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Nutrition clinique et métabolisme 25 (2011) S52–S153 / Cahiers de nutrition et de diététique 46 2011(2011) S52–S153
La perception des facteurs de risque de cancer est socialement déterminée. En analyse multivariée, le caractère protecteur des fruits et légumes et de l’activité physique et celui, délétère, de la consommation fréquente de viande rouge, de charcuterie et de sel ou aliments salés sont davantage connus par les personnes ayant un niveau de diplôme et un revenu élevé. Une moins bonne perception concernant l’influence des fruits et légumes (OR = 0,7 ; p < 0,05) et de la charcuterie (OR = 0,6 ; p < 0,01) est par ailleurs observée chez les chômeurs. Le risque accru de cancer lié au surpoids ou à l’obésité est davantage connu par les individus ayant un niveau de revenu élevé. Enfin, le caractère protecteur de l’allaitement par rapport au cancer du sein de la mère est davantage cité par les femmes ayant un niveau de diplôme supérieur au bac (OR = 2,3, p < 0,001). Conclusion. – Dans l’ensemble, les individus sont relativement nombreux à ne pas connaître l’influence de certains facteurs nutritionnels sur le risque de cancer. Ces résultats conduisent à s’interroger sur la façon d’améliorer l’efficacité de la prévention nutritionnelle des cancers. Une prise de parole dans la presse, des institutions et des collectifs d’experts pourrait être envisagée. Des messages sur les facteurs de risque de cancer, incluant les facteurs nutritionnels, pourraient également être diffusés à la population.
P040 Durée de sommeil et corpulence chez l’adolescent : résultats d’une étude transversale nord-africaine Aounallah-Skhiri H1, Hsairi M1, Traissac P*2, El Ati J3, Eymard-Duvernay S2, Béji C3, Achour N1, Delpeuch F2, Ben Romdhane H1, Maire B2 1 INSP (Institut national de santé publique), Tunis, Tunisie, 2 UMR Nutripass IRD-UM1-UM2, IRD – Institut de recherche pour le developpement, Montpellier, France, 3 INNTA (Institut national de nutrition et de technologie alimentaire), Tunis, Tunisie Introduction et but de l’étude. – Selon la littérature récente, la réduction de la durée de sommeil augmente le risque d’obésité chez les adolescents. Cependant, rares sont les données relatives aux adolescents dans les pays arabes en particulier nord africains. L’objectif de cette étude est d’étudier cette association chez les adolescents tunisiens. Matériel et Méthodes. – Étude transversale menée en Tunisie en 2005 auprès d’un échantillon d’adolescents (15-19 ans, n = 963), représentatif de 3 régions socio-économiquement contrastées. Durée de sommeil basée sur les déclarations des adolescents. Apports alimentaires et activités physiques évalués à l’aide de questionnaires de fréquence semi-quantitatifs validés. Corpulence selon l’indice de masse corporelle (IMC = poids (kg)/ taille (m²)) et seuils IMC pour âge et sexe OMS 2007. Analyse multivariée de l’association entre la corpulence (obésité par régression logistique, IMC par régression linéaire multiple) et la durée de sommeil (< 8 vs > = 8 heures) en ajustant sur niveau économique du ménage, milieu, âge, statut scolaire, qualité du régime alimentaire, fréquence des repas, sédentarité et tabagisme. Résultats. – L’IMC moyen (kg/m²) était de 20,7 chez les garçons et de 21,9 chez les filles. La durée moyenne de sommeil était de 8,8 h chez les garçons et de 8,7 h chez les filles ; 27 % des garçons et 29 % des filles avaient une durée de sommeil < 8 heures. L’IMC moyen était plus élevé chez les adolescents ayant une durée de som-
meil réduite (< 8 vs > = 8 heures) : garçons : 21,6 (0,4) vs 20,4 (0,2) p = 0,010 ; filles : 22,4 (0,2) vs 21,7 (0,2) p = 0,028. La prévalence de l’obésité était plus élevée chez les adolescents ayant une durée de sommeil réduite, l’association était significative seulement chez les garçons (OR = 5,7 (1,7-19,3), p = 0,005 vs filles OR = 1,4 (0,5-4,3), p = 0,51). En ajustant sur les co-facteurs, les associations observées persistaient seulement chez les garçons (IMC : différence de moyennes ajustée : garçons : +1,1 (0,2-2,0), p = 0,014 ; Filles +0,6 (– 0,1-1,3), p = 0,10) ; obésité : garçons : OR = 5,2 (1,9-14,1), p = 0,001). Conclusion. – La réduction de la durée de sommeil serait un facteur de risque d’obésité chez les adolescents tunisiens en particulier les garçons ; il mérite d’être pris en considération dans la stratégie de prévention de l’obésité chez les adolescents. De même, les disparités selon le genre méritent d’être explorées.
