Résumés des communications
Séance du 7 novembre après-midi Traumatologie 47
La prolactinémie : indice prédictif de gravité chez les polytraumatisés
Fadi Hoyek ∗ , Marc Abi Hatem , Christian Haddad , Georges Abi Fares , Elissar Dagher , Charbel Moussallem , Monique Tabet , Amal Chelala , Pascal Lahoud , Georges Nohra , Jean-Claude Lahoud ∗ Jounieh BP 2078, 99205 Jounieh, Liban ∗ Auteur
correspondant. Introduction.— Différents paramètres biologiques peuvent être perturbés chez les polytraumatisés mais aucun à lui seul ne peut être prédictif de la gravité et du pronostic. Cette étude cherche à trouver un lien entre le taux sérique de la prolactine et le degré de gravité des traumatismes. Matériel et méthode.— La série comporte quarante-cinq patients hospitalisés entre 2009 et 2010. La moyenne d’âge est de 48 ans avec des extrêmes de 18 à 87 ans. Trente-sept hommes pour huit femmes. Ils sont divisés en deux groupes, le premier avec des traumatismes définis comme peu graves ayant nécessité une hospitalisation dans un service de traumatologie. Le second groupe avec des traumatismes graves ayant nécessité une admission dans une unité de réanimation polyvalente. Les critères de gravité ont été définis selon le score ISS (Injury Severity Score). Le groupe I comporte 22 patients, le groupe II 23 patients. Un dosage quantitatif du taux sérique de la prolactine a été effectué à j0 et j + 1 selon une technique immuno enzymatique micro-particulaire. Résultats.— Les résultats ont été traités dans un logiciel SPSS. À j0, dans le groupe I, la prolactinémie a une valeur moyenne de 26,15 ng/mL avec des écarts à (± 10,75). Dans le groupe II, sa valeur moyenne est de 54,52 ng/mL, avec des écarts à (± 14,6). Les tests montrent une sensibilité de ces valeurs à 75 % avec une spécificité à 82 %. L’intervalle de confiance, selon le test de Student, est à 95 % et montre une différence significative pour les taux sériques de la prolactine entre les groupes I et II avec une valeur de p < 0,01. Les dosages de la prolactinémie à j + 1 ne montrent aucune spécificité statistiquement significative entre les deux groupes. Discussion.— Au vu de ces résultats, le taux sérique de la prolactine à j0 paraît être un paramètre prédictif de la gravité des lésions chez un polytraumatisé, pouvant nécessiter une hospitalisation dans une unité de réanimation. Selon cette étude on peut parler d’un taux sérique de la prolactine alarmant qui est de 55 ng/mL (± 15). Des études plus poussées, sur des séries plus importantes pourront confirmer cette valeur prédictive. Conclusion.— Associée au contexte clinique du polytraumatisé et à d’autres valeurs biologiques, la prolactinémie peut être un des indices prédictifs pour la prise en charge ainsi que pour le pronostic. doi:10.1016/j.rcot.2011.08.059 48
Quelles sont les fractures de l’anneau pelvien potentiellement létales ?
Jérôme Tonetti ∗ , Julien Brun , Stéphanie Guillot , Frédéric Thony , Philippe Merloz , Jean-Franc ¸ois Payen Service orthopédie traumatologie, hôpital Michallon, BP 217, 38043 Grenoble, France
S263 ∗ Auteur correspondant. Introduction.— Les traumatismes graves du bassin associés à un syndrome hémorragique ont une mortalité supérieure à 20 %. Le traitement précoce de référence associe la contention et l’artériographie avec embolisation. Nous avons recherché les facteurs radiocliniques pronostiques d’une décompensation hémorragique avec recours à l’embolisation artérielle. Matériel et méthodes.— Il s’agit une étude rétrospective continue de 198 dossiers médicaux admis entre 2004 et 2008 pour traumatisme grave du bassin (Injury Severity Score bassin > = 3). Le bilan clinique, biologique, morphologique (radiographie du bassin de face et examen tomodensitométrique avec fuites de produit de contraste), ainsi que le suivi transfusionnel à l’admission a été colligé. Les fractures ont été classées selon Letournel, Young-Burgess et Tile modifié AO. Les traitements par contention, embolisation, ballon d’occlusion aortique étaient notés. Nous avons comparé les caractéristiques radiocliniques du groupe sans embolisation (groupe 1) avec le groupe avec embolisation (groupe 2) en utilisant les tests Chi2 , de Student avec un seuil de significativité de 0,05. Résultats.— Nous avons retenu 106 patients. Il y avait 74 hommes. L’âge médian était de 32 ans (5—90). Dans le groupe 1, (82 patients) les marqueurs de gravité du trauma et du syndrome hémorragique étaient significativement plus faibles que dans le groupe 2 (24 patients). Aucun type dans la classification de Young et Burgess ou dans la classification de Tile modifié AO n’était plus fréquent dans le groupe 1 ou 2. Les lésions de l’aile iliaque, sacrées transforaminales et transverse du cotyle étaient significativement plus fréquentes dans le groupe 2 (respectivement p < 0,0088, p < 0,0369 et 0,0520). La lésion iliaque ne permettait pas la contention externe par clamp pelvien. Le recours au ballonnet d’occlusion intra-aortique a été effectué 5 fois pour une lésion transforaminale et 3 fois pour une lésion de l’aile iliaque. Conclusion.— La description morphologique précise selon Letournel, identifie des fractures iliaques et transforaminales du sacrum qui conduisent à activer rapidement les moyens de radiologie interventionnelle. Dans le cas de la fracture iliaque, en l’absence de contention possible, l’embolisation artérielle est le seul traitement.
