G Model
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Me´moire
Les de´terminants biopsychosociaux de la qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques Biopsychosocial determinants of subjective quality of life in diabetic patients Tianna Loose a,b, Franck Salome´ b,*, Marie Guitteny a, Nathalie Cornet-Lemoine a, Vincent Pialoux a, Samuel Bulteau a, Michel Krempf d, Jean-Marie Vanelle a, Anne Sauvaget a,c a
Service d’addictologie et psychiatrie de liaison, Hoˆtel-Dieu, CHU de Nantes, 3e e´tage nord, 1, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes, France Faculte´ de psychologie, laboratoire LPPL, universite´ de Nantes, chemin de la Censive-du-Tertre, BP 81227, 44312 Nantes cedex 3, France c EA 4275 « Biostatistics, pharmacoe´pide´miologie et mesures subjectives en sante´ », 1, rue Gaston-Veil, 44035 Nantes, France d Service d’endocrinologie, hoˆpital Nord Laennec, CHU de Nantes, boulevard Jacques-Monod, Saint-Herblain, 44093 Nantes cedex 1, France b
I N F O A R T I C L E
R E´ S U M E´
Historique de l’article : Rec¸u le 18 octobre 2016 Accepte´ le 10 janvier 2017
La qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques peut eˆtre de´termine´e par une interaction des facteurs biologiques, sociaux et psychologiques. Cette conception de l’individu est reconnue dans la pratique clinique, mais peu de travaux ont e´tudie´ ses be´ne´fices de manie`re quantitative. Dans une approche locale, on examine l’influence de chaque facteur sur la qualite´ de vie. A` l’inverse, dans une approche Bio-Psycho-Sociale ou globale, la qualite´ de vie est appre´hende´e au regard de l’interaction de ces diffe´rents facteurs. L’e´tude a inclus 28 patients diabe´tiques hospitalise´s. Pour la qualite´ de vie, l’e´valuation a e´te´ re´alise´e avec l’e´chelle SF-36. Pour les facteurs qui influencent la qualite´ de vie, l’outil INTERMED a e´te´ utilise´. Il a e´te´ de´montre´ que chaque facteur est associe´ de manie`re ne´gative, et statistiquement significative, a` la qualite´ de vie subjective. De plus, l’interaction des facteurs permet de mieux expliquer cette qualite´ de vie que la simple prise en compte de n’importe quel facteur pris isole´ment. Ces re´sultats soulignent la ne´cessite´ de prendre en charge les e´le´ments psychosociaux aupre`s des patients afin d’assurer au mieux le ve´cu subjectif de leur e´tat de sante´.
C 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve´s.
Mots cle´s : Diabe`te E´chelle Intermed E´chelle SF-36 Environnement social E´valuation Hospitalisation Qualite´ de vie
A B S T R A C T
Keywords: Diabetes Evaluation Hospitalisation Intermed scale Quality of life SF-36 scale Social environment
Objectives. – Many studies show that the subjective quality of life of diabetic patients may be determined by biological, social and psychological factors. However, a Bio-Psycho-Social (BPS) model suggests that all of these factors should be seen as a complex interaction instead of as independent factors. In hospital settings, a BPS model for care is often implemented in order to maximize patients’ physical and psychological quality of life. Because the patient’s difficulties in psychosocial and medical domains are frequently intertwined, care management requires a close collaboration between different practitioners. However, very few studies have aimed to quantitatively demonstrate the importance of this model when conceptualizing subjective life quality. This study aims (1) to clinically describe a sample of hospitalized diabetic patients, (2) to demonstrate that additional psychosocial care is pertinent for hospitalized diabetic patients and (3) that the interaction of BPS components explains subjective quality of life better than any one individual component. Materials and methods. – Thirty-eight diabetic patients hospitalized in two units of the department of Endocrinology at the University Hospital of Nantes in France were recruited to participate in this study. Patients were asked to give their written consent before participation. Three investigators measured BPS complexity using a structured interview called the INTERMED scale. This scale takes into account biological, psychological, social and health care related factors over three time periods: past, present and
* Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (F. Salome´). http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2017.01.021 C 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve´s. 0003-4487/
