Revue ge´ne´rale Revue historique de la chirurgie des varices Jephta van den Bremer,1 Frans L. Moll,2 Leiderdorp et Utrecht, Pays-Bas
Les veines variqueuses sont aussi vieilles qu’Hippocrate. Les traitements des varices vont et viennent. La chirurgie pour la maladie variqueuse est l’une des interventions e´lectives les plus communes. L’histoire de la chirurgie de veines variqueuses a e´te´ explore´e. Nous signalons les premie`res descriptions des veines variqueuses, et nous nous concentrons en particulier sur la ligature de la jonction saphe´no-fe´morale, l’e´veinage des veines grandes saphe`nes, les phle´bectomies, et la chirurgie des veines perforantes. Nous terminons avec le de´veloppement rapide des proce´dures mini-invasives, telles que la scle´rothe´rapie a` la mousse, l’ablation par radiofre´quence, et le laser endoveineux. En 10 ans, les avantages de la mini-invasivite´ de ces proce´dures, combine´s a` la demande de re´sultats a` court terme e´quivalents et de meilleurs re´sultats a` long terme, ont de´ja` influence´ notre pratique journalie`re. Actuellement, le traitement de re´fe´rence des veines variqueuses est toujours la ligature chirurgicale et l’e´veinage de la veine incontinente. Simultane´ment ou se´quentiellement au traitement de l’insuffisance tronculaire, des varicosite´s re´siduelles peuvent eˆtre traite´es par phle´bectomie. Les nouvelles techniques miniinvasives ont cependant beaucoup change´ le paysage clinique de la chirurgie des veines variqueuses. Les changements spectaculaires de la dernie`re de´cennie sont probablement les pre´curseurs de la prochaine ge´ne´ration.
Les varices sont un proble`me commun rencontre´ par diffe´rents spe´cialistes. Ces dernie`res anne´es, les frontie`res du traitement chirurgical des veines variqueuses ont beaucoup e´volue´.
AU DE´BUT. Quand l’homme a commence´ a` marcher en debout, ceci a conside´rablement influence´ les maladies veineuses des membres infe´rieurs. Le retour du sang veineux e´tait geˆne´ pour revenir au cœur contre la pesanteur, avec pour re´sultat le de´veloppement de DOI of original article: 10.1016/j.avsg.2009.07.035. 1 Department of Surgery, Rijnland Hospital, Leiderdorp, Pays-Bas. 2
Department of Surgery, University Medical Center, Utrecht, Pays-
Bas. Correspondance : Jephta van den Bremer, Department of Surgery, Rijnland Hospital, PO Box 4220, 2350 CC Leiderdorp, Pays-Bas, E-mail:
[email protected] Ann Vasc Surg 2010; 24: 426-432 DOI: 10.1016/j.acvfr.2010.09.006 Ó Annals of Vascular Surgery Inc. E´dite´ par ELSEVIER MASSON SAS
thromboses veineuses aigue¨s, des varices, et de l’insuffisance veineuse chronique. Les tentatives de traitement des varices et des manifestations de l’insuffisance veineuse chronique remontent a` des milliers d’anne´es. Le papyrus d’Ebers (vers 1550 AJC) mentionne les veines variqueuses, et l’auteur est contre l’ope´ration.1 Il de´crit les veines comme « tortueuses, pleines avec beaucoup de nœuds, comme gonfle´es par l’air. » La premie`re illustration d’une veine variqueuse, de´couverte au pied de l’Acropole (Athe`nes), remonte au 4e`me sie`cle AJC. Elle est de´die´e au Docteur Amynos, peut-eˆtre un des premiers phle´bologues. C’est une tablette votive souvent reproduite qui montre une jambe massive avec un gonflement serpentin de sa face me´diale, qui a toutes les caracte´ristiques d’une veine variqueuse. Hippocrate (460-377 AJC), le « pe`re de la me´decine, » identifiait une corre´lation entre veines variqueuses et ulce`res de jambe.2 Il notait e´galement que les varices des jambes ne se produisent pas avant la puberte´. Il recommandait l’utilisation de bandages pour produire une compression ferme et 465
