Journal de Gyn´ ecologie Obst´ etrique et Biologie de la Reproduction (2011) 40, 812—817
Disponible en ligne sur
www.sciencedirect.com
GROSSESSE PROLONGÉE ET TERME DÉPASSÉ
Prise en charge pédiatrique du nouveau-né post-terme Management of post-term neonates E. Lopez Service de médecine néonatale de Port-Royal, groupe hospitalier Cochin—Broca, Hôtel-Dieu, AP—HP, 123, boulevard de Port-Royal, 75014 Paris, France Disponible sur Internet le 5 novembre 2011
MOTS CLÉS Nouveau-né post-terme ; Asphyxie périnatale ; Syndrome d’inhalation méconiale ; Traumatismes obstétricaux ; Hypoglycémie
KEYWORDS Post-term neonates; Perinatal asphyxia; Meconium aspiration syndrome;
Résumé Objectif. — Décrire les modalités de prise en charge du nouveau-né post-terme. Méthode. — Recherche bibliographique effectuée par consultation de la banque de données PubMed, les recommandations HAS et les recommandations des sociétés savantes internationales. Résultats. — L’équipe prenant en charge les nouveau-nés post-terme en salle de naissance doit être en mesure de savoir pratiquer une réanimation du nouveau-né dans un contexte d’asphyxie périnatale ou de liquide amniotique méconial, selon les recommandations internationales de l’ILCOR 2010. Le nouveau-né post-terme macrosome est un enfant à risque d’hypoglycémie. La prise en charge de l’hypoglycémie des nouveau-nés post-terme ne diffère pas de celle des autres nouveau-nés. L’examen clinique initial du nouveau-né post-terme macrosome devra rechercher systématiquement une paralysie du plexus brachial ou une fracture de la clavicule. Une surveillance de la numération formule sanguine pourra être réalisée chez les nouveau-nés postterme symptomatiques. Les nouveau-nés post-terme doivent être suivis en consultation dans le cadre d’un réseau de suivi des nouveau-nés à risque en cas de pathologie associée : hypotrophie, macrosomie, encéphalopathie anoxo-ischémique ou de milieu social défavorisé. Conclusion. — Les nouveau-nés post-terme sont des nouveau-nés à risque de complications néonatales en salle de naissance et pendant leur hospitalisation. Les équipes prenant en charge ces enfants doivent être capables de traiter ces complications. Un suivi en consultation, à la sortie de la maternité, sera réalisé en cas de pathologie associée. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Summary Objective. — To estimate the modalities of management of post-term neonates. Methods. — This study is based on PubMed search, Cochrane library and HAS recommendations. Results. — Medical team should be able to provide neonatal resuscitation in delivery room in case of meconium-stained fluid or perinatal asphyxia according to the international guidelines ILCOR 2010. The glycaemia of the post-term newborn with macrosomia should be evaluated.
Adresse e-mail :
[email protected] 0368-2315/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.jgyn.2011.09.010
Prise en charge pédiatrique du nouveau-né post-terme
Obstetric trauma; Hypoglycemia
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The initial clinical examination should search complications such as shoulder dystocia or clavicular fracture. Full blood count should be performed in symptomatic newborn post-term. Developmental assessment should be performed in post-term newborn in case of associated pathology. Conclusions. — The risk of perinatal complications is increased in newborn post-term in delivery room and during hospitalization. Medical team should be able to manage these complications. © 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Introduction Les nouveau-nés post-terme présentent une augmentation du risque de mortalité [1—7] (NP2) et de morbidité néonatale tel que l’inhalation méconiale et l’asphyxie périnatale [8] (NP2). Ces enfants doivent donc être considérés comme des nouveau-nés à risque en salle de naissance, pendant leur hospitalisation et après leur sortie de la maternité en cas de pathologie associée. L’objectif de cette revue est de décrire les modalités de prise en charge du nouveau-né post-terme à la maternité ou en néonatologie pour prévenir les principales complications néonatales et les modalités du suivi à la sortie de la maternité.
