Être payé pour arrêter de fumer, ça marche… mieux Le succès d’un sevrage tabagique reste avant tout une affaire de motivation. Une approche originale tentant d’améliorer cette motivation est rapportée dans le New England Journal of Medicine. Des chercheurs ont ainsi analysé l’impact d’un… intéressement financier dans la réussite du sevrage. Le champ d’action de cette étude est une grande société multinationale nordaméricaine qui a proposé à ses employés fumeurs deux types de programmes d’aide au sevrage. Le premier est un programme classique associant information, accès à des médicaments du type bupropion et remboursement des frais médicaux liés à ce programme. Le second est exactement le même programme mais accompagné d’une rémunération financière progressive : 100 $ à l’issue du programme mené correctement à son terme, additionnés de 250 $ en cas de sevrage effectif six mois après l’entrée dans l’étude, complétés d’un bonus final de 400 $ si le sevrage persiste six mois supplémentaires. Bien évidemment l’appartenance à l’un ou l’autre des deux programmes était décidée par randomisation, les sujets étant notamment stratifiés sur leur niveau d’intoxication tabagique. Le sevrage tabagique était dans cette étude confirmé par des tests biochimiques. Les sujets intéressés financièrement par le sevrage font mieux que leurs collègues simplement informés, et ce sur tous les paramètres analysés, à savoir : la participation effective et totale à un programme de sevrage (10,8 vs 2,5 %, p < 0,001), l’arrêt de la cigarette six mois après la fin de ce programme (20,9 vs 11,8 %, p < 0,001), et surtout le maintien du sevrage tabagique au-delà de 9 et 15 mois après la fin du programme (14,7 vs 5,0 % et 9,4 vs 3,6 % respectivement, p < 0.001). Ces chiffres paraissent peu élevés en regard du coût d’un tel programme, mais l’investissement peut se révéler rentable si l’on considère le bénéfice secondaire pour l’employeur, estimé à 3 400 $ par an et par employé ayant arrêté le tabac (gain essentiellement lié à une meilleure productivité, une baisse de l’absentéisme et des arrêts maladie)… sans compter l’impact sur la communauté en terme de santé publique. Reste maintenant à confirmer l’intérêt de ce type d’approche plutôt triviale sur d’autres types de populations, ou dans d’autre pays de ce côté-ci de l’Atlantique.
Volp KG, Troxel AB, Pauly MV et al. N Engl J Med 2009:699-709.
Hyperglycémie à jeun non diabétique : inégalité hommes/femmes La question du risque cardiovasculaire de l’hyperglycémie à jeun non diabétique (syndrome improprement dénommé prédiabète) reste largement débattue. Une cohorte de sujets australiens de plus de 60 ans à l’inclusion a été suivie sur une durée moyenne de 16 ans, afin de préciser cette question. Parmi les 1 233 hommes et
Un sur-risque cardiovasculaire féminin, plus marqué au-delà du seuil de 1,08 g/L
de décès, comparativement aux sujets normo-glycémiques, ce sur-risque paraît nettement plus marqué chez la femme que chez l’homme, notamment en ce qui concerne la maladie coronarienne. Pour les sujets avec hyperglycémie à jeun non diabétique, la différence entre les deux sexes est encore plus marquée, puisque cet état n’induit chez l’homme aucune augmentation du risque cardiovasculaire tandis que chez la femme, il s’associe à une surmortalité (RR : 1,30 ; IC 95 % : 1,09-1,56) et à une augmentation des événements coronariens (RR : 1,24 ; IC : 1,02-1,51). Le seuil de 1,08 g/L paraît important dans cette étude puisqu’au-delà de ce seuil, l’augmentation du risque de décès chez la femme est indépendante de tout antécédent cardiovasculaire. Aucune explication n’est hélas fournie par les auteurs pour expliquer cette plus grande sensibilité des femmes au déséquilibre du métabolisme glucidique non (encore) diabétique, mais l’alarme est donnée… et la porte ouverte à des études physiopathologiques passionnantes.
1 572 femmes inclus, les auteurs se sont particulièrement intéressés au devenir de patients présentant à l’inclusion une glycémie à jeun comprise entre 0,95 g/L et 1,24 g/L, correspondant à l’état prédiabétique, en le comparant à celui des sujets normo-glycémiques à l’entrée. S’il est apparu sans trop de surprise que les sujets présentant un diabète avéré avaient un risque significativement plus Simons J, Friedlander Y, McCallum J et al: Am J élevé d’événements cardiovasculaires et Cardio 2008;102:931-4.
Une 2e toxoplasmose chez une femme enceinte Les femmes enceintes craignent la toxoplasmose… sauf celles qui ont un taux d’anticorps significatif en début de grossesse et considéré comme protecteur d’une primo-infection, donc du risque d’une infection congénitale. Ce dogme d’une immunité protectrice est probablement vrai, mais une fois de plus, le 100 % n’existe pas en médecine, comme l’atteste l’observation troublante et particulièrement bien documentée rapportée dans le Journal of Infectious Diseases. Un enfant, né d’une femme de 31 ans originaire de France, a rapidement dû être hospitalisé en néonatalogie pour un syndrome septique sévère, résistant à l’antibiothérapie et au traitement symptomatique. Une choriorétinite multifocale touchant les deux yeux orientait le diagnostic vers une toxoplasmose congénitale, diagnostic rapidement confirmé en PCR et une inoculation expérimentale à la souris. Le hic est que la mère était connue depuis des années comme immunisée contre la toxoplasmose et avait, dans des tests
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datant de 2001, des résultats montrant clairement la présence d’IgG anti-toxoplasmose à des taux (estimés) protecteurs. Il est apparu en fait que cette seconde infection était due à un sous-type parasitaire très virulent, rarissime en Europe mais décrit en Amérique du Sud (notamment en Guyane), dénommé IPP-2002-URB, alors que les anticorps maternels étaient probablement dirigés contre le type 2, majoritaire en France. La confirmation expérimentale d’une possible réinfection par ce génotype sudaméricain a été réalisée sur une souris immunisée contre le sous-type européen. L’origine de la contamination chez la mère serait l’ingestion de viande de cheval importée et consommée crue pendant la grossesse… attitude probablement à proscrire chez la femme enceinte, quel que soit son statut immunitaire vis-à-vis de la toxoplasmose… surtout si on n’en est pas sûr !
Elbez-Rubinstein A Ajzenberg D, Dardé ML, et al. J Infect Dis 2009;199:280-5a.