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TRAVAIL ATYPIQUE, MOBILITÉ DES SALARIÉS... ET SUIVI MÉDICAL
salariés, les médecins et autres acteurs de santé de ces centres pourraient accéder à ces données et conseiller le demandeur. Cela irait dans le même sens que le mouvement actuel de responsabilisation des patients. Comme on ne peut les « forcer » à se soigner, on ne peut forcer les salariés à se soustraire à un risque professionnel. On peut seulement les informer au mieux, mais ils seront seuls juges de ce qu’ils feront.... Cela renforcerait également le rôle du médecin du travail, du service de santé au travail ou du centre de consultation de pathologie professionnelle, auquel il reviendrait donc d’effectuer une information systématique large quant aux incompatibilités professionnelles afin que le salarié soit le plus possible « éclairé » dans son choix de garder ou fournir l’information. En conclusion, il faut sortir du schéma de prévention atomisée entreprise par entreprise, contrat par contrat, qui ne permettra jamais de prévenir l’ensemble des maladies professionnelles, ni ne permettra de préserver la santé des salariés, surtout ceux qui
connaissent de plus en plus de mobilité au cours de leur vie professionnelle. Le rôle central du salarié-patient devient inévitable de part l’accès de tous à la « culture médicale » mais aussi surtout avec la récente loi sur la transmission des informations médicales. Cela doit aller de pair avec la mise en réseau des pratiques des préventeurs, une socialisation de ces pratiques, par exemple dans la fourniture de renseignements aux salariés sur leurs risques, leur imprégnation, ... Il existe sans doute des solutions pour préserver la santé des salariés mobiles ou atypiques qui ne passent pas par une carte magnétique d’accès libre au médecin du travail, cette solution ne paraissant pas être dans le courant juridique et sociétal actuel (inscription sans lecture, rôle central du salarié dont le pouvoir de décision doit donc être « éclairé », renforcement d’instances « neutres » compétentes en pathologies professionnelles dans un but de conseil).
COMMUNICATIONS ORALES Les Intermittents du Spectacle sont-ils des gens stressés ?
Suivi médical des intermittents du spectacle : actuel et à venir
K. CHERCHALI, G. BERTOT, T. WAJNBERG
E. BANNWARTH (1), D. RINDEL (1), T. WAJNBERG (2), K. CHERCHALI (2), D. KRAINIK (2)
Centre médical de la Bourse, Paris.
(1) AHI, santé en entreprise, Bordeaux. (2) Centre médical de la Bourse, Paris.
Objectif : une enquête a été menée au sein d’un service de santé au travail parisien ayant en charge environ 60 000 intermittents du spectacle. Le but était d’évaluer le stress d’origine professionnelle ressenti par cette population particulière.
Objectif : montrer les modalités actuelles du suivi médical des intermittents du spectacle tenant compte des spécificités de cette branche, ses difficultés et ses points positifs et dégager des pistes d’amélioration de celui-ci tant au niveau individuel que collectif.
Méthode : un questionnaire associant les questionnaires de Boitel et Karasek a été distribué de façon aléatoire aux intermittents du spectacle lors des visites annuelles. 560 réponses ont été obtenues. Résultats : les résultats de cette étude sont différents des études similaires portant sur d’autres catégories professionnelles : la majorité des intermittents du spectacle n’est pas stressée et apprécie ses conditions de travail. Conclusion : cette étude confirme une hypothèse émise depuis longtemps par les médecins du centre, à savoir que les intermittents du spectacle ne se sentent pas stressés par leur travail, en dépit des exigences spécifiques de leur activité.
Méthode : la loi du 26 décembre 1969 a reconnu aux intermittents une reconnaissance de leur qualité de « salarié » et donc de leur droit à bénéficier des lois sociales et d’un suivi médical professionnel qu’il reste encore à faire connaître, développer et à améliorer. Le 1er janvier 1970 le Centre médical de la Bourse (CMB) à Paris a été mandaté par l’ensemble des organisations professionnelles d’employeurs du spectacle pour assurer ce suivi, dont bénéficient actuellement environ 60 000 intermittents répartis entre le siège social du CMB et divers services de médecine du travail des différentes régions. Une organisation administrative a été mise en place permettant la réalisation de cette surveillance médicale et sa « traçabilité ». Cette expérience à parfaire, montre la possibilité d’accompagner une population à priori de nature très diverse (adultes, enfants...) d’activités variées (techniques et/ou artistiques) exposées à des risques professionnels multiples, changeants, parfois difficilement identifiables ou quantifiables, en des lieux et des modes d’exercices très différents mobiles et pratiquement constamment évolutifs.
JEUDI 10 JUIN MATIN
Conclusion : il nous a semblé intéressant de montrer qu’une évolution des pratiques des médecins du travail et de leurs échanges pouvait permettre de mieux répondre aux besoins et attentes croissants d’une branche professionnelle très diverse et dispersée et pour laquelle la notion de prévention peut prendre tout son sens, tant au niveau du suivi des risques professionnels qu’à celui plus général de la santé globale de ces salariés.
