Les Yersinia dans les selles et les aliments

Les Yersinia dans les selles et les aliments

M#decine et Maladies Infectieuses -- 1986 -- 4 -- 193 b 200 Les Yersinia dans les selles et les aliments par N . DESPLACES** & * * * , M. M A R I N E...

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M#decine et Maladies Infectieuses -- 1986 -- 4 -- 193 b 200

Les Yersinia dans les selles et les aliments par N . DESPLACES** & * * * , M. M A R I N E S C U * * et B. FESTY**

RESUME

La presence de Yersinia dans les selles et les aliments a ~t~ recherch~e en associant I'enrichissement par le froid la d~contamination par la potasse d'Aulisio (2). En 35 mois, les selles de 2004 sujets o n t ~t~ ~tudi~es : 1289 au cours d'une symptomatologie digestive (947 enfants de creches, 342 adultes hospitalis~s ou non) et 715 au cours d'examens syst~matiques (123 enfants, 592 examens de m~decine du travail). 196 pr~l~vements (9,8 %) contenaient des Yersinia et 208 souches de Yersinia ont ~t~ isol~es : 169 Y. enterocolitica, 3 Y. pseudotuberculosis, 22 Y. frederiksenii, 11 Y. kristensenii, 3 Y. intermedia. 6,9 % des personnes se plaignant de troubles digestifs (60 (6,3 %) des 942 enfants et 29 (8,5 %) des 342 adultes) et 107 (15 %) des 715 personnes exemptes de toute manifestation digestive avaient une coproculture positive. Le milieu g~los~ Cramp a ~t~ utilis~ pour mettre en ~vidence les souches de Yersinia fixant le rouge congo (souches CR +) propri~t~ associ~e ~ la virulence. 26 des 89 Yersinia (29,6 %) isol~es chez les malades et 21 des 107 Yersinia (19,6 %) isol~es chez les porteurs sains, ~taient des souches CR +. 26 (2 %) des 1289 sujets ayant une symptomatologie digestive et 21 (2,9 %) des 715 sujets ayant eu un examen syst~matique ~taient porteurs de Yersinia CR +. Pendant 34 tools, 984 hors d'oeuvres ont ~t~ analys~s : 674 crudit~s et 310 I~gumes cults, servis dans des restaurants collectifs municipaux de la Ville de Paris : 277 souches de Yersinia ont ~t~ isol~es de 208 aliments (21,1 %) : 180 Y. enterocoEtica, 55 Y. kristensenii, 26 Y. frederiksenii, 12 Y. intermedia et 4 Yersinia non biotypables. 49 (17,6 %) des 277 Yersinia isol~es ~taient des souches CR -t-. 43 (4,3 %) des 984 aliments contenaient des Yersinia CR +. 75,5 % des Yersinia isol~es des selles et 64 % des Yersinia isol~es des aliments appartenaient aux m~mes s~rotypes 0 et chimiotypes. Mots-Cl6s :

Yersinia - Selles - Aliments - Rouge congo.

La fr~quence croissante des publications concernant les yersinioses et notamment les manifestations pathologiques attributes aux Yersinia (25, 26, 32) g~n~ralement sur des arguments s~rologiques, a conduit plusieurs auteurs ~ ~tudier I'~cologie et le mode de transmission de ces bact~ries (25, 26). Le pouvoir pathog~ne de Y. pseudotuberculosis (14) chez I'homme est indiscutable ; mutant probable de Y. pestis, Y. pseudotuberculosis dont on connait 6 s~rotypes (I ~ VI), est responsable de tableaux appendiculaires, de septic~mies, de pneumopathies et de manifestations r~actionnelles dont le d~terminisme est mal connu.

teinte h~patique grave, immuno d~pression, affections sanguines et notamment les thalass~mies chez I'enfant). Certaines souches de Y. enterocolitica sont reconnues comme pathog~nes pour I'homme pour avoir ~t~ isol~es chez des malades au cours d'~pid~mies d'ent~rites. Ces souches appartiennent le plus fr~quemment au chimiotype 4 s~rotype 0:3 et au lysotype V I I I ; au chimiotype 2 s~rotype 0:9 et au lysotype X3 ; au chimiotype 1 s~rotype 0:8 et au lysotype Xo ou Xz ; ou au chimiotype 2 s~rotype 0:5,27 et

* Re~:u le 15.12.1985. Acceptation d~finitive le 10.2.1986 **Laboratoire d'Hygi~ne de la Ville de Paris, lbis rue des Hospitali~res Saint-Gervais,F-75004 Paris ***Laboratoire, H6pital de la Croix Saint-Simon, 125 rue d'Avron, F-75960 Paris cedex 20 Correspondance : Laboratoire de I'Hbpital de la Croix Saint-Simon

Y. enterocolitica dont on connait 5 chimiotypes et au moins 60 s~rotypes est chez I'homme responsable d'atteintes ent~riques, d'ad~nites lymphom~sent~riques et de septic~mies chez les malades ayant un terrain pr~dispos~ (at193

au lysotype Xo ou Xz. D'autres souches ont dtd impliqudes Iors d'dpiddmies (4, 19, 34, 37).

