Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 51 (2003) 159–165 www.elsevier.com/locate/neuado
Article original
Les grands-parents, repères dans les familles complexes > Grandparents: marks in complex families O. Chouchena a,*, M. Soulé b a
Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, 23B, rue du Bugnon, 1005 Lausanne, Suisse b Université Paris V – René-Descartes, Copes, 20, rue de Dantzig, 75015 Paris, France
Résumé Après avoir rapporté quelques données sociodémographiques sur les grands-parents et les relations entre les générations, les auteurs décrivent le rôle spécifique que les grands-parents sont susceptibles de jouer auprès de leurs petits-enfants. La place des grands-parents dans la dynamique de l’enfant est ensuite examinée du point de vue psychanalytique et plus particulièrement à la lumière des travaux portant sur la transmission intergénérationnelle des fantasmes inconscients. Dans les constellations familiales complexes, les grands-parents sont souvent eux-mêmes des personnages complexes. Il est néanmoins possible de les impliquer utilement dans la prise en charge thérapeutique de leurs petits-enfants en leur permettant de jouer un rôle positif, parfois d’autant plus important qu’il était inattendu. C’est cette conviction que les auteurs illustrent au travers de vignettes cliniques tirées de leur expérience du travail avec les familles dans le cadre d’un centre thérapeutique de jour pour enfants et d’un internat thérapeutique. © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract After reviewing sociodemographic data concerning grandparents and the relationships between generations, the authors describe the specific role that grandparents can play with their grandchildren. The position of grandparents within the child’s dynamics is then addressed from a psycho-analytical perspective and, more specifically, in the light of findings on the inter-generational transmission of unconscious fantasies. Within complex family constellations, grandparents themselves are often complex. However, it is possible to involve them in a useful manner in their grandchildren’s therapy, by allowing them to play a positive role that may become even more important when unexpected. The authors illustrate this approach with clinical cases from their work with families in a therapeutic day center for children and a therapeutic boarding institution. © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Grands-parents ; Petits-enfants ; Relations entre les générations ; Prise en charge institutionnelle des enfants ; Travail thérapeutique avec les familles Keywords: Grandparents; Grandchildren; Intergenerational relationships; Institutional therapy for children; Therapeutic work with the families
1. Données sociodémographiques Les grands-parents rassemblent près d’1/5 de la population française et leur nombre est estimé, en l’an 2000, à environ 12 millions. De nos jours, ils ne sont plus assimilables à la catégorie des « anciens » : >
Communication présentée lors de la journée nationale de la société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et disciplines associées, 9 mars 2002, Paris, France. * Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (O. Chouchena). © 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. DOI: 10.1016/S0222-9617(03)00032-1
• à 52 ans, une femme sur deux est grand-mère et à 56 ans, un homme sur deux est grand-père ; • avant 50 ans, une femme sur quatre est déjà grand-mère tandis qu’à 60 ans elle a en moyenne trois petits-enfants. Dans trois familles sur quatre, trois générations coexistent : • à la naissance : C 42 % des enfants ont quatre grands-parents en vie ; C 89 % ont au moins une grand-mère ; C 1 % seulement n’ont plus de grands-parents. • à l’âge de 17 ans : C 50 % des enfants ont encore un couple complet de grands-parents [32].
