Les gisements de Galería, Gran Dolina TD10 et Ambrona (le Complexe Inférieur) : trois modèles technologiques dans le deuxième tiers du Pléistocène moyen

Les gisements de Galería, Gran Dolina TD10 et Ambrona (le Complexe Inférieur) : trois modèles technologiques dans le deuxième tiers du Pléistocène moyen

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect L’anthropologie 117 (2013) 494–514 www.em-consulte.com Article original Les gisements d...

2MB Sizes 0 Downloads 25 Views

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

ScienceDirect L’anthropologie 117 (2013) 494–514 www.em-consulte.com

Article original

Les gisements de Galería, Gran Dolina TD10 et Ambrona (le Complexe Inférieur) : trois modèles technologiques dans le deuxième tiers du Pléistocène moyen The Galería, Gran Dolina TD10 and Ambrona (low Complex) sites: Three technological models in the second third of the lower Pleistocene Marcos Terradillos-Bernal a,b a

Área de Prehistoria, Edificio I+D+i, Universidad de Burgos, Plaza Misael-Bañuelos s/n. 09001, Burgos, Espagne b Fundación Atapuerca, Ctra. Logroño, n8 44, 09198 Ibeas de Juarros, Burgos, Espagne Disponible sur Internet le 25 novembre 2013

Résumé En Europe, le deuxième tiers du Pléistocène moyen est une période clef dans laquelle le peuplement humain augmente, il y a plus de lieux occupés et les hominidés commencent à utiliser le feu. Le Mode 2 se généralise, le Mode 3 commence à apparaître et la méthode d’exploitation Levallois s’étend. Dans ce laps de temps, les occupations de Galería, de Gran Dolina et d’Ambrona se développent. Ce sont trois gisements du Plateau Nord avec des séquences archéologiques très complètes et de long développement. Ces gisements représentent trois modèles technologiques différents, déterminés par : la qualité des matières premières employées, le contrôle et la sécurité du gisement, le temps investi dans la taille, les caractéristiques des tranchants actifs, la fonctionnalité et les traditions culturelles. # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Pléistocène moyen ; Plateau Nord ; Paléolithique inférieur ; Paléolithique moyen ; Technologie

Abstract In Europe, the second third of the middle Pleistocene is a key period in which the human settlement is increased, the occupied habitat multiplies, the use of fire begins, the Mode 2 generalizes, Mode 3 begins and the method of exploitation levallois develops. At this moment the occupations of Galería, Gran Dolina and Ambrona are developing. These three deposits of the north Plateau have a very complete archaeological

Adresse e-mail : [email protected]. 0003-5521/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2013.10.004

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

495

record and a very long development in time, thus they represent three technological different models. These sites represent three technological different models that are determined by the quality of the raw materials that were used, the control and the safety of the sites, how many time it was spend in the knapping, the characteristics of the edges, they functionality and the cultural traditions. # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Middle Pleistocene; Northern plateau; Lower Paleolithic; Middle Paleolithic Technology

1. Introduction Le deuxième tiers du Pléistocène moyen est une période clef dans le peuplement préhistorique et dans le développement culturel, non seulement de la Péninsule Ibérique, mais partout en Europe. Nous pouvons observer un développement très important de la présence humaine par rapport à la technologie du Mode 2 depuis un demi-million d’années (Roberts et Parfitt, 1999 ; Tuffreau et al., 2008 ; Doronivchev et Golovanova, 2010 ; Santonja et Pérez González, 2010 ; Despriée et al., 2011 ; interalia). Cette occupation humaine se produit d’une manière stable et effective avec quelques structures démographiques et technologiques qui ont permis aux groupes humains de coloniser toutes les latitudes et les lieux. Cet impact humain est principalement dû à un développement démographique joué par de nouveaux groupes humains (Templeton, 2002 ; Hublin, 2009), la tradition culturelle (Eerkens et Lipo, 2007 ; Lycett et Gowlett, 2008 ; Terradillos-Bernal et Díez Fernández-Lomana, 2011 ; interalia), les mouvements réguliers de grands territoires articulés par des routes fluviales de haute énergie (Clark et Schick, 2000), la chasse organisée de grands herbivores (Roebroeks, 2001) et un grand développement technologique caractérisé par la stabilité et la versatilité (Tuffreau, 2004). Le développement du Mode 2 en Europe n’implique pas uniquement l’introduction de nouveaux standards opérationnels comme les bifaces, les hachereaux et les trièdres, mais aussi le développement de la méthode Levallois depuis environ 400 Ka (Cagny la Garenne) (Tuffreau et Antoine, 1995). De plus, les premières preuves possibles de symbolisme humain coïncident avec l’apparition du Mode 2 en Europe (Carbonell et al., 2003 ; Le Tensorer, 2006). En Europe l’utilisation du feu remonte à environ 450–400 Ka (Villa, 1983 ; Hallegouët et al., 1992 ; Thieme, 1997 ; Gowlett, 2006 ; Preece et al., 2006 ; interalia). Cet élément a permis de fournir de la lumière, de la chaleur et de la sécurité, de cuire les aliments en augmentant leurs bénéfices (Aiello et Wheeler, 1995) et de structurer une organisation sociale plus grande. Finalement, dans cette période d’autres changements technologiques se remarquent aussi. Entre 350 et 250 Ka s’identifie la généralisation de processus techniques complexes avec le développement d’un nouveau modèle technologique (le Mode 3). Dans ce contexte chronologique et à l’intérieur du Plateau Nord de la Péninsule Ibérique, ont été trouvés trois gisements (Galería, Gran Dolina et Ambrona) qui offrent l’opportunité d’analyser la technologie de cette période à partir des séquences archéologiques, dans des climats distincts et avec des fonctions différentes. 2. Méthodologie d’analyses L’analyse de ces ensembles a commencé avec une description de l’information basique et non technologique sur chaque gisement (la localisation, les datations, le contexte, la composition des ensembles analysés. . .).

496

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

Les ensembles lithiques ont été analysés avec une optique technologique. Chaque objet a été décrit en fonction de sa position dans la séquence de production à travers des catégories structurelles (Carbonell, 1982). Dans ces catégories, nous avons analysé la matière première, la morphologie, le poids, les dimensions, l’obliquité, l’intensité de réduction, la profondeur des extractions, la délinéation des bords actifs et les méthodes de taille (la facialité, la direction d’extractions, la récurrence. . .) ainsi que les techniques de production. La délinéation, l’angulation et la longueur des tranchants ont été également analysées pour déterminer la morphopotentialité d’usage (dièdre, trièdre, semi-trièdre) (ibidem ; Airvaux, 1987 ; TerradillosBernal et Rodríguez, 2012). 3. Ensembles analysés 3.1. Galería Galería (Fig. 1) est composé de trois dépôts différents : Trinchera Norte (TN), Galería (TG) et Covacha de los Zarpazos (TZ). Deux des six unités lithostratigraphiques identifiées (GII et GIII) ont livré des ensembles lithiques. À GII et à GIII nous avons pu identifier cinq séries lithiques différentes (Tableau 1) (la série I avec 151 pièces, la II avec 152, la III avec 220, la IV avec 203 et la V avec 285).

Fig. 1. Localisation des gisements cités dans le texte. Location of sites mentioned in the text.

