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4 e Se´minaire scientifique de Pharmaco-e´pide´miologie / Revue d’E´pide´miologie et de Sante´ Publique 57S (2009) S80–S85
médicaments dirigés dans leur conceptualisation contre une cible. Le bévacizumab, anticorps anti-VEGF, a initialement obtenu une AMM en France pour le traitement du cancer colorectal (CCR) en janvier 2005. Peu d’études ont été menées pour décrire l’utilisation du bévacizumab en situation réelle de soins. Cette étude ETNA va permettre entre autres de décrire les différentes populations de patients traités par bévacizumab et, notamment, de donner les caractéristiques des patients atteints d’un cancer colorectal qui initient ce type de traitement. Me´thode.– ETNA est une cohorte observationnelle interrégionale (Aquitaine, Limousin, Midi-Pyrénées, Normandie, PACA) menée avec la participation de réseaux de cancérologie régionaux (RCA, Oncomip) auprès de 30 centres ayant inclus des patients traités par bévacizumab de janvier 2006 à décembre 2007, identifiés via les registres de délivrances nominatives des pharmacies hospitalières. Re´sultats.– Au total, 1520 patients débutant un traitement par bévacizumab ont été identifiés et inclus dans la cohorte. À ce jour, les données ont été recueillies pour 1178 patients. Le bévacizumab est utilisé pour le CCR dans 756 cas (64,2 %) avec un sex-ratio H/F de 1,4, un âge médian de 64 ans (min. : 22 ; max. : 89). Parmi eux, 751 patients sont métastatiques (CCRm). Pour les CCRm, le bévacizumab est utilisé dans 52,6 % des cas en premier ligne de traitement, 30,1 % en deuxième ligne, 8,4 % en troisième ligne et 6,4 % en quatrième ligne ou plus. Les autres indications sont : certaines pathologies ophtalmiques (22,2 %), le cancer du sein (8,9 %), le cancer du rein (2,3 %), le cancer du poumon (1,4 %), d’autres cancers digestifs (0,5 %) et d’autres cancers (0,5 %). Conclusion.– L’analyse préliminaire de la cohorte montre un certain respect de l’AMM, mais également une anticipation de nouvelles indications à venir. Certaines ont par la suite obtenu une AMM dans le cancer du sein, du poumon et du rein. Cependant, l’efficacité et la tolérance du bévacizumab restent à démontrer en ophtalmologie. doi: 10.1016/j.respe.2009.07.046
Plate-forme de pharmacoépidémiologie en cancérologie A. Fourrier-Re´glat a,b,c, A. Ravaud c, D. Smith c, M. Rouyer a,b, A. Grelaud a,b, N. Moore a,b,c a Inserm CIC 0005 pharmacoépidémiologie, Bordeaux, France b Université Victor-Segalen, Bordeaux, France c CHU de Bordeaux, Bordeaux, France Objectifs.– La pharmacoépidémiologie a pour objectifs l’évaluation en situation réelle de soins des conditions d’utilisation, des effets adverses ou bénéfiques des médicaments. L’unité Inserm CIC 0005 pharmacoépidémiologie du service de pharmacologie au CHU de Bordeaux a développé une expertise dans ce domaine pour de nombreuses thérapeutiques et plus récemment en cancérologie pour évaluer notamment les effets en vie réelle des thérapies ciblées. Les objectifs sont de décrire les modalités d’utilisation des médicaments étudiés, d’évaluer le devenir des patients en termes de taux de survie globale et sans progression pour ensuite comparer ces résultats à ceux des études pivots ayant conduit à l’Autorisation de mise sur le marché. Me´thode.– Les études mises en place sont des cohortes observationnelles pouvant cibler un médicament, les patients traités sont alors identifiés par l’intermédiaire des registres de délivrances nominatives des pharmacies hospitalières ou à partir des médecins prescripteurs quand il s’agit de médicaments délivrés en ville. Des études de cohortes ont également été mises en place en incluant des patients atteints d’un type de cancer donné afin de décrire et de comprendre les modalités de leur prise en charge. Les données nécessaires pour l’étude sont recueillies à partir des dossiers médicaux par des attachés de recherche clinique expérimentés et/ou par l’intermédiaire d’autoquestionnaires remis aux patients. Ces données concernent l’indication, les caractéristiques des patients traités, les modalités d’utilisation du médicament (traitement associé, dose, nombre et caractéristiques des cures). Les principaux éléments d’évolution du cancer (survie globale et sans progression) sont recueillis selon des critères les plus simples et les plus robustes possible. Re´sultats.– La plateforme gère actuellement cinq études en cancérologie digestive, hématologique et rénale ce qui représente un total de 1479 patients
