FAIT CLINIQUE
M~decine etMalaclies Infect/euses-~ 1986 - 12 ~ 772 ~ 773
Septic
mie
Erysipelothrixrhusiopathiae sans endocardite
par A.G. COMBREMONT**, D. LADIER***, C. SAISON** et C. ROUGER**** Nous rapportons I'observation d'une septicdmie ~ Erysipelothrix rhusiopathiae sans endocardite, survenue apr~s inoculation cutan~e. Ce germe, surtout connu comme agent de I'erysipeloi'de, est rarement retrouvd dans les h~mocultures. Nous rapportons un ~chec th~rapeutique avec I'ampicilline, pourtant active in vitro, et nous recommandons le traitement classique :la p~nicilline G. RESUME
Mots-cl~s : Septic~mie - E r y s i p e l o t h r i x rhusiopathiae - Echec ~ I'ampicilline.
Erysipelothrix rhusiopathiae, ou bacille du Rouget du porc, est surtout connu comme agent de I'Erysipelo'~'de de Baker-Rosenbach, II est rarement rencontr~ dans les septic~mies qui sont alors associ~es ~ une endocardite (3, 10) ou une arthrite septique (8). Nous rapportons un cas de septic~mie sans endocardite ni arthrite d'~volution favorable.
dont 69 % de polynucl~aires neutrophiles), une vitesse de s~dimentation (70/103), un dosage de fibrinog~ne (4,5 g/I). Les urgences chirurgicales et m~ning~es ~tant ~cart~es, le malade est plac~ sous antipyr~tique et antalgique. Sous ce traitement symptomatique, la fi~vre diminue (37°8), les c~phal~es s'am~liorent, par contre persistent les rougeurs (main, visage), la moiteur des mains et les douleurs. A J.2 on isole des 4 h~mocultures un bacille Gram positif, diff~rent ~ I'~vidence de Listeria monocytogenes. L'~tat clinique ~tant peu alarmant, ce n'est qu'~ J.6 que ce malade est mis sous antibiotique : 1 jour d'amoxycilline (3 g per os), inefficace, puis 2 jours de doxycycline (2 x 100 mg) : amelioration clinique nette. A J.9 le bacille Gram positif est identifi~ : il s'agit d'Erysipelothrix rhusiopathiae.
OBSERVATION
Monsieur G. L~on, 77 ans est un rural actif, aimant se promener et ((travailler)) dans les bois, notamment dans une cabane fr~quent~e par (es lapins et les rats. Le patient est hospitalis~ le 19.02.1986 pour une aggravation rapide d'une alteration de I'~tat g~n~ral, des c~phaI~es violentes, une fi~vre avec sueurs et des douleurs dorsales et dorsolombaires. A I'entr~e, I'examen retrouve ces signes associ~s ~ une fi~vre & 39°7, une rougeur du visage et des mains. L'examen des deux mains montre une rougeur s'arr~tant net au poignet, sans douleur ni cicatrice, mais on note des excoriations.
Le patient est alors mis sous I'association : ampicilline (6 g/jour/IV) - (80 mg x 2/jour/IM). Contre toute attente, on note alors une reprise des c~phal~es, des myalgies et des rougeurs (les h~mocu(tures resteront st~riles). Devant cet ~chec th~rapeutique, le patient est mis ~ J.12 sous p~nicilline G (15 millions U/jour) pendant 3 semaines. Les sympt6mes s'amendent rapidement mais I'apyrexie n'est complete qu'apr~s 15 jours. A J.33 un relais de 10 jours de doxycycline (2 x 100 rag) est installS.
L'abdomen est douloureux mais il n'existe ni d~fense ni contracture. La palpation lat~ro-vert~brale est douloureuse mais ne reproduit pas t o u s l e s symptSmes. Le reste de I'examen clinique, en particulier pteuro-pulmonaire, cardio-vasculaire et neurotogique, est sans particularitY.
*Requ le 2.6.19861 Acceptation d~finitive le 10.10.1986 **Laboratoire central de Bact~riologie, (Prof. C. Chippaux), H6pital Robert Debr~, F-51092 Reims c~dex ***Service de M~decine interne, (Prof. M. Leutenegger), H6pital Robert Debr~, F-51092 Reims c~dex ****Service des Maladies infectieuses, (Prof. G. Remy), H6pital Robert Debr~, F-51092 Reims c~dex
Le bilan initial comporte une s~rie de 4 h~mocultures, une numeration formule sanguine (11 000 GB par mm 3
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Devant le risque d'endocardite, d6crit dans Ce type de septic6mie, une auscultation cardiaque a 6t6 pratiqu~e quot i d i e n n e m e n t et n'a jamais montr6 de souffle. L'~chographie cardiaque pratiqu6e en milieu et fin d'hospitalisation sera toujours normale.
pleurales, c'est un comptait_ 1973 que
oculaires). En ce qui concernes les septic6mies, ph6nom~ne rare puisqu'en 1976 Freland n'en que 31 (toutes avec endocardite) (3). C'est en Townshend publie le premier cas de septic6mie E. rhusiopathiae sans endocardite (10). Le cas f u t contest6 par Alexander dans la m~me revue un mois plus tard (1). D'autres auteurs retrouv6rent ce ph6nom~ne : A r n d t (2), Jahan (4), Marmonier (5) et (6). En 1985, deux nouveaux cas sont publi6s par Norman (7) et Ognibene (8) d o n t I'un est associ6 ~ un choc septique hyperdynamique (8).
Le malade est renvoy6 dans son f o y e r ~ J.41, le bilan biologique m o n t r a n t une numeration formule sanguine normalis6e (5 800 GB d o n t 42 % de Polynucl6aires Neutrophiles).
COMMENTAIRE
CONCLUSION
E. rhusiopathiae est un germe ~ rapprocher sur le plan de la physiopathologie de Pasteurella multocida. En effet, c'est une bact6rie ~ d6veloppement intracellulaire, agent d'anthropozoonose. Chez I'homme, ce germe est surtout responsable d'une maladie d'inoculation d o n t la f o r m e classique est t'erysipelo'ide, les formes rares 6tant des septic~mies, des Iocalisations diverses (pulmonaires, m6ning6es,
SUMMARY
La septic6mie ~ Ervsipelothrix rhusiopathiae sans endocardite est un ph6nom6ne rare puisqu'~ notre connaissance 8 cas ont 6t6 publi6s. Malgr6 I'apparente sensibilit6 in vitro d'Erysipelothrix rhusiopathiae ~ I'ampicilline, cette observation illustre le fait que la p6nicilline G reste le t r a i t e m e n t de r6f~rence.
Erysipelothrix rhusiopathiae septicemia without endocarditis.
We report an observation o f a septicemia due to Erysipel0thrix rhusi0pathiae without endocarditis, appeared after a cutaneous wound. This bacteria, usually known as an erysipeloide agent, is not often isolated from blood cultures. We report an unsuccessful therapeutic assay with ampicillin, however Erysipel0thrix rhusiopathiae is susceptible in vitr0, and we recommend the classical therapy : penicillin G. Key-words : Septicemia - Erysipelothrix rhusiopathiae - Unsuccessful therapeutic assay with ampicillin.
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