Profil d’expression des cellules de la corona radiata chez les patientes présentant une réserve ovarienne diminuée

Profil d’expression des cellules de la corona radiata chez les patientes présentant une réserve ovarienne diminuée

Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 40 (2012) 500–506 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Dix-septie`mes Journe´es nationales de la Fe...

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Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 40 (2012) 500–506

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Dix-septie`mes Journe´es nationales de la Fe´de´ration franc¸aise d’e´tude de la reproduction (Paris, 19-21 septembre 2012)

Profil d’expression des cellules de la corona radiata chez les patientes pre´sentant une re´serve ovarienne diminue´e Molecular characterization of corona radiata cells from patients with diminished ovarian reserve P. May-Panloup a,*,b, V. Ferre´-L’Hoˆtellier a, C. Morinie`re c, C. Marcaillou d, S. Lemerle c, A. Coutolleau f, P. Reynier b,e, P. Descamps c, P. Guardiola f,g,h a

Laboratoire de biologie de la reproduction, centre hospitalier universitaire, 49933 Angers, France UMR CNRS 6214, Inserm U771, 49933 Angers, France c Service de gyne´cologie-obste´trique, centre hospitalier universitaire, 49933 Angers, France d Integragen SA, 91000 Evry, France e Laboratoire de biochimie et biologie mole´culaire, centre hospitalier universitaire, 49933 Angers, France f Plateforme SNP, transcriptome et e´pige´nomique, centre hospitalier universitaire, 49933 Angers, France g Unite´ 892, centre de recherche sur le cancer Nantes-Angers et UMR_S 892, institut national de la sante´ et de la recherche me´dicale, universite´ d’Angers, 49933 Angers, France h UMR_S 892, universite´ d’Angers, Angers cedex 49933, France b

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Historique de l’article : Rec¸u le 14 juin 2012 Accepte´ le 30 juin 2012 ˆ t 2012 Disponible sur Internet le 17 aou

Objectifs. – La diminution de la re´serve ovarienne (DOR) est une cause courante d’infertilite´. Nous avons cherche´ a` de´finir les ge`nes dont l’expression par les cellules de la corona radiata (CCR) pourrait eˆtre spe´cifiquement de´re´gule´e dans ce contexte. Patientes et me´thodes. – Dans le cadre de fe´condations in vitro, nous avons analyse´, a` l’aide de microarrays, le profil d’expression diffe´rentiel des CCR chez 4 patientes pre´sentant une DOR et chez 4 patientes pre´sentant une re´serve ovarienne normale. L’expression des ge`nes d’inte´reˆt a ensuite e´te´ e´tudie´e sur un panel inde´pendant de 40 patientes, par RT-PCR quantitative. Re´sultats. – Nous avons mis en e´vidence 48 transcrits diffe´rentiellement exprime´s parmi lesquels, CXXC5 et FOXC1 sous-exprime´s chez les patientes avec une DOR, et CTGF, FSTL3, PTGS2 et SOCS2 surexprime´s dans ce groupe de patientes. Par ailleurs, deux sous-groupes ont e´te´ individualise´s parmi les patientes pre´sentant une DOR (DOR Gr1 et Gr2). Le groupe DOR Gr2 se caracte´risait par une surexpression significative de CITED2, CTGF, GAS-1, IRS2, PTGS2, SOCS2, VCAN et une sous-expression significative de CXXC5, FOXC1, GBP2 et ZMIZ1. Onze de ces ge`nes sont des cibles des oestroge`nes et les patientes de ce groupe DOR2 pre´sentaient un taux basal d’estradiol significativement plus e´leve´ que les autres patientes du groupe DOR (p < 0,006). Discussion et conclusion. – Nous avons identifie´ 12 ge`nes de´re´gule´s dans les CCR de patientes pre´sentant une DOR et potentiellement implique´s dans ce phe´notype. La distinction d’un sous-groupe particulier de DOR e´voque la possibilite´ d’une de´re´gulation des ge`nes de re´ponse aux oestroge`nes. ß 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