Pour citer cet article : Loose T, et al. Les de´terminants biopsychosociaux de la qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques. Ann Med Psychol (Paris) (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2017.01.021
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future. This measure also yields a global score of the patient’s biopsychosocial complexity. A score superior to 20 indicates high patient complexity and the need for interdisplinary health care. The SF-36 was administered in order to measure subjective life quality. Results. – Out of the 38 patients recruited, 28 gave written consent to participate in the study. Sixty-one percent were men, 82% were diagnosed with type 2 diabetes, 18% had comorbid obesity, and 86% needed daily insulin injections. Forty-three percent of included participants presented a high level of BPS complexity, which indicates that they would benefit from supplementary psychosocial care. On average, patients had a global complexity of 20.2 (S.D. = 7.3). The highest average was observed on the biological subscale (M = 7.9; S.D. = 2.1) while the lowest was observed on the social subscale (M = 3.1; S.D. = 2.9). The average scores obtained on psychological (M = 56.43; S.D. = 22.45) and psychical (M = 53.21; S.D. = 21.38) indicators of quality of life were similar. Negative and significant correlations were established between biological (r = .522, P < .01), psychological (r = .387, P < .05), social (r = .482, P < .01) and relational (r = .466, P < .05) components of complexity and subjective quality of life. However, simply taking into account any individual component of complexity explained less variance (15–27%) in the quality of life than taking into account complexity as a whole (38%). Conclusions. – This study suggests that the interaction of biological and psychosocial factors contributing to case complexity is more important to subjective life quality among diabetic patients than any of the individual components of complexity examined. Furthermore, close to half of diabetic participants are highly complex meaning that they could greatly benefit from increased psychosocial care. The conception of patients supported by this study translates to a need for interdisciplinary collaboration, which entails the organisation of interventions from both medical and psychosocial practitioners in hospital settings. Specific services, such as liaison psychiatry, can help assure the holistic care for hospitalized patients.
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1. Introduction En France et dans le monde, le nombre de personnes souffrant de diabe`te ne cesse d’augmenter. Ainsi en 2013, on comptait 3,4 millions de sujets diabe´tiques dans l’hexagone et 382 millions de personnes au niveau mondial [16]. Il existe principalement deux formes de diabe`te, le type 1 et le type 2, qui dans les deux cas sont caracte´rise´s par une hyperglyce´mie chronique, soit une glyce´mie a` jeun supe´rieure a` 1,26 g/L (7 mmol/L) a` deux reprises. En France, 5,6 % des personnes diabe´tiques ont le type 1, alors que 90 % ont le type 2 [6]. Les complications me´dicales conse´cutives au diabe`te peuvent eˆtre a` court terme l’hypoglyce´mie et a` long terme une atteinte vasculaire, macrovasculaire et/ou microvasculaire, pouvant toucher diffe´rents organes [23]. Le diabe`te a un retentissement ne´gatif sur l’e´tat physique et psychosocial du sujet [1]. Il entraıˆne une baisse significative de la qualite´ de vie subjective [23] et augmente de 40 % le risque de de´velopper un trouble psychiatrique suite au diagnostic [26]. La qualite´ de vie subjective relie´e a` la sante´ englobe un ensemble de dimensions de la vie psychique et physique qui de´crit la capacite´ fonctionnelle de l’individu a` re´aliser des activite´s et le niveau de satisfaction ge´ne´re´ [24]. De nombreux instruments, le plus souvent sous la forme d’auto-questionnaires, e´valuent la qualite´ de vie subjective [23]. Certains outils ont e´te´ cre´e´s spe´cifiquement dans le cadre du diabe`te, mais aucun d’entre eux n’a fait l’objet d’une validation en langue franc¸aise [3]. Le niveau de qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques est de´termine´ par des facteurs psychosociaux et me´dicaux. Les contraintes