Matériel et méthodes Les articles utilisés pour ce chapitre sont ceux qui ont été sélectionnés et analysés dans la question 2bis. Des recherches supplémentaires ont été réalisées concernant la prise en charge des principales complications des nouveaunés post-terme comme l’asphyxie périnatale, l’inhalation méconiale, l’hypoglycémie, la polyglobulie, les traumatismes obstétricaux. Les termes supplémentaires utilisés étaient : postterm infant, perinatal asphyxia, meconium aspiration syndrome, birth trauma, brachial plexus palsy, macrosomia, hypoglycemia, polyglobulia, shoulder dystocia, management. Les références des articles sélectionnés ont été analysées à la recherche d’études pertinentes supplémentaires. Les recommandations des sociétés savantes franc ¸aises (Haute Autorité de santé [HAS], www.hassante.fr/publications) et internationales ont été consultées. Un nouveau-né post-terme est défini par une naissance à un âge gestationnel supérieur ou égal à 42+0 SA. Un nouveauné à terme est défini par une naissance entre 37+0 SA à 41+6 SA. On parle de grossesse prolongée à partir de 41+0 SA (voir question 1, C. Leray).
Prévention de la mauvaise adaptation à la naissance du nouveau-né post-terme Le nouveau-né post-terme est un nouveau-né à risque de mauvaise adaptation à la vie extra-utérine avec une nécessité d’une éventuelle réanimation en salle de naissance. Les modalités de la réanimation en salle de naissance ne diffèrent pas de celles du nouveau-né à terme et doivent suivre les recommandations internationales de l’American Heart Association (AHA), dont la dernière mise à jour réalisée par l’International Liaison Committee on Resuscitation (ILCOR) a été publiée en 2010 [9] (avis d’experts). Le matériel
d’aspiration (sonde d’aspiration, aspiration murale efficace et vérifiée), d’intubation (sonde d’intubation, laryngoscope, pince de Magill), de pose de voie centrale ou périphérique (pack de cathéter veineux ombilical), de médicaments d’urgence (adrénaline, sérum physiologique) doit être vérifié. Une équipe compétente dans la prise en charge du nouveau-né en salle de naissance (pédiatre, anesthésiste ou sage-femme) doit être prête à pratiquer une réanimation si nécessaire ou à pratiquer les premiers gestes dans l’attente de l’arrivée du SAMU. Les recommandations publiées par la HAS sous le titre : « Déclenchement artificiel du travail à partir de 37 semaines d’aménorrhée » concernant le lieu de réalisation du déclenchement ne mentionnaient pas le niveau de la structure spécialisée, mais uniquement la nécessité de la proximité d’une salle de césarienne [10]. L’accouchement en cas de grossesse prolongée (grossesse ≥ 41+0 SA) ou de grossesse post-terme (grossesse ≥ 42+0 SA) pourrait donc avoir lieu dans une maternité de proximité, mais l’équipe en charge de l’enfant devra être en mesure d’assurer la prise en charge d’un enfant nécessitant une réanimation en salle de naissance. Au total, en cas de grossesse prolongée, faute d’études dans la littérature, il n’y a pas d’argument qui puisse justifier l’organisation de la naissance dans une structure spécialisée. L’équipe prenant en charge les enfants en salle de naissance doit être en mesure de savoir pratiquer une réanimation du nouveau-né en salle de naissance selon les recommandations internationales de l’ILCOR 2010 et selon les protocoles élaborés au sein des réseaux de périnatalité (avis d’experts).
Prise en charge de l’encéphalopathie anoxo-ischémique du nouveau-né post-terme Le risque d’asphyxie périnatale est plus important chez les nouveau-nés post-terme que chez les nouveau-nés à terme [3,11] (NP2). La naissance post-terme constitue un facteur de risque d’encéphalopathie anoxo-ischémique (EAI) [12] (NP2). L’EAI est une cause importante de décès ou de séquelles neurologiques [13] (NP3). Le traitement classique des nouveau-nés présentant une EAI (maintien de l’homéostasie hydroélectrolytique et respiratoire, traitement des convulsions et de l’hypotension artérielle) n’a pas d’effet sur le devenir neurologique de l’enfant. L’hypothermie contrôlée du nouveau-né à terme après une asphyxie périnatale assure une neuroprotection. Trois études contrôlées randomisées ont démontré l’efficacité de cette thérapeutique à l’âge de 18 mois. Pour ces trois études, CoolCap [14] (NP1), TOBY [15] (NP1) et NICHD [16]
814 (NP1), l’hypothermie contrôlée diminuait significativement le risque combiné de décès et de séquelles neurologiques majeures et améliorait le taux de survie sans séquelles à l’âge de 18 mois. Le nombre d’enfants nécessaire à traiter était de neuf (IC 95 % 5—25) pour éviter un décès et handicap sévère, de huit (IC 95 % 5—17) pour permettre une survie sans handicap et de 14 (IC 95 % 8—47) pour éviter un décès [17]. L’hypothermie est actuellement recommandée en pratique courante [18,19] (NP1). Les équipes prenant en charge des nouveau-nés post-terme (pédiatre, sage-femme, anesthésiste) devront donc connaître les critères d’inclusion des nouveau-nés dans les protocoles d’hypothermie contrôlée, la prise en charge initiale en salle de naissance et avoir établi un protocole de transfert par SAMU dans une réanimation néonatale si la naissance n’a pas lieu dans une maternité de type 3.