Mots cle´s : Corona radiata Cellules folliculeuses Expression ge´nique Re´serve ovarienne

A B S T R A C T

Keywords: Cumulus cells Gene expression profiling Diminished ovarian reserve

Objectives. – Diminished ovarian reserve (DOR) is one of the causes of infertility. In this prospective study, gene expression profiling (GEP) of corona radiata cells (CRC) was performed to identify genes deregulated in DOR patients. Patients and methods. – Microarray-based GEP of CRC isolated from eight women undergoing IVF was performed to identify genes differentially expressed between patients with normal ovarian reserve and DOR patients. Microfluidic-based quantitative RT-PCR assay were used to validate selected transcripts on 40 independent patients.

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. May-Panloup). 1297-9589/$ – see front matter ß 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2012.07.018

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Results. – Forty-eight transcripts were differentially expressed, including CXXC5 and FOXC1 down regulated in DOR, as well as CTGF, FSTL3, PTGS2 and SOCS2 up regulated in DOR. According to these transcripts, two DOR patients’subgroups (DOR Gr1 and Gr2) were identified. In DOR Gr2 patients, CITED2, CTGF, GAS-1, IRS2, PTGS2, SOCS2, VCAN were expressed at significantly higher levels, and CXXC5, FOXC1, GBP2 and ZMIZ1 at significantly lower level. Eleven of those genes are transcriptional targets of Estrogens and higher baseline oestradiol levels were observed in DOR Gr2 patients (P < 0.006). Discussion and conclusion. – Twelve genes deregulated in CRC of DOR patients were identified, which could be involved in DOR pathogenesis. The distinction of a particular subgroup of DOR patients suggests the possibility of deregulation of estrogen response genes. ß 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction Au sein du follicule ovarien, un syste`me de signalisation bidirectionnel entre l’ovocyte et les cellules qui l’entourent permet l’acquisition de la compe´tence ovocytaire. Les cellules folliculeuses supportent la croissance et la maturation ovocytaire par le biais de l’apport de nutriments et de facteurs de croissance. Inversement, l’ovocyte controˆle la diffe´renciation, la prolife´ration et les fonctions des cellules folliculeuses via la se´cre´tion de facteurs paracrines appele´s OSF (oocyte-secreted facteurs), tels que GDF-9 (growth differentiation factor 9) et BMP-15 (bone morphogenetic protein 15) [1]. La corona radiata correspond a` la premie`re couche de cellules folliculeuses. Ces cellules sont en contact avec la zone pellucide et directement en relie´es a` l’ovocyte jusqu’a` l’ovulation par le biais de projections transzonales. Du fait de ces relations e´troites, les cellules de la corona radiata (CCR) ont pu eˆtre conside´re´es comme des partenaires privile´gie´es de l’ovocyte, les plus soumises a` l’action des OSF notamment [2]. La diminution de la re´serve ovarienne (DOR) s’inscrit dans le cadre du vieillissement ovarien et est associe´e a` une baisse de la qualite´ ovocytaire [3]. Sa pre´valence est estime´e a` environ 10 % parmi les femmes infertiles [4]. Le trouble princeps responsable du de´clin de la re´serve ovarienne pourrait concerner l’ovocyte luimeˆme, son micro environnement, ou les deux. Quelle qu’en soit l’origine, notre hypothe`se est que cette pathologie aura des re´percussions sur le fonctionnement des cellules folliculeuses et particulie`rement celles de la corona radiata. Nous avons donc compare´ le transcriptome des CCR chez des patientes prises en charge en fe´condation in vitro et pre´sentant soit une DOR, soit une re´serve ovarienne normale (NOR). Et ce, dans le but d’appre´hender les me´canismes mole´culaires implique´s dans la diminution de la re´serve ovarienne. 2. Patientes et me´thodes 2.1. Caracte´ristiques des patientes Les CCR ont e´te´ obtenues chez 48 patientes ayant be´ne´ficie´ d’une FIV avec micro-injection au CHU d’Angers entre janvier et de´cembre 2010 (Tableau 1). Toutes avaient signe´ un consentement valide´ par le comite´ de protection des personnes (CB 2010–06). Vingt-quatre patientes conside´re´es comme NOR pre´sentaient un taux d’AMH sanguin supe´rieur a` 2 ng/mL, un taux de FSH infe´rieur a` 8 UI/L, un taux d’estradiol de moins de 60 pg/mL et un compte folliculaire antral supe´rieur a` 4 par ovaire. Les 24 patientes conside´re´es comme DOR avaient, soit une AMH infe´rieure a` 2 ng/ mL, soit un compte folliculaire antral de moins de 5 par ovaire. Quatre patientes de chaque groupe ont e´te´ retenues pour la re´alisation des microarrays. La phase de validation a e´te´ re´alise´e chez les 20 autres patientes de chaque groupe. On ne notait aucune diffe´rence entre les 2 groupes en termes de type de stimulation (protocoles, FSH utilise´es). Les patientes e´taient ponctionne´es par

