1 LESDYNAMIQUESDEDhELOPPEMENTI
Public et privi5 : I mariage de raison 1 Avec leurs enjeux et outils spe’cifiques, et surtout avec l’avknement d’entreprises trks spe’cialisbes, les biotechnologies ont profonde’ment modifie’ les modes de collaboration entre les acteurs de la recherche publique et de l’industrie. * Journaliste a Biofutllr:
es grandes compagnies pharmaceutiques ont plus que quintupk l’externalisation de leur recherche. Elles allouent dksormais entre 20 et 30 % de leur budget de recherche et d& veloppement Li des partenaires ext&
gel, voire la diminution, des crCdits de fonctionnement. ccI1 n’y a pas de
rieurs *, explique Bernard Pau, chargi des biotechnologies au dkpartement des sciences de la vie (SDV) du CNRS. De manikre g&kale, les grands groupes engages en sciences de la vie, qu’ils soient pharmaciens, agrochimistes ou semenciers, font en effet de plus en plus appel1 des chercheurs extirieurs de haut niveau, pour accumuler brevets et innovations en biotechnologie. Et ils manipulent souvent des sommes Pnormes : cc Aventis [groupe issu de la fusion entre Rhke-Poulenc et Hoechst, qui inclut done AgrEvo] prkvoit 2 lur
La compktence d’un c&C, I’argent de l’autre, des besoins rkiproques : un schema somme toute classique... n’itait l’apparition d’un troisitme type d’acteurs, les sociCtis spkciali&es en biotechnologie. Ces PME, ou ces start-ups, qui ont elles aussi dPsesp&C-
seul de consacrer ,320 millions de dollars par an ci la recherche et au de’veloppement. Comparez avec le budget de 320 millions de francs du dkpartement SDV du CNRS... )),
souligne Jacques Weber. De son cGtC, la recherche w publique n’a plus les moyens de travailler seule. Les laboratoires sont pris en itau entre l’augmentation de leurs besoins - les outils nkessaires sont de plus en plus cokeux - et le 68 BlOFUTUR194
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secret : la recherche publique ne peut pas tout payer. I1 faut se jeter duns le bain de la collaboration pour rester au niveau )), reconnait Bernard Pau.
ment
final dktiel
breve des
de recherche indispensables et un trks haut niveau de compitence scientifique. D’oti une situation intdite : la recherche publique doit dksormais affronter une vkitable concurrence. (c Face Li l’offre f&ancikre des compagnies pharmaceutiques, une compe’tition s’instaure entre laboratoires publics et start-ups de biotechnologie. I1 en va de mime entre diffe’rents laboratoires publics, d’ailleurs. I1 vu falloir rester au plus haut niveau pour pouvoir acce’der aux technologies prot>?es... j),
avertit Bernard Pau.
> Une inhctable logique de partenariat Guy Riba, directeur scientifiquc du dipartement Plantes et produits du v6gPtal de l’Inra, confirme ces propos par rapport i son domaine : i (( On observe un engagement saris pre’ce’dent
des
compagnies privkes en gQnomique kg&ale, alors que la biologie traditionnelle les motivait peu. Elles ont investi, et finalement se trouvent en compttition sur les b mimes voies de recbercbe que le public. bb
duns la recberche
Les chercheurs acadkmiques n’ont done vraisemblablement pas le choix. 11s doivent collaborer B la fois avec les grandes firmes de l’aval, pour obtenir des cridits en suffisance, et avec les PME de
de l’Union europeenne imposent depuis quelques an&es deja ce type d’associations multilatirales. Outre ces structures a duke de vie limit&e - en general moins de cinq ans et didiCes a un projet precis, le recherche conjointe en biotechnologie, en particulier en genomique et post-genomique, necessite souvent des structures plus pirennes. On voit done apparaitre des entites telles que GCnoplante (voir Biofutur [1998] 182, 4 ; et 193, 7), des sites specialis& comme le gCnop6le d’8vry (voir Biofutur [1998] 176, 4), ou des ccbiovallees )p (voir Particle de l? de Taxis du P&t p. ZO), qui partagent des traits communs : partenaires multiples, tant prives que publics, recherche orientee vers l’acquisition de brevets et la valorisation, investissements tres importants sur plusieurs annees. D’oti l’importance et la complexite des conventions fondatrices, en particulier dans le domaine de la rtpartition de la propriete intellectuelle.
> La course aux brevets...