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conseillait de petites piquˆres dans les veines variqueuses. En outre, Hippocrate pre´conisait l’utilisation du caute`re et est cite´ pour dire « ce qui ne peut pas eˆtre traite´ par des me´dicaments est traite´ par le couteau, ce qui ne peut pas eˆtre traite´ par le couteau est traite´ par le fer desse´chant, et ce qu’il ne peut pas traiter doit eˆtre conside´re´ incurable. » 3 Hippocrate ne distinguait pas les arte`res et les veines, conside´re´es les ve´hicules de l’air. La doctrine pythagoricienne des quatre humeurs (sang, flegme, bile jaune, et bile noire) e´tait fondamentale a` la me´decine d’ Hippocrate.1 Un exce`s ou un de´ficit d’une des quatre humeurs e´tait vraisemblablement responsable des maladies. He´rophile et Erasistrate, deux me´decins de l’E´cole de Me´decine d’Alexandrie en Egypte ont invente´ les clamps arte´riels et furent les premiers a` ligaturer les vaisseaux sanguins (270 AJC).4 Ils controˆlaient le saignement, rendant la chirurgie possible. Au cours du 1er sie`cle apre`s JC, Aurelius Corne´lius Celsus (25 AJC-50 apre`s JC), l’encyclope´diste romain ce´le`bre, utilisait l’avulsion avec un crochet e´mousse´ ou un contact du caute`re pour traiter les varices.5 Les chirurgiens romains n’employaient aucune forme d’anesthe´sie; on peut imaginer que ce n’e´tait pas une expe´rience agre´able. Le tyran romain Caius Marius (mort en 86 AJC) a eu une chirurgie pour varices. Apre`s traitement d’une jambe, il a refuse´ la chirurgie de l’autre jambe, en disant « je vois que le re´sultat n’est pas en rapport avec la douleur ». Claudius Galien, ne´ dans la ville grecque de Pergamon (Turquie moderne) en 130 apre`s JC, a e´crit un livre souvent employe´ comme manuel. Il de´crit la veinosection et conseille que les varices soient traite´es par incision et avulsion avec un crochet e´mousse´.6 Galien avait un point de vue tre`s errone´ sur la fonction cardiaque et la circulation. Ses the´ories ont domine´ et ont influence´ les sciences me´dicales occidentales pendant presque 1500 ans, jusqu’a` ce que William Harvey ait e´tabli que le sang circule, le cœur agissant en tant que pompe au 17e`me sie`cle (voir ci-dessous). A l’e´poque bizantine, Paulus Aegineta (607-690), chirurgien grec pratiquant a` Constantinople, a identifie´ que la ligature et l’ablation de la veine grande saphe`ne (VGS) e´taient importantes.7 L’utilisation d’un stripper externe (tout a` fait rudimentaire) a e´te´ rapporte´e la premie`re fois par Albucasis de Cordoue (936-1013), chirurgien musulman qui a exerce´ dans le royaume andalou (Espagne du sud d’aujourd’hui).6 Le ge´nie Le´onard de Vinci (1452-1519) a clairement montre´ le syste`me veineux dans ses sche´mas
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anatomiques. De Vinci a montre´ les veines superficielles du membre infe´rieur. De manie`re inte´ressante, la jambe n’a pas une arche veineuse poste´rieure, qui s’appelle souvent la « veine de Leonardo, » et les veines communicantes ne sont pas visibles. Ses sche´mas e´taient remarquablement vrais. En 1543, l’anatomie du syste`me veineux a e´te´ pre´sente´e avec de grands de´tails dans les travaux d’Andreas Ve´sale. La premie`re description comple`te des valves a e´te´ donne´e par Jeronimus Fabricius d’Aquapendente (1533-1619), professeur d’anatomie a` la Faculte´ de Me´decine renomme´e de Padoue, en 1603. Il de´crit les valves dans son travail intitule´ De venarum ostiolis. Avant la description, il montrait les valves au cours de dissections publiques en 1579. Fabricius a e´galement e´crit sur le traitement chirurgical des varices dans son livre Opera chirurgica, publie´ en 1593. Il pensait que la ligature seule n’est pas suffisante et que le sang « brut » devait eˆtre enleve´ de la veine par ponction apre`s application de ligatures multiples au-dessus et au-dessous de la varicosite´. William Harvey (1578-1657), un e´le`ve de Fabricius, publia De Motu Cordis, sa de´couverte monumentale de la circulation en 1628.8 Ce travail est l’un des e´ve´nements les plus importants dans l’histoire de la physiologie et est la base de notre