suivis. Nous présenterons de fac¸on plus détaillée la méthodologie de ces études et les difficultés rencontrées à l’aide d’exemples. Conclusion.– Cette évaluation après la commercialisation des médicaments va permettre de vérifier que les effets prédits par les essais cliniques sont retrouvés et identifier les caractéristiques pouvant expliquer d’éventuelles différences avec ceux observés dans la vraie vie. doi: 10.1016/j.respe.2009.07.047
Sirius : étude cas-témoins multicentrique franc¸aise sur les médicaments et leurs posologies chez les plus de 65 ans en cas de forte chaleur A. Sommet a,b, M. Lapeyre-Mestre a,b, A. Castot c, J.-L. Montastruc a,b EA 3696, université Paul-Sabatier, Toulouse, France b CHU de Toulouse, Toulouse, France c Service de l’évaluation, de la surveillance du risque et de l’information sur le médicament, Afssaps, Saint-Denis, France a
Objectifs.– Deux vagues de chaleur exceptionnelles sont survenues en France au cours des étés 2003 et 2006. L’une des recommandations éditées après la canicule de 2003 concernait la nécessité de contrôler la fonction rénale des patients âgés en cas de forte température extérieure, afin de pouvoir adapter la posologie de certains médicaments à risque. Une étude précédente à partir de la Base nationale de pharmacovigilance a montré que les diurétiques représentaient la classe pharmacologique la plus souvent impliquée dans les effets indésirables médicamenteux liés à la chaleur au cours de l’été 2006. Dans l’étude Sirius, nous avons voulu évaluer en conditions réelles l’implication des médicaments dans les effets indésirables liés à la chaleur et discuter l’application des recommandations citées. Me´thode.– Sirius a été effectuée à partir de cas identifiés comme des patients de plus de 65 ans hospitalisés pour hyperthermie ou coup de chaleur dans les services d’urgence ou de gériatrie des CHU de Toulouse, Marseille et Besanc¸on entre le 1er juillet et le 31 août 2007. Si possible, deux témoins étaient appariés par cas selon le genre, l’âge, la ville et la date d’inclusion : un témoin hospitalier et un témoin communautaire recruté par le biais du médecin traitant du cas index. Nous avons comparé les caractéristiques sociodémographiques, les médicaments, la mesure de la clairance de la créatinine dans le mois précédent l’inclusion et les éventuelles adaptations de posologie selon la fonction rénale. Nous avions calculé un effectif nécessaire de 150 cas et de 300 témoins. Re´sultats.– Aucune période de canicule n’est survenue au cours de l’été 2007. Cependant, nous avons effectué une étude de faisabilité incluant 36 cas et 51 témoins, sans différence en termes d’âge (moyenne 84,3 ans) ou de genre (sex-ratio H/F : 0,81). Les cas comme les témoins provenaient majoritairement de leur domicile (63,2 %). Les cas prenaient plus de médicaments que les témoins 4,3 vs 3,9, p < 0,001). Les diurétiques, les antiagrégants plaquettaires, les sartans, les bêtabloquants et les inhibiteurs de la pompe à protons représentaient les médicaments les plus utilisés. Les cas consommaient plus fréquemment que les témoins des neuroleptiques (3,6 % vs 0,5 %, p = 0,007). Au cours du mois précédent l’inclusion, la mesure de la clairance de la créatinine n’était disponible que pour deux cas (61,8 et 37,3 ml/min) et pour aucun témoin. Les posologies médicamenteuses étaient adaptées à la fonction rénale pour seulement un cas et deux témoins. À l’inclusion, la clairance de la créatinine était évaluée pour 12 patients (moyenne : 31,6 ml/min), et trois fois plus élevée chez les cas ( p < 0,001). Conclusion.– L’impossibilité d’anticiper les conditions météorologiques représente la principale difficulté de cette étude. Une autre difficulté provenait du recrutement des témoins communautaires en contactant des médecins de ville au cours d’une période d’été, propice aux congés et aux remplacements. Une troisième difficulté résidait dans le recueil de données biologiques : pour la majorité des patients, nous n’avons pas pu déterminer si la posologie était adaptée à la fonction rénale par manque d’information sur la clairance de la créatinine. doi: 10.1016/j.respe.2009.07.048