Presse Med. 2018; 47: 447–452
Dossier thématique
Les techniques chirurgicales bariatriques
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CHIRURGIE BARIATRIQUE
en ligne sur / on line on www.em-consulte.com/revue/lpm www.sciencedirect.com
Laurent Brunaud 1,2, Claire Nomine-Criqui 1, Thibaut Fouquet 1, Marie-Aude Sirveaux 1, Nicolas Reibel 1, Didier Quilliot 1,2
Disponible sur internet le : 3 mai 2018
1. Université de Lorraine, CHU Nancy-Brabois, unité multidisciplinaire de la chirurgie de l'obésité du CHU de Nancy, 11, allée du Morvan, 54500 Vandoeuvre-lesNancy, France 2. Université de Lorraine, unité Inserm U954, faculté de médecine, 9, avenue de la Forêt-de-Haye, 54500 Vandoeuvre-les-Nancy, France
Correspondance : Laurent Brunaud
[email protected]
Résumé La physiopathologie de l'obésité est complexe et fait intervenir plusieurs facteurs (génétiques, comportementaux, psychologiques. . .). Dans ce contexte encore peu défini, la chirurgie bariatrique propose des interventions qui modifient l'anatomie du tractus gastro-intestinal, diminuent l'apport calorique, et pour certaines d'entre elles modifient les sécrétions hormonales gastrointestinales. Le but de ce travail était de décrire les techniques chirurgicales bariatriques actuelles les plus fréquentes (sleeve, anneau gastrique, court-cuit gastrique, diversion biliopancréatique) en précisant leur contexte historique et en envisageant les évolutions possibles.
Summary Bariatric surgical procedures Obesity physioptahology is complex and involves several factors (genetic, behavioral, psychological. . .). In this still undefined context, bariatric surgery modifies gastrointestinal tract anatomy, reduces the caloric intake and modifies gastrointestinal hormonal secretions for some of them. Aim of this work was to describe bariatric surgical procedures (sleeve, gastric band, short-gastric gastric, biliopancreatic diversion), specifying their historical context and considering possible evolutions.
La physiopathologie de l'obésité est complexe et fait intervenir des facteurs génétiques, comportementaux, psychologiques ainsi que d'autres facteurs actuellement mal compris (ex :
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microbiote intestinal. . .) [1]. Ainsi, la composante génétique (séquence et expression génique) peut seulement expliquer une partie de l'augmentation observée de la prévalence mondiale de l'obésité alors que la diminution globale de l'activité physique associée à la consommation d'aliments
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Introduction
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hypercaloriques pourraient aussi jouer un rôle. Dans ce contexte encore flou et peu défini, la chirurgie bariatrique propose des interventions qui modifient l'anatomie du tractus gastro-intestinal, diminuent l'apport calorique, et pour certaines d'entre elles modifient les sécrétions hormonales gastro-intestinales. Ces opérations sont classées arbitrairement en procédures restrictives ou en procédures malabsorptives bien que ces deux mécanismes puissent coexister pour une même intervention. Les chirurgies restrictives limitent la prise alimentaire en diminuant le volume du réservoir gastrique et en retardant sa vidange par la diminution du diamètre de sortie. Les chirurgies de malabsorption court-circuitent différentes portions du tractus digestif pour diminuer l'absorption des éléments nutritifs [2]. Le but de ce travail était de décrire les techniques chirurgicales bariatriques actuelles les plus fréquentes en précisant leur contexte historique et en envisageant les évolutions possibles.
