Traitement par psychotropes, doit-on se méfier des réactions cutanées ?

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Annales Médico-Psychologiques xxx (2017) xxx–xxx

DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL CONTINU

Traitement par psychotropes, doit-on se méfier des réactions cutanées ? Treatment with psychotropic drugs, should we be suspicious of skin reactions? Pauline Calvet a,*, Jean-Pierre Clément b,c,d, Charlotte Rouzaud-Laborde a,e,f, Benjamin Calvet b,c,d a Service pharmacie, hôpital Paule-de-Viguier, pôle de pharmacie clinique, HU Purpan, 330, avenue de Grande-Bretagne, TSA 70034, 31059 Toulouse Cedex 9, France b Pôle universitaire de psychiatrie de l’adulte et de la personne âgée, centre hospitalier Esquirol, 87000 Limoges, France c Centre mémoire de ressources et de recherche du Limousin, centre hospitalier Esquirol, 87000 Limoges, France d Inserm UMR1094 neuroépidémiologie tropicale, 87000 Limoges, France e Faculté de pharmacie, université Paul-Sabatier, 31400 Toulouse, France f Inserm I2MC, unité 1048 équipe 6, 31059 Toulouse, France

Reçu le 29 juin 2016 ; accepté le 19 octobre 2016

Résumé Les réactions cutanées associées à une prise médicamenteuse sont fréquentes. Elles représentent 20 % des notifications spontanées et peuvent compliquer 2 à 3 % des hospitalisations. Les effets indésirables liés à la prise de médicaments psychotropes sont nombreux mais la fréquence des toxidermies est rare dans la littérature, probablement sous-notifiée. L’objectif de cet article est de faire un état des lieux des divers cas de réactions cutanées déclarés dans la population suite à la prise d’un traitement psychotrope. Une recherche bibliographique a donc été effectuée sur différentes bases de données (EBM Reviews, PubMed, Web of Science, PsycINFO et PsycArticles) en utilisant les termes anglais de « rash », « cutaneous » et le nom des médicaments incriminés. Un certain nombre de réactions cutanées d’origine médicamenteuses sont rapportées, dans la littérature, sous psychotropes. De nombreux cas de réactions urticariennes, des érythèmes ou des exanthèmes maculopapuleux ont été décrits. Ces réactions ne sont pas anodines puisqu’elles peuvent provoquer une prolongation d’hospitalisation et, dans une faible proportion, le décès. Une réaction cutanée sévère doit faire arrêter le médicament incriminé. Une connaissance de ces toxidermies sous psychotropes doit être acquise par tous les praticiens utilisant cette classe médicamenteuse. Il convient de garder en mémoire que chaque médicament prescrit doit être considéré comme potentiellement capable de provoquer, parmi les effets indésirables, des réactions cutanées. Ainsi, les psychotropes n’échappent pas à cette règle et le prescripteur ainsi que le patient doivent être sensibilisés à ce type d’effet indésirable. ß 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Abstract Introduction. – Skin reactions associated with drug are common. They represent 20 % of spontaneous reporting and may complicated 2 to 3 % of hospitalizations. Adverse effects associated with psychotropic drugs are common. The frequency of drug reactions is rare but probably underreported. The aim of this article is to list cutaneous reactions reported in international publications.

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Calvet). http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2016.10.014 0003-4487/ß 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

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Method. – A literature review of cutaneous adverse effect reported with psychotropic drug administration was performed using data basis (EBM Reviews, PubMed, Web of Science, PsycINFO et PsycArticles) with terms ‘‘rash’’, ‘‘cutaneous’’ and drugs names. Results. – A number of drug skin reactions with psychotropic drugs related in the literature. Many cases of urticarial reactions, erythema or maculopapular rashes are described. These reactions may cause a prolongation of hospitalization. Indeed, a number of fatal cases are found such as DRESS syndrome or Stevens-Johnson syndrome. Faced with serious skin reaction, the offending drug should be stopped. Knowledge of such psychotropic drug eruptions should be acquired by all practitioners using this drug class. Conclusion. – Practitioners should keep in mind that each prescribed drug must be considered potentially able to cause adverse skin reactions. Psychotropic drugs are not exceptions to this rule and psychiatrists and patients should be aware of this phenomenon. ß 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Mots clés : Dermatologie ; Effet secondaire ; Maladie iatrogène ; Psychotrope ; Revue de la littérature Keywords: Dermatology; Iatrogenic disease; Literature review; Psychotropic drugs; Side effect

