Perception de la menace, sentiment de blâme et symptômes de stress post-traumatique de l’enfant exposé à la violence conjugale

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ScienceDirect www.sciencedirect.com Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence xxx (2017) xxx–xxx

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Perception de la menace, sentiment de blâme et symptômes de stress post-traumatique de l’enfant exposé à la violence conjugale Threat perception, feelings of blame and post-traumatic stress symptoms in children exposed to domestic violence O. Paul ∗ , C. Zaouche Gaudron Laboratoire LISST-Cers, maison de la recherche, université Toulouse 2 – Jean-Jaurès, 5, allée Antonio-Machado, 31058 Toulouse cedex 9, France

Résumé But de l’étude. – L’objectif de cette recherche est d’examiner l’effet de l’exposition à la violence conjugale des enfants sur la présence de symptômes de stress post-traumatique et d’analyser le rôle de la perception de la menace et du sentiment de blâme. Population et méthode. – Quarante-six enfants âgés de 6 à 12 ans ont été interrogés ainsi que leurs mères, par le biais de questionnaires. Le degré d’exposition à la violence conjugale a été évalué par l’enfant, à l’aide du Children’s Perception of Interparental Conflict (CPIC, Grych et al., 1992), et par la mère avec le Conflict Tactic Scale (Straus et al., 1996). Concernant la perception de la menace et le sentiment de blâme, les enfants ont répondu à deux sous-échelles du CPIC et ont renseigné le Trauma Symptom Checklist for Children (Briere, 1989) afin d’analyser la présence de symptômes traumatiques. Résultats. – Nos résultats indiquent que le degré d’exposition à la violence conjugale prédit la perception de la menace, le sentiment de blâme et le symptôme de l’anxiété. Le sentiment de blâme est en lien avec la dépression et la colère de l’enfant. Enfin, le rôle modérateur de la perception de la menace a été mis en évidence sur les symptômes de la colère et de dissociation celui du sentiment de blâme sur le symptôme de stress post-traumatique. Conclusion. – L’effet du sentiment de blâme et de menace sur la présence de symptômes de stress post-traumatique doit être pris en compte pour accompagner les enfants exposés à la violence conjugale. © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´eserv´es. Mots clés : Violence conjugale ; Enfants ; Symptômes de stress post-traumatique ; Perception de la menace ; Sentiment de blâme

Abstract Aim of study. – The aim of this study is to examine the effect of children’s exposure to domestic violence on the presence of post-traumatic stress symptoms and to analyze the role of threat perception and feeling of self-blame. We suppose that the more the children and mothers tell us that the domestic violence has been serious and frequent, the more the children will feel guilty for its appearance and will consider it as threatening. We postulate that the children’s interpretation of domestic violence, through the perception of threat and self-blame, will lead them to show more post-traumatic stress symptoms when the children perceive a big threat and blame themselves for the violence. Finally, we consider the moderating role of threat perception and feeling of self-blame on the connection between domestic violence and post-traumatic stress symptoms of children. Population and methods. – Forty-six children (26 girls and 20 boys) aged from 6 to 12 years old, living in shelters in France, were interviewed as well as their mothers, completing different questionnaires. The degree of exposure to domestic violence was assessed by the child using the Children’s Perception of Interparental Conflict (CPIC, Grych et al., 1992) and the mother with the Conflict Tactic Scale (Straus et al., 1996). For the threat perception and the feeling of blame, the children completed two CPIC subscales and filled in the Trauma Symptom Checklist for Children (Briere, 1989) to analyze the presence of traumatic symptoms (anxiety, depression, anger, post-traumatic stress, dissociation). Results. – Our findings show that the degree of exposure to domestic violence presages threat perception, the feeling of self-blame and the symptom of anxiety. The feeling of self-blame is linked to the child’s depression and anger. Finally, the moderating role of threat perception was noticed on the symptoms of anger and dissociation and the feeling of self-blame on the symptom of post-traumatic stress. So, when domestic violence ∗

Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected] (O. Paul), [email protected] (C. Zaouche Gaudron).

http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2017.03.008 0222-9617/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´eserv´es.

Pour citer cet article : Paul O, Zaouche Gaudron C. Perception de la menace, sentiment de blâme et symptômes de stress post-traumatique de l’enfant exposé à la violence conjugale. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2017.03.008

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becomes serious and frequent and if the child does not perceive violence as threatening, then the symptom of anger increases. In the same way, when violence gets more important and the child has a low perception of the threat, the dissociation symptom score increases. Finally, when the child feels guilty for the violence, the more the violence is frequent and severe, the less the child shows post-traumatic stress symptoms. Conclusion. – The effect of the feelings of self-blame and threat on the presence of post-traumatic stress symptoms must be taken into account in order to help children exposed to domestic violence. © 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Domestic violence; Children; Post-traumatic stress disorder symptoms; Threat perception; Feeling of self-blame