voie transvaginale sous anesthe´sie ge´ne´rale, 36 heures apre`s de de´clenchement. 2.2. Isolement des cellules de la corona radiata Pour chaque patiente, les complexes cumulo-ovocytaires e´taient d’abord dissocie´s par action de la hyaluronidase (80 UI, Fertipro, Belgique) et me´caniquement a` l’aide d’un stripper de 140 mm de diame`tre. L’ovocyte et les CCR isole´s e´taient ensuite se´pare´s par action me´canique a` l’aide d’un stripper de 125 mm. L’ensemble des CCR d’une meˆme patiente e´tait centrifuge´ 10 mn a` 2000 g et le culot congele´ imme´diatement dans l’azote liquide jusqu’a` extraction. 2.3. Extraction d’ARN Nous avons utilise´ le kit NucleoSpin RNA XS (Macherey-nagel, Allemagne). L’ARN obtenu e´tait quantifie´ (Nanodrop ND-1000) et qualifie´ (Bioanalyzer 2100 et RNA6000 Pico kit–Agilent, E´tatsUnis). 2.4. Microarrays La phase initiale d’amplification a e´te´ re´alise´e a` l’aide du kit Illumina TotalPrep (Ambion, E´tats-Unis) utilisant un seul cycle d’amplification. Le cRNA a ensuite e´te´ hybride´ sur les puces d’expression HumanHT-12 v3 d’Illumina (comprenant 48 803 sondes). La lecture utilisant un syste`me I-Scan a e´te´ faite selon le protocole pre´conise´ par Illumina. 2.5. RT-PCR quantitative Dix-sept transcrits ont e´te´ valide´s, dont POLR2A utilise´ comme ge`ne de re´fe´rence. La re´trotranscription de l’ARN de chaque e´chantillon a e´te´ faite a` l’aide du kit Super Script Vilo (Invitrogen SARL, France). La PCR quantitative a e´te´ re´alise´e par me´thode micro-fluidique sur le syste`me Biomark (Fluidigm Europe B.V.). 2.6. Analyse des donne´es 2.6.1. Microarrays Le logiciel GenomeStudio 2010.3 (Illumina, E´tats-Unis) et son module Gene Expression Analysis (v1.8.0) ont e´te´ utilise´s pour l’extraction et la normalisation quantile des signaux. La clusterisation hie´rarchique a e´te´ faite avec le logiciel Omics Explorer 2.2. Des t-tests classiques et Bayesiens re´gularise´s (Cyber-T) ont e´te´ utilise´s pour identifier les transcrits diffe´rentiellement exprime´s (p < 0,01 conside´re´e comme significative). 2.6.2. QPCR Les valeurs des Ct obtenues a` l’issue de la Q-PCR ont permis d’e´valuer l’expression relative des ge`nes par la me´thode des deltadelta de Ct [5]. L’analyse en composante principale a e´te´ re´alise´e a`