Professionnels non-marins qui naviguent : quels statuts, quelle aptitude ? D. JEGADEN (1, 3), J.D. DEWITTE (2, 3) (1) M.T.I. région Brestoise, centre Ifremer de Brest. (2) Service de pathologies professionnelles, CHU Morvan Brest, UBO. (3) Société française de médecine maritime.
Objectif : soulever un problème d’aptitude spécifique et difficile concernant des salariés devant embarquer à bord de navires pour des raisons professionnelles. Méthode : définir les statuts de ces personnels, décrire leurs conditions de travail et les risques qu’ils encourent. Discuter les problèmes d’aptitude posés. Proposer une méthodologie d’aide à la prise de décision. Résultats : quels que soient les statuts des personnels non-marins embarqués (il en existe 3), ces salariés sont soumis non seulement aux risques inhérents à leur métier mais aussi aux risques qu’impose l’embarquement à bord des navires au même titre que les marins professionnels. Néanmoins leur aptitude ne relève pas de la législation relative à la profession de marin, mais bien du médecin du travail. Il faut donc que ce dernier connaisse les spécificités du milieu maritime dont l’éloignement de tout support médical pendant une période donnée. Conclusion : nous proposons une méthodologie et un guide à l’usage des médecins du travail pour l’aide à la décision des contre-indications médicales à l’embarquement.
Surveillance médicale et mobilité dans le BTP : réalité, problèmes et avenir J.F. BOULAT (1), J.C. ABECASSIS (1), C. LEBAUPAIN (2), D. GUERNIER (2), A. BOSCHER (2) (1) OPPBTP, Boulogne-Billancourt. (2) APMT-BTP-RP, Bourg-la-Reine.
Objectif : montrer les difficultés de la mise en place d’un suivi médical efficace des salariés du BTP travaillant à grande distance du siège de leur entreprise et proposer des améliorations. Méthode : les caractéristiques mêmes de cette branche professionnelle rendent souvent très difficile un suivi médical adapté et de qualité. En effet, le BTP représente plus d’un million trois cent
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mille salariés répartis pour 90 % d’entre eux dans des entreprises de moins de 10, aux conditions de travail en constante évolution dans le temps et dans l’espace impliquant mobilité géographique, polyvalence, tantôt au sol, tantôt en hauteur ; aux contrats de travail souvent précaires : contrat à durée déterminée, à durée de chantier, travail temporaire, sous traitance ; aux risques multiples, propres ou importés : accidents du travail, nuisances et contraintes physiques, chimiques ou biologiques. Or les salariés du BTP en grand déplacement sont souvent affectés à des travaux particulièrement délicats voire dangereux (nucléaire, fours verriers, industrie pétrochimique, égouts, travaux souterrains, pose de voies ferrées...). Les difficultés de surveillance médicale de ces salariés sont illustrées par quelques exemples caractéristiques de la pratique actuelle qui, en l’absence de réel consensus médicoadministratif, en particulier sur les visites médicales dites « de réciprocité » et sur les possibilités d’étude des conditions de travail par le médecin du travail, est extrêmement disparate. Résultats : comment améliorer cette prise en charge ? La réponse n’est certainement pas univoque mais cependant quelques pistes peuvent être envisagées, parfois à la lumière d’expériences déjà réalisées. L’existence dans le BTP de structures nationales telles que l’OPPBTP et ses médecins-conseils ou le Groupement National des Médecins du BTP ne devrait-elle pas permettre de dégager un consensus, gage de qualité, sur les critères d’aptitude et de suivi de ces salariés et de leurs conditions réelles de travail ? A l’instar de la « carte vitale », ne peut-on pas envisager la mise en place d’une carte à puce « santé-travail » ? Conclusion : il convient surtout de donner aux médecins du travail les moyens de conseiller et de suivre les salariés et les entreprises du BTP concernées pour prévenir les risques de ces travaux si exposés.
Vendanges sans pépins B. LADEPECHE (1), C. DUVERNEIX (2) (1) Service de médecine du travail MSA 33. (2) Service de prévention des risques professionnels MSA 33.
Objectif : sensibiliser une population saisonnière importante quantitativement (25 000 salariés en Gironde) employée sur une période très courte (1 à 5 semaines) aux risques professionnels ; induire une démarche préventive dans une période à risques que sont les vendanges ; toucher une population très hétérogène du fait de leur origine (de différents pays, ne parlant pas tous le français) et de milieux socio-culturels très différents ; donner un outil de communication aux entreprises concernées. Méthode : élaboration d’un outil de communication recensant les risques d’accident liés au travail des vendanges et proposant des mesures préventives et comportements adaptés – ceci étant présenté en plusieurs langues étrangères ; distribution de ce document aux entreprises, à leur encadrement et aux vendangeurs eux-mêmes et si possible de façon commentée avant le démarrage du chantier. Conclusion : bon accueil de ce livret :