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Plus le temps file, plus les articles s’empilent Timothy Rowe, MBBS, FRCSC, FRCOG Rédacteur en chef
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ous nous faisons beaucoup de soucis au sujet des souhaits des lecteurs du JOGC. Nous nous en faisons car nous devons anticiper, année après année, ce que les lecteurs souhaiteront lire, puisque l’efficacité d’une revue scientifique tient au fait qu’elle communique efficacement tant avec ses lecteurs qu’avec ses auteurs. Nous nous en faisons car nous ne pouvons jamais être sûrs que les sondages menés auprès du lectorat et que les commentaires adressés à la rédaction nous font réellement part de ce que nous devons savoir. La vérité sous toutes ses facettes ne peut être révélée par une seule étude; de multiples sources de données et de multiples réponses s’avèrent requises pour en obtenir un tableau raisonnablement précis. De multiples sondages menés auprès du lectorat nous indiquent que les lecteurs du JOGC : 1. souhaitent obtenir une source d’information intégrée; 2. estiment qu’il est crucial qu’on leur permette de feuilleter le JOGC à leur guise; 3. estiment que la qualité de l’information est importante; et 4. souhaitent en avoir moins à lire (c’est-à-dire qu’ils préfèrent que l’information leur soit présentée en « capsules »). Le problème, ce que nous faisons face à différents types de lecteurs. Les praticiens, qui sont plongés dans leur travail, souhaitent lire des résumés d’articles concis, et ce, afin de s’assurer de l’actualité de leurs connaissances pratiques. D’un autre côté, les chercheurs et les universitaires souhaitent obtenir des rapports de recherche détaillés qui leur permettront de faire avancer leurs propres explorations. Il y a aussi des lecteurs dont les besoins se situent entre ces deux pôles. Nous ne voulons pas répondre exclusivement aux besoins d’un type particulier de lecteurs, et ce, en raison de nos responsabilités élargies à titre de « porte-parole officiel ». La fonction de « porte-parole officiel » est susceptible de revêtir différentes formes au cours des années à venir, au fur J Obstet Gynaecol Can, vol. 32, n° 2, 2010, p. 111–112
et à mesure de l’expansion et de la simplification des outils de dissémination de l’information. De plus en plus, une revue n’est plus seulement qu’une revue; il s’agit plutôt d’une marque et d’un site Web. À l’ère du numérique, la consultation de renseignements s’effectue plus couramment devant l’ordinateur que par une visite à la bibliothèque; toutefois, il est possible que les professionnels de la médecine n’agissent de la sorte que dans une moindre mesure, par comparaison avec les chercheurs universitaires. Une étude menée auprès de chercheurs universitaires aux États-Unis a indiqué que, en 2005, près de 60 % des articles scientifiques lus provenaient d’une source électronique, plutôt que d’une source papier, et ce, bien que 80 % des abonnements personnels aient toujours eu pour objet une revue en format papier1. Cette étude a constaté que, du milieu des années 1990 à 2005, bien que le nombre moyen d’articles lus soit passé de 188 à 280, le temps moyen de lecture d’articles est simultanément passé de 47 minutes à 31 minutes. Il semble que, afin de nous tenir au fait des dernières percées de la recherche, nous soyons enclins à lire beaucoup plus d’articles et à y consacrer beaucoup moins de temps. Ainsi, les articles doivent devenir plus efficaces pour ce qui est du transfert de l’information requise au lecteur. Cette hausse d’efficacité peut s’effectuer de nombreuses façons différentes. L’amélioration de la mise en page des articles constitue une voie possible : la maison d’édition Elsevier mène depuis un certain temps des expériences portant sur ce qu’elle appelle « l’article du futur » (dans le cadre duquel le texte de l’article est séparé en sections distinctes2); elle a également mis à l’essai l’utilisation d’un outil de recherche qui identifie les protéines, les petites molécules et les gènes mentionnés dans les articles, et génère des fenêtres contextuelles contenant des renseignements pertinents et des liens supplémentaires3. Peu importe si les lecteurs estiment que ces initiatives sont utiles ou contrariantes, elles sont tout de même susceptibles de mener à la modification de la présentation des articles de revue scientifique, et ce, en raison du fait que Elsevier publie près de 2 000 revues scientifiques; force est de constater qu’elle exerce une certaine influence sur ce que font les autres maisons d’édition. FEBRUARY JOGC FÉVRIER 2010 l