1. Introduction Les recherches sur les enfants exposés à la violence conjugale tardent à émerger en France. Actuellement, seules deux études franc¸aises en psychologie du développement [1,2] s’intéressent aux effets du contexte de violence conjugale sur les enfants qui y sont confrontés, alors qu’on estime à 4 millions le nombre d’enfants concernés dans notre pays [3]. Pourtant, Outre-Atlantique les conséquences de l’exposition à la violence conjugale sur le développement des enfants sont bien identifiées. Effectivement, la plupart des études mettent en évidence l’existence d’un effet direct de l’exposition à la violence conjugale des enfants sur leur développement [4]. Le fait d’assister aux scènes de violence, de les entendre, de subir l’état émotionnel de ses parents et parfois d’en être la victime directe contribue à créer une vulnérabilité et à engendrer des difficultés dans le développement des enfants. 1.1. Les effets de l’exposition à la violence conjugale sur le développement de l’enfant Les conséquences de l’exposition à la violence conjugale sont d’une grande diversité et variabilité et affectent différentes sphères du développement. D’un point de vue cognitif, ces enfants présentent des lacunes au niveau des habiletés verbales [5], des difficultés d’attention et de concentration [6]. Les enfants exposés sont envahis par ce qu’ils vivent dans leur environnement familial, ce qui entrave leur investissement dans les apprentissages [7]. La violence conjugale affecte également l’adaptation socio-affective des enfants. L’adaptation intériorisée concerne l’élaboration de l’affectivité de l’enfant, sa capacité à ressentir un affect et sa faculté à l’exprimer, l’adaptation extériorisée, quant à elle, renvoie à l’adaptation de l’enfant à son environnement et aux capacités dont il pourra faire preuve pour interagir avec autrui [2]. L’adaptation intériorisée et extériorisée est régulièrement évaluée à l’aide du Child Behavior Checklist (CBCL, [8]). Cet outil permet de situer l’adaptation de l’enfant selon trois zones, non pathologique, limite et pathologique. Lorsque l’adaptation de l’enfant se situe en zone pathologique, la notion de troubles ou de difficultés d’adaptation est notifiée par les auteurs [4]. Ainsi, les études de Grych et al. [9] (n = 228) et de Katz et Low [10] (n = 130) indiquent un effet direct de l’exposition à la violence sur le développement socio-affectif de l’enfant. Plus précisément, Hunter et Graham-Bermann [11], qui ont mené une étude auprès d’un échantillon conséquent de 219 enfants américains âgés de 6 à 12 ans ayant été exposés

à la violence conjugale et vivant en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), ont constaté que la fréquence de l’exposition à la violence conjugale est corrélée positivement avec les problèmes intériorisés et extériorisés des enfants. L’exposition à la violence conjugale constitue donc un contexte de vulnérabilité pour les enfants, qui seraient 3,7 fois plus à risque de développer des problèmes intériorisés et extériorisés que les enfants qui n’y ont jamais été exposés [12]. Néanmoins, la majorité des recherches font état d’un effet indirect de l’exposition à la violence conjugale sur l’adaptation de l’enfant en raison de variables médiatrices ou modératrices1 . Ces variables sont liées aux caractéristiques individuelles et familiales. Par exemple, certaines études mentionnent l’effet modérateur du sexe des enfants [13], de leur âge [14] ainsi que de la maltraitance directe envers les enfants [15] sur leur adaptation socio-affective. La qualité des relations parent–enfant ainsi que l’attachement constituent des dimensions régulièrement évaluées en tant que variables médiatrices ou modératrices. Ainsi, Doucet et Fortin [16] indiquent que la qualité de la relation mère–enfant joue le rôle de facteur de protection. En effet, des conduites maternelles de soutien et d’affection envers l’enfant contribuent à atténuer leurs difficultés d’adaptation. Dans le même sens, l’étude de De la Sablonnière et Fortin [17] porte également sur l’effet de la violence conjugale sur la qualité de la relation mère–enfant (n = 111), en considérant la santé des mères comme modérateur de la relation. Les résultats suggèrent que dans un contexte de violence conjugale, les mères en bonne santé auraient tendance à utiliser des mécanismes compensatoires de soutien et d’affection auprès de l’enfant afin de pallier les effets néfastes de l’exposition à la violence conjugale, ce qui renforcerait la qualité de la relation mère–enfant. Cependant, la relation mère–enfant peut également être ternie par la violence conjugale, notamment lorsque les mères ont un mauvais état de santé physique et psychologique. De manière générale, les études tendent à démontrer l’effet de la violence conjugale sur la qualité de la relation de l’enfant avec ses parents, principalement parce que cette violence affecte la sécurité de l’enfant et le

1 Une variable médiatrice s’inscrit dans un processus par lequel la variable indépendante (ou explicative) est susceptible d’influencer la variable dépendante (ou à expliquer). Plus précisément, la variable indépendante est à l’origine du déclenchement de l’action ou de l’intensité de la variable médiatrice, qui ellemême influence la réponse, la variable dépendante. Une variable modulatrice affecte le lien entre la variable indépendante et la variable dépendante. Cette variable va affecter la direction ou l’intensité de la relation entre la variable indépendante et la variable dépendante.

Pour citer cet article : Paul O, Zaouche Gaudron C. Perception de la menace, sentiment de blâme et symptômes de stress post-traumatique de l’enfant exposé à la violence conjugale. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2017.03.008