Critères d’inclusion en hypothermie contrôlée Un début précoce de l’hypothermie contrôlée (moins de six heures de vie) semble avoir une efficacité plus grande. Les critères d’inclusion des nouveau-nés dans les protocoles des soins d’hypothermie contrôlée en cas d’EAI sont un âge gestationnel supérieur ou égal à 36+0 SA et un poids de naissance supérieur ou égal à 1800 g, une naissance dans un contexte d’asphyxie périnatale (événement aigu périnatal : décollement placentaire, procidence cordon, anomalies du rythme cardiaque fœtal). Les nouveau-nés doivent présenter au moins un des critères suivants [18,19] : un score d’Apgar inférieur ou égal à 5 à dix minutes après la naissance, une réanimation (intubation endotrachéale ou une ventilation au masque) à dix minutes, une acidose métabolique majeure définie par un pH inférieur à 7,0 au cordon ou sur un gaz du sang —– artériel, capillaire ou veineux — dans les 60 minutes après la naissance, un base déficit supérieur ou égal à 16 mmol/L ou des lactates supérieures ou égales à 11 mmol/L au cordon ou sur tout autre gaz du sang [20]. À l’examen neurologique, le nouveau-né doit présenter des signes d’encéphalopathie modérée à sévère [21] c’est-à-dire une léthargie ou un coma associé à une hypotonie globale, des réflexes anormaux, une succion absente ou faible ou des convulsions cliniques. Chaque fois que possible, un EEG d’amplitude ou un EEG 8-dérivations sera réalisé afin d’augmenter la spécificité des signes neurologiques d’EAI [18].
Prise en charge initiale en salle de naissance Tous les enfants encore intubés et ventilés à dix minutes de vie seront transférés en réanimation néonatale (ne pas extuber) [18,19]. La ventilation spontanée n’est pas une contre-indication à la mise en hypothermie. En attente du transfert, un monitorage et une surveillance de ces nouveau-nés seront réalisés : monitorage hémodynamique (fréquence cardiaque, pression artérielle, diurèse), respiratoire (SpO2 préductale, éviter l’hyperventilation et l’hypocapnie délétère dans ce contexte), thermique (sonde thermique cutanée avec cible de température entre 35 et 36 ◦ C, enlever bonnet et couverture, éteindre la rampe chauffante ou l’incubateur), métabolique (glycémie capillaire entre 30 minutes et une heure de vie) et neurologique
E. Lopez (évaluation clinique à la naissance et à une heure de vie, éviter les stimulations nociceptives) [18,19].
Transport en réanimation néonatale Un traitement par hypothermie contrôlée avant six heures de vie étant plus efficace, un transport rapide devra être effectué. La température cutanée pendant le transport devra être maintenue entre 35 et 36 ◦ C. Une hypothermie passive ou active ne pourra être débutée qu’en présence d’un monitorage de la température centrale (rectale ou œsophagienne) [22]. Le monitorage continu de la SpO2 et des PCO2 transcutanées visera à éviter tout épisode d’hyperoxie ou d’hypocapnie. Une limitation des secousses, du bruit et des vibrations et de toutes stimulations nociceptives devra être recherchée [18,19].
Importance du réseau de périnatalité Au sein des réseaux de périnatalité régionaux, un protocole de prise en charge devrait être élaboré afin de reconnaître les enfants devant bénéficier d’une hypothermie contrôlée, permettant ainsi un transfert précoce vers des centres de type 3 ayant les moyens et les compétences pour réaliser ce traitement et assurer le suivi de ces patients [19]. Au total, le risque d’asphyxie périnatale est plus important en cas de naissance post-terme (NP2). Les équipes prenant en charge les nouveau-nés post-terme dans un contexte d’asphyxie périnatale doivent donc connaître les critères d’inclusion pour un traitement en hypothermie contrôlée (NP1), la prise en charge initiale en salle de naissance et avoir établi un protocole de transfert vers une réanimation néonatale (avis d’experts).
