Orchiépididymite et bactériémie à Leclercia adecarboxylata

Orchiépididymite et bactériémie à Leclercia adecarboxylata

Médecine et maladies infectieuses 38 (2008) 674–675 Lettre à la rédaction Orchiépididymite et bactériémie à Leclercia adecarboxylata Epididymo-orchit...

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Médecine et maladies infectieuses 38 (2008) 674–675

Lettre à la rédaction Orchiépididymite et bactériémie à Leclercia adecarboxylata Epididymo-orchitis and bacteremia caused by Leclercia adecarboxylata

Mots clés : Orchiépididymite ; Bactériémie ; Leclercia adecarboxylata Keywords: Epididymo-orchitis; Bacteremia; Leclercia adecarboxylata

Leclercia adecarboxylata est un rare pathogène opportuniste [1]. Cette bactérie est aussi rarement isolée dans les prélèvements cliniques [1–5]. Nous rapportons un cas intéressant et peu fréquent d’orchiépididymite aiguë et de bactériémie à L. adecarboxylata chez un jeune homme paraplégique qui était en cathétérisme vésical intermittent. Un homme de 30 ans, avec un antécédent d’une T10paraplégie secondaire à une chute il y a un an, a été hospitalisé pour fièvre évoluant depuis cinq jours, accompagnée de frissons, de sensation brûlante à la fosse iliaque droite et de gonflement du scrotum. Le patient n’était pas sexuellement actif. L’examen physique a révélé une tension artérielle de 100/60 mmHg, 92 pulsations par minute et une température de 39,5 ◦ C. Le testicule droit était érythémateux, chaud, œdémateux et endurci. L’échographie ainsi que le Doppler en couleurs ont objectivé que l’épididyme était épaisse, œdémateuse, mesurant 3,3 × 2,7 cm avec une vascularisation augmentée dans le testicule droit suite à un processus inflammatoire. Le bilan biologique a montré une hyperleucocytose à 20 400 par millimètre cube à prédominance polynucléaire neutrophiles (83 %) montrant une granulation toxique et CRP à 22 mg/L. L’examen de l’urine a montré plusieurs leucocytes : 250 par microlitre. L’urographie intraveineuse n’a pas montré d’obstruction. Le malade a été soumis à un traitement intraveineux probabiliste, associant ampicilline et gentamicine. Les cultures de l’urètre pour Chlamydia trachomatis, Ureaplasma urealyticum et Neisseria gonorrhoeae étaient stériles. Les hémocultures et, particulièrement, les cultures des urines ont montré le développement de L. adecarboxylata à une concentration supérieure ou égale à 105 CFU par millilitre (galerie API 20E : 1044053, Biomérieux® , Marcy-l’Étoile ; France). L’identification du microorganisme ainsi que l’antibiogramme ont été effectué en utilisant la méthode de diffusion en gélose et la technique de microdilution en milieu liquide (bouillon Mueller-Hinton) avec deux systèmes automatiques (PhoenixTM and microscan, États-Unis). Les critères de résistance aux antibiotiques étaient en accord avec les recommandations du 0399-077X/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.medmal.2008.09.003

Clinical Laboratory Standard Institute. Le germe était sensible aux antibiotiques présentés au Tableau 1. Grâce aux résultats de l’antibiogramme, le malade a été traité pendant sept jours par céfotaxime (1 g intraveineuse chaque huit heures) et amikacine (500 mg intraveineuse chaque 12 heures) entraînant une guérison rapide. Les nouvelles hémocultures et les cultures de l’urine demeuraient stériles. Le patient est sorti après neuf jours d’hospitalisation. Chez l’homme jeune, C. trachomatis, N. gonorrhoeae et U. urealyticum sont fréquemment les agents étiologiques de l’orchiépididymite et de la prostatite [6]. Chez les hommes de plus de 35 ans, les plus importants agents étiologiques de l’orchiépididymite bactérienne sont Escherichia coli, Staphylococcus spp et Pseudomonas spp. La plupart des patients présentent une pathologie urologique [6]. Malgré le jeune âge de notre patient, il avait une lésion neurologique et donc une prédisposition à une orchiépididymite bactérienne. Il s’agit d’une infection ascendante et le germe en cause remonte de l’urètre à l’épididyme. La pratique du cathétérisme vésical a joué un rôle important. L. adecarboxylata, décrite par Leclerc en 1962, est une bactérie à Gram négatif qui appartient à la famille des Enterobacteriaceae [2,3]. Ce microorganisme est rarement isolé. Dans les prélèvements cliniques, L. adecarboxylata est souvent isolé des plaies cutanées infectées consécutives à un traumatisme et des expectorations parmi d’autres microorganismes [1–5]. L. adecarboxylata a été aussi isolé des hémocultures, notamment chez l’immunodéprimé et du sang d’un donneur sans antécédent représentant une contamination par la flore épidermique ou une bactériémie asymptomatique passagère [2,3,5]. Finalement, ce germe peut aussi être responsable de diarrhée, de cholécystite chronique, de péritonite chez le patient en dialyse péritonéale continue ambulatoire et d’arthrite septique [1–5]. Dès que le traitement antibiotique a commencé, notre patient a présenté une guérison rapide. Les complications de l’orchiépididymite comportent : infarctus testiculaire, abcès

Lettre à la rédaction / Médecine et maladies infectieuses 38 (2008) 674–675 Tableau 1 Concentrations minimales inhibitrices des L. adecarboxylata. MICs of antibiotics against L. adecarboxylata.