implique´es dans la gestion au quotidien de la maladie et les complications somatiques peuvent ainsi avoir un effet ne´faste sur la qualite´ de vie subjective [9,23,24]. Le soutien social perc¸u de l’entourage ame´liore la qualite´ de vie subjective [24] alors que la symptomatologie de´pressive ou anxieuse la diminue [14,23]. L’affectivite´ et l’e´tat psychologique semblent eˆtre des de´terminants de la qualite´ de vie subjective plus importants que les facteurs me´dicaux [9,17]. Les de´terminants de la qualite´ de vie subjective peuvent aussi interagir ensemble. Ainsi, la de´pression est associe´e a` l’hypoglyce´mie [20] et pre´dit ne´gativement les comportements sains lie´s au diabe`te [4]. Selon Pala et al. [21], les pre´dicteurs de la qualite´ de vie subjective dans le
diabe`te sont le niveau socio-e´conomique, le genre, les complications me´dicales, la repre´sentation de la maladie, les comportements dits « sains », la de´pression, l’anxie´te´ et le controˆle glyce´mique. La limite principale de ces e´tudes est de ne pas mentionner le poids respectif de chaque facteur, ni l’interaction entre eux, sur la qualite´ de vie subjective. Ainsi, dans une approche locale, la qualite´ de vie est examine´e uniquement au regard des facteurs respectifs qui l’influencent. L’approche Bio-Psycho-Sociale ou globale pre´sente une alternative inte´ressante, en ce sens qu’elle repose sur le postulat que l’interaction des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux de´termine mieux l’e´tat de sante´ global du sujet, dont sa qualite´ de vie subjective [8]. Cette approche permettrait de mieux comprendre le ve´cu du sujet [24] et d’assurer en pratique une ame´lioration de son bien-eˆtre [26] avec l’utilisation d’un outil d’e´valuation de sa complexite´ BPS : l’INTERMED [15]. L’objectif principal de notre e´tude est d’examiner si le poids respectif des interactions entre les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux chez des sujets souffrant de diabe`te est plus de´terminant sur leur niveau de qualite´ de vie subjective que celui des facteurs pris isole´ment.
2. Me´thodes 2.1. Population Vingt-huit patients, pre´sentant un diagnostic de diabe`te et hospitalise´s dans l’une des unite´s d’hospitalisation (temps plein ou de semaine) du service d’Endocrinologie du Centre Hospitalier Universitaire de Nantes, ont participe´ a` cette e´tude sur une pe´riode de deux mois. Les informations sociode´mographiques et cliniques suivantes ont e´te´ recueillies : le genre, l’aˆge, le statut civil, le type de diabe`te, la dure´e d’e´volution du diabe`te, l’insulinore´que´rance et la pre´sence ou non d’une obe´site´ associe´e. Tous les sujets participant a` cette e´tude ont lu et comple´te´ par e´crit une feuille d’information et de consentement. Le protocole de cette e´tude a rec¸u l’avis favorable de la Commission Nationale Informatique et Liberte´s et d’un comite´ d’e´thique local (Groupe Nantais d’E´thique dans le Domaine de la Sante´).
Pour citer cet article : Loose T, et al. Les de´terminants biopsychosociaux de la qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques. Ann Med Psychol (Paris) (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2017.01.021
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2.2. Crite`res d’inclusion Ont e´te´ inclus des sujets adultes, d’aˆge supe´rieur ou e´gal a` 18 ans, au diagnostic de diabe`te de type 1 ou de type 2 e´tabli par un praticien du service. 2.3. Crite`res d’exclusion Les sujets pre´sentant une difficulte´ importante et manifeste a` lire ou a` parler en franc¸ais, les sujets majeurs sous tutelle ou prote´ge´es par la loi, et les sujets atteints de troubles cognitifs majeurs ont e´te´ exclus de l’e´tude.
3
une version auto-administre´e de l’outil INTERMED. Les patients ayant rempli les crite`res d’inclusion ont e´te´ se´lectionne´s par un membre de l’e´quipe me´dicale. Ils ont ensuite e´te´ vus par l’un des trois investigateurs en service d’endocrinologie, soit a` l’hoˆpital de semaine (n = 5), soit a` l’unite´ d’hospitalisation traditionnelle (n = 23). Toutes les donne´es relatives aux participants de cette e´tude ont e´te´ anonymise´es. Les analyses statistiques ont e´te´ effectue´es avec SPSS 20 avec deux objectifs : de´crire le niveau de complexite´ Bio-Psycho-Sociale et de qualite´ de vie subjective, calculer les corre´lations entre ces deux variables.