1. INTRODUCTION Les réactions cutanées liées à des prises médicamenteuses sont très fréquentes. Il s’agit de l’effet secondaire médicamenteux le plus souvent notifié dans les centres de pharmacovigilance (environ 20 % des notifications spontanées [46]). L’éruption maculopapuleuse représente plus de 90 % de ces réactions, suivies par des réactions de type urticarienne [3] et des érythèmes pigmentés fixes. Ces réactions cutanées médicamenteuses sont retrouvées chez 2 à 6 % des patients traités [14]. Elles sont responsables d’environ 2 à 3 % des prolongations d’hospitalisation [12] pouvant entraîner une augmentation de la consommation de soins et une mortalité accrue. Bien que les effets indésirables soient communs, il reste difficile de vérifier leur incidence, surtout en ce qui concerne les réactions cutanées. En effet, des réactions dites « bénignes et transitoires » sont rarement notifiées aux centres de pharmacovigilance. De plus, prouver l’imputabilité d’un médicament dans le déclenchement d’une réaction cutanée est difficile. En effet, ces patients prennent le plus souvent un certain nombre de médicaments [22]. Cependant, certaines réactions cutanées sont plus sévères, pouvant aller jusqu’à entraîner la mort. C’est le cas des nécrolyses épidermiques toxiques et notamment le syndrome de Lyell, et du Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms (DRESS). Ces syndromes associent une ou plusieurs atteintes systémiques à une atteinte cutanéomuqueuse. La prescription de psychotropes est relativement importante en France et dans le monde et elle est difficile à encadrer. La part d’utilisation des psychotropes est particulièrement importante chez la personne âgée. En effet, une personne sur deux de plus de 70 ans fait usage de psychotropes en France. Les psychotropes sont à l’origine d’une iatrogénie importante dans cette tranche d’âge. On peut citer le risque de chutes, les confusions, la sédation excessive. . . A contrario, la prescription de traitements antidépresseurs chez le sujet âgé réellement

dépressif est souvent insuffisante (en termes de posologie et de durée) augmentant le risque suicidaire (1800 morts par an par suicide chez les plus de 75 ans en France en 2005), et aggravant les troubles somatiques. Au total, 20 % des dix millions de personnes âgées consomment de façon chronique des hypnotiques ou des anxiolytiques [44]. La prise de psychotropes peut entraîner l’apparition d’effets indésirables chez le patient. Citons majoritairement les effets sédatifs, les effets extrapyramidaux, les allongements de l’intervalle QT, les agranulocytoses. Les réactions cutanées peuvent également être retrouvées mais de façon plus rare, sûrement sous-notifiées par le corps médical, d’où l’intérêt d’une revue bibliographique internationale sur ce sujet. Du fait de la surconsommation de psychotropes dans la population générale et notamment chez la personne âgée, la fréquence de ces toxidermies peut être retrouvée de façon plus importante dans cette tranche de la population. 2. RÉACTIONS CUTANÉES RELATÉES LORS DE LA PRISE D’UN TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX Parmi les réactions fréquentes suite à l’adjonction d’un traitement, quel qu’il soit, on note l’exanthème maculopapuleux. Il débute dans les deux semaines après l’introduction du médicament. On observe des lésions maculopapuleuses plus ou moins confluentes. Elles commencent aux faces d’extension et au tronc avant une diffusion progressive à l’ensemble du corps en quelques jours. Il existe également un prurit et parfois une hyperthermie modérée. La recherche des signes de gravité (hyperthermie sévère, surface cutanée de l’éruption, atteinte d’organe) doit être systématique. L’évolution est habituellement favorable à l’arrêt du médicament responsable (Fig. 1). L’érythème pigmenté fixe (Tableau 1) est défini comme une éruption laissant une pigmentation résiduelle. Il débute par un prurit localisé et une sensation de brûlure précédant l’apparition d’une ou plusieurs macules érythématoviolacées. Les lésions peuvent devenir vésiculeuses ou bulleuses et atteindre les muqueuses. Tout comme l’exanthème maculo-

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Fig. 1. Représentation des différentes atteintes cutanées médicamenteuse. Exanthème maculopapuleux.

