Médicaments et conduite automobile

Médicaments et conduite automobile

Pour citer cet article : Lemaire-Hurtel A-S, et al. Médicaments et conduite automobile. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2015.03.0...

430KB Sizes 0 Downloads 79 Views

Pour citer cet article : Lemaire-Hurtel A-S, et al. Médicaments et conduite automobile. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2015.03.007 Presse Med. 2015; //: ///

Dossier thématique

Médicaments et conduite automobile

Mise au point

M EDECINE ET CONDUITE AUTOMOBILE

en ligne sur / on line on www.em-consulte.com/revue/lpm www.sciencedirect.com

Anne-Sophie Lemaire-Hurtel 1, Jean-Pierre Goullé 2, Jean-Claude Alvarez 3, Patrick Mura 4, Alain G. Verstraete 5

Disponible sur internet le :

1. CHU d'Amiens, laboratoire de pharmacologie et toxicologie, centre de biologie humaine, 80054 Amiens, France 2. Faculté de médecine et de pharmacie de Rouen, laboratoire de toxicologie, 76000 Rouen, France 3. CHU de Garches, laboratoire de pharmacologie et toxicologie, 92380 Garches, France 4. CHU de Poitiers, laboratoire de pharmacologie et toxicologie, 86021 Poitiers, France 5. Hôpital universitaire de Gand, laboratoire de biologie clinique, université de Gand département de biologie clinique, microbiologie et immunologie, 9000 Gand, Belgique

Correspondance : Anne-Sophie Lemaire-Hurtel, CHU d'Amiens, laboratoire de pharmacologie et toxicologie, avenue Laennec, 80054 Amiens, France. [email protected]

Points essentiels Certains médicaments sont connus pour altérer la conduite car ils peuvent modifier la vision ou l'audition, et/ou perturber les capacités intellectuelles ou motrices : altération de la vigilance, sédation, effet désinhibiteur, troubles de la coordination des mouvements et de l'équilibre. Le médecin, lors de la prescription, et le pharmacien, lors de la délivrance d'un traitement médicamenteux, se doivent d'informer leurs patients des risques éventuels des médicaments sur la conduite automobile ou l'utilisation de machines. Le conducteur a une responsabilité directe qui l'engage, lui et lui seul, à suivre l'avis médical reçu. Les pictogrammes présents sur les conditionnements extérieurs des médicaments ont pour but de classer les substances en fonction de leur risque sur la conduite automobile : le conducteur peut ainsi savoir s'il doit observer de simples précautions d'emploi (niveau un : « soyez prudent ») ou bien suivre l'avis d'un professionnel de santé (niveau deux : « soyez très prudent »), ou encore s'il est totalement déconseillé de conduire (niveau 3 : « attention danger : ne pas conduire »). Cette classification n'évalue que la dangerosité intrinsèque des médicaments mais pas la variabilité individuelle. Il convient de prendre en compte par ailleurs les pathologies pour lesquelles les médicaments sont prescrits. Il est important de signaler au patient :  de ne pas modifier les doses prescrites en raison de la majoration des effets indésirables et donc les risques pour la conduite ;  de respecter les heures et les conditions de prises : au coucher pour les hypnotiques et pas de prise supplémentaire en cas de réveil nocturne ;

1

tome xx > n8x > xx 2015 http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2015.03.007 © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

LPM-2762

Pour citer cet article : Lemaire-Hurtel A-S, et al. Médicaments et conduite automobile. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2015.03.007

Mise au point

A-S Lemaire-Hurtel, J-P Goullé, J-C Alvarez, P. Mura, A.G. Verstraete





d'éviter l'automédication, la consommation d'alcool et de drogues en particulier de cannabis, dont la dangerosité au volant est démontrée ; de ne pas conduire ou arrêter de conduire en cas de fatigue, envie de dormir, d'un ressenti de membres lourds, engourdis ou tremblants. . .

Key points Drug use and driving Some drugs are known to impair driving because they can change the vision or hearing, and/or disrupt the intellectual or motor abilities: impaired vigilance, sedation, disinhibition effect, the coordination of movement disorders and the balance. The doctor during prescribing and the pharmacist during deliverance of drug treatment should inform their patients of the potential risks of drugs on driving or operating machinery. The driver has direct responsibility, who hired him and him alone, to follow the medical advice received. The pictograms on the outer packaging of medicinal products intended to classify substances according to their risk driving: The driver can whether to observe simple precautions (level one "be prudent''), or follow the advice of a health professional (level two "be very careful''), or if it is totally not drive (level three "danger caution: do not drive''). This classification only evaluates the intrinsic danger of drugs but not the individual variability. Medicines should be taken into account also the conditions for which the medication is prescribed. It is important to inform the patient on several points:  not to change the prescribed dose due to the increase in adverse effects and therefore the risks for driving;  respect the hours and conditions of slots: at bedtime to hypnotics and no additional outlet when nocturnal awakening;  to avoid self-medication, alcohol and drugs particularly cannabis, whose dangerousness driving is demonstrated;  not to drive or stop driving when tired, sleepy, a feeling of heavy limbs, numb and trembling.

