M6decine et Maladies Infectieuses.
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EDITORIAL Sur l a pr( sence en France de la lvlg lioidiose (( Le rapatriement du Corps Expdditionnaire Am~ricain du SudEst Asiatique avait rendu ndcessaire que chaque praticien, aux EtatsUnis, soit averti de la possibilitd de rencontrer la mdlio'idose, sache en quelles circonstances, en connaisse le diagnostic et le traitement. La mortalitd dlevde qu'elle comporte, le fair qu'elle peut se manifester longtemps, par~ois plusieurs anndes apr6s la contamination, ant impos6 une mise en garde du corps mddical )).
J. FgURNIER (6). La m6me mise en garde doit d6sormais 6tre faite aupr~s des pra. ticiens franqais : combien savent que le bacille de Whitmore, isol6 h Paris pour la premiere fois en novembre 1975, retrouv6 par la suite dans le Haut-Rhin et en Indre-et-Loire, peut-6tre dans les Dombes et en Grande-Bribre (12) continue de l'6tre rdguli~rement dans les Yvelines et vient de l'6tre en Seine-et-Marne ? Combien penseraient h porter le diagnostic de m61ioidose chez un malade n ' a y a n t jamais quitt6 la m~tropole ? La publication dans ce m6me num6ro de Mddecine et Maladies Infectieuses du premier cas humain de m61ioi'dose contractde en France (7) doit attirer l'attention sur cette maladie maintenant autochtone et sur les difficult~s de son diagnostic. Quelques informations compl~mentaires et quelques commeutaires peuvent y 6tre ajoutSs. C'est en se rendant au Museum National d'Histoire Naturelle,' le 7 novembre 1975, que le Dr J.M. Alonso, assistant de notre Unit~ h Finstitut Pasteur, vit au Laboratoire d'Anatomie Compar6e le cadavre d'une jument de Prjewalski, morte h la M6nagerie du Jardin des Plantes ; deux autres juments de la m6me rarissime esp~ce 6taient moribondes et nul diagnostic 6tiologique n'avait 6t6 port6 : le docteur Alouso se fit reinettre des fragments de rate et de foie, dont la raise en culture lui permit d'isoler le bacille de Whitmore, Pseudomonas pseudomallei. Le m6me germe devait 6tre retrouv$, au cours des mois suivants, chez 14 animaux marts h la m6me M~nagerie, puis chez 5 autres, abattus en raison de diverses suspicions. Parall~lement le germe ~tait mis en ~vidence, mais cette lois h partir d'animaux libres (3 rats, 1 pigeon et 1 chat) captur6s ou trouv6s marts dans l'enceinte de la M~uagerie. II le fut ~galement h partir du sol de divers enclos, d'all6es, de contreallies, de plates-bandes et de rigoles, ainsi qu'h partir du fumier des 391
a n i m a u x - - ]umier rdguli~rement enlev6 par des mara~chers de la rdgion parisienne - - et de l'atmosph~re m6me de la Mdnagerie oh des boites de Petri, laiss6es ouvertes h 0,50 m e t 1,50 m du sol d6montrbrent sa prdsence. I1 fut encore retrouvd hors de l'enceinte de la M~nagerie, dans certaines alldes et pelouses du Jardin des Plantes, ainsi que dans les aires de jeux (bacs h sable et toboggan) mis ~ la disposition des enfants. Cette ddcouverte en plein Paris du premier foyer d ' u n e maladie importde, transmissible h l ' h o m m e , dont les Corps Exp6ditionnaires Franqais et Amdricains d ' I n d o c h i n e avaient rdvdl6 la gravit6, la longueur de l'incubatien, la difficuh6 du diagnostic, le p e u de sensibilit6 aux antibiotiques, imposait des mesures d'urgence ; au vu du r a p p o r t que nous adressions le 23 ddcembrc 1975 (9) ~ la Direction de la M6nagerie du Jardin des Plantes, au Ministbre de la Santd et ~ la Direction des Services vdtdrinaires du Ministate de l'Agriculture, la M6nagerie 6tait ferm6e au public le 25 d6cembre et le Ministbre de l ' A g r i c u h u r e prenait imm6diatement les mesures indispensables. L ' I n s t i t u t Pasteur et le Laboratoire central de Recherches v6tdrinaires e n t r e p r i r e n t les examens microbiologiques et sdrologiques tant chez les animaux de la Mdnagerie que chez le personnel de l ' e n s e ~ b l e du Museum national d'Histoire naturelle, examens toujours poursuivis aprbs la rdouverture au public de la M6nagerie le 15 avril 1976. L'origine m6me de l'6pizootie n ' a , m a l h e u r e u s e m e n L pas pu 6tre dlucidde (3) (]2). Disons surtout q u ' e n fait elle n ' a pas 6td rdellement recherch6e : comme l'a dcrit h . Dodin ¢~ l'enqu6te dpid6miologique fut, p o u r diff6rentes raisons, difficile ~ m e n e r ~ (3). C'est ainsi que p o u r des raisons ¢¢ psychologiques et d~ontologiques ~ (!) (11) nous nous vimes interdire, ainsi que nos collaborateurs, tout acc~s h la Mdnagerie du J a r d i n des Plantes par son directeur lui-m6me... I1 ne restait alors place q u ' a u x seules hypotheses : La mdlioidose fut-elle introduite par l ' u n des deux Pandas offerts par la Chine h la France en d~cembre 1973 ? Le rome, mort au Parc Zoologique de Vincennes le 20 avril 1974 - - officiellement d ' u n e t u m e u r au pancrdas - - fut-il l ' i m p o r t a t e u r du germe ou la victime d ' u n e enzootie ddjh ancienne mais m d c o n n u e faute d'examens microbiologiques s&ieux ? Son cadavre avait dt6 conserv6 congel6 au Laboratoire d ' A n