compre´hension actuelle de la circulation. Harvey a de´montre´ le caracte`re unidirectionnel du flux sanguin dans la circulation du sang, possible graˆce aux valves. Jean Louis petit (1674-1750), premier directeur de l’Acade´mie de chirurgie a` Paris, pensait que la cause des varices e´tait « quelque chose qui empeˆche le sang de monter dans les veines ».6 Il a e´galement observe´ que les grossesses e´taient importantes dans la cause de cette affection. Le traitement chirurgical des varices n’e´tait pas tre`s populaire a` ce moment-la`. Les malades souffraient e´norme´ment pendant l’ope´ration, et les complications septiques la rendaient tre`s dangereuse. Richard Wiseman (1622-1676), chirurgien sergent de Charles II, a note´ l’association entre les varices et les ulce`res et a employe´ le terme « d’ulce`re variqueux » pour la premie`re fois.9 Wiseman e´tait oppose´ au traitement chirurgical des varices, sauf dans les cas graves. Au sujet de la douleur, Wiseman e´crit, « je n’ai jamais rencontre´ un malade qui cherchait a` d’entendre parler du traitement par la ligature, et n’ai en effet pas vu de grande raison d’y avoir recours ». En 1864 Chapman e´crivait que Sir Astley Cooper (apre`s un cas d’e´volution fatale apre`s ligature par lui-meˆme) a tout simplement de´clare´ que le
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chirurgien qui avait effectue´ une telle ope´ration me´ritait « d’avoir une ligature applique´e autour de son propre cou ».5 A partir de Joseph Lister (1827-1912) le controˆle des microorganismes trouva un inte´reˆt croissant. Il porta l’antisepsie chirurgicale en 1867 a` un niveau ou` une incision de l’aine pouvait eˆtre faite sans grand risque d’infection. Les dangers de l’ope´ration e´taient radicalement diminue´s. Quand l’importance de l’asepsie est devenue reconnue, le danger infectieux a e´te´ presque supprime´. En meˆme temps, l’anesthe´sie a e´te´ conside´rablement ame´liore´e par l’introduction de l’anesthe´sie spinale et au gaz. L’arrive´e de l’anesthe´sie et de la chirurgie antiseptique a fait progresser le traitement chirurgical des varices a` grands pas. On a e´limine´ la douleur, et l’infection, casse-pieds de la chirurgie a` travers l’histoire, pouvait eˆtre re´duite au minimum.
LIGATURE DE LA JONCTION SAPHE´NO-FE´MORALE Au 16e`me sie`cle, Ambroise Pare´ (1510-1590, un chirurgien de l’arme´e franc¸aise, fait prisonnier dans la campagne de 1553 comme chirurgien d’Henri II) de´crivait la ligature des veines variqueuses et de la VGS a` la cuisse.10 Il pre´conisait l’utilisation d’escarrifiants cutane´s recouvrant les varices afin de produire la thrombose. Pare´ fut probablement le chirurgien le plus brillant de la Renaissance. Il e´tait l’un des premiers chirurgiens a` e´crire au sujet de la chirurgie esthe´tique en exprimant sa grande pre´occupation de longues cicatrices. Meˆme si Pare´ e´tait le premier, de nos jours, la ligature de la veine saphe`ne interne a` la cuisse est habituellement associe´e au nom de Trendelenburg. En 1890, Friedrich Trendelenburg (1844-1925), probablement le chirurgien veineux le plus ce´le`bre, a e´crit un article sur la ligature de la VGS, qui a fait le lit de la chirurgie veineuse actuelle.11 Trendelenburg liait la VGS a` la jonction des tiers moyens et infe´rieurs de la cuisse en utilisant une incision longitudinale. Les malades e´taient hospitalise´s 5 semaines.6 La me´thode e´tait base´e sur l’hypothe`se qu’on pouvait e´liminer le reflux saphe`ne par ligature de la VGS incontinente. Il ne pre´conisait pas la ligature de la VGS au ras de la jonction saphe´nofe´morale (JSF). Six ans apre`s, en 1896, la publication de Trendelenburg e´tait suivie d’un article de Jerry Moore.12 Moore sugge´rait quelques modifications. La modification la plus importante e´tait la ligature et la section de la VGS juste au-dessous de la JSF a` l’abouchement de la saphe`ne (ligature haute).