D

2

éjà, en 2003, le programme d'action de sécurité routière de l'Union européenne (UE) avait fixé l'objectif ambitieux de réduire de moitié d'ici 2010 le nombre de tués sur la route. Ceci représentait pour les 28 États membres de l'Union, environ 27 500 vies sauvées sur les routes [1]. En France, la baisse est amorcée depuis plusieurs années. Néanmoins, d'après les chiffres de la sécurité routière, on dénombrait encore 3300 morts et 70 000 blessés sur les routes françaises en 2013, montrant que la mobilisation doit être maintenue. Pour cela, il est nécessaire d'agir sur l'ensemble des facteurs d'insécurité routière : les équipements des véhicules, les infrastructures routières, la vitesse excessive, la conduite en état de fatigue, les consommations d'alcool, de drogues et de médicaments. Au cours des dernières années, la consommation des médicaments a augmenté. De ce fait, on ne peut pas se contenter de rechercher seulement l'alcool ou les stupéfiants pour apprécier la conduite sous influence. La prévention de la conduite sous

l'influence de drogues est une des actions clés des programmes de sécurité routière. Elle figure dans le dernier plan d'action drogue de l'UE 2013–2016. La moyenne européenne pondérée de la prévalence des médicaments dans la population générale des conducteurs serait de 1,4 %. Elle est de 0,9 % pour les benzodiazépines [2]. Ces chiffres restent sous-estimés car seulement 13 molécules ont été recherchées (7 benzodiazépines, la zopiclone et le zolpidem et 4 opioïdes). La situation française, de par sa forte consommation de benzodiazépines, semble encore plus alarmante. Bon nombre des accidents qui se produisent sur les routes européennes sont provoqués par des conducteurs sous l'emprise d'une ou plusieurs substances psychoactives (alcool, drogues illicites, médicaments psychoactifs). En ce qui concerne les drogues illicites et l'alcool, les chiffres relatifs à leur consommation sont bien documentés, tant en France qu'en Europe, par l'Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT) et l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT).

tome xx > n8x > xx 2015

Pour citer cet article : Lemaire-Hurtel A-S, et al. Médicaments et conduite automobile. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2015.03.007 Médicaments et conduite automobile

Réglementation en vigueur La loi du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, stipule qu'une information sur les traitements et leurs conséquences doit être fournie au patient. Le médecin, lors de la prescription, et le pharmacien, lors de la délivrance d'un traitement médicamenteux, ont un devoir d'information des risques éventuels des médicaments sur la conduite automobile ou l'utilisation de machines. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) conseille même de noter dans le dossier médical du patient, qu'un avis concernant les capacités de conduite d'un véhicule a été donné et d'indiquer sur l'ordonnance le niveau de risque du ou des médicaments concernés, pour éviter toute contestation du patient. Néanmoins, le conducteur, indépendamment de l'information qui lui est due, a une responsabilité directe qui l'engage, lui et lui seul, à suivre l'avis médical reçu. Toujours dans ce souci d'information du patient, des mesures concrètes ont été prises : existence d'une rubrique spécifique dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP), informations sur la notice, pictogramme sur le conditionnement des médicaments concernés. Les laboratoires pharmaceutiques doivent faire figurer dans les RCP les données relatives à l'effet d'un médicament sur l'aptitude à conduire. Ces informations figurent dans une rubrique spécifique 4.7 intitulée « effets sur la capacité de conduire des véhicules ou d'utiliser des machines ». La notice présente dans la boite comporte aussi, sous la rubrique « conducteurs et utilisateurs de machines », des informations de mise en garde destinées au patient. En France, en 1999, sur demande de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), un groupe d'experts (pharmacologues, neurologues, ophtalmologues, cardiologues, experts judiciaires. . .) a été constitué pour proposer

tome xx > n8x > xx 2015

Mise au point

une classification des médicaments susceptibles d'altérer les capacités de conduite, en trois niveaux de risque. Il a ainsi été décidé qu'un pictogramme représentant un véhicule noir dans un triangle devait être apposé sur le conditionnement extérieur des médicaments concernés. Le pictogramme qui matérialise le niveau de risque en fonction des propriétés pharmacologiques du principe actif et/ou de ses métabolites, se décline en trois couleurs (jaune, orange ou rouge) en fonction de la gradation du risque. Cette signalisation est entrée en vigueur depuis le 3 août 2006. Ce dispositif est applicable à l'ensemble des spécialités pour lesquelles une demande ou un renouvellement d'AMM est déposée [4]. C'est une alerte visuelle qui se veut simple et compréhensible de tous. L'objectif est de délivrer des messages pratiques de prévention et, ainsi, d'apporter une aide concrète aux patients comme aux professionnels de santé (médecins prescripteurs et pharmaciens). Ces pictogrammes sont apposés sur les conditionnements des médicaments qui sont susceptibles d'influer sur l'aptitude à la conduite, laquelle peut relever de plusieurs mécanismes : troubles de la vigilance, troubles du comportement, troubles visuels, troubles variés. Le conducteur peut ainsi savoir s'il doit observer de simples précautions d'emploi (niveau 1 : « soyez prudent ») ou bien suivre l'avis d'un professionnel de santé (niveau 2 : « soyez très prudent ») ou encore s'il est totalement déconseillé de conduire (niveau 3 : « attention danger : ne pas conduire ») (figure 1).