3. Re´sultats 2.4. Mate´riel 3.1. Donne´es sociode´mographiques et cliniques L’e´valuation de la qualite´ de vie subjective a e´te´ re´alise´e avec l’e´chelle SF-36 dans sa version traduite et valide´e en Franc¸ais [18]. Cet outil comporte huit sous-e´chelles (domaines de vie) pour un total de 36 items : activite´ physique (10 items), limitations dues a` l’e´tat physique (4 items), douleurs physiques (2 items), sante´ perc¸ue (5 items), vitalite´ (4 items), vie et relations avec les autres (2 items), sante´ psychique (5 items), limitations dues a` l’e´tat psychique (3 items), e´volution de la sante´ perc¸ue (1 item). La cotation des e´chelles se fait soit de manie`re ordinale (1 a` 6 ou 1 a` 5) soit de manie`re binaire (1/2 ; oui/non). Les items 1, 2, 5, 6, 7, 10a, 10d, 10e, 10h, 11b et 11d ont e´te´ inverse´s et ils ont e´te´ convertis en e´chelle line´aire allant de 0 a` 100. Huit sous-scores, ainsi que deux scores re´sume´s (psychique et physique) et un score global, peuvent eˆtre calcule´s. A` partir de cette cotation, un score e´leve´ indique une meilleure qualite´ de vie subjective pour l’e´tat de sante´. L’e´valuation de la complexite´ Bio-Psycho-Sociale a e´te´ re´alise´e avec une e´chelle d’he´te´ro-e´valuation, l’INTERMED, qui permet d’e´valuer et d’identifier les patients ayant des besoins de soins multidisciplinaires (me´dicaux, sociaux, psychologiques) au sein d’une population hospitalise´e [15]. Un score e´leve´, supe´rieur a` 20, a` cet outil indique la ne´cessite´ d’une prise en charge dans ce sens. L’e´chelle comprend 20 indicateurs qui mesurent les difficulte´s biologiques (5 items), psychologiques (5 items), sociales (5 items), et celles en relation avec le syste`me de soins (5 items). Ces indicateurs sont de´cline´s sur trois pe´riodes de temps : les ante´ce´dents ou l’e´tat passe´ (8 items), l’e´tat actuel (8 items) et le pronostic (4 items). Les re´ponses aux items sont cote´es de 0 a` 3. Le score maximal de complexite´ est de 60, soit 15 points par dimension. Au final, l’ensemble des donne´es permet d’identifier six facteurs : la qualite´ de vie globale, la complexite´ globale et les composants de cette complexite´. Ces composants sont ainsi au nombre de quatre : complexite´ sociale, complexite´ psychologique, complexite´ biologique et complexite´ relationnelle. La complexite´ globale est corre´le´e positivement avec une symptomatologie anxieuse et de´pressive, et ne´gativement avec la qualite´ de vie physique et psychique [2]. Cet outil posse`de de bonnes qualite´s psychome´triques et permet d’ope´rationnaliser la complexite´ globale de cas ainsi que les e´le´ments composant cette complexite´ [15]. Il a e´te´ valide´ aupre`s de patients diabe´tiques (type 1 et type 2) et a permis de mettre en e´vidence que plus leur profil BPS est complexe, plus ils pre´sentent de comorbidite´s physiques et psychiques, de complications diabe´tiques, de de´re´gulation glyce´mique et d’hospitalisations [7]. 2.5. Proce´dure Les trois investigateurs de l’e´tude ont rec¸u une formation a` l’utilisation de l’e´chelle SF-36 et de l’outil INTERMED. Ils ont re´alise´ l’e´valuation de la qualite´ de vie subjective puis de la complexite´ Bio-Psycho-Sociale. Cette recherche s’inscrit dans le cadre d’une e´tude multicentrique internationale ayant pour objectif de valider