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L’importance de la ligature haute fut souligne´e par John Homans.13 L’ope´ration a re´siste´ au temps, et elle est faite aujourd’hui conforme´ment a` ses recommandations. Il a fallu attendre les anne´es 1900 pour que la crossectomie soit reconnue. Dans la deuxie`me moitie´ du 20e`me sie`cle, la ligature de la veine saphe`ne a` la JSF a e´te´ pratique´e largement avec la croyance qu’elle controˆlerait le reflux lie´ a` la gravite´ tout en pre´servant la veine pour un pontage arte´riel ulte´rieur. Aujourd’hui, la crossectomie est une partie du traitement de re´fe´rence des varices primaires de la veine grande saphe`ne. La deuxie`me partie est l’e´veinage.
EVEINAGE DES VEINES GRANDES OU PETITES SAPHE`NES Les re´cidives de varices sont la re`gle apre`s ligature simple de la saphe`ne. L’adjonction de l’e´veinage a` la ligature simple a diminue´ le nombre de re´cidives.14 Au de´but du 20e`me sie`cle, l’e´veinage des veines saphe`nes a e´te´ ajoute´ a` la ligature proximale. Otto Wilhelm Madelung (1846-1926) a de´crit l’extirpation comple`te de la VGS par une incision prolonge´e de la cuisse et de la partie basse de la jambe.15 La me´thode a e´te´ abandonne´e du fait de la mortalite´ e´leve´e par embolie pulmonaire. Keller16 fut le premier a` de´crire un stripper interne pour extraire la VGS en 1905. La technologie ne´cessaire pour extirper e´tait simple, et le reste. La veine e´tait enleve´e en passant une boucle ou une sonde fixe´e par une ligature attache´e a` l’extre´mite´ de la veine pour inverser la veine pendant qu’elle e´tait extirpe´e. Le stripper interne a e´te´ suivi en 1906 par un stripper annele´ externe par Mayo.17 Rapidement, Babcock a de´veloppe´ un stripper saphe`ne interne souple.18 Ce stripper avait une extre´mite´ olivaire sur laquelle la veine e´tait te´lescope´e par l’extraction du stripper. La veine sectionne´e pouvait alors eˆtre retire´e. Le stripper « Babcock » peut eˆtre conside´re´ comme le prototype de tous les strippers actuellement en service. Apre`s ces premie`res tentatives visant a` concevoir une technique d’e´veinage adapte´e, le pendule est revenu a` la scle´rothe´rapie. Pendant les anne´es suivantes, l’e´veinage a de nouveau e´te´ pre´conise´ par plusieurs auteurs. Autour des anne´es 50 l’e´veinage complet est devenu plus populaire. L’augmentation de la popularite´ a e´te´ tout d’abord provoque´e par des publications qui e´taient presque toutes en faveur de la technique d’e´veinage. La publication de Lofgren et coll.19 fut probablement la plus importante.
