Présence massive de substance de groupe A dans le sérum en relation avec un kyste de l'ovaire

Présence massive de substance de groupe A dans le sérum en relation avec un kyste de l'ovaire

T r a n s f u s i o n . T. X. N ° 4. - - 1967 373 Prfsence massive de substance de groupe A dans le sfrum en relation avec un kyste de l'ovaire par ...

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T r a n s f u s i o n . T. X. N ° 4. - - 1967

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Prfsence massive de substance de groupe A dans le sfrum en relation avec un kyste de l'ovaire par Y. DELMAS-MARSA,LET, G. ,CHATEAU et M. GOU:DEMA~D*

pr6se~ce clans 'les d:i¢erses s6cr6tions de l'organisme de substances L Ahydrosolubles ABH chez les sujets s6cr6teurs est un fait bien 6tabli. Oans le s6rum, ces substances sont habituellement en quantit6 tr~s faible. Par contre, eertains kystes mucoides de l'ovaire sont tr~s riches en substances de groupe (.el. KAaAT [5]). Le passage de ces mueopolysaecharides en quantit6 massive dans le s6rum petit exceptionnellement 6tre responsable de difficuh6s de groupage [1-4, 6, 8-10]. C'est ,cependant une 6ventuMit6 qu'il convient de .se rappeler puisqu'elle est susceptible d'amener .la d6couverte d'une tumeur jusqu'alors m6connue. OBSERVATION CLINIQUE M'me B..., fig6e de 59 ans, est hospitalis6e h la suite d ' u n aecident de la route. Elle s o u f f r e de quelqlres b l e s s u r e s sans gravit6 et p r 6 s e n t e p a r ailleurs u n 6tat d e sant6 tout h fait satisfaisant. Des difficult6s de gron.page a y a n t 6t6 observ6es, u n 6 e h a n t i l l o n de s a n g est adress6 a u l a b o r a t o i r e d u C. R. T. S. N o u s i n d i q u e r o n s * Centre r6gional de T r a n s f u s i o n sanguine, Institut Pasteur de Lille (Directeur : Pr, Ch, GE~NEZ-I~IE~X).

Y. DELMAS.M~4RS~4LET et colIab.

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ult~rieurement les r6sultats de l'6tude qui a ~t6 faite, lesquels nous ont permis de penser que la malade pouvait ~tre porteuse d'un kyste muco~de de l'ovaire. Or, rexistence d'une te]le tumeu,r n'avait jamais ~t6 ~voqu6e ehez cette malade. Un examen gyn6cologique est alors pratiqu6 ~ notre demande : il montre qu'effectivement cette fernme est porteuse d'un volumineux kyste de rovaire. I/intervention chirurgtcale propos6e a jusqu'~ pr6sent 6t~ refus6e.

EXAMENS IMMUNOLOGIQUES 1. - - ~CONSTATATIONS INITIALES LORS BU GROUPAGE. 'Cette d~termination, faite dans les conditions techniques habituelles ($preuve direete sur plaque avee sSrums anti-A, anti-A~-B et a n t i - H ; contre 6preuve en tube vis-a-vis d'hSmaties A, B et OR1R2) donne les r~snltats suivants : ,Les h~maties, agg]utin6es par ~le s6rum anti-H, n e le sont pas par ]es s~rums anti-A et anti-B, par contre avec le sSrum anti-A~-B, on observe une agglutination faib]e r~a]isant une image de double population. E n contre 6preuve, seu]s ]es globules B sont agglutin6s. 2. ~

VERIFICATIONS DU GBOUPE.

~D'autres 6preuves sont r6alls~es qui permettent d'$tablir qu'il s'agit bien d'un groupe sanguin A normal : En effet, lorsque l'~preuve directe est r~alis~e en tube avee les h~maties lav6es, il apparalt une agglutination tr~s nette avec les s$rums-tests ant-A et anti-A-}-B, ce qui permet de eonelure ~ un groupe A (en 'l'oceurrence A2 aprSs emploi des s~rums anti A1 et anti H ) . La pr6senee de l'antig~ne A sur les h6maties est confirm6e par une 6preuve de fixation-$1ution de s6rum anti-A qui est tr~s nettement positive. L'6tude de la salive de la malade m o n t r e la presence de substance hydrosoluble A. P a r ailleurs, la sp6cificit6 anti-B de l'antieorps s~rique a ~t$ v~rifiSe sur plusieurs ,~chantillons d'h6maties B et la recherche des anticorps irrSguliers vis-a-vis d'un panel d'h6maties est nSgative. 3. ~ DE GROUPE

PRI~SENCE DANS LE S]~RUM D'UNE SUBSTANCE HYDROSOLUBLE

A.

~II semble donc exister dans le s~rum de Mine B .... une substance inhibitriee de ,ranticorps anti-A: ainsi le s~rum-test anti-A, lors de l'6preuve directe, est inhib$ par les traces de sSrum de la malade.

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SUBSTANCE DE GROUPE A DANS LE SI~RUM

Cette inhibition est constante avec tous les sSrums anti-A. Elle est sp~cifique : aucun s6rum prSsentant tree autre .sp6cificit6 n'est inhib6. La malade ayant re~u pr6alablement au pr61~vement sanguin des injections d'une m6diealion riche en mucopolysaccharides (alpha.mucase) nous avons v~rifi~ que ce produit n'est pus en cause; en fait, i.1 n'a, m~me ~ doses suprath6rapeutiques, aucune action inhibitrice de l'anticorps anti-A.