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1.1. Fréquence des rencontres entre grands-parents et petits-enfants • Près de 80 % des grands-parents sont en relation « au moins une à deux fois par mois » avec leurs petitsenfants ; • 60 % d’entre eux voient au moins un de leurs petitsenfants « une fois par semaine » ; • les relations ne sont notées sporadiques ou rares que dans 18 % des cas [30]. 1.2. Les relations entre les adolescents et leurs grands-parents sont plus importantes qu’on aurait pu le penser Soixante-dix pour cent des adolescents affirment dans un sondage pour les revues L’Étudiant et Notre Temps [33] que leurs grands-parents tiennent une place importante dans leur vie : • quatre lycéens sur cinq âgés de 15 à 18 ans voient leurs grands-parents « au moins 1 fois par mois » ; • un lycéen sur quatre, « au moins 1 fois par semaine » ; • 87 % des adolescents jugent les contacts avec les grandsparents chaleureux, sympathiques et enrichissants ; • deux lycéens sur trois leur parlent de leurs projets d’avenir et plus de la moitié écoutent encore ce qu’ils disent de leur passé ; • un adolescent sur trois considère ses grands-parents comme des amis à qui l’on peut se confier et le dialogue avec les grands-parents est souvent plus facile qu’avec les parents. 1.3. La distance entre la résidence des grands-parents et celle des parents est un facteur déterminant la densité des relations entre les générations • Soixante-quinze pour cent des petits-enfants résident à moins de 20 km de l’un de leurs grands-parents. • Quand la distance est supérieure à 500 km, les grandsparents rendent visite à leurs enfants encore plusieurs fois par an [31]. 1.4. Vacances passées en commun Environ la moitié des grands-parents reçoivent leurs petits-enfants pendant les vacances (64 % lorsque les parents sont des cadres supérieurs ; 41 % lorsqu’ils sont ouvriers). • La fréquence des courts séjours à l’occasion d’une fête, d’un « pont » ou de brefs congés est égale ou supérieure à 1 fois par an dans 63 % des cas. • Elle ne l’est que dans 23 % des cas pour les vacances plus longues. Les vacances sont prises en commun d’autant plus fréquemment que l’on vit éloigné : • 28 % lorsque l’on habite la même commune ; • 50 % si l’on vit à 500 km de distance [31].
1.5. Garde des petits-enfants par leurs grands-parents • 56,3 % des grands-parents déclarent qu’il leur arrive de garder leur(s) petit(s)-enfant(s) ; • pour 10 % des grands-parents, la durée hebdomadaire de garde atteindrait ou dépasserait 21 h ; • 7,7 % répondent « non parce qu’ils sont trop grands » ; • 35,2 % ne les gardent jamais [30] ; • 4 % des enfants en bas âge sont confiés d’une manière permanente à leurs grands-parents [31].
2. L’art d’être grands-parents En cette année du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, on ne peut pas ne pas évoquer L’Art d’être grand-père [18] publié en 1877. Un grand-père échappé passant toutes les bornes, C’est moi. Triste, infini dans la paternité, Je ne suis rien qu’un bon vieux sourire entêté. Ces chers petits ! Je suis grand-père sans mesures (A.G.P., XV, 1) Le grand-père hugolien est d’abord un homme qui est heureux d’abandonner sa fonction paternelle et en particulier ce qui la caractérise pour V. Hugo, à savoir l’autorité. Le grand-père peut donc se montrer infiniment clément. De plus, Hugo–grand-père peut donner sans compter, sans contrôle, presque d’une façon anarchique. Don d’amour bien sûr mais le don peut également être nourricier [26]. Tout pardonner, c’est trop, tout donner, c’est beaucoup. Et bien, je donne tout et je pardonne tout Aux petits. (A.G.P., VI, 10) Tout se passe comme s’il n’y avait pas de rivalité contreœdipienne possible dans la relation du grand-père à ses petits-enfants. Pour cette raison, plus que l’enfant (la deuxième génération), ce sont les petits-enfants qui permettent à V. Hugo vieillissant de se défendre contre l’idée de la mort en s’imaginant revivre au travers d’eux. Les petitsenfants apparaissent garants d’un avenir possible, d’une espérance, d’autant plus, en l’occurrence, que V. Hugo a perdu sa fille aînée en 1843, Charles le père des petits-enfants, en 1871, puis François-Victor, son second fils, en 1873. De la même manière, dans la comédie de V. Hugo qui s’intitule La grand’mère [17], ce sont les petits-enfants par leur simple babil, qui amènent la grand-mère en question, princesse régnante d’une principauté allemande, à abandonner son projet de séparer son fils de son épouse plébéienne qu’elle menaçait de faire jeter en prison. C’est-à-dire que c’est grâce aux petits-enfants que la grand-mère cesse d’être en rivalité avec sa bru pour l’amour de son fils. Diverses études portant sur des dessins d’enfants commentés [21] ou sur des récits et descriptions sous forme de