Figure 1 Les pictogrammes en vigueur

3

Leurs effets délétères sur la conduite automobile, la manipulation d'engins et l'utilisation de machines sont bien établis. Par contre, la part des accidents imputables à la prise de médicaments reste difficile à déterminer de façon précise. D'après les données de la littérature, une exposition à un médicament potentiellement dangereux est retrouvée chez environ 10 % des accidentés de la route, les hypnotiques et les anxiolytiques, en particulier les benzodiazépines et apparentés, étant les molécules les plus fréquemment retrouvées [3]. Pour les autres médicaments et notamment ceux ayant des effets sur la cognition et la motricité (opiacés, médicaments antidépresseurs. . .), les données scientifiques et épidémiologiques manquent encore pour établir un lien direct entre l'utilisation de substances médicamenteuses et la sécurité routière. Récemment, plusieurs études ont cherché à faire un état des lieux de la situation européenne [2] et française afin d'évaluer l'association entre les médicaments prescrits et le risque d'accidents de la route.

M EDECINE ET CONDUITE AUTOMOBILE

Pour citer cet article : Lemaire-Hurtel A-S, et al. Médicaments et conduite automobile. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2015.03.007

Mise au point

A-S Lemaire-Hurtel, J-P Goullé, J-C Alvarez, P. Mura, A.G. Verstraete

En 2006, le Conseil international sur l'alcool, les drogues et la sécurité routière a proposé une liste de classification similaire à la classification française. Il est dès à présent important de signaler que cette classification n'évalue que la dangerosité intrinsèque des médicaments. Il convient de prendre en compte par ailleurs les pathologies pour lesquelles ils sont prescrits.

Études mises en œuvre Afin de clairement identifier les risques et pour classer les substances en fonction des risques éventuels sur la conduite, les experts se basent sur des données expérimentales et/ou épidémiologiques.

Études expérimentales Le médicament à évaluer est administré à posologie connue à des volontaires sains. Les effets d'un paramètre sont évalués par rapport à un médicament placebo ou à un contrôle positif, comme l'éthanol par exemple. Il s'agit d'études de relation pharmacocinétique/pharmacodynamie. Les concentrations sanguines sont mesurées et rapportées aux effets. Ceux-ci sont évalués sur la conduite en laboratoire (simulateur de conduite), sur la conduite en situation réelle, ou par des tests (tests de motricité, tests psychomoteurs, tests cognitifs). Ces études ont néanmoins des limites. Les tests évaluent une partie de la performance nécessaire pour accomplir une tâche (l'attention, la vigilance, la vision, l'audition, le temps de réaction, la coordination), mais ne couvrent pas la capacité de conduire dans son ensemble. Elles sont liées au nombre réduit de l'échantillonnage, aux variabilités interindividuelles, aux modalités d'administration des substances (qui influencent parfois la biodisponibilité, le délai d'action des principes actifs), aux habitudes de consommation des volontaires sains (phénomène de tolérance), et aux associations des substances entre elles. Elles ne permettent d'identifier que les risques potentiels. Il reste aux experts à définir si le résultat d'un test aura une valeur prédictive pour impacter la conduite en situation réelle. À l'inverse, dans le cas où le conducteur sent sa vigilance très altérée, ne décidera t-il pas de lui-même de ne pas conduire, ceci ne pouvant être exploré par les études expérimentales. . .

Études pharmaco-épidémiologiques

4

Elles examinent la prévalence de l'usage de drogues dans les populations de conducteurs. Il peut s'agir de résultats d'enquêtes menées sur les bords des routes, d'études qui évaluent la prévalence de la consommation de médicaments dans un sousgroupe de conducteurs, d'études de risques d'accidents. . . Une importante étude pharmaco-épidémiologique française récente a intégré les données issues de trois bases françaises distinctes : la base nationale de données de l'assurance maladie, les rapports de police, et la base de données de la police nationale concernant les accidents corporels [5]. Ont été inclus dans l'étude, 72 685 conducteurs impliqués dans des accidents

