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Matériels et Méthodes. – Un groupe de recherche s’est constitué, pour comprendre les processus engagés dans le rappel de l’intensité douloureuse par les patients et les variations selon la question posée. La première étape du travail a consisté en une revue et analyse de la littérature sur le sujet, la deuxième étape a conduit à construire une étude prospective pour tenter de comprendre les processus de rappel d’intensité douloureuse, dans deux situations de douleur chronique très fréquentes : les lombalgies chroniques et l’arthrose des membres inférieurs. Résultats. – 1-Pour évaluer l’intensité d’une douleur passée, le rappel fait intervenir différentes dimensions de l’expérience douloureuse et n’est pas une simple mesure influencée par la durée. Le rappel varie selon l’intensité, la fréquence des douleurs, les pics douloureux, la douleur au repos ou au mouvement, la façon de tolérer la douleur, l’impact sur les activités… Les processus de remémoration font également intervenir des croyances sur la douleur, sur les attentes vis-à vis d’un traitement. 2-Il est justifié de mettre en place une étude pour : ● savoir si l’appréciation d’une douleur moyenne est corrélée à la moyenne de différentes mesures instantanées par un patient ; ● comparer l’impact de différentes durées d’évaluation sur le rappel au cours des dernières 24 heures, 48 heures, sept jours, 28 jours ; ● déterminer l’influence des circonstances de la mesure (au repos, au mouvement, anxiété, dépression) selon l’intensité enregistrée (maximale, minimale, moyenne, habituelle) sur le souvenir. Conclusion. – Utiliser des données faisant intervenir le rappel de l’intensité douloureuse dans une étude doit être maîtrisé, pour replacer cette donnée dans une analyse plus exacte. Comme dans la Bible, qui utilise plusieurs injonctions sur le souvenir : « souviens toi », « rappelle toi » ou « n’oublie pas », les questions posées au patient sur le rappel de l’intensité douloureuse font intervenir des processus cognitifs multiples qui doivent être connus et évalués, pour une compréhension la plus exhaustive de l’expérience douloureuse présente et passée de chaque patient. Deux études, l’une dans la lombalgie, l’autre dans la gonarthrose, vont tenter d’explorer ces mécanismes.
Lu. 42 Les douleurs rhumatismales vues par le grand public : résultats de l’enquête Arthritis Action France (AAF) F. Larochea, P. Sichèreb, B. Guillotinc, P. Gaertnerd, S. Chaussadee, P. Bertinf a Centre de la Douleur, CHU Saint-Antoine, Paris, France b Libéral, Rhumatologue, Paris, France c Libéral, Médecin Généraliste, Paris, France d Libéral, Pharmacien, Strasbourg, France e Service de Gastro-Entérologie, C.H.U. Cochin, Paris, France f Service de Rhumatologie, Centre Hospitalier Universitaire, Limoges, France Introduction. – Evaluer auprès du grand public la perception générale des douleurs rhumatismales (DR) et de leur impact. Patients et Méthodes. – Enquête téléphonique sur système CATI menée du 14 au 24 février 2006 par TNS-Healthcare auprès de 1005 personnes de plus de 18 ans issues d’un échantillon national représentatif de la population française (vague Omnibus). Résultats. – 52 % des personnes interrogées étaient de sexe féminin, 42 % étaient âgées de plus de 50 ans. 79 % avaient déjà entendu parler de maladies rhumatismales, terme auquel étaient associées les douleurs articulaires ou tendineuses (40 %), l’arthrose (17 %), les douleurs rhumatismales inflammatoires (14 %) et le mal de dos (10 %). 39 % d’entre elles estimaient que ces douleurs concernent en France au moins 50 % des adultes. 37 % des personnes interrogées étaient personnellement concernées par ces douleurs, 88 % d’entre elles ayant déjà consulté un médecin. Pour 97 % des 1005 personnes
interrogées, les DR sont très douloureuses (tout à fait d’accord 26 % et plutôt d’accord 71 %), représentent un vrai handicap pour 91 % (31 % et 60 %), sont des maladies invalidantes pour 86 % (36 % et 50 %), peuvent être soulagées sans pouvoir être guéries pour 74 % (33 % et 41 %). Par ailleurs, une minorité (45 %) est tout à fait d’accord ou plutôt d’accord pour dire qu’elles constituent une gène qu’il faut accepter car on n’y peut rien (respectivement 23 % et 22 %) et 29 % pour dire qu’elles ne sont pas de vraies maladies et constituent une fatalité liée à l’âge (16 % et 13 %). Discussion. – Si 1/3 des français de plus de 18 ans disent avoir souffert de DR, 12 % d’entre eux n’ont pas consulté de médecin, ce chiffre étant proche de celui observé dans un second bras de l’enquête AAF menée auprès de patients souffrant de DR (10 % des patients disent ne jamais avoir consulté de médecin pour ces douleurs). Il est également intéressant de constater que plus de 9 adultes sur 10 considèrent les DR comme très douloureuses et responsables d’un vrai handicap, et que la majorité d’entre eux refusent tout fatalisme sur l’évolution et la prise en charge de ces douleurs. Conclusion. – Cette enquête complète une seconde enquête menée par l’AAF auprès de patients et de professionnels de santé. Elle reflète une bonne connaissance par le grand public des douleurs rhumatismales et de leur impact. Enquête réalisée avec le soutien institutionnel de Pfizer France.