Historique des interventions bariatriques
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En 1967, Edward Mason, chirurgien à Iowa City publiait pour la première fois des résultats significatifs montrant une perte de poids objective après bypass gastrique (court-circuit gastrique) [3]. Avant ce travail, des court-circuits jéjuno-iléaux (jejunalileal bypass) avaient été proposés puis abandonnés en raison d'un risque important de cirrhose hépatique et de malabsorption, probablement secondaire à une pullulation microbienne [2]. La gastroplastie vertical calibrée a ensuite été proposée dans les années 1980, mais n'est actuellement plus réalisée en raison d'une perte de poids et de complications spécifiques (sténose, érosion gastrique) non satisfaisantes [2]. À la même époque, d'autres montages chirurgicaux plus agressifs ont commencé à être développés associant une partition gastrique et un court-circuit de l'intestin grêle (diversion biliopancréatique). Cette intervention a été modifiée environ dix années plus tard et est toujours réalisée sous le terme de switch duodénal. La technique de l'anneau gastrique a été introduite initialement en 1983 et a beaucoup été réalisée initialement en Europe pour finalement être reconnu par la Food and Drug Administration (FDA) qu'en 2001. La gastrectomie en gouttière (sleeve) est une intervention plus récente (2003) décrite au départ comme le premier temps d'une diversion biliopancréatique [1,2]. Cependant, plusieurs groupes ont ensuite montré son efficacité sans la nécessité d'une conversion en bypass ou en diversion biliopancréatique. La sleeve est devenue une intervention bariatrique à part entière à la fin des années 2000 pour devenir le montage chirurgical le plus réalisé en France par année depuis 2012 [4]. Les trois autres interventions bariatriques les plus fréquentes actuellement sont l'anneau gastrique, le court-circuit gastrique et la diversion biliopancréatique. Ainsi, 184 638 séjours ont été réalisés en France entre 2011 et 2014 pour chirurgie de l'obésité dont 82 529 pour sleeve (45 %), 55 285 pour anneau (30 %),
47 858 pour court-circuit gastrique (25 %) et 678 pour diversion biliopancréatique (0,4 %) [4]. L'avancée la plus importante des 50 dernières années en chirurgie bariatrique n'est probablement pas tel ou tel montage chirurgical, mais la possibilité de réaliser cette chirurgie par laparoscopie [5]. Depuis 1994, l'abord laparoscopique permet une chirurgie moins douloureuse, avec moins de complications pariétales et une durée d'hospitalisation significativement plus courte. La durée moyenne des séjours réalisés en France entre 2011 et 2014 (n = 184 638) pour réalisation d'une chirurgie bariatrique a été de 4,7 4 jours [4]. Actuellement, environ 97 % de toutes les interventions bariatriques (initiales ou réinterventions) sont réalisées par voie laparoscopique. Les pistes d'optimisation des résultats de la chirurgie bariatrique laparoscopique sont la diminution de l'agression pariétale (trocart de 5 mm, chirurgie monotrocart. . .), l'amélioration de la faisabilité (caméra 4k, chirurgie robotique, matériel. . .) et la prise en charge periopératoire (optimisation préopératoire du patient et réhabilitation améliorée après chirurgie) [1–5].
La gastrectomie en gouttière (ou sleeve) La gastrectomie en gouttière correspond à l'exérèse verticale de 80 % environ de la partie gauche de l'estomac, laissant en place une poche gastrique longue, tubulaire, et calibrée sur un tube de 1,2 cm de diamètre (36 French). Aucune anastomose digestive n'est réalisée lors de cette intervention (figure 1). Cette intervention est techniquement plus facile qu'un court-circuit gastrique. Dans le rapport de l'Association française de chirurgie, la sleeve était l'intervention la plus fréquemment réalisée en 2016 quel que soit le type de structure hospitalière (privée, publique, PSPH) [4]. La gastrectomie en gouttière est restrictive avec une diminution conséquente du volume de l'estomac, mais n'interrompt pas la filière digestive. Elle possède un autre mécanisme qui est la modification des secrétions de certaines hormones gastro-intestinales (ex : ghreline) secondaire à l'exérèse de la partie gauche de l'estomac (fundus) aboutissant à une augmentation de la satiété et une diminution de la sensation de faim. La perte de poids et l'amélioration des comorbidités à 5 ans après gastrectomie en gouttière sont globalement équivalents aux résultats observés après court-circuit gastrique. Les taux de complications sont situés entre les taux observés après anneau gastrique et ceux observés après court-circuit gastrique. La perte de poids après sleeve est estimée à 50–70 % de l'excès de poids ou à un réduction d'environ 12 à 16 points d'IMC a un an de la chirurgie [2,4]. Cependant, les résultats au long court à partir de la 10 années de suivi montrent un risque important de reflux gastro-œsophagien et de réinterventions (environ 15–30 %) [2,6,7]. Ces dernières données récentes sont importantes et doivent être confirmées, mais elles pourraient modifier la place actuelle de la gastrectomie en gouttière dans l'arsenal thérapeutique.