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Tableau 1 Caracte´ristiques des patients en fonction du profil ovarien. Toutes patientes (n = 40)

Patientes avec NOR (n = 20)

Patientes avec DOR (n = 20)

Aˆge des patients (anne´es) 25e percentile Me´dian 75e percentile

28 32 36

26 30 34

29 35 37

Tabac Oui Non

24 11

11 7

13 4

Dure´e d’infertilite´ (anne´es) 25e percentile Me´dian 75e percentile

2,7 4,1 6,0

2,7 3,5 5,5

3,0 5,6 6,5

Estradiol basal (pg/mL) 25e percentile Me´dian 75e percentile

23 33 47

27 32 45

23 34 66

FSH basale (UI/L) 25e percentile Me´dian 75e percentile

4,75 7,15 9,67

4,52 5,05 6,75

8,05 9,65 11,92

LH basale (UI/L) 25e percentile Me´dian 75e percentile

3,67 4,20 5,82

3,55 4,15 5,72

3,70 3,74 6,55

AMH basale (ng/mL) 25e percentile Me´dian 75e percentile

1,19 2,05 3,82

3,47 3,95 5,02

1,10 1,4 1,87

Compte folliculaire antral 25e percentile Me´dian 75e percentile

9 11 15

8 9 11

14 15 19

Dure´e de stimulation (jours) 25e percentile Me´dian 75e percentile

9 9 10

9 9 10

8 10 11

Dose initiale de FSH (UI) 25e percentile Me´dian 75e percentile

150 225 300

150 150 188

300 300 375

Dose totale de FSH (UI) 25e percentile Me´dian 75e percentile

1512 2400 3000

1350 1525 1856

2550 3000 3600

Nombre d’ovocytes recueillis 25e percentile Me´dian 75e percentile

4 7 10

7 10 11

3 4 6

Pourcentage d’ovocytes matures 25e percentile Me´dian 75e percentile

60 80 91

60 71 89

54 83 100

Blocage de l’ovulation Ce´trorelix Ganirelix Triptore´line

16 17 7

7 9 4

9 8 3

Stimulation ovarienne rFSH rFSH + rLH uFSH + uLH

33 5 2

18 1 1

15 4 1

p-value NOR vs. DOR 0,011

NS

0,074

NS

0,0002

NS

10

6

10

6

NS

< 10

10

6

6

6 10

5

NS

NS

NS

uFSH + uLH : me´notropine (Menopur1, Ferring Pharmaceuticals, Coppenhage, Danemark) ; rFSH + rLH : follitropine alpha + Lutropine alpha (Pergoveris1, Serono, Gene`ve, Suisse) ; rFSH : follitropine alpha (Gonal-f1, Serono, Gene`ve, Suisse) ou follitropine beta (Puregon1, Organon, Hollande) ; ce´trorelix (Cetrotide1, Serono, Gene`ve, Suisse) ; ganirelix (Orgalutran1, Organon, Hollande) ; Triptore´line (Decapeptyl1, Ipsen Pharma, France); NOR : re´serve ovarienne normale ; DOR : diminution de la re´serve ovarienne.

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l’aide du logiciel Omics Explorer 2.2. Les analyses statistiques utilisant le test de Mann-Whitney ont e´te´ faites a` l’aide du logiciel NCSS2007 (NCSS, E´tats-Unis). p < 0,05 a e´te´ conside´re´e comme significative.