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

497

Tableau 1 Principales caractéristiques des niveaux analysés. Principal characteristics of the analyzed levels. Position du site

Couches TD10

1

Abri

a b

2 Galería

Ambrona

Cavité

I II III IV V

Milieu fluviatile et lacustre

Date absolue (ka) 337  29 379  57 244  26 418  63 256  23 466  39 422  55 503  95 > d´entre 48/-45 et

ESR / Séries U ESR / Séries U TL ESR / Séries U TL et IRSL TL TL TL 314 +

366 + 55/-51 Séries U et ESR

Matières premières

Pièces analysées

Autochtone: silex, quartzite, quartz, grès, et autres Allochtone: silex et quartzite

471 481 1.853 (fouille 2008) 151 152 220 203 285 167 (AS1, Santonja et Pérez González) 358 (Howell et Freeman)

Allochtone: calcaire Allochtone: silex et quartzite

Les dernières datations ont fourni une ancienneté de 256  23 ka (TL et IRSL) dans la série I et 503  95 Ka (TL) dans la série V (la plus ancienne) (Berger et al., 2008) (Tableau 1). Ce gisement a principalement fonctionné comme un piège naturel par l’existence d’un conduit vertical situé à TN (Díez Fernández-Lomana et Rosell Ardèvol, 1998). Dans cette grotte l’espace est très réduit. Ce fait n’a pas favorisé l’accès des hominidés. Nous avons observé une faible intensité d’activité humaine et une grande compétitivité avec d’autres prédateurs (Huguet et al., 2001). La matière première la plus utilisée est le silex néogène et son utilisation représente 38,8 % de la série II et 45 % de la série I. L’élément qui apporte une plus grande variabilité par rapport aux autres gisements et par rapport à son environnement et sa chronologie, est la haute densité des percuteurs et des manuports qui représentent 25 % de l’ensemble total. Dans les différentes séries lithiques nous avons constaté une proportion très réduite de nucléus (Tableau 2). La réduction bifaciale prédomine, avec une intervention intense et périmètrale. L’application de la méthode discoïde sur silex néogène se remarque. Le Levallois et le trifacial sont des méthodes de taille minoritaires. À Galería les hominidés ont sélectionné les éclats de plus grandes dimensions pour générer les outils. Nous remarquons une représentation peu abondante de trièdres, bifaces, hachereaux et l’utilisation de la percussion tendre (Fig. 2). En ce qui concerne les instruments sur éclat, les dièdres denticulés et les dièdres convexes simples (racloirs) apparaissent (Fig. 2). Galería présente une masse de 94,332 g de matière première employée (sont inclus les 53,450 g des percuteurs et manuports). Une longueur totale de 479 mm de tranchant a été produite par kg (1,106 mm, nous ne quantifions pas les percuteurs et les manuports) (TerradillosBernal et Rodríguez, 2012). 3.2. Gran Dolina TD10 Gran Dolina TD10 (Fig. 1) est un niveau détritique de 2,50 m d’épaisseur maximale avec quatre unités lithostratigraphiques (TD10-1 - TD10-4), dans lequel la cavité se transforme en un

498

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

Tableau 2 Catégories des instruments lithiques des différents niveaux analysés. Categories of artifacts in the different assemblages analyzed. Categories (n et %)

Gran Dolina

Galería

TD10

V

2

1b

Ambrona IV

III

II

I

Complexe inférieur

1a

75 49 68 47 50 Fragments/ 486 débris Percuteurs/ 17 1,2 13 3,2 10 2,4 41 18,9 16 7,9 19 11,2 manuports Outils/nucléus 8 3,9 4 2,3 8 0,6 17 4,2 20 4,8 14 6,4 sur galet Éclats 1242 90,9 315 77,2 344 81,4 133 61,3 104 70,3 105 61,8 Outils/nucléus 100 7,3 63 15,4 48 11,4 29 13,4 28 17,9 42 24,7 sur éclat Total 1853 483 471 285 203 220

13

10

41

34 24,4 37 26,2

20

3,8

10

40

7,6

64 46,2 66 46,8 219 31 22,3 30 21,3 205

46,1 42,5

7,1

152

8

5,7

151

525

grand abri par un démantèlement important du plafond (Mallol et Carbonell, 2008). Les datations réalisées par la méthode ESR combinée avec les séries d’uranium, ont fourni des âges entre 337  29 Ka pour TD10-1a et 418  63 Ka pour la zone supérieure de TD10-2 (Falguères et al., 1999). Les analyses effectuées par thermoluminescence ont apporté une ancienneté de 244  26 Ka pour TD10-2 et 430  59 Ka pour TD10-3 (Berger et al., 2008). Dans cette étude nous avons analysé les ensembles lithiques de TD10-1a (471 pièces des fouilles de 1984–1987 et de 1996), TD10-1b (481 pièces des fouilles de 1988, 1989 et de 1998) et TD10-2 (1853 pièces de la fouille de 2008). L’utilisation du silex néogène est prédominante dans tous les niveaux. Ont été également employés le silex crétacé, ainsi que le quartzite, le quartz et le grès (Fig. 3). À Gran Dolina TD102 l’utilisation du silex augmente jusqu’à 95,7 %. Le rôle quantitatif des éclats est très important (entre 77 et 91 %) (Tableau 2). Cela peut être le fait d’une intensification des activités de boucherie et d’un accès primaire à la biomasse animale (Blasco et al., 2010a ; Terradillos-Bernal, 2010 : 395). Il faut remarquer la réduction bifaciale avec un grand développement périmétral et des angulations semi-abruptes. Parmi les méthodes utilisées, il faut s’intéresser à la méthode discoïde. Nous avons aussi pu discerner la méthode Levallois (surtout à TD10-1a) mais avec peu d’effectifs et des schémas complexes et variés (récurrent centripète, linéaire, récurrent proche à préférentiel. . .) (Fig. 3). Il existe un ensemble très réduit d’instruments de première génération (Tableau 2) faits à partir de matériaux de mauvaise qualité. Les outils sur éclat sont caractérisés par des dimensions réduites et par l’abondance des dièdres denticulés et des dièdres continus convexes (Fig. 3). Les trièdres ne sont pas très abondants et fonctionnent comme des potentialités secondaires. À TD10 les instruments sur éclat augmentent progressivement avec des potentialités combinées (entre 21 % des instruments sur éclat à TD10-1a et 9 % à TD10-2). À TD10 les hominidés sont intervenus sur une masse de 27,341 kg et ils ont produit un total de 64,714 mm de tranchant coupant. Ils ont généré 3,893 mm par kg à TD10-2 ; 1,468 mm à TD101b et 1,700 mm à TD10-1a (Terradillos-Bernal et Rodríguez, 2012).

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

499

Fig. 2. Industrie lithique de Galería. Série I (1 et 7), II (5), III (6), IV (3 et 4) et IV (2 et 8) : 1 : percuteur de quartzite ; 2 : trièdre sur galet de quartzite ; 3 : nucléus de silex crétacé ; 4 : trièdre sur éclat de silex néogène ; 5 : hachereau de grès ; 6 : biface sur éclat de quartzite ; 7 : dièdre convexe sur éclat de quartzite ; 8 : trièdre avec denticulé sur éclat de silex néogène. Lithic industry at Galería I (1 & 7), II (5), III (6), IV (2 & 8), V. 1: Quartzite hammerstone; 2: Quartzite pebble trihedral; 3: Cretaceous flint core; 4: Flake instrument with Neogene flint trihedral; 5: Sandstone cleaver; 6: Quartzite flake hand axe; 7: Flake instrument with quartzite convex dihedral; 8: Flake instrument with Neogene flint trihedral.

