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70e Congrès de la Société nationale franc¸aise de médecine interne, Paris (La Villette), 10–12 décembre 2014 / La Revue de médecine interne 35S (2014) A16–A95
Delphi publiées dans la littérature (très bon et bon consensus). Au premier tour de l’enquête chaque participant pouvait proposer 3 nouvelles molécules et faire les commentaires de son choix. Les deux premiers tours de l’enquête ont été effectués par voie électronique, le troisième tour par voie postale. Au décours de l’enquête, le groupe d’initiative était chargé d’analyser la liste avec possibilité de rajouter des médicaments manifestement manquants (omission prévisionnelle liée au fait que certaines maladies pourtant fréquentes sont rarement prises en charge par les internistes). Résultats Sur les 980 membres titulaires de la SNFMI sollicités, 101(10,3 %) ont accepté de participer. Parmi eux, 76,9 % ont répondu au premier tour, validant 26 molécules et en proposant 15 de plus (suggérées par au moins trois participants). Au deuxième tour, 90 % ont répondu, validant 9 molécules de plus. Pour le dernier tour, 89 % des 101 participants ont répondu, permettant de valider 28 molécules. A la fin des trois tours, 63 molécules ont été validées selon la méthode HAS. Le groupe d’initiative a analysé les résultats de l’enquête. Parmi les molécules non validées, 12 ont fait l’objet d’un très bon consensus et 10 d’un bon consensus. Après discussion (molécules devenues obsolètes, ajout de molécules manifestement manquantes) une liste complémentaire de 24 molécules a été constituée. Conclusion Il s’agit d’une première démarche de validation d’une liste de médicaments essentiels en France. Probablement encore incomplète, cette validation nationale par les internistes a le mérite de débuter ce processus et d’en analyser la complexité. Un travail similaire suscité chez les généralistes enseignants et encore en cours de validation pourra venir l’abonder. Déclaration d’intérêts B. Grosbois : expert pour (et conférences rémunérées par) Octapharma, Shire, Genzyme. B. Grosbois estime cependant ne pas avoir de conflits d’intérêt concernant le présent travail. L. Guillevin : conseiller scientifique Actélion, expert pour (et conférences rémunérées par) GSK, CSL, Roche. L. Guillevin estime cependant n’avoir pas de conflit d’intérêt concernant le présent travail. C. Le Jeunne : expert pour Roche, Sanofi, Novartis, BSM, UCB. Essais thérapeutiques en cours pour Bayer, Pfizer, BMS. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.099 CO083
Angiœdèmes bradykiniques médicamenteux : étude rétrospective à partir de la banque nationale de pharmacovigilance franc¸aise C. Faisant 1,∗ , G. Armengol 2 , L. Bouillet 1 , H. Lévesque 2 , I. Boccond-Gibod 1 , C. Villier 1 , N. Massy 2 , Y. Benhamou 2 1 Département de médecine interne, CHU de Grenoble, 38000 La Tronche/Grenoble, France 2 Département de médecine interne, CHU, 76031 Rouen cedex, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (C. Faisant) Introduction Les angiœdèmes (AE) bradykiniques représentent un effet secondaire rare des médicaments. Ils ont essentiellement été attribués aux inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC), avec une prévalence de 0,7 % dans la population caucasienne. D’autres traitements sont incriminés comme les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA2). En France, tout effet secondaire rare doit être signalé à la banque nationale de pharmacovigilance qui dispose d’antennes dans chaque CHU franc¸ais. Nous avons sollicité cette base de données afin d’analyser les caractéristiques cliniques et pronostiques des patients. Patients et méthodes La base informatique nationale MedDRA a été interrogée à partir du mot clé « angiœdème ». Les patients étaient inclus s’ils réunissaient les critères cliniques d’AE bradykinique (AE isolé sans urticaire, durant au moins 12 h, résistant aux anti-histaminiques), s’ils avaient eu un dosage pondéral du C1-inhibiteur normal et s’ils recevaient un IEC ou un ARA2.
