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Revue vétérinaire clinique (2014) xxx, xxx—xxx
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CAS CLINIQUE
Un cas de volvulus mésentérique traité chirurgicalement par entérectomie chez un chat夽 Surgical treatment of mesenteric volvulus in a cat D. Lody ∗, D. Leperlier Centre hospitalier vétérinaire Pommery, 226, boulevard Pommery, 51100 Reims, France Rec ¸u le 9 mars 2014 ; accepté le 16 octobre 2014
MOTS CLÉS Volvulus ; Mésentérique ; Intestinal ; Chat ; Entérectomie
KEYWORDS Volvulus; Mesenteric; Intestinal; Cat; Enterectomy
Résumé Un chat mâle castré de 14 mois est présenté en état de choc avec une distension abdominale marquée. Les examens complémentaires permettent de suspecter un volvulus mésentérique. Après stabilisation de l’animal une entérectomie extensive est pratiquée. Le syndrome de « l’intestin court » est la complication la plus fréquente, elle peut être en partie gérée grâce à une nutrition adaptée. Bien que le volvulus mésentérique soit occasionnellement rencontré chez le chien, il est très rare dans l’espèce féline. Les volvulus mésentériques semblent présenter un meilleur pronostic dans l’espèce féline que dans l’espèce canine. © 2014 AFVAC. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Summary A 14-month-old neutered male cat is presented in shock with marked abdominal distention. A mesenteric volvulus can be suspected. After stabilization, an extensive enterectomy is practiced. ‘‘Short bowel’’ syndrome is the most common complication, it can be managed in part through a proper nutrition plan. Although mesenteric volvulus is occasionally encountered in dogs, which is very rare in the feline species. The feline species seems to present a better prognosis for mesenteric volvulus than that of the canine species. © 2014 AFVAC. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
夽 Crédits de formation continue. — La lecture de cet article ouvre droit à 0,05 CFC. La déclaration de lecture, individuelle et volontaire, est à effectuer auprès du CNVFCC (cf. sommaire). ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (D. Lody).
http://dx.doi.org/10.1016/j.anicom.2014.10.002 2214-5672/© 2014 AFVAC. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Pour citer cet article : Lody D, Leperlier D. Un cas de volvulus mésentérique traité chirurgicalement par entérectomie chez un chat. Revue vétérinaire clinique (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.anicom.2014.10.002
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D. Lody, D. Leperlier
Introduction Les volvulus mésentériques sont occasionnellement rencontrés chez le chien. Il s’agit d’une affection fréquemment fatale. Cependant, les dernières publications parues dans l’espèce canine rapportent une amélioration du pronostic même s’il reste très réservé avec seulement 42 % des patients qui survivent jusqu’au réveil de l’intervention [1]. Les volvulus mésentériques sont encore plus rares chez le chat. En effet, il n’existe à notre connaissance qu’une seule autre publication portant sur deux cas cliniques [2]. Cependant, il semblerait que le pronostic soit meilleur que chez le chien.
Figure 1. Cliché radiographique de profil de l’abdomen. On observe une perte du contraste péritonéale, une disparition du contour levretté, une dilatation aérique du tractus digestif.
Présentation du cas Anamnèse Un chat mâle castré de 14 mois est présenté en consultation d’urgence pour abattement et vomissements d’apparition suraigus depuis quelques heures. L’animal nous a été présenté quelques mois auparavant en consultation suite à un accident de la voie publique (AVP). Aucune lésion n’avait été observée à l’époque.
Examen clinique L’examen clinique à distance montre un animal hypovigilant en décubitus latéral. Une distension abdominale est notée. Le chat présente un état de choc systémique : la température rectale est de 36,5 ◦ C, les muqueuses sont très pâles, le temps de recoloration capillaire est supérieur à 2 secondes, le pouls fémoral est filant et la fréquence cardiaque (FC) est d’environ 200 battements par minute (BPM). La déshydratation est estimée à 6—8 %. La palpation de l’abdomen révèle différentes structures cylindriques dépressibles compatibles avec des anses intestinales dilatées. Une forte douleur est notée à la palpation abdominale de l’animal.
Figure 2. Cliché radiographique en vue ventro-dorsale de l’abdomen. On observe une perte du contraste péritonéale, une disparition du contour levretté, une dilatation aérique du tractus digestif.
Examens complémentaires Un examen biochimique montre une augmentation significative de l’urémie (14,5 mmoL/L) et de la protéinémie (90 g/L). Après initiation d’une fluidothérapie par voie intraveineuse (IV) (Ringer lactrate, bolus de 20 mL/kg répété 2 fois jusqu’à stabilisation de l’animal), des clichés radiographiques en vue de profil et dorso-ventrale de l’abdomen montrent une perte du contraste péritonéale associée à une disparition du contour levretté en faveur d’un épanchement péritonéal modéré (Fig. 1 et 2). Une dilatation aérique du tractus digestif intéressant l’estomac et l’intestin grêle apparaît en faveur d’un iléus paralytique. L’ensemble des signes est évocateur de péritonite secondaire à un volvulus, un infarcissement, un entrapement ou une entérite sévère avec un épanchement secondaire. Une perforation ne peut être exclue, mais aucun signe de pneumopéritoine n’est observé. Un corps étranger jéjunal ou iléal distal n’est pas complètement exclu.