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rédactions [16] ont tenté de cerner comment les enfants percevaient eux-mêmes leurs grands-parents. Ainsi, selon les petits-enfants, les grands-parents font preuve de qualités bien particulières : • l’absence de responsabilité éducative directe leur permet d’aimer leur(s) petit(s)-enfant(s) en toute gratuité ; • ils sont disponibles ; • ils savent écouter les enfants et leur parler des sujets qui les intéressent vraiment ; • ce sont les chroniqueurs du passé de la famille par excellence ; • derniers liens avec la génération disparue, ils donnent à l’enfant le sentiment d’appartenir à une lignée ; • ils transmettent de leur vivant un héritage culturel sans prix et inépuisable (histoires du pays, langues régionales, traditions et valeurs religieuses, etc.) ; • ce sont les meilleurs conteurs de fables et de récits fantastiques ; • ils se font un plaisir d’initier l’enfant à la nature (promenades), de jouer avec lui, que ce soit à des jeux de société ou simplement en le faisant participer sous forme ludique à leurs activités (cuisine, jardinage, bricolage) ; • c’est à travers ses grands-parents que l’enfant apprend à découvrir cette perpétuelle source d’étonnement qu’est la vieillesse [13]. Les adolescents, quant à eux, recherchent chez leurs grands-parents en tout premier lieu, « l’amour et le soutien affectif », puis, « l’expérience et la mémoire » et enfin, mais en dernière intention, « l’aide financière » [33]. 3. Aspects psychodynamiques À un niveau plus inconscient, les grands-parents occupent une place importante dans les fantasmes de l’enfant et dans son développement psycho-affectif. C’est ce que la psychanalyse a bien montré dès lors qu’elle a commencé à mieux connaître l’enfant et à explorer son monde intérieur [5]. La première psychanalyse d’enfant, celle du « petit Hans », est déjà une illustration manifeste d’une problématique œdipienne qui ne peut trouver sa résolution qu’en passant par l’élucidation et la liquidation du complexe œdipien parental. « Tout finit bien — écrit S. Freud [15] — le petit Œdipe a trouvé une solution plus heureuse que celle prescrite par le destin. Au lieu de tuer son père, il lui accorde le même bonheur que celui qu’il réclame pour lui-même : il le promeut grand-père et le marie avec sa propre mère [...]. La maladie comme l’analyse prennent à juste titre fin par ce fantasme ». Les grands-parents font ainsi leur entrée dans la littérature psychanalytique et vont faire l’objet par la suite d’une attention toute particulière de la part des premiers psychanalystes et de leurs continuateurs. À cet égard, l’année 1913 est, dans l’histoire de la psychanalyse, à marquer d’une pierre blanche. K. Abraham [1] fait, en 1913, « quelques remarques sur le rôle des grands-parents dans la psychologie des névroses ». Il interprète l’insistance de l’enfant sur son grand-père ou sa
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grand-mère comme un refus du père ou de la mère, c’est-àdire comme une tentative de se débarrasser du complexe parental : « afin de paralyser la puissance maternelle ou paternelle, il la dénigre en situant au-dessus du père ou de la mère un personnage plus puissant : le grand-père ou la grand-mère ». K. Abraham cite à titre d’exemple ce petit garçon puni par sa mère et qui lui déclare en pleurant : « à partir de maintenant, j’épouserai ma grand-mère » fournissant de la sorte l’information selon laquelle c’était elle qu’il voulait épouser. S. Ferenczi [14] consacre, cette même année, une étude à ce qu’il nomme « Le complexe du grand-père » où l’ambivalence de l’enfant à l’égard de ce dernier apparaît plus marquée. D’un côté, le grand-père est bien ce personnage enviable qui impose le respect au père lui-même et dont l’enfant voudrait s’approprier l’autorité pour en user dans sa révolte contre le père. Mais de l’autre, c’est un homme âgé, incapable de se mesurer sexuellement au père plein de vigueur, et finalement objet de mépris. Le grand-père est surtout perçu comme un être « condamné à mourir le premier avant les parents (et bien sûr avant l’enfant lui-même) du fait de son appartenance à une génération qui doit « naturellement » disparaître avant les suivantes, mais aussi à cause d’un mécanisme de défense inconscient contre la culpabilité et l’angoisse de castration qui pousse l’enfant à déplacer sur le grand-père ses fantasmes hostiles mettant en scène la mort du père ». E. Jones [19] publie, également en 1913, un article intitulé « Le grand-père et sa signification dans la vie de l’individu ». Il décrit, toujours en 1913, « Le fantasme de renversement dans l’ordre des générations » [20]. Dans ce type de fantasme, l’enfant s’identifie (ou est identifié) à son grand-père et devient ainsi parent de ses propres parents, ce qu’il exprime souvent en ces termes « lorsque je serai grand et que vous serez petits ». On en trouve du côté des parents une sorte d’écho dans la coutume assez répandue de donner aux enfants le prénom des grands-parents. Notons, au passage, que ce même fantasme de renversement dans l’ordre des générations est également présent chez le grand-père lui-même dans L’Art d’être grand-père de V. Hugo [18,26]. Du point de vue psychanalytique, c’est parce que les parents ont été eux-mêmes des enfants liés à leurs propres parents par des sentiments, des représentations conscientes et des fantasmes inconscients dont la persistance sous-tend aujourd’hui toute leur attitude envers l’enfant que la génération des grands-parents se trouve, comme l’écrit A. de Mijolla [28], au cœur même du complexe d’œdipe de l’enfant. Ce qui n’est pas sans conséquence : l’enfant reprend souvent à son compte une histoire œdipienne qui n’est pas la sienne. C’est donc, pour A. de Mijolla, « moins en fonction d’une action effective sur la vie de leurs petits-enfants qu’à ce niveau d’organisateur primaire du complexe d’œdipe qu’il faut situer le rôle psychique des grands-parents ». Sensible à la transmission intergénérationnelle des fantasmes, cet auteur insiste sur l’origine « préhistorique » par rapport à l’enfant de ses identifications. A. de Mijolla [29] part ainsi,
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dans son ouvrage Les Visiteurs du moi, à la recherche de fantasmes d’identification inconscients dans une perspective transgénérationnelle et l’enquête minutieuse et passionnante à laquelle il convie son lecteur le conduit à mettre en évidence une véritable « généalogie des fantasmes ». Cette généalogie des fantasmes est à situer, selon B. Cramer [10], « de l’autre côté du roman familial ». On peut en effet envisager l’autre face de ce mythe des origines — vs parents — comme la construction fantasmatique par laquelle ceux-ci prédéterminent l’identité qu’ils assigneront à l’enfant, l’inscrivant dans la généalogie mythique de la famille et fondant les rudiments de ses identifications inconscientes. Aussi peut-on conclure ce rapide survol de la place des grands-parents dans la dynamique de l’enfant en soutenant qu’il faut au moins trois générations pour faire un enfant « normal », c’est-à-dire pour que ses identifications à ses imagos parentales se fassent « à deux étages ». En effet, ses identifications ne sont vraiment structurantes et intégrées dans son moi que s’il perçoit que ses parents ont été euxmêmes enfants d’autres parents et qu’ils ne doivent leur statut et leur maîtrise actuels qu’au cours d’une dynamique évolutive qu’il aura lui-même à parcourir [34]. 4. La place des grands-parents dans la prise en charge thérapeutique des enfants et de leur famille Dans l’immense majorité des situations traitées en consultation ambulatoire, nous ne voyons pas directement les grands-parents mais nous en entendons très régulièrement parler. Les parents manquent rarement d’évoquer leurs propres parents, que l’on se contente de rechercher avec eux les antécédents familiaux dans le cadre d’une investigation pédopsychiatrique classique ou que l’on s’intéresse plus particulièrement à la dimension inter ou transgénérationnelle de la psychopathologie et que l’on étudie alors très attentivement l’arbre de vie de la famille à la façon de Serge Lebovici [24,25]. La pratique des psychothérapies mères–bébés montre que les parents de la mère jouent un rôle considérable dans l’interaction fantasmatique mère–bébé et que le bébé représente souvent dans la réalité le personnage qui tenait un rôle important dans le roman familial de la mère. Cette thérapeutique s’ingénie donc, selon B. Cramer et F. Palacio-Espasa [11], à déjouer ce qui bloque le jeu normal : mère, bébé, grands-parents (et réciproquement). De même, toutes les thérapies familiales s’efforcent de dénouer l’écheveau réel ou imaginaire des interactions conflictuelles entre les différents protagonistes de la famille et les grands-parents, même quand ils ne sont pas physiquement présents, sont bien souvent au cœur des échanges, qu’il soit question à leur sujet de « coalitions transgénérationnelles », de « manifestations de loyauté », de « délégation », etc., dans une approche d’orientation systémique ou de rivalité contre-œdipienne, de fantasmes d’identification inconscients, de cryptes et de fantômes, etc., dans une perspective psychanalytique.