Résultats La recherche a permis d’identifier 7998 cas d’AE entre 1994 et 2013. Parmi-eux, 438 patients réunissaient les critères d’AE bradykinique. Sur ces 438 patients, 112 avaient un taux de C1-inhibiteur normal. Il s’agissait de 69 hommes et 43 femmes, avec une moyenne d’âge 65 ans. Le médicament imputable était un IEC dans 77 % des cas (88 patients). Celui-ci était associé à un autre traitement dans 17 cas (mTORi pour 3 patients, iDPP4 pour 1 patient, traitement hormonal pour 7 patients). Dans 21 % des cas (24 patients) le traitement était un ARA-2. Une localisation ORL était retrouvée dans 90 % des cas (langue : 48,2 %, larynx : 23,2 %). La médiane d’apparition de la première crise était de 720 jours, la durée moyenne des crises de 36,6 h. X patients ont présenté une rechute après l’arrêt du traitement. Conclusion Les AE bradykiniques médicamenteux sont rares mais potentiellement sévères avec dans cette étude une atteinte ORL retrouvée dans 90 % des cas. Face à une suspicion d’AE bradykinique, il ne faut pas manquer le diagnostic d’AE acquis ou héréditaire par déficit en C1Inh. Or seulement, 1 patient sur 4 avait eu un dosage du C1Inh ce qui est très peu. Cette étude sous-estime probablement le nombre de cas, car la déclaration à la pharmacovigilance n’est pas toujours faite par les médecins. La localisation ORL est par contre probablement sur estimée car les médecins sont plus enclins à déclarer les AE les plus sévères (avec atteinte ORL) que les autres localisations (périphériques peu sévères). Il est important de sensibiliser la communauté médicale à déclarer tous les AE afin d’obtenir le meilleur profil de cet effet secondaire. Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.100 CO084
Signal de pharmacovigilance pour un risque différent de thrombose entre l’eltrombopag et le romiplostim : étude de disproportionnalité dans la base de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale pour la santé T.T.L. N’guyen 1 , M. Lapeyre-Mestre 1 , J.L. Montastruc 1 , F. Montastruc 1 , G. Moulis 2,∗ 1 Inserm Umr 1027, faculté de médecine, Toulouse 2 Service de médecine interne, centre hospitalier universitaire de Toulouse, Toulouse ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (G. Moulis) Introduction Le romiplostim et l’eltrombopag sont deux agonistes du récepteur de la thrombopoïétine (AR-TPO) ayant une autorisation de mise sur le marché dans le traitement de la thrombopénie immunologique (TI). Des thromboses ont été rapportées avec les deux médicaments. Or ils ont des mécanismes d’action in vitro et un profil d’effets indésirables différents. L’objectif de ce travail était de rechercher un signal pour un risque différent de thrombose entre l’eltrombopag et le romiplostim. Patients et méthodes Il s’agit d’une étude de disproportionnalité (étude cas/non-cas) dans la base de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale pour la santé (Vigibase) qui collige les notifications d’effets indésirables des bases nationales de pharmacovigilance de plus de 130 pays. Nous avons sélectionné toutes les notifications avec exposition à un AR-TPO entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2013 (période de commercialisation des deux ARTPO dans la plupart des pays). Las cas étaient toutes les notifications de thromboses, identifiées par des Standardized MedDRA Queries validées puis vérifiées par deux investigateurs indépendants. Les non-cas étaient toutes les autres notifications pendant la même période d’étude. L’exposition à l’eltrombopag (comparée au romiplostim) a été recherchée chez les cas et les non-cas, permettant de
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calculer un reporting odds ratio (ROR) assorti de son intervalle de confiance à 95 % (IC 95 %). Les analyses ont été ajustées sur l’âge, le genre, la maladie sous-jacente, l’exposition aux immunoglobulines, au danazol, au rituximab, aux contraceptifs oraux et autres médicaments pro-thrombotiques. Une analyse de sensibilité a été conduite en se restreignant aux observations où le notificateur était médecin. Résultats Parmi 2 733 224 notifications enregistrées pendant la période d’étude, 4714 comportaient une exposition à un AR-TPO, dont 598 cas de thromboses : 203 thromboses artérielles (TA, dont 110 infarctus du myocarde – IDM – et 94 accidents vasculaires cérébraux – AVC) et 324 thromboses veineuses (TV, dont 131 embolies pulmonaires, 45 thromboses portales et 17 thromboses cérébrales). L’indication était une TI dans 96,6 % des cas. En analyse multivariée, il y avait un excès de risque de thrombose avec l’eltrombopag (ROR = 1,46 IC 95 % [1,18–1,82]). Le ROR était 1,46 IC 95 % [1,10–1,94] pour les TV, 1,29 IC 95 % [0,89–1,87] pour les TA, 1,53 IC 95 % [0,96–2,8743 pour les IDM et 1,28 IC 95 % [0,79–2,05] pour les AVC. En se restreignant aux notifications faites par des médecins (75,8 %), les valeurs de ROR augmentaient discrètement, atteignant la significativité statistique pour les TA et les AVC. Comme attendu, l’âge était un facteur indépendant de thrombose, tout comme le genre (masculin pour les TA et féminin pour les TV). L’exposition aux contraceptifs oraux était indépendamment associée aux TV et l’exposition aux immunoglobulines polyvalentes était associée aux IDM. Conclusion Cette étude d’envergure a permis de détecter un signal vers un excès de risque de thrombose sous eltrombopag par rapport au romiplostim. Il doit être confirmé ou infirmé par des études pharmacoépidémiologiques sur larges bases de données populationnelles. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.101 CO085