corporels en France, entre juillet 2005 et mai 2008. Les chauffeurs ont été identifiés par leur numéro de sécurité sociale. Les médicaments prescrits ont été classés en fonction des quatre niveaux de risque de la classification française (de 0 [pas de risque] à 3 [haut risque]). Il en ressort que les patients traités par des médicaments répertoriés de niveau 2 (odds ratio [OR] = 1,31 [1,24 à 1,40]) et de niveau 3 (OR = 1,25 [1,12 à 1,40]) étaient plus à risque d'être responsable d'un accident corporel. L'association persistait après ajustement en cas de maladie chronique. Le pourcentage d'accidents de la route imputables aux médicaments de niveaux 2 et 3 était de 3,3 % [2,7 % à 3,9 %]. Un essai croisé où le conducteur est son propre témoin a également été réalisé en comparant le jour de l'accident et un jour de contrôle, 30 jours plus tôt. Les conducteurs sous l'influence d'un médicament de niveau de 3 majoraient le risque d'accident (OR = 1,15 [1,05 à 1,27]) [5]. Les auteurs concluent que les mises en garde semblent être pertinentes pour les médicaments de niveaux 2 et 3. Cela reste discutable pour le niveau 1. Récemment, Avalos et al. ont utilisé une technique de retrait, le Lasso, dans l'analyse exploratoire des données afin d'écarter un maximum de biais liés à leur exploitation [6]. Les antiépileptiques, les hypnotiques les benzodiazépines, les anxiolytiques, les antidépresseurs, les antithrombotiques, les suppléments minéraux, les médicaments utilisés dans le diabète, les antiparkinsoniens, et plusieurs médicaments cardiovasculaires ont été suspectés dans la survenue d'accident de la route. Ces résultats, étonnants par rapport à d'autres données de la littérature, permettent de réfléchir sur de nouvelles hypothèses associant les médicaments et l'altération de la capacité de conduire [6]. Néanmoins, quel que soit le design de l'étude, il est quasiment impossible d'éliminer ou de dissocier totalement l'ensemble des autres facteurs de risque : vitesse excessive, consommation d'alcool, conduite en état de fatigue. À cela s'ajoute la difficulté de faire réaliser des prélèvements sanguins en urgence pour mettre en évidence et quantifier les médicaments dans un contexte de prise en charge médicale des blessés. De plus, selon les situations, les dosages de médicaments par techniques analytiques restent peu disponibles. Ainsi, les résultats des différentes études peuvent ne pas être comparables : populations différentes, différents types d'échantillons testés. Il n'est donc pas aisé de définir ces risques liés aux prescriptions médicamenteuses et les situations sont à évaluer au cas par cas.

Effets des médicaments et risques associés sur la conduite automobile : résultats des études Benzodiazépines anxiolytiques et hypnotiques et molécules apparentées Les benzodiazépines (BZD) qui sont les médicaments les plus prescrits sont aussi les plus souvent retrouvés chez les

tome xx > n8x > xx 2015

Pour citer cet article : Lemaire-Hurtel A-S, et al. Médicaments et conduite automobile. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2015.03.007 Médicaments et conduite automobile

tome xx > n8x > xx 2015

Mise au point

témazépam auraient moins d'effets. Pour les benzodiazépines à action prolongée, les effets du flunitrazépam, du clonazépam et du diazépam semblent très marqués. Plusieurs cas de somnambulisme au volant ont été décrits après l'utilisation de zolpidem [2]. Il a également été montré que les effets observés se prolongent le matin suivant la prise prénocturne pour quelques benzodiazépines (lormétazépam, témazépam, zaleplon). Le zolpidem n'a produit aucun effet délétère sur la conduite 8,25 heures après l'administration et pourrait être une alternative sûre aux hypnotiques classiques [12]. Vermeeren a lui aussi étudié les effets résiduels de 11 hypnotiques (flunitrazépam, flurazépam, loprazolam, lormétazépam, midazolam, nitrazépam, témazépam, triazolam, zaleplon, zolpidem et zopiclone). Les études épidémiologiques montrent que les risques d'accident augmentent avec l'augmentation de la demi-vie de l'hypnotique. Pour cet auteur, l'utilisation d'hypnotiques avec une courte demi-vie, tels que le triazolam, le zopiclone et le zolpidem, reste associée à des risques accrus [13]. Smink et al. ont étudié rétrospectivement, à partir de 171 cas, la relation entre la concentration sanguine des BZD et la capacité à réaliser des tests de performance. Les observations du comportement (n = 137 ; p < 0,01), la marche (n = 109 ; p < 0,01), marche après demi-tour (n = 89 ; p = 0,02) et le test de Romberg qui explore la sensibilité proprioceptive (n = 88 ; p < 0,05) étaient significativement liés à la concentration de benzodiazépine. Il n'y avait pas de relation significative entre la concentration et l'effet des BZD sur la taille de la pupille, un nystagmus ou l'orientation [14]. Il est également important de préciser que le risque est également plus grand quand les BZD sont prises sans ordonnance, ce qui est souvent le cas en Scandinavie [2]. L'ensemble de ces données permet d'affirmer que la prise de BZD à doses thérapeutiques est un facteur de risque pour la conduite et que ce risque est accru avec l'augmentation de la dose. Le risque est le plus élevé au début du traitement et il diminue si l'usage est chronique.

Opioïdes Dans leur méta-analyse reprenant 21 études épidémiologiques (13 études cas-témoins et 8 études de cohorte), Dassanayake et al. en 2011 ont constaté que les opioïdes peuvent être associés à un risque accru d'accidents au cours des premières semaines de traitement [9]. De même, Elvik et al. ont montré en 2013 dans une méta-analyse que le risque relatif pour un consommateur d'opiacés d'être impliqué dans un accident ayant entraîné la mort, occasionné des blessures ou des dommages matériels, était respectivement de 1,44 (IC 95 % : 0,86 à 2,40), 1,89 (IC 95 % : 1,47 à 2,43) et 4,76 (IC 95 % : 2,10 à 10,80) [10].