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CHIRURGIE BARIATRIQUE
Figure 1 Représentation schématique des trois interventions les plus réalisées en France. A. L'anneau gastrique. B. La sleeve gastrectomy. C. Le gastric bypass. Figure extraite de Caiazzo R, Pattou F. Adjustable gastric banding, sleeve gastrectomy or gastric bypass. Can evidence-based medicine help us to choose? Journal of Visceral Surgery 2013;150;85–95. Nous remercions les Éditions Elsevier Masson de nous avoir donné l'autorisation de les utiliser.
Le court-circuit gastrique reste actuellement l'intervention de référence dans le monde en raison de son ancienneté et de son efficacité, même s'il est actuellement moins réalisé que la gastrectomie en gouttière [2]. Cette intervention comporte trois temps principaux et deux anastomoses digestives (figure 1). Le premier temps correspond à la création d'une petite poche gastrique de 30 cm3 environ à partir du cardia et qui est séparé complètement du reste de l'estomac (estomac exclu). L'intestin grêle est ensuite sectionné à environ 40–50 cm en aval du ligament de Treitz. Le deuxième temps correspond à l'anastomose gastro-jéjunale entre la poche gastrique qui vient d'être réalisée et la partie distale de l'intestin grêle (partie du grêle en aval de la section) qui est montée dans le région susmésocolique pour être anastomosée à la poche gastrique. Cette anastomose peut être manuelle ou mécanique. La longueur de l'anse grêle montée (anse alimentaire) varie de 75 à 150 cm. Le dernier temps correspond à l'anastomose réalisée entre la partie distale de l'anse alimentaire et la partie proximale de l'intestin grêle (anse biliaire correspondant à la partie de grêle situé en amont de la section initiale). Cette dernière anastomose (pied de l'anse) réalise ainsi un court-circuit gastrique avec une anse en Y à la Roux. Le petit volume de la poche gastrique permet d'avoir un mécanisme de restriction. De plus, il existe une malabsorption des graisses et l'exclusion du duodénum et du grêle proximal
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permet de diminuer la sécrétion de substances anti-incrétines. Enfin, la présence précoce de l'ingestât dans le grêle distal stimule certaines incrétines comme le glucagon-like peptide 1 (GLP-1) qui améliore la sensibilité à l'insuline en augmentant la production d'insuline et/ou en diminuant la résistance à l'insuline. Cette amélioration de la sensibilité à l'insuline est indépendante de la perte de poids [8]. La perte de poids après courtcircuit gastrique est d'environ 70 % de l'excès de poids à un an de la chirurgie [1,2]. À long terme, la perte de poids à 2, 6, et 12 années après un court-circuit gastrique était de moins 45 kg, moins 36 kg, et de moins 35 kg respectivement dans une étude récente [9]. Parmi les patients diabétiques initialement, la rémission du diabète était observée à 2, 6 et 12 années chez 75 %, 62 % et 51 % des patients respectivement [9]. Enfin, en raison de l'exclusion du duodénum et du grêle proximal, le court-circuit gastrique est associé à un risque non négligeable de carences vitaminiques et en sels minéraux (tableau I).