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fragilise sans qu’aucun de ses parents ne puisse le protéger de celle-ci [18]. Pour autant, la psychopathologie des parents est rarement prise en compte dans ces études si ce n’est lorsque la santé des mères est considérée comme une variable modulatrice ou modératrice [17]. 1.2. Violence conjugale et symptômes de stress post-traumatique De plus en plus, les travaux cherchent à démontrer que le contexte de violence conjugale peut constituer une situation potentiellement traumatique pour les enfants qui y sont exposés [19]. En effet, le fait que l’auteur de la violence soit l’un des parents peut conduire les enfants à développer des symptômes traumatiques ou à les accentuer sur le long terme [20]. La violence physique directe envers l’enfant ainsi que le manque de soutien de l’autre parent et de cohésion familiale semblent être des facteurs qui vont influencer l’effet de l’exposition à la violence conjugale sur le vécu traumatique des enfants. Ainsi, les enfants exposés à la violence conjugale présentent un haut niveau de symptomatologie traumatique si on les compare à des enfants tout-venant [21] mais dans des proportions variables. Levendosky et al. [22] soulignent, concernant leur échantillon de 62 enfants âgés de 3 à 5 ans, que 24 % d’entre eux présentent des états de stress post-traumatique, tout en précisant que tous les enfants de l’échantillon avaient subi au moins un symptôme de stress post-traumatique (anxiété, dépression, colère, dissociation). Les mesures utilisées pour examiner les symptômes de stress post-traumatique des enfants exposés sont différentes d’une recherche à une autre ce qui peut expliquer la variabilité d’enfants concernés. Chemtob et Carlson [23] indiquent, quant à eux, que 40 % des enfants de leur échantillon (n = 25) présenteraient des symptômes de stress post-traumatiques. Les auteurs spécifient également que les mères auraient tendance à sousestimer la détresse des enfants, d’où l’importance de multiplier les sources de renseignements (mère, enfant, enseignant). Les conflits de loyauté en contexte de violence conjugale ont également été considérés comme pouvant aggraver les symptômes de stress post-traumatique. Ils apparaissent lorsque l’enfant a le sentiment de perdre l’amour de l’un de ses parents s’il manifeste sa loyauté à l’autre. Les conflits de loyauté constituent un prédicteur de tous les symptômes de stress post-traumatique (anxiété, dépression, colère, stress post-traumatique, dissociation) et ont un rôle modérateur sur la relation entre la violence conjugale et les symptômes traumatiques de l’enfant [24]. 1.3. Violence conjugale et point de vue de l’enfant sur la violence D’autres études ont porté leur attention sur la perception des enfants concernant la violence conjugale afin d’expliquer les problèmes socio-affectifs qu’ils peuvent rencontrer. La perception de la menace et le sentiment de blâme des enfants sont les dimensions les plus régulièrement analysées. La perception de la menace des enfants lors d’épisodes de violence conjugale semble jouer un rôle dans leur adaptation socio-affective. L’interprétation que les enfants ont des passages à l’acte vio-

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lents entre leurs parents, le fait de se sentir menacé lors de ces moments ou au contraire de les banaliser, constituent des caractéristiques qui peuvent influencer le développement de l’enfant. La plupart des études s’accordent sur l’effet de la perception de la menace sur les problèmes rencontrés par les enfants exposés à la violence conjugale. La perception de la menace serait associée aux difficultés intériorisées des enfants. Plus précisément, les enfants présentant des scores élevés de perception de la menace sont plus susceptibles de manifester de l’anxiété et de la dépression [25]. De plus, la perception de la menace aurait un rôle médiateur dans la relation entre la violence conjugale et l’anxiété et ce, chez les garc¸ons [26]. Ainsi, plus la violence conjugale serait fréquente et sévère, plus les garc¸ons percevraient la menace et plus leurs symptômes anxieux augmenteraient. Enfin, les enfants les plus âgés seraient également plus affectés par la menace que les enfants les plus jeunes [27]. Le fait d’attribuer des causes aux conflits conjugaux, notamment lorsque l’enfant se sent responsable, le guiderait également dans la mise en place de stratégies d’adaptation [28]. Ainsi, Jouriles et al. [29] ont mis en évidence que le sentiment de blâme de l’enfant était associé à des scores élevés de problèmes extériorisés, rapportés par la mère alors que quand les enfants autoévaluent leurs difficultés, le blâme est davantage en lien avec des symptômes dépressifs [25]. Par ailleurs, des différences de sexe sont observées dans les études par rapport au sentiment de blâme, mais elles ne sont pas clairement explicitées. Contrairement à l’étude de Ulu et Fisiloglu [25] où les garc¸ons présentent un haut score de blâme, la recherche de Kerig [26] indique que les filles sont plus sensibles à la culpabilité et au blâme. Enfin, un effet médiateur du sentiment de blâme entre la violence conjugale et les problèmes intériorisés chez les filles a été retrouvé dans plusieurs études [26,30] soutenant l’idée que, pour les filles, s’attribuer la responsabilité de la violence conjugale participait au développement de problèmes anxieux, dépressifs, de repli sur soi, dommageable pour leur adaptation. Les effets de la perception de la menace et du sentiment de blâme n’ont jamais été étudiés auprès d’une population franc¸aise d’enfants exposés à la violence conjugale. Ces facteurs n’ont pas non plus été mis en lien avec les symptômes de stress post-traumatique. 2. Objectif et hypothèses L’objectif de cette étude est de préciser l’effet de la perception de la menace et du sentiment de blâme de l’enfant sur la relation entre l’exposition à la violence conjugale, évaluée à la fois par la mère et par l’enfant, et les symptômes de stress post-traumatique. Au regard des différences dans les difficultés que présentent les enfants exposés à la violence conjugale, des éléments de compréhension concernant leur vécu traumatique s’avèrent nécessaires, en recueillant directement leur point de vue et pas seulement celui des mères et/ou des enseignants comme le font la majorité des recherches. Nous faisons l’hypothèse que le degré d’exposition à la violence conjugale, qu’il soit rapporté par la mère ou par l’enfant, influence la perception de la menace et le sentiment de blâme de l’enfant. Ainsi, plus les enfants et la mère rapportent que la violence conjugale a été fréquente et sévère, plus les enfants se senti-

Pour citer cet article : Paul O, Zaouche Gaudron C. Perception de la menace, sentiment de blâme et symptômes de stress post-traumatique de l’enfant exposé à la violence conjugale. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2017.03.008