5

conducteurs avec une fréquence de positivité variable selon le pays et le type d'accident [2]. Pour illustrer ces données, les résultats de trois méta-analyses sont présentés. Une première méta-analyse, réalisée à partir de données d'études cas-témoins en France, aux Pays-Bas et en Norvège, indique que les conducteurs dont le test est positif pour les benzodiazépines ont un risque accru d'être impliqué dans un accident. Le risque relatif est de 2,3 (intervalle de confiance à 95 % [IC 95 %] : 2,0 à 2,7) et l'OR de 3,4 (IC 95 % : 2,5 à 4,4) [7,8]. Dassanayake et al. ont colligé les résultats d'études à la fois épidémiologiques et expérimentales (13 études épidémiologiques cas-témoins, 8 études de cohorte et 69 études expérimentales). Les méta-analyses ont montré que les benzodiazépines sont associées à l'augmentation du risque d'accident de la circulation dans 60 % des cas dans les études cas-témoins (OR : 1,59 ; IC 95 % : 1,10 à 2,31) et dans 80 % des cas dans les études de cohorte (OR : 1,81 ; IC 95 % : 1,35 à 2,43). Néanmoins, le risque d'accident est minoré chez les conducteurs de plus de 65 ans (OR : 1,13 ; IC 95 % : 0,97 à 1,31) par rapport aux moins de 65 ans (OR 2,21 ; IC 95 % : 1,31 à 3,73). La consommation de benzodiazépines et d'alcool majore de 7,7 fois le risque d'accident (OR combiné 7,69 ; IC 95 % : 4,33 à 13,65) [9]. Les effets sont également majorés avec la prise simultanée de cannabis [2]. Concernant d'autres molécules préférentiellement utilisées comme hypnotiques, des preuves convergentes d'études expérimentales et épidémiologiques indiquent que le diazépam, le flurazépam, le flunitrazépam, le nitrazépam et la zopiclone altèrent de manière significative la conduite, au moins pendant les 2 à 4 premières semaines de traitement [9]. Dans la méta-analyse d'Elvik en 2013, qui reprenait les résultats de 66 publications, il apparaît que le risque relatif d'accidents impliquant des benzodiazépines était de 2,30 (IC 95 % : 1,59 à 3,32) pour les accidents mortels, 1,07 (IC 95 % : 0,98 à 1,16) pour les accidents corporels et 1,35 (IC 95 % : 1,04 à 1,76) pour les accidents avec dommages matériels [10]. Pour la zopiclone, les OR ont été de 2,60 (IC 95 % : 0,89 à 7,56) pour les accidents mortels, 1,42 (IC 95 % : 0,87 à 2,31) pour les accidents corporels et 4,00 (IC 95 % : 1,31 à 12,21) pour les accidents avec dommages matériels [10]. Il est important de souligner que les perturbations lors des épreuves psychomotrices de conduite après la prise de lorazépam (2 mg) ou de zopiclone (7,5 mg) étaient comparables à celles produites par une alcoolémie de 1 g/kg de poids corporel [11]. L'association de diazépam avec l'amitriptyline ou la mirtazapine ou bien de la zopiclone avec la carbamazépine produisait les mêmes effets [11]. Les effets sont très disparates selon les molécules (en fonction notamment de leurs demi-vies). Parmi les benzodiazépines à action intermédiaire, l'alprazolam et le lorazépam causeraient une altération marquée, alors que le lormétazépam et le

M EDECINE ET CONDUITE AUTOMOBILE

Pour citer cet article : Lemaire-Hurtel A-S, et al. Médicaments et conduite automobile. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2015.03.007

Mise au point

A-S Lemaire-Hurtel, J-P Goullé, J-C Alvarez, P. Mura, A.G. Verstraete

TABLEAU I Effets des principales classes pharmacologiques susceptibles d'altérer les capacités de conduite [28] Effets retrouvés

Classe pharmacologique - niveau 3 « attention danger : ne pas conduire, pour la reprise, demander l'avis d'un médecin »

Classe pharmacologique - niveau 2 « soyez très prudent, ne pas conduire sans l'avis d'un professionnel de santé »

Myorelaxants curares Anesthésiques généraux

Télithromycine (macrolide) Anesthésiques locaux (anesthésie locorégionale) Toxine botulique

Sédation, somnolence

Neuroleptiques et antipsychotiques utilisés par voie parentérale Anxiolytiques (benzodiazépines et assimilés) pour les formes parentérales et fortement dosées Hypnotiques (benzodiazépines ou assimilés)

Anxiolytiques (benzodiazépines et assimilés) Antalgiques opiacés et opioïdes de synthèse Antihypertenseurs centraux Antimigraineux (triptans, pizotifène, oxétorone, flunarizine, métoclopramide en association à l'aspirine) Anticonvulsivants Antiparkinsoniens Neuroleptiques et antipsychotiques Antidépresseurs Antihistaminiques de première génération Elixir parégorique (antidiarrhéique) Agonistes dopaminergiques utilisés dans le traitement des hyperprolactinémies Apomorphine (médicament des troubles de l'érection) Minocycline (tétracycline) Télithromycine (macrolide) Quinolones

