J Radiol 2006;87:1096-7 © 2006. Éditions Françaises de Radiologie. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
note technique
ostéoarticulaire
Utilisation de la séquence SSFSE pour la Ciné-IRM du rachis cervical du rugbyman professionnel de première ligne Ph Adam (1), B Castinel (1), Ph Turblin (1), N Sans (2) et JJ Railhac (2)
Abstract
Résumé
Use of SSFSE sequence for cine-MRI of the cervical spine in professional front-line rugby players J Radiol 2006;87:1096-7
Les auteurs proposent la séquence SSFSE pour la ciné-IRM sagittale du rachis cervical du rugbyman de première ligne en complément de l’IRM statique afin d’améliorer le dépistage de la sténose canalaire acquise et la prévention des accidents médullaires traumatiques.
A SSFSE sequence is proposed in the sagittal plane for a cine-MRI of the cervical spine in front-line rugby players. Thus one can complete the static study and improve the detection of canal stenosis and the prevention of spinal cord injuries. Key words: Cervical spine. Canal stenosis. Injuries. Cine-MRI.
imagerie du rachis cervical du rugbyman de 1re ligne est intégrée dans le bilan d’aptitude au poste, afin de dépister les anomalies congénitales ou acquises (1) qui exposent à des accidents neurologiques graves. Elle comprend une radiographie cervicale de profil avec mesure de l’indice de Torg et une IRM statique avec mesure du rapport médullocanalaire (RMC). Nous proposons d’ajouter une IRM sagittale dynamique afin d’apprécier les variations du RMC, et de dépister des conflits qui ne seraient visibles qu’en position extrême, à l’instar des accidents de mêlée en hyperflexion et hyperextension, et pourraient ainsi augmenter le risque de lésion médullaire (2). La séquence SSFSE ou HASTE, grâce à des acquisitions sub-seconde répétées de type Fast Spin Echo, permet cette Ciné-IRM du rachis cervical. Reproductible sur toute machine, elle a été décrite chez les sujets sains dans un travail précédent (3).
L’
Méthode Nous utilisons une IRM 1.5 Tesla (Signa, GE Healthcare) et la partie haute (CS 12) d’une antenne rachis phase-array CTL
(1) Centre d’Imagerie de la Clinique des Cèdres, Château d’Alliez, 31700 Cornebarrieu (2) Service Central d’Imagerie, Hôpital Purpan, Place du Docteur Baylac, 31059 Toulouse Cedex. Correspondance : Ph Adam
Mots-clés : Rachis cervical. Sténose canalaire. Traumatismes. CinéIRM.
ouverte vers l’avant (USA Instruments). Sur la table d’examen nous testons en premier les capacités de flexibilité cervicale du patient allongé sur l’antenne afin d’évaluer la « course » maximale qui sera obtenue lors de l’étude dynamique. Nous lui expliquons qu’il devra réaliser tout seul, sans accessoire, une série de mouvements courts et libres entre l’extension maximum et la flexion maximum, « en charge », avec à chaque fois une courte pause associée à une acquisition sub-seconde. Il doit rester le plus sagittal médian possible, sans inflexion latérale. Nous évitons l’usage d’un ballonnet gonflable sous la tête qui rendrait plus « statique » chaque incrément d’acquisition. Notre protocole d’imagerie, d’une durée totale de 25 minutes comporte : • une étude statique sagittale FSE T2 (TR 4 000 ms, TE 130 ms, coupes de 3 mm) et axiale EG T2*(TR 500 ms, TE 20 ms, angle de bascule 20°, coupes de 4 mm) sur les zones d’intérêt ; • une étude sagittale dynamique médiane SSFSE (TR min soit en pratique 2 060 ms, TE 130 ms, ETL 62.50, épaisseur 7 mm, temps d’acquisition 0,825 seconde). Les coupes sont répétées entre l’extension maximum et la flexion maximum (fig. 1 et 2), pour être ensuite visualisées et enregistrées en mode Ciné-IRM. La perte de signal est modérée en flexion maximum, loin de l’antenne. L’épaisseur de coupe de 7 mm nous a semblé être un bon compromis pour favoriser à la fois le
rapport signal bruit, la résolution spatiale et le positionnement « bien dans le canal » de la coupe dynamique. On obtient ainsi aisément entre 7 et 15 pas d’acquisition selon la « flexibilité » du patient. La corpulence des sujets et le tunnel fermé ne sont pas des obstacles à la « faisabilité » de l’examen. Seule la non compréhension des manoeuvres demandées peut être un frein à l’examen dynamique complémentaire.
