Un nouveau cas de babésiose humaine au Mans

Un nouveau cas de babésiose humaine au Mans

M#decine et Maladies Infectieuses - 1986 - 2 - 93 & 94 FAIT C L I N I Q U E Un n o u v e a u cas de b a b 6 s i o s e h u m a i n e au M a n s * pa...

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M#decine et Maladies Infectieuses - 1986 - 2 - 93 & 94

FAIT C L I N I Q U E Un n o u v e a u cas de b a b 6 s i o s e

h u m a i n e au M a n s *

par C. V A R A C H E * * , F. D E L I L L E * * * , A. G O R E N F L O T * * * * , A. M A R M O N I E R * * et C. H A A S * * *

RESUME

Nous rapportons le quatri6me cas frangais de bab6siose humaine. Cette parasitose grave, rare chez I'homme en Europe, est transmise chez le sujet spl6nectomis~ par la morsure de tique. Elle est bien connue en m6decine v~t6rinaire sous I'appellation de piroplasmose. Mots-Cl6s : Bab6siose - Spl6nectomie - Tique

urge : 24,6 mmol/I, cr6atinin~mie : 439 #mol/I, h6moglobine totale : 8 mmol/I, leucocytes : 25,3 109/I. L'examen des frottis sanguins du jour permet d'affirmer qu'il s'agit en fair d'une bab6siose. En effet, 16 % des h6maties renferment un ou plusieurs parasites (parfois sept, voire plus) tant6t annulaires, tant6t piriformes, reli6s par deux (big6min6s) ou par quatre (disposition cruciforme dite en ((croix de Malte>>) par leur extr6mit6 la plus fine (3). II semble s'agir de Babesia divergens (des 6tudes cytologiques et immunologiques sont en cours). Le traitement par chloroquine est poursuivi, identique, et on y associe alors 8 millions d'unitr~s de p6nicilline G e t 1 500 mg de furos6mide par jour. Les h6mocultures pratiqu6es & J2 et J3, I'urocuiture J3, resteront st6riles.

En France, depuis le premier cas observ~ au Mans en 1975 (3), deux autres cas ont 6t6 rapport6s (1, 2). Nous venons de diagnostiquer, en juillet 1985, un nouveau cas de bab6siose humaine.

OBSERVATION

Monsieur P., 70 ans, spl~nectomis~ en 1982 pour abc~s spl6nique, ~tait en vacances ~ Camac (Morbihan) depuis le ler juillet 1985 Iorsqu'it fut piqu6 ~ la cuisse gauche (le malade ne peut pr~ciser ni le jour exact, ni s'il s'agissait d'un insecte ou d'une tique). Le soir du t2 juillet (J1), il se sent f6brile, frissonne et urine rouge vif. II faut signaler que Monsieur P. a s6journ6 3 mois auparavant dans Hie de Djerba sans prendre de chimioprophylaxie antipalud6enne et qu'il n'a pas 6t~ transfus6 r6cemment.

L'6volution sera marqu6e par la baisse de la temperature, la diminution rapide (du moins au d~but) de la parasit6mie (tableau I). La chloroquine a donc eu un effet antiparasitaire certain.

Le 13 juillet (J2), ie malade est hospitalis6 en clinique. II est tr6s ict6rique, pr~sente une fi~vre ~ 40~ accompagnde de frissons, de c6phal6es occipitales, d'une h6mogiobin~mie avec h6moglobinurie (h~,moglobine sanguine to-tale : 11 retool/I, h6maties : 5,33 10t2/I, leucocytes : 20,3 109/I, ur6e sanguine : 6 retool/I). Devant ce tableau d'h~molyse intra-vasculaire et [a pr6sence sur [e frottis sanguin de 16 % d'h6maties parasit6es par des h6matozoaires, le diagnostic d'acc~s palud~en ~ P/asmodium fa/c/parum est retenu et un traitement par chloroquine (600 mg/jour per os) est entrepris.

L'insuffisance r6nale organique ~ diur~se conserv6e s'aggravant maigr~ la charge en furos6mide (ur@ sanguine : 27 mmol/I, cr~atinin~mie : 680 ~.mol/I), le 6 juillet (J5) une 6puration extra-r6nale est pratiqu6e. Alors que 1'6tat ventilatoire, I'h~modynamique et I'h6mostase 6talent stables jusqu'b J5, le malade s'aggrave burtalement dans la nuit du 16 au 17 juillet avec apparition d'un choc septi-