P041 Prise en charge du patient obèse dans le Nord-Pas-de-Calais. Fonctionnement de la triangulation entre le patient, le médecin généraliste et le réseau OSEAN Dennetiere S*1, Berkhout B1, Bouchez T1, Cadwallader JS1, Romon M1 1 Service de Nutrition, CHU de Lille, Lille, France Introduction et but de l’étude. – Le Nord-Pas-de-Calais est la région la plus touchée par l’obésité : elle affichait en 2009 une prévalence de 20,5 %, soit 40 % de plus que la moyenne nationale. Le réseau OSEAN (Obésité Sévère de l’Enfant et de l’Adulte en Nord-Pas-de-Calais) a été crée en 2005 pour harmoniser les pratiques de soins des structures de prise en charge existantes, basées sur l’éducation thérapeutique du patient (ETP) et la pluridisciplinarité. La question de recherche était : « Pourquoi les médecins généralistes n’utilisent pas ou peu le réseau OSEAN ? ». En raison du peu de données sur le sujet et avec la volonté d’offrir une perspective globale de la problématique, le choix a été fait d’explorer la prise en charge du patient obèse dans le Nord-Pas-de-Calais à travers les représentations du patient, du médecin généraliste et des professionnels de santé des réseaux de santé ainsi que le fonctionnement de la triangulation. Matériel et Méthodes. – L’étude était qualitative, descriptive, interprétativiste, réalisée par des entretiens semi-dirigés de patients, de médecins généralistes et de professionnels de santé des réseaux jusqu’à saturation des données. Le recueil de données était triangulé entre les trois thésardes investigatrices Résultats. – 1) Les résultats concernant les patients révèlent que la motivation au changement est peu influençable par une tierce personne. L’abord de ce sujet est difficile pour le patient. Le médecin généraliste a un rôle central mais il manque de temps. Le patient a besoin d’être écouté. Le réseau lui apporte une prise en charge pluridisciplinaire en groupe. 2) Les résultats concernant les médecins généralistes mettent en évidence que le médecin généraliste est un pilier décisionnel. Néanmoins la prise en charge du patient obèse est difficile, car il manque de temps, de connaissances. Le patient n’est pas sensibilisé et motivé au changement. Le réseau de santé est selon lui utile et complémentaire mais trop éloigné du lieu de vie du patient. Le
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médecin généraliste exprime aussi une charge administrative trop importante pour la communication avec les réseaux. 3) Les résultats concernant les intervenants des réseaux mettent l’accent sur leur prise en charge pluridisciplinaire basée sur l’éducation thérapeutique du patient, réuni en groupe. Leurs principales difficultés sont principalement financières (accompagnement temporaire, manque de psychologues) et au niveau de la communication avec le médecin généraliste. Le plan personnalisé de santé serait un outil utile pour communiquer avec le médecin généraliste. Conclusion. – Améliorer les messages de prévention et sensibiliser la population à consulter leur médecin généraliste. Repenser les soins primaires pour la prise en charge multidisciplinaire et l’ETP (éducation thérapeutique du patient) dans les maladies chroniques. Restructurer les réseaux de santé en plateforme pluri-thématiques territoriales à guichet unique
P042 Infections urinaires : impact de la consommation d’eau sur les dépenses de santé publique à l’échelle de la France BuendiaþI*1, Lenoir-WijnkoopþI1, Tack I2, Molinier L3, Daudon M4, Nuijten M5 1 Danone Research, Palaiseau, 2 Département de Physiologie clinique/Inserm U1048, CHU Rangueil, 3 Département d’Information médicale, Hôpitaux de Toulouse, Toulouse, 4 Svc. d’Explorations fonctionnelles, hôpital Tenon, Paris, France, 5 Ars Accessus Medica, Amsterdam, Pays-Bas Introduction et but de l’étude. – Les coûts de santé relatifs aux infections urinaires sont très peu documentés à l’échelle de la France, mais il a été montré qu’ils représentent un poids économique conséquent pour le système de santé dans d’autres pays [1]. Une consommation équilibrée d’eau pourrait toutefois diminuer le risque de développer ce type de pathologies ainsi que les comorbidités associées, telles que les insuffisances rénales chroniques [2]. Les objectifs de cette étude étaient donc : A) d’évaluer les coûts de prise en charge des infections urinaires au niveau de la Sécurité Sociale française et B) d’estimer l’impact économique d’une prise d’eau quotidienne appropriée sur les dépenses de santé annuelles de prévention primaire et secondaire pour ces pathologies. Matériel et Méthodes. – Un modèle de Markov [3] a été appliqué à la population française saine afin de comparer l’impact économique d’une faible consommation d’eau (1,0 Ljour-1) vs appropriée [2,0 Ljour -1 ; 4]. L’incidence annuelle des infections urinaires était estimée à 7 %, avec un taux de récurrence annuelle de 30 % après le premier épisode ; l’incidence annuelle des évolutions jusqu’au stade d’insuffisance rénale chronique était estimée à 0,2 % [5]. Les coûts de prise en charge d’un épisode d’infection urinaire sur l’année 2010 ont été déterminés sur la base des tarifs officiels français et de statistiques nationales. Un panel regroupant 11 médecins a été consulté afin d’établir le parcours de traitement habituel pour ce type de pathologie en France. Les facteurs de réduction de l’incidence des infections urinaires et de leur récurrence suite à une consommation appropriée d’eau étaient estimés à 40 % et 30 %, respectivement [6,7].