Nous nous limiterons, ici, à évoquer quelques situations où les grands-parents ont été amenés à jouer activement un rôle positif dans la prise en charge thérapeutique de leur petit-fils ou de leur petite-fille. Il faut commencer par rappeler que les grands-parents contribuent bien souvent, en dehors même de toute prise en charge spécialisée, à l’apaisement des tensions intrafamiliales et qu’ils permettent de la sorte à leurs petits-enfants de retrouver le « calme dans la tempête » [32]. Ainsi, dans les moments critiques, comme par exemple lors du divorce ou de la désunion des parents, les grands-parents peuvent jouer auprès du ou des enfants du couple qui se sépare un rôle prépondérant. Tour à tour médiateurs, protecteurs, consolateurs..., ils sont souvent les mieux placés pour intervenir de façon rassurante dans l’intérêt et au nom de leur(s) petit(s)enfant(s) ; pour autant toutefois qu’ils sachent trouver et maintenir la « bonne distance » par rapport à leurs propres enfants et que ces derniers ne les privent pas brutalement de ce qui constitue, tout compte fait, leurs vrais droits de grandsparents. Dans ces conditions, les grands-parents peuvent surtout s’affirmer comme les garants d’une certaine continuité familiale. Il ne s’agit cependant pas ici de faire preuve d’un angélisme béat ou de donner de la grand-parenté une vision par trop idyllique. Dans les constellations familiales complexes, les grands-parents sont souvent eux-mêmes des personnages complexes. Mais nous partageons le sentiment de A. Kornhaber [22] que les possibilités d’impliquer utilement les grands-parents dans la prise en charge thérapeutique de leur petit-fils ou de leur petite-fille dépendent, en définitive, de la créativité du thérapeute. Nous écrivions, il y a quelques années, dans le chapitre du nouveau traité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent consacré aux grands-parents [5], que les grands-parents dévoués étaient bien connus des hôpitaux de jour puisque c’était souvent eux qui accompagnaient et venaient chercher leurs petits-enfants à leur lieu de soin. Cela est peut-être moins vrai aujourd’hui puisque ces trajets sont souvent effectués par les enfants en bus ou en taxi collectif. Il n’en demeure pas moins que les grands-parents sont susceptibles de jouer un rôle déterminant dans certaines prises en charge institutionnelles et c’est ce rôle, parfois inattendu, que nous aimerions illustrer au travers de quelques vignettes cliniques. Nicolas est un enfant intelligent qui présente un trouble envahissant du développement très évocateur d’un syndrome d’Asperger. Il est pris en charge dans un centre thérapeutique de jour pour enfants (CTJE) et bénéficie d’une psychothérapie intensive à raison de trois séances par semaine. La mère de Nicolas est née dans une république de l’exURSS et ses parents vivaient toujours en Russie au moment de l’admission de Nicolas dans notre CTJE. Ils se sont ensuite installés en Grèce et Nicolas et ses parents sont allés les voir de temps à autre pendant les vacances. C’est au moment où le médecin-assistant du CTJE a proposé une médication pour Nicolas, que Madame a expliqué qu’elle avait des contacts très fréquents par téléphone
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avec sa propre mère et en particulier après chaque entretien qu’elle et son mari avaient avec l’équipe du CTJE. Or, la grand-mère maternelle avait, selon Madame, déconseillé que Nicolas soit traité par médicament. Madame était donc très réticente vis-à-vis d’un éventuel traitement psychotrope mais elle finit cependant par l’accepter devant l’intensité des angoisses de son fils et l’importance de ses troubles du cours de la pensée. La mère de Nicolas se demandait, cependant, comment elle allait pouvoir lui donner son traitement pendant les vacances qu’elle devait passer en Grèce chez ses parents. En fait, le premier neuroleptique prescrit dut être rapidement arrêté devant l’apparition d’un rash cutané allergique et cela supprima donc le problème puisque Madame refusa une nouvelle prescription jusqu’à la rentrée scolaire suivante. Mais pendant les vacances, elle put en reparler avec ses parents et ceux-ci l’encouragèrent à suivre les conseils du médecin du centre