500

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

Fig. 3. Industrie lithique de Gran Dolina TD10-1a (2, 3 et 10) -1b (6, 7 et 9) et -2 (1, 4, 5, 8 et 11). 1 : instrument sur galet de calcaire ; 2 et 3 : nucléus de silex néógène ; 4 : nucléus de silex crétacé ; 5 : éclat de silex crétacé ; 6 : éclat de quartzite ; 7 : dièdre convexe sur éclat de silex crétacé ; 8 : dièdre convexe sur éclat de silex crétacé ; 9 : pointe sur éclat de quartzite ; 10 : denticulé sur éclat de grès ; 11 : trièdre avec denticulé sur éclat de silex néogène. Lithic industry at Gran Dolina TD10-1a (2, 3 & 10), -1b (6, 7 & 9) and -2 (1, 4, 5, 8 & 11): 1: Limestone pebble instrument; 2 & 3: Neogene flint core; 4: Cretaceous flint pebble core; 5: Cretaceous flint flake; 6: Quartzite flake; 7: Flake instrument with cretaceous flint convex dihedral; 8: Flake instrument with Cretaceous flint convex dihedral; 9: Quartzite flake point; 10: Sandstone denticulate flake instrument; 11: Flake instrument with Neogene flint trihedral and denticulate dihedral.

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

501

3.3. Le Complexe Inférieur d’Ambrona Ambrona se trouve dans un pas naturel du Système Ibérique, au bord oriental du Plateau Nord, entre les bassins de la Douro, du Tage et de l’Èbre-la Jalon. Le Complexe Inférieur est composé de boues grises et de cailloutis compris entre 2,5 et 3 m d’épaisseur. Cet ensemble a une ancienneté minimale comprise entre 314 + 48/ 45 Ka et 366 + 55/ 51 Ka (datation obtenue au Membre stratigraphique moyen, Falguères et al., 2006) (Tableau 1). Les 525 pièces lithiques du Complexe Inférieur ont été analysées : 167 pièces du niveau AS1 des fouilles dirigées par Drs. Santonja et Alfredo Pérez González (1993–2000) et 358 des fouilles de 1980–1983 dirigées par Drs. Howell et Freeman. Parmi les matières premières employées, le silex, le quartzite et le calcaire sont les plus utilisés (Tableau 1 et Fig. 4). Le calcaire est le seul matériau local. Nous avons constaté l’utilisation de nombreuses variétés de silex allochtone qui pourraient provenir d’une distance comprise entre 5 et 60 km (Parcerisas, 2006). Les nucléus apparaissent intensément exploités. Sur les galets prédomine la réduction bifaciale et sur les nucléus sur éclat, l’unifacial indirect. En ce qui concerne la réduction bifaciale, la taille unipolaire ou bipolaire se remarquent, ainsi que la méthode discoïde qui a représenté la phase finale des nucléus Levallois dans de nombreux effectifs (Fig. 4). Les instruments de première génération sont caractérisés par l’utilisation préférentielle du calcaire. Une grande importance des dièdres denticulés est présente à la première et à la deuxième génération. Diverses potentialités se combinent dans environ 27 % des instruments sur éclat. Ce complexe est caractérisé par l’absence de galets taillés massifs, tout comme de trièdres de préhension manuelle. Dans les bifaces et les hachereaux (Fig. 4) nous avons pu différencier un groupe de calcaire ou quartzite configuré à partir de formats plus massifs et un autre groupe composé par des bases plates de silex. Les éclats sont la catégorie la mieux représentée (Tableau 2), mais avec une proportion inférieure à celle présente à TD10 et Galería. La plupart des éclats ont des dimensions réduites, puisqu’il existe une exploitation plus intense des nucléus de silex. Dans le Complexe Inférieur d’Ambrona les hominidés sont intervenus sur une masse de 28,6 kg (6,7 de silex et 21,9 du reste de matériels) et ils ont produit un total de 31,294 mm de tranchant coupant. A été généré 1,091 mm de tranchant potentiellement utilisable par kg (1,999 mm sur le silex et 813 mm sur le reste) (Terradillos-Bernal et Rodríguez, 2012). 4. Résultats et interprétation Une fois que les caractéristiques techniques de ces trois gisements ont été analysées, il est nécessaire de déterminer les caractères que partagent ces gisements et sur lesquels se fondent les caractères variables. 4.1. Les caractères communs Aux séquences de Galería, de Gran Dolina TD10 et de Complexe Inférieur d’Ambrona les êtres humains ont été dépositaires d’expériences accumulées par les générations antérieures. Ainsi il existe une importante base technologique commune. Dans ces gisements, il faut remarquer la fragmentation de la chaîne opérationnelle quand les processus de taille se sont développés dans différents lieux (à l’extérieur et à l’intérieur du gisement). Il existe au moins deux chaînes opérationnelles déterminées par la qualité des

502

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

Fig. 4. Industrie lithique du Complexe Inférieur d’Ambrona. 1 : biface avec pointe fracturée de silex ; 2 : nucléus discoïde de silex ; 3 : nucléus Levallois de quartzite ; 4 : éclat de sílex ; 5 : nucléus sur éclat de pierre de quartzite ; 6 : biface sur éclat de quartzite ; 7 : biface sur éclat de calcaire ; 8 : dièdre droit sur éclat de quartzite ; 9 : trièdre sur éclat de silex ; 10 : hachereau de silex. 2 et 6 Santonja et al., 2005. Lithic industry at Ambrona. 1: Flint hand axe instrument with point fractured trihedral; 2: Flint discoid core; 3: Quartzite levallois core; 4: Flint flake; 5: Quartzite flake core; 6: Quartzite flake hand axe; 7: Limestone flake hand axe; 8: Flake instrument with quartzite straight dihedral; 9: Flake instrument with flint trihedral; 10: Flint cleaver. 2 & 6 Santonja et al., 2005.