Traitement À l’issue des examens complémentaires, une laparotomie exploratrice est planifiée après stabilisation de l’animal. Une antibiothérapie à large spectre par voie IV (amoxicilline/acide clavulanique (Augmentin® 1 g/200 mg, Laboratoire GlaxoSmithKline) à la dose de 12,5 mg/kg) est réalisée. Une prémédication intramusculaire à base de morphine (0,2 mg/kg, Morphine Chlorhydrate® , Lavoisier) est réalisée une fois l’état général du patient amélioré (baisse de la FC à 140 BPM, temps de recoloration capillaire égal à 2 secondes, décubitus sternal et température remontée à 37 ◦ C). L’induction de l’anesthésie est assurée par une injection intraveineuse de propofol (Propovet Multidose® 10 mg/mL, Abbott, 2 mg/kg IV) et la maintenance par de l’isoflurane (IsoFlo® , laboratoire Axience) dans 100 % d’oxygène. Une cœliotomie médiane est réalisée. Un épanchement séro-hémorragique est présent en quantité modérée.
Pour citer cet article : Lody D, Leperlier D. Un cas de volvulus mésentérique traité chirurgicalement par entérectomie chez un chat. Revue vétérinaire clinique (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.anicom.2014.10.002
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Un cas de volvulus mésentérique traité chirurgicalement par entérectomie chez un chat
Figure 3. Volvulus mésentérique tel qu’observé à l’ouverture de la cavité péritonéale. On note une nécrose intestinale allant du duodénum transverse jusqu’au milieu de l’iléon.
Un volvulus mésentérique associé à une nécrose intestinale allant du duodénum transverse jusqu’au milieu de l’iléon (Fig. 3) est observé. Une entérectomie avec anastomose manuelle terminoterminale est réalisée (Biosyn® 4-0, Syneture). Un segment représentant 70 % de l’intestin grêle est réséqué. Après rinc ¸age abondant de la cavité abdominale, une reconstruction usuelle plan par plan est réalisée. Une antibiothérapie à base d’amoxicilline/acide clavulanique par voie intraveineuse à la dose de 12,5 mg/kg 3 fois par jour durant 1 semaine est instaurée. Elle est complétée par du métronidazole (Flagyl® , Sanofi-Aventis, 12,5 mg/kg per os) à raison de 2 administrations quotidiennes durant 1 semaine. L’analgésie postopératoire est mise en place à base de morphine (0,2 mg/kg, 3 fois par jour durant 3 jours). Une fluidothérapie d’entretien est maintenue pendant les 2 jours suivant l’intervention.
Suivi et évolution Aux contrôles à 7 jours et à 14 jours, le chat a montré une nette amélioration de son état général malgré des épisodes de diarrhée. Six mois après l’intervention, un contact téléphonique avec les propriétaires rapporte des diarrhées épisodiques qui sont gérées par des anti-diarrhéiques (kaopectate® , Pfizer) et des cures d’antibiothérapie (métronidazole). Un traitement diététique adapté (réalisation d’une ration ménagère spécifique) est refusé par le propriétaire.
Discussion Si les volvulus mésentériques sont décrits de manière occasionnelle dans l’espèce canine [1,3—5], ils le sont beaucoup moins dans l’espèce féline. En effet uniquement 2 cas chirurgicalement traités dans l’espèce féline ont été décrits par Knell et al. en 2010 [2]. La symptomatologie est similaire que ce soit concernant notre animal ou les autres cas décrits dans l’espèce canine et féline. Ces animaux sont généralement présentés en état de choc, avec une distension abdominale visible et se sont
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dégradés en quelques jours ou heures après un épisode aigu de vomissements et d’abattement. Chez ces animaux fortement débilités, la rapidité de la prise en charge, de la stabilisation de l’état de choc et de l’intervention sont des facteurs essentiels pour la survie de l’animal. Ce concept d’urgence est confirmé par Junius et al. en 2004 dans leur étude rétrospective portant sur 12 cas de volvulus mésentérique canin. Cinq patients survécurent suite à la réanimation et la réalisation d’une intervention chirurgicale. Cela correspond à un pronostic relativement réservé. Pour Knell et al. [2], le pronostic semble être meilleur chez le chat. Si les animaux sont stables lors de leur présentation ou en cours de stabilisation, l’échographie est un examen complémentaire à la radiographie [2,6], puisqu’il permet de confirmer l’absence de flux sanguin dans certains vaisseaux mésentériques ainsi que les modifications consécutives à l’ischémie. Cet examen est cependant compliqué par la présence d’air dans les anses intestinales concernées et reste manipulateur dépendant. C’est pour cela qu’il n’a pas été réalisé dans le contexte d’une urgence nocturne comme dans notre cas. Le scanner reste l’examen le plus précis. Dans leur article, Chow et al. [6] décrivent en 2013 un diagnostic de volvulus mésentérique suite à la réalisation d’un scanner. L’image caractéristique est décrite, elle est appelée « signe du tourbillon » et correspond à la forme de spirale prise par