s a` de nombreux restes humains, a` des ossements de bouquetins en connexion et des restes de carnivores (de Lumley, 1972). La configuration est identique, avec cependant une occupation humaine principale a` l’entre´e du site. L’origine des assemblages de l’Hortus a e´te´ rattache´e a` des occupations humaines ayant eu lieu directement dans le fosse´ et non a` des glissements de mate´riel en provenance des abords de ce fosse´ (Boyle, 2000). Aucune diffe´rence entre les assemblages lithiques du fosse´ et ceux de l’occupation au niveau de l’entre´e n’est du reste perceptible. Comme a` l’Abri des Peˆcheurs, les e´clats sont petits, courts et e´pais avec un fort pourcentage de denticule´s. Le de´bitage est Levallois, et quartz, silex et calcaire sont utilise´s. Ces niveaux ont e´te´ de´crits comme des campements temporaires avec chasse et re´cupe´ration d’animaux pie´ge´s dans un fosse´. Les assemblages lithiques sont d’un autre genre dans le site de Galeria (Espagne) ou` des visites humaines ponctuelles et re´pe´te´es se sont accumule´es dans ce lieu a priori peu habitable, mais conside´re´ comme lieu potentiel d’approvisionnement alimentaire. Les hommes ont e´te´ attire´s par des carcasses, ont pratique´ des activite´s de boucherie et de traitement de peaux, et la compe´tition avec les carnivores est e´tablie. Dans ce cas pre´sent, les chaıˆnes ope´ratoires sont partielles et les occupants ont apporte´s avec eux les outils « utiles », comme a` la Combette ou` un campement de chasse temporaire a e´te´ enregistre´ dans un des niveaux (Texier et al., 1996 ; Olle´ ` l’Abri des Peˆcheurs, seuls les artefacts en silex ont e´te´ indubitablement apporte´s, et al., 2005). A en provenance certainement de un ou plusieurs secteurs ge´ographiques plus ou moins e´loigne´s. Le quartz a e´te´ de´bite´ en revanche sur place ou a` tre`s grande proximite´. L’investissement technique est plus faible pour cette roche alors qu’il est plus e´labore´ pour le silex, phe´nome`ne parfois observe´ dans certaines re´gions en Europe (Peresani, 2003). La petite quantite´ de pie`ces que livre chaque niveau de l’Abri des Peˆcheurs permet, en relation avec les donne´es pale´oenvironnementales et les radiome´triques disponibles, de supposer une succession d’occupations re´currentes, peut-eˆtre de courte dure´e, type haltes, employant des mate´riaux strictement locaux associe´s a` un petit kit de pie`ces en silex apporte´es par les occupants. Ces occupations ont pu se de´rouler, a` la base, sans lien avec les carcasses de bouquetins, et perdurer par le caracte`re protecteur qu’offrait le fosse´ dans un contexte climatique froid, fosse´ ensoleille´ a` certains moments de la journe´e de par son orientation, alors qu’humide et sombre a` certains moments de l’anne´e. 13. Conclusion L’Abri des Peˆcheurs livre des assemblages du Pale´olithique moyen tre`s diffe´rents de ceux que l’on rencontre habituellement dans la re´gion. L’exploitation du quartz proprement dite ne diffe`re pourtant pas de ce que l’on peut observer dans d’autres sites, comme par exemple a` Payre (Moncel, 2003b). Dans des niveaux date´s des stades isotopiques 7 et 5, les hommes y ont de´bite´ du quartz en comple´ment du silex. Les manie`res de traiter cette roche pre´sentent les meˆmes variabilite´s qu’a` l’Abri des Peˆcheurs, et de nombreux produits sont a` dos. Les produits convergents sont cependant plus nombreux a` Payre, tant en quartz qu’en silex. De meˆme, a` l’inverse des autres sites de la moyenne valle´e du Rhoˆne et de l’Abri des Peˆcheurs, le quartz a` Payre n’a pas e´te´ inte´gralement exploite´ sur place, comme c’est le cas habituellement pour les