doi:10.1016/j.rcot.2011.08.060 49
Ostéosynthèse percutanée des fractures du sacrum et disjonctions sacro-iliaques Christine Tempelaere ∗ , César Vincent , Ibrahim Kalouche , Véronique Molina , Olivier Gagey , Charles Court. 78, rue du Général Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bicêtre, France
∗ Auteur correspondant. Introduction.— Dans les fractures instables du bassin, les lésions du sacrum ou de la sacro-iliaque nécessitent souvent une fixation postérieure de l’anneau pelvien. Différentes techniques ont été décrites dans la littérature. Le but de ce travail est de décrire une technique percutanée d’ostéosynthèse postérieure du bassin en réalisant une fixation bi-iliaque à l’aide de vis polyaxiales. Matériel et méthodes.— De septembre 2008 à janvier 2011, six polytraumatisés (2 hommes, 4 femmes ; âge moyen 38 ans (17—62 ans) ont été opérés dans notre service pour fractures instables du bassin avec trait postérieur trans-sacré ou disjonction sacro-iliaque (C1,3 = 1 ; C2,2 = 1 ; C2,3 = 2 ; C3,3 = 2 selon la classification de l’AO). Deux patients ont eu une fixation antérieure initiale par fixateur externe. Un autre patient a eu une fixation par plaque antérieure dans le même temps opératoire. L’opération est réalisée en décubitus ventral. L’ostéosynthèse est réalisée par deux vis polyaxiales percutanées enfouies dans chaque aile iliaque reliées entre elles par deux tiges mises en place en percutanées (Longitude® ). Tous les patients ont été évalués au dernier recul avec le questionnaire de Majeed spécifique au traumatisme du bassin, un examen
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86e réunion annuelle de la Société franc ¸aise de chirurgie orthopédique et traumatologique
clinique et des radiographies du bassin de face et de 3/4. La qualité de la réduction a été évaluée selon le score radiologique de Matta. Résultats.— Le recul moyen est de 14 mois (3—20 mois). Aucune complication opératoire n’a été relevée. La durée opératoire a été en moyenne de 60 minutes (45 à 110 minutes). Les pertes sanguines peropératoires sont négligeables. Aucun patient n’a présenté de complications neurologique ou vasculaire postopératoire. Une patiente a été reprise pour infection du matériel qui a guéri après un parage et lavage associé à une antibiothérapie. Tous les patients ont repris la marche avec appui complet au troisième mois sans douleur. Radiologiquement, toutes les fractures ont consolidé dans un délai de trois mois avec un résultat excellent dans cinq cas selon le score de Matta (inférieur à 4 mm de déplacement) et bon dans un cas (compris entre 4 et 10 mm de déplacement). Discussion.— Cette technique de fixation postérieure des fractures trans-sacrées ou disjonctions sacro-iliaques du bassin nous paraît fiable et reproductible. Elle permet une fixation stable sans avoir besoin d’aborder le foyer de fracture. Une étude avec une série plus large et un plus grand recul est nécessaire. doi:10.1016/j.rcot.2011.08.061
souvent compatibles avec la conservation du membre. La mise en place précoce d’orthèse permet d’améliorer le pronostic. Conclusion.— Les SCM sont très spécifiques des séismes. Les délais de prise en charge chirurgicale de ces lésions sont le plus souvent trop tardifs pour envisager des dermofasciotomies. Il n’y a pas plus d’indication dans ce contexte à la réalisation de dermofascotomie pour sauver le pronostic fonctionnel, qu’il y a d’indication à l’amputation pour sauver le pronostic vital. doi:10.1016/j.rcot.2011.08.062 51
Prise en charge de la traumatologie agressive dans un hôpital au cœur des tensions urbaines. Évaluation rétrospective de 101 patients sur une période de 30 mois Emmanuel Soucanye de Landevoisin ∗ , Philippe Candoni , Bastien Orsini , Christophe Drouin , Éric Demortiere Service de chirurgie orthopédique et traumatologique, hôpital d’instruction des armées Laveran, boulevard Laveran, 13013 Marseille, France ∗ Auteur
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Prise en charge des syndromes compartimentaux dépassés des membres (SCM dépassé) : expérience lors du tremblement de terre à Haïti Thomas Demoures ∗ , Raphael Barthelemy , Bertrand Bauer , Bernard de Loynes , Sylvain Rigal HIA Percy, service d’orthopédie-traumatologie, 101, avenue Henri-Barbusse, 92141 Clamart, France ∗ Auteur
