Abstracts / Nutrition clinique et métabolisme 25 (2011) S51–S153 / Cahiers de nutrition et de diététique 46 (2011) S52–S153
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EA4311, IHU, IFR23, Faculté de Médecine de Rouen, EHPAD, Unité de Séjour de longue durée, 4Direction des Soins, CHU de Rouen, Rouen, France 3
Introduction et but de l’étude. – L’escarre et la dénutrition hospitalière sont deux problèmes majeurs rencontrés dans les services hospitaliers. Cette étude avait pour but de connaître au sein du CHU de Rouen leurs prévalences respectives ainsi que d’évaluer le lien potentiel existant entre eux. Dans un second temps, nous avons essayé de déterminer le paramètre nutritionnel le plus performant pour prédire le risque d’escarres. Matériel et Méthodes. – Cette enquête de prévalence a été réalisée un jour donné dans l’ensemble des services adultes de court, moyen et long séjour du CHU de Rouen. Les données recueillies par questionnaire comprenaient des renseignements généraux (âge, sexe, durée de séjour) des paramètres nutritionnels (IMC, % perte de poids, albuminémie, NRI) et des données concernant les escarres (échelle de risque de BRADEN, présence, localisation et stade d’escarre à l’entrée ou survenue au cours du séjour). Résultats. – Au total, l’évaluation nutritionnelle a été possible à partir des paramètres relevés dans les dossiers médicaux chez 84,5 % des patients : 32,3 % ont eu une évaluation totale, 52,4 % une évaluation partielle et 15,5 % n’ont pas pu être évalués faute de données manquantes. La prévalence de la dénutrition s’élevait à 40,8 % (22,1 % de dénutrition modérée, et 18,7 % de dénutrition sévère). La prévalence d’escarre était de 10,8 % des patients : 4,7 % d’escarre à l’entrée et 6,1 % d’apparition au cours du séjour. Après régression logistique, les facteurs associés à l’apparition d’escarre étaient un risque initial élevé de BRADEN (ORa = 5,11 [1,3619,24]), une durée de séjour > 7 j (ORa = 1,70 [1,14-2,90]) et une dénutrition sévère (ORa = 2,03 [1,15-3,57]). Pris séparément, le NRI (< 83,5) était le seul paramètre nutritionnel prédictif d’apparition d’escarre (ORa = 2,14 [1,02-4,48]). Conclusion. – Cette étude a confirmé que la dénutrition était un facteur de risque indépendant d’escarres. Par ailleurs, l’évaluation nutritionnelle globale (IMC, % perte poids et albuminémie) n’a été possible que dans 1/3 des cas. Dans ce sens, il semble que le NRI pourrait être le paramètre nutritionnel le plus performant pour prédire le risque d’escarres.
P114 Enquête sur les représentations de la dénutrition parmi les aides-soignants, infirmiers et médecins en psychiatrie Berney C*1, Constantin C1, Fessler C1, Thévenard A2, Vaucher M2, Kruseman M1 1 Filière Nutrition et Diététique, Haute École de Santé, 2 Département de santé mentale et de psychiatrie, hôpitaux universitaires de Genève, Genève, Suisse Introduction et but de l’étude. – La prévalence de la dénutrition est constante en milieu hospitalier, y compris psychiatrique, depuis de nombreuses années. En psychiatrie, la prise en charge nutritionnelle ne fait souvent pas partie des priorités, les soignants se concentrant sur la condition mentale des patients. Les représentations sociales (RS), une forme de connaissances pratiques, élaborées et partagées par un ensemble social, sont le fondement des freins et des facteurs favorisants vis-à-vis de la dénutrition. Le but de cette étude
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était de faire émerger les représentations sociales (RS) des AidesSoignants, des Infirmiers et des Médecins (ASIM) concernant la dénutrition, dans une démarche globale de projet de soin. Matériel et Méthodes. – Des entretiens individuels semi-dirigés de 30 minutes ont été menés. Une grille de sept questions a été élaborée et pré-testée. Le recrutement des ASIM a eu lieu au sein de trois Unités du Département de santé mentale et de psychiatrie des hôpitaux universitaires de Genève entre mars et avril 2011. Chaque entretien a été enregistré, transcrit mot à mot puis analysé. Les thématiques redondantes et les sous-thèmes ont été identifiés répondant par répondant, puis question par question. Certains verbatims ont permis d’illustrer des concepts partagés par les répondants. L’anonymat des ASIM a été respecté. Résultats. – Vingt-quatre entretiens ont été effectués. Les concepts identifiés au sein des différentes catégories de professionnels étaient similaires. Les ASIM conceptualisaient la dénutrition comme une maladie étrangère et lointaine, présente surtout dans les pays du tiers monde (image forte : enfants souffrant de famine en Afrique). Dans les pays développés, ils décrivaient plutôt une « malnutrition », synonyme pour eux de « malbouffe ». Concernant