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C’e´tait la premie`re comparaison (cependant non randomise´e) utile de la crossectomie avec e´veinage et de la crossectomie avec scle´rothe´rapie. L’utilisation de l’e´veinage de la cheville a` l’aine e´tait alors la technique de re´fe´rence. Un argument contre l’ablation syste´matique de toute la veine saphe`ne e´tait les le´sions rapporte´es du nerf saphe`ne (jusqu’a` 50%) lie´es a` l’e´veinage au-dessous du genou. Cet argument a e´te´ cru largement, avec « un e´veinage court » comme conse´quence. Ainsi, la plupart des spe´cialistes en chirurgie vasculaire ont fait e´voluer leur pratique vers un e´veinage jusqu’au genou (juste au-dessous), e´vitant l’e´veinage de la VGS au mollet, ou` il est proche du nerf saphe`ne. Ces principes, tre`s le´ge`rement ajuste´s, sont encore applique´s comme il y a 100 ans. Dans l’intervalle, plusieurs essais randomise´s ont confirme´ l’efficacite´ et les bons re´sultats de cette technique. De nos jours, la de´connexion de la JSF incompe´tente avec e´veinage chirurgical (court) est toujours le traitement de re´fe´rence des varices de la veine grande saphe`ne, contre lequel les re´sultats de toutes les nouvelles me´thodes de traitement des varices doivent eˆtre juge´s.
PHLE´BECTOMIES Simultane´ment ou se´quentiellement avec le traitement de l’insuffisance tronculaire, des varicosite´s re´siduelles peuvent eˆtre traite´es par phle´bectomie. Comme indique´ avant, la phle´bectomie a e´te´ de´crite par Aurelius Corne´lius Celsus (25 AJC-50 apre`s JC) 5 et a e´te´ re´invente´e il y a un peu plus de 40 ans par Robert Muller, un dermatologue suisse dans son cabinet prive´ a` Neuchaˆtel, Suisse.20 Lors de la pre´sentation initiale de la nouvelle technique au Congre`s de la Socie´te´ Franc¸aise de Phle´bologie en 1967, l’assistance a souri. Plus tard, il a de´veloppe´ sa propre technique et ses instruments et a enseigne´ la technique a` des centaines de me´decins. Aujourd’hui, la technique de phle´bectomie par micro-incisions est pratique´e par des milliers de phle´bologues autour du monde. Selon la « bible »21 de cette technique, « la phle´bectomie ambulatoire Mulle´rienne » doit eˆtre conside´re´e comme la re´fe´rence pour l’exe´re`se des varices superficielles. De nos jours, Muller s’appelle souvent « le pe`re de la phle´bectomie ambulatoire d’aujourd’hui. » Notamment, les crochets de Muller ge´ne´ralement utilise´s aujourd’hui sont une e´volution de la moitie´ initiale d’une pince he´mostatique casse´e employe´e par Muller lui-meˆme.
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CHIRURGIE DES VEINES PERFORANTES Le premier auteur qui a montre´ les veines perforantes de la jambe e´tait von Loder, un anatomiste russe.22 Elles s’appellent « veines perforantes » parce qu’elles percent le fascia generalis. Robert Linton e´tait convaincu que les perforantes incontinentes jouent un roˆle important dans le de´veloppement des ulce`res veineux. Il e´tait le premier a` de´crire l’ope´ration de ligature sous-fasciale des veines communicantes me´diales du bas de la jambe en 1938.23 Cette ope´ration, appele´e le « proce´de´ de Linton, » exigeait une longue incision cutane´e avec un taux inacceptable de morbidite´. Par conse´quent, le proce´de´ a e´te´ en grande partie abandonne´. Inde´pendamment du fait que les indications du moment ou` traiter les veines perforantes incontinentes sont toujours discute´es, la technique de traitement des veines perforantes incontinentes a beaucoup e´volue´ pendant le sie`cle passe´. En 1953 Frank Cockett a publie´ dans le Lancet au sujet « du syndrome d’e´ruption de cheville » et de son traitement par la ligature extrafasciale de veines perforantes.24 Ce travail a re´tabli l’inte´reˆt pour le traitement chirurgical des ulce`res veineux. Plus tard, lui et Dodd ont e´dite´ un manuel qui est devenu le manuel de re´fe´rence sur le traitement de la maladie veineuse.25 Pendant les anne´es 80, la technique de chirurgie endoscopique des perforantes sous-fasciales a e´te´ de´veloppe´e comme autre option pour diminuer l’incidence des complications de plaies lie´es aux proce´dures ouvertes.26 Inde´pendamment du de´bat au sujet des indications, des effets secondaires substantiels sont toujours observe´s. Beaucoup de connaissances au sujet de ces veines manquent toujours.