thérapeutique de jour. Il fut alors possible d’introduire un nouveau traitement neuroleptique qui, cette fois-ci, fut très bien toléré par l’enfant. Peu de temps avant la sortie de l’enfant du CTJE, Madame nous demande si sa mère, qui lui rendait visite en Suisse pour la première fois, pouvait l’accompagner au prochain entretien. La grand-mère maternelle commença par visiter le centre. Elle posa ensuite à l’équipe toute une série de questions sur la nature des troubles de son petit-fils et sur son avenir, la mère de Nicolas, dont c’est d’ailleurs le métier, traduisant fidèlement l’entretien. Et nous avons pu mesurer, à cette occasion, combien cette grand-mère attentive se sentait concernée par la prise en charge de son petit-fils et de quelle façon notre travail auprès de Nicolas et de ses parents avait bénéficié de son bienveillant soutien. Ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est que ce sont les parents eux-mêmes qui ont pris l’initiative de nous présenter leurs propres parents et cela s’est reproduit dans notre expérience avec plusieurs autres familles d’enfants suivis au CTJE. Par 2 fois ce fut également à l’occasion d’une prescription médicamenteuse et l’intervention des grands-parents permit de faire avancer la réflexion des parents. Dans un autre cas, la mère d’une fillette prise en charge dans notre CTJE était venue accompagnée de sa propre mère pour s’opposer au projet de sortie que nous tentions d’élaborer avec elle. Cette mère très immature présentait un trouble sévère de la personnalité et la grand-mère maternelle nous fit de prime abord une très mauvaise impression. Elle se montra agressive et suspicieuse à notre égard et visiblement dénigrante et disqualifiante vis-à-vis de sa fille. Pourtant, à notre grande surprise, elle comprit assez rapidement le sens de notre démarche et elle tenta à son tour de convaincre sa fille d’accepter l’orientation que nous préconisions pour sa petite-fille. 5. Garde permanente des enfants par leurs grands-parents Nous aimerions, pour terminer, aborder la question de la garde permanente des enfants par leurs grands-parents.
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Quand les parents viennent à faire défaut, la garde de l’enfant (ou des enfants) doit-elle être confiée aux grands-parents ? Cette solution est donnée par A. Kornhaber et K. Woodward [21] comme la plus acceptable : « les grands-parents doivent avant toute autre personne remplacer et aider les parents ». Les raisons de cette préférence semblent pleines de bon sens : l’enfant reste dans sa famille auprès d’êtres chers, disponibles (surtout s’ils sont à la retraite), affectueux et expérimentés, auxquels il est attaché par un « lien vital ». Tous les auteurs ne sont pourtant pas de cet avis. Pour D. Braesco [4], par exemple, l’enfant élevé par ses grandsparents est confronté à une double perte : ses parents sont absents et ses grands-parents ne jouent plus leur rôle spécifique, ils perdent en quelque sorte leur statut de grandsparents. S. Lebovici [23] recommandait, quant à lui, que les grands-parents ne remplacent les parents que dans les cas où c’est absolument nécessaire. Dans la situation suivante que nous allons très brièvement résumer, les parents font complètement défaut et l’enfant a été élevé depuis sa naissance par sa grand-mère maternelle. C’est donc avec cette grand-mère que l’équipe soignante a dû travailler et si cela n’a pas été toujours sans difficultés, il faut lui reconnaître le mérite d’avoir toujours assumé une responsabilité pourtant parfois très lourde à porter. Mehdi est entré à la fondation Vallée à l’âge de 5 ans, adressé par un CMP, après que l’école ait reconnu son inadaptation à la maternelle. Ses incessantes colères, son instabilité, son agitation permanente et surtout son agressivité à l’égard de la maîtresse qu’il avait mordue à plusieurs reprises avaient, en effet, conduit l’école à ne plus l’accepter. Cet enfant présentait, à son entrée dans le pavillon des petits, un fond dépressif et un sentiment d’insécurité important. Entre ses épisodes de colères particulièrement violentes et spectaculaires, Mehdi montrait cependant des potentialités qui dépassaient de loin celles de la plupart des autres enfants