papuleux, cette lésion régresse en quelques jours mais elle réapparaîtra au même endroit si le médicament est réintroduit. Entre les phases inflammatoires, cette éruption cutanée laisse une lésion pigmentée qui permet de poser le diagnostic rétrospectivement (Fig. 2). On peut également retrouver une pustulose exanthématique aiguë généralisée (PEAG). Le délai d’apparition après l’exposition au médicament est de un à quatre jours. Il s’agit d’une éruption caractérisée par la survenue brutale d’un érythème rouge vif, œdémateux, souvent au tronc et dans les plis axillaires et inguinaux, qui se parsème de pustules blanchâtres non folliculaires (Tableau 1). L’éruption se dissémine en quelques heures au tronc, puis aux membres inférieurs. D’autres signes sont associés : œdème de la face et des mains, purpura, vésicules, lésions de type érythème multiforme, atteintes des muqueuses. La guérison est spontanée en une dizaine de jours après arrêt des médicaments responsables, les pustules laissant place en quelques jours à une desquamation annulaire. La mortalité serait d’environ 1 à 5 % (Fig. 3), mais il faut être prudent quant au pronostic. En effet, les

Fig. 2. Érythème pigmenté fixe.

Fig. 3. Pustulose exanthématique aiguë généralisée.

PEAG sont des toxidermies non mortelles, et les cas de mortalité retrouvés dans la littérature sont probablement des formes frontières de DRESS. Les nécrolyses épidermiques toxiques (NET) incluant les syndromes de Lyell et Stevens-Johnson (SSJ) débutent de

Tableau 1 Caractéristiques des différentes atteintes cutanées graves.

Délai après prise médicamenteuse Atteinte cutanée

Fièvre Examen biologique Atteinte viscérale Évolution après arrêt du médicament

Pustulose exanthématique aiguë généralisée

DRESS syndrome ou syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse

Syndromes de Lyell et Stevens-Johnson

1 à 4 jours

2 à 6 semaines

7 à 21 jours

Érythème en nappe scarlatiniforme puis pustules blanchâtres

Éruption parfois erythrodermique + œdèmes et prurit

Éruption érythémateuse

Non Hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles Non

3

Oui Hyperéosinophilie, lymphocytose

Bulles et vésicules disséminées, Vastes lambeaux distinctes, de petites tailles d’épiderme décollés, aspect linge fripé Oui Leucopénie, troubles hydroélectriques

Hépatite, pneumopathie interstitielle, Possible nécrose épithélium bronchique néphroparhie, myocardite. . . Réepidermisation 10 à 30 jours Régression spontanée rapide Régression lente

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Fig. 4. Syndrome de Stevens-Johnson et syndrome de Lyell.

manière peu spécifique, entre 7 et 21 jours après le début du traitement médicamenteux par des manifestations cutanéomuqueuses (fièvre, brûlures oculaires, pharyngite, éruption érythémateuse). On observe une évolution rapide vers la phase d’état : le tableau devient caractéristique avec érosions muqueuses multifocales et bulles cutanées ; des lambeaux d’épiderme se détachent à la moindre pression (signe de Nikolski positif). Au cours du SSJ, les bulles disséminées restent distinctes et de petite taille. Les zones de décollement par confluence sont limitées. De vastes lambeaux d’épiderme sont décollés, mettant à nu le derme suintant rouge vif, ou « décollables » restant en place avec un aspect de linge fripé. L’hyperthermie est constante, l’état général peut être gravement altéré (Tableau 1). Une atteinte viscérale est possible, avec apparition d’une polypnée associée à une hypoxémie pouvant témoigner d’une nécrose de l’épithélium bronchique, de pronostic très défavorable. Le risque de mortalité est élevé, de 20 à 40 % selon les différentes études existantes (Fig. 4). Le DRESS syndrome est une réaction d’hypersensibilité médicamenteuse se manifestant par une éruption cutanée généralisée pouvant associer une hyperthermie et/ou des troubles hématologiques (éosinophilie, lymphocytose) et/ou une atteinte viscérale (hépatite, néphrite, pneumonie, péricardite et myocardite. . .). La maladie débute généralement entre deux et six semaines suivant l’administration de l’agent causal (Tableau 1). Le DRESS est une toxidermie engageant le pronostic vital puisque grevée d’un taux de mortalité de 6 à