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roches strictement locales. L’originalite´ de l’Abri des Peˆcheurs re´side donc surtout dans l’utilisation massive du quartz qui en fait un cas unique et qui lui confe`re certainement cet aspect si particulier. Les sites de Payre et de l’Abri des Peˆcheurs attestent que le quartz n’est certainement pas qu’une roche locale de substitution. Remerciements Nous tenons a` remercier le muse´e de pre´histoire d’Orgnac et le Service re´gional de l’arche´ologie Rhoˆne-Alpes du ministe`re de la Culture pour leur aide. Re´fe´rences Balme, P., 1984. Les Carnivores du gisement ple´istoce`ne supe´rieur de l’Abri des Peˆcheurs (Arde`che). DEA des ensembles se´dimentaires, universite´ de Lyon 1. Berthelet, A., 2001. L’outillage lithique du site de de´pec¸age a` Elephas recki ileretensis de Barogali (re´publique de Djibouti). Compte Rendu de l’Acade´mie des Sciences de Paris 332, 411–416. Boe¨da, E., 1993. Le de´bitage discoı¨de et le de´bitage Levallois re´current centripe`te. Bulletin de la Socie´te´ Pre´historique franc¸aise 90, 392–404. Bouvier, P., 1982. Deux canines ne´andertaliennes : Jaurens a` Nespouls (Corre`ze) et Casteljau (Arde`che). Nouvelles archives du Muse´um d’histoire naturelle 20 (supple´ment), 17–21. Boyle, K.V., 2000. Reconstructing Middle Palaeolithic subsistance strategies in the South of France. International Journal of Osteoarchaeology 10, 336–356. Cre´gut-Bonnoure, E., 1987. Le bouquetin Capra ibex des niveaux mouste´riens de l’Abri des Peˆcheurs (Casteljau, Arde`che). Rapport d’activite´ 1986–1987 ? Muse´um Requiem d’Histoire Naturelle, Avignon (dactylographie´). Cre´gut-Bonnoure, E., 1992. Inte´reˆt biostratigraphique de la morphologie dentaire de Capra (Mammalia, Bovidae). Annales Zoologici Fennici 1991 (28), 273–290. Cre´gut-Bonnoure, E., 2002. Les Ovibovini et Caprini (Mammalia, Artiodactyla, Bovidae, Caprinae) du Plio-Ple´istoce`ne d’Europe : syste´matique, e´volution et biochronologie. The`se de doctorat d’E´tat e`s Sciences, universite´ de Lyon 1, 2 volumes. Darlas, A., 1994. L’Acheule´en final des couches supe´rieures de la grotte du Lazaret (Nice, Alpes-Maritimes). L’Anthropologie 98, 267–304. Debard, E., 1988. Le Quaternaire du Bas-Vivarais d’apre`s l’e´tude des remplissages d’avens, de grottes et d’abris sous roche. Dynamique se´dimentaire, pale´oclimatique et chronologie. Documents des Laboratoires de Ge´ologie de Lyon 103, 1–317. Defleur, A., Cre´gut-Bonnoure, E., Desclaux, E., Thinon, M., 2001. Pre´sentation pale´o-environnementale du remplissage de la Baume Moula-Guercy a` Soyons (Arde`che) : implications pale´oclimatiques et chronologiques. L’Anthropologie 105, 369–408. Degorge, J.-P., 2006. La gestion des quartzs diacalse´s de l’Albigeois cristallin (Tarn) au Pale´olithique moyen. Bulletin de la Socie´te´ Pre´historique Franc¸aise 103, 233–241. El Hazzazi, N., 1998. Pale´oenvironnement et chronologie des sites du Ple´istoce`ne moyen et supe´rieur, Orgnac 3, Payre et Abri des Peˆcheurs (Arde`che, France) d’apre`s l’e´tude des rongeurs. Doctorat du Muse´um national d’histoire naturelle, Paris. Evin, J., Mare´chal, J., Marien, G., 1985. Lyon natural radiocarbon measurements X. Radiocarbon 27, 386–454. Fe´blot-Augustins, J., 1993. Mobility strategies in the Late Middle Palaeolithic of Central Europe and Western Europe: Elements of stability and variability. Journal of Anthropological Archaeology 12, 211–265. Fe´blot-Augustins, J., 1997. La circulation des matie`res premie`res au Pale´olithique. ERAUL 75, Lie`ge, 2 tomes. Gely, B., 2005. La grotte Chauvet a` Vallon-Pont-d’Arc (Arde`che). Le contexte re´gional pale´olithique. Bulletin de la Socie´te´ Pre´historique Franc¸aise 102, 11–17. Geneste, J.-M., 1997. L’utilisation du quartz au Pale´olithique moyen dans le nord-est du Bassin Aquitain. In: Bracco, J.-P. (Ed.), Table-ronde sur l’exploitation du quartz au Pale´olithique. Pre´histoire Anthropologie Me´diterrane´ennes 6, LAPMO, universite´ de Provence, Aix-en-Provence, pp. 259–279. Geneste, J.-M., Jaubert, J., 1999. Les sites pale´olothiques a` grands bovide´s et les assemblages lithiques : chronologie, techno-e´conomie et cultures. In: Brugal, J.-P., Meignen, L., Patou-Mathis, M. (Eds.), Actes du colloque international : Le Bisongibier et moyen de subsistence des homes du Pale´olithique aux Pale´oindiens des Grandes Plaines. CNRS APDCA, Paris, pp. 185–215.

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