du pavillon. C’était un enfant vivant, vif, intelligent, imaginatif et souvent séducteur qui n’hésitait pas à inventer des histoires pour susciter l’intérêt de l’adulte. Sa maîtrise du langage était tout à fait remarquable, compte tenu de son âge. Le compte rendu d’entrée concluait à une dysharmonie évolutive de type névrotique. Mehdi est le fils d’une mère toxicomane et d’un père qui ne l’a pas reconnu. Il a été accueilli dès sa naissance par sa grand-mère maternelle. Sa mère a quasiment toujours été absente et l’enfant ne l’a rencontrée qu’à de très rares occasions. Mehdi a donc été élevé par sa grand-mère maternelle. Celle-ci ne s’est résolue au placement de son petit-fils qu’à contrecœur, en raison de l’importance de ses troubles du comportement. C’était, à l’époque, une femme active et dévouée qui travaillait bénévolement pour une organisation de chômeurs. Elle venait de se remarier pour la troisième fois avec un homme bien plus jeune qu’elle ; son premier mari était décédé et elle était divorcée du second. Cette grand-mère très importante dans l’éducation de son petit-fils a toujours exigé de se faire appeler « maman » par Mehdi et elle souhaitait que l’équipe de la fondation Vallée la
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désigne et la reconnaisse comme telle. Rien ne pouvait la faire changer d’idée. Elle demandait à tous, mais d’abord à l’enfant, d’ignorer sa véritable place dans l’ordre des générations. En fait, l’enfant n’a jamais été vraiment dupe et il a su se montrer capable de trouver des compromis qui ne manquaient jamais de nous étonner. Ainsi, par exemple, sa suggestion de commencer la lettre qu’il écrivait à sa grandmère, à l’occasion d’un séjour thérapeutique, par « bonne maman », satisfaisant ainsi très subtilement au repérage des générations sans contrevenir tout à fait à l’injonction grandmaternelle de se faire appeler « maman ». Dans certaines constellations familiales, comme celle-là, les grands-parents occupent la position et les fonctions de substituts (ou de doubles) parentaux. Cette nouvelle donne familiale peut se voir confirmée ou entérinée par l’appellation même et la désignation du grand-parent. « Maman », ici, ne s’applique plus à la mère, absente ou démissionnaire, mais à la grand-mère. Il arrive que ce soit l’enfant lui-même qui donne l’impression de vouloir « normaliser » son environnement familial aux yeux de son entourage et prend alors l’initiative de nommer son aïeul « maman », sans que cette dernière, confortée dans son rôle de mère, ne trouve rien à y redire. D’autres fois, « maman » est utilisée indifféremment pour appeler la grand-mère maternelle mais aussi la mère dans une sorte de télescopage des générations ou du moins de confusion toujours très préjudiciable à l’enfant. Mais le brouillage de l’arbre généalogique le plus fréquemment décrit dans la littérature est, comme dans l’histoire de Mehdi, le fait des grands-parents eux-mêmes (parfois d’ailleurs en accord ou avec la complicité de la deuxième génération). C’est ainsi qu’une sorte de secret sur les origines s’instaure (même s’il devient vite un secret de polichinelle) et que l’enfant est amené à reconnaître pour sa mère celle qui est en réalité sa grand-mère. Cela n’est pas sans conséquence, car comme l’écrit P. Bourdier [3], « plus encore que les faits directs, traumatisants, déprimants de la situation elle-même (discontinuité, conflictualité, séparation, abandon...), c’est la connaissance ou la méconnaissance par l’enfant de ses liens de parenté qui sera décisive ». Si les secrets de famille ont souvent des effets délétères pour le sujet qui en est porteur (inhibition intellectuelle [12], sentiment inconscient de culpabilité emprunté [9], « maladies de l’identification » [29], perturbations graves de la personnalité ou troubles psychosomatiques [3], etc.), il faut cependant reconnaître qu’ils stimulent parfois à l’inverse la curiosité intellectuelle. Pour P. Bourdier [3], les ressources de l’enfant peuvent être telles que devant ce vide, il développera des secteurs de « questionnite », d’hypermaturation ou d’originalité et de nombreuses personnalités célèbres sont fondées sur de telles assises. L. Aragon [2] en est un des exemples les plus connus. Le poète raconte, dans Le mentirvrai, qu’il est le fruit d’une union illégitime mais qu’il ne l’a appris que très tardivement. Son père, marié, ancien préfet de police et homme politique célèbre, ne le reconnaîtra pas. Sa mère cachera d’abord cette naissance puis la famille vivra chez la grand-mère maternelle. On dira à l’enfant qu’il est le