DUPLEX Le balayage duplex a e´te´ pre´sente´ au cours des anne´es 80, et c’est devenu la me´thode de re´fe´rence pour e´tudier le reflux veineux au lieu de la phle´bographie. Le balayage duplex non seulement facilite le diagnostic non invasif mais encore est un outil puissant pour e´tudier l’histoire naturelle et la physiopathologie de la maladie veineuse. L’arrive´e de l’imagerie duplex couleur au de´but des anne´es 90 a non seulement re´duit le temps ne´cessaire pour faire un examen mais a e´galement ame´liore´ la fiabilite´ de la technique. Depuis lors, un technologiste vasculaire expe´rimente´ peut faire un balayage duplex couleur des
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veines d’une jambe en environ 15min. Par la suite, le duplex s’est ave´re´ eˆtre un excellent guide sans irradiation pour des proce´dures mini-invasives.
PROCE´DURES MINI-INVASIVES Comme dans beaucoup d’autres branches chirurgicales, des proce´dures moins invasives ont e´te´ invente´es pour ame´liorer l’efficacite´ et la qualite´ de vie lie´e a` la sante´ et pour re´duire les effets secondaires se´rieux, les couˆts, et la douleur postope´ratoire. Les nouvelles techniques miniinvasives, telles que la scle´rothe´rapie a` la mousse e´cho-guide´e, l’ablation par radiofre´quence (ARF; VNUS Closure Ò; VNUS Medical Technologies, San Jose, CA, Etats-Unis) et le laser endoveineux (LEV), ont e´te´ introduites vers la fin des anne´es 90. Scle´rothe´rapie a` la mousse L’oblite´ration mini-invasive de la veine saphe`ne a e´te´ une possibilite´ tentante depuis l’invention de la seringue au milieu du 19e`me sie`cle. Francis Rynd a invente´ l’aiguille hypodermique en 1845. Ceci a mene´ au de´veloppement de la scle´rothe´rapie. La premie`re tentative de scle´rose des veines variqueuses a e´te´ faite par un Franc¸ais, Charles-Gabriel Pravaz. Il a injecte´ du perchlorure de fer dans les veines.27 En raison des re´sultats insuffisants, des infections, et de suppurations, le traitement scle´rosant n’e´tait pas tre`s populaire. En 1894 le congre`s chirurgical de Lyon a meˆme condamne´ le traitement scle´rosant des varices. Apre`s 1911 (Ehrlich a prouve´ l’induction suˆre de la thrombose chimique), il est devenu plus populaire. Cependant, la crainte d’embolies mortelles a de´courage´ les professionnels me´dicaux de traiter les varices par scle´rothe´rapie. Progressivement, son efficacite´ a e´te´ e´tablie et la confiance est revenue, en faisant le traitement de choix pendant les anne´es 30. La scle´rothe´rapie a encore e´te´ rendue populaire par l’article de Fegan dans le Lancet en 1963.28 L’utilisation des agents scle´rosants a` base de mousse pour traiter des varices petites ou grosses a commence´ de`s 1939. Stuard McAusland secouait simplement la bouteille remplie de morrhuate de sodium. Avec la mousse, il traitait les veines en araigne´e et les te´langiectasies.29 Une publication tre`s importante, qui est fre´quemment cite´e, est celle d’Egmont James Orbach en 1944.30 De manie`re e´tonnante, cette publication ne traite pas du tout de la mousse. Il pre´sentait la « technique d’air-bloc »: En injectant un peu d’air dans le segment veineux a` traiter, le sang restant
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e´tait comple`tement de´place´. Plus tard, il s’est ave´re´ que la technique d’air-bloc n’e´tait fiable que pour les petites veines variqueuses (<4mm). Cette technique originale n’est plus employe´e, mais elle a mene´ au de´veloppement du « mousse-bloc » (airbloc avec une mousse a` grosses bulles), qui est encore employe´ aujourd’hui par quelques phle´bologues pour traiter de petites veines. Pendant les six de´cennies suivantes plusieurs mousses scle´rosantes non commerciales ont e´te´ employe´es et ame´liore´es par de nombreux me´decins (dont beaucoup ont pre´tendu avoir de´veloppe´ la technique ide´ale). Pendant les anne´es 60, la scle´rothe´rapie est devenue populaire en raison des e´checs perc¸us de la chirurgie. Apre`s les anne´es 70, la scle´rothe´rapie a e´te´ en grande partie abandonne´e apre`s que des e´tudes aient montre´ des re´sultats a` long terme plus mauvais compare´s a` la chirurgie. La technique a e´te´ conside´rablement ame´liore´e avec des artifices de pre´paration (par exemple, syste`me de double-seringue, robinets a` trois voies, techniques a` basse ou haute pression). Le proble`me, cependant, e´tait que la mousse n’e´tait pas reproductible parce que ses caracte´ristiques importantes (par exemple, proportion de gaz, concentration de scle´rosant, taille des bulles, et autres) diffe´raient dans chaque pre´paration. Ainsi, d’un point de vue scientifique, il e´tait plutoˆt impossible de trouver la technique la plus approprie´e. L’utilisation de scle´rosants mousseux n’a e´te´ « relance´e » qu’il y a quelques anne´es, comme en te´moignent le nombre croissant de confe´rences et de publications sur ce sujet. Ablation par radiofre´quence Historiquement, l’e´nergie de RF a e´te´ applique´e en cardiologie pour l’ablation des voies de conduction anormales causant des arythmies.31 Les techniques endoveineuses doivent beaucoup a` la technique simple de Seldinger. Cette technique a e´te´ invente´e en 1952 par Sven-Ivar Seldinger (1921-1998), radiologue sue´dois. L’ARF est faite avec un acce`s percutane´ a` la veine sous controˆle ultrasonore typiquement entre le bas de la cuisse et le haut du mollet. Le cathe´ter RF est alors avance´ jusqu’a` l’aine (JSF), au-dessus de laquelle le cathe´ter choisi est passe´. Le cathe´ter est chauffe´ a` une tempe´rature spe´cifique et graduellement retire´. La veine est chauffe´e et supprime´e par voie endoluminale. Les premiers re´sultats, publie´s en 1966, ont e´te´ associe´s a` des bruˆlures de la peau, des le´sions des
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nerfs saphe`ne et pe´ronier, des phle´bites, et des infections.32 Les me´thodes ont change´ rapidement, avec pour re´sultat la limitation des le´sions des tissus pe´riveineux avec l’application de l’anesthe´sie tumescente. L’introduction de l’anesthe´sia tumescente33 a encore re´duit au minimum les conse´quences de´favorables et fait mieux tole´rer ce proce´de´ par les malades. En 1999 la me´thode d’ARF a e´te´ approuve´e par la ‘‘Food and Drug Administration’’. Les techniques d’oblite´ration de la VGS telles que l’ARF et le laser endoveineux peuvent eˆtre faites sans besoin d’anesthe´sie ge´ne´rale en ambulatoire. Traitement par laser endoveineux Simultane´ment a` l’occlusion RF, il a e´te´ montre´ que des lasers endoluminaux pouvaient e´galement occlure les veines axiales par le´sions thermiques de l’endothe´lium. Une proce´dure semblable a` l’ARF a e´te´ suivie. Au lieu du cathe´ter e´lectrode, une fibre laser e´tait employe´e. La premie`re utilisation du rayonnement laser endoluminal a e´te´ rapporte´e par Bone´ en 1999.34 Les premiers re´sultats du LEV ont e´te´ fournis principalement par des e´tudes monocentriques, alors que la plupart des re´sultats de RF e´taient rapporte´es dans des e´tudes multicentriques, qui ont naturellement e´te´ conside´re´es plus fiables en termes de standardisation de protocole d’e´tude et de collecte de donne´es. Tandis que des protocoles standardise´s e´taient employe´s pour l’ARF, les protocoles de LEV e´taient extreˆmement variables en raison des diffe´rents e´quipements utilise´s. Les me´thodes mini-invasives, particulie`rement le LEV, ont rapidement e´te´ tre`s accepte´es par les malades. Graˆce a` cette acceptation et a` une mise en œuvre plutoˆt facile en pratique quotidienne35, il est devenu l’un des traitements les plus populaires des varices en une de´cennie. Environ dix ans apre`s son introduction, le LEV semble eˆtre une option tre`s efficace et suˆre pour traiter les varices. Re´cemment, des essais randomise´s et des me´ta-analyses ont confirme´ l’efficacite´ du LEV en comparaison avec la chirurgie et d’autres techniques endoveineuses.36-39 Les proce´dures mini-invasives « ignorant la JSF » ont introduit un changement de paradigme dans notre concept de soigner les malades avec des varices. Selon l’opinion de beaucoup, l’oblite´ration endoveineuse de la veine saphe`ne sans dissection de la JSF a viole´ une re`gle d’or de la chirurgie des veines saphe`nes. Celle-ci soutient que chaque Branche doit eˆtre disse´que´e jusqu’a` ses affluents primaires et meˆme secondaires.