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2), PTHLH (parathyroid hormone-like hormone), SOCS2 (suppressor of cytokine signaling 2) et VCAN (versican) sur exprime´s chez les patientes DOR. 3.2. Validation et distinction de deux groupes au sein des DOR

2.6.3. Analyses in silico Nous avons utilise´ diffe´rentes bases de donne´es Dragon Estrogen Responsive Genes Database version 2 (ERGDB v2), Comparative Toxigenomics Database, EnsEMBL Database version 64, University of California Santa Cruz Genome Browser et ENCODE Project pour identifier quels ge`nes parmi ceux identifie´s pouvaient eˆtre sous le controˆle des œstroge`nes. 3. Re´sultats 3.1. Identification des ge`nes exprime´s de manie`re diffe´rentielle entre les patientes DOR et NOR La comparaison des profils d’expression des CCR a permis de mettre en e´vidence 48 transcrits diffe´rentiellement exprime´s entre les deux groupes de patientes (Fig. 1). Parmi ceux-ci, 16 ont e´te´ retenus pour validation : AMHR2 (AMH type II receptor), CXXC5 (CXXC finger protein 5), FOXC1 (forkhead box C1), GBP2 (interferoninducible guanylate-binding protein 2), ECGF1 (platelet-derived endothelial cell growth factor), LXN (latexin) et ZMIZ1 (zinc finger MIZ-domain containing I) sous-exprime´s chez les patientes DOR ; et CITED2 (CBP/p300 interacting transactivator 2 with GLU/ASP-rich C terminal domain 2), CTGF (connective tissue growth factor), FSTL3 (follistatin-like 3), GAS-1 (growth arrest-specific I), IRS2 (insulin recepor substrate 2), PTGS2 (prostaglandin-endoperoxide synthase

L’e´tape de validation par Q-PCR sur un panel inde´pendant de 40 patientes (20 DOR et 20 NOR) a permis de confirmer l’expression diffe´rentielle entre les 2 groupes pour six des 16 ge`nes retenus : CXXC5 et FOXC1 surexprime´s chez les NOR et CTGF, FSTL3, PTGS2 et SOCS2 surexprime´s chez les DOR (Fig. 2). L’analyse en composante principale a` partir des donne´es de PCR de ces 6 ge`nes, a permis d’isoler un groupe de 10 patientes se comportant diffe´remment (9 pre´sentant une DOR). Ceci nous a conduit a` distinguer deux groupes au sein des DOR : DOR groupe 2 qui correspondait aux 9 patientes pre´ce´demment de´finies et DOR groupe 1 correspondant aux 11 patientes restantes (Fig. 3). Onze ge`nes parmi les 16 valide´s e´taient exprime´s diffe´remment dans les 2 groupes de DOR. Dans le groupe 2, CXXC5, FOXC1, GBP2, et ZMIZ1 e´taient sous-exprime´s, alors que CITED2, CTGF, GAS1, IRS2, PTGS2, SOCS2 et VCAN e´taient sur exprime´s. Toutes les patientes NOR, sauf une (c124), pre´sentaient un profil d’expression non diffe´rent des patientes DOR gr1. 3.3. Distinction des groupes de DOR et ge`nes de re´ponse aux estroge`nes L’analyse des caracte´ristiques cliniques et biologiques des deux groupes de DOR donnait pour seule diffe´rence un taux basal d’estradiol plus e´leve´ dans le groupe 2 des DOR (p < 0,006). Par

Fig. 1. Clusterisation hie´rarchique des 48 transcrits trouve´s diffe´rentiellement exprime´s entre les patients DOR et NOR. Chaque colonne repre´sente un patient (NOR C1_C4 & DOR E5_E8), chaque ligne un transcrit.

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Fig. 2. Expression des 6 ge`nes exprime´s diffe´rentiellement entre les patientes DOR et NOR par PCR quantitative.

ailleurs, l’analyse des bases de donne´es montrait, que ces onze ge`nes e´taient des cibles connues des estroge`nes et/ou posse´daient a` proximite´ de leur partie codante la se´quence ERE (Estrogen Responsive Element).