"

Certaines de ces souches ont ~t~ n~anmoin s iso!~es chez des porteurs sains (21), des mammif6res (12), des 0iseaux'. (18), des aliments (1, 7, 8, 9, 10) et de I'eau (1, 35). En dehors de ces souches de Y. enterocolitica d'autres s~rotypes ont ~t~ isol~s chez I'homme, parfois chez des malades ayant une symptomatologie digestive, parfois chez des porteurs sains. La majorit~ de ces souches seraient d~pourvues de pouvoir pathog~ne (17). En effet, le pouvoir pathog~ne de Y. enterocolitica est .variable selon les souches. II est ~tudi~ par diff~rents tests dans des laboratoires de recherche :

MATERIEL

E T METHODES

: ' "" De fdvder 198i ~ ddcembre 1984 (35 mois), les selles de 2004 sujets ont ~t~ dtudides : 1613 au cours d'entdrites (947 enfants de creches, 342 adultes hospitalisds ou non) et 715 a u cours d'examens systdmatiques (123 enfants de cr6ches, 592 examens de mddecine du travail du personnel travail!ant dans des cuisines). Materiel

De mars 1981 ~ d~cembre 1984 (34 mois) 984 hors d'oeuvres ont ~t~ analys~s (674 crudit~s, 310 I~gumes cuits) Iors de Contr~les syst~matiques effectu~s dans les restaurants collectifs du personnel de la Ville de Paris. Les prdl~vements ont ~t~ effectu~s au niveau des chaines r~frig~r~es de distribution sur lesquelles les hors d'oeuvre etaient pr~sent~s non assaisonn~s dans des plats de service ou sur des assiettes individuelles. Les hors d'oeuvres avaient ~td pr~pards sur place le jour m6me de leur consommation et conserves & 4°C avant d'etre disposes sur les chaines de distribution.

-- 1 -- Conjonctivite du cobaye (19) 2 - R~sistance au sdrum humain (27) - 3 - Pdndtration et ddtachement des cellules Hela (33) - 4 - Mort de la souris en 24-48 heures (13, 14) - 5 - Autoagglutination & 37°C dans certaines conditions (20. -

Ce pouvoir pathog~ne (5) semble d~termin~ par la pr~senced'un plasmide de virulence (16) dont le poids mol~culaire est de 42 ou 47 m~gadaltons (38). Ce plasmide est asso'ci'~. ~ la d~pendance en Ca-H- ~ 37°C (3), ~ I'expression des antig6nes de virulence V et W (6, 13, 28) et ~ des prot~ines externes de membrane (29). La perte du plasmide entraine la perte du pouvoir pathog~ne experimental chez I'animal. Diff~rents tests permettent de suspecter la presence du plasmide de virulence (20, 22), L'utilisation de la propriete des bact~ries h~bergeant ce plasmide d'absorber [e rouge congo (30) permet d'observer sur le milieu g~los~ CRAMP des colonies rouges qui seraient toujours pathog6nes.

M~thodes

:

La prdsence de Yersinia a dtd recherchde en associant I'enrichissement par le froid la ddcontamination par la potasse d'Aulisio (2). ,1 g de selles dilud dans 10 ml d'eau peptonde exempte d'indole a dtd enrichi & 4°C pendant 3 & 4 semaines. 0,5 ml de cette suspension a dt~ mdlangd 4,5 ml de KOH ~ 0,5 % (5 g de KOH, 5 g de NaCI dans 990 ml d'eau distillde, stdrilisds pendant 15 minutes & 115°C). Apr6s une agitation au Vortex de 3 & 4 secondes selon la densitd de la suspension, 0,1 ml a dtd imm~diatement ensemensd sur gdlose CIN (Oxoid) (15), et incubd & 30°C en adrobiose pendant 24 & 48 heures. Les colonies suspectes ont dtd repiqu~es simultandment dans les milieux Hajna et Mannitol Mobilitd (Institut Pasteur Production), puis incubds ~ 37°C en adrobiose pendant 24 heures.