a t o m i e comparde et c'est le 15 janvier 1976 que l'ensem e n c e m e n t du canal mddullaire d ' u n e de ses c6tes, prdlevde dans des conditions d'asepsie chirurgicale, p e r m i t ~ J.M. Alonso d ' o b t e n i r u n e culture du bacille de_Whitmore. Ainsi, avant d'avoir atteint la M6nagerie du Jardin des Plantes, la m~lio~dose aurait exist6 dbs 1973 au Parc Zoologique de Vincennes oh elle fut b a c t 6 r i o l o g i q u e m e n t diagnostiqu6e le 25 f6vrier 1976 chez u n zbbre. La mise en 6vidence du bacille de Whitmore dans les Yvelines, Ch~vreloup, dans des fumiers p r o v e n a n t du J a r d i n des Plantes et du Parc Zoologique de Vincennes et entrepos6s p r o b a b l e m e n t en juin 1973 confirmerait la prdsence du germe dans ces dtablissements depuis deux ans au moins avant sa ddcouverte fortuite en n o v e m bre 1975. 392
Faute d'examens bact6riologiques de pisces anatomiques d'animaux morts ant6rieurement, il n'est pas possible de remonter plus avant mais un doute peut planer sur la cause de la mortalit6 ayant atteint depuis 1967 les Maras (Dolichatis patagona) de la M6nagerie du Jardin des Plantes (un mort en 1967, deux en 1971, six en juillet 1974) d'autant plus que l ' u n d'entre eux avait 6t6 adress~ en mars 1974 h u n parc zoologique de province, dans le sol duquel le bacille de Whitmore fut retrouv6 deux ans plus tard, en mars 1976. L'incidence Eventuelle sur la santE humaine de ces foyers de m61ioidose ne peut encore 6tre appr6ci6e pour diverses raisons, la principale Etant la possibilit6 d ' u n tr~s long intervalle - - des ann6es parfois - - entre le contact avec le bacille de Whitmore et les premieres manifestations cliniques. L'examen s6rologique systEmatique de l'ensemble du personnel du Museum national d'Histoire naturelle, effectuE ~ plusieurs reprises par A. Dodin en 1976, rEv61a la presence d'anticorps spEcifiques dans 20 % des cas (4). A l'exception de deux suiets exempts de toute manifestation clinique, chez lesquels une bac, tEriEmie transitoire fur dEeel6e (4), le malade de Ga~nerman et coil. (7) constitue le premier cas de mElioidose d6clarEe parmi ce personnel rdguli~rement surveilld. Mais la m6me surveillance ne s'est Evidemment pas exerc6e sur les dizaines de milliers de visiteurs annuels de la M6nagerie du Jardin des Plantes et quel mEdecin m6tropolitain aurait 6voqu6 la mElioidose chez un sujet n'ayant jamais quitt6 la France ? Le problbme de l'information du corps m6dical se posait donc sit6t connue la nature de l'6pizootie : fallait-il alerter les praticiens dans la erainte - - peut.6tre exag6rEe - - d ' u n e diffusion massive ou de la m6connaissance d ' u n seul cas ? Mais c'6tait prendre le risque d'angoisser, peut-6tre inutilement, des milliers d'anciens visiteurs. I1 Etait d'autre part difficile d'extrapoler h partir de ce que l ' o n savait de la m61ioidose dans ses zones traditionnelles, asiatiques et africaines ; comment peser les risques reels de diffusion, dans une population jusqu'alors exempte de tout contact avec le bacille de Whitmore, d ' u n e infection essentiellement anaddmique ? /
D~s le 22 janvier 1976, la Direction des Services v6t6rinaires du Minist~re de l'Agricuhure avait adress6 ~ chaque directeur d6partemental des Services v6t6rinaires une circulaire faisant 6tat de la pr& sence de cette maladie et rappelant son 6pidEmiologie, sa symptomatologie et son diagnostic chez l'animal. Personnellement, nous regrettons que le corps m6dical n'ait pas Et6 inform6 parall~lement de la presence en France d ' u n e maladie dont le risque d'introduction avait 6t~ envisage d~s 1953 par Laverdant (8) et dont le danger pour les parcs zoologiques d ' E u r o p e avait 6tE, r6cemment encore, soulign6 par Schoop (13). I1 est regrettable que deux ans apr~s sa r6vElation en France, la mElio~'dose n'ait encore aucun statut legal et ne figure ni parmi les maladies h d6claration obligatoire, ni parmi les maladies professionnelles. 393
I1 est regrettable qu'aucun laboratoire n'ait encore 6t6 d6sign6 - - et dquip6 - - par le Minist6re de la Sant6 comme Centre de R6f6rence de la M61ioidose en France, afin d'entreprendre l'enqu6te indispensable pour faire d'urgence, h l'6chelon national, le bilan de l'infection et pour 6tudier les possibilit6s de lutte avant qu'il ne soit trop tard pour esp6rer, sinon l'6radication, du moins la limitation des foyers existants. I1 est regrettable que les conditions mises, le 1 °r et le 14 avril 1976, h la r6ouverture au public de la M6nagerie du Jardin des Plantes aient 6t6 tourn6es en d6rision dbs les semaines suivantes : Alors qu' (( aucun m o u v e m e n t d'animal (entrde ou sortie) ne devait 6tre e/]ectud )), Ursula, ourse des Carpathes, 6tait transf6r6e le 1 °~ mai 1976 du Parc Zoologique de Vincennes au Parc de Bel-Val, dans les Ardennes et, selon la grande presse (( en prdsence d'un Secr6taire d'Etat h l'Environnement, de deux anciens ministres et d'un bataillon de personnalit6s )) (1)... H.H. MOLLARET.
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