Discussion Les traumatismes répétés sur le rachis cervical du rugbyman de 1re ligne conduisent à la sténose canalaire acquise (1, 4, 5). L’IRM statique permet seule la mesure du RMC. Nous proposons une mesure du RMC en position neutre, en flexion et en extension, une quantification de l’amplitude globale du mouvement, et une évaluation du taux de listhésis et d’anomalies discales dépistés par l’IRM dynamique. Nous connaissons les données cinématiques chez le sujet sain (3). Chez les patients atteints de pathologie dégénérative, la sténose du canal cervical se majore en flexion dans 22 % des cas et en extension dans 65 % des cas (6). Le mode dynamique en IRM comparé au mode statique permet alors d’augmenter la sensibilité de l’examen (87 %) en montrant une aggravation du degré de sténose. Les limites de
Ph Adam et al.
Utilisation de la séquence SSFSE pour la Ciné-IRM du rachis cervical du rugbyman professionnel de première ligne
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assise serait plus efficace mais notre examen sans ballonnet est en partie réalisé en charge.
Références 1.
2.
Fig. 1 :
IRM dynamique en flexion chez une volontaire saine.
Fig. 1:
Dynamic MRI in flexion in healthy volunteer.
la ciné-IRM SSFSE sont multiples cependant. Les mesures sagittales deviennent imprécises en cas de décalage latéral du rachis, mais le dépistage en dynamique d’un conflit non visible en statique, ou l’aggravation en dynamique d’une sténose visible en statique nous semblent plus importants que les mesures elles même. L’épaisseur de 7 mm est-elle suffisante surtout en cas de décalage ? Plusieurs
J Radiol 2006;87
Fig. 2 :
IRM dynamique en flexion chez un ancien rugbyman (sténose C4C5, C5-C6).
Fig. 2:
Dynamic MRI in flexion in an exrugby player (C4-C5 and C5-C6 stenosis).
blocs de coupes jointives pourraient régler ce problème mais au détriment d’une acquisition nettement rallongée. De même des coupes FSE T2 réalisées en position extrême sont trop limitatives par rapport à une série d’au moins 10 coupes sub-secondes qui se rapprochent plus d’une vraie scopie-IRM. La position couchée est-elle idéale ? Une machine permettant l’étude en position debout ou
3.
4.
5.
6.
Castinel B, Turblin Ph, Adam Ph, Tourette JH, Peyrin JC. About the interest of a radiologic screening of the cervical spine to detect congenital or acquired anomalies in a cohort of professional rugby players: experience of French Rugby League. International Conference on the Science and Practice of Rugby, 5-7th November 2003, Brisbane. Castinel B, Baudot Ch, Turblin Ph, Milburn P, Quarrie K. Mécanisme des traumatismes cervicaux dans le jeu de rugby. J Traumatol Sport 2005;22:16. Chiavassa H, Sans N, Galy-Fourcade D, et al. Séquence Haste et ciné-IRM dans l’étude du canal rachidien cervical : évaluation sur 11 sujets sains. J Radiol 2000; 81:611-7. Berge J, Marque B, Vital JM, Senegas J, Caille JM. Age-related changes in the cervical spine of front-line rugby players. Am J Sports Med 1999;27:422-9. Roger B, Pascal-Mousselard H. Imagerie du rachis cervical du rugbyman. J Traumatol Sport 2005;22:17-8. Muhle C, Wiskirchen J, Brinkmann G et al. Kinematic MRI in degenerative cervical spine changes. RÖFO 1995;163:14854.