La signification clinique et dpiddmiologique des nouvelles esp~ces Y. kristensenii, Y. frederiksenii et Y. intermedia est imprecise. Elles ont ~td Iongtemps considdr~es comme des esp~ces d'origine animale ou environnementale. Leur responsabilit~ en pathologie humaine reste ~ ddfinir. Pourtant ces souches de plus en plus souvent isol~es chez I'homme tdmoignent d'une adaptation progressive et donc d'un role futur en pathologie infectieuse.

Les souches & odeur caract~ristique (rose fan,e) qui ne produisaient pas ou peu de gaz dans le milieu Hajna, qui fermentaient le mannitol et ~taient immobiles & 37°C ont ~t~ identifi~es sur des galeries API 20 E ~ 30°C. Toutes les souches de Yersinia ont ~t~ adress~es au Centre National des Yersinia chez le Professeur H.H. Mollaret ~ I'lnstitut Pasteur pour ~tude du chimiotype, du s~rotype et du-lysotype.. . . . .

La transmission des Yersinia s'effectuerait par contact direct avec des malades, des porteurs sains, des animaux ou indirectement par la consommation d'aliments contaminds.

Des dchantillons de 10 g d'aliments ont ~t~ homog~neises au Vortex pendant 20 ~ 30 secondes dans 90 ml d'eau pepton~e tamponnde. Cette suspension a ~t~ m~lang~e ~ 100 ml de milieu PS8 (11) double concentr~ suppl~ment~ avec Pastone et Actidione (pastone : 40 g, NaCl : 11,5 g, Na2HP04.12H20 36 g, KH2P04 6 g, cyclohexamide 0,2 g. Boehringer Mannheim Gmbh ; dans 1 litre d'eau distill~e & pH 8,3). La suspension a ~t~ conserv~e ~ 4°C pendan{ 2 ~ 3 semaines. La recherche de Yersinia a et~ effectude selon la m~thodologie d~crite pour les selles. Le milieu g~los~ Cramp contenant 50 mg de rouge congo par litre

Afin de comparer les souches de Yersinia isol~es chez I'homme et les souches d'origine alimentaire, nous avons recherchd, systdmatiquement, de 1981 ~ 1984 les Yersinia d'une part dans les selles adressdes au laboratoire au cours d'une symptomatologie digestive, ou dans le cadre de la m~decine du travail et d'autre part dans certains aliments servis dans des restaurants collectifs municipaux de la Ville de Paris. 194

pH 7, a dtd utilisd pour diffdrencier les souches capables de fixer le rouge congo (souches CR-{-) propridtd qui semble codde par un plasmide associd ~ la virulence, des souches incolores.

R ESU L T A T S

Les selles

TABLEAU I

L'analyse de 200 selles a r~vdld la prdsence de 208

R(~partition des Yersinia darts les selles

AntigOne 0

Chimiotype

Yersinia sp. dans 196 prdl~vements (tableau I).

N de souches N de souches isol~es CR -F 169 3 I 10 48 1

39 3

1

25

5

1 1 (1 urge -- citr --) 3 1 (1 lipase--) 1 1 1 (1 lip--, DNAse --) 1 1 (lip--, urge--)

1 22 1 2 2 2

Y. ent~-ocol,~ica

3 3, 5, 47, 50 4 5 5, 27

4 1 1 1 (1 lact -I-raf -}-) 1

6

7 7, 8 7,8 7, 13 7, 13, 19 10, K1 10, 34, K1 10, 34 K1 14 16 16, 29 16, 34 27 30 33, 47 34, 36 39, 41-42, 41-43 35 46 N N non agglutinable non agglutinable non agglutinable autoagglutinable

1 3 1 7 1 1 4

1 1

1

3

1

3 (2 sorbitol --) 3 (2 sorbitol --) 3 (2 sorbose --) 1 (1 sorbose--) 1 (1 urge--) 1 1 1 (1ODC --) 1

8 3 3 2 2 1 1 3 1

8 3

1

1(1 lact-J-,raf-{-lip-) . 3 (escul--) 1 3 3 (Dnase+) 1

- 169 Y. enteroco/it/ca (81,2 %) dont 148 (87,6 %) du chimiotype 1, se r~partissaient en 26 s~rotypes. Les s~rotypes 0:4, 0:5, 0:6, 0:7, 8 repr~sentaient 61,5 % des isolemerits. Trois souches de Y, enteroco//t/ca de chimiotype 4, s~rotype 0:3, !ysotype V I I I , ont ~t~ isol~es chez 2 sujets ayant une ent~rite et chez un porteur sain (cuisinier). - 3 Y. pseudotuberculosis du type I (1,4 %) ont ~t~ isol~es chez 2 malades hospitalis~s (appendicite et ad~nite m~sent~rique) et chez un porteur sain (cuisinier). - 22 Y. frederiksenfi (10,6 %) r~parties en 8 s~rotypes - 11 Y. kristensenfi (5,3 %) appartenant aux 7 s~rotypes - 3 Y. i n t e r m e d i a (1,4 %) r~parties en 3 s~rotypes, ont ~t~ isol~es. Toutes les souches de Yersinia ~taient de lysotype Xz ou Xo & I'exception de Y. enterocofitica 4 / 3 / V I I I . Parmi les 1289 malades (tableau II) ayant une ent~rite, Yersinia sp. a ~t~ isol~e chez 60 (6,3 %) des 947 enfants et