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

503

matières premières et la distance des affleurements (le silex d’une part et le reste des matériaux de l’autre), qui marquent la complexité, la segmentation et l’intensité de taille. La taille ne se développe pas exclusivement près de la grande étendue d’eau autour de laquelle se concentrent les herbivores. Les matières premières (Ambrona, Galería et TD10) comme les ressources de viande (principalement à TD10) sont transportées dans un espace où les hominidés exercent un contrôle plus grand et où ils peuvent concentrer un groupe humain plus ample. Nous remarquons des éclats de petites dimensions sans cortex et des nucléus intensément exploités, avec une intervention périmétrale importante. Quantitativement, les nucléus bifaciaux, centripètes, semi-abrupts sont les plus nombreux et qualitativement c’est la méthode Levallois (les deux méthodes ont généré un nombre minimal d’éclats de ces méthodes). Il est important de souligner que la méthode Levallois a été identifiée dans les trois gisements. Cette présence indique que dans ces gisements il existe des séquences de taille communes très complexes. Le thème opératoire bifacial centripète semi-abrupt a permis de développer une exploitation rapide et intensive qui produit des éclats homogènes. Son association avec la méthode Levallois permet de développer une exploitation plus coulée dans ses dernières phases de réduction. Pour cette raison, les nucléus Levallois de petites dimensions apparaissent peu représentés. Sur les instruments de première génération, les matières premières de moyenne qualité ont été employées car l’activité pour laquelle les instruments vont être utilisés requiert une capacité contondante et pas de tranchants réguliers. Ce sont des bases initiales qui permettent de configurer d’une façon rapide, des instruments lourds. Les instruments les plus nombreux sont les dièdres continus convexes et les dièdres denticulés de petites dimensions. L’abondance de dièdres convexes semi-abrupts ou abrupts indique que ces instruments ont été réactivés et/ou réaménagés à quelques occasions. Les trièdres sont peu abondants (entre 8,7 % à Galería et 3,8 % à TD10). La morphopotentialité des grands trièdres est compensée par les bifaces et les hachereaux (Galería et Ambrona). Il existe une relation directe entre la productivité de tranchant utile par kilogramme et la qualité des matières premières (avec l’exception du quartz d’Ambrona). Le silex est la matière première la plus productive (dans Atapuerca la variété crétacé). Les tailleurs ont également produit une plus grande longueur de tranchant avec la production de petits éclats (TerradillosBernal et Rodríguez, 2012). Il existe des traditions techniques héritées relatives aux matières premières qui n’apportent pas de bénéfices clairs à ces répertoires, comme la sélection différentielle du silex crétacé à Gran Dolina, du quartzite à Galería ou du calcaire (pour son usage sélectif sur les instruments de première génération) à Ambrona. 4.2. Les caractères variables La variabilité apparaît dans tous les registres (synchroniques ou non, sur des espaces similaires ou très différenciés). Les caractères technologiques principaux dans lesquels nous pouvons reconnaître la variabilité sont : les matières premières, le développement de la taille, les caractéristiques des tranchants, la fonctionnalité du gisement et les traditions culturelles. 4.2.1. Les matières premières Les matières premières génèrent de nombreuses variables dans les ensembles lithiques, puisqu’elles facilitent ou compliquent le développement de la taille, même chez les tailleurs amplement expérimentés (Terradillos-Bernal et Alonso Alcalde, 2011). Elles facilitent la

504

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

production de bases de différentes tailles (les plus grandes sur le quartzite et les plus petites sur le silex), avec de moindres ou de plus grandes longueurs de tranchant ainsi que des proportions différentes et des types d’accidents. Les variations sur la représentation des matières premières sont déterminées par les objectifs de la taille. Nous pouvons évaluer la capacité de production d’éclats de petites dimensions (64,5 % des éclats de moins de 30 mm à TD10), la force des instruments (une plus grande importance du quartzite à Galería [57,7 %] et Ambrona [75 %]) ou les qualités des tranchants des instruments de petites dimensions (le silex crétacé à TD10-2, 35,1 %). À TD10 une intensification de la taille sur le silex se remarque (85 % du matériel) ce qui a facilité la génération de bases de préhension digitale (plus fonctionnelles sur les activités qui requièrent de la précision) et une forte production de tranchants non retouchés. À Galería, une grande proportion de matériaux paléozoïques a été sélectionnée (42,9 %) par la nécessité d’employer des instruments contondants. À Ambrona, il n’y a pas de sources de silex proches et abondantes et de la même façon qu’ à Galería, les matières premières les plus lointaines ne sont pas rentabilisées par une plus grande production de tranchant, de sorte qu’elles sont incluses dans les stratégies les plus complexes de taille (de la configuration des bifaces, hachereaux et de l’exploitation des nucléus Levallois) (Tableau 5). 4.2.2. Des méthodes, des techniques et des stratégies Le thème opératoire bifacial centripète semi-abrupt se remarque sur les trois gisements, mais à Ambrona son développement est plus complexe. Ce thème semble principalement refléter la méthode discoïde (23,6 % du total des nucléus, 56 % des bifaciaux). Dans ce gisement, à l’inverse de Galería et de TD10, la méthode discoïde est employée majoritairement sur l’exploitation du quartzite (75 %) et non du silex (Tableau 3). Un élément très important qui différencie Galería et Ambrona de TD10 est la présence, dans les deux premiers gisements, de grands instruments comme des bifaces et des hachereaux. Ce sont des instruments qui ont impliqué un grand effort et beaucoup de temps. Ils représentent 14 % des instruments à Ambrona et 11,1 % à Galería. Ces instruments ont été configurés en dehors du gisement. Nous pouvons documenter une planification importante et une grande mobilité de ces instruments. La planification a toujours été plus grande à Ambrona puisque dans ce gisement il n’y avait pas de disponibilité de silex. L’utilisation de la percussion tendre à Ambrona et à Galería implique le développement d’une configuration plus longue que celle générée à TD10 (Tableau 4). Dans la configuration d’instruments de taille moyenne de TD10, des matériaux de qualité moyenne ont été sélectionnés (calcaire et quartzite) et les hominidés ont profité de nucléus de quartzite fracturés et presque épuisés retouchés dans le gisement même. À TD10, les instruments de dimensions moyennes sont principalement activés sur le silex pour la configuration générale rapide (85 % à TD10 et 61 % de Galería). L’utilisation du silex crétacé s’intensifie (27 % des instruments sur éclat) à cause de la régularité et de la résistance des tranchants (Tableaux 4 et 5). À Ambrona, malgré la fragilité des tranchants générés sur les éclats de calcaire et de quartzite, l’application des retouches de petite intensité a été nécessaire et ces retouches ont provoqué des négatifs marginaux. Cette marginalité est l’une des caractéristiques les plus importantes des instruments de petites dimensions de ce gisement. 4.2.3. Les caractéristiques et la production de tranchants À TD10 et dans les séries les plus modernes de Galería, nous remarquons la production de tranchant (entre 4,662 mm par kilogramme à TD10-2 et 1,382 mm par kilogramme dans la série I

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

505

Tableau 3 Les différents systèmes de débitage. X : ce système a été identifié à travers des éclats. The different exploitation systems. X: this system can be identified through the flakes. Débitage Premie`re ge´ne´ration Tentative Unifacial Unipolaire massive Bipolaire opposé simple Centripète simple Bifacial Discoïde Centripète (semi-abrupte/abrupte) Orthogonal (semi-abrupte/abrupte) Unipolaire massive Bipolaire opposé massive Centripète simple Levallois Centripète Récurrent Presque préfèrent Unipolaire Trifacial Centripète/bipolaire/unipolaire Orthogonal/unipolaire abrupto Centripète/unipolaire abrupto Bipolaire sur enclume Total Deuxie`me ge´ne´ration Unifacial Orthogonal semi-abrupte Centripète Unipolaire semi-abrupte Discoïde Bifacial Centripète semi-abrupte Unipolaire (simple/semi-abrupte) Orthogonal (simple/semi-abrupte) Tendance centripète Kombewa Total Total général

Galería

Gran Dolina TD10

Ambrona

3

1

3 1 1

4 2

2 2 4

5 7 1 1 2

11 4 3 1

5 1 3

1

1

4 1 1

1

x 26

1 1 2

2 1 x 36

1 18

1 1 1 1

1

1

3 2 2 1 x 10

1 1

3 9

4 8

36

45

26

de Galería, sans faire attention au poids des manuports). Nous observons des bases de petites dimensions. Sur les instruments contondants de grandes dimensions des niveaux plus modernes de Galería, les tranchants présentent une grande longueur (Tableau 5). À Ambrona et dans les séries inférieures de Galería, après avoir augmenté la proportion d’instruments de format moyen et grand la productivité est devenue moindre. La plus grande production de longueur des tranchants d’Ambrona est concentrée sur les instruments sur éclat (1,429 mm par kilogramme), alors que pour les séries IV et V de Galería la production de tranchant se concentre sur les éclats non corticaux (4,865 mm) (Tableau 5).