Corticothérapie systémique : facteurs de risque des effets indésirables rapportés et perception du traitement. Enquête transversale en ligne de 820 patients C. Morin Médecine interne, 2, Bry-sur-Marne Adresse e-mail :
[email protected] Introduction Malgré l’émergence de nouveaux traitements, les corticoïdes restent très prescrits [1]. Néanmoins, les preuves scientifiques notamment pour ce qui concernent les effets indésirables sont étonnamment peu nombreuses. Or, ces nombreux effets indésirables sont responsables d’une méfiance à l’égard de ces médicaments et d’une baisse de l’adhérence au traitement [2,3]. L’étude des facteurs de risque d’effets indésirables et du ressenti (sentiment d’efficacité ou de dangerosité) vis-à-vis de la corticothérapie pourrait nous aider à adapter l’éducation thérapeutique et ainsi améliorer l’adhérence. Matériels et méthodes Entre février et juillet 2013, nous avons réalisé une enquête en ligne sur le site http://www. cortisone-info.fr. Outre leurs données démographiques (âge, sexe, etc. . .) et les modalités de leur traitement (molécule prescrite, indication, durée du traitement, etc. . .), nous avons recueillies auprès des patients les effets indésirables induits selon eux par la corticothérapie et leur ressenti sur l’efficacité et la sécurité du traitement. Les données ont ensuite été analysées au moyen de modèles de régression logistique. Résultats Sur les 1004 réponses rec¸ues, 820 questionnaires ont été analysés (74,3 % de femmes ; âge médian 49 ans [34–62], dosage médian d’équivalent prednisone 20 mg/jour [10–48]). Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés étaient l’insomnie (n = 477, 58,2 %), les troubles de l’humeur (n = 411,
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50,1 %), l’hyperphagie (n = 402, 49,0 %) et la lipodystrophie (n = 387, 47,2 %). Le risque d’hirsutisme (OR : 0,7 [0,6–0,8]), de troubles de l’humeur (OR : 0,8 [0,7–0,9]), de prise de poids (OR : 0,8 [0,7–0,9]), de lipodystrophie (OR : 0,8 [0,7–0,9]) et d’hyperphagie (OR : 0,8 [0,7–0,9]) diminuent avec l’âge. Les femmes rapportent davantage de lipodystrophie (OR : 2,5 [1,7–3,7]), d’hirsutisme (OR : 2,5 [1,6–4,1]), de prise de poids (OR : 1,6 [1,1–2,4]), d’hématomes spontanés (OR : 2,2 [1,5–3,4]) et de douleurs épigastriques (OR : 1,7 [1,1–2,6]) que les hommes. Seuls les risques de troubles cutanées (hirsutisme et hématomes spontanés) et de prise de poids augmentent de fac¸on linéaire avec la durée d’exposition. Les autres effets indésirables n’augmentent pas avec la durée d’exposition. Ils sont présents dès le début du traitement et concernent donc tous les patients, y compris ceux traités pour une courte durée. De fac¸on intéressante, on retrouve également moins de lipodystrophie (OR : 0,6 [0,4–0,9]), de prise de poids (OR : 0,6 [0,4–0,9]), d’hyperphagie (OR : 0,5 [0,4–0,8]), d’insomnie (OR : 0,6 [0,4–0,9]), de troubles de l’humeur (OR : 0,6 [0,4–0,9]) et d’ostéoporose (OR : 0,4 [0,2–0,9]) chez les patients traités par prednisolone comparativement à ceux traités par prednisone. Aucun événement indésirable, données démographiques ou modalité de prescription n’étaient associé au sentiment d’efficacité du traitement. En revanche, l’âge (OR : 1,2 [1,1,3] par 10 années d’augmentation), l’ostéoporose (OR : 3,3 [1,4–7,9]), les hématomes spontanés (OR : 1,6 [1,1–2,3]), l’insomnie (OR : 1,7 [1,2–2,4]) et la prise de poids (OR : 1,6 [1,1,2,2] sont associés à un sentiment d’insécurité. Conclusion Ces résultats permettent d’établir un profil des effets indésirables du patient sous corticothérapie selon son âge, son sexe et sa durée d’exposition au traitement. Ces données pourront aider les cliniciens à personnaliser l’éducation thérapeutique et ainsi améliorer l’adhérence. Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Fardet L, Petersen I, Nazareth I. Prevalence of long-term oral glucocorticoid prescriptions in the UK over the past 20 years. Rheumatology (Oxford) 2011;50:1982–90. [2] Arena C, Morin AS, Blanchon T, Hanslik T, Cabane J, Dupuy A, Fardet L. Impact of glucocorticoid-induced adverse events on adherence in patients receiving long-term systemic glucocorticoid therapy. Br J Dermatol 2010;163:832–7. [3] Zerah L, Arena C, Morin AS, Blanchon T, Cabane J, Fardet L. Patients’ beliefs about long-term glucocorticoid therapy and their association to treatment adherence. Rev Med Interne 2012;33:300–4. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.102
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Exposition aux traitements d’épargne cortisonique chez les patients adultes atteints de thrombopénie immunologique primaire avant la phase de chronicité de la maladie en France à l’ère des agonistes du récepteur de la thrombopoiétine G. Moulis 1,∗ , M. Lapeyre-Mestre 2 , J.L. Montastruc 2 , B. Godeau 3 , L. Sailler 1 1 Service de médecine interne, centre hospitalier universitaire de Toulouse, Toulouse 2 Inserm UMR 1027, faculté de médecine, Toulouse 3 Médecine interne, 51, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, Créteil ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (G. Moulis) Introduction L’objectif de cette étude était de décrire à l’échelle de la France l’exposition aux traitements d’épargne cortisonique chez