L'anneau gastrique L'anneau gastrique correspond à la mise en place d'un anneau ajustable en silicone autour de la partie proximale de l'estomac, créant ainsi une petite poche gastrique au-dessus de l'anneau. Aucune résection ou anastomose digestive n'est nécessaire pour sa réalisation. Par contre, il est nécessaire de laisser du matériel prothétique en situation intra-abdominale (figure 1). Le diamètre de l'anneau est modulable par injection/aspiration de sérum
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Le court-circuit gastrique (anse en Y à la Roux)
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L. Brunaud, C. Nomine-Criqui, T. Fouquet, M-A Sirveaux, N. Reibel, D. Quilliot
TABLEAU I Avantages et inconvénients des 4 procédures bariatriques les plus fréquemment réalisées en France en 2018 Procédure Sleeve
CCG
Anneau
DBP
Avantages
Inconvénients
Bonne faisabilité Préserve le passage duodénal et diminue le risque de carences (calcium et certaines vitamines) Perte de poids similaire au CCG à 5 ans de suivi Pas de matériel prothétique modifications des hormones gastro-intestinales avec Diminution de la satiété peut être utilisé comme premier temps d'une DBP
Complications postopératoires immédiates supérieures à l'anneau (fuites difficiles à prendre en charge) Complications tardives (sténose, reflux, dilatation) pouvant faire convertir en CCG Risque de reflux important à long terme (> 10 ans) Seule intervention qui résèque 80 % de l'estomac
Perte de poids significative composante restrictive par le petit volume de la poche gastrique (diminution apport calorique) Modifications des hormones gastro-intestinales avec amélioration du métabolisme du glucose et de la satiété Intervention de référence avec 50 années de recul
Procédure plus complexe que la sleeve et l'anneau Risque de carences postopératoires (protéines, vitamines, sels minéraux) Taux de complications postopératoires immédiates plus importants que la sleeve et l'anneau Risque de complications tardives (ulcère, hernie interne, occlusion)
Bonne faisabilité pas de transsection de l'estomac durée opératoire courte possible (ambulatoire) Caractère ajustable de l'anneau préserve le passage duodénal et diminue le risque de carences (calcium et certaines vitamines) Taux le plus faible de complications (mortalité et morbidité)
Risque de réintervention à 15 ans > 50 % Perte de poids plus faible que les autres interventions Risque de problème de matériel (anneau, tube, boîtier) Risque de dilatation de l'œsophage
Perte de poids la plus importante de toutes les interventions amélioration la plus importante Des comorbidités et notamment du diabète de type 2 Modifications des hormones gastro-intestinales avec amélioration du métabolisme du glucose et de la satiété
Taux le plus important de complications (mortalité et morbidité) Risque important de carences postopératoires (protéines, vitamines, sels minéraux) Nécessité d'un suivi postopératoire régulier et impératif (risque nutritionnel)
CCG : court-circuit gastrique ; DBP : diversion biliopancréatique.
stérile et permet d'ajuster l'ouverture (diamètre interne) entre la poche gastrique et le reste de l'estomac. L'ajustement de l'anneau peut être réalisé en consultation postopératoire et permet un mécanisme de restriction. La perte de poids après anneau gastrique est d'environ 34 % de l'excès de poids à un an ou une diminution de 7 à 10 points d'IMC [2]. Le taux important de complications tardives de cette technique (érosion, slippage, reflux gastro-œsophagien, dilatation œsophage. . .) associé aux résultats modérés en termes de perte de poids et de résolution des comorbidités ont fait que l'anneau est de moins en moins utilisé en France, en Europe et dans la plupart des centres nord américains [2,4]. Le taux d'ablation d'un anneau gastrique était de 28 %, 34 % et 40 % à 5, 6, et 7 années respectivement dans une étude nationale récente avec la nécessité d'une conversion en un autre type de chirurgie bariatrique dans 71 % des cas [10].
La diversion biliopancréatique avec switch duodénal
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La diversion biliopancréatique avec switch duodénal est en fait une double intervention bariatrique réalisable en 1 ou 2 temps
distincts. La première partie est une gastrectomie en gouttière (sleeve). La deuxième est un court-circuit d'une partie importante de l'intestin grêle (environ 50 %) qui induit une malabsorption importante. Après la réalisation de la gastrectomie en gouttière, le duodénum est sectionné dans sa partie mobile juste en aval du pylore. L'intestin grêle est sectionné à 250 cm en amont de la valvule iléo-cæcale et le bout distal du grêle est ensuite amené à l'étage susmésocolique pour être anastomosé au duodénum (montage de type Roux en Y). L'anastomose au pied de l'anse est réalisée entre le bout distal de l'anse biliaire (grêle en amont de la section) et la partie du grêle située 100 cm en amont de la valvule iléo-cæcale. La gastrectomie en gouttière de la diversion biliopancréatique est restrictive avec une modification des secrétions de certaines hormones gastro-intestinales secondaire à l'exérèse de la partie gauche de l'estomac (fundus). Cependant, une partie importante de l'intestin grêle est court-circuité avec une diminution considérable de l'absorption de graisse, protéines, nutriments et vitamines. La diversion biliopancréatique comme la gastrectomie en gouttière et le court-circuit gastrique modifie le
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Les techniques chirurgicales bariatriques
métabolisme des hormones gastro-intestinales et améliore le métabolisme du glucose. La diversion biliopancréatique est considérée comme le montage chirurgical le plus efficace en termes de perte de poids et de résolution des comorbidités [2]. Une étude randomisée a montré une perte de 70 % de l'excès de poids et une diminution de 16 points d'IMC à deux ans après la réalisation d'une diversion biliopancréatique [11]. Cependant, en raison de sa complexité et de l'augmentation des complications postopératoires immédiates (fuite, occlusion) et à long terme (carences nutritionnelles), cette technique ne doit être réalisée que dans certains centres spécialisés. Entre 2011 et 2014, moins de 1 % des interventions bariatriques en France correspondaient à une diversion biliopancréatique [4].