chez 29 (8,4 %) des 342 adultes hospitalis~s ou non. Au cours des coprocultures syst~matiques (715), Yersinia sp. a ~t~ isol~e chez 16 (13 %) des 123 enfants et chez 91 (15,4 %) des 592 adultes.

1 1

TABLEAU II

1

6

. Isolement de Yersinia dans les selles 1

6 1 1 2

2

3

3

22

3

Sujets malades Selles

Nombre Y. pseudotuberculosis Y. frederiksenfi 5

11 14, 16,44 16 29 40 52, 53 N non agglutinable Y, kristensenii

12 12, 25 16 N 25, 35 39, 41,41-43

1 1 1

7 2 2

342

60 (6.3)

29 (8.5)

123

592

Yersinia CR-+-(%)

17 (28)

9 (31)

2 (12)

19 (20)

1,8

2,6

1,6

3,2

16 (13) 91 (15,4)

1 "12 maladesavaient 2 souches de Yersinia.

1

1

1

Le test de virulence sur milieu g~los~ CRAMP (Tableau II) a permis de constater que des souches de Yersinia porteuses du caract~re C R + avaient ~t~ isol~es au cours des ent~rites chez 17 (28,3 %) des 60 enfants et 9 ( 3 1 % ) des 29 adultes, tandis qu'~ I'occasion d'un examen syst~matique, ces souches n'avaient ~t~ isol~es que chez 2 (12,5 %) des 16 enfants et chez 19 (15,4 %) des 91 adultes. La fr~quence d'isolement des souches de Yersinia CR -t- au cours des ent~rites a ~t~ de 1,8 (17/947) pour les enfants et de 2,6 (9/346) pour les adultes (non significatif). Elle n'~tait pas diff~rente de celle retrouv~e Iors d'examens syst~matiques. 1,6 (2/123) chez les enfants et 3,2 (19/592) pour les adultes. Les 39 souches de Y. enterocofitica CR -I-se r~partissaient en 13 s~rotypes (tableau III).

6

11 4

3 1 1 1 1

Y. intermedia

7,8 14 37, 49

Total

947

Culture positive +(%) F r~quence d'isolement de souches CR-I-(%)

1

Enfants

Sujets asymptomatiques Adultes Enfants Adultes

208

47

195

TABLEAU

T A B L E A U III R~partition des souches CR-}-parmi les s~rotypes de Y, enterocolitica le plus fr~quemment isol~es des selles S~rotype 3 5,27 16 16,29 7,13,19 3O 7,8 14 39,41-42,41 43 6 non agglutinable N 4 5

Total

N de souches isol~es 3 1 8 3 2 2 23 3 3 25 8 7 10 48 146

antig6ne 0

N de souches isol~es

N de so%ches

180 1 7 2 12 1 1 34 1 1 11 3 2 1 1 2 7

26 1

Y. enterocolitica 3 4 4 5 6 5 6 6, 30 6,31 7,8 7,8 7,8,13,19 7, 8, 19 7,9 tO, 34 10, 34, K1 K1

4 1 3 (sorbose--) 1 3 1 (1 lact-~, rafJr) I (ltrehalose--) 1 1 1 3 1 1 1 1 1 I ( 1 D N A s e - - , 1 lip.-ODC--) 11 1 12 1 12 2 12, 25 1 (lipase--) 14 1 14, 16 1(lip--, escu--) 16 3(13sorbose --) 16 I (2 e s c u l - - ) 16, 34 3(3sorbose --) 16, 29 3 18 3(3sorbose -- ) 25 1 28 1 30 1 34 1 36, 46, 63, 54 5 ( c i t r a t e -I-) 36 1 36 3(3sorbose --) 38 1 39 1 39, 41, 42, 43 1 48, 60 1 N 1 N 3(2sorbose --) N 4(ONPG--) non agglutinable 1 non agglutlnable 3 ( l s o r b o s e - - ) autoagglutinab le 1