4. Discussion Bien qu’indirecte, l’e´tude des cellules folliculeuses permettrait d’e´valuer la qualite´ ovocytaire. Peu de donne´es sont disponibles dans la litte´rature en ce qui concerne une possible signature transcriptionnelle des cellules folliculeuses en lien avec un profil

ovarien spe´cifique comme la DOR [6]. En raison des connections e´troites entre l’ovocyte et les CCR, nous avons choisi ces cellules pour en caracte´riser le profil d’expression chez les patientes pre´sentant une DOR. Nous avons trouve´ 48 transcrits diffe´rentiellement exprime´s entre les patientes pre´sentant une DOR et celles avec une NOR. Nous avons choisi d’en valider 16 sur un panel inde´pendant de 40 patientes. Six d’entre eux ont e´te´ montre´s comme e´tant effectivement diffe´remment exprime´s dans ces 2 groupes de patientes (CTGF, CXXC5, FOXC1, FSTL3, PTGS2 et SOCS2). Le ge`ne FOXC1, sous-exprime´ chez les patientes DOR, intervient dans la diffe´renciation cellulaire et l’organogene`se. Les souris KO

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Fig. 3. Analyse en composante principale des patientes DOR et NOR selon les 6 transcrits diffe´rentiellement exprime´s. Identification de 2 groupes de DOR gr1 (11 patientes) et gr2 (9 patientes).

pour ce ge`ne pre´sentent un de´veloppement anormal des gonades, une diminution du stock ovocytaire et une de´sorganisation des follicules [7]. De plus, des facteurs de transcription de la meˆme famille sont connus pour re´guler la folliculogene`se chez la souris et l’homme [8]. CXXC5 lui aussi sous-exprime´ dans le groupe DOR joue un roˆle dans les processus de´veloppementaux. Dans certains mode`les l’expression de ce ge`ne est induite par BMP-4 [9], membre de la famille du TGF-B aussi implique´ dans la folliculogene`se [10]. FSTL3, sur exprime´ dans le groupe DOR, re´gule le de´veloppement gonadique et la game´togene`se chez la souris en inhibant notamment les effets paracrines de l’activine et BMP-2. Les souris KO pour ce ge`ne pre´sentent une diminution du nombre des follicules antraux et une augmentation de l’atre´sie folliculaire [11]. FSTL3 module l’action des inhibines et de certains membres de la famille du TGF-B comme BMP-4 [12]. SOCS2, sur exprime´ en cas de DOR, posse`de un roˆle inhibiteur sur la voie IgF1 qui intervient dans la croissance et la maturation folliculaire chez la souris. L’absence d’expression de SOCS2 chez la souris est responsable d’hypofertilite´ [13]. CTGF, lui aussi sur exprime´ chez les DOR, joue un roˆle dans la formation des follicules primordiaux et leur e´volution vers le stade primaire chez le rat [14]. Son expression est croissante au cours de la folliculogene`se en particulier dans les cellules folliculeuses les plus proches de l’ovocyte [15]. Il posse`de la capacite´ a` limiter l’action de BMP-4 et d’intervenir sur la voie du TGF-B [16]. Pour finir, PTGS2 qui catalyse la premie`re e´tape limitante de production des prostaglandines est sous le controˆle de GDF9 un des principaux OSF jouant sur la croissance et la diffe´renciation des cellules folliculeuses [17,18]. La discordance entre les re´sultats des microarrays et ceux de la Q-PCR (6 ge`nes valide´s sur 16 retenus), pourrait s’expliquer par l’utilisation dans le premier cas d’un nombre limite´ de patientes