506

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

Tableau 4 Les différents systèmes de façonnage. X : ce système a été identifié à travers des éclats. The different configuration systems. X: this system can be identified through the flakes. Façonnage Premie`re ge´ne´ration Dièdre Continuo convexe semi-abrupte/abrupte Denticulé convexe Continu convexe simple Denticulé droite Continuo concave simple Continuo droite simple Denticulé concave Bipolaire aigu Biface (trois dièdres) Percuteur à pierre Percuteur tendre Trièdre Petite taille Grande taille Percussion tendre Total Deuxie`me ge´ne´ration Dièdre Denticulé Continuo convexe simple/semi-abrupte Continu droite Continuo concave Continuo semicirculaire abrupte Continuo convexe abrupte Uniangulaire projeté Hachereaux (trois dièdres) Biface (quatre dièdres) Pointe préhension digitale Trièdre Préhension paume Uniangulaire préhension digitale Uniangulaire projeté Indéterminé Total Total général

Galería

Gran Dolina TD10

6 2 4

2 2

1

Ambrona

5 5 2 3 1 1 1

2 1 1

2

1 2 x 20

2

46 41 12 5 2 1 14 3 1 6 3 2 5 152 172

x 5

91 59 9 12 5 2 1 3 3

7 3 8 203 208

22

76 49 18 13 10 1 4 11 1

12 3 198 220

TD10 (sauf TD10-1b) présente une grande proportion de tranchant brut (entre 70 et 81 % du tranchant). À TD10-1b et dans les séries II, IV et V de Galería la proportion de tranchant brut est moindre (entre 64 et 58 %). À Ambrona et dans les séries I et III de Galería prédominent les tranchants retouchés avec un pourcentage compris entre 51 et 69 %. La supériorité du tranchant retouché sur le tranchant brut pourrait indiquer un accès tardif sur les ressources de viande. L’extraction de la viande a pu impliquer un travail méticuleux et varié, en prédominance des activités qui ne seraient pas de découpe. À TD10-2 et 1a, la plus grande longueur de tranchant a été générée à partir de la production directe d’éclats ; à Ambrona et dans les séries I et III de Galería à travers la retouche sur des éclats et dans les séries II, IV et V de Galería avec de grands éclats. Ce fait est relatif à la fonctionnalité

Tableau 5 Principales caractéristiques des ensembles lithiques analysés. Principal characteristics in the different assemblages analyzed. Principaux caractéristiques

Me´thodes, techniques y strate´gies Grandes morphotypes Pourcentage Discoïdes (entre les nucléus) Levallois (entre les nucléus) Bifaces et hachereaux (entre les instruments) Dièdres convexes (entre les instruments) Dièdres denticulés (entre les instruments) Pourcentage des instruments sur éclat Longueur des tranchants Maximum par kg (mm) Pourcentage de tranchant brut

Gran Dolina TD10

Ambrona Complexe inférieur

55 45 Quartzite 61

85 15 Silex crétacé 85

42,1 57,9 Calcaire 54,8

Oui

Non

Oui

19,4 2,8 11,1

26 12,7 –

24 – 14

30,8

30,3

29,4

26,7

43,7

36,2

17,7

9,3

39

1,382 I 49

III 64–58

II 64

IV 70

V 81

Entre 2,402 et 4,662 1b

1a

2

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

Matie`res premie`res Pourcentage Du silex D’autres matières Gestion différentielle Pourcentage du silex entre les instruments sur éclat

Galería

1,226 31

507

508

La plus grande longueur aux Les fonctionnalite´s Pourcentage des percuteurs et manuports Pourcentage des instruments > 100 mm Accès sur la biomasse Control sur le paysage Milieu Traditions culturelles

Galería

Instruments éclats

Gran Dolina TD10

sur

Grands éclats

Instruments sur éclats

Ambrona Complexe inférieur Petits éclats

Instruments sur éclats

18

1,8

4,1

20,4

0,2

9,5

Primaire et secondaire No Bord de lac

Primaire Oui Abri avec grand control visuel

Secondaire Non Piège naturel

Production des instruments contondants Emploie du silex crétacé

Instruments et éclats de petites dimensions

Retouche alternant Retouche des nucléus

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

Tableau 5 (Suite ) Principaux caractéristiques

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

509

de l’ensemble, à la nécessité d’une morphologie déterminée et d’une angulation dans les tranchants. L’importance de la morphologie et de l’angulation des tranchants a déjà été analysée ethnographiquement (Lemorini, 1992 : 17). La délinéation convexe des tranchants se voit sur tous les niveaux (entre 71 % dans la série IV de Galería et 43 % à TD10-2). Dans la série III de Galería nous remarquons les fronts uniangulaires (28 %), par la présence des bifaces et des trièdres (Terradillos-Bernal et Rodríguez, 2012). 4.2.4. Les fonctionnalités des gisements Les variables par rapport à la fonctionnalité du gisement, à la réalisation d’activités contondantes et/ou non contondantes, au moment d’accès à la biomasse, à la variété et à la quantification des activités sont les plus importantes. Dans Galería nous pouvons trouver le plus grand ensemble de percuteurs et de manuports (de bases sans tranchant) (18 % du total) et des instruments sur galet (19,3 % des instruments) (qui apportent une moindre longueur de tranchant par poids). Ces caractéristiques sont déterminées par le développement d’activités contondantes comme la fracturation des os (percuteurs et manuports), le travail sur végétaux et l’incision violente (Márquez et al., 1999). La partialité des chaînes opérationnelles nous indique que Galería est un gisement complémentaire où les hominidés ont fait des activités de courte durée (Huguet et al., 2001). L’utilisation de cet espace part d’une claire planification : un investissement très important de masse lithique et d’instruments déjà manufacturés s’observe. L’activité développée dans ce centre complémentaire n’a pas de fondement si elle n’est pas en rapport avec des activités réalisées à l’extérieur (Tableau 5). L’homogénéité des séries est marquée par l’idiosyncrasie de la cavité et de son fonctionnement comme piège naturel. Nous observons une avancée progressive (de la série V à la série I) sur un petit groupe de caractères tout au long de la séquence comme : la réduction de la taille dans l’intérieur de la cavité, un moindre investissement de matières premières, une réduction d’accidents de taille, un plus grand emploi de silex néogène, ainsi qu’une moindre présence d’éléments corticaux et de restes de taille. À TD10, la grande abondance de registres osseux et lithiques et l’intensité de l’exploitation des nucléus met en évidence que les occupations réalisées ont été intenses, répétées, avec le développement de diverses activités (Ollé et al., sous presse). De plus, des actions contondantes ne se sont pas développées à l’intérieur du niveau (seulement 1,8 % de percuteurs/manuports et 0,2 % d’instruments de première génération). Les activités qui requièrent l’investissement d’une grande force seraient réalisées à l’extérieur du gisement (Tableau 5). L’importance quantitative des éclats (81,5 % à TD10-1a et 90,9 % à TD10-2) peut découler d’un accès primaire sur la biomasse et sur une intensification des activités de découpe (Blasco et al., 2010a ; Terradillos-Bernal, 2010 : 395). Comme à TD10, la relation entre une haute proportion d’éclats et d’accès primaire à la biomasse a pu être documentée dans des niveaux comme Gran Dolina TD6-2, Bolomor XII ou Abric Romani Ja et Jb (Blasco et Rosell, 2009 ; Blasco et al., 2010b ; Rosell et al., 2012 ; Vaquero et al., 2012 : 206). La relation entre une haute fréquence de tranchants retouchés et d’accès tardif est une hypothèse qui se fonde sur le fait que la retouche implique une nécessité de modifier l’angle et/ou la morphologie du tranchant original en rapport avec un travail spécialisé. Les bases avec une haute capacité de découpe (des éclats) se rattachent à un travail dans un moment initial et les instruments au tranchant modifié aux travaux dans des phases secondaires (Terradillos-Bernal et Rodríguez, 2012).