Prise en charge du nouveau-né post-terme en cas de naissance dans un contexte de liquide amniotique méconial L’incidence du syndrome d’inhalation méconiale (SIM) augmente progressivement de 38+0 SA (0,24 sur 1000 naissances vivantes) à 42+6 SA (1,42 sur 1000 naissances vivantes) [23] (NP2). Le risque de SIM est plus important pour les naissances à 420+6 SA comparées aux naissances à 390+6 SA [8] (NP2). L’équipe prenant en charge un nouveau-né postterme dans un contexte de liquide amniotique méconial à la naissance (pédiatre, sage-femme, anesthésiste) devra donc suivre les recommandations internationales de réanimation du nouveau-né dans un contexte de liquide méconial [9,24] (avis d’experts). L’inhalation de méconium avant l’accouchement, à la naissance ou pendant la réanimation peut être responsable d’un SIM sévère. Historiquement, une grande variété de techniques a été proposée pour diminuer l’incidence des SIM. Dans un contexte de liquide méconial, l’aspiration de l’oropharynx avant le dégagement des épaules était réalisée en routine avant qu’un essai contrôlé randomisé démontre que cette pratique ne diminuait pas l’incidence des SIM [25] (NP1). L’intubation endotrachéale des nouveau-nés dans un contexte de liquide méconial était pratiquée en routine
Prise en charge pédiatrique du nouveau-né post-terme jusqu’à ce qu’un essai contrôlé randomisé [26] (NP1) démontre que cette pratique n’améliorait pas le pronostic des nouveau-nés vigoureux. Dans cette étude, le caractère vigoureux d’un nouveau-né en salle de naissance était défini par une fréquence cardiaque supérieure à 100 bpm, la présence d’une ventilation spontanée et d’un tonus normal. En l’absence d’essai contrôlé randomisé, il n’existe pas de preuves pour recommander un changement des pratiques courantes consistant en une aspiration endotrachéale après intubation systématique des nouveau-nés non vigoureux, nés dans un contexte de liquide méconial (NP3). Cependant, si les tentatives d’intubation se soldent par un échec et retardent le rétablissement d’une ventilation efficace, une ventilation au masque peut être réalisée, particulièrement en cas de bradycardie persistante [9]. Au total, le risque de naissance dans un contexte de liquide amniotique méconial (NP2) et le risque de SIM (NP2) sont plus importants en cas de naissance post-terme. L’équipe prenant en charge un nouveau-né post-terme dans un contexte de liquide amniotique méconial à la naissance devra donc savoir pratiquer une intubation endotrachéale et une aspiration trachéale (NP3) ou une ventilation au masque si l’intubation se révèle infructueuse. Une aspiration pharyngée avant le dégagement des épaules n’est pas recommandée (NP1). L’intubation endotrachéale systématique d’un nouveau-né vigoureux n’est pas recommandée (NP1).
Prise en charge des complications de la macrosomie Le risque de macrosomie (poids de naissance > 4500 g) est plus important chez les nouveau-nés post-terme que chez les nouveau-nés à terme [3,11] (NP2). Les nouveau-nés macrosomes sont des nouveau-nés à risque de complications métaboliques et de traumatismes obstétricaux.