39

Le caract6re CR-t- a ~t~ constamment retrouv~ chez les 3 Y. pseudotuberculosis et chez les Y. enterocofitica de s~rotype 0:3, 0:5, 27 (chimiotype 1), 0:16 et 0:16, 29. De fa£on moins constante, le caract6re C R + a ~t~ d~tect~ parmi les autres s~rotypes. II a ~galement ~t~ mis en ~vidence chez 3 Y. frederiksenii et 2 Y. kristensenii. Les aliments L'analyse de 984 aliments a permis d'isoler 277 souche~ de Yersinia dans 208 aliments (21%) (Tableau IV) : - 180 Y. enterocofitica (65%) dont 118 (65,5 %) de chimiotype I se r~partissaient en 33 s~rotypes. Les s~rotypes 0:4, 0:5, 0:6, 0:7,8 et 0:10,3,4,K1, 0:16 et 0:16,39 rerepr~sentaient 65 % des souches. Y. enterocofitica 4 / 3 / V I I I a et6 isol~e dans un pr~l~vement de pomme de terre cuites destinies ~ 6tre mang~es en salade. D'autres esp~ces ont ~t~ isol~es : -

Chimiotype

C R -I-

N souches CR -I3 1 8 3 1 1 8 1 1 5 2 1 1 3

(84 %)

IV

R~partition des Yersinia dans les aliments

Y. k r i s t e n s e n i i 4 11 12 12, 25 16 24 24, 28 25, 35 29 34 36 38 52, 53 N non agglutinabte Y. f r e d e r i k s e n i i 14, 16 16 44, 45 48 52, 53 N non aggiutinable Y. i n t e r m e d i a 4 6 10, K1 35, 46, 53, 54 N non agglutinable Yersinia n o n c h i m i o t y t ? a b l e __ 7, (meld-,[Vl .d.glu -I~. 18 (r ham-[-,M.d .glu ~-1-) ( r h a m ~ M .d.alu-I-) ,

55 Y. kristensenfi (19,8 %), r~parties en 14 s~roty-

pes 26 Y. frederiksenii (9,5 %) r~parties en 6 s~rotypes 12 Y. intermedia (4,4 %) r~parties en 5 s~rotypes, ainsi que 4 souches de Yersinia sp. non chimiotypabtes. Toutes les souches isol~es ~taient de lysotype Xo ou Xz I'exception de Y. enterocolitica 4/0:3/VII1. -

Parmi les 674 ~chantillons de crudit~s ~tudi~s (Tableau V), 166 (24,6 %) contenaient des Yersinia sp. : en particulier 55 (47,4 %) des 116 carottes r~p~es, 11 (31,4 %) des 35 endives, 41 (22,3 %) des 184 salades vertes, 24 (20,2 %) des 119 concombres, 12 (19 %) des 63 c~leris et 12 (11,2%) des 107 tomates contenaient des Yersinia, Quant aux 310 I~gumes cults analys~s, 42 pr~l~vements contenaient des Yersinia sp. :4 (16 %) des 25 poireaux, 18 (15,1%) des 119 betteraves rouges, 6 (10,5 %) des 57 pommes de terre en salade et 2 des 5 ~chantillons de mac~doine en conserve. 277 Yersinia sp. ont ~te isolees dans 34 (5 %) des 674 crudit~s et dans 11 (3,5 %) des 310 I~gumes cults ~tudi~s (Tableau V).

citr i ~ Total

196

1 1 1 1 1 3 1 22 7 16 1 3 1 1 6 1 1 1 4 1 1 3 1 2 3 1 4 3 1 65 1 14 14 6 6 1 1 1 1 2 1 2 1 1 4 26 1 15 1 4 1 1 3 12 2 1 2 1 2 4 4 1 1 1

1 6 1 1

1 13 1 4 3 1 2 1

1 3 2 1

5 1 1 1

1 1 3 1 1

1

1

277

49

types communs aux 2 types de pr~l~vements, hormis pour le s~rotype 0:16.

TABLEAU V Isolement de Yersinia dans les hors d'oeuvres

Echantillons (N)

Yersinia Souches Coliforme CR + f~caux ~" 500/g

CRUDITES (674) Salade verte (184) Concombre (119) Carottes (116) Tomates (107) Cdleri (63) Endives (35) Salade compos~e (32) Fenouil (6) Radis (6) Champignons (6)

166 41 24 55 12 12 11 2 4 3 2

39 4* 6* 16" 3 1* 3* 0 0 0 1

41 4 4 25 0 3 3 1 1 0 0

42 18 8 6 4 1 2 2 1

14 4 4 2 2 1* 0 0 0

13 5 1 3 2 0~ 0 1 1

208

45

54

LEGUMES CULTS (310) Betterave rouge (119) Chou blanc (83) Salade P. de terre (57) Poireaux (25) Chou fleur (9) Riz (8) Macddoine (5) Lentilles (4) Total (984)

TABLEAU VII S~rotypes de Y. enterocolitica poss~dant le caract~re CR -}-

S~rotypes 3 4 5 5,27 6 7, 8 7, 13, 19 14 16 16, 29 16, 34 25 30 39, 41-42, 43 48, 50 K1 N Non agglutinable Total

Selles N isol~es N CR -J3 1 3 1 5 8 1 1 8 3

Aliments N isol~es N CR -}-

3 10 48 1 25 23 2 3 8 3 --2 3 -7 8

-1 2

1 -14 34 14 3 29 1 16 1 5 3 1 1 6 7

146

39

136

1 1

."