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ayant centre´ l’analyse sur un seul type de patientes DOR, alors que le groupe de validation repre´senterait une he´te´roge´ne´ite´ plus proche de la re´alite´. L’analyse en composante principale a` partir de ces 6 ge`nes, a permis d’isoler deux groupes au sein des DOR (DOR gr1 et gr2) se distinguant par l’expression diffe´rentielle de six autres ge`nes initialement de´crits comme diffe´remment exprime´s entre les DOR et les NOR (CITED2, GAS1, GBP2, IRS2, VCAN et ZMIZ1). La seule diffe´rence significative au niveau clinico-biologique entre ces deux groupes concernait le taux d’estradiol basal significativement plus e´leve´ dans le groupe 2. Le lien entre le taux basal d’estradiol et l’expression de ces 11 ge`nes reste spe´culatif, ne´anmoins deux hypothe`ses pourraient eˆtre propose´es. La premie`re est que parmi les DOR, certaines patientes se comporteraient diffe´remment en termes de me´tabolisme ou de sensibilite´ aux estroge`nes. En effet, les donne´es de la litte´rature et notre analyse in silico montrent que ces ge`nes sont des cibles des estroge`nes. La seconde, est que les deux groupes correspondraient a` des patientes conside´re´es a` diffe´rents temps de l’e´volution du processus de DOR. Dans ce processus, l’alte´ration quantitative de la re´serve ovarienne objective´e par une baisse du CFA et de l’AMH, serait suivie d’un phe´nome`ne de recrutement folliculaire pre´coce au cours du cycle ce traduisant par la se´cre´tion pre´mature´e d’estradiol par les cellules de la granulosa [3]. Le groupe montrant un taux d’estradiol basal plus e´leve´ pourrait repre´senter un stade plus avance´ du processus DOR. Cette hypothe`se est renforce´e par l’augmentation ou la diminution progressive de l’expression de certains de ces ge`nes entre les groupes NOR, DOR gr1 et DOR gr2 (CTGF, FOXC1, FSTL3, GBP2). Les membres de la superfamille du TGF-B sont fortement implique´s dans le controˆle de la folliculogene`se [19]. Dans cette e´tude, les ge`nes de´re´gule´s ont tous e´te´ de´crits comme cibles ou re´gulateurs de ces voies de signalisation renforc¸ant l’hypothe`se de leur implication dans la DOR. Certains de ces ge`nes (CTGF, FOXC1, IRS2, PTGS2 et VCAN) sont associe´s aux phe´nome`nes de transition me´senchyme/e´pithe´lium notamment implique´s dans la folliculogene`se pre´coce [20]. Nos re´sultats sugge`rent qu’une de´re´gulation de ces phe´nome`nes de trans-diffe´renciation pourrait exister dans le processus de DOR. De manie`re inte´ressante, l’un des re´gulateur majeur de la trans-diffe´renciation est le TGF-B [21]. 5. Conclusion Notre e´tude identifie 12 ge`nes potentiellement implique´s dans la DOR. Au sein de ce phe´notype, un groupe de patient a e´te´ distingue´ qui, soit refle´terait une diffe´rence dans le me´tabolisme de l’estradiol, soit signerait une e´volutivite´ du processus. Cette e´tude sugge`re aussi la possibilite´ d’une de´re´gulation de la voie du TGF-B pouvant te´moigner d’une de´re´gulation des phe´nome`nes de trans-diffe´renciation. De´claration d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Re´fe´rences [1] Gilchrist RB, Lane M, Thompson JG. Oocyte-secreted factors: regulators of cumulus cell function and oocyte quality. Hum Reprod Update 2008;14(2): 159–77. [2] Hussein TS, et al. Oocytes prevent cumulus cell apoptosis by maintaining a morphogenic paracrine gradient of bone morphogenetic proteins. J Cell Sci 2005;118(Pt 22):5257–68. [3] Broekmans FJ, Soules MR, Fauser BC. Ovarian aging: mechanisms and clinical consequences. Endocr Rev 2009;30(5):465–93. [4] Scott RT, et al. A prospective evaluation of clomiphene citrate challenge test screening of the general infertility population. Obstet Gynecol 1993;82(4 Pt 1):539–44.

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