Troubles visuels (accommodation)

Neuroleptiques et antipsychotiques utilisés par voie parentérale Mydriatiques et cycloplégiques

Anti-glaucomateux (parasympathomimétiques) (pilocarpine, carbachol, acétylcholine) Sympathomimétiques, utilisés comme décongestionnants Neuroleptiques et antipsychotiques Antispasmodiques (dihexyvérine, dérivés de la belladone) Antispasmodiques urinaires Minocycline (tétracycline) Nilutamide Hydroxychloroquine Toxine botulique Anticonvulsivants Antihistaminiques de première génération Benzodiazépines



Minocycline (tétracycline) Aminosides Quinolones Antalgiques opiacés et opioïdes de synthèse Antimigraineux (triptans, pizotifène, oxétorone, flunarizine, métoclopramide en association à l'aspirine) Anticonvulsivants

Neuroleptiques et antipsychotiques utilisés par voie parentérale Anxiolytiques (benzodiazépines et assimilés) pour les formes parentérales et fortement dosées Mydriatiques et cycloplégiques

Antispasmodiques (dihexyvérine, dérivés de la belladone) Minocycline (tétracycline) Interférons (immuno-modulateurs) Nilutamide Anticonvulsivants Antiparkinsoniens Neuroleptiques et antipsychotiques Anxiolytiques (benzodiazépines et assimilés) Antidépresseurs Médicaments éveillant et psychostimulants

Perte des capacités motrices

Troubles de l'audition et troubles de l'équilibre (acouphènes, vertiges)

6

Troubles du comportement, (irritabilité, agitation, amnésie, apathie, dépression, confusion mentale. . .)

tome xx > n8x > xx 2015

Pour citer cet article : Lemaire-Hurtel A-S, et al. Médicaments et conduite automobile. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2015.03.007 Médicaments et conduite automobile

TABLEAU I (Suite). Effets retrouvés

Classe pharmacologique - niveau 3 « attention danger : ne pas conduire, pour la reprise, demander l'avis d'un médecin »

Classe pharmacologique - niveau 2 « soyez très prudent, ne pas conduire sans l'avis d'un professionnel de santé »

Mise au point

M EDECINE ET CONDUITE AUTOMOBILE

Médicaments de la maladie d'Alzheimer Médicaments du sevrage tabagique, alcoolique ou opioïde Anti-vertigineux Antihistaminiques de première génération –

Quinolones Antinéoplasiques Hydroxychloroquine Antimigraineux (triptans, pizotifène, oxétorone, flunarizine, métoclopramide en association à l'aspirine) Anticonvulsivants Antihistaminiques de première génération

Troubles moteurs (incoordination, asthénie, sensation ébrieuse)

Neuroleptiques et antipsychotiques utilisés par voie parentérale

Quinolones Antinéoplasiques Anticonvulsivants Neuroleptiques et antipsychotiques

Ralentissement moteur

Anxiolytiques et hypnotiques (benzodiazépines et assimilés) pour les formes parentérales et fortement dosées

Anxiolytiques (benzodiazépines et assimilés)

Risque d'hypoglycémie



Antidiabétiques (toutes classes)

Effets vasomoteurs



Antihypertenseurs Toxine botulique Antihistaminiques de première génération Sympathomimétiques, utilisés comme décongestionnants

Antiépileptiques Les études évaluant l'impact de l'épilepsie et de son traitement sur le risque d'accidents de la route ont montré des résultats contradictoires. Une étude récente a cherché à évaluer ce risque en utilisant trois bases de données françaises : la base de données nationale de l'assurance maladie, les rapports de police, et la base de données de la police nationale concernant les accidents avec dommages. Seuls les antiépileptiques prescrits principalement dans l'épilepsie ont été étudiés : phénobarbital, phénytoïne, éthosuximide, acide valproïque, vigabatrine, tiagabine, lévétiracétam, zonisamide, et lacosamide. Une analyse cas-témoins comparant des conducteurs responsables et non responsables d'accident et une analyse croisée ont été réalisées à partir de la même base de données décrite par Orriols en 2010 [5]. Ont été inclus 72 685 conducteurs impliqués dans un accident préjudiciable en France entre juillet 2005 et mai 2008 [15]. Les conducteurs exposés aux médicaments antiépileptiques prescrits (n = 251) avaient un risque accru d'être responsable d'un accident (OR 1,74 [1,29 à 2,34]). La relation était d'autant plus marquée pour les patients épileptiques les plus graves (n = 99 ; OR = 2,20 [1,31 à 3,69]). Les auteurs concluent que les patients traités par antiépileptiques doivent être mis en garde

tome xx > n8x > xx 2015

sur le risque potentiel d'accident de la route. Ce risque est cependant plus susceptible d'être lié à des crises convulsives qu'à l'effet des médicaments antiépileptiques [15]. La prise en charge médicale est donc indispensable.