Trente-huit sujets souffrant de diabe`te ont e´te´ sollicite´s pour participer a` cette e´tude. Au final, 28 patients ont e´te´ inclus. Le nombre d’hommes (n = 17) est supe´rieur au nombre des femmes (n = 11). En moyenne, l’aˆge est de 57,5 ans (ET = 11,1). Trente-neuf pour cent des sujets vivent seuls, 4 % vivent avec de la famille (parents, fratrie, proches), 50 % vivent avec leur propre famille (foyer familial), 4 % vivent avec d’autres personnes et 4 % vivent en institution. Parmi la population incluse, on retrouve 18 % de patients avec un diabe`te de type 1 (n = 5) et 82 % de patients avec un diabe`te de type 2 (n = 23). Dix-huit pour cent des patients pre´sentent un diagnostic d’obe´site´ et 86 % des personnes diabe´tiques e´taient traite´es quotidiennement par insulinothe´rapie. 3.2. Donne´es bio-psycho-sociales Le score minimum de complexite´ globale est de 11 et le maximum de 38. Les personnes ayant obtenu un score supe´rieur a` 20 sont conside´re´es comme « complexes », soit 43 % des participants (n = 12). En moyenne, les participants ont obtenu un score global de 20,2 (ET = 7,3) a` l’e´chelle INTERMED. Au niveau des sous-e´chelles, la moyenne la plus e´leve´e se situe sur l’e´chelle biologique (M = 7,9 ; ET = 2,1), alors que la moyenne basse se situe sur l’e´chelle sociale (M = 3,1 ; ET = 2,9) (Tableau 1). 3.3. Donne´es sur la qualite´ de vie subjective En moyenne, les participants ont obtenu un score de 54,40 (ET = 18,07) sur l’e´chelle SF-36. Les moyennes pour les deux scores re´sume´s, physique (M = 53,21 ; ET = 21,38) et mental (M = 56,43 ; ET = 22,45) sont proches. La qualite´ de vie mentale est plus e´leve´e sur l’e´chelle de « fonctionnement social » (M = 65,18 ; ET = 29,73) que sur l’e´chelle de « vitalite´ » (M = 46,79 ; ET = 18,42). Au niveau de la qualite´ de vie physique, le score moyen le plus e´leve´ se situe sur l’e´chelle de « douleur physique » (M = 58,75 ; ET = 28,48) et s’ave`re moins e´leve´ sur l’e´chelle de « sante´ ge´ne´rale » (M = 44,64 ; ET = 13,12) (Tableau 2).
Tableau 1 Donne´es Bio-Psycho-Sociales (INTERMED) (n = 28). Sous-e´chelles
Moyenne
E´cart-type
CB CP CS CR CG
7,79 4,18 3,07 5,18 20,21
2,11 3,09 2,87 1,76 7,29
CB : Complexite´ Biologique ; CP : Complexite´ Psychologique ; CS : Complexite´ Sociale ; CR : Complexite´ Relationnelle ; CG : Complexite´ Globale.
Pour citer cet article : Loose T, et al. Les de´terminants biopsychosociaux de la qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques. Ann Med Psychol (Paris) (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2017.01.021
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Tableau 2 Donne´es descriptives sur la Qualite´ De Vie (SF-36) (n = 28). Sous-e´chelles
Moyenne
E´cart-type
Fonctionnement Physique Limitation Physique Douleur Physique Sante´ Ge´ne´rale Vitalite´ Fonctionnement Social Limitation E´motionnelle Sante´ Mentale Score Mental Score Physique Score Global
58,57 50,89 58,75 44,64 46,79 65,18 51,19 62,57 56,43 53,21 54,40
26,24 41,10 28,48 13,12 18,42 29,73 46,69 17,32 22,45 21,38 18,07
Tableau 3 Corre´lations entre la Qualite´ De Vie Globale (SF-36) et les donne´es Bio-PsychoSociales (INTERMED) (n = 28).
1. 2. 3. 4. 5. 6.
CB CP CS CR CG QDVG
1
2
3
4
5
–
0,261 –
0,498** 0,492** –
0,467* 0,340 0,246 –
0,709** 0,775** 0,805** 0,618** –
6 0,522** 0,387* 0,482** 0,466* 0,618** –
CB : Complexite´ Biologique ; CP : Complexite´ Psychologique ; CS : Complexite´ Sociale ; CR : Complexite´ Relationnelle ; CG : Complexite´ Globale ; * p < 0,05 ; ** p < 0,01.