10 % selon les études. Cette gravité est liée à l’atteinte systémique (Fig. 5). D’autres aspects de réactions médicamenteuses peuvent être cités. C’est le cas de l’urticaire, des vascularites allergiques, des photosensibilités. . . L’urticaire est liée à une vasodilation responsable d’un œdème dermique. Cette éruption de papules œdémateuses est prurigineuse, labile dans le temps et dans l’espace et disparaissant en 24 à 48 heures sans laisser de trace. Les vascularites médicamenteuses surviennent 7 à 21 jours après la prise médicamenteuse. Ce délai est en général raccourci en cas de réintroduction. Il s’agit d’un purpura infiltré, nécrotique ou bulleux prédominant aux membres inférieurs. Une atteint viscérale est possible et nécessitera des corticoïdes. Les vascularites médicamenteuse représentent 10 % des vascularites. La photosensibilité est secondaire à la prise médicamenteuse associée à une exposition aux ultraviolets ou à la lumière visible. Parmi les photosensibilités, il est retrouvé la phototoxicité qui survient immédiatement après l’exposition et la photoallergie qui résulte d’une réaction d’hypersensibilité retardée. La phototoxicité régresse immédiatement après l’arrêt de la substance photosensibilisante et la protection solaire en permet la régression, voire la prévention. En ce qui concerne la photoallergie, elle régresse progressivement à l’arrêt du médicament et un traitement par dermocorticoïdes est souvent nécessaire. Avec l’émergence des médicaments génériques, il est difficile, dans la littérature, de pouvoir associer une éruption cutanée à un médicament princeps ou générique. L’utilisation de divers excipients, très certainement responsables de nombreux problèmes cutanés, ne fait pas encore l’objet de publications spécifiques. L’avenir dira si le développement des médicaments génériques est associé à une augmentation des atteintes cutanées. 3. MÉTHODOLOGIE Tous les cas rapportés sont des cas issus de la littérature internationale et retrouvés via le logiciel PubMed/Medline1. 3.1. Les antidépresseurs

Fig. 5. DRESS Syndrome.

L’implication des antidépresseurs n’est pas rare puisque la prévalence des réactions cutanées liées à ces traitements est de l’ordre de 2 à 5 % [55].

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Quelques antidépresseurs tricycliques et inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine peuvent entraîner une réaction de photosensibilité. On retrouve un érythème, un œdème et des bulles apparaissant quelques heures après l’exposition aux ultraviolets. Ils sont également responsables de réactions photo-allergiques survenant 5 à 21 jours après la première prise médicamenteuse. Les inhibiteurs de recapture de la sérotonine augmentent les concentrations de sérotonine et sont connus pour entraîner un prurit et d’autres effets indésirables cutanés comme des réactions exanthématiques, purpuriques et urticariennes [51]. Quelques cas de SJS ont été décrits sous fluoxétine [57] et paroxétine [37]. Ce type d’éruption a également été retrouvé avec le bupropion, initialement découvert et prescrit comme antidépresseur [35]. Quelques cas de NET sous inhibiteurs de la recapture de la sérotonine sont décrits. Parmi les molécules impliquées, on retrouve deux cas sous fluoxétine [13,31], deux cas sous fluvoxamine [54,58] ainsi que deux cas également sous paroxétine [2,59]. On retrouve également deux cas de DRESS syndrome impliquant la clomipramine. Le second cas rapporté est un cas rapportant une pneumopathie aiguë à éosinophiles chez une patiente prenant également de la sertraline [9–24]. Des cas de DRESS ont également été associés à la prise de desipramine [42], amitriptyline [41], imipramine [42] et fluoxetine [38]. Un cas de nécrose cutanée a été déclaré par Fogarty et Khan [23]. Il implique l’amitriptyline qui fait partie de la classe des antidépresseurs tricycliques. Pour ce qui est des autres molécules inclues dans cette même classe pharmacologique (milnacipram, valdoxan. . .), aucune éruption cutanée n’a été rapportée à notre connaissance. 3.2. Les neuroleptiques Les antipsychotiques sont connus pour causer des effets indésirables cutanés chez approximativement 5 % des patients chez lesquels ils sont utilisés [56]. Les mécanismes des réactions cutanées sous antipsychotiques ne sont pas encore élucidés. 3.2.1. Phénothiazines et produits apparentés En 2011, Lasic et al. décrivent le cas d’un exanthème médicamenteux sous promazine [33]. En général, le groupe des phénothiazines est une classe de médicaments rapportant de rares atteintes cutanées. On peut cependant retrouver des cas de dermatites sous chlorpromazine, lévomépromazine et pérazine. 3.2.2. Benzamides Aucun cas d’atteinte cutanée n’a été retrouvé dans la littérature. 3.2.3. Antipsychotiques atypiques Deux cas de PEAG sous olanzapine ont été décrits. Le mécanisme exact causé par le médicament est pour l’heure non