L’hypoglycémie Les nouveau-nés macrosomes de mères non diabétiques présentent une concentration de peptide C au sang de cordon plus élevée par rapport aux enfants eutrophes [27] (NP3). L’asphyxie périnatale, les traumatismes obstétricaux et les infections peuvent également contribuer à l’hypoglycémie. Schaefer-Graf et al. [28] ont rapporté, parmi 1136 nouveaunés macrosomes à terme de mères non diabétiques, une prévalence d’hypoglycémie (glycémie < 1,6 mmol/L) de 16 % pendant les 24 premières heures de vie (NP2). Une autre étude portant sur 9318 nouveau-nés macrosomes à terme de mères non diabétiques rapporte les mêmes chiffres de 16 % d’hypoglycémie (glycémie < 2,5 mmol/L), parmi lesquels 1,3 % présenteront des convulsions [29] (NP2). Les signes cliniques évocateurs d’hypoglycémie chez le nouveau-né sont : une hyperexcitabilité, une hypotonie, une apathie, des trémulations, une agitation, une hypothermie, un accès de cyanose, une pâleur, des apnées ou des convulsions. Ces hypoglycémies sont souvent asymptomatiques. La prise en charge de l’hypoglycémie des nouveau-nés postterme ne diffère pas de celle des autres nouveau-nés [30]. Une surveillance systématique des glycémies (dépistage par Dextrostix® et confirmation par glycémie capillaire ou
815 veineuse) est donc indiquée chez les nouveau-nés macrosomes de mère non diabétique, en l’absence de signes cliniques, après le premier repas et juste avant le deuxième, puis toutes les trois à six heures en fonction des chiffres de la glycémie pendant 24 heures [30,31] (avis d’experts). En prévention, une alimentation lactée précoce dès la naissance, fractionnée (sept à huit repas), régulière (toutes les trois heures), en quantité libre devra être proposée à l’enfant [32]. En cas d’hypoglycémie (glycémie < 2 mmol/L), chez un nouveau-né asymptomatique avec une alimentation optimale, on enrichira l’alimentation par une émulsion lipidique de triglycérides à chaîne moyenne (Liquigen® ou Liprocil® ) et par une supplémentation glucidique (Dextrine-maltose® ). Une alimentation par gavage gastrique discontinu, puis continu, pourra être administrée en cas de persistance de l’hypoglycémie ou de mauvaise prise alimentaire. En cas d’hypoglycémie sévère (glycémie < 1,1 mmo/L) ou de signes cliniques, des apports glucosés parentéraux par sérum glucosé à 10 % devront être administrés sans délai à l’enfant [30]. Au total, la post-maturité augmente le risque de macrosomie (NP2). La macrosomie (y compris chez les nouveau-nés de mère non diabétique) augmente le risque d’hypoglycémie (NP2). Il est recommandé de surveiller systématiquement la glycémie des nouveau-nés post-terme macrosomes (avis d’experts). La prise en charge de l’hypoglycémie des nouveau-nés post-terme ne diffère pas de celle des autres nouveau-nés.
Traumatismes obstétricaux Le risque de dystocie des épaules est plus important chez les nouveau-nés post-terme que chez les nouveau-nés à terme [11] (NP2). Dans cette étude, cette augmentation de risque était probablement liée à l’augmentation du nombre de macrosomes dans le groupe post-terme, mais une analyse multivariée n’a pas été réalisée afin de déterminer si la post-maturité était un facteur de risque indépendant de dystocie des épaules ou, au contraire, liée à la macrosomie. La dystocie des épaules est un facteur de risque obstétrical de paralysie du plexus brachial (PPB) [33] (NP2). Un poids de naissance supérieur à 4500 g est également un facteur de risque obstétrical de PPB [34] (NP2). Parmi les enfants présentant une PPB, 75 % vont récupérer complètement durant le premier mois de vie et 25 % vont présenter une atteinte permanente [35]. Si un examen clinique met en évidence une récupération incomplète à la fin du premier mois, l’enfant doit être adressé à une équipe multidisciplinaire incluant des neurologues, des kinésithérapeutes et des chirurgiens orthopédistes (avis d’experts). Il n’existe pas d’essai contrôlé randomisé évaluant un traitement médical comparé à un traitement chirurgical [35]. Le risque de fractures osseuses (principalement les fractures de clavicule) est plus important chez les nouveau-nés post-terme que chez les nouveau-nés à terme [3] (NP3), une analyse multivariée prenant en compte la macrosomie n’a pas été réalisée dans cette étude afin de déterminer si la post-maturité était un facteur de risque indépendant de fracture osseuse. Les fractures de clavicule sont associées à la macrosomie (poids > 4000 g) [36] (NP2). Il n’y a aucun traitement, si ce n’est une immobilisation simple (fixation de la
816 manche) dans un but antalgique [32]. Une surveillance de la douleur avec une échelle de douleur adaptée devrait être réalisée et un traitement antalgique administré si nécessaire. Le pronostic des fractures de clavicule est bon, avec une récupération complète dans tous les cas sans séquelles neurologiques [37] (NP3). Au total, le risque de traumatisme obstétrical est plus important en cas de naissance post-terme (NP2) et de macrosomie (NP2). L’examen clinique initial du nouveau-né post-terme macrosome devra rechercher systématiquement une PPB ou une fracture de la clavicule (avis d’experts).