*Requ le 12.12.1985. Acceptation d~finitive le 20.12.1985 **Laboratoire de Bact6riologie- Parasitologie, Centre Hospital ier, 194, avenue Rubillard - F 72037 Le Marls C6dex ***Service de R~animation medicale - Centre Hospitalier, 194, avenue Rubillard - F 72037 Le Mans C6dex ****Laboratoire d'H6matologie, Facult~ de Pharmacie, 4, avenue de I'Observatoire, 75270 Paris C6dex 06 Les demandesde tir6s-~..part doivent ~tre adress6esau Dr. Marrnonier

Le 14 juiilet (J3), devant I'apparition d'une insuffisance r6nale organique, le malade est transf6r6 en r6animation m6dicate au C.H. du Mans. A i'arriv~e, il est obnubil~, pr6o~ sente une fi6vre ~ 39 o, un ict~re franc, une h6moglobinutie et une diarrh~e de faibte abondance qui s'aggravera les jours suivants. Le tableau biologique sanguin est te suivant :

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TABLEAU I Evolutions biologiqne et thermique Date 1985

Hb Tot. mmol/I I

13.07 (J2)

11

Hb. Piasrn. mmol/I

Bil. tot. #motll

Hapto g/I

Hem. P. %

T~ ~

16

40 ~

14.07 (J3)

.8

15.07 (J4)

7,9

16.07 (J5)

8

17.07 (J6)

7,8

Hb Tot. = Hb Plasm. = Bil. Tot. =

2,3

389

0,50

16

39~

334

0.56

9

39~

3,5

220

0,38

9

38~

2,4

213

0,27

9

37~

h6moglobine totate h~moglobine plasmatique bilirubine totale

Hapto. ----- haptoglobine H~ma. P. := h6maties parasit~es T~ : temperature

que irreversible & Pseudomonas aeruginosa (qui sera isol~ de la coproculture de J4 et de deux h~mocultures de J6). Le d~c~s survient le 17 juillet (J6).

En Europe, c o m m e aux U.S.A., la maladie est transmise par la morsure de tiques (trois cas de babesiose posttransfusionnelle o n t cependant ~te decrits) (4). Les esp6ces de Babesia en cause sont diff~rentes : g~n~ralement Babesia divergens (parasite des bovins) en Europe, Babesia microti (parasite des rongeurs) aux U.S.A.

Cr O M M E N T A I R ES

La bab~siose humaine est rare en Europe. Elle ne s'y observe que chez des sujets spl~nectomis~s et est toujours grave (6 cas mortels avant celui-ci sur les huit publi~s) (1,4).

Le diagnostic chez le malade spl~nectomise repose sur I'existence d'une parasitemie importante avec polyparasitisme frequent des hematies, la presence, en plus, de formes annuiaires en nombre variable, de parasites piriformes (aspect bigemines ou cruciformes) et I'absence de pigment.

A u x U.S.A., la maladie est beaucoup plus fr~quente, de traduction clinique moins s6v~re et s'observe chez des sujets g~n~ralement noin spl~nectomis~s. L'~volution est rapidement favorable, ta maladie pouvant re#me passer inapergue et n'~tre d~couverte qu'& post~riori lots de d~pistage s~rologique,

Ce nouveau cas de babesiose humaine pose encore une fois le probleme de I'authenticite de certains cas de paludisme autochtone. Aussi est-il toujours indispensable d'~liminer I'eventualit~ d'une bab~siose Iorsque I'on suspecte un acc6s paludeen ~ Plasmodium falciparum chez un sujet spl~nectomis~ s'~tant rendu ou non en zone d'end~mie.

SUMMARY

A new case o[ babesiosis in Le Mans (France) We report the 4th human babesiosis french case. This severe parasitosis, very unfrequent in Europe and conveyed b y tick bite to a splenectomized person, is well-known in veterinary medicine under the name piroplasmosis. Key-words : Babesiosis - Sp/enectomy - Tick born disease BIBLIOGRAPHIE

1.

BAYLE Ji, DUMON H., VERDOT J.J., MURATORE R. -Piroplasmose humaine -- Une observation - Nouv. Presse Med. 1979, 8, 3674

3.

GORENFLOT A., PIETTE M. -- Aspects microscopique observes au cours des deux premiers cas franqais de bab#siose humaine. Med. Mal. Inf., 1981, 1I, 334-338

2.

BAZIN C., LAMY C., PIETTE M., GORENFLOTA., DUHAMEL C., VALLA A. -- Un nouveau cas de bab~siose humaine. IVouv. PresseM#d., 1976, 5, 799-800

4.

ROSNER F., HOSEIN ZARRABI M., BENACH J.L., HABICHT G.S. Babesiosisin Spmenectomizedadults -- Review of 22 reported cases.Am, J. Med., 1984, 76, 696-701

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