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ront coupables dans l’apparition de celle-ci et la considèreront comme menac¸ante. Dans un second temps, nous postulons que l’interprétation des enfants concernant la violence conjugale, à travers la perception de la menace et le blâme, les conduiront à manifester davantage de symptômes de stress post-traumatiques lorsque les enfants perc¸oivent une forte menace et se blâment pour la violence. Enfin, nous envisageons le rôle modérateur de la perception de la menace et du sentiment de blâme sur la relation entre la violence conjugale et les symptômes de stress post-traumatiques de l’enfant. De ce fait, plus l’enfant percevra la violence conjugale comme fréquente et sévère, plus il développera des symptômes de stress post-traumatique, particulièrement s’il se sent menacé par la violence et se blâme pour celle-ci. Cette étude, réalisée en France, contribuera à amener les premières données franc¸aises sur ces variables étudiées en psychologie du développement afin d’améliorer les connaissances dans le domaine. 3. Méthodologie 3.1. Population L’échantillon de cette étude est composé de 46 enfants franc¸ais (26 filles et 20 garc¸ons), âgés de six à 12 ans (m = 8,64 ; ␴ = 2,15), et de leur mère qui ont été victimes de violence conjugale. Ces enfants proviennent de famille comptant en moyenne 2,82 enfants (␴ = 1,16), les mères sont âgées entre 27 et 53 ans (m = 36,91 ; ␴ = 6,41) et les pères entre 24 et 69 ans (m = 41 ; ␴ = 8,3). Les mères ont majoritairement des professions intermédiaires (44 %) ou des emplois précaires voire sont sans emploi (50 %). Quant aux pères, 57 % d’entre eux n’ont pas d’emplois ou sont en situation précaire, les professions intermédiaires comptent 25 % des pères et 12 % ont des professions plutôt favorisés comme cadre. Pour 6 % des pères leur situation professionnelle n’était pas connue des mères. La relation conjugale avec le conjoint violent a duré en moyenne 11,15 ans (␴ = 5,42) et pour 89 % des enfants il s’agissait de leur père biologique. Les enfants de l’échantillon ont été exposés à la violence conjugale en moyenne durant 6,5 ans (␴ = 2,88) et pour 45,6 % des enfants la violence conjugale a commencé avant ou dès leur naissance. 3.2. Instruments de mesure Un questionnaire sociodémographique a été élaboré, à destination des mères, afin de recueillir des informations sociodémographiques sur la famille de l’enfant telles que l’âge des parents, le nombre d’enfants dans la fratrie, le statut du conjoint violent, les contacts de l’enfant avec son père ou encore la durée de la violence conjugale. Le degré d’exposition à la violence conjugale a été renseigné à la fois par l’enfant et par la mère. Il a été examiné à l’aide de l’échelle des caractéristiques du conflit, perc¸ues par l’enfant, de questionnaire Children’s Perception of Interparental Conflict (CPIC, [31]). L’échelle des caractéristiques du conflit se compose de la fréquence des conflits, leur intensité et leur résolution. Cette échelle est composée de 19 items. L’enfant doit indiquer pour chacun des items si l’énoncé ressemble à ce qu’il pense

ou ressent selon une échelle en trois points : 0 : « faux » ; 1 : « parfois vrai » ; 2 : « vrai ». Chacune des sous-échelles donne un score global à l’échelle. Pour l’échelle des caractéristiques du conflit, le score de l’enfant peut varier de 0 à 38. Plus le score est élevé, plus l’enfant considère le conflit comme fréquent et intense sans résolution possible. L’indice de cohérence interne de l’échelle pour cette étude est de 0,89, ce qui est identique à celui de la version originale (␣ = 0,89 ; [32]). Du côté de la mère, l’exposition à la violence conjugale a été étudiée à partir de la traduction franc¸aise du Conflict Tactic Scale (CTS-II, [33]). Les mères doivent répondre à 78 items qui vont permettre d’identifier la présence et la fréquence de 39 stratégies utilisées par les deux conjoints, lors de situation conflictuelle ou violente, durant les 12 derniers mois. Les mères complètent les différents items qui se composent de cinq échelles : la négociation, incluant les souséchelles émotionnelle et cognitive ; la violence psychologique ; la violence physique ; la violence sexuelle ; et les blessures. Le degré de violence et d’exposition s’évalue sur une échelle de Likert en 7 points : 0 « jamais » ; 1 « 1 fois » ; 2 « 2 fois » ; 3 « 3 à 5 fois » ; 4 « 6 à 10 fois » ; 5 « 11 à 20 fois » ; 6 « plus de 20 fois ». Pour les besoins de cette étude seul le score global de fréquence d’exposition à la violence conjugale, additionnant les scores aux agressions psychologiques, à la violence physique et à la violence sexuelle, a été pris en compte. L’échelle de violence sexuelle est considérée au même titre que les autres violences, car même si l’enfant n’y assiste pas, il peut entendre et/ou être affecté par l’état émotionnel de ses parents (notamment celui de la mère). L’indice de cohérence interne pour ce questionnaire, dans cette étude, est très satisfaisant (␣ = 0,92). La perception de la menace et le sentiment de blâme ont été évalués par le biais des échelles de perception de la menace et de blâme du questionnaire Children’s Perception of Interparental Conflict (CPIC, [31]). Ces deux échelles sont renseignées par l’enfant. L’échelle de perception de la menace prend en compte la menace perc¸ue et la capacité d’adaptation de l’enfant. L’échelle relative au sentiment de blâme implique la nature des conflits et le sentiment d’être responsable. L’enfant doit indiquer pour chacun des items si l’énoncé ressemble à ce qu’il pense ou ressent selon une échelle en trois points : 0 : « faux » ; 1 : « parfois vrai » ; 2 : « vrai ». Le cumul des scores aux sous-échelles donne un score global qui peut varier entre 0 à 24 pour l’échelle de la perception d’une menace et entre 0 à 18 pour le sentiment de blâme. Pour ces deux dimensions, plus le score est élevé et plus l’enfant se sent menacé par la violence et plus il s’en blâme. Les indices de cohérence interne pour l’échelle de la perception de la menace (␣ = 0,73) et du sentiment de blâme (␣ = 0,79) sont satisfaisants et se rapprochent de ceux obtenus par Grych et al. ([32] ; ␣ = 0,83 aux deux échelles). Le CPIC a été traduit [33] et validé sur des enfants québécois de 9 à 12 ans. Néanmoins, des études l’ont déjà utilisé auprès d’enfants plus jeunes [16]. Les symptômes de stress post-traumatique ont été évalués par la version franc¸aise du Trauma Symptom Checklist for Children (TSCC, [34]). Ce questionnaire appréhende plusieurs dimensions relatives à la présence de symptômes de stress posttraumatique et est directement complété par l’enfant. Il est composé de 54 items concernant des expériences qu’auraient pu vivre l’enfant, et qui témoignent de l’existence de symptômes