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Références antibiotiques

vis-à-vis

Antibiotique

Concentration minimale inhibitrice (␮g/ml)a

Amikacine Gentamicine Tobramycine Méropénème Imipénème Aztréoname Ampicilline Amoxicilline/clavulanate Pipéracilline Pipéracilline/tazobactam Céfazoline Céfuroxime sodium Céfoxitine Céftazidime Céfriaxone Céfépime Triméthoprime/sulfaméthoxazole Nitrofurantoine Ciprofloxacine Norfloxacine Fosfomycine w/G6PD

≤ 8 (S) ≤ 2 (S) ≤ 2 (S) ≤ 1 (S) ≤ 1 (S) ≤ 2 (S) > 16 (R) 16/8 (I) 64 (R) ≤ 4/4 (S) 16 (R) ≤ 4 (S) ≤ 4 (S) ≤ 1 (S) ≤ 2 (S) ≤ 2 (S) ≤ 0,5/9,5 (S) ≤ 16 (S) ≤ 0,125 (S) ≤ 2 (S) > 64 (R)

S : sensible ; I : intermédiaire ; R : résistant. a La sensibilité aux antibiotiques est indiquée entre parenthèses.

scrotal et sinus, infection chronique et stérilité. Néanmoins, les cas nécessitant une orchiectomie sont rares (2,8 à 10 % des cas) [6]. Les patients doivent être suivis d’une échographie du scrotum et, si nécessaire, subir une exploration chirurgicale [6]. Le traitement antibiotique doit être guidé par l’antibiogramme. Chez notre patient, les isolats ont tous présenté le même profile de sensibilité. Dans tous les cas rapportés de L. adecarboxylata, toutes les souches étaient sensibles à la plupart des antibiotiques, sauf une souche produisant une ␤-lactamase à spectre étendu SVH-12 [2]. Dans notre cas, les souches de L. adecarboxylata étaient résistantes à l’ampicilline, la pipéracilline, la céfazoline et la fosfomycine. La résistance de L. adecarboxylata à la fosfomycine permet sa séparation phénotypique additionnelle de la bactérie E. coli qui est sensible à la fosfomycine [7]. Ce cas clinique met en évidence un nouveau site d’infection à L. adecarboxylata et souligne l’importance de la bactérie aux infections humaines. L’isolement de la bactérie de l’urine et/ou des hémocultures chez les patients qui présentent des symptômes génito-urinaires impose le commencement d’une antibiothérapie adéquate qui permet l’évolution favorable du patient.

[1] Dalamaga M, Pantelaki M, Karmaniolas K, Daskalopoulou K, Migdalis I. Isolation of Leclercia adecarboxylata from blood and burn wound after a hydrofluoric acid chemical injury. Burns 2008. In press. [2] Mazzariol A, Zuliani J, Fontana R, Cornaglia G. Isolation from blood culture of a Leclercia adecarboxylata strain producing an SHV-12 extendedspectrum beta-lactamase. J Clin Microbiol 2003;41:1738–9. [3] de Baere T, Wauters G, Huylenbroeck A, Claeys G, Peleman R, Verschraegen G, et al. Isolation of Leclercia adecarboxylata from a patient with a chronically inflamed gallbladder and from a patient with sepsis without focus. J Clin Microbiol 2001;39:1674–5. [4] Rodriguez JA, Sanchez FJ, Gutierrez N, Garcia JE, Garcia-Rodriguez JA. Bacterial peritonitis due to Leclercia adecarboxylata in a patient undergoing peritoneal dialysis. Enferm Infecc Microbiol Clin 2001;19: 237–8. [5] Davenport P, Land KJ. Isolation of Leclercia adecarboxylata from the blood culture of an asymptomatic platelet donor. Transfusion 2007;47:1816–9. [6] Krieger JN. Prostatitis, epididymitis and orchitis. In: Mandell GL, Douglas G, Bennett JE, editors. Principles and practices of infectious diseases. Edinburgh: Churchill Livingstone; 1995. p. 1098–103. [7] Stock I, Burak S, Wiedemann B. Natural antimicrobial susceptibility patterns and biochemical profiles of Leclercia adecarboxylata strains. Clin Microbiol Infect 2004;10:724–33.

M. Dalamaga a,b,∗ M. Pantelaki c E. Papadavid d K. Daskalopoulou c K. Karmaniolas a a Département de médecine interne, hôpital général NIMTS, 12, rue Monis-Petraki, avenue Vassilisis-Sofias, 11521 Athènes, Grèce b Département de biochimie clinique, faculté de médecine, université d’Athènes, hôpital universitaire Général-Attikon, 1, rue de Rimini, Chaidari, 12462 Athènes, Grèce c Département de microbiologie clinique, hôpital général ELPIS, 7, rue Dimitsanis, 11527 Athènes, Grèce d Département de dermatologie, université d’Athènes, faculté de médecine, hôpital universitaire Général-Attikon, 1, rue de Rimini, Chaidari, 12462 Athènes, Grèce ∗ Auteur

correspondant. 19, rue du 28-Octobre, Agia-Paraskevi, TK 15341 Athènes, Grèce. Adresse e-mail : [email protected] (M. Dalamaga). 6 janvier 2008 11 septembre 2008 Disponible sur Internet le 31 octobre 2008