510

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

TD10 offre un espace de grande dimension qui apporte une sécurité relative. Il exige seulement de contrôler un point d’entrée (avec un ample champ visuel). Les hominidés disposent de plus de temps à l’intérieur, cela permet la présence d’un plus grand nombre de membres du groupe et les relations sociales de communication peuvent être plus intenses (Terradillos-Bernal et Díez Fernández-Lomana, 2011). La variabilité documentée dans les sous-niveaux de TD10, mise en évidence principalement par des proportions différentes dans l’usage du silex et dans la production de tranchants bruts ou retouchés, est marquée par de petites différences dans les phases où les ressources biotiques ont été apportées et avec l’intensité d’exploitation du silex. À Ambrona l’accès sur la biomasse pourrait être tardif dû au haut pourcentage d’instruments sur éclat (39 % du total). L’extraction de la viande supporterait un travail méticuleux, varié (il y a 13 morphotypes différents d’instruments sur éclat), opportuniste et peu intense. L’accès à la biomasse est caractérisé par l’exploitation d’une accumulation faunistique d’origine non anthropique.

4.2.5. Des traditions culturelles Les caractéristiques des ensembles lithiques se basent, avec les différentes variables, sur l’existence de traditions culturelles et sur la transmission continue de connaissances. À Galería il existe une tradition technique et fonctionnelle fondée sur la nécessité d’activer des instruments contondants de grand format (75 % d’instruments de plus de 50 mm et 25 % de plus de 100 mm) pour ouvrir des carcasses et pour séparer des membres, ainsi que des percuteurs contondants (18,9 % de l’ensemble lithique) pour accéder à la moelle et pour raviver les tranchants de certains instruments (Tableau 5). La tradition culturelle qui se remarque à TD10 est le maintien et la réitération d’un modèle technologique particulier qui s’initie à TD10-2 (le Mode 3). Ce modèle se base sur l’absence des grands morphotypes et sur les éléments qui impliquent de la force (30 % d’instruments de plus de 50 mm, 1 % de plus de 100 mm et 1,8 % de percuteurs), sur la diversification des systèmes d’exploitation (jusqu’à 20 thèmes opératoires), avec des techniques plus productives (23 mm de longueur moyenne des éclats) et une planification avec un délai plus long (seulement 2,8 % d’éclats corticaux et 4,9 % avec une supériorité corticale). À Gran Dolina TD10 et à Galería se reconnaît une tradition technique mais elle n’a pas de bénéfices clairs. Il s’agit de l’usage du silex crétacé (23 % à TD10 et 10 % à Galería). Bien qu’il présente de grandes qualités pour la taille (c’est un matériau homogène et de grain fin), les hominidés ont des difficultés importantes à ajuster les techniques de taille à ces bases parce qu’elles ont des morphologies très épaisses et des dimensions très réduites. Ils n’ont pas rentabilisé l’effort à partir de l’obtention de ce matériel à travers la production d’éléments particuliers avec une taille complexe et contrôlée (Terradillos-Bernal et Díez FernándezLomana, 2011). L’analyse des différents niveaux qui composent le Complexe Inférieur d’Ambrona nous indique l’existence d’une réitération chez les patrons de taille, les matières premières sélectionnées, la distribution de catégories structurelles (une proportion importante d’instruments sur éclat) et la grande variété morphopotentielle. Cette tradition est également caractérisée par l’identification d’éléments techniques non avantageux qui se répètent : la retouche alternative des instruments sur éclat (20 %), la sélection différentielle du calcaire dans les instruments de première génération (60 %) ou la retouche des nucléus (27,8 %) (Tableau 5).

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

511

5. Conclusions Galería, Ambrona et Gran Dolina TD10 présentent trois modalités technologiques différentes dans le deuxième tiers du Pléistocène moyen qui sont déterminées par l’interrelation et la hiérarchisation d’une série de variables : la qualité des matières premières, le contrôle et la sécurité que fournit l’aire contrôlée, le temps effectif dédié à la taille dans le gisement, les caractéristiques des tranchants, la fonctionnalité du gisement et les traditions culturelles. À Galería, la plus importante variable est la morphologie de la cavité et la position des entrées. D’une part, l’entrée verticale a déterminé que le gisement fonctionne comme un piège naturel qui attire hominidés et autres prédateurs. D’autre part, la position topographique du sol anthropique, à un niveau très inférieur de l’entrée, implique que les hominidés n’ont pas pu garantir le contrôle et la sécurité à l’intérieur. Le contrôle réduit et la concurrence avec les carnassiers impliquent qu’ils n’ont pas pu rester un temps prolongé à l’intérieur du gisement et que l’activité la plus répétée est le démembrement des animaux avec des instruments contondants pour sortir les extrémités des animaux de la cavité. Le répertoire instrumental a dû être élaboré à l’extérieur de la cavité à partir des bases de dimensions importantes qui permettent de développer des activités contondantes. Nous notons une grande importance du quartzite (19,3 %) et un moindre pourcentage des éclats (47,7 %). Dans les séries où l’accès à la biomasse a été réalisé après les prédateurs, où le temps investi est moindre, les manuports se remarquent et le pourcentage de tranchants bruts est moindre (moins d’activités de découpe). À Gran Dolina TD10, la plus importante variable est l’occupation d’un vaste niveau ayant une position stratégique en face d’une vallée fluviale, qui permet un grand contrôle visuel. La sécurité de ce niveau facilite le fait que les hominidés passent beaucoup de temps au gisement et que le groupe établi soit plus grand (développement d’un camp). Les activités peuvent être plus diverses et complexes avec un plus grand groupe et le temps disponible au sein d’un même espace est plus important. Sur un niveau hiérarchique de caractéristiques similaires à la localisation du niveau se situe la gestion différentielle de l’espace habité. Les activités qui supportent l’usage de grands instruments sont effectuées à l’extérieur de la couche occupée et à l’intérieur les hominidés réalisent les activités qui requièrent une plus grande précision et qui impliquent l’usage d’instruments de petites dimensions. Une présence plus importante d’un groupe humain dans un même environnement favorise un plus grand contrôle et une plus grande capacité d’accès primaire sur la biomasse. Cet accès primaire à TD10-2 et à TD10-1a peut se rattacher à une plus grande proportion de tranchants bruts (des éclats), une plus grande intensité de réduction et une plus grande proportion des méthodes plus complexes. La réitération des caractéristiques techniques détermine que ce modèle perdure sous une tradition culturelle (le Mode 3) pour les camps qui profitent d’espaces offrant des caractéristiques similaires. À Ambrona se note une différente hiérarchisation des variables qui déterminent les caractéristiques de l’industrie lithique. Les facteurs les plus éminents sont : l’absence de matières premières de qualité dans l’environnement immédiat du gisement, l’accès tardif à la biomasse et une tradition culturelle plus marquée qui facilite la survie dans un espace offrant moins de ressources aux hominidés que la Sierra de Atapuerca. L’accès secondaire à la biomasse a fait que l’extraction de la viande implique un travail méticuleux et varié, en prédominance des activités qui ne seraient pas de découpe (une grande