Pour citer cet article : Paul O, Zaouche Gaudron C. Perception de la menace, sentiment de blâme et symptômes de stress post-traumatique de l’enfant exposé à la violence conjugale. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2017.03.008

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de stress post-traumatique. À cet égard, l’enfant doit se situer sur une échelle en 4 points afin de déterminer si ces expériences lui sont arrivées : 0 : « jamais » ; 1 : « parfois » ; 2 : « souvent » et 3 : « presque toujours ». Chaque item est alors regroupé selon 6 échelles : l’anxiété, la dépression, la colère, le stress posttraumatique, la dissociation et les préoccupations sexuelles. En dépit du fait que le TSCC puisse être administré à des enfants, nous avons considéré que l’échelle des préoccupations sexuelles n’était pas adaptée à leur âge. En effet, certains items peuvent heurter les enfants et sont en inadéquation avec leur maturité psychologique, notamment des items tels que « ne pas faire confiance aux gens de peur qu’ils désirent une relation sexuelle » ou encore « penser au sexe quand je ne le veux pas ». Ainsi, nous avons choisi de retirer cette échelle du questionnaire. Ce questionnaire a été validé auprès d’une population d’enfants âgés de 8 à 16 ans néanmoins, l’auteur que nous avons contacté a permis son administration à des enfants plus jeunes. Au total, 5 échelles et 44 items ont été renseignés. À chaque item sont attribués les points de la réponse de l’enfant, à savoir 0, 1, 2 ou 3. La somme des réponses de chaque item de l’échelle constitue le score brut de l’échelle. Grâce aux tables d’étalonnage, les scores bruts sont transformés en score T. Plus les scores T sont élevés pour chaque échelle, plus l’enfant manifeste des symptômes de stress posttraumatique. Les scores T des enfants à chaque échelle peuvent se situer dans des zones déterminant le degré de gravité de leurs symptômes. La répartition est la suivante : zone non pathologique : score T inférieur ou équivalent à 59 ; zone limite : score T se situant entre 60 et 65 ; zone pathologique : score T équivalent ou supérieur à 66. Les indices de cohérence interne pour chaque échelle, l’anxiété (␣ = 0,80), la dépression (␣ = 0,63), la colère (␣ = 0,70), le stress post-traumatique (␣ = 0,80) et la dissociation (␣ = 0,80) sont satisfaisants et sont comparables à ceux de l’étude de Jouvin et al. [35], utilisant la version franc¸aise de ce questionnaire, variant de 0,70 à 0,84. 3.3. Déroulement Le recrutement des mères et des enfants a été rendu possible grâce à la collaboration de plusieurs CHRS spécialisés dans l’accueil des femmes victimes de violence conjugale dans différentes régions de France (Occitanie, Île-de-France, Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est et Hauts-de-France). Les professionnels des CHRS ont, dans un premier temps, proposé aux mères qui répondaient aux critères de la recherche d’y participer. Les critères de sélection étaient les suivants : avoir un enfant âgé entre 6 et 12 ans, vivre ou avoir vécu des violences conjugales durant les 12 derniers mois, vivre avec le conjoint violent ou en être séparé depuis moins de 18 mois. Dans un second temps, lorsque les mères avaient donné leur accord de principe pour leur participation, le chercheur les contactait par téléphone afin de préciser avec elles les objectifs de la recherche, son déroulement, s’assurer de leur accord et convenir d’un rendez-vous. Les mères ont dû signer un formulaire de consentement et un formulaire d’accord parental pour la participation de l’enfant. Nous avons également sollicité l’accord oral de l’enfant. Les mères et les enfants ont été

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rencontrés séparément dans des locaux mis à disposition par les CHRS. La durée des entrevues avec les mères étaient d’environ 1 h 30 et de 45 minutes au maximum avec l’enfant. Pour les enfants les plus jeunes, nous avons renseigné les questionnaires avec eux en leur lisant les questions, pour certains plus âgés, nous avons fait de même quand ils le souhaitaient. Les participantes n’ont pas rec¸u de compensation financière.