Lu. 43 Regards croisés sur les douleurs rhumatismales et leur prise en charge : premiers résultats de l’enquête Arthritis Action France (AAF) P. Bertina, F. Larocheb, P. Sichèrec, B. Guillotind, P. Gaertnere, S. Chaussadef a Service de Rhumatologie, Centre Hospitalier Universitaire, Limoges, France b Centre de la Douleur, CHU Saint-Antoine, Paris, France c Libéral, Rhumatologue, Paris, France d Libéral, Médecin Généraliste, Paris, France e Libéral, Pharmacien, Strasbourg, France f Service de Gastro-Entérologie, C.H.U. Cochin, Paris, France Objectif. – Evaluer le comportement du patient et des professionnels de santé face aux douleurs rhumatismales (DR) et mieux comprendre le parcours de soins. Patients et Méthodes. – Enquête téléphonique sur système CATI menée du 15 au 24 février 2006 par TNS-Healthcare auprès d’échantillons représentatifs de 801 personnes de 18 ans et plus souffrant de DR au moins une fois par semaine, 150 pharmaciens d’officine, 302 médecins généralistes (MG) et 150 rhumatologues. Résultats. – 50 % des patients souffrent de DR pluriquotidiennes et 100 % considèrent qu’elles entraînent une gêne importante. Pourtant, 10 % des patients n’ont jamais consulté pour ces DR et 26 % ne consultent plus. 78 % des patients suivis médicalement sont satisfaits de leur prise en charge (vs 62 % des patients traités en OTC). 40 % des patients estiment que ces douleurs constituent une fatalité liée à l’âge (91 % des pharmaciens, 79 % des MG et 72 % des rhumatologues le pensent pour leurs patients), 62 % ne les considèrent pas comme une maladie (pharmaciens 73 %, MG 69 %, rhumatologues 56 %). 36 % estiment qu’il n’y a pas de risque d’aggravation (pharmaciens 54 %, MG 49 %, rhumatologues 29 %) et 78 % ne veulent pas déranger le médecin pour cette douleur (pharmaciens et MG 33 %, rhumatologues 29 %). L’insatisfaction du patient est liée à l’inefficacité du traitement dans 76 % des cas et aux effets indésirables dans 30 %. Si 19 % des pharmaciens (23 % des MG, 7 % des rhumatologues (p<0,05)) pensent que le celecoxib n’est plus commercialisé, moins de 20 % des patients arthrosiques présentent une contre-indication aux coxibs.
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Discussion. – Plus du 1/3 (36 %) des patients souffrant de DR invalidantes ne sont pas suivis médicalement. Cette enquête met en avant des divergences de vue entre patients et soignants, les patients étant moins fatalistes et davantage conscients du risque d’aggravation que ne le pensent les soignants. Elle souligne également les attentes des patients en termes d’efficacité mais aussi de tolérance. Conclusion. – Cette enquête, qui complète une enquête européenne menée sous l’égide de l’AAG [1], souligne l’impact des douleurs rhumatismales et la nécessité de prendre en compte les attentes des patients afin de les maintenir dans le circuit de soins et d’améliorer leur qualité de vie. Enquête réalisée avec le soutien institutionnel de Pfizer France. Référence [1] Woolf AD, et al., Arthritis Action Group. Ann Rheum Dis 2004;63:342–7.
Lu. 44 La douleur chez les patients hospitalisés dans un service de rhumatologie: étude observationnelle de trois mois E. Houvenagela, C. Prudhommea, N. Laxenairea, J. Paccouda, V. Ducoulombiera, M. Vandecandelaerea a Service de rhumatologie, CH St Philibert, Lomme, France Objectif. – Mesurer le niveau douloureux des patients hospitalisés dans un service de rhumatologie, évaluer les catégories diagnostiques et l’utilisation de la morphine sur une période de trois mois. Patients et Méthodes. – Recueil pendant une période de trois mois chez des patients hospitalisés de manière consécutive (1° mars au 30 mai 2005) des paramètres suivants: données démographiques, EVA douleur à l’entrée et lors de la sortie, caractère aigu ou chronique (> 3 mois) de la douleur, étiologie, traitement antalgique à domicile et instauré en cours d’hospitalisation. Résultats. – 320 patients ont été inclus (174 femmes, 146 hommes) durant la période de trois mois. L’EVA moyenne à l’entrée était chiffrée à 55,9 à l’entrée, contre 27,3/100 à la sortie. Au début de l’hospitalisation, près d’un patient sur deux avait une EVA supérieure à 60 sur 100, et deux patients sur 10 une EVA > 80/100. Seulement 10,7 % des patients avaient une EVA < 10/100. Le caractère chronique de la douleur était observé chez 64 % des patients. L’EVA moyenne pour chaque catégorie diagnostique était la suivante: pathologie tumorale: 47/100, rhumatismes inflammatoires: 48/100, pathologie dégénérative: 57/100, ostéopathies fracturaires: 60/100, radiculalgies des membres: 65/100. La morphine était introduite chez 20 % des patients: 8 fois sur 10 il s’agissait de douleur non d’origine cancéreuse. Conclusion. – La douleur est le maître symtôme des patients hospitalisés en rhumatologie. Les niveaux douloureux les plus importants étaient observés pour les radiculalgies de membres et les ostéopathies fracturaires. La morphine a été introduite chez un patient hospitalisé sur cinq.