le patient en psychiatrie, la dénutrition était, selon eux, principalement présente à domicile, secondaire à une décompensation de la maladie mentale. L’apparition ou la péjoration d’une dénutrition n’était pas envisageable en milieu hospitalier. Ils se sentaient donc peu concernés par cette thématique. Toutefois, les ASIM montraient un réel intérêt pour la nutrition et une grande motivation, l’acte alimentaire faisant partie selon eux des soins de base du patient. Conclusion. – Les résultats indiquent que les RS concernant la dénutrition diffèrent passablement entre les ASIM et les diététiciens ou médecins nutritionnistes. Il semble que pour améliorer l’adhésion des ASIM à la prise en soins de la dénutrition, l’identification de leurs RS soit une piste intéressante. Elle permettrait d’augmenter la conscientisation du problème (la dénutrition peut s’aggraver en milieu hospitalier psychiatrique), le dépistage de la dénutrition (elle peut être présente chez des personnes qui ne sont pas d’une maigreur extrême) et par conséquent le soin nutritionnel (implication de proximité des diététiciens dans les services). Ceci permettrait une plus grande réactivité, et l’intervention diététique sur demande médicale laisserait place à une prise en charge plus inventive et interdisciplinaire.
P115 Intérêt du codage de la dénutrition par les diététiciennes Duval C*1, Cardoso C1, Dardenne A-L2, Just B3 1 Diététique, 2 DIM, 3 CLAN, Charleville-Mézières, France Introduction et but de l’étude. – La dénutrition hospitalière est un enjeu de santé publique de par la sur-morbidité qu’elle entraîne. Le surcoût lié à sa prise en charge est pris en compte dans la T2A via les codes E43 et 44,0 (malnutrition protéino-énergétique grave ou modérée) conférant le niveau 3 de sévérité au GHM du patient, majorant sa valorisation financière. Il est donc essentiel, en plus de les dépister et traiter, de coder les troubles nutritionnels. Dans notre hôpital, la prévalence de la dénutrition était de 72 % (49 % modérée, 23 % sévère) en 2006 (enquête RESCLIN-CLAN),
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alors que le codage de la dénutrition n’a représenté que 6 % des séjours en 2009. Matériel et Méthodes. – Les données nécessaires au codage de la dénutrition (poids, taille, IMC, variation de poids et albuminémie) sont à la base de tout diagnostic diététique et étaient déjà recueillies par les diététiciennes dans un tableur pour chaque patient consulté. Ce tableur a été modifié pour permettre une proposition de codage automatisée (E43, E44,0, non dénutri, non codable), insérée dans le dossier du patient pour codage PMSI (associé au code Z71,3 : surveillance et conseils diététiques). Les fiches recueillies de juin à décembre 2010 pour les séjours supérieurs à deux jours ont été analysées avec Sphynx®, et utilisées par le DIM pour ajuster la valorisation T2A des séjours. Résultats. – Sur 2 068 fiches (27 % des séjours), 66 % des dossiers comportent toutes les données nécessaires au codage. Le poids habituel manque dans 24 % des dossiers. L’hypoalbuminémie permet le codage dans 60 % des cas (seule ou associée à la perte de poids ou l’IMC). Elle n’est pas interprétable du fait d’une CRP élevée dans 9 % des dossiers. En tout, 24 % des séjours ne peuvent pas être codés, des données de codage étant manquantes. Entre les 2 périodes de 2010, les codages (E43+E44,0) passent de 7,1 à 11,1 % des séjours (14,3 % après correction par le DIM), avec une quasi-disparition des codes E46 et E44,1, non valorisables, et une meilleure prise en compte de l’acte diététique (de 6 à 13 % des séjours, cependant inférieurs aux 27 % d’interventions diététiques). Il y a une différence de 17 % entre les codages proposés et ceux réellement codés au niveau du DIM pour la période d’étude : leur correction a permis une revalorisation des séjours concernés pour un montant de 306 000 ?, soit 2 000 ?/séjour. Extrapolée en année pleine, la récupération T2A liée à l’étude approche les 2 M?. Conclusion. – Le codage par les diététiciens améliore sa qualité et son exhaustivité, donc le financement induit. Cependant : – une transmission au DIM incomplète est financièrement pénalisante : une meilleure accessibilité des données pour les secrétaires et la transmission directe au DIM des propositions de codage sont prévues ; – les propositions de codage, limitées à la dénutrition pour les seuls patients vus par l’équipe, vont être étendues à l’obésité et à la cachexie, et informatisées DANS le dossier-patient. Outre sa rentabilité financière évidente, ce type de fiche a de plus le mérite de répondre aux exigences de traçabilité des éléments de codage dans le dossier patient et permet une évaluation simple de l’activité diététique.