4. Analyses statistiques Des analyses préliminaires ont révélé une absence de valeur extrême de même qu’une distribution normale des données pour chacune des échelles de mesure, il n’existe aucune donnée manquante pour les variables considérées dans le cadre de cette étude. Dans un premier temps, les résultats ont été obtenus à partir d’analyses descriptives. Avec le logiciel SPSS version 20.0, des analyses de corrélations ont été réalisées entre le degré d’exposition à la violence conjugale et la perception de la menace ainsi que le sentiment de blâme. Puis, ces mêmes analyses ont été menées entre la perception de la menace, le sentiment de blâme et les symptômes de stress post-traumatique de l’enfant. Dans un second temps, l’analyse des résultats avait pour but de vérifier le statut modérateur de la perception de la menace de l’enfant sur la relation entre la sévérité de l’exposition à la violence conjugale et les symptômes de stress post-traumatique développés par les enfants. Rappelons qu’une variable modératrice affecte la relation entre la variable explicative et la variable à expliquer. Notons préalablement que, comme l’ont stipulé Baron et Kenny [36], le degré de corrélation entre les variables explicative et à expliquer peut être nul. En revanche, la variable modératrice doit interagir avec la variable indépendante et ne doit pas avoir de lien avec la variable dépendante. Dans la présente étude, l’effet modérateur a été considéré en s’appuyant sur la procédure d’Aiken et West [37] afin de décomposer les effets d’interactions significatifs. Une série d’analyses de régression linéaire a servi à vérifier l’effet modérateur de la perception de la menace sur les symptômes de stress post-traumatique de l’enfant. Ainsi, une régression de la variable indépendante sur la variable dépendante est réalisée, ensuite la seconde régression prend en compte la variable modulatrice sur la variable dépendante et enfin, une régression du produit (interaction) des deux prédicteurs sur la variable dépendante est effectuée. Conformément à cette procédure, la relation entre un prédicteur et les symptômes de stress post-traumatique sera estimée à différents niveaux du modérateur, soit à des niveaux faibles et élevés de la variable modératrice (c’est-à-dire lorsque l’enfant ne perc¸oit pas la violence conjugale comme une menace et lorsqu’il la perc¸oit), catégorisés à partir de la médiane. D’après notre hypothèse, le niveau de menace perc¸u par les enfants va modifier la relation entre l’exposition à la violence conjugale et les symptômes de stress post-traumatique. Selon les recommandations de Aiken et West [37], chaque variable indépendante a été centrée avant de construire les termes d’interaction afin d’éviter les problèmes de colinéarité. L’effet modérateur est alors mis en

Pour citer cet article : Paul O, Zaouche Gaudron C. Perception de la menace, sentiment de blâme et symptômes de stress post-traumatique de l’enfant exposé à la violence conjugale. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2017.03.008

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Tableau 1 Scores obtenus aux différentes mesures. Mesures

Moyenne

Violence conjugale selon l’enfant 28,19 307 Violence conjugale selon la mère Menace 18,3 2,2 Blâme Symptômes de stress post-traumatique 53,41 Anxiété 48,93 Dépression Colère 46,47 51,23 Stress post-traumatique Dissociation 49,24

Écart-type

Min

Max

4,7 3,2

8 56 5 0

38 748 24 15

15,07 10,83 8,43 10,55 11,73

34 32 33 34 37

106 88 66 91 80

8,59

évidence s’il existe un effet significatif de l’interaction sur la variable dépendante. 5. Résultats 5.1. Statistiques descriptives Les résultats obtenus aux différents questionnaires sont présentés dans le Tableau 1. Ils indiquent que les enfants rapportent en moyenne un niveau élevé d’exposition à la violence conjugale (m = 28,19 ; ␴ = 8,59). La fréquence d’exposition à la violence conjugale selon les mères se révèle également être très élevée sur la dernière année (m = 307 ; ␴ = 173). Les enfants perc¸oivent la menace de la violence conjugale de manière intense (m = 18,3 ; ␴ = 4,7) alors qu’ils ne s’en blâment que faiblement (m = 2,2 ; ␴ = 3,2). En ce qui concerne les symptômes de stress post-traumatique, les scores T moyens se situent tous en zone non pathologique, avec pour l’anxiété (m = 53,41 ; ␴ = 15,07), la dépression (m = 48,93 ; ␴ = 10,83), la colère (m = 46,47 ; ␴ = 8,43), le stress post-traumatique (m = 51,23 ; ␴ = 10,55) et la dissociation (m = 49,24 ; ␴ = 11,73). Les échelles de l’anxiété et du stress post-traumatique affichent les scores maximums les plus hauts alors que la colère constitue l’échelle avec la plus faible valeur maximum. L’examen des corrélations (cf. Tableau 2) met en évidence que la violence conjugale évaluée par l’enfant est associée à sa perception de la menace (p < 0,01) ainsi qu’au symptôme de l’anxiété (p < 0,05). Ainsi, plus l’enfant rapporte que la violence conjugale est fréquente et sévère, plus il perc¸oit cette violence

comme une menace. Une forte exposition à la violence conjugale, selon l’enfant, est associée à des scores élevés d’anxiété. L’exposition à la violence conjugale rapportée par la mère est en lien avec la perception de la menace de l’enfant (p < 0,01) alors qu’elle est négativement corrélée avec le sentiment de blâme de l’enfant (p < 0,05). Cela signifie que plus la mère rapporte que l’exposition à la violence conjugale a été fréquente, plus l’enfant la perc¸oit comme menac¸ante. Pour autant, moins la mère considère que l’exposition à la violence conjugale a été fréquente, plus l’enfant se blâme pour celle-ci. Aussi, le sentiment de blâme de l’enfant s’avère en relation avec les symptômes de dépression (p < 0,01) et de colère (p < 0,05). Donc plus l’enfant se sent coupable de la violence conjugale, plus les scores de dépression et de colère sont importants. 5.2. Analyse de l’effet modérateur de la perception de la menace L’effet modérateur de la perception de la menace a été vérifié pour les cinq dimensions des symptômes de stress posttraumatique à l’aide d’une série d’équations de régression testant les effets d’interaction entre la variable de la perception de la menace et les indices d’exposition à la violence conjugale selon la mère et l’enfant. Les résultats mettent en évidence un effet d’interaction entre l’exposition à la violence conjugale et la perception de la menace sur l’apparition des symptômes de colère (β = −0,62, t[45] = −3,43 ; p < 0,01) et de dissociation chez l’enfant (β = −0,56, t[45] = −2,99 ; p < 0,01). Une telle interaction indique que lorsque la violence conjugale devient sévère et fréquente, le symptôme de la colère augmente si l’enfant ne perc¸oit pas la violence comme menac¸ante (Fig. 1). Dans le même sens, quand la violence s’intensifie, le score du symptôme de dissociation s’amplifie, lorsque l’enfant a une faible perception de la menace (Fig. 2). 5.3. Analyse de l’effet modérateur du sentiment de blâme Nous avons également analysé l’effet modérateur du sentiment de blâme de l’enfant entre l’exposition à la violence conjugale et les cinq symptômes de stress post-traumatique. Il apparaît que l’effet des caractéristiques du conflit sur le symptôme de stress post-traumatique semble varier selon le

Tableau 2 Matrice de corrélation entre les variables étudiées. Variables 1. Violence conjugale selon l’enfant 2. Violence conjugale selon la mère 3. Menace 4. Blâme Symptômes de stress post-traumatique 5. Anxiété 6. Dépression 7. Colère 8. Stress post-traumatique 9. Dissociation *

1.