3.4. Approche Bio-Psycho-Sociale et qualite´ de vie subjective Afin de tester notre hypothe`se principale, une matrice de corre´lation a e´te´ re´alise´e avec le coefficient r de Pearson en incluant les six variables e´tudie´es (Tableau 3). Le pourcentage de variance explique´e par chaque facteur a e´te´ calcule´ en mettant la corre´lation au carre´. Les donne´es Bio-Psycho-Sociales (score global et les composants biologiques, sociaux, relationnels et psychologiques) sont lie´es de manie`re ne´gative et significative a` la qualite´ de vie subjective. Trente-huit pour cent de la variance dans la qualite´ de vie est explique´e par la complexite´ globale, alors qu’aucun composant de la complexite´ n’arrive a` expliquer autant ce pourcentage de variance dans ce crite`re. Ne´anmoins, 27 % de variance dans la qualite´ de vie subjective est explique´e par l’e´chelle biologique, 23 % par l’e´chelle sociale, 22 % par l’e´chelle relation avec l’e´quipe soignante et 15 % par l’e´chelle psychologique. 4. Discussion 4.1. Approches globale et locale Quarante-trois pour cent des participants (n = 12) sont conside´re´s comme « complexes » (score total > 20). Ce pourcentage est similaire a` une e´tude re´cente qui, avec l’outil INTERMED, indique 38 % de patients diabe´tiques dans cette situation [7]. Conforme´ment a` notre hypothe`se, la complexite´ globale est corre´le´e plus fortement a` la qualite´ de vie subjective que les autres composantes de la complexite´ prises isolement chez les patients diabe´tiques. Le diabe`te est associe´ a` une de´gradation de l’e´tat psychologique, social et physique [1] et cela doit eˆtre pris en compte lorsqu’on conceptualise la prise en charge des patients diabe´tiques [26]. Ce point de vue est e´taye´ par l’e´tude pre´sente. Il faut souligner que le facteur biologique seul est moins fortement corre´le´ a` la qualite´ de vie subjective que lorsqu’on prend aussi en compte les autres facteurs. Ce qui e´taye l’apport d’Engel dans son appre´hension multidimensionnelle de la souffrance psychique de l’individu et souligne qu’il est assez re´ducteur de ne conside´rer que la dimension biologique [5]. Ainsi, il semble plus ade´quat de prendre
en compte l’interaction des facteurs, au lieu de re´duire l’e´tat de l’individu a` un nombre restreint de variable du type biome´dical ou psychosocial. Autrement dit, ce ne sont ni les variables biome´dicales ni les variables psychosociales seules qui sont les plus lie´es a` la qualite´ de vie subjective, mais l’interaction entre ces facteurs avec celle-ci. 4.2. Les composants de la complexite´ Les composants de la complexite´ Bio-Psycho-Sociale pris isole´ment pre´sentent une corre´lation ne´gative et significative avec la qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques. Ainsi, la dimension biologique permet de mieux expliquer la variance dans la qualite´ de vie globale (27 %), suivie des dimensions sociales (23 %), soins (22 %) et psychologiques (15 %). Des e´tudes ont de´montre´ que les contraintes implique´es dans la gestion du diabe`te [9] et les complications dues a` la maladie [23,24] ont une association ne´gative avec la qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques. Le poids de´terminant de la relation me´decin–patient sur la qualite´ de vie chez ces sujets a e´te´ aussi souligne´ par Sridhar et Madhu [24]. L’e´tude pre´sente confirme ces relations ne´gatives. Le soutien social perc¸u est connu comme un facteur protecteur et l’isolement est l’une des conse´quences fre´quentes de cette maladie chronique [9]. D’autres auteurs confirment que pour le patient diabe´tique, le soutien perc¸u de son entourage favorise la re´gulation efficace du stress et l’adaptation psychologique, et ainsi une meilleure qualite´ de vie subjective [24]. La faible corre´lation entre la dimension psychologique et la qualite´ de vie est en contradiction avec l’e´tude de Kohen et al. [17] qui rapporte que les variables psychologiques sont des de´terminants plus importants de la qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques que les variables biome´dicales. D’autres travaux indiquent aussi que l’e´tat psychologique est un de´terminant plus important qu’un grand nombre des variables physiologiques [9]. Il est possible que ces divergences soient dues au fait que l’e´tude pre´sente e´tudie l’e´tat physique de manie`re plus globale que les e´tudes pre´ce´dentes. Chaque e´le´ment de la complexite´ permet donc d’expliquer, en partie, le niveau de qualite´ de vie subjective. Ne´anmoins, la complexite´ globale permettant de mieux expliquer la qualite´ de vie subjective que n’importe quel composant, ces dimensions doivent eˆtre conc¸ues dans leur interaction dynamique, c’est-a`-dire selon un mode`le BioPsycho-Social. Toutefois, il convient d’eˆtre prudent sur la porte´e des re´sultats de cette e´tude pour deux raisons : la taille limite´e de l’effectif et le caracte`re global de l’e´valuation clinique re´alise´e. Il conviendra donc de confirmer ces re´sultats avec un effectif plus important et des e´valuations cliniques plus fines. Par ailleurs, la recherche d’une corre´lation entre ces re´sultats et des donne´es me´dicales quantitatives, telles que le taux d’he´moglobine glyque´e, pourrait eˆtre pertinente pour le niveau de qualite´ de vie subjective.
