À LIRE, VOIR, ÉCOUTER
avec Richard Crowley, « Métaphores thérapeutiques pour enfants ». Le livre de Joyce Mills est un livre profond, qui cherche à permettre au lecteur à travers l’utilisation de symboles et d’histoires de se reconnecter avec lui-même. Il intègre les traditions du conte thérapeutique et de l’hypnose ericksonnienne, ainsi que les rituels traditionnels amérindiens et hawaïens dont Joyce Mills est héritière. « Les rituels et les cérémonies sont importantes dans notre vie quotidienne, pour nous reconnecter à quelque chose qui est au-delà de nos possessions matérielles et de nous-mêmes – pour instiller en nous le sens de la communauté et le caractère sacré de la vie. » Dans ce livre, Joyce Mills aborde à la fois des histoires amérindiennes ou hawaïennes, mais nous parle aussi simplement d’histoires de sa vie. Différents outils thérapeutiques sont proposés : le pot à rêves, le bouclier d’identité, le bol de lumière, le cercle de la réussite, les cérémonies de l’eau, les rituels et cérémonies pour guérir et célébrer la vie, la bouteille de mémoire, la pipe sacrée, etc. Ce livre simple, très humain et d’une grande profondeur, peut être non seulement par sa lecture une aide au patient qui souffre, qui a perdu un être cher, mais il est aussi un merveilleux outil de travail pour le psychologue ou l’hypnothérapeute. Enfin, il peut aider le médecin, confronté à une lassitude et une fatigue, à se ressourcer. J’ai été très touchée par la lecture de ce livre. En dehors de toute notion de religion, ce livre spirituel apporte un sentiment de grande profondeur, une grande beauté intérieure, une tranquillité, voire une certaine paix. Je pense qu’il peut être utile à tout médecin confronté à la douleur ou aux soins palliatifs, pour se ressourcer, et retrouver de la force pour aider les autres. Il est aussi utile à la personne qui souffre et je vais conseiller sa lecture à certains de mes patients. Enfin, il est utile au psychologue et à l’hypnothérapeute par tous les outils qu’il propose. C’est un excellent livre. Commentaire adressé par Chantal Wood.
Med Pal 2006; 5: 170-174
Psychologie – Psychanalyse
C
onstruire la réalité. Un nouvel avenir pour la psychothérapie K.-J. Gergen Seuil, Collection « La couleur des idées », 2005. ISBN 2-02-055702-9 (21 €, 249 p.)
L’auteur est un des représentants du « constructivisme social ». Il nous propose de réfléchir à la notion de réalité. Selon lui, ce que nous appelons « réalité » est une construction bâtie au sein même de nos relations. Cette construction est régulièrement revisitée au fil de l’évolution de nos relations avec les autres. Le langage participe à cette construction. Il fait un parallèle avec la relation thérapeute – patient. De façon argumentée, il nous amène à remettre en question l’intérêt, ou plutôt l’efficience d’une thérapie unique et unifiée qui se déroule dans le cadre d’une école. Pour lui, cette façon de conduire la thérapie serait comme déconnectée des interactions sociales ou psychologiques. L’auteur considère que les thérapeutes (il est thérapeute) tentent de générer de nouvelles narrations, de nouvelles constructions comme si un nouvel assemblage de mots allait « faire un truc », parce que l’individu penserait alors différemment. Pour lui, ce pourrait être passé à côté de l’essentiel, la relation elle-même, à partir de laquelle la signification est générée. Or, toujours pour lui, les relations précèdent le sens. Ce livre, sous forme d’entretiens, met en question le non-thérapeute. Sûrement en fera-t-il de même pour les thérapeutes. Leur analyse de ce livre nous ferait, certainement, bénéficier d’un éclairage plus savant, d’une critique plus compétente que celle que nous pouvons prétendre avoir. Un livre à lire et à discuter au sein d’un cadre multidisciplinaire.
Mon enseignement J. Lacan Seuil, Collection « Comment enseigner ce qui ne s’enseigne pas », 2005. ISBN 2.02.081686.5 (12 €, 140 p.)
Lire Lacan quand on n’est pas psychanalyste et que l’on n’a aucune formation
© Masson, Paris, 2006, Tous droits réservés
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universitaire dans le champ de la psychologie peut paraître une gageure. La crainte est de n’y rien comprendre ou pire encore de comprendre « de travers ». Le style est singulier. Le style d’une conférence retranscrite, mais aussi celui d’une intelligence. Au fur et à mesure que l’on se laisse happer par le propos, malgré notre méconnaissance, on se dit que Lacan s’adresse aux psychanalystes mais, aussi, sûrement d’une « autre manière » aux néophytes. On touche du doigt les notions d’inconscient, de sujet comme l’importance du langage. On perçoit ce que pourrait être le chemin d’analyse proposé par Lacan. Même après plusieurs lectures, on mesure la distance entre le lecteur néophyte et le psychanalyste quant à l’assimilation de ce qui nous est réellement, au-delà des mots, livré dans ces trois conférences retranscrites et présentées par Jacques Alain Miller. Ne prétendant aucunement rédiger une « analyse » d’une partie de la pensée de Lacan, on se contentera de relever quelques phrases. Sorties de leur contexte, un ensemble pensé, ces citations sont certainement « amputées » de « l’essentiel ». Cependant, elles pourraient mettre en appétit (en marche, voire en quête) des lecteurs potentiels. Après tout aucun savoir n’est la stricte propriété de quiconque et si tel était le cas, il s’agirait d’une idéologie. La psychanalyse n’est pas une idéologie et mérite l’intérêt des non-psychanalystes. « La psychanalyse, tout le monde croit avoir là-dessus une idée suffisante. […] Mais qu’est-ce que c’est que cet inconscient ? […] Dans la psychanalyse, l’inconscient, c’est un inconscient qui pense ferme. […] La pensée, c’est transparent à soimême, on ne peut pas penser sans savoir qu’on pense. […] Il peut y avoir des pensées inconscientes. […] Les psychanalystes ne disent absolument pas qu’ils savent, ils le laissent entendre. […] Ce n’est pas en voulant trop de bien à son prochain qu’on lui en fait. […] Mon enseignement, c’est tout simplement le langage, absolument rien d’autre. […] L’homme habite le langage. […] Non seulement l’homme naît dans le langage, exactement comme il naît au monde, mais il naît par le langage. […] L’incons-
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