.II_ ~cherc)lsursdu&&sont-~tifeiRls&&&&& les grandes firnws leur .+oient souvent
qu’avec les entreprises concumntes.
biotechnologie pour acceder a certaines techniques, banques de donnees ou collections de materiels biologiques... tout en maintenant un niveau de connaissances et de compitences suffisamment Cleve et original pour ne pas se faire ecarter du jeu. Risultat : le traditionnel contrat bilateral entre un laboratoire public et une entreprise privee cede souvent la place a des conventions multilaterales. Les termes du recent appel a projets Apres-sequencages genomiques (AGS) (l), lance en juillet I999 par le minis&e francais de l’Economie, des Finances et de 1% dustrie et par 1’Anvar (Agence nationale pour la valorisation de la recherche), sont a cet egard embltma-
de biotechnologie,
bien que celles-ci
tiques. Ne seront en effet subventionnes que des projets de c( recherche industrielle en partenariat ‘) dans les domaines du medicament, du diagnostic ou des agro-industries, impliquant c( trois types d’acteurs compl& mentaires )) : au minimum un laboratoire public de recherche, une PME de biotechnologie et une grande (s entreprise bio-industrielle cation )). Conduits par un file nkcessairement industriel
d’appli-
n
chef
u,
de ces
projets atteindront la somme de 10 2 15 millions de francs sur trois ans. c( L’apparition des “consortiums” de recherche
est
un
phknom&ze
euro-
pkeen, voire mondial )), estime Bernard Pau, soulignant que les programmes cadres de recherche et developpement
Incidemment, ces projets partagent une autre caracteristique : l’intervention des gouvernements sur un mode t&s volontariste. La course aux brevets biotechnologiques est en effet devenue une competition ouverte entre nations ou, pour Ctre plus realiste, une tentative pour echapper a (ou maintenir...) l’hegemonie americaine dans le domaine. Des initiatives comme le Gabi (g&omique vegetale) en Allemagne ou le Rice genome project au Japon n’en representent que quelques illustrations. Finalement, pour beaucoup de chercheurs publics, voire pour les organismes eux-m@mes, la question n’est plus <
(1) http://www.inI,. ,I ausrne.gouv.rr/pratiqueiaidelappelispasgl.htm (2) Outre le fait qu’aux Etats-Unis, le brevet est accord6 au premier inventeur, et non au premier demandeur, un delai dun an est autori& entre une publication scientifique et une Bventuelle demande de brevet utilisant ses rkultats ; en Europe, en revanche, la publication detruit le droit au brevet. --
I
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. . .
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3 Raisons de choisir
SirrmaPlot “pour vos
recherches en .sciences d e 1-avie
publics de recherche ont clairement trancht en faveur de la prise de brevet, qui doit ccdevenir un reflexe pour le chercheur B. Un discours tenu sur le mode enthousiaste ou de man&e plus fataliste.. . CCNous tenons ii la pro-
La nouvelle donne influence Cgalement le choix des themes de recherche. Les scientifiques, qui decidaient de la direction de leur travail en fonction de considerations purement academiques, sont desormais tenus de ripondre a des appels d’offre emis par les gouvernements, 1’Union
prie’te intellectuelle, car c’est le seul moyen de rester independants du prive, pour I’acces a certaines techniques, et de powrsuivre notre mission de lecher&e pour le de’veloppement m, plaide ainsi Jacques Weber.
europeenne ou les industriels, selon des criteres de dtveloppement Cconomique. Daniel Royer, conseiller du directeur de la technologie au ministere de la Recherche (MENRT), declare ainsi que R le gouvernement a la
Qu’on le veuille ou non, explique-t-il, il faut tenir compte du contexte :
volonte’ tres clairement affichk de voir la recherche publique engendrer des retombies konomiques )). Dans
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cc Nous assistons a un vaste mouvement d’accumulation des droits de proprie’te intellectuelle : 82 % des brevets biotechnologiques dans le monde sont entre les mains d’acteurs prives. r) Guy Riba, de l’Inra, rencherit : c( 11 s’agit d’empecher l’accentuation du monopole du prive. Si elle est distribuee, la propriktt intellectuelle deviendra une monnaie d’echange )).
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> . . . et aux appels d’offre Tous soulignent par ailleurs que la demande de brevet ne suspend la publication que pendant quelques mois et soutiennent, a l’instar de Bernard Pau, que << l’obtention d’un brevet international dans V&valuation
est prise en compte des chercheurs j).
L’Union europeenne pourrait trancher le debat en accordant aux inventeurs, comme ii en est de plus en plus question, le fameux (2) qui favorise tant les chercheurs americains (voir Biofutur [1998] 183, 8). 70 BIOFUTUR 194
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le m6me esprit, Bernard Pau rappelle qu’” il n’est pas question de changer de metier ; les chercheurs n’ont pas vocation a devenir developpews ou valorisateurs. Mais il entre dans leur mission, comme dans celle des organismes, de mettre CFI uJuure /es moyens de diffuser et de valoriser leurs decouvertes. ))
Finalement, si l’on ne peut plus, en mat&e de biotechnologie, evoquer le traditionnel ccYalta )) entre les mondes acadimique et industriel, une nouvelle ligne de demarcation apparait au sein mtme de la recherche publique en biologie. Elle &pare les chercheurs dont la specialite est immediatement valorisable - qui travaillent au sein de laboratoires suffisamment cqvisibles )) et equip& pour repondre aux appels d’offre, voire dam de grands centres dtdies - des autres qui, du fait de la reduction globale des credits, risquent tout simplement de ne plus pouvoir travailler. l