1 1 6 2 1 2 1 3 1 1 2 1 1 1 1 25

*2 souches de Yersinia CR -~-ont dt~ isoldesdans le m~me dchantillon DISCUSSION

Le caract~re C R + a ~t~ mis en ~vidence dens 49 (17,6 %) des Yersinia isol~es (Tableau V I ) , de fac.on plus ou moins constante dans 14 s~rotypes de Y, enterocolitica (tableau V I ) , ainsi que chez 13 des 55 Y. kristensenii, 3 des 26 Y. frederiksenfi et 5 des 12 Y. intermedia.

L'isolement de Yersinia dans les selles est rest~ pendant Iongtemps difficile. Actuellement, diff~rentes techniques p e r m e t t e n t d'isoler Yersinia sp. apr~s enrichissement, d~c o n t a m i n a t i o n et ~talement sur m i l i e u x selectifs. Par la m~thode utilis~e, les 485 Yersinia sp isol~es des selles et des aliments appartenaient ~ diff~rentes esp~ces et une grande vari~t~ de s~rotypes o n t ~t~ d~tect~s. Parmi les 41 s~rotypes de Y. enterocolitica isol~s, certains s~rotypes reconnus c o m m e pathog~nes pour I'homme (0:3, 0:5,27) o n t ~td isoI~s, mais nous n'avons j a m a i s rencontr~ le s~rotype 0:9. Depuis Iongtemps on salt qu'il existe des differences g~ographiques dans les s~rotypes, les biotypes et les lysotypes responsables d'infections humaines. L'abondance des Yersinia sp. isol~es autorise ~ penser que la m~thodologie utilis~e n'est pas trop agressive pour les Y. enteroco/itica et que I'isolement d u s~rotype 0:9 n'est pas plus al~atoire que celui du s~rotype 0:3. II semble que le s~rotype 0:9 fr~q u e m m e n t isot~e des langues de pore beiges ne le soit pas des langues de porc strasbourgeoises (9), ni non plus des cruditds ou des I~gumes cults mang~s en salade ~ Paris ou Strasbourg (9).

TABLEAU VI R~partition des souches CR -I-parmi les Y. enterocotitica les plus fr(~quemment isol~es des hors d'oeuvre

S~rotype 3 16, 29 25 48, 50 K1 39, 41,42, 43 non agglutinable 14 30 16, 34 6 N 7,8 5 16 Total



N de souehes isol~es N de souches CR 1 1 1 1 1 3 7 3 5 16 34 6 14 14 29 136(75,5 %)

25

(18 %)

La r~partitio n des diff~rents s~rotypes d e Y. enterocolitica ~tait identique dens les selles des malades, des sujets asymptomatiques et dens les aliments. Dans ces pr~l~vements, 18 s~rotypes diff~rents de Y. enterocolitica poss~daient le caract~re C R + (tableau V I I ) . La fr~quence du caract~re C R + ~tait assez constante au sein des 11 s~ro-

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La contamination des hors d'oeuvres ~tait importante puisque 2 1 % des aliments ~tudi~s contenaient une ou plusieurs souches de Yersinia. Cette c o n t a m i n a t i o n est voisine de celle rapport~e par Darbas (8) ~ Montpellier (18,6 %) qui avait utilis~ une m~thode proche de la n6tre, elle est par contre inf~rieure & celle rapport~e par Delmas (9) ~ Strasbourg (47 %) qui avait utilis~ plusieurs techniques conjointes et de d~contamination.