Antihistaminiques Dans la méta-analyse d'Elvik, l'estimation du risque relatif d'accidents corporels impliquant des antihistaminiques était de 1,12 (IC 95 % : 1,02 à 1,22) [10]. Néanmoins, il est nécessaire de distinguer les molécules en fonction de leur pouvoir sédatif. Les antihistaminiques de première génération, notamment la diphénhydramine, la dexchlorphéniramine, et la chlorphéniramine, contenues dans un grand nombre de spécialités dites conseils et utilisées dans les états grippaux, diminuent clairement les performances psychomotrices [16–18]. Parmi eux, la méquitazine semble être associée à moins de sédation que les autres substances de ce groupe [19]. Pour les médicaments de deuxième génération, type cétirizine et loratadine, même à des doses élevées, ils ne sont pas associés aux troubles de la vigilance [20]. L'alcool peut avoir un effet additif sur les antihistaminiques H1 en termes de sédation et de troubles psychomoteurs [21].

7

Troubles neurologiques, et neurosensoriels

Pour citer cet article : Lemaire-Hurtel A-S, et al. Médicaments et conduite automobile. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2015.03.007

Mise au point

A-S Lemaire-Hurtel, J-P Goullé, J-C Alvarez, P. Mura, A.G. Verstraete

Antidépresseurs

Classement des médicaments

Les effets des antidépresseurs sur la mémoire et la cognition restent difficiles à interpréter, car la dépression elle-même peut avoir des effets néfastes sur ces fonctions. Dans la méta-analyse d'Elvik et al., l'estimation du risque relatif d'accidents impliquant des antidépresseurs était de 1,32 (IC 95 % : 1,08 à 1,70) pour les accidents corporels, et de 1,28 (IC 95 % : 0,90 à 1,80) pour les accidents entraînant des dommages matériels [10]. Dans leur méta-analyse reprenant 21 études épidémiologiques (13 études cas-témoins et 8 études de cohorte), Dassanayake et al. ont constaté que le risque d'accident était plus élevé chez les personnes âgées de plus de 65 ans qui utilisent un antidépresseur. Ceci n'a pas été mis en évidence chez les conducteurs plus jeunes [9]. Contrairement aux BZD, on ne peut pas parler, pour les antidépresseurs, d'effet de classe. Il est en effet prouvé que les antidépresseurs tricycliques causent plus de déficience de la cognition et des aptitudes psychomotrices que les antidépresseurs plus récents. Ces résultats restent controversés [22]. De même, il a été montré que le moclobémide, la tianeptine, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et apparentés (citalopram, escitalopram, fluoxétine, fluvoxamine, sertraline, paroxétine, venlafaxine et le milnacipran) n'ont pas d'effets néfastes sur l'aptitude à conduire [23–25].

Les effets des principales classes pharmacologiques susceptibles d'altérer les capacités de conduite sont reportés ci-dessous à titre informatif (tableau I) [26–28]. Les rubriques « effets sur la capacité de conduire des véhicules ou d'utiliser des machines » du RCP des spécialités concernées sont les documents opposables. La liste est régulièrement mise à jour et disponible par ordre alphabétique des composés dans le dictionnaire Vidal [29].

Conclusion Même si les données restent fragmentaires, elles mettent clairement en évidence l'impact négatif d'un certain nombre de classes pharmacologiques sur la conduite. Les psychotropes ne sont pas les seuls médicaments influençant la conduite. Il faut également réfléchir à la prescription et à la délivrance de molécules dénuées d'activité psychotrope qui sont classées également de niveau 2, comme les antidiabétiques par exemple. Il apparaît donc souhaitable qu'avant la délivrance de l'AMM, des études expérimentales standardisées soient menées pour évaluer les effets de chaque médicament sur la conduite de véhicules. L'ampleur du problème auquel nous sommes confrontés est majeure, il touche à la fois la santé publique et la sécurité routière. Déclaration d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article.

Références [1]

[2]

[3]

[4]

8

[5]

Parlement européen. Résolution du Parlement européen sur la proposition de communication de la Commission au Conseil, au Parlement européen, au Comité économique et social et au Comité des régions intitulée « Les priorités de la sécurité routière dans l'Union européenne – Rapport d'avancement et hiérarchisation des actions ». COM(2000) 125 - C5-0248/2000-2000/2136(COS); 2001. EMCDDA, Verstraete A, Legrand SA, EMCDDA project group. Drug use, impaired driving and traffic accidents. 2e ed. Luxembourg: Publications Office of the European Union; 2014. De Gier JJ. Estimation of psychotropic drug secondary effects on vigilance. Vigilance et transports, aspects fondamentaux, dégradation et prévention. 1st ed. Lyon (France): Presses Universitaires de Lyon; 1995. RF. Arrêté du 18 juillet 2005 pris pour l'application de l'article R. 5121-139 du code de la santé publique et relatif à l'apposition d'un pictogramme sur le conditionnement extérieur de certains médicaments et produits, texte no 16. JORF 2005. édition no 178, 2 août 2005. Orriols L, Delorme B, Gadegbeku B, et al. Prescription medicines and the risk of road

[6]

[7]

[8]