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Résultats. – Le coût moyen d’un épisode d’infection urinaire en France est estimé à 805?. La prévention de la récurrence de cette pathologie par une prise appropriée d’eau pourrait induire une diminution annuelle des dépenses de santé de 316 millions d’euros comparativement à une faible prise d’eau. Par ailleurs, la prévention primaire par une prise appropriée d’eau de l’ensemble de la population française pourrait permettre une économie annuelle de 1 119 millions d’euros. Conclusion. – Les résultats de la présente étude montrent qu’une consommation appropriée d’eau pourrait réduire substantiellement les dépenses de santé publique consécutives aux infections urinaires. Par conséquent, les interventions visant à améliorer la prise d’eau au sein de la population sont susceptibles d’avoir un impact important, non seulement en termes cliniques mais également en termes économiques. 1. Foxman, B (2002). Am J Med 113(S1A):5S-13S. 2. Foxman, B (1990). Am J Public Health 80(3):331-333 3. Sonnenberg, F & Beck, JR (1993). Markov models in medical decision making: a practical guide, pp, 322-338. 5. European Food Safety Authority (2010). EFSA J 8(3):1459. 6. Réseau Épidémiologie et Information en Néphrologie (2008). Rapport annuel. 7. Nygaard, I & Linder, M (1997). Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct 8(6):340-343. 8. Eckford, SD et al. (1995). Br J Urol 76(1):90-93.
SFN – GROSSESSE, LACTATION, CROISSANCE ET DÉVELOPPEMENT P043 Prise de poids au cours de la grossesse de la femme obèse Gaud M-A1, Frasquet-Darrieux M1, Glomot F2, Bucco C1, Christin P2, Compain F2, Pierre F3, Ingrand P1, Hankard R*1 1 Inserm CIC 802, CHU Poitiers, Poitiers, 2 Maternité, CH Chatellerault, Chatellerault, 3 Pôle femme mère enfant, CHU Poitiers, Poitiers, France Introduction et but de l’étude. – La prise de poids pendant la grossesse est un déterminant du poids de naissance et de la corpulence ultérieure de l’enfant. Nous avons observé une moindre prise de poids au cours de la grossesse de la femme obèse voire une perte de poids chez certaines d’entre elles [1]. Ce travail étudie le lien entre la prise de poids gestationnelle et l’IMC pré-gestationnel. Matériel et Méthodes. – Les données proviennent du screening de population d’un PHRC en cours étudiant la composition du lait maternel de la femme obèse. Résultats. – Du 1er janvier 2010 au 18 août 2011, 1 452 naissances ont été incluses dans l’analyse à partir de 3 636 dossiers (exclusions : 85 grossesses multiples, 1 813 données anthropométriques non renseignées, 286 naissances avant 37þsemaines d’aménorrhée) : Âge médian 29,3 ans [Q1 : 25,8-Q3 : 33,1 ans], obésité : 13,2 %, surpoids : 20,3 %, maigreur : 9,9 %, allaitement maternel exclusif : 56,5 %, tabagisme avant grossesse : 33,3 %. La prise de poids pendant grossesse exprimée en kg (Pearson – 0,22, p < 0,0001) ou en % de prise de poids (Pearson – 0,51, pþ< 0,0001) était négativement corrélée avec l’IMC avant grossesse. La prise de poids des femmes obèses était inférieure à celles qui ne