La fr~quence de Yersinia sp. dans les aliments soul~ve plusieurs probl~mes : 1) le stockage des I~gumes dans des chambres froides, dans lesquelles il est possible que Yersinia se multiplie ; 2) le lavage satisfaisant d'une grande quantit~ de I~gumes ; 3) I'origine de la contamination des produits alimentaires cuits (~chantillons de mac~doine en conserve, pommes de terre cuites, ou poireaux destines b ~tre maBg~s en salade) par Yersinia. La presence de certaines souches (4/3/VIII) dans les aliments t~moigne d'une contamination f~cale ~ partir de ((porteurs sains)) ou non. Par contre, la presence d'autres souches de Yersinia pose le probl~me du plan de travail ou des ustensiles souill~s qui vont contaminer les produits alimentaires. II est int~ressant de noter que parmi les 208 aliments qui contenaient des Yersinia sp., 54 de ces aliments (26 %) contenaient un nombre de coliformes f~caux sup~rieur aux normes officielles. Tout de m~me, il est important de signaler que, malgr~ la presence de souches connues pour ~tre pathog~nes (4/3/VIII), et le grand nombre de Yersinia mises en ~vidence dans tes aliments, aucune ~pid~mie n'a semble-t-il ~t~ rapport~e pendant cette p~riode. Dans les selles de sujets souffrant d'ent~rite, le pourcentage d'isolement de Yersinia sp. a ~t~ de 6,9% et ~tait tr~s inf~rieur ~ celui d~termin~ chez les sujets non malades (15 %), soumis & une coproculture systdmatique dans le cadre de la m~decine du travail (embauche comme cuisinier, reprise du travail dans les cuisines apr~s un arr~t de maladie pour troubles digestifs, ou cuisinier attitr~ s'~tant plaint de troubles digestifs dans les 6 mois pr~c~dents I'examen mddical). Nous n'avons pas d'explications pour ces r~sultats paradoxaux. Au cours des infections digestives, Yersinia est g~n~ralement isol~e dans les seltes a posteriori. La difficult~ est de savoir s i l e germe isol~ a un rble pathog~ne certain dans la symptomatologie ( Y. pseudotuberculosis, Y. enterocolitica 0:3, 0:9, 0:5,27) probable (symptomatologie ~vocatrice d'une yersiniose, seule souche potentiellement pathog~ne isol~e) ou peu probable, s'agissant d'une souche en transit isol~e par hasard et vis-a-vis de laquelle la recherche d'anticorps s~riques sp~cifiques n'est jamais effectu~e.

colitica comme caract~re associ~ & la virulence (20). Parmi les 18 s~rotypes de Y. enterocolitica poss~dant le caract~re CR+, 11 s~rotypes ~taient communs aux 2 types de pr~I~vements. 23 % des souches isol~es des selles et 13,8 % des souches isol~es des aliments analys~s ~taient CR+. II est ~ rioter que le caract~re CR+ a ~galement ~t~ d~tect~ chez les 3 Y. pseudotuberculosis, et parmi les esp~ces voisines Y. frederiksenii, Y. kristensenfi et Y. intermedia. Contrairement aux espoirs apport~s par J. Kaya Prpic en 1983 (30), il semble qu'il n'y ait pas de correlation entre la pignementation des Yersinia sur le milieu CRAMP et la virulence (31). L'~tude r~cente du m~me auteur r~v~le que si toutes les souches pathog~nes sont CR+, toutes les souches CR+ ne sont pas pathog~nes. Le pouvoir pathog~ne de Y. enterocolitica est sous la d~pendance de plusieurs facteurs qui sont cod~s par un plasmide. Puisque toutes les souches pathog~nes pour I'animal sont pigment~es, I'~tude d'autres caract~ristiques doit ~tre entreprise sur les souches CR+ que nous avons isol~es, notamment la d~pendance en Ca-t-I- (19), la r~sistance au s~rum (16), et I'autoagglutination (19, 20) qui pour J. Kaya Prpic serait le test de pathog~nicit~ le plus fiable sur les souches CR+. En conclusion, que la transmission des Yersinia soit directe ou indirecte par I'interm~diaire d'aliments contamin~s, I'abondance des Yersinia dans les selles et les aliments soul~ve encore une fois le r61e pathog~ne de certains s~rotypes de Y. enterocofitica ainsi que celui des esp~ces voisines Y, frederiksenii, Y. kristensenH et Y. intermedia. Le pouvoir pathog~ne de Yersinia sp. est d~termin~ par un plasmide de virulence. La presence de ce plasmide ne peut qu'~tre appr~hend~e par la mise en ~vidence de caract~ristiques cod~es par ce plasmide, et il n'existe aucun caract~re associ~ ~ la virulence qui ~ lui seul puisse ~tre un indicateur fiable et simple de virulence. Seule I'utilisation de sondes nucl~iques appropri~es & la. d~tection des g~nes codant pour la virulence permettra de r~soudre ce probl~me

REMERCIEMENTS L'~valuation de la pathog~nicit~ des souches isol~es s'est averse indispensable. Le seul test que nous avons utilis~ est la propri~t~ de fixer le rouge congo par les souches dites CR+. Ce caract~re d~crit en 1969 pour Y. pestis (36) a ~t~ secondairement appliqu~ ~ Y. entero-

Nous remercions Monsieur le Professeur H.H. Mollaret pour l'identification d6finitive des souches de Yersinia et pour l'aide qu'/1 a apport6e dans la r6alisation de ce manuscrit.