Lu. 45 Que reste t il de l’œdème bleu de Charcot A. Bera Louville, M.-C. Defontaine, B. Veys, D. Devillers Service de Rhumatologie, CHU Hôpital Roger Salengro, Lille, France Introduction. – Le caractère disproportionné de la douleur dans les suites d’un traumatisme banal, la difficulté de définir des mécanismes physiopathologiques précis, l’absence de traitement validé sont les caractéristiques habituelles des syndromes douloureux régionaux complexes de type I. Dans quelques cas rares, les troubles vasomoteurs ou trophiques présentent une sévérité énigmatique, rebelle aux traitements, pouvant entraîner une escalade thérapeutique. L’aspect, parfois spectaculaire fait évoquer la facticité des symptômes (pathomimie).
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Observation. – Nous rapportons les cas de quatre patients (deux femmes, deux hommes), de 16 ans à 41 ans, suivie au Centre d’Evaluation et de Traitement de la Douleur du CHRU de Lille pour un SDRC I (trois atteinte d’un membre inférieur, une atteinte du membre supérieur dominant) d’une durée d’évolution moyenne de quatre ans. Les troubles vaso moteurs ont d’emblée été sévères. Deux patients ont présenté des troubles cutanés graves, l’un quatre ans après le début du SDRC I, l’autre d’emblée. Les examens morphologiques n’ont pas retrouvé d’anomalies. Tous les patients ont bénéficié de traitements antihyperalgésiants. Des blocs locorégionaux prolongés ont été réalisés pour une patiente, une stimulation médullaire a été implantée chez une patiente, sans amélioration. Le caractère très rebelle, l’apparition de nouvelles lésions cliniques, le suivi pluridisciplinaire ont conduit à évoquer des troubles factices primaires ou secondaires produisant une symptomatologie pathomimétique. Conclusion. – Nous tentons de répondre à certaines des questions suscitées par ces patients : Sur quels critères (consultation psychopathologique, tests psychologiques) pouvons nous valider un diagnostic de pathomimie. Le SDRC I est elle la conséquence secondaire et opportune d’un désordre psychopathologique ou est elle fortuitement à l’origine d’une utilisation perverse de la symptomatologie chez ces patients ? Comment éviter la surenchère thérapeutique ?
Lu. 46 Evolution à long cours d’un traitement multidisciplinaire dans la lombalgie chronique M. Norberga, M. Norbergb, L. Belgranda a Service d’Orthopédie et de Traumatologie, Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, Lausanne, Suisse b Service de Rééducation, Centre Médical, Lavey-Les-Bains, Suisse Introduction. – La lombalgie chronique est un problème commun, où un des traitements reconnus est des programmes multidisciplinaires de reconditionnement. Pour les patients douloureux chroniques, ces programmes réduisent la douleur et améliore la fonction, en comparant avec un traitement altérnatif. Ce programme exsite dans notre institution depuis 1997. Il englobe une approche physiothérapeutique et ergothérapeutique associés à des mesures éducatives et psychologiques. Patients et Méthodes. – Nous avons tenté de contacter tous les patinets ayant fait notre programme de rehabilitation de 1997 et 1998 par courrier. Sur les 100 patients, 77 ont pu être contactés et 50 ont repondu au questionnaire. Les patients étaient divisés en fonction de leur capacité de travail lors de l’inclusion : groupe 1 : à travail à 100 % lors de l’inclusion, mais nombreuses interruption avant (33 %) ; groupe 2 : au moins trois mois d’absence. Résultats. – Les patients ont maintenu ou amélioré lors capacité de travail à six ans de la fin de la prise en charge : 60 % des patients du groupe (2) travaillait à plus de 50 % (38 % à 100 %). Parmi le groupe 1, 80 % travaillait à 100 % six ans après. Conclusion. – Un programme multidisciplinaire de reconditonnement physique pour des lombalgiques chroniques permettent à une majorité des patients de rester actifs même six ans après, avec moins de demande d’indémnités, ce qui reste moins cher qu’un modèle traditionnel de traitement. Mais même ces résultats encourageants nous forcent a essayer d’intervenir rapidement pour diminuer les absences au travail.