TASLEAU I

Inhibition d'un s~rum anti-A par diff4rentes dilutions clans de l'eau physiologique du sdrum de Mine B... : le m4lange ~ volume dgal des deux s~rums est testd sur plaque vis-a-vis d'h4maHes A1.

Dirumludeti°du nss IPurI1/2I1/4l~l 1/1~11ff./31/6~ ~ ]~/~2~1/256 Mme B...

Agglutination d e s - - ~ ' - i - - ~ 1 - - ~ - h~maties A1 _ _

+++

L'inhibitlon d'un sSrum,test anti-A, puissant par le sSrum de la malade est i m p o r t a n t e : h volume 6gal, le m61ange de ees deux s6rums n'a aucune activit6 agglutinante en milieu salin vi.s-h,vis d'h6maties A1 ; l'agglutination est encore faible lorsque le m61ange cornporte une dilution ~ 1/1'6 du s~rum de la malade ,(Tablea,u I). La substance A sarique 6tudi6e p oss~de les m~mes propri6t.$s inhibitri,ces que les substances A d'origine salivaire ou animale (substances de Witebsky) ; seuls tes anticorps dits immuns d6cel6s par la r~aetion de Coombs indirecte persistent. (Tab,lea:u II).

COMMENTAIRES Les r4suhats expos6s ei-dessus permettent de eonc,lure h la pr6sence, chez une malade .de groupe A e t s6cr~trice, de substance hydrosoluble de sp~cificit6 A en grande .quantit6 dans le s6rum et expliquent les incertitudes des r6suhats lors du groupage ,standard. Ceei pourrait constituer une cause d'erreur, trbs inhabituelle, de groupage sanguin. E n effet, les r6actions constat6es darts les conditions standard du groupage 6voquent un ph6notype A faible ; la po~itivit6 des 6preuves de fixation-61ution pourrait ~tre consid~r6e comme une confirmation d'un tel ph~notype si l'.attention n'6tait pas attir6e par les faits suivants : les h6maties lav6es sont agglutinSes avec une in-

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Y. D E L M A S - M A R S A L E T et collab,

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SUBSTANCE DE GROUPE A DANS LE SI~RUM

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tensit6 n o r m a l e ; l'absori0tion d ' u n s6rum anti-A p a r les h6maties du sujet est aussi i m p o r t a n t e que eelle r~alis6e p a r des h6maties A normales ; de m ~ m e r 6 1 u a t d ' u n s 6 r u m anti-A fix6 sur les hSmaties test6es a u n e activit6 agglutinante aussi i m p o r t a n t e q u e l'61uat du m ~ m e sSrum anti-A, recueilli apr~s f i x a t i o n sur des h6maties A normales. ~Ceci p e r m e t d o n c de c o n c l u r e ~ u n antigone A q u a l i t a t i v e m e n t et q u a n t l t a t i v e m e n t , n o r m a l . Q u a n t ~ la substance h y d r o s o l u b l e sSrique, nous avons vu qu'elle pr6sente des propri~t6s identiques ~ celles des substances salivaires on animales c o m m e F o n t rapport~s d ' a u t r e s auteurs [5-6]. Elle i n h i b e t o t a l e m e n t l'activit6 des anticorps naturels laissant intacte celle des antieorps i m m u n s . P a r m i les treize eas analogues clue nous avons rctrouv6 clans la litt6rature, c i n q 6taient en relation avec la pr6sence de ]~ystes m u c o i d e s de r o v a i r e [2, 3, 6, 9]. C'est p o u r q u o i , n o u s avions sugg6r$ l ' h y p o t h ~ s e ensuite v6rifi6e d ' u n e telle t u m e u r . !Les autres eas cites en r6f6rence, c o n c e r n a i e n t : u n c a n c e r du p a n c r e a s [10], trois cancers de l'estomac [1, 4], deux sujets sains adultes [4, 10] et denx n~)uveau,n~s [ 4 ] . La pr6sence dan.s le s6rum de quantit6s massives de substance de groupe, semble done t6Inoigner le plus s o u v e n t de l'existence d ' u n e tum e u r h ca ract~re g l a n d u l a i r e s6cr~trice de telles substances m u c o p o l y sa~ceharidiques. Ces fairs restent rares et le m 6 c a n i s m e de passage de ces substances, clans ]a circulation, d e m e u r e inexp,liqu~. I1 resterait peut-6tre h r e c h e r c h e r s y s t ~ m a t i q u e m e n t la pr6sence m ~ m e en petites quantit6s, d ' u n e tell e substance au t o u r s de ces affections et plus particuli6rement duns les kystes de Fovaire et les t u m e u r s d6velopp6es aux d6pens de tissus glandulaires. RESUME

Chez une femme en bonne sant6, des difficult6s de groupage sanguin am6nent la d6couverte de substance hydrosoluble A en grande quantit6 duns le s6rum. Les donn6es de la litt6rature sugg6rant la possibilit6 d'un kyste de l'ovaire, un examen gyn6cologique est pratiqu6, qui r~v~le la presence d'une telle tumeur, jusque l~ ignor6e. BIBLIOGRAPHIE [1] BARBERM. et DUNSVORB I. - - Excess blood group substance A in serum of patient dying with carcinoma of stomach. - - Brit. med. J., 1959, 1 : 607. [2] FRVAESLEBENE., KISS~rEyER-NzELSEN F., CHRZSTENSENJ., I~.G. et KNUDSEN E.E. - - Excessive content of blood group substance in serum from patients with ovarian cysts. - - Vox Sang., 1961, 6 : 304.

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Y. D E L M A S . M A R S A L E T et collab.

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