Yersinia in feces and foods

SUMMARY

Presence o f Yersinia in human feces and in food samples was determined by cold enrichment in combination with the alcali treatment of Aulisio (2), Over a 35 month period 2004 stool samples were studied : 1289 during a gastrointestinal episode (942 infants in days care centers, 342 adults hospitalized or not) and 715 systematic stool examinations (132 infants in day care centers, 592 adults). 196 samples (9,8 %) yielded Yersinia spp. and 208 Yersinia strains were isolated - 169Y. enterocolitica, 3 Y. pseudotuberculosis, 2 2 Y. frederiksenii, 11 Y. kristensenii, 3 Y. intermedia. 6,9 % of patients with gastrointestinal symptom had a positive culture with Yersinia. CRAMP agar medium was used

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to detect Y e r s i n i a strains able to take up red congo dye and supposed to harbor virulenceassociated plasmid ( C R + strains). 26 (29,2 %) o f 8 9 Y e r s i n i a spp. isolated from sick patients and 21 (19,6 %) o f 107 Y e r s i n i a spp. isolated from healthy carriers were C R + strains. A m o n g 1289 patients with gastrointestinal symptoms and 715 persons with no s y m p t o m a C R + strain was isolated respectively in 2 6 (2 %) and in 21 (2,9 %) patients. Over a 34 m o n t h period, 984 salads served as appetizers were examined : 674 raw vegetables and 310 cooked vegetables, in collective restaurants under the j u r i d i c t i o n o f the m u n i c i p a l i t y o f the city o f Paris. 2 7 7 strains o f Y e r s i n i a were isolated o f 208 f o o d samples ( 2 1 , 1 % ) : 180 Y. e n t e r o c o l i t i c a , 55, Y. k r i s t e n s e n i i , 26 Y. f r e d e r i k s e n i i , 12 Y. interm e d i a and 4 Y e r s i n i a strains non biotypable. 49 (17,6 %) o f 2 7 7 Y e r s i n i a spp. isolated were C R + strains. 75,5 % o f Y e r s i n i a isolated f r o m feces and 64 % o f Y e r s i n i a isolated f r o m f o o d samples belonged to the same 0 : serotypes and chimiotypes. Key-words

:

Y e r s i n i a - Feces - Foods - Congo Red pigmentation

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INFORMATION CONFERENCE DE PRESSE Les laboratoires Roger Bellon ont organis~, le 11 Avri11986, une conference de presse sur le th~me : (( Strat~gie th~rapeutique anti-infectieuse chez le nouveau-n~ et le jeune nourrisson en 1986 )). Le Pr. Antoine Bourrillon et le Dr. Yves Boussougant (HSpital Louis IVIourier, Colombes) ont tout d'abord rapport~ les r~sultats d'une enqu~te r~cente, effectu~e aupr~s des ~quipes de n~o-natalogie, sur leurs attitudes th~rapeutiques face aux infections. L'antibioth~rapie immediate n'est raise en route que sur des crit~res precis : fi~vre maternelle, signes cliniques traduisant une infection s~v~re (modification du teint, fi~vre, d~tresse respiratoire, troubles h~modynamiques). Apr~s pr~l~vements, I'antibioth~rapie de premiere intention est en r~gle I'association ampicilline-aminoside. Cette association permet I'~largissement du spectre anti-bact~rien, la diminution de I'apparition des mutants r~sistants mais surtout elle recherche un effet synergique. Le choix de I'aminoside repose sur diff~rents crit~res : - sensibilit~ et r~sistances de germes, - mais aussi vitesse de bact~ricidie, moindre toxicit~ r~nale ou auditive, effet post-antibiotique... Les dosages s~riques des aminosides permenent d'adapter les doses. Cet ajustement est n~cessaire pour ~viter une alteration de la fonction r~nale, elle-mgme source d'ototoxicit~. Le Dr. I. Brumpt (Lab. R. Bellon) a ensuite expos~ la place de la dib~kacine dans les infections n~o-natales. II a en particulier soulign~ sa parfaite tolerance r~nale et cochl~aire ainsi que les particularit~s de son action anti-bact~rienne, justifiant ainsi I'emploi du DEBEKACYL 10 mg ~ cette p~riode d~licate de la vie. Laboratoire Roger Bellon : 159 avenue du Roule, 92200 Neuilly sur Seine.

Dr. B.D.

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