5. Conclusions Au sein des services d’endocrinologie, la prise en compte des facteurs psychosociaux se traduit par des initiatives au niveau de la prise en charge interdisciplinaire des patients. Quarante-trois pour cent des participants dans l’e´tude pre´sente sont conside´re´s comme « complexes ». Ces patients ont besoin d’une intervention multidisciplinaire, en l’occurrence du type psychosocial, qui peut eˆtre coordonne´e par des services hospitaliers. Ainsi, dans l’unite´ d’hoˆpital de semaine e´tudie´e, les patients peuvent participer a` des se´ances psycho-e´ducatives sur la re´gulation glyce´mique et la prise d’insuline. Les deux unite´s du service d’endocrinologie peuvent e´galement coordonner des soins de support pour ces patients. Par exemple, ils peuvent faire appel a` la psychiatrie de liaison qui offre des consultations infirmie`res, psychologiques et psychiatriques
Pour citer cet article : Loose T, et al. Les de´terminants biopsychosociaux de la qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques. Ann Med Psychol (Paris) (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2017.01.021
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pour les sujets hospitalise´s [12]. Comme cela a e´te´ montre´ dans une e´tude pre´ce´dente, l’outil INTERMED pourrait eˆtre pertinent a` administrer en pratique courante afin de de´pister le besoin d’une intervention du type psychosocial [27], car un haut niveau de complexite´ agit comme un signal avertissant l’e´quipe soignante d’une fragilite´ e´leve´e chez le patient. Ainsi, une e´tude re´cente a de´montre´ que des interventions psychologiques et psychoe´ducatives aupre`s des soignants permettent de re´duire la complexite´ Bio-Psycho-Sociale des patients diabe´tiques [25]. De plus, une autre e´tude a pu montrer que l’usage d’INTERMED est perc¸u positivement par les patients et reconnu comme utile par les intervenants me´dicaux [13]. Enfin, la capacite´ de de´tecter en amont des sujets en souffrance multidimensionnelle permet de ˆ ts hospitaliers associe´s a` l’aggravation de leur e´tat re´duire les cou global. Il a e´te´ montre´ que les patients « complexes », par les soins ˆ t plus e´leve´ [15,27]. Cepenqu’ils requie`rent, repre´sentent un cou dant, certains praticiens peuvent eˆtre re´ticents a` implanter cet outil en milieu clinique du fait de son temps d’administration dans sa forme he´te´ro-e´valuative. Pour reme´dier a` cette limite, une e´tude internationale en cours vise a` valider une version auto-administre´e d’INTERMED [10] utilise´e dans diffe´rents pays [11,12,19,22,27]. En conclusion, ce travail de´montre que la complexite´ Bio-PsychoSociale est un de´terminant majeur dans la qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques. Cette approche globale semble plus explicative pour leur qualite´ de vie qu’une approche locale, qu’elle soit de nature biologique ou psychosociale. De´claration de liens d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de liens d’inte´reˆts. Re´fe´rences [1] Boini S, Erpelding ML, Fagot-Campagna A, et al. Factors associated with psychological and behavioral functioning in people with type 2 diabetes living in France. Health Qual Life Outcomes 2010;8:124. [2] de Jonge P, Huyse FJ, Slaets JPJ, et al. Operationalization of biopsychosocial case complexity in general health care: the INTERMED project. Aust N Z J Psychiatry 2005;39:795–9. [3] Debaty I, Baudrant M, Benhamou PY, et al. E´valuation de la qualite´ de vie en e´ducation the´rapeutique du patient diabe´tique : inte´reˆts et limites des e´chelles de mesure standardise´es. Educ Ther 2008;2:291–3. [4] Egede LE, Ellis C, Grubaugh AL. The effect of depression on self-care behaviors and quality of care in a national sample of adults with diabetes. Gen Hosp Psychiatry 2009;31:422–7. [5] Engel GL. The need for a new medical model: a challenge for biomedicine. Science 1977;196(4286):129–36. [6] Fagot-Campagna A, Romon I, Fosse S, et al. Pre´valence et incidence du diabe`te, et mortalite´ lie´e au diabe`te en France – Synthe`se e´pide´miologique. SaintMaurice (France): Institut de veille sanitaire; 2010.
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Pour citer cet article : Loose T, et al. Les de´terminants biopsychosociaux de la qualite´ de vie subjective des patients diabe´tiques. Ann Med Psychol (Paris) (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2017.01.021