Argumentaire pour le choix d'une intervention Depuis 2012, la gastrectomie en gouttière est devenue l'intervention la plus fréquente aux États-Unis et en France. Cette prévalence peut être expliquée par la simplicité relative de la technique en comparaison avec le court-circuit gastrique ou la diversion biliopancréatique pour lesquelles deux anastomoses digestives sont nécessaires (montage Roux-en Y). La gastrectomie en gouttière permet aussi une perte de poids supérieure à l'anneau gastrique. De plus, le risque de complication d'une hernie interne et/ou d'ulcère de l'anastomose gastro-jéjunale est inexistant après gastrectomie en gouttière. Enfin, le risque de malabsorption en fer, calcium, et vitamines B1, B9, B12, D est aussi plus faible, ce qui est particulièrement important chez les femmes en âge de procréer (60–80 % des patients opérés d'une chirurgie bariatrique). Cependant, les données à long terme > 10 ans (reflux pathologique, pourcentage de réinterventions) vont peut être faire diminuer l'engouement actuel pour cette technique. L'anneau gastrique est en perte de vitesse depuis 2010 en raison de données sur le long terme qui montrent une perte de poids faible et un taux important de réinterventions. La diversion biliopancréatique est réservée aux patients ayant une obésité très sévère (IMC > 55 ou 60 kg/ m2) et doit être réalisée dans certains centres spécifiques. Dans ce contexte, le court-circuit gastrique reste une intervention de référence, utile depuis environ 50 ans pour comparer les résultats périopératoires et postopératoires à plus long terme des
chirurgies bariatriques plus récentes [12]. Enfin, la proportion de patients avec une ou plusieurs chirurgies bariatriques antérieures augmentent et ces situations bariatriques souvent complexes doivent être discutées dans les réseaux nationaux de soins (centres spécialisés de l'obésité) [4,13].
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CHIRURGIE BARIATRIQUE
Les nouvelles techniques La communauté chirurgicale est par nature en perpétuelle recherche d'innovations chirurgicales [14]. Regrouper ces nouvelles procédures par type d'innovation clairement identifié n'est pas aisé. Cependant, la première famille d'innovations bariatriques peut correspondre à la réalisation d'une seule anastomose pour les chirurgies bariatriques conventionnelles ayant une anse en Y (et donc deux anastomoses). Il s'agit du court-circuit gastrique avec une seule anastomose (mini-bypass ou bypass en oméga ou one-anastomosis gastric bypass) décrit en 2001 pour le court-circuit gastrique et du single anastomosis duodeno-ileal bypass with sleeve gastrectomy (SADI-S) décrit en 2015 pour la diversion biliopancréatique [15,16]. Certaines évaluations non publiées montreraient que plus de la moitié des court-circuits gastriques réalisés en 2016 en France correspondait à un bypass en oméga [17]. La deuxième famille d'innovations bariatriques correspond à l'amélioration de la faisabilité technique de procédures existantes soit en optimisant la voie d'abord par l'utilisation d'un seul trocart (chirurgie monotrocart) depuis 2008 ou alors en utilisant un ordinateur entre le patient et l'opérateur (chirurgie robotique) depuis 2003 [18–20]. Enfin, un troisième type d'innovations bariatriques peut correspondre à de nouveaux montages chirurgicaux soit de novo (bipartition) ou alors associant plusieurs chirurgies déjà existantes (courtcircuit + anneau) [21,22]. L'ensemble de ces innovations sont par définition en cours d'évaluation et aucune donnée validée, multicentrique avec un suivi supérieur à 5 années de suivi n'est actuellement disponible. Cependant, ces techniques sont potentiellement utiles pour les patients et doivent être évaluées en utilisant un cadre spécifique validé (IDEAL) [23]. Déclaration de liens d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.
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