2.

3.

0,32* 0,72** −0,13

0,39** −0,29*

−0,01

0,34* 0,23 0,23 0,23 0,11

0,01 −0,18 −0,04 −0,16 −0,08

0,29 0,24 0,10 0,23 0,04

4.

5.

6.

7.

8.

0,13 0,45** 0,31* 0,21 0,24

0,69** 0,26 0,76** 0,56**

0,44** 0,71** 0,67**

0,32* 0,51**

0,71**

p ≤ 0,05 ; ** p ≤ 0,01.

Pour citer cet article : Paul O, Zaouche Gaudron C. Perception de la menace, sentiment de blâme et symptômes de stress post-traumatique de l’enfant exposé à la violence conjugale. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2017.03.008

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Fig. 1. Effets d’interaction entre les caractéristiques du conflit et la perception de la menace sur le symptôme de la colère.

sentiment de blâme de l’enfant (β = −0,28, t[45] = −1,93 ; p < 0,05). Lorsque l’enfant se sent responsable de la violence, plus la violence devient fréquente et sévère, moins il rapporte manifester de stress post-traumatique (Fig. 3). 6. Discussion L’objectif de cette étude était d’analyser si les représentations de la violence, la perception de la menace et le sentiment de blâme, des enfants exposés à la violence conjugale ont un effet sur la relation entre l’exposition à la violence conjugale et les symptômes de stress post-traumatique. Dans un premier temps, nous supposions que le degré d’exposition à la violence conjugale, évaluée par la mère et par l’enfant, auraient une influence sur la perception de la menace et le sentiment de blâme de l’enfant. Cette hypothèse n’est que partiellement validée. En

Fig. 2. Effets d’interaction entre les caractéristiques du conflit et la perception de la menace sur le symptôme de dissociation.

7

Fig. 3. Effets d’interaction entre les caractéristiques du conflit et le sentiment de blâme sur le stress post-traumatique.

effet, l’évaluation de la violence conjugale, selon la mère, prédit bien la perception de la menace élevée de l’enfant. Toutefois, contrairement à nos hypothèses, la fréquence et la sévérité de la violence n’est associée qu’à un faible sentiment de blâme de l’enfant. Bien que surprenant dans la mesure où aucune autre étude ne rapporte un tel effet, nous émettons l’hypothèse que les enfants parviennent à identifier le cycle de la violence et à en reconnaître les déclencheurs et à se déculpabiliser [19]. Un mécanisme de défense lié au déni et/ou une protection en raison de la sidération due à la récurrence de la violence pourrait aussi être activé. Il faut également souligner que les enfants de notre échantillon étaient dans des structures protégées (CHRS) ce qui leur aura peut-être permis de se sentir moins coupables de la situation antérieure malgré l’intensité de la violence. En revanche, lorsque la violence est moins fréquente, et donc moins prévisible, l’enfant pourrait davantage se percevoir comme responsable de son déclenchement. Lors des passages à l’acte violents, il arrive que les enfants soient aussi violentées après leur mère [38]. Les enfants du fait des difficultés à identifier un cycle et des déclencheurs peuvent se sentir d’autant plus coupables qu’ils sont aussi maltraités directement. Il semble également que l’évaluation de violence conjugale selon l’enfant ne soit associée qu’à la perception de la menace et non au blâme comme nous l’envisagions. Fortin et al. [39] tout comme Doucet et Fortin [40] ont également trouvé des résultats similaires. Ainsi, le degré d’exposition à la violence conjugale qu’il soit évalué par la mère ou par l’enfant, a un effet sur la perception de la menace de l’enfant mais pas sur le blâme. Dans un second temps, nous avons fait l’hypothèse que l’interprétation des enfants concernant la violence conjugale, à travers la perception de la menace et le sentiment de blâme, les conduirait à manifester davantage de symptômes de stress post-traumatiques. Cette hypothèse n’est pas non plus totalement vérifiée. En effet, les analyses réalisées concernant la perception de la menace ne révèlent aucun lien direct avec les symptômes de stress post-traumatique contrairement aux résultats obtenus par Fortin et al. [39]. Jouriles et al. [27] ont indiqué

Pour citer cet article : Paul O, Zaouche Gaudron C. Perception de la menace, sentiment de blâme et symptômes de stress post-traumatique de l’enfant exposé à la violence conjugale. Neuropsychiatr Enfance Adolesc (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2017.03.008