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L’amélioration de la conception d’une revue et de son site Web en vue d’en rehausser la lisibilité et la mise d’un accent particulier sur des points clés constituent une autre stratégie évidente visant l’amélioration de l’efficacité. La facilitation de l’accès aux articles constitue une étape importante en ce sens. Un rapport de 2008 à ce sujet a indiqué qu’une table des matières « attirant l’attention » sur certains articles et que les recherches dirigées étaient les voies les plus couramment utilisées par les lecteurs pour obtenir un article particulier4. Toutefois, les citations par d’autres auteurs et (ce qui a piqué ma curiosité) les « choix du rédacteur en chef » sont deux autres voies dont l’utilisation a connu une hausse considérable entre 2005 et 2008. Il semble que les lecteurs soient disposés à se prévaloir de toute l’aide offerte afin de trouver les articles comptant l’information dont ils ont besoin, et ce, malgré la pléthore de stratégies de recherche disponibles. Par dessus tout, nous comprenons que nos lecteurs ne peuvent nous accorder qu’un temps limité et qu’ils doivent faire face à de nombreuses distractions; ainsi, notre tâche est de capter leur attention et de la conserver. En ce sens, le titre d’un article et son résumé représentent manifestement les parties les plus importantes d’un article, puisque si ces composantes ne parviennent pas à capter l’attention des lecteurs, ces derniers sont déjà disposer à passer à autre chose. La lisibilité d’un article revêt une importance cruciale. Au sein d’une revue médicale, la langue utilisée sera naturellement plus complexe que celle qui est utilisée dans les quotidiens; cependant, nous devons nous assurer qu’elle
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ne devienne pas ampoulée. De toute évidence, notre objectif est de faire en sorte que le JOGC devienne de plus en plus accessible, attrayant et lisible. Le fait de diriger l’attention des lecteurs au moyen des « choix du rédacteur en chef » soulève un problème de taille, puisque cela laisse entendre que certains articles sont moins importants que d’autres; rares sont les auteurs qui affirmeront que ce qu’ils écrivent n’est pas important. L’objectif de notre quête perpétuelle est de trouver des façons de fournir le maximum d’information aux lecteurs le plus rapidement possible et en utilisant le texte le plus court possible. L’information en « capsules »… un concept attrayant, n’est-ce pas? RÉFÉRENCES 1. Tenopir C, King DW. « Electronic journals and changes in scholarly article seeking and reading patterns », D-Lib magazine, vol. 14, 2008, p. 11/12. Disponible à : http://www.dlib.org/dlib/november08/ tenopir/11tenopir.html. Consulté le 6 décembre 2009. 2. Hochstim C, Deneen B, Lukaszewicz A, Zhou Q, Anderson DJ. « Identification of positionally distinct astrocyte subtypes whose identities are specified by a homeodomain code », Cell, vol. 133, 2008, p. 510–22. Disponible à : http://beta.cell.com/hochstim. Consulté le 6 décembre 2009. 3. Genander M, Halford MM, Xu N-J, Eriksson M, Yu Z, Qiu Z, et al. « Dissociation of EphB2 signaling pathways mediating progenitor cell proliferation and tumor suppression », vol. 139, 2009, p. 679–92. Disponible à : http://www.cell.com/fulltext/S0092–8674(09)01188-X. Consulté le 6 décembre 2009. 4. Inger S, Gardner T. How readers navigate to scholarly content. White Paper research funded by MetaPress, National Academy of Sciences, Annual Reviews, Nature Publishing Group, 2008. Disponible à : http://www.sic.ox14.com/ howreadersnavigatetoscholarlycontenhttp://t.pdf. Consulté le 6 décembre 2009.