correspondant. Introduction.— Lors des séismes, l’observation des SCM est fréquente et leur prise en charge le plus souvent tardive. Cette expérience pose le problème de la conduite à tenir au-delà des délais habituels de prise en charge des SCM aigus. Si le traitement des SCM dans les premières heures est bien codifié, il n’en est pas de même pour les SCM dépassés. Matériel.— Vingt-sept SCM ont été opérés au sein d’un détachement chirurgical situé à Port-au-Prince (parmi les 52 plaies des membres et 57 fractures traitées chirurgicalement). Le traitement a toujours été retardé d’au moins 72 heures après la catastrophe. Méthode.— Il s’agit d’une étude de population dans un contexte d’afflux massif des blessés avec quasi disparition des structures sanitaires locales. Il n’y a pas eu de mesure de pression dans les loges. Le diagnostic et le suivi évolutif des SCM ont été cliniques, réalisé par le même chirurgien au cours de la mission. Résultats.— — dermofasciotomies dont les suites ont été simples : 3 ; — dermofasciotomies réalisées tardivement compliquées d’infection : 14 ; — SCM traités par orthèse : 4 ; — SCM ayant nécessité une amputation : 6. Discussion.— Malgré les nombreux biais, cette expérience soulève un problème de définition entre le crush syndrome et le SCM (ou syndrome des loges). Lors de SCM dépassé, la réalisation d’une dermofasciotomie est inutile et néfaste. Inutile car les lésions ischémiques musculaire sont constituées et leurs conséquences biologiques (crush syndrome) sont déjà systémique et relève de traitement médical. Néfaste, car la transformation d’une lésion fermée en plaie ouverte conduit inéluctablement à l’infection des tissus nécrotique, aboutissant à des amputations secondaires. L’évolution naturelle d’un SCM dépassé, en l’absence de plaies, se fait vers une fibrose des tissus ischémiés et la fistulisation secondaire avec infection est rare. Les séquelles fonctionnelles sont
correspondant. Introduction.— L’augmentation des violences urbaines en France métropolitaine voit augmenter le nombre d’agression par arme blanche et par projectile. La formation des praticiens s’avère indispensable dans les centres localisés au cœur des tensions urbaines et confrontés à l’accueil de ce type de traumatisme. Matériel et méthode.— Une étude rétrosprospective monocentrique a été menée du 01 juillet 2008 au 31 décembre 2010. Toutes les plaies agressives par balle et par arme blanche prise en charge de manière chirurgicale ont été répertoriées. Outre les données épidémiologiques habituelles, nous avons évalué la rapidité et les modalités de prise en charge immédiate et secondaire pour chaque type de blessure, les suites à court et moyen terme. Résultats.— Sur une période de 30 mois, 101 patients ont été pris en charge de manière chirurgicale. Parmi eux il y avait 70 plaies par armes blanches, 31 plaies par arme à feu. On dénombrait 41 % de plaies des membres, 2 % de plaies du crane, 3 % de plaie du rachis, 8 % de plaie du cou ou de la face, 12 % des plaies abdominales, 38 %des plaies thoraciques ou thoraco-abdominales. Deux patients présentaient une plaie vasculaire de membre. Trois patients sont décédés, dont 2 par plaies du cœur et 1 par plaie du crâne. Discussion.— Peu de séries évoquent les plaies agressives en milieu civil hors contexte de guerre et à notre connaissance aucune en France métropolitaine. Notre série permet de mettre en évidence l’augmentation ces dernières années d’une traumatologie jusque là épisodique sur le territoire franc ¸ais. Prés de la moitié des blessures agressives répertoriées sont des plaies de membres. Leur prise en charge immédiate doit être rapide et systématisée. La prise en charge secondaire peut se révéler être un véritable défi thérapeutique avec une morbidité parfois importante et le risque infectieux permanent et à long terme des lésions ostéo-articulaires. Conclusion.— Nous mettons ainsi en évidence la nécessité d’une formation spécifique des chirurgiens orthopédistes des établissements susceptibles d’accueillir des traumatismes agressifs. Des conduites à tenir protocolisées doivent être mise en place à fin de permettre une prise en charge adéquate devant des plaies qui peuvent associées des lésions complexes des tissus mous, des lésions ostéoarticulaires ou vasculaires. doi:10.1016/j.rcot.2011.08.063 52
Ostéosynthèse interne et risque infectieux dans les fractures ouvertes de guerre
Raphaël Barthélemy ∗ , Thomas Demoures , Vincent Reslinger , Bernard de Loynes , Bertrand Bauer , Michel Martin , Sylvain Rigal