fils d’amis défunts, recueilli après leur mort dans la famille. Aragon n’apprendra la vérité sur sa filiation qu’au moment d’être mobilisé pendant la première guerre mondiale, à la demande pressante de son père (qu’il prenait jusque-là pour un parrain), parce que ce dernier avait peur qu’Aragon meure sans avoir appris qu’il était « le fruit de ses vertus viriles prolongées ». Aragon portait déjà l’uniforme, c’est-à-dire qu’il était sur le point d’être incorporé quand sa mère lèvera le secret de famille « parce qu’elle remettait toujours le jour de sa confession ». On le sait bien, aujourd’hui, certains enfants se montrent particulièrement résilients et leur intelligence, au lieu d’y sombrer, peut aussi se fortifier dans ce combat et même s’y spécialiser. L’enfant devient alors l’ethnologue, le généalogiste, le détective de la famille [3]. Que l’on songe, ici, à Tintin et à l’histoire de son auteur Hergé paradigmatique d’un tel destin. À en croire S. Tisseron [35,36], un secret de famille hante en effet l’œuvre d’Hergé, un secret d’autant plus important dans Les aventures de Tintin qu’Hergé l’avait chassé de sa propre vie. Son père était né d’un géniteur à jamais inconnu, mais probablement illustre. En outre, ce père avait un jumeau et tous deux, nés d’une humble femme de chambre, avaient eu leurs études et leurs vêtements payés par une véritable comtesse jusqu’à leurs 14 ans. Enfin, ils avaient été reconnus par un « père » de passage aussi énigmatique que le géniteur inconnu. Alors, si Hergé fit du Chevalier de Hadoque (l’ancêtre du capitaine Haddock dans Le Secret de la Licorne) le fils non reconnu de Louis XIV c’est, selon S. Tisseron, parce qu’il avait lui-même rêvé que son père était né de famille noble voire royale ! La Castafiore, unique héroïne dans Les aventures de Tintin, représente à elle seule les deux femmes qui ont contribué à garder le secret sur l’identité du géniteur, à savoir la grand-mère d’Hergé et la fameuse comtesse inconnue. Les Dupondt qui incarnent l’oncle et le père d’Hergé s’acharnent donc à découvrir la vérité qui leur échappe sans cesse. Enfin, Tintin, Haddock et Tournesol sont les trois facettes de la personnalité d’Hergé confronté à ce secret : le premier s’évertue à résoudre toutes les énigmes, le second désespère et sombre dans l’alcoolisme et le troisième se replie sur lui-même dans la surdité et la solitude de son travail créatif. Nous n’aborderons pas, ici, les aspects psychopathologiques des relations grands-parents–parents–enfants et les avatars de la transmission intergénérationnelle auxquels de nombreux travaux ont été déjà consacrés [5,6,7]. Nous rappellerons seulement, pour conclure, que la convention des Nations unies sur les droits de l’enfant [37] qui s’était initialement concentrée sur le « droit à un contact avec les deux parents » et sur « les responsabilités éducatives des deux parents » (articles 9 et 18) a fini par glisser lors de sa ratification [27] vers le concept de « droit à un environnement familial » (articles 5 et 20), l’accent étant alors plus mis sur la qualité du milieu familial que sur la structure de la famille. Figures essentielles de l’environnement familial dans de très nombreuses cultures comme par exemple aux Antilles [8] ou en Afrique, les grands-parents sont ainsi remis à l’honneur et
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retrouvent la place qui leur revient légitimement, y compris dans notre société occidentale contemporaine, certes dominée par le modèle de la famille nucléaire mais au sein de laquelle l’impression dominante reste en définitive bien celle notée par L. Roussel et O. Bourguignon [31] d’une volonté commune aux différentes générations de maintenir, malgré les contraintes de temps et d’espace et en dépit des risques de tension, un réseau finalement très dense de relations.
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