[9]

traffic crashes: a French Registry-Based Study. PLoS Med 2010;7:e1000366. Avalos M, Orriols L, Pouyes H, Grandvalet Y, Thiessard F, Lagarde E, et al. Variable selection on large case-crossover data: application to a registry-based study of prescription drugs and road traffic crashes. Pharmacoepidemiol Drug Saf 2014;23(2):140–51. Mura P, Kintz P, Ludes B, et al. Comparison of the prevalence of alcohol, cannabis and other drugs between 900 injured drivers and 900 control subjects: results of a French collaborative study. Forensic Sci Int 2003;133: 79–85. Assum T, Mathijssen MPM, Houwing S, et al. The prevalence of drug driving and relative risk estimations. A study conducted in the Netherlands, Norway and United Kingdom. Immortal Deliverable D-R4.2, Austrian Road Safety Board, Vienna. Leidschendam (The Netherlands): SWOV publication; 2005. Dassanayake T, Michie P, Carter G, Jones A. Effects of benzodiazepines, antidepressants and opioids on driving: a systematic review and meta-analysis of epidemiological and experimental evidence. Drug Saf 2011;34:125–56.

[10] Elvik R. Risk of road accident associated with the use of drugs: a systematic review and metaanalysis. Accid Anal Prev 2013;60:254–67. [11] Kuitunen T, Seppälä T, Mattila MJ, Pikkarainen J. The Finnish clinical test for drunkenness in evaluating the effects of drugs on driving fitness. Alcohol Drugs Driving 1994; 10:135–46. [12] O'Hanlon JF, Brookhuis KA, Louwerens JW, Wolkerts E, De Grier JJ. Performance testing as part of drug registration, drugs and driving. London: O'Hanlon, De Gier, Taylor and Francis; 1986. [13] Vermeeren A. Residual effects of hypnotics: epidemiology and clinical implications. CNS Drugs 2004;18:297–328. [14] Smink BE, Lusthof KJ, de Gier JJ, Uges DR, Egberts AC. The relation between the blood benzodiazepine concentration and performance in suspected impaired drivers. J Forensic Leg Med 2008;15:483–8. [15] Orriols L, Foubert-Samier A, Gadegbeku B, Delorme B, Tricotel A, Philip P, et al. Prescription of antiepileptics and the risk of road traffic crash. J Clin Pharmacol 2013;53:339–44. [16] Richardson GS, Roehrs TA, Rosenthal L, Koshorek G, Roth T. Tolerance to daytime

tome xx > n8x > xx 2015

Pour citer cet article : Lemaire-Hurtel A-S, et al. Médicaments et conduite automobile. Presse Med. (2015), http://dx.doi.org/ 10.1016/j.lpm.2015.03.007 Médicaments et conduite automobile

[19]

[20]

[21]

tome xx > n8x > xx 2015

[23]

[24]

[25]

[26]

[27]

[28]

[29]

memory and brain activity in healthy adults during performance of the n-back task. Psychopharmacology 2006;185:339–47. Goullé JP, et al. Drogues, médicaments et accidentologie. Ann Pharm Fr 2008;66:196– 205. ANSM. Mise au point. Médicaments et conduite automobile. Actualisation mars 2009 Accès au site le 20/03/2015. Afssaps; 2009, http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/ storage/original/application/ faff1e402339cd443a9894792f20d31d.pdf. Gjerde H, Beylich KM, Morland J. Incidence of alcohol and dugs in fatally injured car drivers in Norway. Accid Anal Prev 1993; 25:479–81. Vidal. Dictionnaire 2015;Accès au site le 20/ 03/2015. 2015, http://www.vidal.fr/.

Mise au point

[18]

[22]

psychomotor and pharmacokinetic profiles of rupatadine, hydroxyzine and cetirizine, in combination with alcohol, in healthy volunteers. Hum Psychopharmacol 2006;21:13–26. Podewils LJ, Lyketsos CG. Tricyclic antidepressants and cognitive decline. Psychosomatics 2002;43:31–5. Dumont GJ, de Visser SJ, Cohen AF, van Gerven JMA. Biomarkers for the effects of selective serotonin reuptake inhibitors (SSRIs) in healthy subjects. Br J Clin Pharmacol 2005;59:495–510. Strik J, Honig A, Klinkenberg E, Dijkstra J, Jolles J. Cognitive performance following fluoxetine treatment in depressed patients post myocardial infarction. Acta Neuropsychiatr 2006;18:1–6. Rose EJ, Simonotto E, Spencer EP, Ebmeier KP. The effects of escitalopram on working

9

[17]

sedative effects of H1 antihistamines. J Clin Psychopharmacol 2002;22:511–5. Kay GG. The effects of antihistamines on cognition and performance. J Allergy Clin Immunol 2000;105:S622–7. Kay GG, Quig ME. Impact of sedating antihistamines on safety and productivity. Allergy Asthma Proc 2001;22:281–3. Didier A, Doussau-Thuron S, Murris-Espin M. Comparative analysis of the sedative effects of mequitazine and other antihistaminic drugs: review of the literature. Curr Ther Res 2000;61:770–80. Berger WE. The safety and efficacy of desloratadine for the management of allergic disease. Drug Saf 2005;28:1101–18. Barbanoj MJ, Garcia-Gea C, Antonijoan R, et al. Evaluation of the cognitive,

M EDECINE ET CONDUITE AUTOMOBILE