l’artère mésentérique craniale. La pratique de cet examen reste cependant limitée par son coût et la nécessité d’avoir un animal stable qui puisse subir une anesthésie générale. Dans notre cas comme celui de Knell et al. [2], notre décision d’intervention intervient suite aux images radiographiques, avant qu’un diagnostic étiologique précis ne soit établi. Cela correspond aux recommandations de Junnius pour qui une laparotomie exploratrice immédiate doit être envisagée dès qu’un volvulus est suspecté. Les facteurs favorisant l’apparition de volvulus mésentériques ne sont pas clairement établis. Des affections variées telles que les entérites lymphoplasmocytaires, le syndrome dilatation/torsion de l’estomac, certaines affections néoplasiques, les corps étrangers, les chirurgies gastrointestinales, les infestations parasitaires, l’utilisation de certains vermifuges, l’insuffisance pancréatique exocrine ou les traumatismes abdominaux semblent augmenter le risque de volvulus mésentérique [5]. Pendant les deux semaines postopératoire, le chat a présenté une diarrhée de type grêle d’intensité variable. En effet, une entérectomie majeure n’est pas sans conséquence sur l’organisme puisqu’elle entraîne des troubles de malabsorption/maldigestion regroupé sous le terme syndrome de l’intestin court (Short Bowel Syndrome = SBS) [7]. Contrairement au courant de pensé classique, Gorman qui rapporte en 2006 [8] 20 cas de résection intestinale grêle chez des chats et des chiens, observe que, ni l’ampleur de la résection intestinale, ni le segment réséqué n’ont d’influence sur l’apparition d’un SBS. Au terme de son étude, 12 animaux au terme de l’étude ont montré des résultats qualifiés de « bons » (plus de diarrhée ou absence de perte de poids). Parmi ces animaux, 4 chats sur 5 présentaient un bon état général durant le suivi. Kuan [9] confirme ce bon pronostic en décrivant un cas d’entérectomie suite à une strangulation intestinale chez
Pour citer cet article : Lody D, Leperlier D. Un cas de volvulus mésentérique traité chirurgicalement par entérectomie chez un chat. Revue vétérinaire clinique (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.anicom.2014.10.002
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D. Lody, D. Leperlier
un chat. En effet, malgré 60 % d’intestin grêle réséqué (jéjunum et iléon), le chat présente un bon état général 6 mois après l’intervention, et ne nécessite qu’une supplémentation en cobalamine. Il en est de même dans notre cas puisque, malgré des épisodes de diarrhées en postopératoire traitées symptomatologiquement, l’animal avait repris du poids et présentait un examen général normal. La gestion du SBS intervient à différents niveaux afin d’optimiser l’absorption et la digestion. La nourriture doit être adaptée (pauvre en graisse et hyperdigestible), et distribuée en plusieurs repas. Les diarrhées peuvent être traitées par des antidiarrhéiques et une antibiothérapie de couverture. Des antiacides aidants à lutter contre l’hyperacidité gastrique qui est observée lors de SBS peuvent être utilisés [7,10]. Enfin l’acide ursodésoxycholique à la dose de 15 mg/kg par jour durant 6 semaines aurait amélioré la réponse adaptative de l’intestin grêle restant sur un chat atteint de SBS [11]. Chirurgicalement, des traitements plus avancés ont également été décrits en 2001 par Tamazashvili et al. [12]. Ils consistent en des transplantations de parois gastriques au niveau de l’endroit réséqué. Dans notre cas, un régime ménagé adapté a été proposé au propriétaire mais ce traitement diététique n’a pas été mis en place pour des raisons de praticité. Les seuls traitements effectués sont symptomatiques à base de kaolin (Kaopectate® ; Pfizer) et d’antibiotiques (Stomorgyl® , Merial), avec une supplémentation en vitamine B12 (Vitamine B12® , Vétoquinol) par voie injectable sous-cutanée. Cette troisième description de volvulus mésentérique traité chirurgicalement chez un chat nous confirme que le pronostic peut être bon avec une prise en charge rapide. Une intervention chirurgicale doit être proposée au client car le pronostic n’est probablement pas aussi sombre que précédemment pensé à travers l’expérience des volvulus mésentériques canins. La rapidité de l’intervention et la qualité de la réanimation préopératoire semble décisive dans la réussite du traitement. Même si les conséquences d’une importante résection intestinale peuvent être durables, de nombreux traitements permettent d’en limiter les conséquences et la plupart des patients retrouve une bonne qualité de vie.
Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
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Pour citer cet article : Lody D, Leperlier D. Un cas de volvulus mésentérique traité chirurgicalement par entérectomie chez un chat. Revue vétérinaire clinique (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.anicom.2014.10.002