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élucidé. Ce phénomène pourrait être induit par les métabolites du médicament qui interagissent avec des anticorps activant le système du complément, et ainsi l’attraction des neutrophiles pouvant être responsables de l’atteinte cutanée [19,45]. Deux cas d’éruption cutanée sous clozapine ont été rapportés par Lai et al. [32] et Bahtia et al. [10]. Un diagnostic de pityriasis a été retenu. Le mécanisme mis en cause serait une réaction toxique directe et indirecte de la clozapine à induire une inflammation cutanée. En effet, la clozapine est partiellement métabolisée par le foie et ses métabolites peuvent entraîner des processus inflammatoires. Elle est d’ailleurs connue pour induire une agranalucytose, une leucopénie, une néphrite interstitielle et une myocardite [49]. De plus, de précédentes études rapportent que la clozapine peut subir une bioactivation et être toxique, en entraînant des réactions d’hypersensibilité médiée par des Immunoglobulines (Ig) A, IgM ou IgG, ou en modulant le réseau des cytokines [25]. Burke et al. ont décrit un cas SJS associé à la rispéridone [15]. L’atteinte s’est résolue spontanément sans avoir besoin d’arrêter le traitement par rispéridone. 3.3. Les thymorégulateurs 3.3.1. Le lithium La prévalence d’effets indésirables cutanés rapportée varie entre 3 et 34 % [18]. Les premiers effets cutanés sous lithium ont été déclarés dès 1968 par Callaway et al. [17]. Ils avaient décrit cinq cas d’éruptions cutanés. Dans quatre cas, il existait une éruption prurigineuse, et dans un autre cas une éruption associant un prurit et des ulcères. À l’heure actuelle, une grande variété d’effets indésirables cutanés a été décrite incluant des éruptions acnéiformes, des dermatites, et des éruptions érythémateuses maculopapuleuses prurigineuses. Le lithium aggraverait l’état cutané car il entraîne une infiltration des polynucléaires neutrophiles à ce niveau. 3.3.2. L’acide valproïque Les manifestations cutanées liées à la prise d’acide valproïque sont en général exanthémateuses, mais peuvent inclure des éruptions comme le SJS. On peut également retrouver des cas plus graves d’atteintes de type NET et DRESS. La plupart du temps, ces réactions graves sont dues à l’association de plusieurs thymorégulateurs entre eux favorisant très certainement une réaction croisée en entraînant une augmentation de la demi-vie ou une diminution de la clairance d’élimination de ces molécules entre elles. Un seul cas de pseudolymphome a été rapporté [20]. Conilleau et al. [21] nous décrivent le cas d’un DRESS syndrome chez un enfant traité avec du valproate de sodium et de l’éthosuximide. Arévalo-Lorido et al. [6] présentent le cas d’une éruption sous valproate de sodium. Le cas décrit par Yun et al. [61] est celui d’un DRESS au valproate de sodium après un traitement par carbamazépine. Récemment, le cas d’un DRESS syndrome au valproate de sodium associé à une hépatite fulminante, a été rapporté par Van Zoelen et al. [53].

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3.3.3. La lamotrigine La lamotrigine est un médicament approuvé dans le traitement de l’épilepsie et des désordres psychiatriques. Différentes atteintes cutanées sont retrouvées avec cette molécule. Abdelmalek et al. [1] décrivent le cas d’un érythème secondaire à la prise de lamotrigine. Des cas d’atteintes cutanées plus graves sont également rapportés : DRESS syndrome [4,11], syndromes de Lyell [50] et de Stevens-Johnson [27]. Ces atteintes sont connues des prescripteurs et nécessitent une mise en garde du patient pendant son traitement devant l’apparition d’une éruption cutanée.

apparaissent comme une urticaire, une éruption morbilliforme ou une éruption scarlatiforme. Plusieurs cas d’éruptions cutanés sous hydroxyzine ont été à ce jour déclarés [34,40]. La buspirone dépourvue d’activité hypnotique, myorelaxante et anticonvulsivante est une molécule qui lutte contre l’anxiété. Bien que peu utilisée de nos jours puisqu’elle n’existe en France que sous la forme d’un médicament générique, aucune atteinte cutanée n’est retrouvée.