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que l’évaluation de la menace par les enfants était corrélée positivement à leurs difficultés intériorisées. Bien qu’une différence existe entre les difficultés intériorisées et les symptômes de stress post-traumatique, certains symptômes sont tout de mêmes similaires comme l’anxiété et la dépression. Pour ce qui concerne le sentiment de blâme de l’enfant il prédit, dans notre étude, la présence de la dépression et de la colère, deux des cinq symptômes de stress post-traumatique. Les études de Fosco et Grych [41] et de Ulu et Fisiloglu [25] retrouvent le lien avec la dépression mais pas avec celui de la colère. Nous pouvons supposer que les enfants nourrissent de la colère envers eux-mêmes pensant être la cause de cette situation. Lessard et Paradis [42] indiquent que ces enfants sont massivement envahis par des émotions de colère et de rage, et qu’ils peuvent osciller entre la culpabilité pour la violence et l’utilisation de l’agressivité dans leurs relations interpersonnelles. Enfin, notre dernière hypothèse postulait le rôle modérateur de la perception de la menace et du sentiment de blâme sur la relation entre la violence conjugale et les symptômes de stress post-traumatique de l’enfant. Une nouvelle fois cette hypothèse n’est qu’en partie validée. Tout d’abord, la perception de la menace n’est modératrice que sur la relation entre le degré d’exposition à la violence conjugale et deux des symptômes de stress post-traumatique, à savoir la colère et la dissociation. La perception de la menace a principalement été identifiée comme une variable médiatrice, même si les études portaient sur l’adaptation socio-affective des enfants [4,9] et non sur les symptômes de stress post-traumatique. Seule l’étude de El-Sheikh et Harger [43] a permis de noter l’effet modérateur de la perception de la menace. Lorsque la violence conjugale devient sévère et fréquente, les symptômes de la colère et de dissociation augmentent seulement si l’enfant ne perc¸oit pas la violence comme menac¸ante. Nous pouvons dès lors supposer que le fait de ne pas percevoir la violence comme menac¸ante, permet à la colère et la dissociation de s’exprimer alors que lorsque la menace est perc¸ue par l’enfant ces symptômes pourraient être inhibés. Pour autant, le fait de ne pas percevoir la violence comme une menace malgré la récurrence et l’intensité de la violence conduit à accentuer certains symptômes et peut être identifiée comme un facteur de risque dans le développement socio-affectif de l’enfant. L’étude de Hagan et al. [44], portant spécifiquement sur la dissociation chez des enfants ayant vécu un traumatisme, dont l’exposition à la violence conjugale, note qu’une dissociation maternelle importante était liée à une plus grande dissociation chez l’enfant. Cet aspect de la psychopathologie maternelle, rarement identifié dans les travaux, devrait être pris en compte dans les futures recherches. En ce qui concerne le sentiment de blâme, il apparaît modérateur dans la relation entre le degré d’exposition à la violence conjugale selon l’appréciation de l’enfant et le symptôme de stress post-traumatique. Ainsi, lorsque la violence conjugale est fréquente et sévère, le score au symptôme de stress post-traumatique baisse lorsque l’enfant se sent coupable de la violence conjugale. Il est plausible de considérer que les sentiments de blâme et de culpabilisation de l’enfant puissent freiner l’apparition des symptômes de stress post-traumatique. Il semble aussi que la majorité des recherches [4,39] indiquent plutôt un effet médiateur du sentiment de blâme

plutôt qu’un rôle modérateur. Pour autant, il n’est pas possible d’envisager les sentiments de blâme et de culpabilisation comme des facteurs protecteurs même s’ils freinent les symptômes de stress post-traumatique. Notons pour terminer que notre étude n’échappe pas à certaines limites. La taille restreinte de notre échantillon, composé de 46 enfants, nécessite de la prudence dans l’interprétation des résultats. Les recherches sur des problématiques si complexes sont encore difficiles à réaliser en France, cette population étant particulièrement protégée, l’accès aux structures spécialisées constitue souvent un défi et requiert du temps pour travailler en étroite collaboration avec les professionnels. La seconde limite concerne le fait que nous n’avons rencontré que des enfants et leurs mères accueillis dans des CHRS limitant la portée de nos résultats en l’absence de comparaison avec des enfants vivant toujours en contexte, au sein du foyer familial violent comme avaient pu le faire Savard et Zaouche Gaudron [1]. Enfin, les futures recherches devraient envisager une approche longitudinale afin d’apprécier le caractère évolutif du développement des enfants exposés à la violence conjugale. Il apparaît également nécessaire d’approfondir les études afin de mieux apprécier les facteurs pouvant être appréhendés comme protecteurs ou à risque. Nos résultats amènent également une réflexion dans le cadre des pratiques d’intervention auprès des enfants exposés à la violence conjugale. Les pratiques professionnelles auprès de ces enfants doivent absolument tenir compte de la situation potentiellement traumatique que représente l’exposition à la violence conjugale [24]. De plus, la perception que l’enfant a de la violence, quant à sa fréquence et sa sévérité s’avère importante à travailler avec ces enfants afin de réduire leurs symptômes. C’est pourquoi, un travail sur la définition de la violence, de son cycle peut constituer un axe à développer auprès d’eux. Les prises en charge auprès de ces enfants pourraient également s’appuyer sur les croyances relatives à la menace que constitue la violence conjugale ainsi que les croyances quant à la responsabilité de l’enfant dans son apparition. Quoi qu’il en soit, le travail auprès de ces enfants doit avant tout prendre en compte leur point de vue sur la situation de violence conjugale. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Savard N, Zaouche Gaudron C. Violence conjugale, stress maternel et développement de l’enfant. Can J Beh Sci 2013;216:225–46. [2] Paul O [Thèse de Doctorat] Le développement socio-affectif des enfants exposés à la violence conjugale : une approche de la sécurité émotionnelle. Toulouse: Université Toulouse Jean-Jaurès; 2015. [3] Fédération Solidarité Femmes. Analyse globale des données issues des appels au « 3919 – Violences Femmes Info ». Document de synthèse de la Fédération nationale Solidarité Femmes; 2014. [4] Fortin A. Le point de vue de l’enfant sur la violence à laquelle il est exposé. Subvention du Fonds de recherche sur la société et la culture (FQRSC). Rapport final. Montréal, Qc: Département de Psychologie et Centre de Recherche Interdisciplinaire sur la Violence Familiale et faite aux Femmes, Université de Montréal; 2005.

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