2009 d’assurer un dépistage optimal de la dénutrition et en 2010, de mettre en adéquation les prescriptions de nutrition artificielle selon les recommandations. Les objectifs de ce travail sont 1) d’évaluer l’adéquation entre statut nutritionnel et prescription de nutrition artificielle, 2) étudier l’évolution de la prescription entre 2009 et 2010. Matériel et Méthodes. – Ce travail prospectif a été mené entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2010. Les patients étaient systématiquement dépistés par les diététiciens dans les services d’oncologie médicale à l’aide d’un formulaire informatique spécifiquement dédié. La dénutrition était définie sur les critères de la SFNEP (perte de poids en un mois et six mois, index de masse corporelle) et l’HAS 2007 (personnes âgées). Les patients étaient définis à risque de dénutrition si les critères de dénutrition n’étaient pas remplis et que les ingesta étaient réduits à 60 % ou moins. L’existence ou non d’une nutrition artificielle et le type de nutrition artificielle étaient systématiquement notifiée. L’analyse statistique, après « data management », était réalisée avec le logiciel STATA. Résultats. – En 2009, 3 378 séjours étaient dépistés. Une nutrition artificielle (entérale ou parentérale) était en place ou proposée pour 607 séjours (18 % des séjours évalués). En 2010, 2 893 séjours étaient dépistés. Une nutrition artificielle était identifiée pour 518 séjours (17,9 % des séjours évalués).
P116 Impact d’une unité transversale de nutrition clinique sur la prescription de nutrition artificielle Senesse P*1, Fiore S2, Flori N2, Fouques L2, Janiszewski C3, Launay S 3, Thézénas S 4, Vaillé A2 1 Gastro-nutrition, Centre anti-cancéreux, 2 Gastro-nutrition, 3 Recherche, 4Biostatistiques, Centre anticancéreux, Montpellier, France
Introduction et but de l’étude. – Le but de l’étude a été d’évaluer les pratiques courantes de prise en charge nutritionnelle des patients hospitalisés dans un service de gastroentérologie et dans un service de chirurgie viscérale. Matériel et Méthodes. – Durant une période d’observation de deux mois, un médecin désigné dans chacun des deux services concernés, soit un chirurgien et un gastroentérologue, non « spécialisés » en assistance nutritionnelle, ont pris en charge les patients chez qui une assistance nutritionnelle leur paraissait indiquée. L’évaluation du degré de dénutrition du patient ainsi que la décision thérapeutique et le type de produit éventuellement prescrit par le médecin de prime intention ont été secondairement compa-
Introduction et but de l’étude. – En 2008, une Unité transversale de Nutrition clinique était mise en place dont les objectifs étaient en
Pas dénutri 2009
2010
À risque
Dénutri
Total 128
Entéral
1 (0,8 %)
36 (28,1 %)
91 (71,1 %)
Parentéral
9 (1,9 %)
108 (22,7 %)
358 (75,4 %)
475
5 (2 %)
57 (22,4 %)
192 (75,6 %)
254
1 (0,4 %)
44 (17,0 %)
213 (82,6 %)
258
Entéral Parentéral
Le ratio nutrition entérale sur nutrition parentérale était de 0,27 en 2009 et de 0,98 en 2010. Conclusion. – Une UTNC permet d’assurer le dépistage de la dénutrition tout en modifiant les pratiques (réduction de 54,3 % de prescription en nutrition parentérale et augmentation de 98,5 % de la nutrition entérale). Il sera pertinent d’évaluer les bénéfices directs (coûts pharmaceutiques) et indirects (infections nosocomiales) entre 2009 et 2010.
P117 Aide à la prescription d’une assistance nutritionnelle par l’utilisation d’un algorithme de décisions di Costanzo J*1, Ouaissi M1, Grandval P1, Hautefeuille G1, Vanhoeve F 2 1 Hôpital Timone, Marseille, 2 Synergie Medical, Aubagne, France