3.3.4. La carbamazépine et l’oxcarbamazépine L’administration de carbamazépine est associée à différentes lésions de la peau. Des éruptions lichénoïdes [7,26,60], dermatoses papulosquameuses, à des cas d’atteintes tout aussi rares mais graves sont rapportées : syndrome de Lyell, de Stevens-Johnson et DRESS syndrome [8,16,29,30,39]. En effet, d’après les données d’une l’enquête rétrospective française de pharmacovigilance, la carbamazépine serait la première cause de DRESS (au sens de réaction aux médicaments avec hyperéosinophilie et atteintes viscérales mais sans rash obligatoire) avec une incidence de 29 % [43]. Les données de la littérature ne font pas mention d’atteintes avec les autres molécules de la classe (topiramate et gabapentine).

On ne retrouve pas, dans la littérature, de cas déclarés d’éruptions cutanées avec les molécules hypnotiques zopiclone et zolpidem.

3.4. Les anxiolytiques Les anxiolytiques les plus utilisés sont les benzodiazépines. Plusieurs cas d’éruptions cutanées sont rapportés dans la littérature. On retrouve le cas d’un SJS induit par le clonazépam [5]. Plusieurs cas d’éruption sous tétrazépam sont également retrouvés. On note une dermatite [48], une pustulose exanthématique aiguë généralisée [52], ainsi qu’un syndrome de Stevens-Johnson [47]. Cette substance était indiquée dans le traitement des contractures douloureuses en rhumatologie. Des risques de réactions cutanées rares mais graves sont à l’origine d’une suspension de commercialisation depuis le 8 juillet 2013 [28]. Loncar et al. ont décrit un cas de nécrolyse épidermique toxique sous flurazépam [36]. La classe des carbamates avec le méprobamate fait également partie des anxiolytiques. Aucun cas d’éruptions cutanées n’est à l’heure retrouvé d’autant plus que ce médicament n’est plus commercialisé en France. Dans la catégorie des anxiolytiques, on peut retrouver des molécules antihistaminiques. On répertorie, dans la classe des pipérazines, l’hydroxyzine. L’application de topiques à base d’antihistaminiques est fréquente lorsqu’un patient développe une réaction de sensibilisation. Les réactions cutanées provoquées par les antihistaminiques à usage systémique sont beaucoup plus rares. Ces éruptions apparaissent le plus souvent quatre à douze heures après l’ingestion du produit. L’éruption est le plus souvent généralisée. Les lésions

3.5. Les hypnotiques autres que les benzodiazépines

4. CONCLUSION Un certain nombre de réactions cutanées d’origine médicamenteuses sont rapportées dans la littérature. Ces réactions ne sont pas anodines puisqu’elles peuvent, dans une faible proportion, provoquer le décès. De plus, elles peuvent provoquer une prolongation d’hospitalisation selon la sévérité de l’atteinte cutanée. La littérature retrouve de nombreux cas de réactions cutanées liées à la prise de médicaments psychotropes qui peuvent altérer la qualité de vie et entraîner un arrêt précoce du traitement. C’est le cas des réactions urticariennes, des érythèmes ou des exanthèmes maculopapuleux. Néanmoins, en pratique courante, l’apparition de cet effet indésirable n’est que peu souvent évaluée, ce qui est d’autant plus dommageable du fait de la prescription importante de médicaments psychotropes en France. En effet, un récent rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de janvier 2012 sur la surconsommation en France des traitements anxiolytiques par benzodiazépines est alarmant (134 millions de boîtes consommées en 2010). Il convient de garder en mémoire que chaque médicament prescrit doit être considéré comme potentiellement capable de provoquer parmi les effets indésirables des réactions cutanées. Ainsi les psychotropes n’échappent pas à cette règle et le prescripteur ainsi que le patient, d’autant plus s’il est âgé, doivent être sensibilisés à ce phénomène. DÉCLARATION DE LIENS D’INTÉRÊTS Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. RÉFÉRENCES [1] Abdelmalek M, Mahindrakar S, Wiser E. Lamotrigine-induced erythema multiforme mimicking contact dermatitis. J Drugs Dermatol 2006;5:76–9. [2] Ahmed R, Eagleton C. Toxic epidermal necrolysis after paroxetine treatment. N Z Med J 2008;121:86–9. [3] Alanko K, Stubb S, Kauppinen K. Cutaneous drug reactions: clinical types and causative agents. A five-year survey of in-patients (1981-1985). Acta Derm Venereol 1989;69:223–6.

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