512

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

proportion d’instruments sur éclat et des groupes très variés). Les instruments contondants ne sont pas présents. Les instruments de grandes dimensions qui s’activent sont ceux qui peuvent être rentabilisés de part leur longue vie d’utilisation, de la qualité des tranchants et des éclats qu’ils génèrent (des bifaces). Ces instruments de silex ont une grande mobilité. Dans ce gisement, la localisation si lointaine des sources de silex a favorisé une plus grande planification de la technologie. Les hominidés arrivent à l’aire du gisement avec les instruments plus complexes déjà élaborés et pour les instruments les plus simples (de grandes dimensions, contondants et d’une courte utilisation) ils utilisent uniquement le calcaire (le seul matériau strictement local). La gestion d’un espace plus ample implique une possibilité de contrôle moindre sur cette aire et réaliser un accès primaire serait plus difficile. Remerciements Sont remerciés les Dr. J. Carlos Díez Fernández-Lomana (UBU), Dr. X.P. Rodríguez Álvarez (URV), Dra. Pilar López, Audrey Laffont et Beatriz Aguilera Pola. Les fouilles dans la Sierra de Atapuerca et San Quirce sont financées par le projet CGL2009-12703C03 du Ministerio de Educación y Ciencia et orden EDU/940/2009 de la Consejería de Educación de la Junta de Castilla y León. Le premier auteur a été boursier de la « Cátedra Atapuerca » (Fundación Atapuerca et Fundación Duques de Soria). Références Aiello, L., Wheeler, P., 1995. The expansive-tissue hypothesis: the brain and the digestive system in human and primate evolution. Current Anthropology 36, 199–220. Airvaux, J., 1987. Les potentialités morphologiques. In: Carbonell, E., Guilbaud, M., Mora, R. (Eds.), Sistemes d’anàlisi en Prehistòria. CRPES Girona, pp. 17–67. Berger, G.W., Pérez-González, A., Carbonell, E., Arsuaga, J.L., Bermúdez de Castro, J.M., Ku, T.L., 2008. Luminescence chronology of cave sediments at the Atapuerca paleoanthropological site, Atapuerca. Journal of Human Evolution 55 (2) 300–311. Blasco, R., Rosell, J., Arsuaga, J.L., Bermúdez de Castro, J.M., Carbonell, E., 2010a. The hunted hunter: the capture of a lion (Panthera leo fossilis) at the Gran Dolina site, Sierra de Atapuerca, Spain. Journal of Archaeological Science 37 (8) 2051–2060. Blasco, R., Fernández Peris, J., Rosell, J., 2010b. Several different strategies for obtaining animal resources in the late Middle Pleistocene: the case of level XII at Bolomor Cave (Valencia, Spain). Comptes Rendus Palevol 9, 171– 184. Blasco, R., Rosell, J., 2009. Who was the first? An experimental application of carnivore and hominid overlapping marks at the Pleistocene archaeological sites. Comptes Rendus Palevol 8, 579–592. Carbonell i Roura, E., 1982. Application de la méthode dialectique à la construction d’un système analytique pour l’étude des matériaux du Paléolithique Inférieur. Dialektikê de Typologie Analitique. Inst. Universitaire de Recherche Scientifique. Carbonell, E., Mosquera, M., Ollé, A., Rodríguez, X.P., Sala, R., Vergès, J.M., Arsuaga, J.L., Bermúdez de Castro, J.M., 2003. Les premiers comportements funéraires auraient-ils pris place à Atapuerca, il y a 350 000 ans ? L’Anthropologie 107, 1–14. Clark, J.D., Schick, K., 2000. Acheulean archaeology of the eastern middle awash. In: Heinzelin, J., Clark, D., Schick, K., Gilbert, H. (Eds.), The Acheulean and the Plio-Pleistocene Deposits of the Middle Awash Valley, Ethiopia. Musée Royal de l’Afrique Centrale. Département de géologie et de minéralogie, pp. 51–121. Despriée, J., Voinchet, P., Tissoux, H., Moncel, M.H., Arzarello, M., Robin, S., Bahain, J.J., Falguères, C., Courcimault, G., Dépont, J., Gageonnet, R., Marquer, L., Messager, E., Abdessadok, S., Puaud, S., 2011. Lower and middle Pleistocene human settlements in the Middle Loire River Basin, Centre Region, France. Quaternary International 30, 1474–1485.