Annales de chirurgie vasculaire
Cependant, il est devenu e´vident que l’e´chec de la chirurgie traditionnelle des varices (avec crossectomie) avec le de´veloppement de varices re´cidive´es est plus fre´quent au niveau de l’aine. La discussion est continue sur le fait de savoir si la re´cidive inguinale est due a` la croissance de nouveaux vaisseaux au niveau de la jonction ligature´e (angioge´ne`se ou ne´ovascularisation) ou a` la dilatation de collate´rales existantes. La the´orie de ne´ovascularisation est soutenue par des taux infe´rieurs de re´cidive apre`s les proce´dures endoveineuses. Nous devons eˆtre prudents a` ce sujet parce que ces chiffres a` court terme doivent eˆtre confirme´s par des re´sultats a` long terme. Les avantages de la mini-invasivite´ de la RF et du traitement par laser, combine´s a` la revendication de re´sultats a` court terme e´quivalents et de meilleurs re´sultats a` long terme, ont de´ja` influence´ notre pratique journalie`re. Bien que des sujets tels que la standardisation des proce´dures, la formation, et le couˆt doivent toujours eˆtre aborde´s, cette technique a le potentiel d’un de´veloppement ulte´rieur et pourrait meˆme devenir la prochaine re´fe´rence.
L’AVENIR Actuellement, le traitement de re´fe´rence des varices est toujours la ligature chirurgicale et l’e´veinage de la veine incontinente. Le principal proble`me de la chirurgie des varices demeure cependant le taux e´leve´ de re´cidive.40 Le roˆle des me´thodes endoveineuses miniinvasives devient de plus en plus important. Les progre`s de ces techniques et de l’e´quipement ame´lioreront probablement encore les perspectives pour les malades atteints de varices. Une question pertinente consiste a` savoir si nous pouvons abaisser les taux de re´cidive avec les nouvelles techniques. Les techniques endoveineuses devront faire mieux que la chirurgie pour devenir l’intervention de choix pour les varices. Le but ne doit pas eˆtre la min-invasivite´ mais la gue´rison.
CONCLUSION Les varices sont aussi vieilles qu’Hippocrate. Les traitements des varices vont et viennent. La chirurgie pour maladie variqueuse est l’une des ope´rations ge´ne´rales e´lectives les plus communes. Les chirurgiens font toujours face a` un dilemme en traitant des varices. Bien que la de´connection de la JSF incontinente avec e´veinage (court) soit toujours le traitement de re´fe´rence des varices de la veine grande saphe`ne, son utilisation n’est pas exempte
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d’effets inde´sirables. Bien qu’une e´vidence claire d’essais randomise´s manque toujours, les nouvelles techniques mini-invasives ont beaucoup change´ le paysage clinique de la chirurgie des varices e´norme´ment par rapport aux de´cennies pre´ce´dentes. Les changements spectaculaires de la dernie`re de´cennie sont probablement les pre´curseurs de la prochaine ge´ne´ration.
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