Prise en charge de la polyglobulie du nouveau-né post-terme La post-maturité est un facteur de risque de polyglobulie [38] (NP3). Elle s’explique par l’hypoxie fœtale chronique stimulant l’érythropoïèse et augmentant la masse globulaire, l’hématocrite et la viscosité sanguine [39]. Elle se définit par un hématocrite supérieur à 65 % sur du sang veineux [40]. Cliniquement, une polyglobulie peut être asymptomatique ou responsable de signes neurologiques (apnées, hypotonies, irritabilité), de signes digestifs, de cardiomégalie ou de thromboses rénales ou mésentériques. Biologiquement, la polyglobulie peut entraîner une hyperbilirubinémie et une hypoglycémie. Une exsanguino-transfusion partielle peut être proposée pour un hématocrite supérieur à 65 % chez un enfant symptomatique et discutée pour un hématocrite supérieur à 70 % chez un enfant asymptomatique (avis d’experts). Cependant une méta-analyse évaluant le devenir neurologique à court terme et à long terme d’une exsanguino-transfusion partielle d’enfants polyglobuliques n’a pas donné la preuve de son efficacité [41] (NP1). Au total, la post-maturité est un facteur de risque de polyglobulie (NP3). Une surveillance de la numération formule sanguine pourra être réalisée chez les nouveau-nés post-terme symptomatiques (avis d’experts).
Suivi neurologique Les enfants nés post-terme présentent un risque plus important de trouble du développement psychomoteur à quatre ans que les enfants nés à terme [42] (NP3). La prévalence d’infirmité motrice cérébrale à quatre ans chez les enfants nés à 420+6 SA est augmentée par rapport aux enfants nés à 400+6 SA. Dans le registre norvégien de Moster [43] (NP2), la prévalence d’infirmité motrice d’origine cérébrale (IMOC) à quatre ans est de 0,99 sur 1000 (IC 95 % 0,90—1,08) chez les enfants nés à 400+6 SA, de 1,36 sur 1000 (IC 95 % 1,19—1,53) à 420+6 SA soit un RR de 1,4 (IC 95 % 1,2—1,6), et de 1,44 après 42 SA (IC 95 % 1,15—1,72) soit un RR de 1,4 (IC 95 % 1,1—1,8). La post-maturité augmente modérément le risque d’IMOC, qui est une complication peu fréquente. L’expertise collective de l’Inserm réalisée en 2004 a émis des recommandations concernant les nouveau-nés vulnérables sur le plan développemental. Les nouveaunés présentant une encéphalopathie anoxo-ischémique sont classés à haut risque et doivent être suivis systématiquement. Les nouveau-nés macrosomes sont classés à risque moyen et doivent être suivis s’ils présentent une pathologie
E. Lopez associée ou un contexte social défavorisé (avis d’experts). La mise en place d’un réseau de suivi des enfants à risques de trouble du développement psychomoteur, en lien avec les réseaux de périnatalité, doit permettre d’améliorer le repérage et l’accès à une prise en charge précoce des incapacités cognitives, sensorielles, motrices et d’évaluer la politique périnatale du réseau. Le réseau doit favoriser le lien avec des interlocuteurs compétents pour la prise en charge de leurs enfants avec incapacités [44] (avis d’experts). Au total, les nouveau-nés post-terme, en cas de pathologies associées comme la macrosomie ou l’encéphalopathie anoxo-ischémique ou issus de milieu social défavorisé, doivent être suivis en consultation dans le cadre d’un réseau de suivi des nouveau-nés à risque (avis d’experts).
Conclusions Les nouveau-nés post-terme sont des nouveau-nés à risque de complications néonatales en salle de naissance (asphyxie périnatale, SIM, traumatismes obstétricaux) et pendant leur hospitalisation (hypoglycémie, polyglobulie). Les complications graves liées spécifiquement à la postmaturité sont rares. Les équipes prenant en charge ces enfants (pédiatre, anesthésiste, sage-femme) doivent être capables de prendre en charge ces complications. Un suivi en consultation, à la sortie de la maternité, dans le cadre d’un réseau de suivi du nouveau-né à risque sera réalisé en cas de pathologie associée.
Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
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