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

513

Díez Fernández-Lomana, J.C., Rosell Ardèvol, J., 1998. Estrategias de subsistencia de los homínidos de la Sierra de Atapuerca (Burgos). In: Aguirre, E. (Ed.), Atapuerca y la Evolución Humana. Fundación Ramón Areces, Madrid, pp. 361–390. Doronivchev, V., Golovanova, L., 2010. Beyond the Acheulean: a view on the Lower Paleolithic occupation of Western Eurasia. Quaternary International 223–224 [327–344]. Eerkens, J.W., Lipo, C.P., 2007. Cultural transmission theory and the archaeological record: context to understanding variation and temporal changes in material culture. Journal of Archaeological Research 15, 239–274. Falguères, C., Bahain, J.J., Pérez-González, A., Mercier, N., Santonja, M., Dolo, J.M., 2006. The Lower Acheulian site of Ambrona, Soria (Spain): ages derived from a combined ESR/U-series model. Journal of Archaeological Science 33, 149–157. Falguères, C., Bahain, J.J., Yokoyama, Y., Arsuaga, J.L., Bermúdez de Castro, J.M., Carbonell, E., Bischoff, J.L., Dolo, J.M., 1999. Earliest humans in Europe: the age of TD6 Gran Dolina, Atapuerca, Spain. Journal of Human Evolution 37 (3–4) 343–352. Gowlett, J.A., 2006. The early settlement of northern Europe: fire history in the context of climate change and the social brain. Comptes Rendus Palevol 5 (1–2.) 299–310. Hallegouët, B., Hinguant, S., Gebhardt, A., Monnier, J.L., 1992. Le Gisement paléolithique inférieur de Ménez-Dregan 1 (Plouhinec, Finistère), premiers résultats des fouilles. Bulletin de la Societé Préhistorique Française 89, 77–81. Hublin, J., 2009. The origin of Neandertals. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America 106, 16022–16027. Huguet i Pàmies, R., Diez Fernandez-Lomana, J.C., Rosell Ardevol, J., Caceres Cuello de Oro, I., Moreno Lara, V., Ibañez Lopez, N., Saladié i Ballesté, P., 2001. Le gisement de Galeria (Sierra de Atapuerca, Burgos, Espagne) : un modèle archéozoologique de gestion du territoire au Pleistocène. L’Anthropologie 105 (2) 237–257. Lemorini, C., 1992. Variabilité ou spécialisation fonctionnelle? Une révision du rapport entre forme et fonction au Moustérien. Analecta Praehistorica Leidensia 25, 17–24. Le Tensorer, J.M., 2006. Les cultures acheuléennes et la question de l’émergence de la pensée symbolique chez Homo erectus à partir des données relatives à la forme symétrique et harmonique des bifaces. Comptes Rendus Palevol 5 (1–2) 127–135. Lycett, S.J., Gowlett, J.A., 2008. On questions surrounding the Acheulean tradition. World Archaeology 40 (3) 295– 315. Mallol, C., Carbonell, E., 2008. The collapse of Gran Dolina Cave, Sierra de Atapuerca, Spain: site formation processes of layer TD10-1. Geoarchaeology 23 (1) 13–41. Márquez, A.B., Sala, R., Ollé, A., 1999. Análisis microscópico de los instrumentos de Galería (Sierra de Atapuerca): actividades desarrolladas y formas de uso. In: Carbonell, E., Rosas, A., Díez, J.C. (Eds.), Ocupaciones humanas y paleoecología del yacimiento de Galería, Atapuerca. Consejería de Educación y Cultura. Zamora, Junta de Castilla y León, pp. 353–369. Ollé, A., Mosquera, M., Rodríguez, X.P., de Lombera-Hermida, A., García-Antón, M.D., García-Medrano, P., Peña, L., Menéndez, L., Navazo, M., Terradillos, M., Bargalló, A., Márquez, B., Sala, R., Carbonell, E. (sous presse). The Early and Middle Pleistocene Technological Record from Sierra de Atapuerca (Burgos, Spain). Quaternary International http://dx.doi.org/10.1016/j.quaint.2011.11.009. Parcerisas Civit, J. 2006. El aprovisionamiento de materias primas en los yacimientos de Ambrona y Torralba: la base de recursos. In: Martínez Fernández, G., Morgado Rodríguez, A., Alfonso Marrero, J.A. (Eds.), Sociedades prehistóricas, recursos abióticos y territorio, pp. 73–86. Preece, R.C., Gowlett, J.A.J., Parfitt, S.A., Bridglands, D.R., Lewis, S.G., 2006. Humans in the Hoxnian: habitat, context and fire use at Beeches Pit, West Stow, Suffolk, UK. Journal of Quaternary Science 21 (5) 485–496. Roberts, M.B., Parfitt, S.A., 1999. A middle Pleistocene hominid site at Eartham Quarry, Boxgrove, West Sussex. English Heritage, Londres. Roebroeks, W., 2001. Hominid behaviour and the earliest occupation of Europe: an exploration. Journal of Human Evolution 41, 437–461. Rosell, J., Cáceres, I., Blasco, R., Bennàsar, M., Bravo, P., Campeny, G., Esteban-Nadal, M., Fernández-Laso, M.C., Gabucio, M.J., Huguet, R., Ibáñez, N., Martín, P., Rivals, F., Rodríguez-Hidalgo, A., Saladié, P., 2012. A zooarchaeological contribution to establish occupational patterns at Level J of Abric Romaní (Barcelona, Spain). Quaternary International 247, 69–84. Santonja, M., Panera, J., Rubio Jara, S., Pérez-González, A., 2005. La industria lítica de Ambrona. Características generales y contexto estratigráfico. In: Santonja, M., Pérez-González, A. (Eds.), Los yacimientos paleolíticos de Ambrona y Torralba (Soria) Un siglo de investigaciones arqueológicas. Zona Arqueológica. Museo Arqueológico Regional de Alcalá de Henares, pp. 306–333.

514

M. Terradillos-Bernal / L’anthropologie 117 (2013) 494–514

Santonja, M., Pérez González, A., 2010. Mid-Pleistocene Acheulean industrial complex in the Iberian Peninsula. Quaternary International 223–224 (1) 154–161. Templeton, A.R., 2002. Out of Africa again and again. Nature 416, 45–51. Terradillos-Bernal, M., 2010. El Paleolítico inferior en la Meseta Norte, España: Sierra de Atapuerca, La Maya, El Basalito, San Quirce y Ambrona. Estudio tecnológico y experimental. British Archaeological Reports International Series. Archaeopress, Oxford. Terradillos-Bernal, M., Alonso Alcalde, R., 2011. Análisis experimental de la variabilidad en la producción de lascas por parte de talladores actuales. In: Morgado Rodríguez, A., Baena Preysler, J., García González, D. (Eds.), La investigación experimental aplicada a la Arqueología. Ronda, pp. 197–202. Terradillos-Bernal, M., Díez Fernández-Lomana, J.C., 2011. Las tradiciones culturales y la variabilidad en el Paleolítico antiguo. El ejemplo de los yacimientos de la Meseta Norte (Península Ibérica). Munibe 62, 31–47. Terradillos-Bernal, M., Rodríguez, X.P., 2012. The Lower Palaeolithic on the northern plateau of the Iberian Peninsula (Sierra de Atapuerca, Ambrona and La Maya I): a technological analysis of the cutting edge and weight of artefacts. Developing an hypothetical model. Journal of Archaeological Science 39, 1467–1479. Thieme, H., 1997. Lower Palaeolithic hunting spears from Germany. Nature 385, 807–810. Tuffreau, A., 2004. L’Acheuléen. De l’Homo erectus à l’homme de Néandertal. La maison des roches, Paris. Tuffreau, A., Antoine, P., 1995. The Earliest occupation of Europe: Continental Northwestern Europe. In: Roebroeks, W., Kolfshoten, T.V. (Eds.), The Earliest occupation of pleistocene Europe. Leiden University Press-European Science Foundation, Leiden, pp. 147–163. Tuffreau, A., Lamotte, A., Goval, É., 2008. Les industries acheuléennes de la France septentrionale. L’Anthropologie 112, 104–139. Vaquero, M., Chacón, M.G., Cuartero, F., García-Antón, M.D., Gómez de Soler, B., Martínez, K., 2012. Introduction: the variability of middle paleolithic lithic assemblages and its behavioral implications. In: Carbonell i Roura, E. (Ed.), High Resolution Archaeology and Neanderthal Behavior Time and Space in Level J of Abric Romaní (Capellades, Spain). Springer, London, pp. 189–312. Villa, P., 1983. Terra Amata and the Middle Pleistocene Archaeological Record of Southern France. University of California Press, Berkeley.